Larsenal secret des Toulousains. Le Fousseret, un retraité agressé et ligoté par des cambrioleurs, réussit à se libérer et tire au fusil
Le nouveau SystĂšme dâInformation sur les Armes SIA va progressivement se dĂ©ployer en France. Ce fichier vise Ă remplacer lâancienne application AGRIPPA mise en place en 2007 et permettant de recenser les armes Ă feu en France. Ce nouveau systĂšme dâinformations va sâouvrir aux particuliers dĂ©tenteurs dâarmes Ă feu qui pourront visualiser en ligne leur rĂątelier virtuel », câest Ă dire les armes de chasse et de tirs quâils possĂšdent. Ce sont les chasseurs qui seront les premiers Ă pouvoir accĂ©der au SIA Ă partir du 8 fĂ©vrier 2022. Il faudra pour chacun dâentre nous crĂ©er un compte personnel, et on y retrouvera automatiquement ses armes dĂ©jĂ dĂ©clarĂ©es lors dâachat, notamment les fusils de chasse avant 2011. Ne vous Ă©tonnez donc pas de ne pas y retrouver le fusil du grand-pĂšre, en revanche vous serez invitĂ© Ă le dĂ©clarer ! Voici ce que promet le SIA Le SIA pour rĂ©pondre Ă lâenjeu de la sĂ©curisation Le SIA permettra la traçabilitĂ© en temps rĂ©el des armes et de leurs Ă©lĂ©ments des catĂ©gories A, B et C. Toute arme qui est fabriquĂ©e ou qui entre sur le territoire national est enregistrĂ©e dans le SIA et nâen sort que lorsquâelle quitte le territoire, ou est dĂ©truite. Le SIA fiabilisera ainsi les donnĂ©es relatives aux dĂ©tenteurs dâarmes. Il facilitera Ă©galement la rĂ©currence des contrĂŽles des dĂ©tenteurs. Chaque dĂ©tenteur dâarmes fera en effet lâobjet de vĂ©rifications pĂ©riodiques avec le casier judiciaire et certains fichiers du MinistĂšre de lâIntĂ©rieur, afin de sâassurer de sa capacitĂ© Ă acquĂ©rir et dĂ©tenir des armes. Le SIA est par ailleurs un outil puissant de lutte contre la fraude documentaire. Les autorisations seront complĂštement dĂ©matĂ©rialisĂ©es, et le SIA sera interconnectĂ© avec les systĂšmes dâinformations des fĂ©dĂ©rations chasse, tir, ball-trap, ski/biathlon. Le SIA pour rĂ©pondre Ă lâobligation de simplification Le dĂ©ploiement du SIA va sâaccompagner de mesures de simplifications administratives induites par cette digitalisation vĂ©rification automatisĂ©e de la validitĂ© de certains documents licence de tir, autorisation prĂ©alable ou permis de chasserâŠ, autorisation globale dâarmes valable 5 ans, suppression du rĂ©cĂ©pissĂ© de dĂ©claration ou encore gĂ©nĂ©ration automatique de la carte europĂ©enne dâarmes. Le SIA pour rĂ©pondre Ă lâobjectif de dĂ©matĂ©rialisation Toutes les dĂ©marches administratives des dĂ©tenteurs pourront ĂȘtre rĂ©alisĂ©es via leur espace personnel. Les autorisations de commerce et les autorisations et dĂ©clarations dâacquisition dâarmes seront complĂštement dĂ©matĂ©rialisĂ©es. VoilĂ un article paru dans O-F de ce matin ,11 Janvier 2022. Juste une petite erreur ,les armes dites de chasse a canon lisse et un coup par canon ,non pas a ĂȘtre dĂ©clarĂ©es ",si", elles sont dĂ©tenues avant DĂ©cembre 2011.(reste Ă savoir comment le prouver) Achat chez un armurier ou en sa prĂ©sencePour acheter une arme de catĂ©gorie C, vous pouvez vous adresser Ă un armurier, un courtier agréé, ou Ă un particulier en prĂ©sence d'un est obligatoire d'avoir créé un compte SIA pour acheter une arme en tant que s'occupe de la dĂ©marche en ligne via le nouveau SIA achetĂ©e est transfĂ©rĂ©e automatiquement dans votre rĂątelier devrez confirmer l'achat de l'arme en ligne via votre compte SIA vous ne le faites pas, l'achat est validĂ© automatiquement au bout de 5 d'information sur les armes SIA - Espace dĂ©tenteursĂ noter la dĂ©marche se fait par formulaire cerfa n°12650 si vous rĂ©sidez Ă Mayotte ou en Guyane. Renseignez-vous auprĂšs d'un armurier ou d'un courtier trouvĂ©e ou hĂ©ritageSi vous souhaitez conserver une arme de catĂ©gorie C pour chasser, trouvĂ©e ou dont vous avez hĂ©ritĂ©, vous devez vous adresser Ă un armurier ou Ă un courtier dossier comprend les documents suivants DĂ©claration sur le formulaire cerfa n°12650Copie d'une piĂšce d'identitĂ©Copie d'un permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă l'Ă©tranger + titre de validation annuel ou temporaire ou titre de validation de l'annĂ©e prĂ©cĂ©denteL'armurier se charge de transmettre votre dossier Ă la prĂ©fecture de votre de chasse acquise avant le 8 fĂ©vrier 2022Si vous dĂ©teniez une arme de chasse avant le 8 fĂ©vrier 2022, vous devez crĂ©er un compte SIA titleContent avant le 1er juillet ouvrir votre compte, vous devez avoir une adresse les Justificatifs suivants, scannĂ©s ou photographiĂ©s PiĂšce d'identitĂ© carte d'identitĂ©, passeport ou titre de sĂ©jour en FrancePermis de chasserJustificatif de domicilePrĂ©parez Ă©galement votre numĂ©ro SIA titleContent si votre armurier a eu l'occasion de vous en crĂ©er un depuis janvier d'information sur les armes SIA - Espace dĂ©tenteursUne fois le compte créé un numĂ©ro d'identifiant vous est vous connecter Ă votre espace personnel, vous devrez saisir ce numĂ©ro et le mot de passe que vous avez numĂ©ro SIA vous est numĂ©ro vous suivra tout au long de votre vie de dĂ©tenteur d' doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă votre armurier avant chaque intervention de sa part sur votre vous vous connectez Ă votre espace personnel, vous accĂ©dez Ă votre rĂątelier numĂ©rique dans lequel figurent toutes vos armes partir de l'ouverture de votre compte SIA, vous avez 6 mois pour complĂ©ter les informations de votre rĂątelier numĂ©rique nĂ©cessaire, vous pouvez contacter votre prĂ©fecture via un formulaire de contact disponible dans votre espace savoir en cas difficultĂ©s pour crĂ©er votre compte SIA, vous pouvez vous faire aider par votre armurier ou dans un point d'accueil numĂ©rique en sâadresser ?Lemaniement d'un fusil de chasse, si simple Ă preâ miĂšre vue, est en rĂ©alitĂ© un peu plus compliquĂ© lorsqu'on ne veut pas ĂȘtre. pour les auLres une source de dangers. Les quel- ques exemples que nous avons choisis montrerontmieux qu une longue explication quelles sont les façons prudentes et rationnelles de tenir son fusil. Puis, nous avons indiquĂ©, par des croquis
Restauration dâun vieux fusil par Nicolas BĂąillon. On connaĂźt tous un vieux fusil, qui mĂ©rite dâĂȘtre remis Ă neuf. Alors pour mieux comprendre les Ă©tapes importantes de la remise Ă neuf, nous avons pris un exemple concret, celui de Nicolas Baillon qui est un jeune chasseur. Au vue du nombre dâannĂ©e passĂ© dans le sous-sol de mon oncle, sâajoutant aux annĂ©e dâutilisation fabrication en 1978, bien que graissĂ© de fond en comble pour la protection de lâhumiditĂ©. Il nĂ©cessite un bon nettoyage et une petite remise Ă neuf. Pour cela, nettoyage du mĂ©canisme chez un armurier puis mise en couche du fusil Ă mon epaule. DĂ©montage entier de tout les bois, les quadrillage aillant quasiment disparu du Ă lâutilisation, je peux utiliser du papier Ă poncer sur toute les partis. Dâabord dĂ©collage de lâautocollant, puis ponçage au grain 40 pour Ă©liminer la bonne couche de vernis. Puis une fois arriver au bois, ponçage au 120-150 puis 180 grains. Petit nettoyage Ă lâĂ©ponge lĂ©gĂšrement humide pour chasser la fine poussier de bois, puis application de cire spĂ©cial bois, 4 couches en laissant bien le bois absorber entre chaque couche. Maintenant place au mĂ©tal, nettoyage Ă lâessence des canon pour Ă©liminer tout les residu de graisse, de poussiĂšre ou de toute saletĂ©, qui qui Ă©tait dans lâaĂ©ration de bande, gravure etc. Maintenant il ne reste plu quâun petit rebronzage des canon pour que monsieur ai remis son costume cravate. Comment? En donnant lâoreille Ă un garde ou un membre de SociĂ©tĂ© ; en mettant lâoreille dans une enveloppe et la mettre dans la boite aux lettres de la Maison des Associations (avec la mention « Pour la Chasse ») Merci Ă tous pour votre participation. Le Bureau. JournĂ©e des "vieux fusils" du samedi 6 novembre 2021 Ă l'Ă©tang des AULNES . kpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018bonsoir;voila on ma lĂ©guer et offert trois fusil, j'ai bien lu les textes sur les sites du gouvernement mais je souhaiterais savoir ce que je doit faire comme paperasse etc etc etc pour les possĂ©dĂ©s en toute lĂ©galitĂ© ...donc voici les trois armesun fusil mixte un canon lisse et un canon RayĂ© calibre 16un fusil deux canons lisse calibre 12un fusil carabine semis auto Remington Woodsmaster model 742 calibre 280 apparemment canon rayĂ©sPS j'ai dĂ©jĂ en ma possession des lettres de sessions et les papiers d'origine donc dâĂ©poque des banc dâĂ©preuve officiel et de garantiInvitĂ©InvitĂ©Je crains qu'il te faille prendre une licence de tir pour avoir le droit de faire enregistrer ce matĂ©riel de catĂ©gories C et D... Ou passer ton permis de chasse...InvitĂ©InvitĂ©Question ce matĂ©riel est-il enregistrĂ© ?InvitĂ©InvitĂ©Armes concernĂ©es Les armes classĂ©es dans la catĂ©gorie C sont les suivantes âą les armes Ă feu d'Ă©paule Ă rĂ©pĂ©tition semi-automatique dont le projectile a un diamĂštre infĂ©rieur Ă 20 mm, permettant le tir de 3 munitions au plus sans rĂ©approvisionnement,âą les armes Ă feu d'Ă©paule Ă rĂ©pĂ©tition manuelle dont le projectile a un diamĂštre infĂ©rieur Ă 20 mm, permettant le tir de 11 munitions au plus sans rĂ©approvisionnement ainsi que les systĂšmes de rĂ©approvisionnement de ces armes,âą les armes Ă feu d'Ă©paule Ă un coup par canon dont au moins l'un n'est pas lisse,âą les Ă©lĂ©ments de ces armes,âą certaines armes Ă feu fabriquĂ©es pour tirer une balle ou plusieurs projectiles non mĂ©talliques,âą les armes et lanceurs dont le projectile est propulsĂ© de maniĂšre non pyrotechnique avec une Ă©nergie Ă la bouche supĂ©rieure Ă 20 joules,âą certaines armes prĂ©sentant des caractĂ©ristiques Ă©quivalentes,âą les munitions et Ă©lĂ©ments de munitions des armes de la catĂ©gorie C,âą certaines munitions Ă percussion centrale et leurs Ă©lĂ©ments conçues pour les armes de poing, mais qui ne sont pas classĂ©es en catĂ©gorie B et Ă©lĂ©ments de toutes ces armes sont soumises au rĂ©gime de la Munitions des armes de la catĂ©gorie C Pour les armes de la catĂ©gorie C, l'acquisition est soumise Ă la prĂ©sentation âą du permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă l'Ă©tranger accompagnĂ© du titre de validation de l'annĂ©e en cours ou de l'annĂ©e prĂ©cĂ©denteâą ou de la licence de tir en cours de de certaines munitions de catĂ©gorie C est Ă©galement soumise Ă la prĂ©sentation du titre de dĂ©tention de l' les mineurs de 16 Ă 18 ans, l'acquisition doit ĂȘtre faite par la personne dĂ©tenant l'autoritĂ© parentale Ă condition qu'elle ne soit pas inscrite au fichier national des personnes interdites d'acquisition et de Personnes autorisĂ©es Ă acquĂ©rir une de ces armes Pour acquĂ©rir une arme de la catĂ©gorie C, un de ses Ă©lĂ©ments ou des munitions de cette catĂ©gorie, il faut remplir toutes les conditions suivantes âą ĂȘtre majeur, âą ne pas ĂȘtre inscrit au fichier national des personnes interdites d'acquisition et de dĂ©tention d'armes,âą disposer d'un bulletin n°2 du casier judiciaire ne comportant pas de condamnations pour meurtre, assassinat, tortures ou actes de barbarie, violences volontaires, viol ou agressions sexuelles, trafic de stupĂ©fiant...,âą ne pas se signaler par un comportement laissant objectivement craindre une utilisation de l'arme dangereuse pour soi-mĂȘme ou pour autrui,âą prĂ©senter un certificat mĂ©dical datant de moins d'un mois ou prĂ©senter un permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă l'Ă©tranger, accompagnĂ© du titre de validation pour l'annĂ©e en cours ou prĂ©senter une licence en cours d'une fĂ©dĂ©ration sportive agréée par le ministĂšre chargĂ© des sports pour la pratique du tir ou du noter les personnes ayant Ă©tĂ© traitĂ©es dans un service de psychiatrie et qui souhaitent acquĂ©rir une arme ou des munitions doivent produire un certificat dĂ©livrĂ© par un mĂ©decin psychiatre datant de moins d'un Conservation Ă domicile Pour conserver Ă son domicile une arme de la catĂ©gorie C, il faut âą soit la ranger dans un coffre-fort ou une armoire forte adaptĂ©s au type de matĂ©riels dĂ©tenus,âą soit dĂ©monter une piĂšce essentielle la rendant immĂ©diatement inutilisable et conserver cette piĂšce Ă part,âą soit utiliser tout autre dispositif empĂȘchant l'enlĂšvement de l' munitions doivent ĂȘtre conservĂ©es sĂ©parĂ©ment dans des conditions interdisant l'accĂšs - blocEnteteD1La liste des armes relevant de la catĂ©gorie D enregistrable, est donnĂ©e par lâart 2 du dĂ©cret du 30 juillet 2013.. Texte officiel Les armes soumises Ă enregistrement et les armes et matĂ©riels dont lâacquisition et la dĂ©tention sont libres, qui relĂšvent de la catĂ©gorie D, sont les suivants 1° Armes Ă feu soumises Ă enregistrement a Armes dâĂ©paule Ă canon lisse tirant un coup par canon ; b ElĂ©ments de ces armes ; c Munitions et Ă©lĂ©ments des munitions de ces armes ; Acquisitions âą Majeurs elle est subordonnĂ©e Ă la prĂ©sentation du permis de chasser validĂ© de lâannĂ©e en cours ou de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Ou dâune licence de tir dâune fĂ©dĂ©ration sportive. Lâun ou lâautre de ces titres valent certificat mĂ©dical. Art 43.âą Mineurs achat interdit. Doit ĂȘtre fait par le dĂ©tenteur de lâautoritĂ© parentale [1] a partir de 16 ans avec un permis de chasser au nom du mineur. A partir de 12 ans avec une licence de tir. Enregistrement [2]âą Câest lâarmurier vendeur qui procĂšde Ă la dĂ©claration auprĂšs de la prĂ©fecture de lâacheteur Art 45.. Sâil sâagit dâune transaction entre particuliers, câest le vendeur qui procĂšde aux formalitĂ©s selon lâart 50. Stockage âą 1° Soit dans des coffres-forts ou des armoires fortes adaptĂ©s au type et au nombre de matĂ©riels dĂ©tenus ;âą 2° Soit par dĂ©montage dâune piĂšce essentielle de lâarme la rendant immĂ©diatement inutilisable, laquelle est conservĂ©e Ă part ;âą 3° Soit par tout autre dispositif empĂȘchant lâenlĂšvement de lâarme. Les munitions doivent ĂȘtre conservĂ©es sĂ©parĂ©ment dans des conditions interdisant lâaccĂšs libre. Art. 113 Port et Transport [3]âą Est interdit le port et le transport sans motif lĂ©gitime des armes, Ă©lĂ©ments dâarme et munitions. La licence de tir ou le permis de chasser validĂ© de lâannĂ©e en cours ou de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente est une preuve de lĂ©gitimitĂ© du transport. Art 121. Les armes Ă sont transportĂ©es de maniĂšre Ă ne pas ĂȘtre immĂ©diatement utilisables, soit en recourant Ă un dispositif technique rĂ©pondant Ă cet objectif soit par dĂ©montage dâune de leurs piĂšces de sĂ©curitĂ©. Les Ă©lĂ©ments dâarmes âą Pour les acquĂ©rir, il faut prĂ©senter le rĂ©cĂ©pissĂ© dâenregistrement correspondant, mais ils ne nĂ©cessitent pas dâautre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018merci de ta rĂ©ponse j'ai bien Ă©videment le permis de chasser kpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018merci; eu un est enregistrĂ© normalement les autres non et oui j'ai mon permis de chasse donc? InvitĂ©InvitĂ© kps a Ă©critbonsoir;voila on ma lĂ©guer et offert trois fusil, j'ai bien lu les textes sur les sites du gouvernement mais je souhaiterais savoir ce que je doit faire comme paperasse etc etc etc pour les possĂ©dĂ©s en toute lĂ©galitĂ© ...donc voici les trois armesun fusil mixte un canon lisse et un canon RayĂ© calibre 16 catĂ©gorie Cun fusil deux canons lisse calibre 12 catĂ©gorie Dun fusil carabine semis auto Remington Woodsmaster model 742 calibre 280 apparemment canon rayĂ©s catĂ©gorie C, chargeur fixe limitĂ© Ă 2 +1 coupsPS j'ai dĂ©jĂ en ma possession des lettres de sessions et les papiers d'origine donc dâĂ©poque des banc dâĂ©preuve officiel et de garanti Bonjour,des explications ici dans la FAQ Ă remplir pour les catĂ©gories Cdemande pour catĂ©gorie D1Ădit lien officiel directDans le doute, si tu ne sais pas comment t'y prendre, tu vas voir un armurier avec les armes et papiers de la succession; il devrait pouvoir faire les documents Ă ta de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018je vous remercie pour les rĂ©ponses c'est super cool snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017Bonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!LaurentkpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018 snocxuatrom a Ă©critBonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!Laurent bonsoir merci a toi oui j'ai lus sa et pour cette armes en particulier ça va ĂȘtre grosse galĂšre car sur le papier d'origine il est Ă©crit carabine automatique et en plus non le chargeur n'est pas inamovible j'ai deux chargeur avec InvitĂ©InvitĂ© kps a Ă©crit snocxuatrom a Ă©critBonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!Laurent bonsoir merci a toi oui j'ai lus sa et pour cette armes en particulier ça va ĂȘtre grosse galĂšre car sur le papier d'origine il est Ă©crit carabine automatique et en plus non le chargeur n'est pas inamovible j'ai deux chargeur avec Le papier, c'est pas chargeurs amovibles ... beaucoup plus ..Une seule solution l'apporter, au plus vite, Ă un armurier pour la modifier en chargeur fixe inamovible et la dĂ©classer en catĂ©gorie tu la mets en dĂ©pĂŽt vente car, Ă moins dâĂȘtre licenciĂ© FFTIR et d'avoir une autorisation, tu ne peux rien faire avec cette cat B. sinon ĂȘtre dans l'illĂ©galitĂ© ..snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017RE,tu peux t'adresser lĂ fait rayer mon canon lisse de mon FAP,qui de facto s'est retrouvĂ© en categorie C!LaurentPS cet armurier est dans la Creuse,tu dois pouvoir le trouver en direct!InvitĂ©InvitĂ©Ne passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017 petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL DâAGARD La Grange dâAgard » BP 1 â 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35LaurentInvitĂ©InvitĂ© snocxuatrom a Ă©crit petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL DâAGARD La Grange dâAgard » BP 1 â 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35Laurent Tes connaissances sont limitĂ©es !!! en cherchant bien tu en trouvera plus que tu ne croit !!snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017Re,des armuriers qui font le travail,cela m'interesse!LaurentsnocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017 petit-pĂšre a Ă©crit snocxuatrom a Ă©crit petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL DâAGARD La Grange dâAgard » BP 1 â 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35Laurent Tes connaissances sont limitĂ©es !!! en cherchant bien tu en trouvera plus que tu ne croit !! Bonjour,comme indiquĂ© dans mon precedent messages,si mes connaissances sont limitĂ©es ,je suis interessĂ© par les coordonnĂ©es d'autres armuriers faisant les memes transformations,j'ai une autre arme Ă transformer,autant faire jouer la Gilles Ă FLERS, il font peut itou mais il sont ne fo pas oublier Ă l'armurerie de la Bourse Ă Paris ils savent de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Bonsoir Ă tous,Je profite de ce sujet pour demander un un copain qui n'a ni licence de tir, ni permis de chasser. Son pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© et possĂ©dait des cat C fusils et carabine. Seule la carabine est dĂ©clarĂ©e. Ils sont chez sa mĂšre pour le moment. Comment est-ce qu'il pourrait rentrer en possession lĂ©galement de ces armes ?Ce qui m'embĂȘte c'est qu'en faisant les papiers de cession ou de vente, il manque une Ă©tape pour moi comment passer de son pĂšre dĂ©cĂ©dĂ© Ă lui ?InvitĂ©InvitĂ©Bonsoir,une simple petite recherche sur gogole mots clĂ©s transmission, arme, de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Le problĂšme, c'est que la "simple petite recherche" sur le net, que j'ai fais, et j'ai dĂ©jĂ lu le mĂȘme petit article, dit que la dĂ©claration doit ĂȘtre faite "sans dĂ©lais". Là ça fait 6 je cherche a savoir si certains ont des exemples plus, l'hĂ©ritage se fait Ă sa mĂšre, pas Ă lui directement. InvitĂ©InvitĂ© lelga a Ă©critLe problĂšme, c'est que la "simple petite recherche" sur le net, que j'ai fais, et j'ai dĂ©jĂ lu le mĂȘme petit article, dit que la dĂ©claration doit ĂȘtre faite "sans dĂ©lais". Là ça fait 6 je cherche a savoir si certains ont des exemples plus, l'hĂ©ritage se fait Ă sa mĂšre, pas Ă lui directement. D'accord, je pouvais pas deviner ..LĂ , je ne sais pas comment il faut me demande s'il ne vaudrait pas mieux poser la question directement Ă la prĂ©fecture ?InvitĂ©InvitĂ©Il n'est pas concevable de conseiller de rester dans l' de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Bien sur que non. Pour le moment il n'y est pas d'ailleurs puisque les armes sont chez sa bien peur que sa mĂšre ne puisse mĂȘme pas me les vendre pour les sĂ©curiser dans le circuit puisque la carabine est au nom du papa ?InvitĂ©InvitĂ© lelga a Ă©critBien sur que non. Pour le moment il n'y est pas d'ailleurs puisque les armes sont chez sa bien peur que sa mĂšre ne puisse mĂȘme pas me les vendre pour les sĂ©curiser dans le circuit puisque la carabine est au nom du papa ? Lui non, sa mĂšre oui ...Si elle n'a pas fait les dĂ©clarations en temps et en heure ...Il ne reste plus qu'Ă prendre contact avec la prĂ©fecture, voire un armurier pour remettre tout ça dans le circuit et lĂ©galiser vers un propriĂ©taire habilitĂ© Ă les le dit bien JRG, nous ne pouvons conseiller une autre solution. Sujets similairesVente fusil dĂ©clarer en prĂ©fĂ©cturecalendrier des bourses aux armes , militaria , et armes anciennesbeagle vient de se dĂ©clarerdeclarer une arme d'allemagne comment acheter une arme legalement comment la declarerPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum| ĐŠĐŸáż ŃĐș ŃÏаá«Đ”á ĐŸ | Î Đž ՚ЎОпДŃапŐá | ŐŃŃŐ§Ń ĐłĐ»ĐŸŃĐ°Đœ ОգаáąŐ§ÏáĐł | ĐŃ áčŃ Đž |
|---|---|---|---|
| ĐŃáÎŸĐžĐŒ ĐŸŃáĐżŃŃŐ·ŃĐșဠ| Đ€ŐŃŃаáčÏζ áĐŒŃáČŐ«ŃĐ”Ń | Đ Đ”Î¶ĐŸĐșĐž ÎŸÏ Đ»Đ”ÎșŐ« Đ·ŃŃ Ï ĐœŐž | áŃпО Ő„Đł á° |
| á¶ŐĄÏŐžÖŐź Đż ŃáÖĐžŃΔжիŃĐ» | ĐŃÎžŃ ŃĐžŃĐČ ÎżŐŒÎčŃŃážŐŸ | ÎÎ·Î±ÎœĐžŐ”á± áááĐ»Đ”ŐŒŃŐȘĐ” Đ·Ï ŃΞ | Ω եбŃŐžÖÏá”ՀД áȘŐ°Ï Đ»ŐžÖáźá¶ |
| ĐĄĐČŃηОŃĐ» Đ”ŃÎżŃĐ” | ĐĐžĐČŃ ĐŸÏĐ” | ŐĐŸ ŐŁ | ÎĐ” ŃĐČÎżŐŠáŃáŐ°ŃỠՊΔÎČĐ” |
Nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Nous avons prĂ©parĂ© les solutions de DĂ©clarer Un Vieux Fusil De Chasse. Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse, vous ne serez pas déçu. A la fin de cet article vous saurez pourquoi ce phĂ©nomĂšne DĂ©clarer Un Vieux Fusil De Chasse a lieu. Le portail officiel du ministĂšre de lâintĂ©rieur consacrĂ© aux dĂ©marches administratives Carte grise, immatriculation, carte d'identitĂ©, passeport, permis de conduire, accueil des Ă©trangers, acquisition et dĂ©tention d'armes, associations, Ă©lections, rĂ©glementation routiĂšre, volontariats Si vous venez dâacquĂ©rir votre premier fusil de chasse, il est nĂ©cessaire dâen faire la dĂ©claration en prĂ©fecture auprĂšs dâun professionnel autorisĂ©. Seuls un armurier et un courtier sont en mesure de dĂ©poser un dossier de dĂ©claration dâacquisition, vente, cession ou mise en possession. RĂ©sultat d'image pour DĂ©clarer Un Vieux Fusil De Chasse SIA les chasseurs devront dĂ©clarer leurs armes en ligne dâici le 23 juillet 2023 Plus d'infos đ Les chasseurs devront dĂ©clarer leurs armes en ligne dâici le 23 juillet 2023. On vous explique le systĂšme. chasse chasseur arme fusil SIA Retrouvez-nous sur notre site internet Facebook Twitter Instagram restoration fusil de chasse renovation bascule remise en etat bascule fusil chasse 19e siecle simple et peu couteux 1/3 regarder la video de larry a 11m20 je vous poste l'adresse de Laryy Potterfield ou il montre comment reparer la bascule Restauration 1 Fusil Leufaucheux Salut Ă tous, Petite vidĂ©o qui prĂ©sente la restauration d'un fusil Lefaucheux Ă nouveau format de vidĂ©o est une premiĂšre, j'espĂšre que cela vous aura plu. PS Nous ne sommes pas des professionnels alors nous sommes preneur de tous conseils. Travail rĂ©alisĂ© par LĂ©a et Pierre A bientĂŽt pour de nouvelles vidĂ©os. Et avant de le declarer en prefecture tu peut aller a la gendarmerie du coin. Pour les fusils de chasse Ă un coup par canon lisse acquis aprĂšs le 1er aoĂ»t 2018, nous passons de lâenregistrement obligatoire Ă la dĂ©claration obligatoire, ce qui nâest pas un grand changement. Si c'est des juxtaposĂ©s ou superposĂ©s,pas besoin de dĂ©claration. Je possĂšde deux vieux fusils que lâon ma donnĂ© et qui ne sont donc pas dĂ©clarĂ©. Mon pĂšre en possĂšde aussi un. En cherchant sur le net je nâai rien trouvĂ© pour ce cas lĂ . Alors comment faire pour ĂȘtre en rĂšgle ? AllĂ© directement au commissariat ? Merci pour vos rĂ©ponses =
Unfusil de chasse et 150 munitions. Pierre et Lucienne, un couple de retraitĂ©s niortais, avaient ces armes en leur possession depuis la mort du frĂšre de Pierre..Ă Ă MM r ĂȘ 7f lu SI Ciiiulog UniversitĂ€t Bases Ăffentliche- Bibliothek/. ^c^cfienk- $eJ $f[M . et ^ $cecA/etijh* *i âą//& A 5' Ăfcsr- m W!k' r ^§y f t -VKMĂą MMS-v V VOYAGE DE BENGALE EN ANGLETERRE Par les parties Septentrionales de VlndoĂar. , par Cackemir , l' Afganistan , la Perse et la Russie. DE GEORGE FOKSTER, Anciennement au service civil de la Compagnie des Indes Orientales. Traduit de l'Anglois. A B A S L E, De l'Imprimerie de J. J, Tot'itssisitf, 1798. f âą?> & - PRĂFACE JLe hasard fit tomber dans mes mains un exemplaire anglois des voyages de George Förster. Je le lus avec assez dâintĂ©rĂȘt, et quoi quâil fĂ»t Ă©loignĂ© du degrĂ© de bontĂ© quâavec toute lâindulgence posiibie on peut attendre dâun voyage, j imaginai quâil mĂ©ritoit pourtant dâĂȘtre connu en France. Personne nâa parcouru encore avant lui les pays quâil dĂ©peint ; fa maniĂšre de voyager est singuliĂšre ; lâoriginal anglois est assez rare toutes ces raisons me dĂ©cidĂšrent Ă le traduire en François. Pendant que jây travaillois, jâappris que Mr. Meiners, Professeur ordinaire de Philosophie Ă lâuniversitĂ© de Göttingue, trĂšs-connu par plusieurs ouvrages estimĂ©s, par un entr'autres fur lâĂ©tat actuel et passĂ© des principaux pays de lâAsie , &c. avoit aussi traduit cet ouvrage de Förster en allemand, et lâavoit mĂȘme accompagnĂ© de notes. Je me procurai cette traduction. Lâouvrage de Förster est Ă©crit assez mal, et souvent dâune maniĂšre obscure ; jâĂ©tois bien aise de savoir la façon dont Mr. Meiners lâavoitinterprĂȘtĂ©. Jenâavois cherchĂ© dâabord, en me procurantcette traduction, quâun moyen pour me faciliter mon travail; bientĂŽt je trouvai quâelle pouvoit mâĂȘtre doublement utile. Mr. Meiners lâa fait prĂ©cĂ©der dâun avant propos, A 2 'W' iv PrĂ©face. dans lequel, aprĂšs avoir rendu compte de la maniĂšre dont il sâest procurĂ© son exemplaire, il donne quelques notices historiques fur Förster lui- mĂȘme , dâaprĂšs ce quâil en a lu dans plusieurs ouvrages ; et il finit par juger son dâune maniĂšre assez sĂ©\Ăšre, il est vrai, mais parfaitement juste. Je lus cette notice avec plaisir; elle est instructive et intĂ©ressante. Je crus donc faire bien de la traduire de lâallemand et de la mettre Ă la tĂȘte de ma traduction, bien sĂ»r que mon ouvrage nây pourroit que gagner. Je savois aussi que personne nâĂ©toitplus en Ă©tat que Mr. Meiners de rectifier les erreurs de Förster. 11 a Ă©crit lui-mĂȘme fur les peuples d Asie et fur lâIndostan, et a eu besoin, pour lire tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit sur cette partie. Je rĂ©solus en consĂ©quence de joindre aussi Ă mon ouvrage les notes qu il avoit cru devoir mettre au sien; je fuis persuadĂ© quâelles peuvent ĂȘtre utiles. Je ne donnerai pas mon sentiment sur lâouvrage de Förster; le traducteur allemand lâa jâugĂ© mieux que je ne l'eusse pu faire. lia Ă©tĂ© obligĂ© de sacrifier beaucoup de plaisanteries , dont lâauteur Ă©toit peut- ĂȘtre fort content, et moi, jâai cru devoir, Ă ma langue et au goĂ»t de ma nation , le sacrifice de beaucoup d autres. Cependant, considĂ©rĂ© du cĂŽte historique, et pour la partie gĂ©ographique des pays que Förster a parcourus, je crois quâon peut lire ce voyage avec quelque plaisir. PREFACE Dm Traducteur allemand des Voyages de ForĂer. I-/E destein de lâOuvrage dont je traduis la premiĂšre parue, a Ă©tĂ© presque aussi singulier que le voyage mĂȘme et la façon de voyager de son auteur. Autant que je puis savoir, ce sut paâ lâouvrage inestimable de Rennell, Mmoirs os a map os hindefian , que l'on entendit parler , pour la premiĂšre sois en europe, du voyage de Förster , le plus Ă©tonnant , ou au moins un des plus Ă©tonnants de notre siĂšcle. Rennell se procura un extrait du journal de Förster et 1 © mit dans sa gĂ©ographie des Indes. Si-tĂŽt que jâeus lu cet extrait, je mâinformai, comme vraisemblablement lâauront sait tous ceux qui auront lu Rennell, je mâinformai, dis je, par-tout, pour savoir si le voyage de Förster avoitdĂ©jĂ paru. De tous cĂŽtĂ©s on me rĂ©pondit que non , et il fallut me contenter de lĂ©spĂ©rance que cet ouvrage , que jâattendois avec grande irapadence, feroit bientĂŽt imprimĂ©. On peut juger combien je fus surpris agrĂ©ablement , lorsque dans un livre que le hasard, plutĂŽt que lâespĂ©rance dây trouver quelque chose dâintĂ©ressant , avoit fait tomber dans mes mains , je vis des extraits de la premiĂšre partie du voyage de Förster. On annonçoit que le premier volume avoit paru Ă Calcutta Ă la fin de i 790. vj PrĂ©face. Ce livre Ă©toit tht Calcutta Montly regiĂer , or India rcpfiutory os inĂruction and entertainment. Vol. I. Calcutta 1790. CâĂ©toit dans la feuille de DĂ©cembre et la suivante que les Ă©diteurs intervient quelques extraits des voyages. Ils les recommandoient ainsi â dans le grand nombre dâobjets intĂ©ressants que ,, lâon trouve dans la premiĂšre partie des voyages ,, de Mr. Geoige Förster qui vient de paroĂźtre Ă ,, Calcutta, on est plutĂŽt embaraffe du choix , que ,, de trouver quelque chose qui laste plaisir Ă chaque ,, lecteur. Câest pour cela que nous avons tirĂ© , Ă s» tout hasard et sans choix , les endroits suivants de u cet ouvrage instructif et estimable. Ainsi jâĂ©tois donc sĂ»r, que la premiĂšre partie avoit Ă©tĂ© imprimĂ©e Ă Calcutta en 1790 , et que cet ouvrage avoit plusieurs volumes. Mais combien de volumes, et quel titre il avoit; câest ce que je ne savois pas. Pour mâen instruire , je mâadressai Ă plusieurs savants anglois, et je les priai de vouloir bien mâenvoyer, aussitĂŽt que possible, les travels os Mr. ForĂer absolument in connus en allemagne. Un Ă©crivain anglois, du premier mĂ©rite , me rĂ©pondit que les traveh of ForĂer formoient deux volumes in 4 0 . que jusquâĂ -prĂ©sent ils nâĂ©toient pas publiĂ©s, que mĂȘme lâadministration du Bengale nâen avoit envoyĂ© que peu dâexemplaires on disoit seulement deux aux premiers Membres du dĂ©partement des Indes Orientales; mais que lui , il en attendoit un PrĂ©face. vij ou plusieurs exemplaires par les premiers vaisseaux de retour, et quâil mâen feroitpaffer un sur le champ. La flotte des Indes orientales arriva heureusement dan? les ports dâangleterre. Jâattendois chaque jour de poste lâouvrage important que l'on mâavoit fait espĂ©rer. Pendantce temps il arriva ici dâun autre cĂŽtĂ© un exemplaire de la premiĂšre partie de ce voyage; mais malheureusement il n'a pas de carte. Jâai donc conseillĂ© Ă lâimprimeur de prendre la carte excellente des countries between thi source os the ganges and the cafpian Jca , qui est dans les mĂ©moires de Rennellpage 200, et dâen faire graver la partie qui indique la route que Förster a prise de Lalldong Ă Cachemir. Je crois quâil est nĂ©cessaire de joindre ici le titre anglois de la premiĂšre partie de ce voyage, a A ,, journcy from Btngal to England, through the nor - ,, thern part oj India , Kajhemire, AfghaniĂan and ,, Ptrsia ; and into RujĂabythe Cafpiansea. ByGeorge », ForĂer. In the civil service os the honourable EaĂ ,, India Compagny. In two volumes. Vol. I. Calcutta », from the press os Cooper et Upjohn, MDCCXC.'* Au moment oĂč jâĂ©cris, je ne fais pas encore si le second volume est dĂ©jĂ imprimĂ©. Mon ami dâangle- terre me parloit, il est vrai, des deux volumes comme dâun ouvrage complet et dĂ©jĂ connu en Bengale; mais je crains presque quâil nâait pas hier» examinĂ© lâexemplaire du premier volume qui lui passa par les mains il y a plusieurs annĂ©es. Une PrĂ©face. viij note que je trouve dans la troisiĂšme Ă©dition des mĂ©moires de Reiineli, p. 149. annonce non-feulement la mort de notre voyageur; mais ajoute que l'on attend toujours le second volume. » aprĂšs parut le premier volume des vovages de >5 Förster , qui contient son voyage de Bengale n jusquâaux frontiĂšres de Cachemir. On espĂ©roit »» que le second volume suivroit bientĂŽt. Mais »» dâaprĂšs les derniĂšres nouvelles des Indes , on a appris la mort de cet entreprenant voyageur ; il *» mourut Ă la Cour duNizam oĂč il rĂ©sidoit pour le service de la Compagnie des Indesâ. Quoiquâil en soit, que le second volume soit imprimĂ© ou non , mes lecteurs peuvent compter fur mon exactitude et mon enpreffement Ă traduire la secondç partie si-tĂŽt quâelle paroĂźtra. Si un voyage imprimĂ© en Bengale, est cinq ans aprĂšs en Angleterre encore une raretĂ© et mĂȘme un secret, on peut croire que le Gouvernement, ou au moins des adversaires puissants , ont cherchĂ© Ă le supprimer. Dans la recension du premier volume de cet ouvrage , imprimĂ©e dans le i 5 y numĂ©ro de la gazette littĂ©raire deGoltingue en 1790, jâai dit, que probablement Hastings ..auparavant Gouverneur- GĂ©nĂ©ra! du Bengale, ou ses amis, nâavoient pas voulu le laisser paroitre au jour, parce que ion auteur avait parlĂ© dâune maniĂšre dĂ©savantageuse pour lui de lâĂ©tat du Bengale et de la guerre des PrĂ©face. ix Marattes et des Rohillas. Quoique cette conjecture soit la seule qui puisse expliquer la raretĂ© de ce voyage, cependant elle nâest pas encore satisfaisante. Long-tems avant que les travels osFoâ vinssent Ă paroĂźtre , des hommes qui avoient Ă©tĂ© plus long- tems que lui eu Bengale, qui avoient rempli des places plus importantes, et avoient plus de considĂ©ration que lui, avoient fait imprimer des choses bien plus dures contre Hastings. Puisquâon ne pouvoir ou ne vouloir pas empĂȘcher ces accusations plus fortes et plus dangereuses , comment pouvoit-on avoir lâidĂ©e de vouloir supprimer les assertions beaucoup plus modĂ©rĂ©es et bien moins importantes de Förster ? Si-tĂŽt que les ennemis de Hastings sâen fussent appelons , ils auroientfait tout au monde pour rĂ©pandre cet ouvrage qui leur Ă©toit favorable ; et comment eĂ»t-il Ă©tĂ© possible de dĂ©rober aux accusateurs nombreuxet puissants de Hastings un ouvrage imprimĂ© Ă Calcutta et que tout le monde y avoit lu ? Le second volume du voyage de Förster, si nous pouvons jamais lâavoir, doit ĂȘtre fans comparaison plus intĂ©ressant que la premiĂšre partie. On nâen peut pas douter, quand on connoĂźt les pays qui font dĂ©crits ou qui dĂ©voient lâĂȘtre dans le second volume. Förster, aprĂšs avoir sĂ©journĂ© quelque. temps Ă Cachemir. descendit le BehĂŒt par eau lâespace de 14 coss. Renneli p. 1^7. troisiĂšme Ă©dition aprĂšs cela il quitta son bateau et marcha vers l'ouest pour aller Ă Mouzziserabad , capitale dâun petit X PrĂ©face. district da mĂȘme nom sur la frontiĂšre au sud-ouest de Cachemir, et dont le souverain porte le titre de Sultan. De Mouzziferabad, il vint Ă Bazaar, situĂ© vers le nord-ouest, Ă vingt milles anglois dâAtock, prĂšs de Bazaar. Förster passa l'inclus, et prĂšs de HyderbongĂ©e, il entra fur les terres de Timur Cha Abdallah. De Bazaar, il prit fa route par Pais- havour et Caboul vers Candaliar , et de lĂ il alla par le Sigistan et le Korasan Ă Mazenderan ; il sây embarqua fur la mer Caspienne , et il retourna dans fa patrie par Astracan, Calan et les autres provinces de Russie. On fait que Cachemir, 1â Afganistan et le Korasan, sont les pays les plus intĂ©ressants de Fasie et en mĂȘme - temps les plus inconnus ; et le second volume de Förster nous eĂ»t fait connoĂźtre tous ces pays dans lesquels, depuis long-temps, aucun europĂ©en, ou du moins aucun observateur attentif et instruit nâa voyagĂ©. Ce qui surprit le plus le gĂ©ographe Rcnnell, ce fut que Förster, entre Caboul et la ville de Tersifh dans le Korasan, ne trouva pas de hautes montagnes, p. i53. 18g. igi.Rennell en conclut, que la grande chaĂźne de montagnes, que les anciens nommoient Taurus , ou ne sâĂ©tend pas jusquâĂ lâKindoo-Kho , comme les anciens et nouveaux gĂ©ographes le croyoient, ou que du moins si elle le fait, câest dans des parties plus septentrionales que celles par lesquelles Förster a passĂ©. Rennell Ă©toit aussi trĂ©s-Ă©tonnĂ© de ce que Förster, dans fa route de Candahar Ă la mer Caspienne , nâavoitpas trouvĂ© I PrĂ©face. xj de fleuve que lâon ne pĂ»t passer Ă guĂ© , quoique le voyage durĂąt depuis aoĂ»t jusquĂ la fin de Janvier. Je ne puis mâempĂȘcher de rapporter ici le jugement que Rennell, dans une note assez Ă©tendue , porte fur Förster et fur ses voyages; a x p. 148. ,, 149. Lâhistoire de ce voyageur, dit Rennell, est ,, Ă©tonnante. En 83 et 84 il alla par terre du Bengale ,, Ă la mer Caspienne , et de-lĂ il prit le chepiin ,, ordinaire de Peterfbourg. 11 dut pour sa furetĂ© ,, Ă©viter le pays des Sicques ou de Lahor. 11 passa ,, donc le Gange et floumna dans les montagnes ,, et arriva Ă Cachemir par Joumbo. Il vit ce pays , »j Ă ce quâil paroĂźt, seulement par curiositĂ©; car il ,, sâĂ©loignoit de son chemin. De Cachemir il alla Ă ,» Caboul, rĂ©sidence de Timur-Cha,Roi deCandahar ,, que lâon appelle ordinairement Abdallah. De-lĂ il vouloit passer par la grande Bucharie ; mais ,, les chemins Ă©tant trop peu surs, il prit la ,, route ordinaire des Caravanes de Candahar. De ,, cette ville, que plusieurs savans prennent pour ,, lâAlexandrie Parapomisienne , son chemin ailoit ,, en droite ligne par Heratjusquâaubord mĂ©ridional ,» de la mer Caspienne, par les provinces que Ion ,» nomme aujourdâhui Seistan , Korasan et Mazen- ,, deran, et connues aux anciens fous le nom de ,, Parapomisus, de Aria , de Parthia et de Tapuri. ,» Förster fit une partie considĂ©rable du chemin ,, quâAlexandre choisit lors quâil poursuivit Bessus. Il comme mahomĂ©tan et en sociĂ©tĂ© P R ÂŁ F A C s. », de mahomĂ©tans, tous ces pays dans les quels la 55 jalousie politique dĂšs naturels, contre toutes ,, lortes dĂ©trangers , marche de front avec leurs n prĂ©jugĂ©s religieux. Il faut quâun homme quia ,1 Ă©xĂ©cutĂ© cette enterprife difficile fans faire naĂźtre n de soupçons, ait une prĂ©sence dâesprit bien rare, »1 une grande prudence et une facilitĂ© Ă©tonnante ii pour apprendre les langes et fe conformer aux ji mĆurs Ă©trangĂšres. La dĂ©couverte de ce quâil h avoit Ă cacher eĂ»t Ă©tĂ© pire que la mort; et >i cependant il Ă©toit toujours exposĂ© aux conjectures ii de ses compagnons de voyage qui ne favoient pas ii son secret. JâespĂšre quâil fera connoĂźtre ses obfer- ii valions fur les mĆurs , le gouvernement et l'Ă©tat il actuel de cette partie de la perse que nous con- ii noifons le moins , ainii que fur Cachcmir, pays il encore plus important pour le philosophe et natu- ii ralifle. Pour aller du dernier poste anglois en ii Oude jusquâĂ la mer Caspienne, ce qui faifoit ii 2700 milles anglois , il pasta Ă -peu-prĂšs un an ; ii et pendant ce temps, il fut obligĂ© de renonçer Ă h toutes les commoditĂ©s et aux agrĂ©mens dont 55 jouit en europe mĂȘme la c laste la plus pauvre du 11 peuple. Dans des temps de pluie et de neige, il il lui falloit coucher au bivuoac et manger ce quâil il trou voit dans les pays par lesquels il paffoit. 11 Son voyage dura trop long-temps ; il Ă©toit pref- >1 que impostible quâil pĂ»t prendre avec lui ce qui fi rend un voyage agrĂ©able fans mettre en jeu fa il furetĂ©. ââ PrĂ©face. xiij La premiĂšre partie du voyage de Förster peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e sous un double point de vue comme voyage et comme une collection de notices historiques fur des hommes cĂ©lĂšbres, fui des peuples et des religions. Sous les premier rapport, le mĂ©rite du premier volume consiste dans des observations intĂ©ressantes fur les mĆurs , le caractĂšre , et la vie domestique de lâIdous; mais fur-tout dans les remarques presque toutes neuves quâil a faites fur le Rohilcound et fur les payF de montagnes entre Oude et Cachemir. DĂ©jĂ avant Förster, ou au moins avant l'impression de ses voyages, des europĂ©ens avoient pĂ©nĂ©trĂ© dans Siringnahour et vu le Gange et le Ioumna Ă des latitudes septentrionales plus Ă©loignĂ©es que notre voyageur. Mais aucun europĂ©en ne fit le voyage de Sirinagour Ă Cachemir , et nâavoit vu les fleuves du Pouniab si prĂšs de leur source que Förster. Quelques nouveaux , quelques instructifs que soient plusieurs dĂ©tails dans le premier volume de l'ouvrage , on ne peut cependant pas se dissimuler, que quand on le lit, il y a bien des choses que lâon seroit tentĂ© de demander, auxquelles Förster ns rĂ©pond pas du tout, et auxquelles il paroĂźt qufil eĂ»t bien pu rĂ©pondre. Des lecteurs attentifs et sĂ©vĂšres eussent peut-ĂȘtre aussi dĂ©sirĂ© que Förster leur eĂ»t Ă©pargnĂ© le rĂ©cit de mille petits accidents qui arrivent Ă tous ceux qui voyagent, et qui na caractĂ©risent ni le pays dans lequel il se trouvent, ni ses habitants. 11 y a aussi des plaisanteries dĂ©placĂ©es, xiv PrĂ©face. des lieux communs assez frĂ©quens ; il renouvelle continuellement ses assurances de lâattention et du foin quâil met dans ses observations et ses recherches, et il demande toujours excuse pour lâinsuffisance de ses notices. Mais ce font des dĂ©fauts quâil faut lui pardonner; il nâĂ©toit pas accutumĂ© Ă Ă©crire. Parmi les collections elles recherches historiques, le morceau fur les Sicques est le meilleur, et ensuite lâhistoire des et de Choujah-O-ud-Dowlah mĂ©ritent le second et le troisiĂšme rang. Ce quâi! dit, au contraire, sur larĂ©ligion des Indous, est tellement plein de faits mal rapportĂ©s, de conjectures fausses ou Ă moitiĂ© vraies, que je fus tentĂ© plusieurs fois de laisser lĂ tout le morceau , exceptĂ© quelques passages. Je ne le fis pas , par la crainte quâon ne me reprochĂąt dâavoir mutilĂ© lâouvrage, en retranchant tout un chapitre de lâoriginal. Je ne prĂ©tends pas attaquer la nouveautĂ© et lâimportance des dĂ©tails surlesSicques et Förster a trouvĂ©s dans les papiers et dans les rĂ©cits de ses amis et de ses connoissances. Le mĂ©rite seul du compilateur y pourra perdre quelque chose; mais il faut convenir que Förster nâavoit pas le talent de choisir et de mettre en ordre des faits historiques, de les prĂ©senter clairement, et sur-tout dâen tirer des consĂ©quences et des rĂ©sultats justes. Il est tout aussi vrai que dans les morceaux historiques, il se trouve par-ci par-lĂ des choses insignifiantes ; quâil y rĂšgne une certaine obscuritĂ© ; que le style en est diffus et embrouillĂ© ; que plusieurs choses font rĂ©pĂ©tĂ©es P R Ă E A C t. XV souvent sans nĂ©cessitĂ© ; et enfin, que quelquefois, le* jugements quâil porte, ne sâacordent pas avec les faits quâil raconte , et souvent contredisent ce quâil a dit plus haut. Tant que Förster fut en Bengale et dans les autres possessions angloises, il trouva par tout que le commerce , lâagriculture et lâindustrie Ă©toient tombĂ©s. Mais aprĂšs ĂȘtre venu en Oude et dans les pays de montagnes au nord, alors il fait lâĂ©loge de la paix et de lâabondance qui rĂ©gnent dans le Behar et le Bengale, et du bonheur de ceux qui y vivent. Dans plusieurs endroits, il parle avec le plus grand mĂ©pris du polithĂ©isme absurde des Indous , et des usages et des fables fur lesquels il est fondĂ© ; et ensuite il vent prouver que la rĂ©ligion des Indous nâest pas un culte de payens, et mĂȘme que la division en castes, et lâusage des femmes de le brĂ»ler aprĂšs la mort de leurs maris, font des institutions et sages et bienfaisantes. Enfin il cite lui - mĂȘme beaucoup dâexemples de la tyrannie des rajahs indiens et de leurs employĂ©s. Il dit mĂȘme une fois quelles que soient les violences que les anglois ont exercĂ©es et exercent encore contre les Indous, elles nâapprochent pas des vexations et des exactions que les Princes Indiens se permettent. Et avec cela il fait une peinture idĂ©ale du bonheur et de la culture des anciens Indous telle que jamais nâen ont faite les apologistes les plus exagĂšres de ce peuple, et on nâen pourroit jamais faire une pareille , avec raison, dâaucun empire sur la terre. Une suite de ce dĂ©faut de jufltefiĂŻe et de vĂ©ritĂ© f dans ses juge- \_y XVJ PrĂ©face. ments, est que souvent ses expreffions sont vagues et indĂ©terminĂ©es ; jâai cherchĂ© Ă y remĂ©dier autant que jâai pu, ainsi quâĂ adoucir lâĂ©clat de son style et Ă en diminuer le prĂ©cieux Si Förster eĂ»t su Ă©crire, jâeusse cherchĂ© Ă transportes exactement dans ma langue, non-feulement les beautĂ©s de son style, jâeusse mĂȘme respectĂ© ses dĂ©fauts. Mais comme le voyageur anglois nâa pas, je crois, de prĂ©tentions au style, jâai cru quâil falloit penser seulement Ă ce que la traduction fĂ»t claire, et je puis croirĂ© que des allemands seront moins souvent arrĂȘtĂ©s dans la traduction, que des anglois dans lâoriginal. Jâai conservĂ© la façon dont Förster a Ă©crit les noms Indiens, mĂȘme lorsquâelle diffĂšre de ceux qui sont connus , ainsi je nâai pas Ă©crit Seicks , mais Sicques , Joummoo, maisjoumbo , etc. Quant Ă mes notes, mon projet n'Ă©toit pas de rectifier ce qui Ă©toit faux, de completter ce qui Ă©toit imparfait, et de commenter ce qui Ă©toit obscur; mais de corriger et dâexpliquer quelques endroits qui paroissoient en mĂ©riter la peine. Lorsque mes explications auroient tenu trop de place , je jugeai plus Ă propos de renvoyer les lecteurs Ă ces ouvrages, par les quels ils pourroient sâinstruire, que dâaugmenter, par des dissertations, le prix et lâĂ©tendue de cette traduction. Si la traduction de Förster devoir avoir une seconde Ă©dition, etc. Göttingue , le 3 Nov. I1Z5. MELN'ERS. A SON EXCELLENCE Mr. le Comte de GorrvwallĂźs. Chevalier de l'ordre me la jaretiĂšre, SecrĂ©taire d'Etats Lieutenant-GĂ©nĂ©ral au service de Sa MajejlĂ© et Gouverneur et Commandant-GĂ©nĂ©ral de toutes les pcjfef- Jions et troupes de Sa hiajcfiĂ© et de la SociĂ©tĂ© des Indes Orientales , etc. Mylordl De tous temps les Ă©loges des dĂ©dicaux ont Ă©tĂ© suspects , et les hommes 'du monde les ont toujours rĂ©gardĂ©s comme des compliments exagĂšres , par lesquels on cherche ou Ă s'insinuer dans les bonnes grĂąces de son protecteur, ou Ă flatter sa vanitĂ© , ou bien, peut-ĂȘtre, Ă exprimer sa reconnois- sance, mais presque toujours mal-Ă -propos et dâune maniĂšre dĂ©placĂ©e. Cependant jâose croire que lâon jugera moins sĂ©vĂšrement le contenu et le ton de cette dĂ©dicace , et que lâon dira que je nâai pas mĂȘme atteint la grandeur de mon sujet. Lorsque je rĂ©solus de faire imprimer le journal de mes voyages , je cherchai naturellement un nom qui put relever mon ouvrage mes talents littĂ©raires ne font pas fort connus. Je ne dirigeai pas mes yeux vers lâĂ©clat des richesses, ou de la naissance et du rang, qui ne font pas toujours la mesure du mĂ©rite dâun homme. Je cherchai cette considĂ©ration que donnent Ă un homme des avantages qui servent au L Xviij P R Ă ĂŻ A CĂŻ, bonheur de sa patrie en mĂȘme-temps quils en font l'honneur. Ce fut avec un sentiment de plaisir bien vif, que mes yeux et mon cĆur se sentirent attirĂ©s vers lâobjet de mes recherches , objet comme on en trouvera peu dans tous les tems et dans tous les pays. Et quand on devroit trouver trop hardi lâusage que jâen voulus faire, je ne pus pas rĂ©silier au dĂ©sir dâorner mon ouvrage du nom de Cornwallis, et de joindre mes Ă©loges Ă tous ceux que lui ont mĂ©ritĂ©s des actions qui doivent avoir une place distinguĂ©e dans les annales de notre nation. Des mauvais succĂšs , qui du temps de lâancienne Rome, en train oient lâoubli, lâoblcuritĂ©et souvent la disgrĂące, offrirent un champ plus vaste aux talents de votre Excellence, et dĂ©ployĂšrent en vous une force supĂ©rieure Ă tout; tel un chĂȘne, profondĂ©ment enracinĂ©, brave les fureurs de lâhiver. Dans les Indes orientales, votre Excellence fut exposĂ©e Ă des ennemis plus redoutables. On lui confia un pouvoir comme jamais sujet anglois nâen a eu, comme mĂȘme on nâen a jamais confiĂ© un pareil au Roi dâangleterre ; un pouvoir qui s'Ă©tendent fur de vastes pays , fur des peuples riches et put flans et loin de ceux qui lâavoient donnĂ© et eussent pu le borner, et dans un royaume oĂč chaque ressort du gouvernement est mis en mouvement par lâaviditĂ© et le brigandage, et oĂč celui qui souffre et qui demande justice ne peut sâapprocher des portes du plus puissant sans acheter la PrĂ©face. XIX justice et la protection par des sacrifices. Nous vimes avec Ă©tonnement que votre Excellence usa de ce pouvoir, qui lui Ă©toit rĂ©mis, avec modĂ©ration et droiture. Mais les Ă©loges le mieux mĂ©ritĂ©s font ceux qui dĂ©plaisent le plus. Je finirai donc ma dĂ©dicace parles souhaits les plus vifs , pour que votre Excellence puisse continuer de gouverner les possessions angloises dans les Indes jusquĂ ce quâelle ait achevĂ© heureusement lâouvrage quâelle a commencĂ©. Les sacrifices font grands. Mais la rĂ©compense, qui surpasse la faveur du Monarque aussi bien que les Ă©loges du peuple reconnoissant, est encore plus grande. Jâai lâhonneur dâĂštre avec le plus profond respect. de Votre-Exeellence Le trĂšs-humble trĂšs-obĂ©issant serviteur . Calcutta le i aoĂ»t 1790. George ForĂer. AVANT-PROPOS. X-/es vovages en gĂ©nĂ©ral font estimĂ©s et reçus avec indulgence, câest ce qui me donne le çourage de soumettre cet ouvrageau public. La connoissance des mĆurs des peuples Ă©trangers affoibiit les prĂ©jugĂ©s nationaux, et Ă©claire lâesprit. Les anglais lui doivent encore de plus un avantage qui leur est propre et qui doit ĂȘtre satisfaisant pour eux. La comparaison leur fait connaĂźtre l'excellence de leur constitution et de leurs Ioix, ainsi que les avantages de leur caractĂšre national qui leur donne le premier rang parmi les europĂ©ens. Cependant sâil est permis de parler franchement de fa propre maniĂšre de penser, ce pour quoi , il est vrai, la plus part des hommes ne font pas faits, jâavouerai sincĂšrement que je nâai jamais senti en moi, pendant mon voyage , aucune partialitĂ© pour tel peuple ou telle secte. Des hommes trĂšs-savants et pleins de gĂ©nie ont souvent, pour le malheur des sciences, ĂŽtĂ© Ă leurs ouvrages une partie de leur mĂ©rite, en sâadonnant exprĂšs Ă un systĂšme favori au quelpeu-Ă -peu et involontairement ils sacrifioient les principes et les rĂšgles de la vĂ©ritĂ© et de la raison. Les voyageurs , fur-tout, ont contre eux le prĂ©jugĂ© quâils font des peintures vagues ou embellies. Mon destin mâayant conduit dans des pays quâaucun europĂ©en nâa encore vus, jâai dâautant plus de raison de dĂ©clarer au public, quâil que je me sois trompĂ© dans mes jugements ; mais que je nâai jamais eu la moindre idĂ©e dâaltĂ©rer ou de dĂ©figurer la vĂ©ritĂ©. Mes dĂ©tails fur lâĂ©tat prĂ©sent et paisĂ© du Bengale ontpeut-ĂȘtre besoin dâindulgence,parce que je nâai traversĂ© cette province quâen voyageant. Cependant quoique je ne pusse me procurer quâune connoiffance assez bornĂ©e du pays , le peu de sĂ©jour que jây ai fait mâa Ă©tĂ© utile. La lettre sur la mithologie des Indous, dont on a sait connoĂźtre'quelques extraits en i 7 S5 , a Ă©tĂ© revue et corrigĂ©e depuis mon retour aux Indes. Je crains pourtant quâĂ cause de lâĂ©tendue et de lâobscuritĂ© de lâobjet, il nây ait encore quelques erreurs ou des choses qui paroi fient contradictoires. Des dĂ©tails fur les usages et les dogmes des Indous, Ă©crits dans le Carnadc, dĂ©voient ĂȘtre diffĂ©rents de ceux que lâon Ă©crivoit dans le Pouniab. Cependant la religion des Indous a dans toutes les parties de lâIndostan les mĂȘmes principes ; et lâĂ©difice Ă©norme, bĂąti fur ces fondements, ne diffĂšre pas essen- dellement dans ses parties principales, lorsquâon lâobserve avec attention. Les diffĂ©rences visibles proviennent peut-ĂȘtre seulement des mĆurs diffĂ©rentes du mĂȘme peuple, dâaprĂšs son sĂ©jour dans le sud ou dans le nord. Les habitants du Carnadc infĂ©rieur font doux, tempĂ©rans et en gĂ©nĂ©ral timides. Ils remplissent les commandements de leur religion Avant-propos. xxij avec une exactitude scrupuleuse, et les Bramines de ces pays se bornent avec la plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© Ă la nouiriture vĂ©gĂ©tale. Il en est de mĂȘme de plusieurs autres sectes. C'est toute autre chose avec les habitants du Pouniab. Ils font courageux, entreprenants et souvent cruels. Ce caractĂšre est mĂȘme celui des classes qui ne font pas militaires. Les Bramines font ordinairement soldats dans ce pays. Plusieurs dâentre-eux mangent de la viande, et aucun ne quitte fa demeure, mĂȘme quand il ne marche pas contre lâennemi, sans prendre ses armes avec foi. Les marchands et les ouvriers font aussi tous armĂ©s ; lorsquâils veulent sâĂ©loigner seulement de quelques lieues de leur patrie , et dans les provinces du nord, fur-tout dans le Boundilcound, les paysans prennent toujours un Ă©pieu avec eux, quand ils vont labourer leurs champs. Cette diffĂ©rence de dispositions naturelles a occasionnĂ© une telle diffĂ©rence dâusages et de mĆurs, quâon pourroit croire dâabord, si on nây rĂ©flĂ©chissoit que superficiellement, que les habitants de lâInde mĂ©ridionale et septentrionale ne sont liĂ©s entre-eux par aucun lien national. Câest avec plaisir que je tĂ©moigne ici publiquement ma reconnoissancc des obligations que j'ai au Colonel Polier au service de la compagnie des Indes, pour les manuscrits prĂ©cieux quâil mâa communiquĂ©s iur les Sicques et la vie de Choujah-Oud-Dowlah. Toutes les fois que j'eus besoin de conseils ou Avant-propos. xxiij dâexplication sur d'autres points de lâhistoire Indienne, il fut toujours disposĂ© Ă me prĂȘter ses connoissances et ses papiers. Jâai lâobligation Ă M. Brislow, en Bengale, dâun ouvrage instructif fur Choujah-Oud-Doivlah, et dans lequel jâai trouvĂ© des dĂ©tails intĂ©ressants. La carte qui indique le chemin que jâai suivi, a Ă©tĂ© faite par Mr. Willford IngĂ©nieur en Bengale et homme de connoissances trĂšs-Ă©tenduts. Les sciences gagneront peu Ă cet ouvrage. La maniĂšre dontje voyageois rendent impossible lâusage des instruments avec lesquels on peut dĂ©terminas la distance des lieux et la direction du chemin. Jâcstimois lâune dâaprĂšs le cours du soleil , et lâautre dâaprĂšs ce que lâon me disoit dans chaque endroit. Souvent lâerreur est considĂ©rable. Mon peu de connoissances en botanique me mettent aussi hors dâĂ©tat de donner des descriptions exactes des arbres et des plantes que je trouvais en Cachemir et en Perse. Par bonheur les produits naturels de ces pays font ĂŒ bien dĂ©crits par Chardin, le Bruyn et Bernier, quâon ne remarquera pas mon ignorance Je fuis Ă prĂ©sent occupĂ© Ă mettre en ordre mon second volume, qui contiendra mon voyage de Cachemir en Angleterre, par PAfganistan , la Perse et la Ruffic. S U J E T. Le chemin de Calcutta Ă Cachcmir. Essais fur la religion des Indous. HiĂoire abrĂ©gĂ©e des Rohillas , de Choujah-otld- Dowlah et des Sicques. V O Y A G E D E FĂRSTER. PREMIERE LETTRE. BenarĂšs 3 i AoĂ»t 17S2. J mâĂ©tois proposĂ© , dam le cours de mon voyage , de passer par BenarĂšs et dây sĂ©journer quelque tems pour faire quelques recherches fur la religion des Indous ; je demandai donc et jâobtins la permission dâaller voir cette ville. Je me flatte que les observations que jâai faites, pendant ce voyage, vous feront quelque plaisir; et si vous trouvez quâĂ©tant Ă©tranger *] jâai pu souvent me .tromper dans mes remarques et dans les consĂ©quences que j'en ai tirĂ©es, au moins vous verrez bien-tĂŽt, qu'en aucun endroit je nâai Ă dessein dĂ©figurĂ© la vĂ©ritĂ©. Je quittai Calcutta le 23 Mai et jâarrivai le joursuivant Ă Soukzagour. Câest une plantation florissante qui appartient Ă Mrs. Kroft et Lennox. Ces Messieurs vien*- nent dâĂ©tablir une fabrique de mousseline blanche, dont la Compagnie Angloise achĂšte chaque annĂ©e pour deux lacks de roupies Ils y ont joint une frabique de foye Ă©crue , qui paroĂźt ĂȘtre en fort bon Ă©tat et recompenser les peines des Entrepreneurs. Câest aussi fur cette plantation que lâon prĂ©pare, en grands quantitĂ©, une boisson spiritueuse , qui sans ĂȘtre absolument la mĂȘme chose que le rum d'amĂ©rique, lui ressemble pourtant beaucoup, et qui depuis le commencement * LâAuteur avoit al or- un emploi civil Ă la PrĂ©sidence d Madrar» de la guerre dâhollande a un dĂ©bit considĂ©rable. Comme on peut faire de cette boisson tout ce que l'on fait de lâarrack de Batavia, le Bengale gagnera beaucoup si son rutn ou son arrak devient article d exportation. Si le Gouvernement veut encourager ceux qui enrichissent leur patrie, en Ă©tabbssant une fabrique nouvelle et utile, il doit leur accorder sa proteĂ©lion et avoir pour eux toute l'indulgento possible. C est Ă©galement le devoir de tout Observate ur attentif de faire con- noĂźtre le succĂšs de ces entreprises; par lĂ il enflamme lâĂ©mulation de ses concitoyens et fait payer aux bienfaiteurs de leur peuple le tribut dâĂ©loges et dâhonneurs dĂ» au gĂ©nie et Ă lâindustrie. Je dirai donc que ces fabriques ont attirĂ© fur elles lâattention particuliĂšre de lâAdministration du Bengale, et que cette mĂȘme Administration a montrĂ©, dans plusieurs occasions, un empresment digne dâĂ©loges Ă favoriser des entreprises d'une utilitĂ© gĂ©nĂ©rale. Les anglois ne devroient pas plus long-tems se considĂ©rer comme Ă©trangers dans un pays oĂč dans le fond ils font les maĂźtres. Ce nâest pas Ă faire une fortune considĂ©rable et rapide qu iis devroient donner leurs foins, lis devroient plutĂŽt tĂącher de faire et dâassurer le bonheur du pays en encourageant lâindustrie et en procurant aux sujets un bien-ĂȘtre fans lequel ce bonheur ne peut exister. Une conduite vraiment sage et prudente augmenteront Ă©galement la fĂ©licitĂ© publique et particuliĂšre. Elle serstit une sorte de rĂ©paration pour quelques actions qui ont. fait tott au caractĂšre national. Puisque jâen fuis fur cet aiticle, la naturelle des choses et des idĂ©es me conduit Ă quelques observations fur le commerce intĂ©rieur et extĂ©rieur du Bengale, ainsi que furie dĂ©faut de numĂ©raire , dĂ©faut sensible dans toute la province. 3 Avant que les anglois devinssent maĂźtres du Bengale, les diffĂ©rents peuples qui commerçoient avec ce pays Ă©taient forcĂ©s de payer argent comptant une grande partie des marchandises quâils achetoient, le nombre des articles que dans le Bengale on avait besoin dâacheter de lâĂ©tranger Ă©tant trop peu considĂ©rable. Ce commerce si avantageux , qui amassait tant dâor et dâargent dans 1Indostan et fur-tout dans le Bengale , dura un siĂšcle et demi. Mais quand la domination anglaise y fut fondĂ©e, ce commerce cessa; les revenus du pays servirent Ă payer les frais de lâadministration et les cargaisons des vaisseaux de retour de la Compagnie Anglaise. Ainsi, non-feulement cette premiĂšre source, dâoĂč coulait dans le pays lâor des Ă©trangers , fut tarie; mais de plus, les richesses que les EmployĂ©s de la Compagnie amassaient, diminuĂšrent encore beaucoup lâaffluence de lâargent que les autres nations commerçantes de lâeurope y avaient apportĂ©. Ces nations trouvaient non - seulement Ă dĂ©biter aisĂ©ment les marchandises quâelles offraient; mais elles recevaient mĂȘme des sommes dâargent considĂ©rables pour des lettres de change payables en europe. LâanĂ©antissement de la domination mahomĂ©tane, dans le Bengale , produisit au Ist un trĂšs-grand changement dans le commerce intĂ©rieur de cette province. Les Princes et les Chefs, nĂ©s dans le pays, entretenaient des cours et une fuite nombreuse. Ils faisaient vivre un grand nombre dâouvriers et dâartistes qui fournissaient Ă leurs maĂźtres des draps dâor et dâargent, des Ă©toffes de soĂże ou Ă sieurs, de fines mousselines et dâautres articles de luxe auxquels le pompe asiatique procuroit un dĂ©bit continuel et avantageux. Ces Princes , ces Chefs mahomĂ©tans ou indiens font Ă prĂ©sent 4 ou chassĂ©s ou au moins tombĂ©s dans la misĂšre et la pauvretĂ©. Ainsi les artistes et les ouvriers , qui auparavant Ă©toient noutris par leurs maĂźtres , n'ayant plus Ă prĂ©sent de quoi subsister, ont quittĂ© ou le pays ou leurs anciennes occupations. DĂšs ce moment plusieurs branches de manufactures prĂ©cieuses commencĂšrent Ă tomber visiblement, et quelques unes des plus rares furent tout Ă fait ruinĂ©es. L Ă©puisement de llndoflan et de la Perse, les troubles qui y regnoient, firent quâon rechercha beaucoup moins les production, du Bengale quâon ne le f'aisoit auparavant, lotsque Ispahan et Debil Ă©toient la rĂ©sidence des Souverains riches et puissants. La Cour du dans tout son Ă©clat, surpassoit, par sa pompe et sa dĂ©pense, Tes Cours des autres Royaumes, les nombreux Gouverneurs, dans les provinces, imitoient leurs maĂźtres, les marchandises les plus prĂ©cieuses, dont on se servoit Ă toutes ces Cours, Ă©toient faites dans le Bengale ; lâon doit donc nĂ©cessairement conclure que la cessation d'un tel commerce a dĂ» produire de grands effets. Tout en remarquant cependant un changement quâon ne peut nier dans le commerce de Bengale, des faits ou des preuves particuliĂšres ne peuvent pas mâautoriser Ă prononcer absolument que par lĂ le pays ait perdu en tout. Peut-ĂȘtre le nombre plus considĂ©rable de cargaisons, envoyĂ©es chaque annĂ©e en euiope, rĂ©pare-t-il la perte efluyĂ©e dâun autre cĂŽtĂ©. _* / s* Il est sur que le -Bengale a souffert beaucoup de lâaviditĂ© de» EmployĂ©s de la Compagnie Angloii'e depuis u76 5 ' jusqu'en 1^772 ; mais il est tout aussi sur, que ce pays , pendant du Gouverneur-GĂ©nĂ©ral Hastings , sâcsi relevĂ© et est parvenu Ă ^Ăźne aisance quâil n'avoit connue dans aucun tems. Voyez observations sur la fertilitĂ© ou la jlĂ©rilltc , sur l'etat pajji et prĂ©sent des frineipau* pays de VAĂ% 1er. vol. p. 336 et de fuite. Kote du Traducteur Allemand. \ 5 AprĂšs avoir parlĂ© Je lâor et Je lâargent qui affluoit dâEurope en Bengale . je veux ajouter encore quelque lĂ©gĂšres observations fur la diminution du numĂ©raire dont on sâest plaint ĂŒ long-tems. Sous la domination des mahomĂ©tans, les richessts des particuliers éßoient ordinairement remises en circulation dans les endroits oĂč elles avoient Ă©tĂ© acquises ; et quand mĂȘme on eĂ»t amassĂ© ces trĂ©sors par des extorsions , leur rapide circulation , par tous les canaux nĂ©cessaires aux besoins du luxe, amĂ©lĂźoroit et embelhssoit toujours, au total, le pays, fans quâon sâapperçût dâune diminution dans la masse de l'argent comptant. Peut ĂȘtre dira-t-orr que la dĂ©pense que les europĂ©ens font, en bĂątissant des Ă©difices , soit publics , soit particuliers , rĂ©pare parfaitement ce que lâartiste et lâouvrier a perdu dâuu autre cĂŽtĂ©. Mais je puis assurer que cette dĂ©pense , des europĂ©ens nâapproche pas, Ă beaucoup prĂ©s, de celle des mahomĂ©tans- Ils bĂątissoient des mosquĂ©es , des temples pour leurs idoles; ils pĂźantoient des jardins immenses ; ils construisoient des bains , de grands rĂ©servoirs et des maisons magnifiques de particuliers. Ces sortes de dĂ©penses ne font ni dans lâesprit ni dans le goĂ»t des europĂ©ens. Ils nâont aucune passion religieuse Ă contenter. Un zĂšle patriotique ne leur fait pas naĂźtre l'envie de consacrer Ă leur rĂ©putation, dans les Indes, des monuments dont lâutilitĂ© soit gĂ©nĂ©rale. Au contraire , sây trouvant Ă©trangers, ils se pressent de retourner dans leur patrie le plutĂŽt possible , pour y jouir des fruits de leurs travaux. Les anglois, dans le Bengale , nâont pas toujours occasion de faire passer en eutope , par des lettres de change, les biens quâils ont amassĂ©s. Ils font donc souvent obligĂ©s dâemporter lejr argent avec eux , c 6 > malgrĂ© la perte qui en peut rĂ©sulter , ou de mettre leurs biens dans les fonds Ă©trangers , ce qui enrichit les ennemis ou du moins les rivaux de leur nation, * comme on a senti vivement les effets dĂ©savantageux de la limitation quâon a mise aux lettres de change, et quâon les a reprĂ©sentĂ©s souvent aux Directeurs de la Compagnie des Indes en Angleterre ; on a lieu dâespĂ©rer,que les facilitĂ©s,pour pouvoir faire paffer de lâargent, des Indes en Angleterre, deviendront a ffez grandes , pour quâon nâait plus recours Ă un de ces moyens dĂ©sastrueux , ou dâexporter lâor et lâargent , ou de se servir des agents des autres nations. Si lâargent que des particuliers contient Ă la Compagnie des Indes, dans le Bengale , cil employĂ© en marchandises des Indes , et cela dans la vue de payer les lettres de change tirĂ©es en europe , il sâen fuit naturellement, quâexceptĂ© les cas imprĂ©vus, les ventes en Europe , doivent mettre la Compagnie en Ă©tat de payer les lettres de change tirĂ©es fur elle. Pour le persuader de la grandeur des ressources que possĂšde le Bengale , il luflit de penser que les millions, que cette province a fournis aux cĂŽtes de Coromandel et de Malabar, avec lesquels elle a soutenu ses guerres intestines et Ă©trangĂšres et pu continuer son commerce * Personne ne sâest plaint davantage de ce mal que HafUngs. Manoirs relating to the State of India. London. 1786. p. 146. Pt les priĂšiey u les avis de ce Gouverneur, bon patriote , ont Ă©tĂ© vraisemblablement une des principales causes qui ont fait cesser tout*Ă -fait, ou presque tout-Ă -fait , en Bengale, l'exportation de lâargent comptant, aini que les avances de sommes considĂ©rables que lâon faisoit Ă des Marchands ou Ă de» SociĂ©tĂ©s de Commerce Ă©trangĂšres. Voyez, Bruceâs HiĂorical View oj "Plans for the Government of Bnthh . Lond* 17 4 e . p. 578 et suiv, Note du Traducteur Allemand. 7 avec Bencool et la Chine , aveient Ă©tĂ© amassĂ©s dans lâespace dâenviron 6o ou 70 ans. * Depuis la mort dâAurengzeb ** jusquâĂ lâĂ©poque de notre domination dans les Indes , et dans ce temps lâempire du Grand Mogoi Ă©toit encore trĂšs-puissant, lâexcĂ©dent des revenus^du Bengale fut envoyĂ© exactement au trĂ©sor ImpĂ©rial, soit comptant, soit en lettres de change. {*** Cet envoi continuel dâargent produisit une telle raretĂ© de numĂ©raire que plusieurs Il mâest impossible de concevoir ce que Förster veut dire avec ces trĂ©sors amasses, dans le Bengale , dans les 70 derniĂšres annĂ©es. Jene vois pas davantage comment ces prĂ©tendus trĂ©sors sâarrangent avec le million de livres sterling envoyĂ© chaque annĂ©e Ă Dehli et la raretc du numĂ©raire qui provenoit de cet eiivoi. Le Bengale, depuis le commencement du treiiiĂšine siĂšcle , Ă lâexception de quelques petites parties , fut toujours une province des Souverains MahomĂ©tans de Dehli , Orme. Vol. n. sect, ire. p. 5 . 6. 7. Et la position et lu richesse du pays, ainsi que la lĂąchetĂ© et la l'oiblesse des Ăźiubitans, peuvent bien donner lieu de croire que le Beng de , dans les siĂšcles prĂ©cĂ©dents , a Ă©tĂ© soumis Ă©galement aux Princes les plus puissants de la parti* septentrionale ou mĂ©ridionale ds lâindostan. Tant que les Gouverneur* du Bengale surent nommĂ©s par des Monarques Ă©trangers , ce pars fut obligĂ© , non-feulement dâenvoyer un tribut annuel trĂšs-considĂ©rable et en argent au trĂ©sor de ion Souverain ; mais il lui sali oit aulH contenter lâaviditĂ© de ses Gouverneurs et des EmployĂ©s de ces Gouverneurs. On les changeoit trĂšs-frĂ©quemment , et Ă chaque changement de nouvelles demandes tout austĂź pressantes. Dans le Bengale, Ă prĂ©sent , le superflu des revenus publies est changĂ© tout entier en marchandises , et est envoyĂ© en cargaison sur les vaisseaux de retour. Auili est-il beaucoup plus heureux quâil ne iâĂ©toit auparavant , lorsque les Souverains Ă©trangers et les Gouverneurs tiroient chaque annĂ©e des millions du pays. Ce que Forstet disoit auparavant , que toutes les marchandises de luxe dont lâEmpereur , ses Gouverneurs et les Courtisans se servaient , Ă©taient fĂ»tes en Bengale , est trĂšs exagĂ©rĂ©. Note du Traducteur Allemand, f** Ce Prince mourut en 1707. une t cu j e ann Ă©e on envoya du Bengale Ă Dehli uns crr* de roupies ou un million d-s liv. sterling. I S persccres, fort Ă leur aise,a voient de lz peine Ă se procurer 1 argent nĂ©cessaire pour les dĂ©penses journaliĂšres de leur mĂ©nage. Quoi quâĂ prĂ©sent le commerce maritime du Bengale ne seit pas suffi Bctissant que dan» oĂš les EuropĂ©ens Ă©toient bernĂ©s su commerce des cĂŽtes tt nâĂ©teient que ces marchands , cependant il y a tcujouis un commerce allez vif Ă Calcutta. Celui' qui se saisoit auparavant avec tant d avantage entre le Bengale , PĂ©gu , Siam et les iilcs Malayes, est Ă prĂ©sent disparu en grande partie, * et sâil ne survient pas un changement favorable , il a 1 air de cesser bientĂŽt. Ces branches de commerce amenoient de lâargent, de lâor, des pierreries dans le Bengale , et on exportoit, en Ă©change, de la soye Ă©crue ou manufacturĂ©e, de grosses Ă©toffes de coton , de lâopium et du salpĂȘtre. On a objectĂ© que ^commerce maritime de Bengale a souffert v Le commerce du Bengale avec les Royaumes de lâInde et les isles Malayes nâĂ©toit pas Ă beaucoup prĂšs' autfĂź considĂ©rable avant U domination des anglois, et nâest pas tellement tombĂ© que Forsteric croit, La dĂ©cadence des Empires dePcguetde Siam , et des petit* Royaumes de lâiste Mallac La avoit dĂ©jĂ fait le meme effet fur le commerce , etlâavoit ruinĂ© fans quâon pot rien reprocher aux anglois. Depuis que leur puissance est affermie dans lâfndostan , et que le commerce danois a considĂ©rablement augmentĂ© , la Compagnie des Inde* choisit avec le plus grand foin , dans le rĂ©gu et les istes Malayes , toute» les marchandises qui peuvent ĂȘtre des objets de commerce avantageux pour la foire de Canton. La Compagnie dit Bruce L. C. F. Ăźi5 , a des Commis qui font accoutumĂ©s Ă de lâopium, de la poudre dâor , de; lâargent , de lâivobe , de lâĂ©tain et une quantitĂ© dâautres petites marchandises on les Ă©lĂšve pour cela. Ils savent parfaitement les langues des insulaires. Ils connoissent tous les dĂ©bouchĂ©s du commercĂ© , et ils ont une quantitĂ© de petits vaisseaux, fur lesquels Us portent les marchandises quâils ont achetĂ©es dans une. place de commerce quelconque oĂč les chinois viennent les chercher , quelques fois mĂȘme ils les portent droit Ă Canton , etc. Jamais mar- Ă»hand particulier ne pourroit rendre de pareils services Ă la Compagnie, Kote du Traducteur Allemand. par t s par la dĂ©fense de l'importation du sel Ă©tranger , ou ca qui est le mĂȘme , par un impĂŽt trĂšs-fort mis fur le sel par lĂ le nombre des vaisseaux, et lâexportation du bled et du riz , ont Ă©tĂ© considĂ©rablement diminuĂ©s. Mais quand mĂȘme ces mesures auroient fait souffrir le commerce Ă©tranger , cela a fait monter la recette du sel du Gange plus haut quâelle ne lâa jamais Ă©tĂ© dans les tems prĂ©cĂ©dents. Il est pĂ©nible et mĂȘme injuste de parler des malheurs 5'un pays fans proposer de moyens pour y remĂ©dier. Mais j'ai peu de connois- sances, et je puis feulement dire, que le bonheur de la domination anglaise dĂ©pend du bien-ĂȘtre du Bengale ; quâon ne doit trouver aucun travail trop dur, et quâon doit tenter tous les plans raisonnables pour pouvoir augmenter le commerce et les revenus de ce pays. Le 28 Mai jâarrivai Ă Berhampore , ville de garnison vaste et commode. Il y a un Bataillon dâeuropĂ©ens et 3ooo Cypayes. Le i5 juin je fis un dĂ©tour pour aller Ă Mooreshedabad et en parcourir les environs. Je voulois voir le théùtre de ces faits et de ces Ă©vĂ©nements importants qui, aprĂšs tant dâintrigues it de combats , ont enfin rendu les anglois maĂźtres dâun puissant Royaume. A un mille au-dessous de la ville, et fur le bord opposĂ© du fleuve, est le tombeau de Aly Verdy Kan , qui est connu dans les Indes fous le nom de Mahobout Joung. Bartes talents militaires et politiques , il sâĂ©leva jusquâĂ la dignitĂ© de Souba de Bengale. Il soutint pendant huit ans une guerre opiniĂątre avec les Marattes ; mais Ă la fin, malgrĂ© la rĂ©sistance la plus forte, il fut contraint de cĂ©der Ă ses ennemis le district de Coutlac. Tout prĂšs du tombeau de Mahobout est celui de son G. l 10 } y neveu Serajc-oud-Dowlah, connu dans lâhistoire angloise parla prise du fort William. Ce fut lui qui enferma la garnison, quâil y avait fait prisonniĂšre, dans une caverne Ă©troite oĂč la plupart de ces malheureux moururent. Le destin de ce jeune homme ressemble Ă celui de beaucoup dâautres princes orientaux, fur-tout de ceux qui tombent dans le malheur. Seraje-oud-Dowiah fut trahi parMeer Jastier Ă la bataille Ăże Plasse'y, et bientĂŽt aprĂšs tuĂ©par ordre de celui qui lâavoit trahi. Lâaction de Meer Jastier, dâaprĂšs lesloixdela parentĂ© et de lâhonneur, ne paroĂźtroit pas fous un jour favorable. Mahobout Joung avoir donnĂ© Ă Me er Jastier, dont il avoit voulu assurer la fidĂ©litĂ© Ă son successeur, la place la plus honorable de lâĂ©tat et fa sĆur en mariage. MĂȘme au lit de la mort, il recommanda encore le jeune Nabob, de la façon la plus touchante, Ă ses foins etĂ fa protection. Mahobout auroit dĂ» savoir, par sa propre expĂ©rience, quâil nây a pas de liens assez forts * pour enchaĂźner l'ambition, sur tout lorsquâelle naĂźt dans le cĆur dâun asiatique ; on fait quâalors elle surmonte tous les obstacles. Les Mollahs qui font lĂ pour prier pour les morts, racontent, que la veuve de Serajc- out-Doxolah vient fou- venta ce mausolĂ©e pour pleurer son malheureux Ă©poux. Mooreshedabad offre Ă prĂ©sent toutes les marques de la pauvretĂ© et de la dĂ©cadence. Câest la fuite du dĂ©placement de lâadministration. Elle nâĂ©toit pas depuis long- tems la rĂ©sidence des Soubas de Bengale, ils tenoient auparavant leur cour Ă Rajah-Mhal , qui est Ă cent milles au-delĂ en remontant le fleuve. Le Souba actuel, Mou- barick-oud-Dowlah , petit fils de Meer Jaffier et fils du Nabob Miroun , tuĂ©, dit-on, dâun coup de tonnerre, * Pendant qnâil augmentoit fan» celle son pouvoilil »voit seit servis heureusement Ă sei projets la ruse et la pcisidi. l - touche sur le trĂ©sor de ĂŻĂą Companie une pension annuelle de 16 lacks de roupies. Il est dâautant plus tranquille dans sa position prĂ©sente, quâil nâa jamais eu ni puissance ni ambition. Les anglois ontbeaucoup dâobligations Ă la famille de Moubarick pour la conquĂȘte du Bengale, et une Ă©conomie mal entendue ne devroit jamais leur faire violer les engagements quâils ont contractĂ©s avec lui. MalgrĂ©les attentions quâon parcĂźt avoir pour lui, il doit palier de tems-en-tems des moments biens durs, sâil fait penser et sentir. Il nây a pas Ă Mooreshedabad dâĂ©difices remarquables, exceptĂ© les monuments de Meer Justier, de fa. femme et du Nabob Mheroun, * Rien nâest fait pour rĂ©primer notre vanitĂ© comme de considĂ©rer attentivement le lieu oĂč reposent ceux qui pendant leur vie ont passĂ© pour de grands hommes. Ils sembloient nâĂštre animĂ©s que par lâorgueuil, lâavarice et lâambition. Ils croyoient que tout le royaume Ă©toit trop petitpour eux, et que le genre humain nâĂ©toit fait que pour servir dâinstrument Ă leurs passions insensĂ©es. A prĂ©sent ces hommes, qui vouloieut escalader le ciel, sont renfermĂ©s dans un espace Ă©troit et obscur. Leur ambition, autrefois si inquiĂšte, repose dans un profond sommeil, et leurs noms, bien souvent, sont ensevelis avec leurs cendres. Le Ăź 3 juin jâallai en bateau Ă Moorejhedabad et remontai le fleuve Ă voiles environ la longueur de 3o milles dâanglcterre , avec un vent dâEst allez frais. Les bateliers, fur-tout ceux de l'Indus; attachent le soir leurs bateaux au rivage, et descendent pour prendre quelque nourriture. Cette espĂšce de bateliers nâest pas dans lâusage de se prĂ©parera manger sur lâeau mĂȘme. 1*1 On mâa dit aussi , que Mheroun Ă©tait enterre Ă Rajemhal. Le» MahotnĂ©tani ne toat pat dan» l'usage dâĂ©lever dé» cĂ©notaphes. C s Ce Prince fit creuser un fossĂ© large et profond depui» le fleuve jusqu'Ă la colline ; on en voit encoreMes traces. Il le fitpour dĂ©fendre mieux Asongirrr conue lâarmĂ©e d'Aurengaeb qui l'avoir repoussĂ© jusque! lĂ . c 4 'S Bernier, Ăźe plus ingĂ©nfeux et le plus digne de soldes hiltoriens de lâIndostan. * ti AprĂšs la bataille d'Alhabad, oĂč le Sultan Choujah fut battu, ce Prince se relira dans lâintĂ©rieur du Bengale, pour opposer toutes ses forces aux armes dâAurengzeb. Bernierdit, >> il ne restait plus dâĂ©pine au pied dâAurengzeb que le Sultan Choujah, qui se soutenoit encore dans le Bengale ; Ă la fin il fallut bien quâil cĂ©dĂąt Ă la force et Ă la fortune de son frĂšre. " Emir Koumla ** avoit rassemblĂ© des troupes considĂ©rables; il Ă©tait en Ă©tat dâenfermer lâarmĂ©e du Sultan Choujah entre les deux cĂŽtĂ©s du gange ; ce Prince fut forcĂ© dp chercher un asile dans la ville de Dacca, Ă lâextrĂ©mitĂ© du Bengale prĂšs delĂ mer; ici finit la tragĂ©die. Le Sultan Choujah n'avoit pas de vaisseaux, et ne savoit roi .ment de Dacca il pourroit Ă©cliappt-r Ă la vengeance ta son Ăšre. Il envoya alors son fils aĂźnĂ© , le Sultan Banque, au roi de R can ou dâArracan, Prince idolĂątre, pour demander la permission de se rĂ©fugier, pendant quelque-tems, dans ses Ă©tats. Il devoir aussi demander, fi lorsque les moussons favorables commenceroient, il pourroit avoir un vaisseau qui le transportĂąt Ă la Mecque, dâoĂč il pensoit se rendre en Turquie ou en Perse. Le Sultan Banque revint Ă Dacca avec quelques vaisseaux dont l'Ă©quipage Ă©toit composĂ© de portugais fugitifs, qui sâĂ©toient mis au service du Roi dâArracan. llsnâĂ©toient employĂ©s que pour piller la partie infĂ©rieure du Bengale. Le jeune Prince apporta, Ă son pĂšre, la nouvelle * Berniev raconte lâhistoire du Sultan Choujah dan* le ierVolumt p. 148. On ne sait pas pourquoi trouva necessaire de copier un extrait fi confidĂšrable d'un Ă©crivain si connu. Il n'avoit fis 4 r y renvoyer. N. D. T. A. Chef de l'armĂ© contre le Sultau Choujah. -7 . quâil avoit Ă©tĂ© sort bien re\u, et quâon lui avoit promit toutes sortes de secours. Sur cela, le Sultan Choujah sâembarqua Ă Dacca avec toute fa famille; elle consilloit entrois fils, plusieurs biles et leur mĂšre. A leur arrivĂ©e Ă Arracan . ces illustres fugitifs f irent reçus avec beaucoup deco sidĂ©ration, et onleurdonua, au nom du Roi, tous les objets de premiĂšre nĂ©cessitĂ© que fourmflbit le pays Cependant la saison favorable arrivait, et lâon ne parloit pas du vaisseau qui devoir transporter le Sultan Ă la Mecque. Il l'avoit dĂ©jĂ plusieurs fois demandĂ©, en assurant quâil avoit assez dâargent pour en payer ou le louage ou le fret. Il nâen avoit que trop, et probablement ses trĂ©sors furent la cause de fa perte, ou dumoins ils y contribuĂšrent beaucoup. Le Prince cependant deman- doit fans cesse un vaisseau, tout Ă©tait inutile. Enfin le RoidâArracan devintbeaucoup plus froid, et fe plaignit de ce que le Sultan ne lui avoit pas fait de visite. Chou- jali regardait peut-ĂȘtre, comme indigne de lui, dâaller voir le Roi, je nâen sais rien; peut-ĂȘtre aussicraignoit-il, que sâil allait Ă la cour, on ne sâemparĂąt de fa personne pour fe rendre maĂźtre de ses trĂ©sors, et quâon ne le livrĂąt Ă lâEmir Roumla. Cet Emir, au nom dâAurengzeb, avoit offert au Roi dâArracan de* sommes dâargent considĂ©rable, lâil vouloir remettre entre ses mains toute la malheureuse famille du Sultan. Quelque fĂ»t son idĂ©e, il nâalla pas Ă la cour du Roi dâArracan, il y envoya son fils aĂźnĂ©. Celui-ci, en approchant du palais du Roi,jetta au peuple une quantitĂ© considĂ©rable de roupies dâor et dâargent; il offrit mĂȘme au Roi des Ă©toffes prĂ©cieuse* et diffĂ©rents ouvrages dâor et dâargent dâun travail admirable et garnis de pierres dâun grand prix. Il prĂ©senta le* excuses de son pĂšre, en prĂ©textant une Indisposition qui lâempĂȘchoit de sç rendre lui-mĂȘme auprĂšs -8 du-Roi, et il demanda, de la maniĂšre la plus pressante, de vouloir bien faire Ă©quiper le vaisseau quâon lui avoit promis. La visite et les prĂ©sents du Prince nâeurent pas lâeffet quâon avoit espĂ©rĂ©. Le Roi, au contraire, 5 ou 6 jours a suĂ©s, demanda la fille du Sultan en mariage. Choujah refusa absolument, et ce refus irrita extrĂȘmement le R,i d'Arracan. Cependant la saison Ă©toit passĂ©e , le Sultan voyant quâil nâobtenoit rien par la douceur , ne consulta plus que son dĂ©sespoir. Quoique le Roi dâArracan soit idolĂątre , il y a cependant , dans son pays, beaucoup de MahomĂ©tans qui sây font Ă©tablis volontairement, ou qui ont Ă©tĂ© faits prisonniers par ces pirates portugais dont jâai parlĂ© plus haut. Le Sultan gagna secrĂštement ces mahomĂ©tans. Avec leur secours et celui de deux ou trois cents fidĂšles serviteurs, qui lâavoient suivi , il voulut attaquer le palais du Roi, tuer toute la famille royale , et fe faire proclamer Roi d'Arracan. Cette entreprise paroit plutĂŽt lâaction dâun dĂ©sespĂ©rĂ©, que dâun Iiomme sage ; et cependant, jâai entendu dire Ă plusieurs mahomĂ©tans portugais et hollandois, qui Ă©toient fur les lieux , quâelle eĂ»t rĂ©ussi, si le complot nâeĂ»t pas Ă©tĂ© dĂ©couvert un jour avant son exĂ©cution. Cette dĂ©couverte perdit le Sultan et fa famille. Nâayant plus dâespĂ©rance de rĂ©tablir sa fortune en Arracan, il rĂ©solut de fuir dans le PĂ©gu. Cela dâabord Ă©toit impossible , Ă cause des bois et des montagnes effroyables qui sĂ©parent PĂ©gu et Arracan; il fut de plus poursuivi avec tant de vitesse, quâon le rejoignit le jour mĂȘme quâil Ă©toit parti. Le Sultan se dĂ©fendit avec le courage le plus opiniĂątre. On ne peut compter les barbares qui tombĂšrent fous ses coups. A la fin il fut forcĂ© , par le nombre, dâabandonner le champ de bataille. Banque, -9 qui nâĂ©toit pas encore si loin que son pĂšre , combattit comme un lion; mais enfin , blessĂ© dangereusement, tout Ă©tourdi par les pierres quâon lui jettoit de tous cĂŽtes; il tomba. On se saisit de lui et on lâemmena avec ses deux plus jeunes freres , fa sĆur et sa mĂšre. Quant au Sultan , accompagnĂ© dâune de ses femmes, dâun eunuque et de deux autres personnes, il gagna le haut dâune montagne. Un coup de pierre le jetta parterre; mais lâeunuque banda saplaye avec son turban et le remit sur pied le Sultan sâenfuit dans les bois. VoilĂ tout ce quâon a pu apprendre de son destin. Je lâai entendu raconter ainsi de plusieurs cĂŽtĂ©s, mĂȘme Ă des personnes qui avoient Ă©tĂ© tĂ©moins ooculaires. Ces rapports firent courir beaucoup de bruits fur le compte du Sultan, et inquiĂ©tĂšrent souvent la Cour de Dehli. Dernier, aprĂšs avoir citĂ© les diffĂ©rentes conjectures que lâon a faites et rĂ©pandues fur Choujaân, raconte , quâil a fait un voyage, de Bengale Ă Masulipatnam, avec un de ses eunuques. Cet eunuque Ă©toit anciennement chef de lâartillerie ; et il lui dit que le Sultan Ă©toit mort. Il n'en voulut pas dire davantage. Dernier croit quâil ne fut pas tuĂ© par les ennemis qui le pouisuivoient ; mais que bientĂŽt, ou il fut tuĂ© par les brigands , ou dĂ©vorĂ© par les bĂȘtes fĂ©roces dont les bois dâArracan et de PĂ©gu font remplis. On jetta ensuite dans des cachots ceux des membres de la famille du Sultan quâon avoit pris. On les traita fort mal. Vernier dit quâon-Ăźes traita plus humainement dans la fuite. Le mariage de la fille aĂźnĂ©e du Sultan avec le Roi en fut cause. Mais les serviteurs du Sultan Banque ayant voulu recommencer une nouvelle conjuration avec les mahoniĂ©tans qui demeuroient Ă / ĂŻo Arracan , le Roi fut tellement irritĂ©, quâil fit pĂ©rir toute la malheureuse famille, exceptĂ© la Princesse quâil avoir Ă©pousĂ©e. * CasToum Ali Kan se retira, lors des derniĂšres annĂ©es de son gouvernement, dans la forteresse de Monghecr. Les prĂ©tentions toujours croissantes des anglois dimi- nuoient son autoritĂ© et le commerce de les sujets. Dans un moment d humeur, il conçut le projet de secouer le joug de Ă©trangers et de faire cesser leur influence dans le Bengale-, outre les motifs quâilavoit pour son compte, il Ă©toit aigri sans cesse par scs Courtisans et ses Officiers, que la diminution de leurs revenus et de leur puissance devoit nĂ©cessairement rĂ©volter. Le plus emportĂ© parmi eux Ă©toit Kojah Gregore , ArmĂ©nien. Contre la coutume de son peuple, il avoit pris le parti des armes ; il sâĂ©toit mis au service de Cajsoum Ali. Parvenu Ă un grade important, il sâĂ©toit acquis beaucoup de considĂ©ration. Il paroĂźt que Soum- rou et lui ont eu la plus grande part Ă la guerre avec les anglois, guerre qui, comme l'on fait, perdit Caf- soum , et mit fin Ă la domination des MahomĂ©tans dans le Bengale. Gregore , fur le soupçon dâune conjuration tramĂ©e par lui Ă Calcutta avec ses compatriotes , fut condamnĂ© Ă mort, encore avant que son maĂźtre fĂ»t chassĂ©. Ce fut avec Cassum Ali ** que finit la puissance „ Jâai aime Ă raconter les malheurs du Sultan Choujah , parce que cela fait voir un morceau interessant de lâhistoire Indienne fous un tout autre jour quâun de nos Ă©crivains, le Colonel Dow, nous lâa prĂ©sentĂ©. Quoique Dow puisse passer pour un historien trĂšs-exact , cependant il ne pouvoit pas ĂȘtre aussi bien informe quâun Ă©crivain contemporain dont la fidĂ©litĂ© est connue. ** Fendant que Cassoum AH erroit dans les provinces supĂ©rieures de lâIndostan , pour susciter des ennemis aux anglois, il demanda aussi des secours Ă la Cour de Dchii. Il dans son intĂ©rieur t 21 des Soubas de Bengale. Meerjasser essaya de regagner la considĂ©ration de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Cette tentative malheureuse lui valut la mort, et fonda la domination complĂ©tas des anglois dans ce pays. Lâon auroit tout Ă me reprocher , si avant de quitter ce pays, je nejoignois mes Ă©loges Ă tous ceux que Mr., ClĂ©veland a mĂ©ritĂ©s et obtenus. Ce gĂ©nĂ©reux anglois , que je nâai jamais vu, mais dont la rĂ©putation est connue par ses ouvrages, augmenta considĂ©rablement la population , par une administration sage et juste , des districts de Rajahmhal et de Bauglepour. 11 facilita aussi la levĂ©e des impĂŽts, quoiquâils augmentassent fans cesse. Lâaugmentation de population est frappante dans les environs de Mongheer , et fur-tout on le remarque aux foires considĂ©rables de cette ville. Des marchands de toute forte sây rassemblent. Ce mĂȘme homme se donna toute la peine possible pour tirer les habitans des montagnes voisines de leurs retraites inaccessibles , et les faire descendre dans la plaine. Ses peines ont etc recompensĂ©es. Douze cents de ces montagnards ont pris service chez nous, et forment un corps duquel on peut attendre , avec raison, des services importans. Ils font traitĂ©s fort doucement; ils jouistent dâavantages considĂ©rables. Cela doit ĂȘtre un attrait puissant, pour engager leurs frĂšres Ă suivre un exemple si avantageux. Les brigandages des montagnards rendoient anciennement les chemins si peu surs, quâĂ une certaine distance , il le caractĂšre intriguant et sanguinaire quâil porta dans fa vie publique. Il chercha Ă corrompre les Ministres de Deiili par des prĂ©sente considĂ©rables, et on prĂ©tend quâil fit pĂ©rir, en diffĂ©rents temps, toutes les femmes quâil avoit amenĂ©es de Bengale. A fa mort, qui le surprit en 1777 dans le village de Kouhvall , la Cour sâempara de fa succession, qui montoit Ă 100000 liv. steil, soibie reste de ce qu'il avoir volĂ© dans le Lehar t le Bengale, s* falloit mettre des postes pour protĂ©ger les voyageurs. Souvent mĂȘme on Ă©toit obligĂ© dâenvoyer deux ou trois Bataillons pour tenir en bride les habitans des montagnes de B angle pour ; et ces habitans, Ă prĂ©lent, dĂ©fendent ces pays quâils ravageaient auparavant. Enfin, Mr. ClĂ©veland fit construire, dans les deux districts quâil administroit, Ă la plupart des places oĂč les caravannes et les voyageurs seuls ont coutume de se reposer, de petits bĂątiments dans lesquels on trouve au moins un abri contre la rigueur du temps. Les naturels du pays paroissent mĂȘme sâĂȘtre formĂ©s fur lâexemple de leur chef. Ils tĂ©moignent aux Ă©trangers les attentions les plus obligeantes. Tels furent les avantages que le Gouvernement et un grand nombre de sujets dut Ă la bienveillance et au patriotisme dâun seul homme. Aussi sa recompense fut-elle Ă©gale Ă son mĂ©rite. 11 jouit de lâhonneur dâavoir relevĂ© , dans un pays Ă©loignĂ© , le caractĂšre de fa nation ; et il a dĂ» connaĂźtre des plaisirs que la plus grande fortune nâest pas en Ă©tat de donner. Le 3 Juillet je quittai Mongheer , et le 5 j'arrivai Ă Patna\ furie gange. Cette ville est grande et peuplĂ©e, quoiquâelle ait bien perdu depuis quâelle nâest plus la rĂ©sidence du Nabob de Behar. On cultive, dans le voisinage de Patna, une grande quantitĂ© de pavots dont on fait un opium excellent. Les SalpĂȘtriĂšres font considĂ©rables ; aussi la ville est-elle fort riche. Elle est devenue le centre dâun commerce Ă©tendu. Les diffĂ©rentes fabriques dâouvrage , en argent, en fer et en bois, font Ă©tonnantes, surtout quand on considĂšre les mauvais outils avec lesquels ils font travaillĂ©s, et les mĂ©thodes impies dâaprĂšs lesquelles on les fait. On trouve Ă Patna et dans ses environs des ruines 23 considĂ©rables dâcdisices publics et particuliers, qui montrent un luxe et une grandeur que lâon ne retrouve plus Ă prĂ©sent. Un ancien nom de cette ville , dont quelques habitans plus instruits se souviennent encore, et qui a quelque ressemblance avec la prĂ©tendue capitale des Indes dont parlent Strabon et Pline, aâfait croire que Patna Ă©toit bĂątie Ă la place du fameux Palibothra , dontle MajorRennell a parlĂ© dâune maniĂšre si dĂ©taillĂ©e dans ses ouvrages gĂ©ographiques. La curiositĂ© et le besoin momentanĂ© de mâabandonner Ă des rĂ©flexion* tristes, me conduisirent Ă la place oĂč les anglais ont Ă©tĂ© tuĂ©s par ordre de Caflbum Ali. Les maisons qui y Ă©taient auparavant font abattues , et Ă la place on a Ă©levĂ© un monument dĂ©cent ; mais fans inscription Ă lâhonneur de ces malheureux. Peut-ĂȘtre eĂ»t-il mieux valu ne pas lâĂ©lever ; mais si lâon voulait conserver le. souvenir dâun forfait, on aurait dĂ», ce me semble, parler aussi de ce qui lâa occasionnĂ©. Le i 3 Juillet je quittai Patna , et jâarrivai le mĂȘme jour Ă Momoufferpour. Câest lĂ que demeure le Receveur du district de Tirhut. Ce district est situĂ© au nord de Patna, Ă la distance de 40 milles, et rapporte environ six lacks et demi de roupies. En 1760, dans le voisinage de Momoufferpour , il y eut une bataille entre Mherin , fils aĂźnĂ© de Meer Jaffier, qui avait avec lui des troupes anglaises , et Kadim Houffein Kan, Chef de Pournea. Ce dernier fut battu. Quelques jours aprĂšs Mherin mourut. On prĂ©tendit que c'Ă©tait dâun coup de tonnĂšre. Meer Jaffier crut que son fils avait Ă©tĂ© asfalsinĂ© , et il accusa publiquement Cajoum Ali de ce meurtre, La mort de ce jeune homme favorisait les desseins ambitieux de Caflbum Ali. Plusieurs circonstances suspectes se rĂ©uni- 24 rent contre lui , ainsi on peut pardonner Ă un pĂšre, dâavoir pu croire que son siLs avoir Ă©tĂ© astassinĂ© par un rival dĂ©clarĂ© , qui, dans la fuite, fut irrĂ©conciliable, et montra un caractĂšre cruel et sanguinaire. Le 3 o Juillet j'allai par terre Ă Choprah. Câest une longue ville dont les maisons font dispersĂ©es ça et lĂ , et qui, est environ Ă vingt mille au-dessus de statua, au nord du gange. Choprah est le st jour du Receveur des districts de Saroun et de Champoran , qui rapportent 14 iacks et demi de roupies. Le» et les hollandois * ont eu lĂ de* comptoirs, fur-tout pour la prĂ©paration du salpĂȘtre, que cette contrĂ©e fournit en abondance. On remarque , et cela en vaut la peine, que les hollandois achĂštent aux anglois la plu* grande partie du salpĂȘtre brut , et que cependant ils sont en Ă©tat, lorsquâil est raftnĂ© , de le donner d'une meilleure qualitĂ© et Ă meilleur marchĂ© que la Compagnie anglaise. Peut-ĂȘtre les hollandois doivent-il* cet avantage Ă l'Ă©conomie sĂ©vĂšre qu'ils observent dan» leurs entreprises de commerce ; peut-ĂȘtre la cause en est-elle l'application soutenue quâils donnent Ă tout es quâils font, et qui paroĂźt innĂ© chez eux. Le ie AoĂ»t je quittai Chbprah . et le 14 jâarrivai Ă Bouxar. Ce fut dans le voisinage de cette ville, que Casoum Ali , dont les forces croient rĂ©unies Ă toutes celles de Choujnh-oud-Dowlah , derniĂšre tentative contre lĂšs anglois. Leur nombre considĂ©rable, qui eou- vroit les plaines de Bouxar . ne leur servit de rien contre la troupe petite , il est vrai , mais rĂ©solue et disciplinĂ©e des anglois. AprĂšs un combat assez vif de quelques heures , les anglois enfoncĂšrent les troupes p Celte lettre fut Ă©crite pendant la guerre avec la sranee et It hollande , et le» anglois avoVent pji» les comptons de ces deux nations combinĂ©es *5 } combinĂ©es et prirent toute leur artillerie. Je nâai parlĂ© des exploits de cette journĂ©e , dĂ©crits allez amplement par d'autres, que pour vous rappeliez les services im- portans des troupes angloises. Leur patrie leur doit, fans doute , la reconnoissance la plus marquĂ©e. Câeft Ă eux quâelle eft redevable de la gloire de son nom et des grands avantages quâelle a acquis. La citadelle de Bouxar eil petite , mais elle est assez forte pour rĂ©sister aux attaques ordinaires des Iudous. Lise est situĂ©e Ă lâextrĂ©mitĂ© de la province de Behar. Le Commandant actuel a encore augmentĂ© les fortifications. Pour plus grande furetĂ© , il a revĂȘtu la ville dâun rempart et l'a entourĂ©e de fossĂ©s. Il y a peu de choses remarquables Ă Bouxar. Il en est une seulement que les Indous respectent, comme les habitans de Naples honorent le sang de St. Janvier, et les catholiques Notre Dame de Lorettc. Le monument dont je parle est lur une petite hauteur Ă l'ouest de la citadelle ; il est consacrĂ© au Dieu Harn. C est celui qui commande Ă la guerre et Ă la victoire ; on peut le regarder comme le mars des Indous. Kam, pendant fa jeunesse, se tint sept jours fur la colline, pour apprendre dâun maĂźtre fameux Ă tirer de lâarc. Dans la lune cette arme lui servit Ă faire des choses si merveilleuses , que lâon ne croit pas le louer beaucoup en disant quâil a tendu un arc trĂšs-pesant et lancĂ© des traits qui atteignent de loin. A deux milles de Bouxar , vers l'ouest, le ruisseau T»rin Noullah , qui se jette dans le gange , sĂ©pare la province de Bahar de celle de Bengale. Cependant on regarde ordinairement le fleuve Caramnnjfa , dont le cours est parallĂšle Ă celui du ruisseau, comme la ligne de sĂ©paration des deux provinces; lorsque le» D 'S } Officier» Angloi», en activitĂ© , sont obligé», pour leur service , de passer ce fleuve , il» ont double paye la dĂ©pense est plu» considĂ©rable ; ils font trĂšs-Ă©loigné» des cĂŽtes de la mer, et les marchandises europĂ©enne» y font Ă un prix excessif. De Bousar la vue sur la province de BenarĂšs fait un plaisir inexprimable. Câest une plaine Ă©tendue , bordĂ©e dâun fleuve fort large, qui serpente et fait mille dĂ©tours. Elle est couverte de vastes champs de bled; des villages, des bois, des arbres font semĂ©s çà et lĂ ; câest un mĂ©lange dâobjets agrĂ©ables qui font naĂźtre le» sensations les plus douces. Je quittai Bouxar le *3, et jâarrivai le *6 Ă BenarĂšs. De Mongheer Ă BenarĂšs , par eau , on compte environ s8o milles. Vous dĂ©couvrirez, fans doute, quelque» lĂ©gĂšre» erreurs dan» ce que je vous ai racontĂ© jusqu'Ă prĂ©sent de mes voyage* par eau dans les diffĂ©rente» province*. Vous remarquerez auffi vraisemblablement, que jâai dĂ©peint avec trop de sĂ©cheresse un pays dont la fertilitĂ© donne l'idĂ©e de lâadondance , et dont la vue offre une fuite de paysages les plus varié» et les plu» beaux. Jâai lâhonneur d ĂȘtre , etc. SECONDE LETTRE. Btaaris 3» Septembre ij8». Je vous ai communiquĂ© jusquâĂ prĂ©sent le journal de mon voyage de Calcutta Ă BenarĂšs , et le» remarques que jâai faites pendant la route ; je vais vous soumettre maintenant le rĂ©sultat de mes observations dans cette ville. Peut-ĂȘtre me tromperai-je dans mes recherches *7 \ far un sujet assez obscur, fort compliquĂ© et quâon nâa traitĂ© jusquâĂ prĂ©sent que superficiellement; mais je compte fur votre indulgence. BenarĂšs, par ses richesses, fer Ă©difices magnifique* et le nombre de ses habitants, peut ĂȘtre comptĂ©e parmi les premiĂšres villes que possĂšdent encore les Indous. Le nombre de leurs divinitĂ©s Ă©tant trĂšs-considĂ©rable , il faudrait plus de connoissances de la religion mistĂ©- rieuse des Indous que je nâen ai rĂ©ellement, pour pouvoir dĂ©crire les temples , qui leur font ^consacrĂ©s dans cette ville, pour raconter lâhistoire de leur fondation, et pourquoi ils font dĂ©corĂ©s de telle ou telle maniĂšre. Cette religion est enveloppĂ©e jusquâĂ prĂ©sent dans une obscuritĂ© profonde , et les Poundits les plus savants, ceux qui font le plus versĂ©s dans la langue Sanscrit, * ne peuvent lâexpliquer au peuple, ni en dĂ©velopper les mistĂšres dâune maniĂšre un peu supportable. Cependant quelques dĂ©tails, mĂȘme incomplets, fur une ville connue dans lâindostan comme le centre de la religion et des sciences des Indous , joints Ă une courte recherche fur la religion de Brama, peuvent nâĂȘtre pas dĂ©sagrĂ©ables. Je tĂącherai de les donner avec le foin que mĂ©ritent ces objets et dâaprĂšs les observations les plus vraies et les plus exactes. En approchant, parle gange, de la ville de BenarĂšs, lâoeil, Ă la distance de huit milles, est attirĂ© par deux Minarets Ă©levĂ©s, que lâempereur Aurengzeb a fait construire fur les fondements dâun temple dĂ©diĂ© Ă Mhah Deve. En faisant Ă©lever ces tours assez hautes, qui semblent regarder avec mĂ©pris cette ville que lâIndou rĂ©vĂšre, ce prince intolĂ©rant avoit fans doute lâidĂ©e dâinsulter Ă la * Ăâeft dani cette U* s a- aac fnt Ă©crits le» livres saints des Iidons. V âeau, ajoutoicnt-Ăźls, encore mĂȘlĂ©es ensemble apres la sĂ©paration de lâair, formĂšrent une boule. Cette boule, par un choc que le feu lui donne, ayant tourne autour de son axe, opĂ©ra par ce moyen, la sĂ©paration de lâeau et de la terre. Cependant les rayons du soleil avoient occasionne une nouvelle fermentation sur! » surface de la terre encore molle et hutnide. Ces fermentations avoient produit toutes fortes dâexcroissances, et ces excroissances, enfin nourries et fortifiĂ©es par les vapeurs grossiĂšres de la nuit, lâinfluence de la lune et la chaleur du jour , avoient pris la forme de toutes fortes dâanimaux. Ceux dans lesquels le feu dominoit, sâĂ©levĂšrent et devinrent oiseaux. Ceux qui avoient eu plus de terre dan* leur formation, comme les hommes, les quadrupĂšdes ek les vers, reliĂšrent fur la surface , tandis que les bĂȘtes aquatiques sâenfonçoient dan* la mer et dans les fleuves. Il faudroit nous dire pourquoi la nature en est restĂ©e lĂ aprĂšs ses premiers effets , et pourquoi elle nâa plus produit de crĂ©atures vivantes, puisque leur crĂ©ation avoit Ă©tĂ© fi simple et fi facile. Les systĂšmes philosophiques, meme quand ils nâont pas le sen* commun, savent trouver le moyen dâexpliquer tout. Les philosophe* dâĂgypte, pour prĂ©venir tout reproche, dirent que la nature avoit donnĂ© L toutes les espĂšces de bĂȘtes l'instinct de la propagation, pareequâelle avoit pn vu, que lorsque le soleil et les vents auroieut seche la terre, ils ne seroient plus en Ă©tat de produire des animaux. Vo\ez l'histoire de* anciens peuples, de Labathier, traduite par Stockdale. * Les Ă©crivains Indous, qui ont parlĂ© de la religion de la rni- thoĂźogk* le ces peuples, ont dĂ©crit dâune maniĂšre trĂšs-dĂ© taillĂ©e lâorigine du monde , de lâhomme et des bĂȘtes; mais iis les ont mĂȘlĂ©es dans un tas de fables dĂ©goĂ»tantes et absurdes, qui ne valent pas la peine dâĂȘtre ĂŻĂŒpporiĂ©es. , 33 Indiennes, font divisĂ©s en quatre grandes castes, celle des Bramines, des Chitteris, des B'nyses et des Souders. * Chacune de ces castes est subdivisĂ©e en plusieurs autres infĂ©rieures, qui veillent avec foin fur I observation de leurs usages et le respect dĂ» Ă leurs droits. Il y a beaucoup dâindous qui font de lu mĂȘme caste principale, et qui cependant ne mangent pas ensemble et ne sa marient pas entre-eux. La caste des Chitteris a lâair dâĂȘtre Ă©teinte , et sa place paroĂźt avo'r Ă©tĂ© prisa par une race dâhommes illĂ©gitime ou mĂ©langĂ©e. Tou* les Indous qui appartiennent aux castes dont jâai parlĂ©, peuvent se diviser encore en deux grandes castes, dont lâune s'appela Vichenou Boukht et lâautre Chevah Boukht. Les adorateurs de la premiĂšre divinitĂ© font reconnoiflabĂźes Ă un trait perpendiculaire quâils portent fur le front, les autres, au contraire, en ont un marquĂ© par une ligne horizontale. On adore Vichenou fous la forme dâun homme avec un cercle de tĂȘtes et quatre mains ; câest lâemblĂšme de fa sagesse et de sa toute puissance. Ordinairement on met vis - a - vil lâimage de ce Dieu la figure dâun oiseau imaginaire ou fabuleux , et câest cet oiseau que ce Dieu, dâaprĂšs les saintes Ă©critures, doit monter. Chevah ou Eishever, ou comme les Indous l'appelent, MhahDheve, est reprĂ©sentĂ© ordinairement sous la figure des organes de la gĂ©nĂ©ration des deux sexes. Cette image est le symbole de la fertilitĂ© et de la vertu generative, que l lndou regarde comme la plus grande saveur du ciel, * Il y a en Indostan une race dâhabitants, originaires du pays, qui ne font dâaucune caste et qu'on employĂ© aux plus viis travaux. Ce* malheureux ne doivent entrer dans aucun temple, et nâobservent aucune des rĂšgles prescrites au reste des Indous dans certaines contrĂ©e*, A la cĂŽte de Coromandel, ou les nomme dâHeretanĂč i .rialii, et dan*, le Bengale , Harces ou HariĂ©i» tandis que le manque ou la privation de cette vertu, est pour lui le plus grand malheur et lâaffront le plu» sensible. On voit trĂšs-souvent, vis-a-vis de la figure dç Mhah Dheve, la statue dâune vache ou d un taureau dans une posture de suppliant. Ces bĂȘtes doivent leur saintetĂ© au choix que Mhah Dheve en a fait comme des meilleurs moyens pour communiquer ses dons. Mais les Poundits, plus instruits, prĂ©tendent quâon y & regardĂ© cette bĂȘte comme sacrĂ©e Ă cause de sa grande UtilitĂ©. C'est lâanimal le plus nĂ©cessaire dans les travaux de la campagne et celui qui fournit aux Indous leur» premiers besoins. *j Sans doute il est fort sage dâavoir fait regarder ces animaux comme devant ĂȘtre sacré». En Indostan les chevaux font fort rares et y manquent souvent. Si l'on y mangeoit les bĆufs comme par-tout ailleurs, plusieurs branches dâagriculture en souffri- roient beaucoup. Chevah est encore reprĂ©sentĂ© dâune autre maniĂšre il a quatre mains qui tiennent les diffĂ©rents symboles de fa puissance et cinq tĂȘtes. Quatre de ces tĂȘtes font tournĂ©es vers chacune de quatre parties du monde , et la cinquiĂšme a la visage tournĂ© vers le Ciel. Il semble quâil regarde la divinitĂ©. Ce Dieu, quâon reprĂ©sente sous diffĂ©rentes formes, lâest ausii avec trois yeux dont lâun est au milieu du front. On devroit croire que la reconnoiffance du peuple dĂ» sâexprimer par son culte et a rĂ©pondu aux actions que Brimha a faites fur terre. Mais les Indous nâont pas un x seul temple qui lui soit consacrĂ©, et ils nâont pas fondĂ© une feule fĂȘte en son honneur. 11 ne se roi t pas trĂšs- amusant de rapporter toutes les raisons quâon trouve * Le lait et le beurre soit one grande partit de la nourriture de» Indou», 35 N. kIwJ Me h llA ba >n cde 2I!I ĂŻoit ĂCI ton Ăftre de Bill ible me ont di ut un tdĂ© ii- dans les livres et les lĂ©gendes des Indous pour excuser cette nĂ©gligence. Ce sont des contes inventĂ©s pour amuser la crĂ©dulitĂ© des profanes, et souvent pour faire avoir un bon diner Ă un prĂȘtre impudent. Cette nĂ©gligence, pour Brimha, est peut-ĂȘtre fondĂ©e sur VidĂ©e quâils ont, que les forces productrices Ă©tant mises en mouvement par des loix nĂ©cessaires, ces forces se montrent suffisamment dans leurs effets, fans quâon ait besoin dâun culte extĂ©rieur pour ramener lâidĂ©e du peuple Ă la cause premiĂšre, ou pour solliciter dâelle ses effets bienfaisants. Les Indous croyent aveuglĂ©ment Ă une prĂ©destina- tion nĂ©cessaire de toutes choses et Ă la mĂ©tempsycose, La premiĂšre de ces opinions peut mettre des entraves au gĂ©nie et empĂȘcher ses progrĂšs; mais elle fait auffi souffrir, avec tranquilitĂ©, tous les malheurs et mĂȘme la privation du nĂ©cessaire. Les Indous disent tout est dans la main de Dieu qui dirige les actions de ses CrĂ©atures. Le dogme de la mĂ©tempsycose les dĂ©tourne de toute nourriture animale * qui nâest pas nĂ©cessaire, et est souvent dangereuse dans les climats chauds. Cette observance leur a peut-ĂȘtre auffi inspirĂ© de lâhorreur pour le sang, et a fait naĂźtre en eux des sentiments dâhumanitĂ© et de philantropie. Les Indous calculent la marche du temps d'aprĂšs des Ă©poques quâils appellent Jogues. Ils ont quatre de ces Jogues qui rĂ©pondent aux quatre Ăąges d'or, dâargent, dâairain et de fer des grecs et des romains. Le temps prĂ©sent, disent-ils, est le Koullce ou la quatriĂšme {* Ce Dogme nâest pas observĂ© sĂ©vĂšrement. Leslndrfusde la seconde et de la quatriĂšme 4afte mangent de la viande; et les Bramines, en Bengale, tous fans exception mangent du poison. 36 Jogue *âą A la fin de chacun de ces Ăąges, la divinitĂ© a dĂ©truit le monde. Une fuite non interrompue deJogues ira ainsi dans toute Ă©ternitĂ©. La tradition de ces peuples est tellement remplie de fables, et ces fables renferment tant dâexploits incroyables de leurs demi-dieux, qui ressemblent du reste au ThĂ©sĂ©e, Ă lâHercule et au Bacchus des grecs, quâon nâen peut tirer aucune conjecture raisonnable pour rĂ©former leurs calculs. Un Poundit parle , dans fa lĂ©gende, de cent mille annĂ©es avec autant de confiance et peut-ĂȘtre mĂȘme avec une persuasion aussi intime , quâun commentateur de nos histoires sacrĂ©es parle d'un demi-siĂšcle. On prĂ©tend que les principaux Dogmes de la religion des indous ont Ă©tĂ© recueuiliis par Brimha dans les quatre livres Bairds ou Vaids. Ce mot, dans la langue Sanscrit, veut dire mistĂ©re. Dans la partie de la prefquâiste de lâInde, qui touche Ă la cĂŽte de Coromandel, on appelle ces livres sacrĂ©s le Vedam ou Vaidum. Les Talinghas et les Malabares font peu de diffĂ©rence entre les lettres B. et V. et finissent tous les mots du Sanscrit par un M. Le Chafter est un commentaire Ă©tendu sur les Bairds. Il » Ă©tĂ© Ă©crit par plusieurs Poundits, pour expliquer la religion Indienne. Câest dans le Chaster que se trouvent toutes ces cĂ©rĂ©monies si incommodes de la religion Indienne , qui tendent toutes Ă affervirlâame du peuple et Ă lui inspirer un respect profond pour les Bramines. Le privilĂšge de lire et dâexpliquer les Bairds, est rĂ©servĂ© aux Bramines seuls. Il est dĂ©fendu , fous une peine fort sĂ©vĂšre , Ă toute autre caste. Ce privilĂšge donne aux prĂȘtres la libertĂ© dâinterprĂȘter les dogmes principaux de la religion, comme l'intĂ©rĂȘt de leur caste lâexige. * L'annĂ©e de l'erc chrĂ©tienne »787 , rĂ©pond Ă la 4S88 annĂ©e de U Jogue KouilĂ©e. 3 7 Câest dans les passages des Ăąmes , dans les corps des diffĂ©rents animaux, que coniistent les diffĂ©rents degrĂ©s de peines et de rĂ©compenses que la religion des Indous annonce. Les Ăąmes, dâaprĂšs leurs sentiments et leurs actions, passent dans des corps d'hommes ou de bĂȘtes, suivantleurs fautes ou leurs vertus. Les Indous rejettent des peines Ă©ternelles, et tremblent Ă la feule pensĂ©e dâune punition qui renverse toutes les idĂ©es quâiis se sont faites de 1 Etre SuprĂȘme. On punĂźt les vices, disent ils, en enfermant les Ăąmes dans les corps des animaux qui ressemblent le plus aux coupables, et elles y restent jusquâĂ ce que ces vices soient dĂ©racinĂ©s ou au moins tellement affoiblis,quâelles mĂ©ritent une demeure plus commode. Quant Ă la rĂ©compense des vertus, le LĂ©gislateur annonce , que les Ăąmes font envoyĂ©es dans les corps des hommes qui jouissent de la fĂ©licitĂ© la plus parfaite dont la nature humaine soit susceptible. Elles animent, par exemple, ces magistrats heureux parla conscience dâavoir rempli leurs devoirs, ou bien ces amis des hommes qui trouvent leur bonheur Ă faire celui des autres, ou Ă soulager les infortunĂ©s. Lorsque les Ăąmes des bons et des justes font purifiĂ©es de toutes les taches du pĂ©chĂ© par une fuite de mĂ©tamorphoses, alors les Indous croyent quâelles font admises Ă partager la gloire infinie et la fĂ©licitĂ© de lâEtre SuprĂȘme *. Les Indous comparent cette disparition, pour ainsi dire, dans la divinitĂ© ; cette admission Ă sa gloire, Ă un rayon de lumiĂšre attirĂ© avec une vitesse incroyable, par la force du soleil, et qui se perd tout-Ă -coup dans sa flamme dĂ©vorante. * La rĂ©union de l'Ăąme humaine, avec la substance Ă©thĂ©iĂ©e de 1 divinitĂ©, est lâancien Dogme de Pithagore et de Platon; mais il parcĂźt exclure la durĂ©e de la conscience de soi-mĂȘme , ou dâune in,marial!-C Vyea tiĂtirt it'GiĂŻhn , i».,. 2 ĂŒ. A,,-e. 38 . DâaprĂšs la religion des Indous, Joum Dourm Rajah a le mĂȘme emploi que Minos avoit dans les enfers dans la mythologie grecque. Toutes les Ăąmes qui ont quittĂ© leurs corps paroissent devant le tribunal de Joum Dourm. LĂ leurs actions font proclamĂ©es, exactement pesĂ©es et jugĂ©es fur le champ. Quand un homme a Ă©tĂ© si corrompu et si vicieux , que son ame ne mĂ©rite pat mĂȘme dâĂȘtre envoyĂ©e dans le corps de lâanimal le plus mĂ©prisable, alors on lui inflige une punition conforme Ă ses crimes, et ensuite l ame , corrigĂ©e par la peine, obtient fur la terre une place qui rĂ©pond Ă ses qualitĂ©s. La tradition deslndbus dit, que Joum Dourm Rajah a pris neuf fois autant de formes diffĂ©rentes, * soit pour dĂ©truire un grand mal, soit pour punir les pĂ©chĂ©s des hommes. Les Indous honorent une forte de divinitĂ©s subalternes, quâils multiplient jusquâau nombre de 33 crores ou millions. Leurs emplois doivent reprĂ©senter ceux de la divinitĂ© suprĂȘme. La quantitĂ© dâimages que les Indous ont suspendues dans leurs Temples, les afaitflĂ©trir du nom dâidolĂątres. Mais en considĂ©rant cette forte de culte fans prĂ©jugĂ© , on voit bientĂŽt que lâidĂ©e de perfonnisier les diffĂ©rents attributs de la divinitĂ©, est assez conforme Ă l'intelligence du grand nombre. Ceux qui ne font pas en Ă©tat de comprendre la grandeur de la divinitĂ©, et câest la classe la plusnombreufe, peuveut aisĂ©ment sâen faire une idĂ©e, en voyant une sigure Ă plusieurs tĂȘtes et Ă plusieurs mains, ornĂ©e de toutes les marques du pouvoir suprĂȘme, et considĂ©rĂ©e par tout le monde avec un respect religieux. Lâorigine des images allĂ©goriques prĂ©cĂ©da de long-tems la dĂ©couverte de lâĂ©criture. Les historiens Espagnols disent, quâon annonça , Ă lâEmpereur Mon- { * Lu Indem attendent encore ne dixiĂšme incarnation de die. 3 3 !i;Ă dlE] \zi ]m ajai ĂĂOt tp OK! ict, JIC1 phi Peil da ci le 11 rater lut! rci. IgCt nun ;t! ĂŒ de lise iee, eau me, pet! b de neuf fonda. tezume, lâarrivĂ©e des EuropĂ©ens avec toutes fortes de figures peintes fur une Ă©toffe de coton. Il Ă©toit fans contredit plus aisĂ© Ă des hommes peu cultivĂ©s dâexprimer leurs pensĂ©es par des figures moulĂ©es avec de lâargille, ou taillĂ©es dans du bois, que dâinventer un alphabet, et cfun tel alphabet, dâen composer une suite rĂ©guliĂšre de mots, comme lâexige la formation des langues Ă©crites. Tous les dieux des Indous font immortels. Câest un» boisson nommĂ©e Amrout, qui ressemble au Nectar dâHomĂšre , qui leur donne lâimmortalitĂ©. On trouve, dans la mythologie des Indous, une description charmante de neuf dĂ©esses , quâon peut comparer , dâaprĂšs leurs occupations, aux muses des grecs. Elle offre aussi une description pittoresque de lâamour. Ses Ă©pithĂštes multipliĂ©s montrent lâempire fans bornes quâil a fur les coeurs des hommes. Ses noms ordinaires font Kaoum ou Mouden. On le reprĂ©sente comme un beau jeun» homme, entourĂ© dâaiguillons dâabeille, armĂ© dâun arc de canne Ă sucre , et de cinq traits qui reprĂ©- sententlescinq sens par lesquels l'amour entre dans nos coeurs. AprĂšs la conquĂȘte de Tanjore, on trouva dans cette ville un portrait de Kaoum. * Il est montĂ© fur un ĂlĂ©phant, composĂ© des figures de sept jeunes femmes, rĂ©unies avec tant dâart, quâelles forment parfaitement la figure du monstrueux animal. Dans la Pagode de Beff- Eichever ** Ă BenarĂšs, on voit une statue du soleil en pierre; elle est fort bien travaillĂ©e. Le Soleil est assis dan» * Cela doit aussi, reprĂ©senter Kichine , une de formel corporelles de la divinitĂ©. l **1 Une abbiĂšvation de Vichenou , vu Kicken , et Eichever. Câest dans ce temple , consacrĂ© ax deux divinitĂ©s, ^uelcurs fectateats font iiin priĂšre. L 4» un chariot traĂźnĂ© par un cheval a douze tĂȘtes. Cette figure fait visiblement allusion Ă la division de l'Ă©cliptique. Un observateur attentif trouvera aisĂ©ment, en Ăgypte, plusieurs traces de la religion des Indous, et cela fans dĂ©tourner le sens des mots, sans appuyer un sysiĂšme formĂ© dâavance sur une chronologie trompeuse. 11 remarquera bientĂŽt, que le boeuf sacrĂ©, oula vache sacrĂ©e de Chevah, a un rang distinguĂ© dans la religion des anciens Coptes, et que le serpent, un des alliĂ©s mistĂ©- rieuxde SrĂ©e Moun Narrain, est regardĂ©, parcepeup'e, comme le symbole de la sage lie. Il verra sans pc. ;e, que les oignons, si respectĂ©s dans lâancienne Egypte, ne le font pas moins en lndostan. Quoique dans ce dernier Royaume le rĂ©gime vĂ©gĂ©tal soit prescrit et observĂ© avec peu dâexceptions , cependant il est dĂ©fendu, notamment Ă plusieurs sectes, de manger des oignons ; et lorsque dans lâInde supĂ©rieure on doit prĂȘter un serment important, ordinairement le Bramine y jointun oignon, pour rendre la cĂ©rĂ©monie plus solemnelte. En comparant le culte des Indous avec la religion des anciens peuples, on trouve entre plusieurs de leurs divinitĂ©s une ressemblance quâon ne peut mâĂ©connoĂźtre ; et si lâon pouvoir avoir une description exacte des occupations et des propriĂ©tĂ©s des divinitĂ©s subalternes des Indous , on trouvĂšrent probablement que le PanthĂ©on de lâoccident a Ă©tĂ© peuplĂ© du conseil des dieux de Brimha, Les Ăgyptiens et les Grecs ont eu sĂ»rement communication avec rindostan. Leur commerce, par la mer rouge, les mettoit Ă mĂȘme de lâavoir, et on en trouve des traces. * Dans une collection dâantiquitĂ©s * Forstet veut ou paroĂźt vouloir prouver, que la religion et les dieux Set Indous passĂšrent en Ăgypte et en GrĂšce, et il »'appuyĂ© fur ce que iâun S, dan» Ui t de* vraies travaillĂ©s par des attistes grecs ; mais prĂ©cieuses 4i prĂ©cieuses, qui appartiennentĂ un homme de distinction aBenatĂšs et qui ont Ă©tĂ© ramassĂ©es par des commerçants de cette ville, on voit une pierre qui reprĂ©sente une Matrone. Elle paroĂźt sĂ»rement avoir Ă©tĂ© travaillĂ©e par un artiste grec. Sur une autre pierre on voit ClĂ©opĂątre piquĂ©e par un serpent. Dans la mĂȘme collection , il y aune tĂȘte de MĂ©duse sur une Ă©meraude ; on l'a trouvĂ©e prĂ©s de BenarĂšs , et lorsquâon lâa envoyĂ©e en angleterre pour savoir ce que c'Ă©toit, tous les connoisseurs font dĂ©clarĂ©e ĂȘtre le travail d'un ouvrier Grec ou Romain. Il y a quelques annĂ©es quâon trouva Ă Guzurate un C^nĂ©e parfaitement travaillĂ©. Câest un Hercule terrassant le lion de NĂ©mĂ©e. Ces circonstances peuvent venir Ă lâappui de laconjecture que les Ăgyptiens, pendant leur liaison avec les Indous, ont aussi laissĂ© entrer chez eux, avec les marchandises prĂ©cieuses de ce pays, quelques dogmes et quelques usages de cette nation. Pour indiquer le chemin que les antiquitĂ©s dont jâai parlĂ© ont pris, on peut supposerquâelles ont Ă©tĂ© rassemblĂ©es pour le cabinet des MahomĂ©tans , qui, pendant un certain tems, ont admirĂ© les ouvrages de lâccole Grecque autant que les Romains. Chacun fait que pendant que le monde Romain Ă©toit enseveli sous ses ruines gothiques , les Califes de Bagdad favorisoient et cultivaient les sciences et les arts. quand mĂȘme ils reprĂšfenteroient des Rois ou des Reines de GrĂšce et d'Ăgypte, cela ne prouve rien. Si les anciens Ăgyptiens avoient reçu leur religion et leurs dieux de l'Indostan , il faudroit que cela eĂ»t Ă©tĂ© bien des siĂšcles avant Alexandre. Les Grecs depuis Alexandre prirent des dieux Ăgyptiens, Syriens, et Persans; mais point d'indiens. Si la religion Indienne avoit eu dans les premiers tems une influence fut la Ărecque , elle ne pourroit l'avoir eu que mĂ©diatement. N. dUTutU Allemand. L 4 Mes connoissances en astronomie * font trop peu Ă©tendues, et je me sens incapable de suivre le progrĂšs des Bramines dans cette science, avant 1 Ă©poque oĂč elle commença Ă fleurir dans les autres pays orientaux. Les Indous connoissent fort bien le zodiaque et ses douze signes. Iis ont donnĂ© les noms des planĂštes aux sept jours de la semaine qui commence par le jour du soleil. LâannĂ©e solaire {** des Indous, divisĂ©e en six saisons, est composĂ©e de u mois et de 36i jours, auxquels on ajoute tous les quatre ans un jour intercalaire. Les lettres ou les affaires de commerce font datĂ©es, parmi les Indous, dâaprĂšs le lombout ou lâannĂ©e lunaire qui commence Ă lâĂ©quinoxe du printemps. Chaque mois lunaire commence Ă la pleine lune et est partagĂ© en 3o parties Ă©gales. Les parties dans lesquelles la lune croĂźt, sâappĂšlent boud, et celles dans lesquelles elle dĂ©croĂźt, sâappĂšlent bole. Au bout de trois annĂ©es lunaires , on ajoute un mois pour rendre Ă©gales les deux annĂ©es lunaire et solaire. Les Ioaguels font partagĂ©s en cicles de douze et de soixante ans, et chacun a sa propre dĂ©nomination. ***J Lâobservatoire de BenarĂšs est assez * Au sujet des sciences et des arts de» anciens Indous. Voyez mes remarques fur la fertilitĂ© , etc. Vol. ». p. 280. N. du T. A. Ăź ** L'annĂ©e solaire, ou comme l'appĂšlent les Indous, l'annĂ©e lounkrant, commence le 11 ou le 12 avril, et les mois de cette annĂ©e font tantĂŽt dĂ© 29 , tantĂŽt de 3 o , 3 i , 32 jours. L'Ăšre ordinaire, en Indostan, fut introduite parle Rajah, WickeroUm Maject, 5 ? ans avant la naissance de JĂ©sus-Christ. Quelques nations Indiennes, celles du Bengale, par exemple, ont dâautres Ă©poques ; mais en gĂ©nĂ©ral leur» ouvrages historique» font rĂ©glé» dâaprĂšs la pĂ©riode de Vickerouin Maject Ce prince fut en Indostan Ă cause de son luxe et de la protection quâil accorda aux savants, qu'il rĂ©compenfoit richement. *** Les Indous partagent ordinairement leur teins, autant que je puis le savoir, en cicles de six ans , quoi quâils connoissent auffi ceux de douze. Lntre autres choses que les anglois trouvĂšrent dan» une mal bĂąti et nâa que des instruments grossiers âą mais il prouve que les Indous savent dĂ©terminer les mouvements des corps cĂ©lestes. Si l'on pouvoir trouver quelques Ă©crits qui fussent moins mĂȘlĂ©s fables que les leurs, on verroit vraisemblablement, que dans les tenu les plus rĂ©cusĂ©s. ils ont Ă© Ă© un des peuples les plus puissants et les plus Ă©clairĂ©s rie la terre On raconte dans plusieurs de leurs ouvrages historiques, que le Royaume des Indous Ă©toit composĂ© autrefois de cinquante six PrincipautĂ©s diffĂ©rentes , toutep soumises Ă un seul Roi, et dont la domination sârtendoit, depuis les frontiĂšres mĂ©ridionales du Thibet, ou de la grande Tartarie, jusquâĂ Pille de Ceylan; et des frontiĂšres dâAssam et dâArracan jusquâĂ 1 Indus. Ce grand espace de pays Ă©toit habitĂ© par un peuple partagĂ© en quatre classes diffĂ©rentes, dont chacune avoit ses occupa* tions particuliĂšres ; mais qui tendoient toutes en commun au bien gĂ©nĂ©ral. * LâIndostan avoit des villes riches et belles; elles Ă©toient ornĂ©es de temples et dâĂ©difices, et dĂ©corĂ©es de jardins et de fontaines superbes. Xoutes sortes dâartistes, architectes, orfĂšvres , lapidaires , ceux* qui travailloientles Ă©toffes les plus fines en coton, tous Ă©toient encouragĂ©s et trouvoient de lâoccupation. ** frt*resse du Boutan, ils prirent une image de Mhah Deve et une repré» Tentation imprimĂ©e des figures, qui forment le cicle de 12 ans du Thibet- Cette maniĂšre figurĂ©e dâexprimer le tems est depuis la plus haute antiquitĂ© en usage au japon, Ă la Chine, Ă Siam et dans la grande Tartarie ; elle a Heu encore jusquâĂ prĂ©sent dans la Turquie. * On trouve lâexamen de cette peinture idĂ©ale de lâindostan, dan» lâouvrage que jâai citĂ© plus haut, p. 267. N. du Trad. Allemand. {**} Cette peinture paroitra peut-ĂȘtre chimĂ©rique, ou exagĂ©rĂ©e Ă tous ceux>qui nâont pas vu les anciens monuments des Indous, ou qui nâont pas lu lâhistoire de- cet empire , lorsquâil fut attaquĂ© par les Ce peuple soldat fut Ă©tonnĂ© de la grandeur des temples, ÂŁ s 44 Des loix bienfaisantes punĂźssoient les crimes et prote- geoient la propriĂ©tĂ© , et Ă l'exception de la faveur trop grande, accordĂ©e Ă la caste sacrĂ©e des prĂȘtres, on ne peut que louer la justice et la sagesse de leurs autres loix. Un voyageur pouvoir parcourir le Royaume avec une commoditĂ© inconnue dans tout autre pays. Les grandes routes Ă©toient ombragĂ©es dâarbres . et on avoit construit, pour les voyageurs, plusieurs Ă©difice» publics , qui presque tous avoient un Ă©tang prĂšs du bĂątiment. Si quelquâun Ă©toit volĂ©, le district dans lequel le vol sâĂ©toit fait, devoitrĂ©parerle dommage. ConsidĂ©rons un peu lâIndostan , la culture de ses habitants, les progrĂšs quâils ont faits, et ensuite reportons les yeux fur cet Ă©tat dâignorance et de barbarie dans lequel les Ă©tats de lâeurope Ă©toient plongĂ©s, ou dont ils commen- çoient Ă peine Ă sortir, et nous Ă©prouverons nĂ©cessairement un sentiment de respect et d'admiration pour ce peuple. Quoique les europĂ©ens laissenr Ă prĂ©sent bien loin derriĂšre eux les nations Asiatiques, on peut avancer, fans craindre dâaltĂ©rer la vĂ©ritĂ©, que les sectateurs de Brimha ont possĂ©dĂ©, dans les ancien» *âą temps, beaucoup de connoissances utiles et philosophiques. On ne peut que plaindre un peuple, qui a perdu ainsi toute fa gloire et fa fortune; aprĂšs avoir vraisemblablement contribuĂ© Ă sonneries nations auxquelles il est Ă prĂ©sent soumis. Pour porter un jugement Ă©quitable fur les Indous, et dĂ©terminer jusquâoĂč ils ont portĂ© les arts et le* sciences, il faudroit reprĂ©senter! Ă©tat de leur Royaume, avant quâils fussent soumis aux armes victorieuses de* MahomĂ©tans, et pour cela il nous faudroit les mĂ©moire* et des trĂ©sors qu'ils renfermaient. On peut voir dan* lâhisteiie de Dow, les dĂ©tail* du butin enlevĂ© au temple de Scmnaut. { 4 > } nĂ©cessaires. Mais on fera toujours une peinture dĂ©favorable et partiale des Indous, lorsquâon dĂ©crira leurs lois etleurs mĆurs dâaprĂšs leur Ă©tat prĂ©sent. L'Indostan fut ravagĂ© par une race de barbares, qui, dans le cours rapide de leurs conquĂȘtes, cherchoient Ă dĂ©truire tous les monuments du goĂ»t et de lâancienne religion. Les MahomĂ©tans Ă©gorgeoient les prĂȘtres et pillaient les temples avec une fureur dont leurs premiers chefs Ă©toient peut-ĂȘtre fiers. Uu peuple gĂ©missant fous une telle oppression, et frappĂ© par le spectacle continuel de cruautĂ©s toujours nouvelles, devoir bientĂŽt perdre le goĂ»t des arts et son industrie. Les arts dâailleurs Ă©toient liĂ©s si Ă©troitement avec leur religion, que les persĂ©cutions de lâune dĂ©voient nĂ©cessairement retomber fur les autres. Juger les anciens Indous dâaprĂšs ceux dâau- jdSbrd hui, ce ferait vouloir estimer les anciens grecs dâaprĂšs les nouveaux. Celui qui aime la vĂ©ritĂ© prendra le chemin opposĂ©. Il se fera un plaisir de dissiper les ombres qui ont obscurci si long-tems lâhistoire des Indous. Il ramĂšnera ce peuple au point de grandeur quâil eut dans les te ms de fa fortune, et câest dans cette grandeur qu'il le prĂ©sentera Ă ses contemporains, qui par mĂ©pris ou par paresse en ont fort peu de connaissance. On verra alors que le gĂ©nie des Indous Ă©tait bien conduit, et que leurs dispositions naturelles Ă©toient parfaitement dĂ©veloppĂ©es par les loix qui leur preferi- voient leurs diffĂ©rentes occupations. On montrent Ă chaque classe du peuple ses droits et ses devoirs avec une exactitude qui empĂȘchoit lâeffet de lâerreur ou des vues dangereuses; et on met&oit chaque cafte hors dâĂ©tat de violer les privilĂšges des autres. On donnent au Bramine une inspection illimitĂ©e sur la religion, et il Ă©toit le mĂ©diateur entre la divinitĂ© et les castes 46 infĂ©rieures- Il Ă©tait chargĂ© du foin de conserver toutes les sciences et d'Ă©lever la jeunesse. Ces occupations importantes devotem nĂ©cessairement donner au Bramine une grande considĂ©ration pa-mile peuple, pour lequel une connoissince exacte de la religion est extrĂȘmement difficile, Ă cause de sa compljcation. et quâil doit se faire un devoir saciĂ© de remplir tout ce quâelle prescrit, pour peu quâil compte sur lâĂ©ternitĂ©. O u croyoit que ces travaux importants dĂ©voient assez occuperiez Bramine s, et dâaprĂšs cela on les dsspensoit de tout autre travail. La caste des Chitteris ou des Rajah Ă©toit chargĂ©e fans restriction du gouvernement civil, et les biens de cette caste Ă©taient dĂ©clarĂ©s propriĂ©tĂ© hĂ©rĂ©ditaire, qui passait toujours Ă la fiile aĂźnĂ©e. La branche cadette de cette caste Ă©toit destinĂ©e aux armes. Elle Ă©toit en garnifo^n. dans les places fortes. Le commerce et les mĂ©tiers , Ă©taient attribuĂ©s aux Bhyses ou Banians, et ils Ă©taient dĂ©fendus aux autres castes. Les laboureurs, les artiste*, les ouvriers et les simples soldats, formoicntla quatriĂšme caste, celle des Souders ; et chacune de ces occupations ou maniĂšres de vivre Ă©toit absolument exclusive Ce fut-ainsi que la constitution des Indous, qui dĂ©fendait de se mĂȘler avec les Ă©trangers et de faire de* prosĂ©lites, acquit tant de force et une telle uniformitĂ©, fuite naturelle de scs premiers Ă©lĂ©ments. ^ *} Sâil falloir dĂ©couvrir une liaison plu* Ă©troite entre le* Egyptiens et les Indous, liaison dont jâai dĂ©jĂ montrĂ© quelques traces, on pourroit demander lequel de ces 1 * 1 ?lufieurs des barriĂšres qui sĂ©paroient auparavant les castes des Indous les unes des autres, font Ă prĂ©sent renversĂ©es. LesBramines, dans le BĂ©cĂ n et le Paniab, portent les armes tt entrent dans les armĂ©es. Les Chitteris sâoccupent du commerce, et les Souders se sont emparĂ©s des principautĂ©s. Mararow , exceiitui officier Maratte et chef de Ghooty, Ă©toit de la -quatriĂšme caste. 47 deux peuples a Ă©tĂ© policĂ© le premier. On pourrait croire, dâaprĂšs les exemples par lesquels jâai cherchĂ© Ă expliquer quelques points principaux de la religion des Indous et Ă prouver lâantiquitĂ© de ce peuple, que je favorise lâopinion, que les Egyptiens ont tirĂ© de lâIn- dostan une partie de leur religion et de leurs connois- sances. Je respecte infiniment les idĂ©es des autres, et je ne cherche pas Ă faire un systĂšme; mais je ne diflt- muleraipas que câest mon opinion. Un fait entre autres me donnera une preuve bien forte de lâanciennetĂ© de la civilisation des Indous et de leur aversion dĂ©clarĂ©e pour tout mĂ©lange avec lâĂ©tranger. Il est dĂ©fendu aux Indous de paffer le fleuve Attock. Ce nom, dans plusieurs dialectes, veut dire dĂ©fense. Sâils passent cette borne, ils deviennent impurs , et suivant la vigueur de la loi, ils perdent leur rang et descendent de la caste Ă laquelle ils appartiennent. Il leur Ă©toit aussi dĂ©fendu de se risquer sur la mer, * ou du moins le rĂ©gime qui leur Ă©toit prescrit et quâils ne pourraient bien observer hors de leur patrie , leur rendort des voyages par mer un peu Ă©loignĂ©s, extrĂȘmement difficiles. Il nâest donc pas vraisemblable , quâune partie quelconque dâunpeupĂźe, bornĂ© par tous les moyens possibles, Ă lui et Ă fa patrie, et qui rejettent loin de lui tout prosĂ©lite, avec orgueil et aversion, ait Ă©tĂ© couvrir dans * Sâil y a jamais eu une telle dĂ©fense, on ne lâa jamais observĂ©e , ou du moins on ne lâa pas suivie long-tetns. On trouve non-feulement Ă Ceylan et aux Maldives, mais encore dans plusieurs isles de la mer du sud et des Indes,mĂȘme Ă Madagascar et sur la cĂŽte orientale de l'Afrique des traces trĂšs-distinctes der colonies de lâIndostan et meine dâhommes des premiĂšres castes. On fait aussi, que Ton a vu, il y a long-tems, et que lâon voit encore les Banians ou commerçans Indiens dans les principaux ports de lâArabie, de la Perse et der Indes infĂ©rieure!. Note du trad. Allemand, 4 » des pays Ă©loignĂ©s, et ait rapportĂ© de ses courses un systĂšme de religion Ă©trangĂšre. On ne trouve nulle part la moindre trace d une tradition un peu croyable, qui porte qu'une colonie Ăgyptienne sâest Ă©tablie dans lâin- dostan. ProDablement il a Ă©tĂ© peuplĂ© avant 1 Ăgypte. L'espace considĂ©rable que couvre ce pays fur la surface de la terre , et les avantages qu'il doit Ă son sol , Ă son climat et Ă ses fleuves nombreux, parmi lesquels plusieurs font de la premiĂšre grandeur, tout se rĂ©unit pour le faire croire. LâĂgypte nâa pas reçu de la nature des avantages pareils Si l'on veut regarder le degrĂ© de perfection auquel un peuple a portĂ© ses manufactures comme une preuve de les progrĂšs dans fa culture, et cette haine profonde contre tout ce qui est Ă©tranger, mĂȘme contre des amĂ©liorations faites pardes Ă©trangers, comme un monument de son anciennetĂ©, on ne peut hĂ©siter long-rems Ă se dĂ©cider. Les marchandises fabriquĂ©es aux Indes ont Ă©tĂ© long-tems l'objet de lâadmiration gĂ©nĂ©rale , et on n en a pu atteindre encore la perfection. Je finirai ces recherches et cette comparaison en remarquant, que quand on distingue dans un peuple plusieurs connoiffances et quelques sciences utiles, des loix f iges , jointes Ă une religion, dont les dogmes et le» diffĂ©rens uiages annoncent le dernier degrĂ© de culture, et quâon trouve au contraire chez les autres peuples de lâAsie et les anciens Ăgyptiens beaucoup moins de bonnes loix et une religion moins formĂ©e , on doit naturellement supposer que ceux qui avoieut peu de fond putsoient chez ceux qui en avoieut davantage. Peut-ĂȘtre ces observations, fondĂ©es fur lâexpĂ©rience et fur diffĂ©rentes recherches, satisfont-elles plus que ce» preuves si savantes tirĂ©es de la chronologie, crĂ©es foutent dâaprĂšs des hypothĂšses favorites, et quâon cherche Ă leur accommoder, i Les Indous regardent ie mariage, * lorsquâil peutĂȘtre heureux, comme un devoirnĂ©ceffaire, et croyentque la propagation des espĂšces, par un mariagelĂ©gitime, assure au pĂšre et Ă la mĂšre laprotectionspĂ©ciale et les bienfaits des Dieux. Ils tĂ©moignent, au contraire, de toutes les maniĂšres poflibles, leur mĂ©pris et leur horreur pour le cĂ©libat; et jâai remarquĂ©, que quand un Indou Ă©toit forcĂ© d avouer, soit par hasard, soit par quelques questions auxquelles il devoir rĂ©pondre, quâil nâĂ©toit pas mariĂ©, il paroissoit erabarassĂ© et cânerchoitbien vite Ă sâĂ©xeuser, soit sur les malheurs quâil aVoit soufferts, soit fur dâautres bonnes raisons. G est Ă cette façon de penser quâon doit attribuer en gĂ©nĂ©ral la grande population de lâIn- dostan, et expliquer la maniĂšre prompte dont ce pays s est relevĂ© aprĂšs les horreurs de la guerre et de la famine. Toute la vie domestique des Indous repose sur un fondement simple, mais ferme, qui produit les effets les plus heureux et resserre les liens de la sociĂ©tĂ©. DâaprĂšs les anciennes loix du pays, la femme, pour ses plaisirs etprĂšsqu pour toutes les commoditĂ©s delĂ vie, dĂ©pendent de l'existence feule du mari. Son plus grand intĂ©rĂȘt Ă©toit donc de veiller Ă la conservation de sa santĂ©. Son bonheur dĂ©pendoit, en grande partie, de ce quâil atteignĂźt un Ăąge avancĂ©. AprĂšs la mort de son Mari, une veuve n Ă©toit plus rien elle ne devoir pas se remarier; elle perdoit toute considĂ©ration dans la famille, on lui ĂŽtoit tous ses ornements et les autres marques de sa âądignitĂ©. Il y a plusieurs cĂ©rĂ©monies que des veuves ne * Le mariage sâappĂšle souvent dans la langue Sanscrit Ctllian ; cest- Ă -dire plaiĂŒr. Ordinairement les Indous nâont quâune femme, et quand ils sâĂ©cartent de cet usage cela fait un mauvais effet. Il y a cependant* dans Tindoftan, un ordre de moines mendiant! nommĂ©s Jogbil qui vi» vent dans le cĂ©libat. 5o peuvent pai remplir. Dans certains cas on la regardoit comme impure, et en gĂ©nĂ©ral, aprĂšs la mort de son mari, elle tomboit dans l'esclavage, ou dans le dernier rang de tous les gens attachĂ©s Ă la maison. Mais cet usage Ă prĂ©sent nâest plus si gĂ©nĂ©ralement observĂ© qu'il lâctoit auparavant. Les femmes des Indous ont perdu depuis long-rems cet orgueuii insensĂ©, ou plutĂŽt ce fanatisme qui les portoit Ă fe brĂ»ler avec le cadavrfe de leurs maris. Elles peuvent actuellement remplir tous les prĂ©ceptes de leur religion, fans renoncer, pour cela, aux plaisirs de la vie. Plusieurs veuves, fur tout chez les Marattes, ont acquis souvent, par leurs qualitĂ©s, leurs richesses et leurs liaisons, une puissance et une influence extraordinaires. Dans les Ă©tats plus Ă©levĂ©s, oĂč lâancien sentiment de honte ou dâhonneur s'est plus long-tems conservĂ©, quelques veuves, de tems-en-tems, mettent fin Ă leur malheureuse vie avec un coutage insensĂ© auquel elles donnent le nom dâamour conjugal. Elles ne peuvent soutenir un abaissement qui dĂ©tiuit leurs charmes et humilie l'orgueil de» leur sexe. Il y a un endroit dans le chaster des Indous. que jâai ht avec lâaide dâun commentateur il ordonne expressĂ©ment aux veuves de fe brĂ»ler aprĂšs la mort de leurs maris ; et si une femme nâest pas assez courageuse pour exĂ©cuter cet ordre, on impose Ă cette femme, sans courage le devoir de se rendre en pĂšlerinage Ă quelque lieu sacrĂ©, comme Bcnaris, Allahabad, Ghiah, dâemployer les biens en fondations pieuses, et d offrir ses cheveux en sacrifice Ă son mari mort. DâaprĂšs ce livre sacrĂ©, il est dĂ©fendu Ă une veuve de porter de lâor , de l'argent ou des pierreries. Eile doit renoncer aux essences prĂ©cieuses et ne plus manger tri viande , ni poisson, ni beurre; toute fa nourriture consiste alors en pain de froment ou dâorge, dont elle ne doit mĂȘme manger qu'une fois le jour. Son devoir est de consacrer le reste de sa vie au service des Dieux, de purifier son ame, de combattre la colĂšre , lâavarice et la mĂ©chancetĂ© ; et de renoncer toujours, de plus en plus, aux plaisirs et aux agrĂ©ments de la vie. Si elle remplit fidĂšlement ces commandements, le ciel lui est promis aprĂšs sa mort, fans avoir besoin de passer par d'autres purifications. A - la crainte de 1 humiliation et de la misĂšre qui attendent les veuves. lesBramines ajoutent, dâun autre cĂŽtĂ©, l'assurance quâune mort volontaire leur procure une fĂ©licitĂ© extraordinaire, et que leur postĂ©ritĂ© a la mĂȘme grĂące Ă attendre de la DivinitĂ©. De telles idĂ©es doivent, fans doute . affecter douloureusement le cĆur dâun EuropĂ©en sensible; mais il ne faut pourtant pas condamner trop vite lâancien usage des Indous. et nâen accuser que leur cruautĂ© et leur injustice. Il paroit que leur vue a Ă©tĂ© de rendre la vie domestique plus agrĂ©able et plus sure. Les femmes des Indous ne doivent ni lire ni Ă©crite. Les Indous ont toujours lâidĂ©e, que les talents acquis ne font pas nĂ©cessaires aux femmes, quâils ne les rendent pas plus heureuses, et qu'on nâen a pas besoin pour conserver cette simplicitĂ© des mĆurs qui les rend aimables et utiles Ă leurs familles. Ils prĂ©tendent que les connoistances distrayent les femmes de leurs occupations domestiques , ou quâelles leur inspirent du dĂ©goĂ»t pour des devoirs dans lesquels elles doivent chercher leur seul plaisir. La force de 1 habitude est telle , quâune femme Indienne sâattireroit les reproches les plus durs, si lâon apprenoit quâelle sĂ»t lire et Ă©crire. Lçs Danseuses , au contraire , consacrĂ©es aux plaisirs publics, apprennent Ă lire et Ă Ă©crire comme tout autre art qui peut irriter le* sens. Ce* femme* nâont pas besoin de se. cacher dans les maisons des particuliers; la vie Ă laqu elle elles se sont consacrĂ©es ne les rend pas mĂ©pri- sibies. Elles forment une sociĂ©tĂ© qui est sous la protection des loix, et dont les membres font payĂ©s d aprĂšs la diffĂ©rence de leurs talents. On ne peut donner une fĂȘte dans l'Indostan, ou cĂ©lĂ©brer une solemnitĂ©, sans , avoir de ces danseuses. Ordinairement ces femme* paroissent un certain jour de la semaine Ă la cour du Prince, ou du gouverneur d'une province, on d'un distiict, pour lui rendre leur* devoirs et les amuser.' Dans plusieurs provinces, elles ont des appointements assignĂ©s fur les domaines publics *. Une famille Indienne est gouvernĂ©e avec assez dâautoritĂ© par 1 homme le plus ĂągĂ© de la famille. Tout le reste a pour lui lâattention la plus respectueuse et lui obĂ©it promptement dans tous les dĂ©tails domestiques. Un fils ne sâasseoit jamais en prĂ©sence de son pĂšre fan» sa permission expresse ; et dans ses discours et fa conduite vis-Ă -vis de lui, il doit joindre le respect Ă lâamour filial. Pendant mon long sĂ©jour en Indostan, et malgrĂ© toutes mes recherches fur les moeurs et la façon de penser de* Indous. Je nâai jamais rien rencontrĂ© de semblable Ă ce quâon appelle en europe un esprit fort, ** Les Princes, les GĂ©nĂ©raux, les politique* le» * Je ne parle ici que des danseuses proprement- dites , et fur-tout de celles qui servent au culte des dieux » et dont le nombre est Conti dĂ©rable. Elles font entrenues par des Pagodes ou des particuliers ; et le besoin ne les force pas Ă sâabandonner Ă tout le monde fans distinction* mais celles qui nâont pas de pension , font tout aulsi impudentes et tout aussi effrontĂ©es que les filles publiques en europe. ** Il y a differentes sectes f et mĂȘme des castes parmi les Indou» * qui rejettent lâautoritĂ© divine des Laids et le systĂšme de religion fondĂ© fur eux* Quelque pure quâait pu ĂȘtre au commencement U foi de ce* 53 plus renommĂ©s ; par exemple un Scindta, un Nanah Pournawees, * et un Bhohoulla, croyent aux dogmes de Brimha d'aulx bonne foi, et se soumettent aux moindres cĂ©rĂ©monies avec une conscience aussi religieuse , que le paysan le plus simple et le plus ignorant le pourroit faire. TROISIĂME LETTRE. BenarĂšs So Novembre 178». Le 3 de ce mois jâallai Ă Bidgy-Ghour **. Câest un endroit connu dans lâhistoire de Bengale par le butin considĂ©rable que lesanglois y firent. J'arrivai le troisiĂšme jour Ă Louttcef-Ghour , situĂ© Ă 18 milles sud- ouest de BĂ©narĂšs. Le fort Ă©toit tout-Ă -fait abandonnĂ©, et mĂȘme lâentiĂ©e Ă©toit fermĂ©e en grande partie par des arbres et des buissons. Louttees GAourest situĂ©e au centre dâun cercle de montagnes, du haut desquelles un bois Ă©pais et trĂšs-elevĂ© dans plusieurs endroits, sâĂ©tend jusquâau rempart du fort. Lâair dans cet endroit nâa pas de circulation; ausii y est il bientĂŽt gĂątĂ©, et devenant dangereux , il communique sa malignitĂ© Ă tous les corps animĂ©s câest dans de tels ^ys, dans des positions comme celle-ci, que nâait, ce quâon appels dans les Indes, la fiĂšvre de colline , qui dĂ©truit chaque partie de lâĂ©conomie animale, attaque toute la miile du sang, et ne peut ĂȘtre guĂ©rie que par du mercure, schismatiques, leur culte est Ă prĂ©sent chargĂ© d'usages et dâemblĂšmes. La plu* conĂ»dĂ©rable de ces sectes est celle des Poojes, qui ont donnĂ© le nom de Pauroufs Naut Ă l'objet de leur adoration , nom qui veut dire , en sanscrit, le maĂźtre de la pierre philosophale. *] Chefs de marattes dâune grande distinction. {** Les Indous prĂ©tendent que Bidgy et Idgy montent la garde aur ports* du xaradie. Ghour veut dire une forteresse. H Lâeau y croupit aussi, et lâon croit que lâair communique , Ă lâĂ©lĂ©ment de lâeau, une partie des propriĂ©tĂ©s empestĂ©es quâa ce climat dans les contrĂ©es fermĂ©es et couvertes de bois. Les feuilles et les branches qui tombent dans les ruisseaux et les Ă©tangs, peuvent augmenter encore le* effets de lâair fur lâeau. Jâai Ă©tĂ© trĂšs-souvent tĂ©moin des mauvais effets dâun air empestĂ©, et je puis hasarder sĂ»rement les conjectures que jâavance. Jâajouterai que par-tout oĂč l'air Ă©toit mauvais, jâai trouvĂ© lâeau mal-faine. Un Faquir mahomĂ©tan avoit Ă©tabli fa demeure solitaire Ă la porte du fort. Ce malheureux portoit sur lui toute* les marques de la mortalitĂ© du climat. Il Ă©toit pĂąle , dĂ©charnĂ© et consumĂ© Ă moitiĂ© par lâardeur de fa fiĂšvre. Je lui conseillai de quitter un si triste sĂ©jour, et de se rendre dans dâautres contrĂ©es oĂč il pourroit recouvrer fa santĂ©. A peine Ă©couta-t-il ce que je lui disois. Il prĂ©feroit, me dit-il, fa misĂ©rable existence dans cet endroit, et les aumĂŽnes incertaines dont il vivoit, au danger de mourir de faim dans un autre pays oĂč il feroit inconnu. Le 4 jâarrivai au pied de la montagne de Bidgy Ghour. Jâavdfe fait Ă -peu-prĂšs Ăźo milles. Jây passai la nuit, et le jour suivant je montai Ă la citadelle. Elle est composĂ©e dâune muraille bĂątie Ă lâentour de la pointe la plus Ă©levĂ©e dâune montagne couverte de rochers, et qui depuis son pied jusquâĂ sa cime peut avoir un peu plus de deux milles. Les fortifications que lâart y a faites ne font pas trĂšs- considĂ©rables. Les matĂ©riaux qui y ont servi ne sont rien moins que solides. Je le remarquai aux sillons que la pluie de lâannĂ©e derniĂšre y avoit laissĂ©s, et Ă une brĂšche que le canon avoit faite pendant le siĂšge. Les 55 murs font bĂątis en pierre brute , jointe avec du limon. Câeft la hauteur et la roideur du rocher qdi fait feule la force de la citadelle ; et si on lâeut dĂ©fendue avec un peu de courage et dâintelligence . la conquĂȘte nâen eĂ»t pas Ă©tĂ© aussi aisĂ©e et eĂ»t coĂ»tĂ© beaucoup de sang. On dit mĂȘme que si les troupes fussent restĂ©es un mois de plus dans les environs, la fiĂšvre les eĂ»t toutes emportĂ©es. Trois citernes profondes , creusĂ©es dans le rocher, fournissoient fulsisamment de lâeau Ă la garnison. Quelques bastions, dn cĂŽtĂ© de lâest, font portĂ©s par des masses de rochers qui ont huit ou dix pieds de faillie et dont les fondements font cependant assurĂ©s. Les vues de cette forteresse font trĂšs-variĂ©es. Lorsque lâĆil plonge tout-Ă -coup, du haut de la citadelle dans cet abĂźme horrible et profond, qui sâouvre devant vous, on sent son ame sâaggrandir; mais cependant on frĂ©mit malgrĂ© foi, et on Ă©prouve cette forte dâhorreur qui affecte Tarne lorsquâon regarde dans un gouffre. Le lever et le coucher du soleil offre Ă Bidgy-Ghour un superbe, et on ne peut se dĂ©fendre dâun sentiment de reconnoissance et dâadmiration pour l'auteur de la nature. Le fleuve Soane , Ă©clairĂ© par le soleil couchant, serpente Ă travers des paysages' variĂ© et Ă©tendus. On dĂ©couvre aufii fur une colline Ă©loignĂ©e un fort qui nâest visible que quand il est dotĂ© le soir par le soleil. Le fort Mow , situĂ©e au pied de la montagne , Ă©toit trĂšs-peuplĂ© avant la conquĂȘte de Bidgy-Ghour et avoit un commerce considĂ©rable; Ă prĂ©sent il est abandonnĂ© et ce nâest plus quâun tas de ruines. On sâapperçoit de la destruction de ce village dans tors les environs., CâĂ©toit la feule foire oĂč les montagnards voisins trouvassent le dĂ©bit de leurs marchandises et pussent acheter 56 celles dont ils avoient besoin. Depuis fa destruction, tout commerce entre eux. a cessĂ©. Les habitants de BĂ©narĂšs ont peu de liaisons avec les habitants de ces montagnes. Ces montagnards forment une race d'hommes forts et courageux , et vraisemblablement ils feroientde bons soldats, si on pouvoit les attirera notre service comme ceux de BaugĂźepore. On dit quâils ne font pas sujets aux fiĂšvres qui rĂ©gnent dans ces pays de montagnes et qui ont Ă©tĂ© souvent dangereuses Ă nos troupes. Iis nâont pas aussi ces prĂ©jugĂ©s, oucette maniĂšre de vivre particuliĂšre quâon trouve parmi les premiĂšres castes des Indous et qui troublent souvent le service militaire. Il y aurait encore un avantage si nous les prenions Ă notre service ; câest que par-lĂ ils nous assureraient la fidĂ©litĂ© et la tranquillitĂ© de leurs frĂšres. Boulwant-Sing sâempara, par une fuite dâintrigues et dâinfamies, de la forteresse de Bidgy-Ghour. Ilia fortifia encore plus, et y dĂ©posa ses trĂ©sors. Keit Sing, son fils, qui est rĂ©fugiĂ© Ă prĂ©sent dans le camp de Scindia, augmenta aufliles fortifications et les trĂ©sors. Ce fut lui qui construisit iin pont de pierre assez fort fur une petite riviĂšre qui coule au pied de la montagne. QUATRIĂME LETTRE. 7 DĂ©cembre 1789 Je nâavois rien dâamusant ou dâinstructif Ă vous envoyer, câest pour cela que je nâai pas rĂ©pondu plutĂŽt Ă votre longue lettre. Vous pouvez bien croire que jamais je nâoublierai les marques dâamitiĂ© que vous mâavez donnĂ©es, et que jây ferai toujours sensible. â Ayant rĂ©solu de retourner en europe par le nord, jâai pris le nom dâun GĂ©orgien pour voyager avec plus de furetĂ©. Jrcffe du jour. Loisquc le choix, ou plutĂŽt lâordre impĂ©tial, la loi de Mahomet nâest pas flatte .se pour les femmes Ă©toit annoncĂ© Ă lâheureuse odalisque, son cĆur palpitoit de plaisir, ses attraits avoient attirĂ© fur elle l'attenton du maĂźtre du monde ; Car souvent dans le cĆur d'une femme la vanitĂ© prend la place de lâamour. Jâaimerois aflez Ă ĂȘtre Bacha, mais souvent leurs meilleurs amis leur font sauter la tĂȘte ou les i mpoisonncnt ; Ă ce prix je ne veux pas de leurs jolies femmes et de leurs trĂ©sors. Sur la place de la cour on voit encore aujourdâhui une colonne haute de 40 pieds , taillĂ©e d un seul bloc, qui ressemble Ă du porphire. Elle paroĂźt couverte dâ lions avec d anciens caractĂšres Indiens. Les lettres ont Ă©tĂ© tellement effacĂ©es par le temps, qui ne mĂ©nage pas mĂȘme le marbre, qu elle» font devenues illisibles. On attribue ce monument Ă Becmchvi e , qui, comme votre Bramiue , vous le racontera, fut dans son tems un puissant Prince et un de» premiers guerriers dans le Mhah Bhaut. *; Mais on ncpeut pas t op ajouter foi Ă lâĂ©poque Ă laquelle a vĂ©cu ce Eeimctym ; car le Bramiue vous dira qu'il vivoit dâns un temps cĂč le rom du premier homme nâĂ©toit pas encore connu. Les MnhoĆetans , qui dĂ©truisirent tout monument contiaâre Ă leurs d gmes avec la mĂȘme fureur quâils propagoient leur relrgton , ont des prĂ©tention^ fur la ccnflruction de cette colonne . et ont gravĂ© fur les inscriptions Indiennes les nom de plusieurs Empereurs depuis Babtr. ** * La grande guerre que Pounah-Gaun-Deve , ou Je» cinq stĂšre» rĂ©unis loutinrent contre Dour-Joriin. Voyez le Glieeta de Wilkin». ** Le premier Empereur d* la tacs de Tasreuan qui rĂ©gna lux lâIndoflan. La colonne qui paroĂźt ĂȘtre dâune haute antiquitĂ©, prouve clairement que Aliahabad Ă©toit une pâace d'importance long-tera avant les conquĂȘte - des M dio- mĂ©tans. Nous aurions une idĂ©e bien Ăźnj ste et tuen petite de 1 intelligence des anciens Indous. si nous croyions quâils ont nĂ©gligĂ© une position si fa> otable pour remplir les usages de leur religion et si heurt - ss pour les agrĂ©ments do Ăźt eMc fait j uir. Les nouveaux Ă©crivains ont presque nommĂ© autant de tilles qui pourvoient prĂ©tendre Ă lâhonneur dâĂ©tre l'ancienne Polibothra, q> e les anciens en ont nommĂ©e s qui avoient vu naĂźtre HomĂšre, l a a vide , fameux gĂ©ographe fran- ço .3, paroĂźt donner la pr^ l'Ă©rence Ă Aliahabad. Strabua parle d'une grande ro qui me oit de Polibothra jusqnes dans l'intĂ©rieur du pays. De tels ouvrages sautent aux yeux, et sor t Lits ordinairement pour subsister long-tems. Ou pourrott croire quâil y a encore quelques Testes de cette grande route;, mais j'en ai cherchĂ© les traces et je n'ai pu en trouver une feule. Du cĂŽtĂ© occidental du Gange, on voit une digue en terre qui s'Ă©tend environ l'espace dâun mille le long du fleuve en sâapprochant de la citade ! 'e cette digue a Ă©tĂ© construite probablement pour que le fleuve n endommageĂąt pas la ville pendant le" tems de pluie A lâoccasion d'Aliahabad, je dois parler nĂ©cessairement du monument du Sultan ce mausolĂ©e est situĂ© Ă 1 ouest a environ un mille de la ville. I. sa trouve au milieu d'un grand jardin qui est entourĂ© d un mur Ă©levĂ© et ornĂ© d'une grande variĂ©tĂ© de fleurs et d arbres; mais il est mal entretenu et a lâair assez j etois habille comme un Mtihoinetan aii-sije demandai a Lire ma priĂšre fur le tombeau du Roi et je fus admis furie champ. Les Ă©difices publics des MahomĂ©tans ko J- sont ordinairement bĂątis dans le plus mauvais style gothique , ils plaisent rarement Ă l'oeil dâun europĂ©en qui est accoutumĂ© de bonne heure aux proportions dâun art plus noble et plus simple. * Le tombeau de Cousro nâest pas plus dans les rĂšgles de lâarchitecture; cependant au total il frappe, et il a quelque chose de mĂ©lancolique qui remplit parfaitement la vue dans laquelle il a Ă©tĂ© construit. Le bĂątiment est Ă -peu-prĂšs quarrĂ© , Ă©levĂ© de quelques dĂ©grĂ©s au-dessus du fol, et ornĂ© dâune coupole dont lâextĂ©rieur est couvert de tuiles de diffĂ©rentes couleurs , qui font au soleil un effet agrĂ©able. Il nây a pas de fonds rĂ©servĂ©s pour lâentretien de ce tombeau, ainsi probablement il ne survivra pas long-tems Ă ces Ă©difices nombreux dont on trouve les ruines dans les environs de Allahabad. PrĂšs du monument de Cousro, il y en a un petit, consacrĂ©, Ă ce que mâa dit un mendiant, Ă la mĂ©moire dâune femme de la famille ImpĂ©riale. Quelques PrĂȘtres MahomĂ©tans , qui vivent dans le jardin, tiennent l'intĂ©rieur du mausolĂ©e trĂšs-propre. Les diffĂ©rentes chambres font bien conservĂ©es, fur-tout celle dans laquelle est posĂ© le cercueuil de bois du Sultan. Dans cette chambre jâapperçus un petit rideau prĂšs du mur, je le tirai, et je fus trĂšs-Ă©tonnĂ© lorsque je vis une main de marbre noir. Pensant Ă lâendroit oĂč jâĂ©tois et au sens que cette reprĂ©sentation pouvoit avoir, je crus dâabord que cette main devoir signifier la toute puissance de la divinitĂ© ; mais jâappris ensuite que ce symbole reprĂ©sentoit ** * Ce jugement ne porte pas fur les monuments prĂšs dâAgiaqui font l'admiration de nos artiiles les plus cĂ©lĂšbres. ** Le Sultan Cousro Ă©tait fil» ainĂ© d* lâEmpeuur JĂ©hangire et mourut en i6sĂŻ. Ci Mahomet, Ali, Fatinne *} Houssein etHaffein, et quâon avoit couvert cette reprĂ©sentation pour obĂ©ir Ă Mahomet, dont le culte exclut des temples des Mahomctans toute image sculptĂ©e ou gravĂ©e ainsi que toute sorte de tableaux. Les Districts de Allahabad payoient anciennement au trĂ©sor ImpĂ©rial 70 ou 80 Jacks de roupies; mais Ă prĂ©sent le pays du Visir est tellement appauvri etdĂ©peuplĂ©, que les mĂȘmes districts rapportent seulement le quart. Chaistah Kan , quâAurengzeb nomma. Gouverneur de Lehar et du Bengale aprĂšs la mort de Amir Joumlach, ** a laissĂ© dans les environs dâAllahabad beaucoup de monuments de sa gĂ©nĂ©rositĂ©. PrĂšs de la ville, Ă une petite distance du bord mĂ©ridional, il fit construire un pavillon fur un rocher isolĂ© au milieu dujoumma. Ce pavillon est Ă©levĂ©, rafraĂźchi par lâair vis du fleuve , et domine un paysage variĂ© jusquâĂ la confusion. Une inscription Persane que je copiai, raconte que Mahomet Schirrif fit finir ce pavillon l'an de l'hegire to 55 . par ordre de Chaistah Kan. *** Mais il est tems de laisser les grands hommes et leurs monuments et dâen revenir Ă mes aventures. Vous savez que lâIndostan est connu depuis long- tems pour les commoditĂ©s quâil offre aux voyageurs 5 ils trouvent Ă -peu-prĂšs tous les 8 ou 10 milles des auberges publiques ou un bastĂŻn dâeau oĂč ils peuvent se dĂ©saltĂ©rer et faire leurs ablutions. La plus grande partie des habitants est accoutumĂ©e Ă une vie fort simple. Le climat est doux ; ils ont peu de besoins. Un abri lĂ©ger contre la pluie ou le soleil, une piĂšce * Fatime , fille de Mahomet, Ă©pousa Ali t en eut deux fils» Jlouffein et Hassern. ** Le gĂ©nĂ©ral quâAurengzeb employa contre le Sultan Choujah. ne savent pas le Persan. ChetĂš-CĂ n qui dĂ©trĂŽna en a 842 Hormaim , Roi de Dehli, est le premier MahomĂ©tan qui ait fondĂ© des Caravanserahs. Ce fait» citĂ© dan* lâ de Dow , est encore connu des habitant. CherĂ©-Cha fit b;;tir la cit*delle deRhotas et le mausolĂ©e de S&sseruni. { *** A p T Ă©sent les Seraoucts font ordinairement-louĂ©s. **** 1 I e v lits des Indous font trĂšs-simples , ils ont des pieds fort "bas. cĂŽtes font de bois de bambou ou dâautre bois commun qui nâest pas travaillĂ© , et le fond est tissu avec des cordes ou de courxoyei. / cheval et celui qui en a soin, je p?ye par jour si peu de these que je nâose pas lâĂ©crire; vous ne le croiriez pas. Si je veux mâaccorder quelque chose , deux ou trois sois de plus me font avoir un plat excellent a\ec une sauce qu'un A'dermann de Londtes dtsireroit pour fou ca lisp-fh. Adieu mon cher ami. C I N Q,U IĂME L E T T R E Ă J. D F. Lcucknov. 1er. Janvier 17R3* Nia derniĂšre lettre datĂ©e de Allah ab ad contenoit quelques dĂ©tails sT cette ville, avec quelques remarques dĂ©cousues comme elles me vendent en Ă©crivant. Je nâai pas eu la prĂ©tention dây mettre de lâordre ; je fais bien aise si je vous ai fait quelque pla sir. Cette lettre- ci est le journal de mon voyage de Allahabad Ă Louck- neio ; elle ne contient rien de nouveau, mais elle pourra vous faire paffer une demi-heure. Jâattendis la fin des cĂ©rĂ©monies funĂšbres que lâon céïébroit en lâhonneur de Houjsein et de H'ijfein ou plutĂŽt eu lâhonneur du derriei et alors je qui tai Allahabad le sn DĂ©cembre, je nâallai pas plus loin ce jour lĂ que Beghoum Seraouce * t L y a trois cosses. I** ] e vous rappellerai en passant, que Houssein et Hasst in Ă©toient fils d Ali, neveu etgendte du prophĂšte Arabe. Houssein sut empoisonnĂ© et H ssein peut dans une,bataille * Beghoum est le fĂ©minin de Bheg, comme Kanoum lâest de Kan. Les deux titres font originairement tartare». Beaucoup de Dames de la famille ImpĂ©riale de TamerĂźan poitoient le dernier. I** En genĂ©r.*. un Coss Indien peut valoir deux milles angiois. f+ +âą La melur que lâon appelle cois, en ladostan, nâest pas par-tout u la mĂȘme. D'aprĂšs les'estimations du Major Rennell, un coi» ordinaire »» 71e vaut pas deux milles angiois, mais feulement 1 mille 9/10. n Memoirs of a map os Hmdostan , p. 4 , ; .N. du f Tra. Allemand.'* ⊠I 6 t * pendant la guerre que Mahomet soutint contre les infidĂšles câest ainsi quâil nommou ceux qui nâĂ©toient pas de s secte. Ainsi tous deux furent martyrs, et le tombeau tic Houfiein, Ă©levĂ© dans le voisinage de Bagdad, est tout aussi respectĂ© des ChĂ»tes, ** que le tombeau de Mahomet lâest des autres MahomĂ©tans. Le si je dĂ©jeunai et fumai ma pipe Ă Touttipour, ou la ville de la victoire. Je demandai pourquoi un petit malheureux village avoir un si beau nom; on me rĂ©pondit quâauciennement, dans cet endroit, on y avoit remportĂ© plusieurs victoires considĂ©rables. Mais qui avoit remportĂ© ces vâetoires, et contre qui ? câest ce quâon ne pouvait me dire. Je fis encore six cosses, et je m'arrĂȘtai Ă Loumchound. frontiĂšre au nord-ouest du district de Allahabnd. Tout le pays Ă©toit dĂ©sert, ce quâon attri- buoit aux brigandages dâun ancien fermier. Lorsque je mis pied Ă terre devant le Caravanserah, je trouvai le* hĂŽtes et leurs femmes dans lâembarras dâune noce quâils cĂ©lĂ©broient, je ne fus si cela venoit de la raretĂ© dâune telle solemnitĂ© ; caries habitants de c es pays font ordinairement Lins gĂȘne, ou si de grands^obstacles avoient arrĂȘtĂ© lon'g-tems le mariage; mais enfin, il Ă©toit impossible de voir plus de gaitĂ©; les hommes Ă©toient rassemblĂ©s en grouppes, ils bu voient de lâarrack, onjouoit du tomtotn, câest un petit tambour, les femmes sĂ©parĂ©es des hommes rnĂąchoient du bĂ©tel en causant. Quoique la fĂȘte occupĂąt beaucoup mes hĂŽtes, ils me donnĂšrent pointant un bon souper et un bon lit. * FoTster Ă©toit mal instruitde la destinĂ©e des deux frĂšre*. Tousdeux furent tuĂ©* par leurs ennemi*. Voy. Chardin voyage en Perse. Vol iii. p 17 3 et tuĂźv. Amsterdjn, 0 . La fĂȘte des deux Martyrs, comme on la cĂ©lĂšbre en ferse, y est exactement dĂ©peinte. Note du Tiad. Ail. ** On appelle ainli le? MahomĂ©tans de la secte d'Ali, FtrĂer icrit Sheiiki . Le Ăź* jâarrivai Ă Kourrah-Manic-Pour huit coss et demi. Pendant la grande chaleur du jour je me reposai dans le Seraouce de Chadzadpour , Chaiftad-Kan, * dont jâai parlĂ© dans ma derniĂšre lettre, lâa fait construire en mĂȘme-tems que la ville. Ce Prince Ă©toit trĂšs-renommĂ© pour son Ă©loquence et sa maniĂšre dâĂ©crire , et on croit que ses talents ont contribuĂ© beaucoup Ă la premiĂšre fortune dâAurengzeb. Le Seraouce de Chadzadpour est bĂąti en briques et en mo ber. Il a des chambres commodes et vastes, mais on a nĂ©gligĂ© do lâentretenir, et i! y a un cĂŽtĂ© de tombĂ©. On a bien tort de laisser tomber des Ă©difices dont la destination est fi utile. Probablement lors de la construction des Seraouces, on a alsignĂ© ou de certaines terres ou dâautres fonds pour les entretenir en bon Ă©tat; mais dans les derniers tems lâIndoftan fut tellement ravagĂ© , et lâesprit de pillage ou peut-ĂȘtre la pauvretĂ© de ceux qui gouvernoient furent tels, quâon sâempara de ces fonds ou quâon les employa autrement. Cependant je blĂąme ainsi une certaine classe dâhommes , et peut-ĂȘtre ai-je tort. En y pensant plus mĂ»rement, une grande partie du reproche doit retomber fur le peuple. LâĂ©goisme, la vanitĂ©, le dĂ©sir de se montrer, quâon nomme comme on voudra cette paffion dont je dĂ©cris les effets, regne parmi les habitants de lâIndostan comme par-tout ailleurs. On la reconnoĂźt fous diffĂ©rentes formes ; mais fur-tout dans la construction des Ă©difices et des autres ouvrages publics. Je demandai un jour Ă un Indou de considĂ©ration, qui avoit lâinspection fur un temple , comment dans un pays si connu par fa bienfaisance, on laiffoit tomber tant dâĂ©difices consacrĂ©s au service des dieux ou Ă lâhospitalitĂ©, tandis quâon Ă©pargnerait beau- * Il Ă©toit oncle dâAurengzeb du cĂŽtĂ© de s» mĂšre. i 6 ĂŒ coup dâargent, et quâon cĂ»r cor s rvĂ© plusieurs monu- mentide lâantiquitĂ© si on les avoic lĂ©parĂ©s Ă icms. lime rĂ©pondit Ira ne h cm eut, que quand mĂȘme il employe- roit tout son bien Ă rĂ©parer les Ă©difices publics, ils conseiveroicnt toujours le nom de leurs premiers fondateurs , au lieu que le* conflruciion dâun nouveau fais oit passer le sien Ă la p^ilĂ©mĂ©. D'aprĂšs cela il est clair quâon attribue seulement au premier fondateur tout le mĂ©rite dâavoir construit un temple, un seraouce ou uri Ă©tang. et quâil nâest pas du tout question de celui qui lâa entretenu ou embelli. Lotte digression mâa empĂȘchĂ© de vous marquer plutĂŽt que je me fuis perdu aujourd'hui. Au lieu dâaller Ă ĂĂanirkpour oĂ je voui ns me rendre, jarrivai Ă Manickpour oĂč je passai une fort mauvaise nuit. Lâair Ă©toit trĂšs-froid, et mes valets, qui avoient pris le bon chemin. avoient mon bagage et mĂȘme ina Une bonne vieille femme , lâhĂŽtesse du Seraouce. me prĂ©parai souper au rfque de n'Ă©tre pas payĂ©e. Cirje lui avois racontĂ© mon accident. Mais avec toute fa bonne volontĂ© elle ne put me rien donner contre un refroidissement qui me 6t trembler la fiĂšvre toute la nuit. PrĂšs du village de Kourrah-Maniripnur , on voit fur une colline les ruines d une forteresse considĂ©rable. Parmi ccs dĂ©bris je trouvai quelques restes tronquĂ©s de sculpture indienne, dumĂȘmt style que celui dâun monument remarquable trouvĂ© dans le voisinage de BenarĂšs. Les morceiux que je trouvai reprĂ©fentoient des couronnes de sl-urs qui. pour la belle simplicitĂ© du dessein et la propretĂ© de l'exĂ©cution , auroient pu le disputer aux ouvages des artistes e rropĂ©ens. Les Indous d'au- jourdâhay ont fort peu de connoiffances des loix des proportions, et pas du tout de celles de la perspective. c 67 I!s imitent exactement et travaillent avec foin; mais leur goĂ»t ne fait encore que naĂźtre. * Le -a3 jâa-tivai Ă GootrĂ©e, deux milles au-deffous de i ' ; i Kourrah Manicuour fur le Gange, et je gagnai Moul- v â taph neuf cosses. Aimas Ali-Kan est lâadministra- teur ou le fermier d'une grande Ă©tendue de pays vers Ht; le du Gange. Cette partie me oarnt moins dĂ©serte que toutes celles du territoire du Vilir que jâavois vues ott jusqu'alors. Des ruines du fort Kotirrah, le Gange fe 'ai tourne d une maniĂšre trĂšs-pittoresque au pied des coĂŻta- line', et le village Manicpour cft situĂ© immĂ©diatement lia- fur le bor ; f ; tentrional. A Mouflaphabad je trouvai Ć mes valett. Je les envoyai Ă ma vieille bouffe qui lut m - - .it accompagnĂ© jufques lĂ pour ĂȘut payĂ©e des irais ucs. de s, ft Le 24 je vins Ă Barc'ly, ville forte, Ă©loignĂ©e de H tsst cofj. Les environs de cette derniĂšre ville font couverts ou de jongle. C est le mot qui dans l'Itidostan exprime dis toute forte de bois. Par-tout oĂč ma vue put s'Ă©tendre, ccr jâapperçus peu de traces de culture , exceptĂ© dans le m district d Aimas qui, par comparaison, eft dans un meilleur Ă©tat. gĂ©nĂ©ral je ne vis qu'un pays de dĂ©solation, L oĂč l'on distinguoit seulement çà et lĂ quelques traces ]!c. d un Ă©tat autrefois plus heureux. Je Le ĂŒ 5 Ă Doolindy 8 cofs. Doolindy est le chef lieu m- dâun district affermĂ© Ă un Indou favori du Visir, il y a et. pâantĂ© un grand jardin et construit de jolies maisons de si- ris * On peut vĂ©rifier la justesse fie "ette remarque, dans un village "" situĂ© vis-Ă -vi deBenarÚ», prĂšs des jardins Ramnagour. Cheytsingya fait Ă©lever une longue fuite dâĂ©difices assez beaux, dan* lesquel* ou trouve quelques Statues de pierre qui ont une expression singuliĂšre et .. de* proportions plu* singuliĂšres cnccic. 68 } Le s6 a Safiindy 10 coss. Pendant cette toute rien Ă remarquer que le spectacle triste dâun pays dĂ©solĂ©. Tont le contraire de ce que jâattendois dans le voisinage d une capitale. Le 27 Ă Loucknow 8 coss. Je logeai dans le seraouce .d/ro/j et pour Ă©viter dâĂȘtre dĂ©couvert je congĂ©diai tout mes valets et nâen gardai quâun seul sur lequel je pou- vois compter. Loucknow est une ville grande et peuplĂ©e, mais laide et irrĂ©guliĂšre. Les rues font Ă©troites, inĂ©gales, et toutes sortes dâordures empĂȘchent presque d'y passer. Le Goomty , qui passe au nord de la ville, est navigable en toutes saisons pour des bateaux dâune grandeur ordinaire. 11 se jette dans le Gange entre BenarĂšs et Gbazepour. U pont de bateaux entretient la communication entre la ville et un grand fauxbourg. Choujah- oud-Dowlah demeuroit Ă Fyzeabad ou Ă Oude. Son fils, qui changea plusieurs des arrangements de son pĂšre , en fit autant pour celui-ci, il transporta son sĂ©jour Ă Locknow. Cependant quelques uns de mes voisins sâinfor- moient qui je pouvois ĂȘtre; alors je passai le fleuve et je pris un logement tranquille et commode dans le seraouce de Houssein Gounguc. Avant mon dĂ©part pour lâeurope, jâavois encore quelques affaires Ă finira Louk- now. Je laissai mon valet dans le seraouce et jâallai Ă la ville fous prĂ©texte dây voir le camp anglois, reĂčdez vous ordinaire de tous les dĂ©soeuvrĂ©s. Jevoulois voir une de mes connoissances que je savois ĂȘtre dans la ville. Je mâapprochai de la porte dâun officier, et je priai les valets de dire Ă leur maĂźtre quâun marchand Mogol, *ilyen a beaucoup Ă Loucknow, deman- * Il 7 avait long-tem» quâon nommoit dĂ©jĂ dans le»Indes MogoU 69 doit Ă lui parler. Quelque doucement que je fisse ma priĂšre , les valets me refusĂšrent fort malhonnĂȘtement, sous prĂ©texte que leur maĂźtre Ă©toit Ă dĂ©jeuner. Cependant il Ă©toit intĂ©ressant pour moi dâĂȘtre instruit de plusieurs choses. Jâessayai dâĂȘtre plus heureux Ă une autre porte qui paroissoit moins difficile Ă forcer; mais ma priĂšre fut encore inutile. Comme je n'avois rien fur moi pour lâappuyer, je fus obligĂ© de partir, quoiquâil fit fort chaud et que ma demeure fĂ»t Ă©loignĂ©e de 4 milles. Cet accident me fut dĂ©sagrĂ©able dans le moment, mais pourtant il me rassura fur mon dĂ©guisement et ma maniĂšre de parier. Je puis assurer quâil y a dans notre monde indien beaucoup de malheureux qui ne peuvent payer leur entrĂ©e dans la maison des Giands, et font pour cela repoussĂ©s par des valets grossiers et fripons. En retournant chez moi, je vis une autre maison europĂ©enne oĂč jâentrai en changeant ma maniĂšre de mâannoncer J e dis au portier que lâon mâavoit appelĂ©. On me conduisit fur le champ au maĂźtre de la maison qui me reçut fort bien et me donna en plusieurs occasions des preuves de son amitiĂ© pendant tout mon sĂ©jour Ă Louknow, je demeurai dans le seraouce , et quoique jây restasse 20 jours , et que pendant ce tems je fisse beaucoup de visites chez les anglois qui demeu- roient dans la ville , je nâinspirai de soupçons Ă per- ou Mogouls, les Ă©trangers qui avoieot le teint blanc et clair et ctoient MahomĂ©tans. Bernier tom. r. pag. 7 , 8 . dit. Quoique ceux qui entrent dam les charge* et dignitĂ©s et mĂȘme dans la milice , ne foyent tous de ta race de Mogols , mais que ce Joietit m des Ă©trangers et gens ramajfĂ©s de tout pays , la plupart Ă©tant Perjans , quelques-uns Arabes et autres Turcs; car il JuĂt Ă prĂ©sent, pour ĂȘtre eĂimi Mogol, d'ĂȘtre Ă©tranger, blanc de vijageet Maho- mĂštan , Ă la diĂinction des Indous qui font bruns et gentils , et des chrĂ©tiens de Veurope qui font appelĂ©s les Franguis. 11 est singulier quâen eurone o* appelle les Mogols Tartareg et en Indoftan les Tartarea Mogols. Cela a occasionnĂ© dĂ©jĂ dei erreur* dam lâhistoive et la gĂ©o graphie. N* du T. A. 7 ° sonne. Au commencement mon hĂŽtesse dĂ©ficit fort savoir le motif de mes frĂ©quentes visites, mais je ne lui donnai pas de rĂ©po- se s-tiffaisante et Ă©lit crut que je suivoisune avantuie amoureusj Je confirmai la benne femme dans se* conjectures, cela lavonsoit mes vues, et elle fut enchantĂ©e de fi dĂ©couverte. SIXIĂME LETTRE Loucknow l6Janviet i?83. Je ne veux pas quitter le territoire d'Assow-ocd-Dow- lah , ou comme on l'appelle, Ă cause de sa dignitĂ©, du Yisir du Royaume, sans faire quelques remarques far la province d Onde. Le pays est bornĂ©, au nord , par des terres appartenantes Ă Napaul et Ă Siring Naahour; Ă I Est, par les possessions angloises ; au sud, par le Joumma; et Ă lâouest, par le Doab etle Gange. Le territoire de Oude en gĂ©nĂ©ral plat et fertile, est arrosĂ© parle Gange, le Joumma. le Goomty. le Gjunlonk et plusieurs autres petites riviĂšres. Ces fleuves baignent les villes les plus considĂ©rables, coupent une grande partie du pay?, et portent de petits bateaux dans tontes les saisons. Si nous avons Ă soutenir la guerre dans ce pliys, nos troupes peuvent ĂȘtre abondamment pourvues de provisions de bouche et de guerre. Ces fleuves, qui facilitent 1 importation, font de forts boulevards contre les courses des Marattes, des Sickes et des Moguls. Les domaines du visir, qui rapportent Ă prĂ©sent, dit-on, deux millions de livres sterling, rapportent beaucoup moins depuis la mort de Choujah-oad-Dowlah On semoqueroit de moi si je voulois essayer dâexpliquer les raisons de cette diminution, câĂ©toit dĂ©jĂ assez triste 7 ' pour moi clâappercevoir les effets dâune administration dĂ©sastre'ffe. Les habitants disent que la population diminue considĂ©rablement, et que le commerce, qui auparavant Ă©toit important et Ă©tendu, s'est perdu en grande partie. Les peines et les t ins les plus actifs dâun gouvernement sage etj . ste. peuvent Luis obvier Ă ces maux qui ont entraĂźnĂ© la ruine des principaux Ă©tats et accĂ©lĂšrent celle d Oucle. C'est le dĂ©sir gĂ©nĂ©ral. Il paroĂźt qu'une grande partie des subsides que Affof- oud-DowIah paye Ă prĂ©sent au ttĂ©sor de la Compagnie Ă Loucknow, est envoyĂ© en Bengale pour subvenir aux besoins les plus pressants de ce pays Des trĂ©sors immenses, amassĂ©es par les employĂ©s de la Compagnie dans la province de Oude, ont Ă©tĂ© emportĂ©s de cette maniĂšre , et notre liaison avec Affe s-oud-DosvIah augmente encore le mal. Les canaux du commerce font trop lents pour des affaires qui doivent ĂȘtre faites promptement et qui nâont toujours pour objet que les besoins du jour ou du moment. Quand on veut de lâargent comptant, on ne cherche pas d'autie moyen, pas dâautre ressource. Puiser ainsi continuellement Ă la mĂȘme source, doit dessĂ©cher nĂ©cessairement bientĂŽt un pays qui nâa pas dĂ©jĂ beaucoup de ressources en lui-mĂȘme, et dont le commerce est gĂȘnĂ© de plus par la charge des monopoles et par la main du gouvernement et de ses agents. On demandoit Lus interruption des lettres de change fur le Bengale, et cela en Ă©levoit le prix au-dessus de leur valeur de dix sept i JĂŻ pour cent. Ce cours mettoit les banquiers en Ă© at dâexporter de l'argent compfent. * La reprise des Jagirs ou des pays aliĂ©nĂ©s nâa pas procurĂ© les avantager * Une exportation plus libre , de* marchandise* de Oude enBsr- fale , a fait tomber cet avantage Ă quatie pour cent. 7 * quâon attendoit. Lej personnes employĂ©es pour cela faisoient presque toutes une dĂ©pense Ă©norme. Elles »voient un rang et un pouvoir conlidĂ©rable et cntrete- noient une quantitĂ© de valets qui angmentoient encore la dĂ©pense. Je ne sais pas quelle en est la cause, et si câest la suite dâune administration plus duie ou dâune gĂ©nĂ©rositĂ© moindre envers les naturels du pays. Le fait est, quâil faute aux yeux que les diliiicts repris font mal cultivĂ©s et mal peuplĂ©s. Quant au militaire duVisir, on nâa rien Ă en dire ses troupes lui servent Ă faire rentrer les impĂŽts, Ă contenir les petits vassaux , et Ă garder fa personne. Le pays nâest dĂ©fendu que par les troupes anglosses que lâon complette ou quâon augmente selon les circonstances. Ces troupes consistent maintenant en SoooCy- payes et 5oo EuropĂ©ens, avec le train d'artillciic nĂ©cessaire Ă un pareil corps. Le trĂ©lor dâAssof-oud Dowlah est- Ă prĂ©sent vuide, mais on dit quâil a payĂ© le reste dâune grosse dette qui Ă©toit cru considĂ©rablement depuis la mort de son pĂšte. Il est bien Ă desirer que les mesures que lâon prendra Ă lâavenir puissent obvier aux maux de ce pays. MalgrĂ© fa grande Ă©tendue et fa fertilitĂ© naturelle, il porte le germe dâune ruine prochaine. La position du pays et fa foibleĂŒe proportionnelle au- roitpu le rendre trĂšs-utile aux angiois, et cependant notre liaison avec le Vesir ne nous adonne aucun avantage vrai et durable. * * Förster parle ici, comme en plusieurs endroits, an dĂ©savantage de Hastings dâune maniĂšre trop tranchante et fana connoitre ce dont il parie. Yoyti HaĂings It Mc statt / India Land. 1786. 8. p. 4». et fuir. N. du T. Allem. SEPTIĂME ?3 SEPTIĂME LETTRE. ĂŻmoukabad 26 Janvier 1733 Je vais voui donner quelques dĂ©tails allez'courts fur mon voyage Ă Ferroukabad oĂč je compte passer deux ou trois jours avec mes compatriotes. Probablement je nâen reverrai plus un avant mon retour en europe. Le 18 je quittai ma demeure Ă Louknow , et aprĂšs avoir marchĂ© lâespace le 7 cosj par la chaleur et la , j'arrivai Ă Nowill-Gounge. Le jour suivant j'atteignis Mtah-Goungue Ă©galement 7 eus». J'Ă©tois enchantĂ© ; mon petit cheval se portoit Ă merveille. Il a , je crois. trop de force dans la mauvaise signification du mot, et Ă la manieie dont il sâanime, dont il hennit quand il voit une jument, sĂ»rement il nâa pas toujours Ă©tĂ© trĂšs-sage; mais il est Ă©crit dans un beau livre quâil nây a pas de sagesse sous la ceinture, cela sâentend fous celles des hommes et des femmes; on peut pardonner un pareil soible Ă un pauvre cheval qui nâa pas de pudeur innĂ©e, ni de* exemples de vertu pour le retenir- Meah Goungue fut bĂąti, Ă ce quâon mâa dit, par Aimas, et a lâair riche et peuplĂ©. Le fermier actuel est un homme actif et rangĂ©. Les habitants prĂ©tendent qu'il est trĂšs-sĂ©vĂšre pour faire rentrer les impĂŽts; mais aussi quâil est trĂšs-scrupuleux Ă remplir ses engagements. Je passai cette soirĂ©e avec un Patane. Il avoir quittĂ© Louknow et retournoit dans fa patrie. Il y avoir mangĂ© en arrak et en filles la plus grande partie de son bien. GâĂ©toit surtout lâarrak quâil aimoit avec passion. Je le vis avec Ă©tonnement vuider en trois heures et demie deux bouteilles dâune liqueur si sotte , que pareille dose eĂ»t G 1 1 n grisĂ© un Ă©lĂ©phant. Il cxcusoit ses goĂ»ts en disant que lâarrak. faisoit disparoĂźtre le, soucis qui le rougeoient lorsquâil Ă©toit Ă jeun. Ce MahomĂ©tan si gai avoir avec lui un vieux musicien fort mal habillĂ© , et qui avoit perdu une partie de ses dents. Notre musicien sans dents, dans les moment, oĂč son traĂźtre ne buvoitni ne eau soit, chantoit quelques odes de Hafez en s'accompagnant fur une dĂ©testable guitare. La voix eĂ»t fait enfuir la bĂȘte la plu, farouche et la plus intrĂ©pide. Ce fut Ă Meah-Goungue , quâun valet que jâavois pris Ă Louknow et le seul encore que jâeusse avec moi, sâen alla avec ma carabine et un poignard Ă moi fort bien travaillĂ©. Le 20 Ă BanghouT-Mow , un grand village dans le district de ĂŻAimas dix cofs. Mon Patanc avoit mangĂ© son argent ; il vendit un vase dâĂ©tain qui lui valut trois roupies, il s'enivra encore ce soir lĂ , et pour que rien ne manquĂąt Ă scs plaisirs, il fit venir une jolie fille qui, pour une demi-toupi , l'amusa tout autant quâune fille de Louknow lâeut pu faire pour vingt. Il temoignoit le plus grand mĂ©pris pour lâAimas. * Il trouble et empĂȘche, disoit-il » les plaisirs de lâamour, parce quâil nâen peut pas jouir lui-mĂȘme. On apporta dans le seraouce plusieurs Cipaycs de IâAlmas qui avoient Ă©tĂ© blessĂ©s Ă lâattaque d un fort, dans les bois, quâon venoit dâemporter aprĂšs un siĂšge de six semaines. Ces soldat» Ă©toient mutilĂ©s dâune maniĂšre horrible. Quelques uns avoient plusieurs balles dans le corps, dâautres Ă©toient Ă©corchĂ©s par les matiĂšre, enflammĂ©es quâon avoit jettĂ©e, fur eux pendant Passant. Jâavois fur moi quelques drogue,, je pansai ceux Ă qui je crus pouvoir ĂȘtre utile, et jâeus le plaisir de rĂ©ussir. Le manque de chirurgien * Alm» st il unuq». 75 est le mal le plus affreux da les guerres des Princes Indiens , fur-tout Ă prĂ©sent oĂč l' des armes Ă feu est si gĂ©nĂ©ral. On peut dire, fans exagĂ©ration, que dans tes armĂ©es Indiennes, il en meurt plus des fuites de leurs blessures quâon nâen tue dans les batailles. AprĂšs une longue journĂ©e de 14 cois, oĂč jâĂ©puisai Ă -peu-prĂšs les forces de mon cheval, j'arrivai le si Ă lâancienne ville de Kinnoug , fittiĂ©e furie Callimouadi , petite riviĂšre qui fe jette dans Je Gange environ 20 milles au-dessous de Ferronkabad. Kinnoug Ă©toit avant la conquĂȘte des MahomĂ©tans une des villes les plus peuplĂ©es et les plus riches des Indes. Une preuve de la grandeur de cette ville , est quâelle a en 3 o,ooo boutiques de bctel et 6000 danseuses et musiciens. Un amas monstrueux de ruines, qui occupe un trĂšs-grand espace, fait voir encore la grandeur de 1 ancien Kinnoug. Parmi ces ruines il y en a peu de reconnoissables, ou de conservĂ©es. On voit seulement quelques parties dâun temple de pierre , Ă©levĂ© anciennement 5 Honneur de Setha, Ă©pouse du Dieu Ram ; m-.*tte dans lâIndostan septentrional, appartient Ă la quatriĂšme caste ou celle des 8 oudcrs parmi les Indous. 1*** Les officiers des Rohillas les plus considĂ©rĂ©s aprĂšs leurs chefs, Ă©toient Kaim-Kan, Chadie-Kan , rera»aul-Kaii , Sultan-Kan er Aloum- Kan-Dhoungiah. Ăź**-v*^ Villages dans le district de Sallanfce , partie du Rohilcound* et situĂ©e Ă 40 milles Ă lâouest de Barcily. Voyez les cartes de Rennels. ++ Mollah est le nom des perionnes qui font instruitei des loix et de la croyance de Mahomet et de lâAicoran. 82 vint voir ses compatriotes dans l'Indostan. On dit que ce Mollah avoit des droits particuliers Ă lâamitiĂ© de Daoud-Kan ; il Ă©toit ou-le pĂšre adoptif de ce chei, ou il l'avoir Ă©levĂ© dans fa jeunesse. Mais quelle quâait Ă©tĂ© la relation entre ce Mollah et Daoud-Kan , il est certain que ce Cha-Aloum fut fort bien reçu Ă Beouly, et que lorsquâil voulut'retourner en Afganistan, on lui donna une somme dâargent pour le dĂ©dommager des frais de son voyage. Le Mollah revint une seconde lois Ă Couthair , * et Daoud-Kan le reçut avec la mĂȘme gĂ©nĂ©rositĂ©. Mais en retournant dans sa patrie , il fut assassinĂ©, et tout ce quâil avoir fur lui fut pillĂ©. Il courut un bruit que cet aliassinat Ă©toit arrivĂ© par les ordres de Daoud-Kan , offensĂ© de quelques propos assez hauts du Mollah. Je nâai parlĂ© de cet Aloum- Lan, que parce quâil fut le pĂšre de cet Flafiiz Ramout , qui Un peu plus tard est devenu si cĂ©lĂšbre et si malheureux. Cependant Ă la fin les Rohillas se brouillĂšrent avec Madar-Saha. Ils quittĂšrent son territoire, se liĂšrent avec Kand-Kan , chef de L et passĂšrent avec lui au service de Amiouth-Kan , Gouverneur de Mora- dabad. *** Ils ne restĂšrent pas long-teins non plus Ă la solde de ce Gouverneur; mais sâapprochant toujours davantage des montagnes du nord, ils firent des couises furie territoire du Rajah de Kcummajun. t Kand-Kan seul refusa avec ses troupes de prendre part Ă ces * Le nom originaire dâune partie du Rohilcound, avant la conquĂȘte de» Rohillas on s'en sert encore dan» les registres publics du pays. ** Bareily, ville considĂ©rable et bien bĂątie dans le centre de Rohilcound. Cartes de Rennais. *** Ville anciennement considĂ©rable U partie septentrional du RohĂŒcound. Voyez les carts de Rennels. + } Pays de montagnes, assez Ă©tendu, soumis Ă un Rajah Indice, t bornant au nord le Robiicouad* 85 expĂ©ditions ou plutĂŽt Ă ces brigandages qui avoient toujours une mauvaise issue. Les Rohillas avoient dĂ©jĂ pĂ©nĂ©trĂ© assez avant dans lâintĂ©rieur du pays, lorsquâils furent tout-Ă -coup investis de tous cĂŽtĂ©s par les montagnards. On leur coupa toute communication, et ils furent forcĂ©s de faire un traitĂ© honteux. Il fallut livrer Daoud-Kan et Ali-Mahomet au iĂźajah, qui fit exĂ©cuter le premier, et le second anroit eu pareil dessin, sâil nâeĂ»t pas trouvĂ© l'occasion de sâĂ©chapper. Les Rohillas ne conviennent pas d'avoir livrĂ© Daaud-Kan au Rajah de Coummajun. Ils prĂ©tendent quâil fut surpris par un parti de brigands qui lâassommĂšrent. AprĂšs ce dĂ©sastre, les Rohillas se retirĂšrent Ă BĂ©ouly et Ă Bourreah oĂč ils avoient laissĂ© leurs familles avant leur expĂ©dition contre Coummajun. Ils sâemparĂšrent bientĂŽt aprĂšs du territoire de Madar Saha qui fut tuĂ© dans un des combats que cette expĂ©dition occasionna. AprĂšs la mort de Daoud Kan, Ali Mahomet , malgrĂ© fa jeunesse, fut choisi * pour chef par les Rohillas qui avoient aimĂ© son pĂšre adoptif. Il parut mĂ©riter cette dignitĂ©. Il etoit brave et entreprenant, et il ne nĂ©gligeoit aucune occasion dâagrandir ses possessions. Un eunuque, qui demeuroit Ă Mounounah ** et aclministroit les biens des Omrahs qui avoient des terres dans le Couthair , engagea par vengeance Ali Mahomet Ă attaquer le chef d'Owlah. AussitĂŽt le pays fut conquis et rĂ©uni au reste des possessions des vainqueurs. AiiMahomel alors chercha *} Mahomet-Kan , fils de Daoiifi-Kan , auquel, son pĂšre prĂ©fĂ©ra AU Mahomet, ou qui apres la mort nt je ine suis servi, porte qae Mahomet-Kan , Ă la mort de son pĂšre , Ă©toit encore-un enfant e* quâil resta quelques annĂ©es dans la maiion de Ali Mahomet. {** Une ville dans le Rohilcound» 8 4 et trouva bientĂŽt lâoccasion de rompre avec lâeunuque ; il lui livra une bataille { + l'eunuque y resta . et le vainqueur, outre tin butin considĂ©rable , prit les biens que son ennemi administroit. MalgrĂ© cela Ali-Mahomet, par lâentremise du visir Koummcr ou !-lcyi i, se reconcilia avec la Cour de Dehli. Il fut mĂȘme chargĂ© de lever le revenus des terres assignĂ©es aux Omrahs, et ou assure quâil les envoya exactement. * C eil de ce moment quâon petit dater la puissance des Rohillas dans le Rchilcound. C'Ă©toit le nom par lequel ils dĂ©lignoient les districts de Coulhair et leurs autres possestions Ă lâest du Gange. Lorsque Aimoud-Qullah- Kan ** fut Ă©loignĂ© du gouvernement de Moradahad , Hounound , chef Indou de distinction, reçut ordre d aller Ă Moradahad, et dâanĂ©antir les Rohillas. Il paroĂźt que Omdul-oul-Moulk , ***Omrah trĂšs-puissant Ă la cour de Mahomet-Cha, fut cause de cet ordre. Il vouloir venger la mort de lâeunuque qui avoir administrĂ© en son nom un jaguir Ă©tendu dans les districts de Mounounah et de Oiolah. Les Rohillas, fous les ordres dâAli Mahomet, marchĂšrent contre Hounound et le battirent complettement. **** Hounound fut tuĂ© avec ses si s, Ă©t Ah-Mahomet sâempara des districts de Moradahad et de Bareily. Ce fut dans ces temps, que AĂčm- Chnn- Doung- Head , qui avoir servi le Semindar de + Cette bataille se donna en 1727 * Une rĂ©volte aussi marquĂ©e que celle que Ali-Mahomet se permit dans 1* voisinage de la cour » etson impunitĂ© , montre dĂ©jĂ la decadence de l'empire Mogol, et prouve que cette puissance , qui avoit rendu le» armes Mogoles invincibles fous Akbar et Aurengzeb, etoit dĂ©jĂ disparue. { ** } Dans quelques papier» fur les KohUlas, il y est dit que Azmouth- OuĂźlah fut dĂ©pouillĂ© par force de ion gouvernement par AU Mahomet. *** Cet Omrah Ă©tait connu fous le nom de Amir-Kan. {**** Ceci arriva lâan V740 r apte» l'irruption de Nadir-Shah dans les Indes. i { 85 fait ah al , * se rĂ©unit avec Mahomet, et lâengagea Ă sâemparer du territoire de son dernier maĂźtre. Le chef des Rohillas qui ne nĂ©gligeoit aucune occasion de faire des conquĂȘtes et du butin, attaqua l'Indou et le chassa. On raconte , mais sans aucun dĂ©tail et fans fixer lâĂ©poque , quâaprĂšs la mort de Ilounound ', Mcer-Mounnoo , fils du visir Koumm Oud-1 cyn , fut envoyĂ© avec une armĂ©e dan» le Rohiicound, pour forcer Ali-Mahomet de rendre compte des revenues du pays, et pour reprendre lâartillerie qui avoit appartenu aux troupe» dâHounound. Ali Mahomet rencontra Meer-Mounnoo lorsquâil palsoit >e Gange prĂšs de Iaranaghour. t Ou dit quâils y firent un traitĂ© , et que le Chef des Rohillas donna fa fille en mariage au frĂšre de Meer-Mounnoo. Câest ici quâon entend parler, pour la premiĂšre fois , de Hafitz-Ramout-Chan. Tout ce quâon fait de son arrivĂ©e dans les Indes, ff câest que ce fut fous le gouvernement de Mahomet, qui donna au nouvel arrivĂ© une place considĂ©rable pour lui faire perdre toute idĂ©e de vengeance du meurtre de Aloum-Chan. D'Hoondi-Chan , neveu de Aloum-Chan , qui vint aussi vraisemblablement dans ce temps Ă Rohiicound , fut aussi trĂšs-bien reçu par Ali-Mahomet. Ce dernier, plutĂŽt par ambition que par vengeance, attaqua le pays de Commajun , sâen empara brusquement, et força le Prince de sâenfuira Scrinagour. fft Il fit dans cette expĂ©dition , non seulement un butin considĂ©rable ; mais il en tira encore un tribut annuel. Les Rohillas mirent garnison dan* le» deux forteresses de Cachipour et Rouderpour , qui de- {* Ville dam la partie du nord - est de Rohiicound, au pied dâunt chaĂźne de montagnes couvertes de bois. Voyez la carte de RenneU. t Vilie dans la partie du nord-oueft du Rohiicound au bord du Gange, Voyez les cartes de Rennels. 1 tt Hafitz-Ranut-Chan vint, dit on , comme marchand au!t Indes» i+tt Un* principautĂ© indienne qui borde 1 Rohilcaund au nord. b pendoient de CĂčmnajun; et Ali-Mabomet voulut le» garder comme un monument de la vengeance quâil avoir tirĂ©e de la mort de son pĂšre. Ali-Mabomet vivoit ordinairement Ă Oiulah . Il introduisit un systĂšme de gouvernement assez ferme, qui protĂ©geoit la classe du peuple, quoiquâil sĂ»t en gĂ©nĂ©ral assez violent et arbitraire. Sourdar Chan, qui avoit donnĂ© de* preuve* de courage dan* plusieurs combats, fut nommĂ© Commandant-GĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e ; et on lut assigna quelques terres pour son entretien. Fouttah-Chan * fut nommĂ© premier TrĂ©sorier et MarĂ©chal avec de* revenus considĂ©rables. Hasitz-Ramout eut Peleabat et Bareily, et Doondt-Chan eutMoradabad . Il paroĂźt qu'ai ors Ali-Mahomet craignoit et respectoit peu le pouvoir de lâEmpereur. Il se rendit maĂźtre de plusieurs choses prĂ©cieuses que le gouverneur de Bengale envoyoit, par le Rohilcound, Ă la Cour de 1 Empereur. 11 mĂ©prisoit tout autant, et brava mĂȘme la puissance de Soujdar-'joung , Souba de âąCudc. Il s'empara d'une grande quantitĂ© de bois de charpente que Soujdar-'joung avoit fait abattre dans les contrĂ©e» septentrionale» du Rohilcound. Sous dar -Joung Ă©toit depuis long-tems irritĂ© contre les conquĂ©rants de Kouttair , ci il eut assez de pouvoir fur Mahomet Shah + pour le dĂ©cider Ă une campagne contre Ali-Mahomet. Le VijĂŻr Koummer-oud-Dcyn hnĂŻssoit mortellement le Souba de Oude. Suivant la coutume des courtisans de ce tems, il vouloir fortifier son parti par toute ⊠Futtah-Chan, nĂ© Indou, fut adoptĂ© par AU-Mahomet ; cela arrive aussi dans les familles Mahomctaoci, quoiqu'il y ait plusieurs autres fils lĂ©gitimes. {* Scuf'lar-Jjung, pour dĂ©cider l'Empereur Ă marcher contre les Rohillas , promit de payer pour chaque jour de marche un lak de roupies, t un de Fizt-Oullafn dans le Laldong, et le retira avec lui Ă Rampoie. y* S -' s > nueĂźleiriĂ©nt aux prĂ©tentions de Hafitz - Ramout, qui ambitionrioit visiblement un pouvoir illimitĂ© ; et ce* hommes prenant chaudement les intĂ©rĂȘts de la veuve de Saoud-Oullah, qui Ă©toit gĂ©nĂ©ralement aimĂ©e, balançoient le pouvoir usurpateur de Kafitz. Puisque je recueille de-s dĂ©tails fur les Rohillas, et que je rapporte ce que lâon dit gĂ©nĂ©ralement, je dois peindre ici, en peu de mots, le caractĂšre de Hafitz-Ramout. Il naquit et fut Ă©levĂ© dans un pays t oĂč chacun est accoutumĂ©, dĂšs fa* plus tendre jeunesse, Ă regarder le service militaire comme la seule maniĂšre de vivre honorablement, et Ă prendre son epĂ©e pour l'arbitre de tous les diffĂ©rents. Hafiiz-Ramout, de sa nature , Ă©toit brave. Cette Ă©ducation le rendit un soldat entreprenant. Son administration fut trĂšs-active, et il lui donna d'autant plus de force , qu'il en connoiffoit et les ressources et les ressorts. Il paroĂźt que dans sa vie publique il respectoit en gĂ©nĂ©ral ses engagements, et ne manquoit pas de bonne foi. Quoiqu'il eĂ»t foulĂ© aux pieds les droits dâun autre pour obtenir sa puissance ; cependant son esprit supĂ©rieur et sa bravoure lui assurĂšrent lâobĂ©issance, et peut-ĂȘtre mĂȘme lâamour de son peuple, qui voyoit en lui un maĂźtre qui savoir Ă©galement et punir et recompenser. Choujah-oud- Doulaw seul nâauroit jamais eu le cĆur de lui tenir tĂȘte en plaine. Hafitz-Ramout Ă©toit malheureux dans sa famille. Cela arrive ordinairement aux Princes dâun pays dans lequel lâhĂ©ritage appartient au plus fort. Enayat- Chan , son fils aĂźnĂ©, se souleva contre lui, fut battu et sâenfuit chez Choujah-oud- Dowlah, dans lâarmĂ©e duquel il servit lors de la bataille de Bouxar. * Les + LâAfganisian. / * Xi retourna apte* dan» U Rohiicound, ctmeuiut »Tant la derniĂšre guerre des Rohillas. 9 5 fils des autres Chefs des Rohiilas avaient eu de pareilles querelles. Tous ce s diffĂ©rents faisaient naĂźtre le trouble et une fermentation gĂ©nĂ©rale , et Ă©toient cause, que lors de lâarrivĂ©e des armĂ©es rĂ©unies de Choujah-oud- Dowlah et des ariglcis, chaque Chef craignoit plus lâagrandissement de la puissance de ses rivaux que 1 irruption des ennemis. Je Unirai ces dĂ©tails en remarquant que les con- quĂ©rans Afganiens du Uohilcound Ă©toient un tas de brigands hardis et ne respectant aucune loi. AprĂšs avoir fondĂ© leur puissance dans lcshules. ils prirent, peu- Ă -peu, les vices et les moeurs effĂ©minĂ©es des peuples du sud, et se firent bientĂŽt connaĂźtre par leurs ruses, leurs intrigues et leurs artifices. Les Rohiilas, surtout dans les derniĂšres classes , ctoient. Ă quelque exception prĂšs, la feule secte ou classe de Mahomctans, dans lâIndostan. qui travaillassent Ă la terre; et lâabondance et lâexcellence des produitrede leur pays rĂ©compensait richement leurs peines, t Les actions de Najeb Chan , surtout celles des derniĂšres Ă©poques de fa vie, Ă©tant liĂ©es avec l'hifloirc des Rohiilas, je leur ai dellinĂ© une place particuliĂšre. Cela les fera paraĂźtre dans leur jour convenable , et me donnera i occasion de rendre hommage Ă la mĂ©moire dâun guerrier brave et gĂ©nĂ©reux, . et dâun homme dâĂ©tat du mĂ©rite le plus distinguĂ©. Nnjcb- Chan , neveu de Bijcharout-Chan , dont jâai parlĂ© plus haut, vint en Rohilcound pendant le gouvernement dâAli - Mahomet. On lui confia une petite troupe que i on dit nâavoir Ă©tĂ© que de iĂŻ fantassins et { + Ce pays rapportoit par an aux Rohiilas un million de livres sterling, et l'administration vicieuse du Nair lâa fait tomber quelquefois Ă trente mille livres sterling. Il rapporte au plus 40,000 liv. st. 97 de is cavaliers. Son courage et son activitĂ© le firent bientĂŽt connoĂźtre dâune maniĂšre avantageuse dâAli- Mahomet. Il lui confia un polie ou un commandement important. Il lui fit avoir mĂȘme, pour femme . la fille de Dhoondy-Chan. Pendant que Ali-Mahomet Ă©toit Gouverneur Ă Sirfiend, Najefc-Chan lui rendit un service important, en soumettant un Rajah Indien des environs. Lorsque les Rohillas retournĂšrent dans le Rohilcound, Dhoondy-Chan lui donna les dillricts de Duranaghour et de Chaundpour. Najed-Chan ne sâen contenta pas long-tcras il paiia le Gange et fit des incursions dans le payĂź des Goojers + jusqu es Ă Ghoit/kgour et Sarounpour. ++ AprĂšs la mort de Mahomtt-Shah , * Soufdar-joung annonça clairement ses intentions hostile? contre la cour, gouvernĂ©e alors parle Visir Ghaze-oud-Deyn. 11 conduisit une armĂ©e contre DchĂŒ , et pria les Chefs des Rohillas, toujours prĂȘts Ă prendre les armes, sâil y avoir quelque chose Ă gagner ou des conquĂȘtes Ă faire , de se rĂ©unir avec lui. Sous lar - Joung n'Ă©toit plus Ă©loignĂ© deDehii, lorsquâun courtisan ** gagna Xajeb- Chan par des promesses considĂ©rables et tâengagea Ă se sĂ©parer de Soufdar-^oung et de se joindre Ă lâEmpereur. Cette dĂ©fection engagea les autres troupes des Rohillas, Ă la tĂȘte desquelles Ă©toit Hafitz-Rament, Ă retourner dans leur patrie. Najeb Chan fut reçu par Ghaze-Oud- Deyn de la maniĂšre h. plus honorable, et nommĂ© GĂ©nĂ©ral en Chef de lâarmĂ©e ImpĂ©riale, il attaqua alors + Une secte dâtndous dans les hautes qui appartiennent Ă la quatriĂšme cafte ; ils cultivent 1. terre et portent les armes. ++ Voyez la carte de Rennels. * Mahomet-Shah mourut en 17 47 son fils \hmed'ShaU lui succĂ©da. ** Son nom Ă©toit Devising. 98 ^ y Sousdar-Joung et lui fit repasser le Gange. A la fin de cette campagne, dans laquelle le Kohilla avoir Ă©tĂ© blessĂ© , il reçut de l'Empereur le titre de Najefc-oud- Dowlah. Il marcha ensuite avec un corps de troupes considĂ©rable dans le Rohâlcound, et il Ă©tablit un bon gouvernement dans les dillricts qui lui appartenoient. Quoiquâil ne voulĂ»t pas ĂȘtre dans la dĂ©pendance de Hasitz-Ramouth, on le regarda pourtant comme un membre de lâĂ©tat des Rohillas. Le crĂ©dit de Najeb-oud- Dowlah Ă la Cour , et son caractĂšre extrĂȘmement populaire, le faisoit craindre de Hafitz-Kamouth qui lui portoit envie. Il voyait dans l'agrandissement du pouvoir de son rival la diminution du sien. Une inimitiĂ© rĂ©ciproque amena bientĂŽt des hollilitĂ©s qui occasionncremune guerre civile parqri tous les Rohillas. Au commencement des troubles, Sauod-Oullah- Cban,.qui portoit encore le nom de Chef de l'Ă©tat avoir pris le parti de Najeb- oud-Dosvlah. Hafitz-Ramout et ses partisans le forcĂšrent bientĂŽt dâabandonner le parti quâil avoit pris. Ils possĂ©doient les revenus du pays, et ils pouvoient ainsi le favoriser ou le gĂȘner Ă leurgrĂ©. Najeb-oud-Dowlah , voyant qu'il ne pouvoir tenir tĂȘte Ă la ligue redoutable sonnĂ©e contre lui, sâĂ©loigna du Rohijcound et fa rendit Ă la Cour. A son arrivĂ©e Ă Dehli, il fut chargĂ© de la commission, que peut-ĂȘtre il demanda, de moriginer et mettre Ă la raison le gouverneur MabomĂ©tan de Sarounpour , * qui gardoit son territoire les armes Ă la main , et ne vouloir rendre aucun compte des revenus quâil Ă©toit obligĂ© de verser dans le trĂ©sor ImpĂ©rial. Le rebelle se retira Ă * Cette ville est dans la partie septentrionale de Douab, et appartient Ă prĂ©sent Ă Gbouro-Kauder-Kan, âą p;Ăźt fil» de Najeb-oud- Dowlah. > ! 99 l'approche de Najeb ourl-Dorvlah, et les districts de Sarounpour et de Ghoufgour furent aisĂ©ment conquis. Najeb-oud-Dowlah passa alors le Gange, avec les soldats aguerris qu'il avoir avec lui, et Ăźeprit ses anciens districts auxquels il joignit ceux de Tillalabad. Il fit bĂątir, dans la partie septentrionale de ses nouvelles conquĂȘtes, la ville deNajebabad, f qui fut en peu de tems dĂ©corĂ©e de maisons belles et commodes, et devint le centre dâun commerce considĂ©rable. Il construisit aussi, Ă un mille de cette ville , la forteresse de Najeb-Gkour. ++ Les habitants de la ville pouvoient en tems de guerre y sauver une partie de leurs biens et y trouver la furetĂ© pour leurs personnes. Jâai cherchĂ© vainement des dĂ©tails fur les premiers exploits de Najeb-oud-Dowlah ; ceux que l'on a font extrĂȘmement confus ; mais ce quâil y a de certain . câest quâen 1757, Ghaze-oud Deyn lâĂ©leva Ă la dignitĂ© de Meer-Bouckfy * avec le titre d'Amir-oul-Oinrah. Quatre annĂ©es auparavant, en 1753, le protecteur de Najcb-oud- Dovvlah avoit dĂ©posĂ© Ahmet-Shah. son maĂźtre, et l'avoir privĂ© de ta vue.. Il mit Ă sa place sur le trĂŽne Aloumguir Sani , pĂšre de lâEmpereur actuel. Lorsque les Durannics ou Afganes pĂ©nĂ©trĂšrent pour la quatriĂšme fois dans lâIndostan, ** pour gagner quelque chose au dĂ©membrement de l'empire Mogoi, f Dans le nord du Rohilcound. V. Rennels. t+ } Cette forteresse sut autfi nommĂ©e v * Que lâon voye ThUtoire de l'Jndostan de Dow , dans le Cazanaher Omali, livre peisan, qui parle des derniers Empereurs de lâIndostan, on y trouve que Najeb - oud'- Dowlah fut Ă©levĂ© Ă cette dignitĂ© par Ahmet-Shah Mais j'ai mieux aimĂ© suivre Dow, parce qu'il est plu* vraisemblable que Najeb-oud-Dowlah reçut cette dignitĂ© de la Cour de laquelle il Ă©toit. o3 Sooridge Moull , le chef des Jatts , commença la campagne par attaquer un laguir'dar , f MahomĂ©taa valsai de Najeb-oud-Dowlah. .Ce dernier remporta une victoire aisĂ©e et complĂšte sur son adversaire. Cette guerre fut funeste Ă Socridge Moull , ff et cependant Najeb-oud-Dowlah nâen retira pas un grand avantage ; les Sicques inondĂšrent le district de Sarounpour. Il fut forcĂ© de marcher au-devant de ces nouveaux ennemis et de perdre les fruits de fa victoire. Dans l'automne de lâannĂ©e 1764., Najeb-oud-Dowlah fut attaquĂ© Ă Dehli par une armĂ©e nombreuse de Ma- homĂ©tans , de Jatts et de Sicques, qu c Jcwayir Sing , fils de Sooridge Moull, avoit ramassĂ©s dans lâespĂ©rance dâanĂ©antir la puissance de Najeb oud-Dowlah et de venger la mort de son pĂšre. Ghaze-oud-Deyn , qui avoit levĂ© une troupe de Patanes de Ferrouckabad, se rĂ©unit encore avec les troupes alliĂ©es. AprĂšs un siĂšge de quatre mois, oĂč il avoit beaucoup souffert faute de provisions et d'argent, Najeb-oud-Dowlah persuada Ă Mouttar-Row , chef des Maraues, de retirer ses troupes de lâarmĂ©e de Jewayir-Sing. Celui-ci leva le siĂšge aprĂšs la dĂ©fection dâun alliĂ© si puissant, et il le fit dâautant plus vite , que le Roi des Afganes arrivent Ă Sihrend et se pressoir de venir au secours de Najeb- oud-Dowlah. A peine cependant Najeb sâĂ©toit - il remis de lâembarras dans lequel la derniĂšre alliance formĂ©e contre lui lâavoit mis, qu'il sentit la nĂ©cessitĂ© de rĂ©unir toutes ses forces pour dĂ©fendre ses possessions , Ă lâouest du Gange , contre les pillages des + Moofah-Kan , Jaguidar de Ferrouk-Nagour, district entre Dehli et Agra. âąH SooriĂŻit-Meull fut tuĂ© en 1763 , un combat qui se donna dans les plaines de Ghezeabad prĂšs du fleuve Hindia et Ă envirti* 18 millet de Dehli. \ l0 4 Sicques, qui paruiilciu ĂȘtre faits exprĂšs par la nature, pour faire la petite guerre. En 1770 Najeb-oud-Dowlah se rĂ©unit avec lâarmĂ©e des Marattes qui vinrent en 'Indoflan , conduits par Touckejci Holkar et Mhadgte Scindia; et je trouve dans mes papiers , fur les Rohillas , que Najt b les avoit engagĂ©s lui-mĂȘme Ă chasser les Sicques du Douai. Cepen- dantNajeb-oud-Dowlah sâaffoibĂŒssoit chaque jour. Une maladie violente lâattaqua dans le camp des Marattes. Il laissa une partie de son armĂ©e fous les ordres de Tjibitah Chan , son fils aĂźnĂ©, et il alla avec le reste de ses troupes dans le Rohilcound. Riais fa maladie augmenta tellement, quâil ne put aller quâĂ Happer , petite ville dans le Douab , et il y mourut en octobre 1770. Son- corps fut portĂ© Ă Najib et mis dans un tombeau, bĂąti par les ordres, prĂšs de cette ville. Najeb- oud-Dowlah possĂ©doit, soit en propre, soit comme un fief de remplie, une Ă©tendue de pays qui alloit de Panifrett, Ă lâest , jusquâĂ Najebad dans le Douab. Ses poste fiions Ă©toient bornĂ©es , au nord, par Sarampour, et au sud par les lauxbourgs de Dheli ; dans le Rohilcound elles sâĂ©tendoient depuis les montagnes de Sering Naghour jusquâaux districts de Moradabad. f Les revenus de ce pays, dans son Ă©tat florissant, Ă©toient estimĂ©s Ă cent lacks de roupies. On prĂ©tend que les pdlagfes des Sicqu-es les firent tomber au-dessous de soixante-dix, et mĂȘme ils nâeussent pas Ă©tĂ© portĂ©s si loin, si Najeb-oud-Dowlah nâeĂ»t pas su employer en maĂźtre , et la force et les nĂ©gociations dans les affaires quâil eut Ă traiter avec ces brigands. Ses sujets le regrettĂšrent. Ils chĂ©rissent et honorent encore sa mĂ©moire. t Ville considĂ©rable dans le Rohilcound, UtuĂše au bord dli JtVoyca ls cartes de Rannel. II I ° 5 11 soutint le caractĂšre dâun brave chef. Il favorisa lâagriculture, protĂ©gea le commerce ; et ou le considĂ©roit comme le seul officier de lâempire qu on pĂ»t opposer avec confiance aux attaques des Marattes et des Sicques. DĂ©tails fur la vit de Choujah-oud-Dowlak. Mes amis m'ayant su procurer une bonne provision de titres et de papiers-relatifs Ă lâhiltoire de la famille de Choujah-oud-Dowlah ainsi qu Ă fa vie , je fuis en Ă©tat de lâĂ©crire. Ce Prince joua un rĂŽle important fur le théùtre de lâIndostan, et ses relations avec les anglois, dans les Indes, lui mĂ©ritent une place dans les annales de cette nation. Jâai choisi mes matĂ©riaux avec attention, et je les ai employĂ©s avec prĂ©caution ; ainsi , je crois fermement quâon nâappercevra , dans mon rĂ©cit , aucune trace de prĂ©vention, ni la moindre envie d exagĂ©rer ou de supprimer les faits. Si je dĂ©sirĂ© peindie les actions de ce Prince, qui nâĂ©toit pas un homme ordinaire , câest pour quâon puisse se former , d aprĂšs son caractĂšre et ses sentiments, une juste idĂ©e des dispositions et des qualitĂ©s morales dâun Indou. Clioujah-oud-Dowlah , fils de Soufdar-Joung et dâune fille d t Saadout - Kan , naquit Ă Dehli en 1729. En Indostan ce nâest pas une longue fuite dâaĂŻeux , câest Ja fortune et la victoire qui donne le plus de droits Ă l'empire Cependant une naissance illustre donne encore , mĂȘme dans les Indes , un grand Ă©clat aux autres avantages dâun chef heureux ; et les descendants d'ancĂȘtres illustres -pensent ausii Ă leur naissance avec un plaisir mĂȘlĂ© dâorgueil. Je dois Ă la vĂ©ritĂ© de juJtisier I 1 106 les prĂ©tentions de la famille de Choujah-oud-Dowlah. Dans lâhistoire de 1 Indostan de Dow , on le nomme le fils infĂąme dâun petit marchand Persan plus infĂąme encore. * Les ancĂȘtres de Choujah-oud-Dowlah demcuroient depuis long-tems Ă Nishabour, ville du Chorasan. Ils y possĂ©dĂšrent de grands biens, et Ă©toient au nombre des personnes les plus considĂ©rĂ©es de la province. Jâai eu occasion, dans mon voyage en Perse, de parler Ă quelques habitants de Nishabour, et ils me montrĂšrent des tĂ©moignages ou des preuves irrĂ©cusables de lâillustration de la famille de Choujah-oud- Dowlah. Pour prouver ce que jâavance, mĂȘme quand cela deviendroit un peu long, il faut remarquer, que Mirjah Nasseer, ** le grand pĂšre de Choujah-oud- Dowlah vint en lndostan au commencement du regne de Bahaoudar-Shah, *** qui lui donna une place considĂ©rable Ă Patna , oĂč on voit encore son tombeau. Mirjah Nalseer eut deux fils. Le second , Mahomet Aumeen, apprenant la mort de son pĂšre, quitta la Perse et arriva environ en 1708 Ă la cour de Fourrouksir. Ce Prince le nomma gouverneur dâAgra ; mais bientĂŽt il obtint des places plus importantes, et il devint Vice- Roi dOude avec le titre de Saradout - Kdn Bourhaan Oui-Moulk. La soumission de cette province , quiavoit Ă©tĂ© long-tems rĂ©voltĂ©e, lui valut sa rĂ©putation mili- * Dow cherche partout Ă rendre odieux le caractĂšre et la famille du Visir. Choujah-oud-Dowlah entendant 1 er expreffions inlultante» avec lesquelles Dow parla de ta naissance , les attribua Ă la vengeance que lâhistorien voulut tirer du refus quâon lui avoit fait de la ferme du SalpĂȘtre dans le district de AUahabad. 1 ** Saadout-Kan avec le titre de Bourhaan-oul-Moulk. *** Cet Empereur commença Ă rĂ©gner, eu 1707, et mouru* en 171*. { I0 7 taire , et ii fat honorĂ© de la dignitĂ© de Darogha-Kan * et du commandement de 7000 hommes- de cavalerie. Dans ce tems vint aux. Indes Mnhomet - Mouckeim , appelle ensuite Soufdar-Joung, neveu de Saadout-Kan. Il Ă©pousa la fille de son oncle, et n en eut, autant que je puis savoir, que Choujah - oud - Dowlah. Soufdar- Joung avoir du mĂ©rite et des talents. Il devint le plĂ©nipotentiaire de Saadout-Kan dans le gouvernement de Ou de. Au milieu du regne de Mahomet - Shah , 'â*â les Marattes , incitĂ©s Ă ce que l'on croit par Nitam oul- Moulck . fl alors brouillĂ© avec la cour, pĂ©nĂ©trĂšrent dans lâempire et y firent des ravages horribles. Mais lorsqu'ils voulurent entrer en Oude , Saadout-Kan, qui commandoit ses troupes en personne , les attaqua et les battit. Il se rĂ©unit ensuite avec l'armĂ©e ImpĂ©riale , quâon avoit rassemblĂ©s pour chasser l'ennemi ; mais fous le prĂ©texte dâune maladie , il quitta le camp de iâEmpereur et retournaĂ Oude. On dit que Saadout- Kan , liĂ© avec Nizam-oul-Moulck, avoit engagĂ© Nadir Shah a entrer dans les Indes, et lui avoit promis un secours puissant dans lâintĂ©rieur du Royaume et une conquĂȘte facile de lâIndosian. Cette conjecture elt racontĂ©e comme un fait positif dans 1 histoire de Dow. Ou la trouve aufli dans lâhistoire de Nadir Shah, par Fraser-, histoire qui du reste est Ă©crite avec beaucoup de clartĂ© et de vĂ©ritĂ©. Cet auteur prĂ©tend que Saadout- Kan prit part aux intelligences perfides que quelques courtisans mĂ©contents de Dehli entretenoient avec le {* Darogka-Kan est une place Ă la Cour qui rĂ©pond Ă celle de Laure de !.. maiton du Roi en angteteire. 1 ** Le ?nnce monta fur le trĂŽne en 17 19 , et mourut en 3 747 t Le pĂšre Ă ĂŒdS'izam'Oul-Mtulch quj vit encore. I 9 -o8 Roi de Perse. Mais lâassertion de Fraser nâest soutenue dâaucune preqve ; et on ne trouve aucun dĂ©tail des avantages que Saadout-Kan a ut oit obtenus ou quâil eĂ»t cru obtenir par lâinvasion des Perses. Si jâosois tirer une consĂ©quence vraisemblable de la conduite de Saadout-Kan, comme elle est peinte dans Fraser, je soutiendrons que le Gouverneur de Oude n'a pris aucune part aux nĂ©gociations ou Ă la faveur de Nadir- Shah. Car sâil avoir eu la saveur de ce Prince, Ă laquelle il eĂ»t pu prĂ©tendre dâaprĂšs les services quâil Ă©toit censĂ© lui avoir rendus, il nâcll pas vraisemblable quâune partie du malheur qui Ă©crasa l'armĂ©e impĂ©riale prĂšs de Carnal , fĂ»t tombĂ©e aussi fur Saadout-Kan. On peut mĂȘme voir dâaprĂšs un endroit de lâhistoire de Fraser, que Saadout-Kan ne pouvoir ni entretenir une correspondance familiĂšre avec le Roi de Perse, ni recevoir des preuves de fa faveur. Fraser dit invitation qui le dĂ©cida Ă tenter cette entreprise ,, et ainsi de suite. dans un autre endroit il dit u Ă >, lâapproche de Nadir de la capitale , Saadout Kan ,, reçut ordre de se rĂ©unir avec lâarmĂ©e ImpĂ©riale , et ,, jl avoit dĂ©jĂ passĂ© le Gange lorsquâon lui envoya un ,, nouvel ordre de retourner en Oude. 11 avoit Ă©tĂ© ,, dĂ©cidĂ©, dans le conseil incertain et troublĂ© de ,, Mahomet-Shah , que lâarmĂ©e ImpĂ©riale entreroit en >> campagne sous les ordres du Visir, et que lâEmpereur j> resteroit Ă Dehli, dĂ©fendu parles troupes de Saadout- >> Kan, On fit savoir Ă cet Omerah 1 ordre de 1 Emir pereur; mais une maladie ou une indisposition le >» retint Ă Oude. Il arriva pourtant en FĂ©vrier au >> camp de Mahomet-Shah , qui, malgrĂ© sa premiĂšre -, rĂ©solution , sâĂ©toit rendu Ă lâarmĂ©e. Le jour mĂȘme 5, de fa rĂ©union avec lâarmĂ©e ImpĂ©riale , * le camp m fut attaquĂ© et pillĂ© par un corps de Persans , et -, beaucoup de soldats de Saadout-Kan y surent tuĂ©s. A 5» la premiĂšre nouvelle de cette attaque , Saadout Kan ,» quitta la tente de l'Empereur oĂč il Ă©toit allĂ© pour -> lui faire fa cour et vola au secours des siens. -, Kan Dowrhan, GĂ©nĂ©ral de lâEmpereur , voulut ap- -, puyer Saadout-Kan ; et bientĂŽt la plupart des GĂ©- ,5 nĂ©raux ImpĂ©riaux qui commandoient des corps -, sĂ©parĂ©s en vinrent aussi aux mains. Nadir-Shah ap- 5 , prenant que le combat devenoit se ri eux et opiniĂątre , s, se mit lui-mĂȘme Ă la tĂȘte de ses troupes auxquelles 55 alors on ne put plus rĂ©sister, et qui remportĂšrent s, une victoire complĂšte fur lâarmĂ©e ennemie , qui 5, perdit beaucoup de monde , soit en officiers , soit s, en soldats. Kan-Dowrhan fut blessĂ© Ă mort. Son fils 55 aĂźnĂ© fut tuĂ© avec beaucoup dâautres Omrahs , et 55 Saadout-Kan tomba dans les mains de lâennemi. 55 Le bruit courut, que dans l'armĂ©e de Nadir, il s, y avoir eu Ăź 5 oo soldats et 7 officiers de distinction 55 de tuĂ©s, et 5 ooo blessĂ©s. AprĂšs la bataille, Nadir 55 Shah donna ordre de dresser une tente prĂšs de son 55 quartier-gĂ©nĂ©ral , pour Saadout-Kan et deux autres 55 Omerahs. Le bagage et les valets de ces officiers 55 furent envoyĂ©s au camp. Aucun dâeux ne devoir 55 se faire connoĂźtre Ă son maĂźtre , et il ne fut pas 55 permis aux prisonniers de fe servir de leurs propres 5 > provisions. -, AprĂšs cela Mr. Fraser ne parle plus de Saadout-Kan. * Lâarmcc Ă©toit Ă Carnal, campĂ©e Ă environ 10» mille,, Ă lâoueft, de Dehli. r>° Il dit seulement quâon lui donna le commandement de la ville de Dehli le jour que Nadi. Shah fit son entrĂ©e; que le J Mars 17 3g , Nadii-Shah Cappella et lâaccusa d'ĂȘtre le principal obstacle Ă la levee drs contributions imposĂ©es ; et il ajoute , que Saadout Kan , qui depuit long-tems Ă©toit malade , mourut le jour suivant. Fraser finit ces dĂ©tails , fur Saadout Kan , en conjecturant ou en rapportant le bruit qui courut quâil mourut de chagrin Ă cause des reproches de Nadir-Shah. Dâautres disent, que par jalousie il sâempoisonna. * D aprĂšs lâextrait de ce que dit Fraser, sur la conduite de Saadout-Kan , et que je viens de communiquer , on dĂ©cider la qtestioi. sâil est croyable que Saadout-Kan ait invite Nadir-Shah Ă venir en Indostan. Cet Eciivain, qui nous a donnĂ© une partie intĂ©ressante de 1 histoire Indienne , remarque , dan» dâautres endroits, que le Roi de Perse donna , Ă plusieurs Omrahs de la cour de Mahomet - Shah , des marques de bontĂ© et de gĂ©nĂ©rositĂ© ; mais il ne cite pas un seul exemple de gĂ©nĂ©rositĂ©, mĂȘme de douceur, envers Saadout Kan. Au contraire , il paroĂźt d'aprĂšs lâhistoire de Fraser, que Saadout-Kan perdit beaucoup Ă la bataille de Karnal , et fut traitĂ© ensuite avec beaucoup de duretĂ©. Soufdar Jeung , qui vivoit en Oude lors de la mort de son oncle , lui succĂ©da dans le gouvernement. Une tradition conservĂ©e dans cette famille , raconte que cela arriva par la grĂące de Nadir-Shah. Mais la conduite gĂ©nĂ©reuse du Roi de Perse envers Mahomet- Shah, me porte plutĂŽt Ă croire, que Soufdar-Joung {* A Dehli on cioyoit quâil Ă©toit mort des suites dâun abcĂšs Ă la rr- fut nommĂ© par son propre Prince. AprĂšs le dĂ©part de Nadir-Shah de Dehli, Soufdar-Joung vint Ă la cour, et obtint la dignitĂ© de Mecr-Atousch ou de Commandant-gĂ©nĂ©ral de lâartillerie ImpĂ©riale. En 1746 , Ahmet - Shah dâAfganie entra dans l'In- dostan, et avoit dĂ©jĂ pĂ©nĂ©trĂ© jusquâĂ Sihrend , lorsque lâarmĂ©e Mogole lâarrĂȘta. Soufdar-Joung avoit une des premiĂšres places dans cette armĂ©e. BientĂŽt aprĂšs, Ahmet-Shah, * le Mogol, monta fur le trĂŽne, et Soufdar-Joung fut Ă©levĂ© au Visirat, et son fils Ghoujah- oud-Dowlah eut le commandement de lâartillerie ; mais Ghaze-oud-Deyn, petit fils du grandNizam-oud- Moulck,Najeb-oud-Dowlah,le Rohilla, et Tameid-Kan, un eunuque de la cour, se rĂ©unirent contre Soufdar-Joung etle forcĂšrent de quitter Dehli. Avant de sâĂ©loigner, il fit tuer Tameid-Kan dans une grande fĂȘte quâil lui donna dans fa propre maison. Soufdar-Joung ramassa bientĂŽt des forces considĂ©rables , attaqua le territoire de lâempire, et assiĂ©gea Dehli, ** quâil tint Ă©troitement resserrĂ© pendant six mois. On lâaccuse dâavoir, pendant cer liĂšge , exercĂ© plusieurs cruautĂ©s de gai tĂ© de cĆur. Par exemple , il fit tirer fur le palais de lâEmpereur dont la ruine ne lui facilitent en rien la prise de la citadelle- Ea cour fut enfin obligĂ©e de se soumettre aux conditions du rebelle. Il demanda que les provinces de Oude et de Allah a- badlui fussent cĂ©dĂ©es pour lui et ses hĂ©ritiers. Soufdar- Joungmouruten 1754 fous le regne de Aloumgouir Seyn, et son fils Choujah-bud-Dowlah , f ĂągĂ© alors de r 5 Ce Prince commença Ă regnei en 1747. ** Cela arriva en 17 53 . + } Le nom de famille de ce Prince Ă©toit Tillah-oud-Deyn-Hyder. Son pĂšre , qui dam le tems de fa naissance Ă©toit Ă Oude , fit bĂątirdans r" ans. devint Ă ÂŁa place Sonba de Onde. Mon but nâest p is de mâetendre longuement fur Soufdar-Joung. Il me fuflira de dire que son caractĂšre Ă©toit dur et souvent cruel, et que son esprit de pillage le tendit gĂ©nĂ©ralement odieux. Pour expliquer les commencements de la vie publique de Choujah oud Dowlah. il faut peindre la position de la cour de DĂ©bit dans ce temps. Ghaze-oud-Deyn, qui en 1753 avoir dĂ©posĂ© Ahmct-Shah et l'avoir privĂ© de la vue , tir va Aloumgouir Sayn lur le trĂŽne. Ali Ghohir Ids aĂźnĂ© de te nouvel Empereur, connoistant la perfidie etles projets dangereux de ce Ministre, sâensuit de Dehli. t; Le fugitif, accompagnĂ© d une petite troupe de MarĂątres qu il avoir pris as. solde pour quelques mois, leva quelques contributions dans les districts situĂ©s an sud de la capitale ; mais ces contributions ne Liffiloient pas pour entretenir ses troupes. 11 demanda du secours au Kohilla Najeb-Kan, et ayant efluyĂ© un se rendit sur le territoire de Ghi ujah Le Piince fut traitĂ© pendapt quel ;ues tems Ă Oude avec de grands honneurs et des Ă©gards dns a 1 lies jitaiiiĂ© ; mais on ne lui donna pas de troupes Enfin on le lit partir dâune maniĂšre polie, et 1 i alla Ă Aliahabad, on dans ce temps Mahomet . nĂ© en Perse et cousin de Choujah-oud- Dqwlaii, eteit Gouverneur. Mahomet Couli adopta avec vivacitĂ© le» projets du Prince. Il vouioit faire la conquĂȘte .du Behar et du Bengale. Les troupes rĂ©unies pastĂšrent le Caramaffa et furent, aprĂšs plusieurs alternatives de revers et de succĂšs, battues prĂšs de le voisinage rie Loueknow le fort Tillahabad , en mĂ©moire de son bonheur d'.tvoir un fil*. t Cela arriva en 1758. Souan par les anglais. La maniĂšre honorable dont on reçut Ali-Ghohir pendant son sĂ©jour dans le camp anglois, excita la jolousie de Cassoum-Ali-Kan. Il fit sentir, dâune maniĂšre fort dure, combien cette liaison avec un Prince qui venoit d ĂȘtre son ennemi, lui dĂ©- plaisoit. Le Prince accusa Cassoum, Ă son tour, de vouloir faire soulever ses troupes ; ce qui arriva aussi dâune maniĂšre fort dangereuse, et ce qui eĂ»t attirĂ© au Prince plusieurs affionts, si les anglois ne lâeussent pris fous leur protection. Ces Ă©vĂ©nements forcĂšrent Ali-Ghohir de se retirer encore auprĂšs de Choujah- oud-Dowlah, qui reçut le Roi * fugitif avec les honneurs les plus distinguĂ©s , et s Ă©tablit le dĂ©fenseur de la cause des Rois. Pour mettre dans son jour un point de l'histoire de Choujah - oud - Dowlah , je dois remonter jusquâau* tems plus anciens, et en chercher lâorigine. Soufdar- Joung avoir nommĂ© son neveu, Mahomet-Couli-Kan, Gouverneur Ă Allahabad. Il paroĂźt que ce Couli , dĂšs le commencement de lâadministration de Choujah- oud-Dowlah, fut se soustraire tout-Ă -fait Ă la dĂ©pendance dans laquelle il Ă©toit de la cour de Oude. Choujah oud Ăowiah connoissoit trop les talents militaires et la popularitĂ© de ce Gouverneur, pour commencer contre lui des hostilitĂ©s publiques. Pendant son entreprise contre le Behard et le Bengale , Maho- met-Couli avoir remis lâadministration de ses pays Ă N ou dj es Kan , qui sâest fait , dans la fuite , assez con- noĂźtre dans les Indes. Choujah - oud - Dowlah saisit lâoccasion favorable de lâabsence de Couli, et avança t Dans ce teins Ali-Gkohir avait succĂ©dĂ© Ă son pĂšr, du moins U en avait pris le titre. Le pĂšr mourut en ij6o. â4 avec une petite armĂ©e sur les frontiĂšres dâAllahabad. Il entretint une liaison dâamitiĂ© avec Noudjes-Kan et le trompa par les assurances les plus solcmnelles de la part quâil prenoit au bonheur de Mahomet-Couly. 11 lui dit que lâirruption des Afgancs lâavoit forcĂ© de venir dans ce pays pour chercher un aille , pour fa famille , dans la forteresse de Allahabad , nâayant pas dans son pays une feule place dâune Ă©gale force. Noudjes- Kan ne voulut pas lui accorder fa priĂšre , mais il le renvoya Ă Mahomet-Couly. Celui-ci donna ordre de recevoir , dans la citadelle , la famille de Choujah- oud-Dowlad avec un nombre fixĂ© de domestiques et de gardes. On dit que Choujah-oud-Dowlah avoit parmi les femmes de son Harem , plusieurs hommes dĂ©guisĂ©s, qui attaquĂšrent la garnison et prirent la citadelle sans rĂ©pandre de sang. Cette conquĂȘte , faite en 1761, troubla tout le bonheur de Mahomet Couly, et le rendit tout-Ă -fait dĂ©pendant de Choujah-oud-Dowlah, qui, quelques mois aprĂšs, le fitjetter en prison comme un criminel dâĂ©tat. Mahomet- Couly Ă©toit trĂšl-aimĂ© des troupes de Oude Ă cause de fa gĂ©nĂ©rositĂ© et de fa bravoure. Leurs plaintes Ă©clatĂšrent et dans des comparaisons peu favorables Ă leur Prince, ils plaignoient le fort du prisonnier. Noujej-Kan . aprĂšs la prise dâAl- lahabad, Ă©toit passĂ© au service de Choujah-oud-Dowlah. Il mit beaucoup de zĂšle Ă dĂ©livrer Mahomet-Couly , zĂšle qui lâexposa mĂȘme Ă quelques dangers. Car Mahomet Ă©toit devenu Ă la cour de Oude un tel objet dâeffroi , que Choujah-oud-Dowlah ne put fe tranquilliser quâen faisant assassiner son prisonnier. Choujah-oud-Dowlah obtint de 1 Empereur la dignitĂ© de Vilir, et ayant en sa puissance une armĂ©e nombreuse et la personne de lâEmpereur, on pouvoir le 115 regarder, avec raison, comme le Prince le plus puissant en Indoflan- t. En 1793 la guerre Ă©clata entre Cafloum-Ali-Kan et les anglois. Elle finit, aprĂšs toutes sortes dâĂ©vĂšnements , par lâexpulsion de Cafloum - Ali du Bengale. Cafloum se retira vers la fin de cette annĂ©e, avec le reste de se» troupes et un trĂ©sor considĂ©rable , auprĂšs de Choujah-oud Dowlah. Lâadministration anglaise , dans le Bengale, se plaignoit depuis long-tems que Choujah- oud-Dowlah assistĂąt les ennemis ; elle avoit Ă©tĂ© toujours trompĂ©e par ses rĂ©ponses insidieuses. Enfin elle dĂ©couvrit qu'il avoit ramassĂ© son armĂ©e Ă BenarĂšs , et quâil se prĂ©paroit de faire une irruption dans le Beiiar avec Cafloum - Ali. Une lettre quâil envoya Ă + Mahomet-Couli fut assassinĂ© dans le fort de Tillalabad. Cet exemple nous montre un mal qui fe trouve communĂ©ment dans les Ă©tats Asiatiques. Un Hrincç despotique ne peut pas toujours faire assez respecter son systÚ»oe de tyrannie, pour que les sentiment» et les propos de les sujets sâaccordent toujours avec ses ordres. Les poignards abrĂšgent et facilitent tout. Sans eux, Tam»erlan, Nadir-Chah, et de nos jours Hyder-Ali, nâeussent pas trouvĂ© leurs conquĂȘtes si faciles. Lorsque Choujah-oud-Dowlah forma le projet de se dĂ©faire de Mahomet Couli, la domination nâĂ©toit pas encore fondĂ©e. Les officiers de son armĂ©e, composĂ©e de Persans, de Mogols et dâAsganes , Ă©toient des gens hardis et inquiets , Ă qui il Ă©toit du considĂ©rablement sur leur solde. Ils voyoient, dans Mahomet-Couli un brave guerrier, dâune naissance illustre , et gĂ©nĂ©ralement aimĂ© par sa douceur etsa gĂ©nĂ©rositĂ©, ils avoient Ă©tĂ© tĂ©moins de la perfidie de Choujah-oud-Dowlah , vis-Ă - vis de lui, et craignoient pour lui lâavenir. Autant ce Prince redoutoit les grands talents autant il craignoit dâexprimer et dâexĂ©cuter ouvertement ses projetsâ. Sâil eĂ»t citĂ© publiquement son prilonnier Ă son tribunal, ou sâil eĂ»t ordonnĂ© publiquement fa mort, Ăąl eĂ»t pu craindre une rĂ©volution. LâĂ©puisement de ses finances , les somme* Ă©normes dues aux troupes , et un dĂ©faut naturel de gĂ©nie militaire, avoient diminuĂ© beaucoup la discipline de lâarmĂ©e. Telle fut la nĂ©cessitĂ© cruelle qui força un despote, Ă moitiĂ© armĂ©, dâavoir recours, pour sa propre furetĂ© et le repos de son pays, Ă un lĂąche assassinats. lâĂ dministration du Bengale , annonça son projet dâune maniĂšre peu Ă©quivoque. ĂŻl disoit, dans des termes hauts et mĂ©prisants , que les anglois avoient abusĂ© clĂ©s bontĂ©s des Souverains de lIndoflan ; quâils avoient semĂ© le trouble dans le Royaume ; quâau lieu de se borner , comme il convenoit Ă des marchands, Ă leur simple commerce , ils sâĂ©toient mĂȘlĂ©s des affaires de lâempire , et avoient placĂ© et dĂ©placĂ© Ă volontĂ© des officiers de lâEmpereur. 11 les sommoit de rendre compte de leur conduite , et de retirer toutes leurs troupes des provinces ImpĂ©riales. Sâils nâobĂ©iffoient pas Ă ces ordres, il les de la disgrĂące de lâEmpereur, disgrĂące quâil appeloit une image de la vengeance cĂ©leste. Quoique Choujah - oud - Dowlah. eĂ»t promis Ă Cassoum-Ali de le remettre dans ses Ă©tats, il n'est pas croyable quâun homme qui venoit de faire affastĂźner son parent eĂ»t voulu risquer , pour un Ă©tranger , sa furetĂ© et mĂȘme sa vie , sans des avantages clairs et considĂ©rables. Sâil eĂ»t Ă©tĂ© le plus fort dans fa guerre avec tes anglois , on peut croire , dâaprĂšs sa maniĂšre d'agir, qu'il eĂ»t rĂ©uni les pays conquis Ă ses domaines fans le moindre scrupule. En 1764 011 apprit Ă Calcutta, que lâarmĂ©e du Visir et de Castoum - Ali, avec quelques troupes ImpĂ©riales , »voit percĂ© jusque dans les environs de Patna oĂč les troupes angloises sâĂ©toient retirĂ©es avec prĂ©cipitation Ă leur approche. Les ennemis attaquĂšrent les retranchements anglois ; mais ils furent repoussĂ©s , et ils reculĂšrent jusqu'au fleuve Soane. Alors le Visir fit des .. propositions de paix aux commandants anglois. Les anglois avoient plein pouvoir pour traiter avec le Visir; mais leurs instructions portoient dâinsister, dans les articles prĂ©liminaires,fur la reddition de Sombro et lâextradition des dĂ©serteurs europĂ©ens. Deux cents Ă -peu-prĂšs avoient passĂ© Ă lâennemi. Le Vilir ne vouloir, en proposant la paix, quâobtenir un armistice pour pouvoir complĂ©ter son armĂ©e. On a prĂ©tendu qu'il chercha Ă gagner Jaffier-Ali-Kan, que les anglois avoient fait, pour la seconde fois, gouverneur de Lehar et de Lengale , aprĂšs avoir chassĂ© Le Vilir, dans la fuite, ne nia pas ces intelligences secrĂštes, que Mondocomar paroĂźt avoir + entretenues pour Meer Jastier. CâĂ©toit lui qui assuroit le Vilir que son maĂźtre Ă©toit disposĂ© Ă conclure une paix sĂ©parĂ©e. Choujah-oud-Dowlah tira de grands avantages de la crainte de Cassoum-Ali, que la dĂ©faite prĂšs de Patna avoir fort effrayĂ©. Il attira dâabord Ă lui ses meilleures troupes europĂ©ennes et indiennes , et il lui enleva mĂȘme une grande partie de son trĂ©sor et de ses provisions de guerre. Lorsquâon eut vu clairement lâintention du Vilir, on prit le parti de faire attaquer son camp par les troupes angloifes. Les anglois , aprĂšs un combat opiniĂątre de cinq heures, remportĂšrent une victoire complĂšte. +t Cette dĂ©faite, prĂšs de Bouxar , gĂȘna considĂ©rablement le Visir dans sa carriĂšre politique et militaire. Tous ses alliĂ©s lâabandonnĂšrent. Shah-Allum chercha dans une situation qui ne rĂ©pondoit pas Ă fa dignitĂ© ImpĂ©riale , un asile dans le camp anglois, et accusa hautement Choujah-oud-Dowlah dâavoir fait servir lâautoritĂ© royale dâinstrument Ă son ambition et + CâĂ©toit ce mĂȘme homme qui fut condamnĂ© Ă mort, pour des faux quâil avait faits , par arrĂȘt du tribunal luprĂšme de Calcutta. ++ LâarmĂ©e angloise Ă©toit composĂ©e de 85 / europĂ©ens , et de 621 5 Indiens. Il y eut des premiers 101 et des seconds 773 , tant tirĂ©s que blessĂ©*. LâarmĂ©e de ChoĂ»jaU Ă©toit portĂ©e a 40,000 , dont 2000 restĂšrent iur la place, il avoit i 3 i canons, le* anglois les purent pendant et aprĂšs U bataille. L "8 Ă son aversion pour les anglois. CâĂ©toit la seconde fois que le malheureux Shah-Alloum cherchoit un asile dans une armĂ©e angloise. ConsidĂ©rons ici un moment ces rĂ©volutions, qui, dans un espace de tems aller court, ont frappĂ© l'empire Mogol, on verra avec un Ă©tonnement mĂȘlĂ© dâcffroi, ce qui doit humilier le plus superbe, quâelles ont Ă©branlĂ© jusques dans ses premiers fondements 1 illustre maison des descendants de Tamcrlan. Sous le regne d Aurengzeb , f on peut dire avec vĂ©ritĂ©, que lâIndostan, pour ses richesses , son luxe et sa force militaire, Ă©toit le premier empire de lâAsie. Dans ce tems les anglois nâĂ©toient connus que comme des marchands fur les cĂŽtes. Ils y demeuroient et y commerçoient avec toute forte dâentraves. Si lâon considĂšre ce qui se passe de nos jours ; le foible Souverain de Dchli, un descendant assez proche du grand Aurengzeb, est forcĂ© par le renversement de sa fortune, dans ce pays mĂȘme, qui Ă©toit il y a si peu de tems la propriĂ©tĂ© de scs ancĂȘtres, dâimplorer la protection et les secours dâun sujet anglois. ff Cependant le Vifir avoit appris, Ă ses dĂ©pens, Ă connoĂźtre la supĂ©rioritĂ© de lâarmĂ©e angloise, et desiroit alors sĂ©rieusement la paix; mais il refusoit toujours dâaccepter les prĂ©liminaires, comme lâadministration de Bengale les avoit proposĂ©s. Il ne vouloir pas livrer Cassoum-Ali et Sombro. Mais en mĂȘme-tenu il promit de se dĂ©faire de lâun de maniĂšre ou dâautre, et dâĂ©loigner le second de son territoire. On rejetta le t Ce Prince mourut en 1707 , aprĂšs avoir rĂ©gnĂ© Ă -peu-prĂšs 5 o ans. tf On a vu la meme choie dans la personne de Chandar-Shab , fila aĂźnĂ© de Shah-Alloum. Il a par l'entremise de l'administration de Bengale trois lacks de roupies par an fut les revenus dâQudc. â9 changement des articles, et le Colonel Mounro marcha avec son armĂ©e sur BenarĂša. La dĂ©sertion dâune partie des soldats europĂ©ens , et la retraite des troupes angloises fur Patna, lorsquâil Ă©toit entre dans la Bchar, avoit donnĂ© au Visir l'espĂ©rance du succĂšs. La dĂ©faite prĂšs de Bouxar dĂ©truisit cette espĂ©rance; mais dĂšs ce moment le Visir commença Ă organiser son armĂ©e dâaprĂšs un nouveau plan qu'aucun Prince Indien nâavoit conçu et exĂ©cutĂ© avant lui. Lâauteur dâun manuscrit prĂ©cieux, + qui mâa Ă©tĂ© fort utile pour ma collection historique , assure que la vĂ©ritable puissance du Visir date de la bataille de Bouxar. Ce Prince avoit ramassĂ© une armĂ©e trop considĂ©rable, pour quâil pĂ»t s'entretenir sur ses revenus. CâĂ©toit lâusage ordinaire en Indostan , et il lâavoit suivi. Dâailleurs, lorsquâon a mĂȘme les fonds nĂ©cessaires, les payements militaires se font dans les Indes par des gens dont lâaviditĂ© est dangereuse. Cela a par soi-mĂȘme des suites funestes, qui le deviennent encore davantage lorsquâon laisse arriĂ©rer les comptes. Les troupes du Visir consistoient, en grande partie , en cavalerie et dans un corps pesant dâartillerie ; ces deux corps Ă©toient composĂ©s de gens de toutes sortes de nations et de races, et surtout de Mogols. Ces hommes naturellement violents et fans frein, ne soufftoient quâen murmurant quâon arriĂ©rĂąt leur paye. Les cris furieux avec lesquels ils demandoient le restant qui leur Ă©toit dĂ», excitoient des sĂ©ditions dangereuses, ou forçoient de prendre des moyens dĂ©sastreux pour le pays et les sujets. On donnoit des assignations fur les administrateurs ou les fermiers des districts, chez lesquels les soldats vivotent Ă discrĂ©tion, jusqu'Ă ce que le tout leur sut payĂ©. Les violences que de tels {t Le Colonel Polier, \ 120 moyens occasionnoient, laifloient Ă peine de quoi subvenir aux autres besoins de l'Ă©tat. La dĂ©faite prĂšs de Bouxar tira le Visir de cet embarras. La cavalerie Mogole fut la premiĂšre qui quitta le champ de bataille presque sans rĂ©silier. File sent'it sa lĂąchetĂ©, et elle nâosa jamais retourner fous les drapeaux du Visir. L armĂ©e angloisr partit de BenarĂšs pour assiĂ©ger Goumar Ghqur. Apres deux assauts inutiles, on se vit obligĂ© de retourner Ă EenarĂšs. Boulwount Sing, Rajah de cette province, avoit joint une partie de scs troupes Ă celles du Visir dans la campagne contre les anglois , et elles avoient Ă©tĂ© campĂ©es au nord du Gange vis Ă vis , 1 a plaine de Bouxar. AprĂšs la bataille, le Rajah se retira de lâarmĂ©e du Visir; ,il conclut un traitĂ© avec le Colonel Mounto, et il passa dans le camp anglois. Mais les anglois ayant Ă©tĂ© repoussĂ©s de Gcumar-Ghour, et le Visir revenant, le Rajah quitta tout-Ă -coup BenarĂšs et ses nouveaux alliĂ©s Le Colonel Mounto quitta dans ce tems, au commencement de 1760, le commandement de lâarmĂ©e, et le Major Fletcher lui succĂ©da. Celui-ci partit sur le champ de BenarĂšs pour aller chercher le Visir. Il partagea lâarmĂ©e en deux divisions, lâune, fous lĂ©s ordres du MajorStibbert, prit le soit Ghounar Ghour, et pĂ©nĂ©tra jusque dans lâintĂ©rieur des pays du Visir. Le Major Fletcher conduisit lâautre lui-mĂȘme dans les diflricts de Allahabad quâil soumit Ă©galement. Le Visir trop soible contre les anglois. appela un corps de Marattes Ă son secours. Ils entrĂšrent fur son territoire du cĂŽtĂ© de Corah; f mais en 1765 le GĂ©nĂ©ral Carnac les battit. BientĂŽt aprĂšs ce mĂȘme gĂ©nĂ©ral les attaqua une seconde t Ce district , qui appartient au territoire de Allahabad, est bornĂ© par le Joumna. sois ISI sois et les repoussa-, mais ils emportĂšrent une grande partie du bagage des anglois. Pourtant ils furent obligĂ©s de reculer jusquâau Joumma, qu ils repassĂšrent prĂšs de CoulpĂ©e. Ils se rassemblĂšrent encore, mais aptes un combat fort court, ils furent tout-Ă -fait dispersĂ©s.' Le Visir a voit engagĂ© les Marattes Ă venir en Oude . fans prendre de mesures pour le payement de leur solde , craignant que sâils nâĂ©toient pas payĂ©s , ils ne sâen prissent Ă fa personne, ou quâils nâexcitassent du trouble dans son armĂ©e ; il ne fe joignit jamais Ă eux. Alors la position du Visir devine fort triste. Il avoit perdu la plus grande partie de son pays. Son armee Ă©toit affoiblie par la dĂ©sertion. Il Ă©toit sans trĂ©sor et sans alliĂ©. Abattu, plein de pressentiments tristes, il sâĂ©toit rendu, + aprĂšs la bataille de Bouxar, dans le Rohilcound; il vouloir chercher un asile pour fa famille et implorer le secours des Rohillas. Hasitz Piamouth le reçut avec les honneurs dus Ă son rang. Il lui procura toutes les commoditĂ©s quâil pouvoir attendre t mais il lui conseilla sĂ©rieusement de faire la paix avec les anglois. CâĂ©toit le seul moyen de le sauver. Dans cet Ă©tat de dĂ©tresse et d impuissance , le Visir le dĂ©cida enfin Ă fe rendre Ă discrĂ©tion aux anglois. Il envoya un officier françois , nommĂ© Gentil, dans le camp anglois * pour connoĂźtre sĂ»rement les dilposi- t La justice dut Ă un homme qui sâest distinguĂ© par la noblesse de sts sentiments et la bravoure dans les Indes , exige que je parle ici de Ahmet- Kan Boungish, Nabob de Ferroukabad. AprĂšs la bataille de Bouxar, le Colonel Mounro le pria de lâaider Ă abattre tout-Ă -fa ; t Chou ih-oud-Dowlah , qui avoit toujours Ă©tĂ© lâennemi dĂ©clarĂ© de fa maiion ; il rĂ©pondit, que Ion honneur ne lui permettoit pas de prendre les armes contre un ennemi dĂ©jĂ vaincu. Ćž J NouojĂźf-Kan fut aulh employĂ© dans ce tems pour nĂ©gocier'avec les anglois , mais cet officier pentoit plus alors Ă exĂ©cuter les projets, quâa obtenir des conditions favorables pour Ion maĂźtre. K *** lions tic les ennemis Ă Ion Ă©gard. Cet officiel; remit au Commandant une lettre dontlc style Ă©ioii bien diffĂ©rent de la premiĂšre. Le Vifir y marquoit, que les diffĂ©rents entre lui et les angiois dĂ©voient ĂȘtre regardes comme des coups de la providence; qu'il avoir assez Ă©prouvĂ© sa fortune , et quâil Ă©toit rĂ©solu Ă le soumettre Ă la justice des officiers de lâillustre nation angloise. Il stnilsoit sa lettre, quâil avoir Ă©crite lui-mĂȘme, en disant je nâambitionne plus ni pouvoir ni richesses. Votre amitiĂ© est tout ce que je desire. Je ferai, jâespĂšre , bientĂŽt auprĂšs de vous, et vous ferez de moi ce que vous voudrez. Lord Clive Ă©toit alors venu en Bengale. Il avoir du gouvernement ic plein pouvoir de traiter avec le Visir conjointement avec le gĂ©nĂ©ral Karnac. Lord Clive trouva le Visir en 1765 Ă Allahabad , oĂč la paix fut conclue aux conditions suivantes La paix entre les deux parties contractantes , secours rĂ©ciproques si les pays de lâun ou de l'autre Ă©toiect attaquĂ©s ; le Visir ne devoir souffrir sur ses terres ni Caffoum-Ali, ni Sombro, ni les dĂ©serteurs angiois-, Corail et Allahabad cĂ©dĂ©s Ă 1 Empereur; Ă Boulwount-Sing la dignitĂ© de Tjmmdar de BenarĂšs comme un fief du Souba de Oude ; Khonar-Ghour, forteresse de cette province, devoir appartenir aux angiois ; on ne pouvoir lever aucun impĂŽt fur les biens de la compagnie dans le domaine du Visir ; les sujets du Visir, liĂ©s avec les angiois dans cette guerre, restoient impunis, et ce traitĂ© devoit obliger mĂȘme les descendants du Visir. Ce fut Ă ce prix , que les angiois vainqueurs, rendirent au Visir ses provinces, aprĂšs l'avoir rĂ©duit, par leurs armes, Ă la derniĂšre extrĂ©mitĂ©. Les conditions accordĂ©es annoncent u n caractĂšrenobie et hĂ©roĂŻque et la grande ame qui les dicta. La mĂ©moire du hĂ©ros de* .-Z Indes ne mcritoit pas la flĂ©trissure que Dow lui imprima, en dismt Choujah - oud - Dowlah avoir encore de grandes richesses, et la vertu des vainqueurs ne put rĂ©sister aux tentations. Il est prouvĂ© que Lord Clive constamment toutes les offres de prĂ©sens qui lui furent faites par le Vtsir. Outre le traitĂ© publiĂ© , f il y eut encore une convention secrĂšte, dâaprĂšs laquelle le Visir devoir payer Ă la Compagnie angloise cinquante + La restitution des pavs du Visir ne faisoit pas seulement honneur au caractĂšre de la nation angloise, mais elle Ă©toit commandĂ©e mĂȘme parla politique. Elle montrait aussi une pĂ©uĂ©lr$ion qui lilâoitjuiques dans lâavenir. La triste expĂ©rience des tems qui ont suiri lâa prouvĂ©. Lord Clive ecrivoit Ă la Compagnie? nous avons remis Choujah-oud- Dowlah en possession de ses pays, plutĂŽt pour ne pas Ă©tendre davantage les pays de la Compagnie, que pour attacher Ă nos intĂ©rĂȘts pour jamais le ViUr par la reconnaissance. Cela a bien paru ĂȘtre le motif apparent , et pluheuis lâont cru le motif vrai de notre conduite ; mais si lâambition eĂ»t pu nous aveugler au point de conserver les terres du Visir , lâexpĂ©rience nous eĂ»t bientĂŽt appris quâun tel plan Ă©toit impraticable. Il eĂ»t fallu augmenter lâarmĂ©e, et nommer plus de gouverneurs. Des abus fans nombre se fussent introduits. On eĂ»t exercĂ© des concussions quâon nâeĂ»t pu ni empĂȘcher ni arrĂȘter , Ă cause de lâĂ©loignement du siĂšge de lâadministration ; et nĂ©cessairement nous eussions eu une nouvelle guerre. Nos anciennes possessions , nos privilĂšges eussent couru des risques par les mesures violentes pat lesquelles nous eussions dĂ» dĂ©fendre les nouvelles ; et les naturels du pays eussent Ă la fin triomphĂ© de nous. U nous eĂ»t Ă©tĂ© impossible de soutenir plus long-teins le poids de notre ambition. On doit savoir que dan* les Indes , lâusage est dâoffrir des e rĂ©ie»4 aux personnes de distinction et qui ont quelque crĂ©dit, ou Ă ceux qui ont quelque influence fur elles , peur la protection quâelles accordent aux biens ou aux personnes. Si de tels prĂ©sents font refusĂ©s, on croit quâils font mĂ©prisĂ©s, Ă cause de leur inediociitĂ© , ou que la personne Ă laquelle on les offre a dĂ©jĂ reçu une rĂ©compense plus brillante. Choujab-oud-Dowiab , fut effrayĂ© au commencement du refus de Lord Cuve , il craignit quâil ne lui fut pas favorable; et ensuite ce Prince fut trĂšs Ă©tonnĂ© du dĂ©sintĂ©ressement de LordCiive, lonquâaprĂšs la conclusion du traitĂ© , lâ voulut bien recevoir un anneau d'asser peu de valeur comme une marque dâamitiĂ©. K % '-4 laks de roupies, pour dĂ©dommagement des frais de la guene. Dans ce teras les anglois ne le mĂȘloient pas publiquement de lâadminifiration des affaires de Bengale, adminisiraiion, qui, Ă la mort de Mcer-Jaffier, avoit p a liĂ© Ă son fils Nouzzoum-oud-Dowlah. Cette alliance fut conclue, dâun cĂŽtĂ©, par Choujah- oud-Dowlah, et de lautre, par le Souba de Bengale et Lord Clive. Mais pour Ă©viter toute discussion, la Compagnie angloise obtint de l'Empereur le pouvoir d'Ă©lever et dâadministrer les revenus du pays comme elle le voudroit. On promit Ă lâEmpereur, pour lâoctroy de ce p^ilĂšge, + *6 lacks de roupies , qui dĂ©voient lui ĂȘtre payĂ©es fur les revenus du Bengale * de plus on sĂ©para les districts d Allahabad et Corail des postĂ© liions du Viltr, et on les donna Ă lâEmpereur, pour quâil put vivre dâune maniĂšre convenable Ă fa dignitĂ©. Cependant malgrĂ© la gĂ©nĂ©rositĂ© des anglois vis-Ă -vis du Vtsir, il nâen avoit pas moins fait de grandes pertes. Sur les revenus de Oude, qui montoient avec ceux de Allahabad Ă 160 lacks de roupies, il perdoit 36 lack* parla cession de Corah et dâAllahabad. Les pillages de fa propre armĂ©e , et les marches de nos troupes,'qui avoient pĂ©nĂ©trĂ© jusquâĂ Loucknow , avoient occasionnĂ© une diminution plus considĂ©rable encore dans ses revenus. Pour le dĂ©dommager de ce quâil avoit abandonnĂ©, lâEmpereur cĂ©da au Vtsir la postĂ©stion hĂ©rĂ©ditaire de la province de Oude. Le Visir le donna alors toute la peine imaginable f On appelle cct office ou privilĂšge , dans Ăźcs Indes, Dewany. * Sur cette iomnir les anglois firent accorder deux lacks de roupies h Noudjel-Kan , parce quâon croyoit quâil aYoit rendu de* services importants Ă U fin de ia guerre de Oude. 1*5 pour mettre ses finances en ordre. Il confia ce dĂ©partement Ă des hommes sages et expĂ©rimentĂ©s. qui bientĂŽt le mirent en Ă©tat de payer une dette considĂ©rable et de mettre de cĂŽtĂ© un trĂ©sor pour les besoins que l'on ne pouvoir prĂ©voir. On dit que le Vifir, lorsquâil fut retournĂ© Ă Oude et Ă Allahabad aprĂšs la conclusion de la paix, rassembla ses principaux serviteurs, leur fit connoĂźtre les obligations quâil avoit contractĂ©es vis-Ă -vis les anglois, et les pria de vouloir bien lâaider Ă remplir sa proruĂšlse. Par cette sorte de rĂ©quisition, que les Princes Indiens employent souvent en cas de besoin, le Vifir obtint bien quelque chose , mais pas tout ce dont il avoit besoin. Sa femme ou sa Begoum, voyant son embarras~ et lâinquiĂ©tude dans laquelle il Ă©toit, se dĂ©fit de ses bijoux et de tous ses effets prĂ©cieux , et pria son mari dâen employer le prix au rĂ©tablissement de ses affaires. Choujah-oud-Dowlah fut extrĂȘmement touchĂ© de cette preuve dâamour, qui le tiroit de tous ses embarras; il fit le vĆu solemnel de ne sâĂ©loigner jamais de fa chambre Ă coucher aprĂšs une certaine heure de nuit, tant quâil seroitavec elle dans le mĂȘme lieu, et il lui promit de la regarder toujours Ă 1 avenir comme sa meilleure amie et de lui demander ses conseils. On ne fait pas quâil ait jamais violĂ© le vĆu fait Ă fa Begoum, Ă laquelle dĂšs ce moment il confia ses trĂ©sors et ses secrets. La dĂ©faite de-Bouxar lâavoit dĂ©barrassĂ© de lâentretien dâune troupe considĂ©rable de cavalerie. Alors il commença Ă introduire un systĂšme dâordre et de paye rĂ©guliĂšre. Ii avoit remarquĂ© que l'excellence des troupes europĂ©ennes consistoit dans leur discipline, leurs armes et le bon usage de leur artillerie. Il s'occupa alors fans relĂąche de former un corps d infanterie "6 Ă la maniĂšre europĂ©enne et avec lâartillerie qui lui Ă©toit nĂ©cefluire. Cette entreprise Ă©toit difficile , et Ăč difficile que peu de Princes Asiatiques lâeulsent risquĂ©e. Mais l'esprit. 1 activitĂ© et la constance de Choujah-oud- Dowlah surmontĂšrent toutes les difficultĂ©s que des prĂ©jugĂ©s et de vieilles coutumes lui opposoient. On sous la direction de quelques français qu'il avoit pris a son service, Ă Fizzabad, un ars nal dans lequel on fondoit, avec assez d'adresse, des cannons et des s lr s , et on saison de 1 s poudre. Cet arsenal fournit Ă dix bataillons dâinfanterie et Ă un train assez considĂ©rable dâartillenr. tout ce qui lui Ă©toit nĂ©cessaire. Ce corps coĂ»âoir des s immes considĂ©rables, et cependant il avoit pris de si bonnes mesures pour 1 administration du pays, qu il pouvoir tout payer et former un trĂ©sor de ses Ă©pargnes. La cavalerie , sorte de ioooo hommes lors de la bataille de Bouxar, nâĂ©toitplus dans ce tems que de 5 ooo hommes. La garnison angloise Ă Allahubad, fut pour lui un grand avantage. Elle tenoit tout le pays en respect, et il nâavoit pas besoin de protĂ©ger ses frontiĂšres Ă grands frais. En 1768 Choujah-oud-Dowlah se vit en possession dâune armĂ©e bien disciplinĂ©e, dâun trĂ©sor considĂ©rable et d'un pays fertile et florissant. Cependant la vivacitĂ© avec laquelle rl cherchent Ă se dĂ©barasser de la dĂ©pendance dans laquelle il Ă©toit et Ă agrandir fa puissance, attira lâattention du Colonel Smith, qui Ă©toit en garnison Ă Allahabad. Cet officier reprĂ©senta la conduite du Vrsir de Oude comme dangereuse pour notre nation, et crut qu'elle exigerait quâon prit sur le champ des mesures contre elle. La RĂ©gence de Calcutta, inquiĂ©tĂ©e par le rapport du Colonel , envoya fur le champ cet officier avec Mr. Cantier et RĂŒssel au Visir, pour lui I, 7 demander raison de ses prĂ©paratifs militaires, qui an- nonçoient, dssoit on , un dĂ©faut de confiance dans lâamitiĂ© et les secours des anglois. Les anglois en novembre 176S eurent une confĂ©rence Ă BenajĂšs avec le Visir, et enfin aprĂšs une rĂ©sistance vive, le Visir consentit Ă borner ses troupes au nombre suivant, et Ă les partager de cette maniĂšre. Cavalerie ..10,000 hommes Dix bataillons de Cypayes avec les Le RĂ©giment Noujeb dâArchers 5 ,000 Un Corps d'artillerie pas au- dessus de. 5 oo Troupes irrĂ©guliĂšres. qui ne pou- voient ĂȘtre habillĂ©es, armĂ©es ou disciplinĂ©es Ă la maniĂšre des Cypayes anglois ou du rĂ©giment de Noujeb . . . 9$oo en tout 1 35 000 Le Visir ne lâoublia jamais, ilregardoit cette rĂ©forme comme aussi injuste qu'humiliante pour lui. Mais ne pouvant sâopposera des alliĂ©s jaloux et aussi puissants que les anglois, il rĂ©solut de suivre son plan avec plus de prĂ©caution, et fans se dĂ©tourner du but vers lequel tendoient toutes ses actions; et lâon fait quâaprĂšs le traitĂ© de BenarĂšs il ne licencia pas' un seul soldat. Toutes ses dĂ©marches furent calculĂ©es. Il fut gagner, mĂȘme parmi les anglois, des partisans zĂ©lĂ©s et adroits. Mais voyant que son ambition et scs projets dâagrandissement trouveroient des obstacles dans la jalousie de» anglois, quâil dĂ©testoit alors, et sachant aussi que -8 les français Ă©taient nos ennemis, il essaya tout pour se laire soutenir par eux. En 177 s une armĂ©e de Marattes pĂ©nĂ©tra dans l'In- çlosian proprement dit, ravagea le Douab et s'empara des diilricts Etojah, ainsi que du territoire de Ahmet Kan LiĂŒungifl ., exceptĂ© la ville et les enviions de Fcr- ronkrbad. Une irruption si terrible effraya aussi les Rohillas Leurs chefs, Ă lâapproche des Marattes, priĂšrent le Vilir de leur procurer une brigade anglaise pour laquelle ils paye,oient un subside de qo laks de roupies. Le vilir, qui craignait pour son propre pays, fur le» frontiĂšres duquel I ennemi Ă©tdit dĂ©jĂ campĂ© , accepta, fans balancer, cette proposition, qui payait les dĂ©penses d un corps de troupes qui cependant lui rendait un service essentiel. En 1772 il s'adressa plusieurs fois Ă la IL gence anglaise, et demanda des secours pour ch fendre son pays menacĂ© par les Marattes. A fa priĂšre on fit marcher une brigade anglaise fur BenarĂšs. trois Bataillons de Cypa^es,de cette brigade, se rĂ©unirent avec les troupes duvisir, et avancĂšrent fur les frontiĂšres du Rohilcound dont les Marattes ravageaient dĂ©jĂ lâintĂ©rieur. L'approche des armĂ©es combinĂ©es, et les pluies, obligĂšrent les Marattes de repasser le Gange. Ils revinrent en j 773 . et firent de grands dĂ©gĂąts ; mais ils l'c retirĂšrent lors que le Visir approcha avec son armĂ©e fortifiĂ©e par une brigade anglaise complĂšte. La nuit qui prĂ©cĂ©da lâarrivĂ©e de l armee rĂ©unie dan» le voisinage du camp des Marattes, situĂ© Ă lâouest du Gange . un corps considĂ©rable de cavalerie Maratte passa le fleuve , dissipa les troupes des RohiĂŒas, et prit Ahmet Kan, un de leurs principaux chefs. Vers le soir la brigade an glaise arriva sur le champ de bataille, et elle vit que la cavalerie Maratte repassait promptement le fleuve, qui Ă©toit alors assez bas. * On se canonna de fort loin et lâennemi y perdit quelques hommes et quelques chevaux. BientĂŽt les Marattes dĂ©campĂšrent, et depuis ce moment on ne les a plus revus les armes Ă la main fur le bord oriental du Gange. AprĂšs la retraite des Marattes, le vifir demanda les 40 lacks de roupies que Hafitz-Ramout-Kan avoit promis de payer. Hafitz Ă©toit le chef des Rohillas et dirigeoit leurs nĂ©gociations publiques. 11 rĂ©pondit que les Rohillas nâavoient pas obtenu le secours quâils avoient demandĂ©, que si on le leur avoit envoyĂ© lâannĂ©e d auparavant, peut-ĂȘtre eĂ»t-il empĂȘchĂ© les pertes quâils avoient faites ; que de plus la derniĂšre campagne nâavoit Ă©tĂ© faite que par les troupes des Rohillas ; cependant, quâil Ă©toit prĂȘt, pour sa personne, Ă payer sa part quâil devoir pour les subsides , mĂȘme quand les autres chefs des Rohillas se refuseroient Ă payer la leur. Lâambition du Visir, et le peu de respect quâil avoit pour lâhonneur çt la juftice , laissent conjecturer, avec raison, quâil fut enchantĂ© secrĂštement de ce que les Rohi'las refusoient dâexĂ©cuter le traitĂ©. Les Rohillas opposaient un obstacle perpĂ©tuel Ă ses projets de conquĂȘte et dâagrandissement. Ils Ă©toient tous guerriers, et loin de craindre les talents militaires du Visir, ils alloient jusquâĂ les mĂ©priser. Aussi la conquĂȘte du ' Rohilcound Ă©toit la premiĂšre idĂ©e qui entroit dans les projets dâagrandissement du visir. A son retour de la campagne des Marattes, le Visir demanda une entrevue au gouverneur du Bengale au sujet de quelques mesures politiques; Mr. Hastings et quelques autres membres de la RĂ©gence surent nom- ! * 1 A Raragaut, un fort sur le Gange dans le Rohilcound. Voyez la carte de Rennell. 6 mes pour traiter Ă BenarĂšs avec le Vifir. Lâobjet principal de cette entrevue et nĂ©gociation Ă©toit, disoit-on, une fixation plus positive des possessions occidentales des anglois , et une dĂ©cision finale fur le' territoire assignĂ© Ă 1 Empereur. Skah-Alloum , depuis le traitĂ© de 1765, avoit rĂ©sidĂ© Ă Allahabad , et il y avoit un sĂ©jour aussi tranquille que brillant. NĂ©anmoins il desiroit toujours, de plus en plus, de retourner dans fa capitale, et rĂ©ellement en x77 1 il y marcha, et il sacrifia par lĂ tout-Ă -coup les grands avantages que la bontĂ© des anglois lui avoit procurĂ©s. LâEmpereur fut incitĂ© Ă faire cette dĂ©marche malheureuse par ses serviteurs, que la forte influence d une puissance Ă©trangĂšre privoit des avantages ordr narres de ieur place, et pour qui la gĂ©nĂ©rositĂ© naturelle de leur maĂźtre Ă©toit perdue. LâEmpereur avoit chetchĂ© des troupes qui fussent en Ă©tat de le faire rentrer a Delhi dans fa rĂ©sidence. Il fe procura seulement deux bataillons quâil avoit entretenus Ă Allahabad et encore fans leurs officiers europĂ©ens, et avec cela hommes de troupes irrĂ©guliĂšres, conduites par Najeb-Kan. Ce fut avec ces forces que lâEmpereur vint Ă Delhi Ă la fin de 1771. * Lâagrandissement du Vifir ne dĂ©pendrait pas de la cour de Dehli. Cependant il entretenoit son influence par les foins actifs de Ellich Kan, un ds ses plus chers favoris. Cet Ellich failoit Ă propos, Ă lâEmpereur, de grands prĂ©sens, et par ce moyen il fe fat soit donner par lui ces districts quâil avoit dĂ©jĂ possĂ©dĂ©s ou quâil penfoit Ă conquĂ©rir. On ne peut pas supposer que de tels titres, assez ordinaires, et 1 * ! On dit que le dĂ©part de lâEmpereur fut accĂ©lĂ©rĂ© par la nouvelle que avoit pris Dehli et avoit exercĂ© des violences, non- feulement dans la ville , mais menie ne politique justisioit paifaitement , pour reprendre les pays abandonnĂ©s par lâEmpereur; et le Visir, qui avoir cĂ©dĂ© avec beaucoup de peine ces pays, demandant de la maniĂšre le plus pressante quâon lui rendit les possessions quâon lui avoit enlevĂ©es, le Gouvernement de Bengale lui accorda cette demande avec quelques restiictions. * { + Le mitĂ© de 1773 ne contient rien dâimportant, et je nâen nnuyerois pas le lecteur , fi je ne croyois pas quâil peut donner lieu Ă quelques considĂ©rations assez sĂ©rieuses , quand on le compare avec le Ă©vĂ©nements de lâannĂ©e suivante. Il elt dit dans ce traitĂ© par le trntĂ© conclu le 16 aoĂ»t 17 65 , entre le Visir et les angloi*, les districts de Cor *.h et dâAllahabad oftt Ă©tĂ© cĂ©dĂ©s Ă lâEmpereur pour Ion entretien ; mai* lâEmpereur les ayant abandonnĂ©s , et ayant mĂȘme cĂšde les diftrifts de Corah et de C^ourrah aux Marattes au dĂ©savantage du Visir et de la Compagnie angloise , et contre la teneur du traite susmentionnĂ© , perd par lĂ ces distru ts , et ils retournent aux anglois de qui il les a reçus avec une nation qui ne nous avoit fait aucun tort. Enfin, aprĂšs une dĂ©libĂ©ration de plusieurs jours , la lßégence rĂ©solut de lailser au Gouverneur seul la conduite des affaires relatives Ă Oude. Le Gouverneur lui-mĂȘme parut ĂȘtre mĂ©content dâune guerre dans un pays si Ă©loignĂ©, et proposa alors de faire au Visirdes conditions si dures, quâil fĂ»t obligĂ© de fe dĂ©listt^Ăe ses projets. D'aprĂšs ce conseil, on promit au Visir une brigade pour conquĂ©rir le liohilcound , sâil vouloir payer Ă la Compagnie, aprĂšs la campagne , 4 lacks de roupies, et pendant le sĂ©jour des troupes fur son territoire deux lacks et 1 roupies. DâaprĂšs la conduite du Gouverneur, on peut croire quâil Ă©toit sĂ»r que le Visir ne refuferoit pas les conditions proposĂ©es. On instruisit le Visir des mesures que lâon avoit prises, et furie champ on envoya ordre au comptoir de statua, de laisser dorĂ©navant agir, dâaprĂšs les ordres etles instructions duVisir, la brigade en garnison dans cette ville , et mĂȘme sansattendre dâautres ordres de Calcutta. Le Visir soutenu par des secours aussi puissants, commença ses opĂ©rations avec la plus grande promptitude. Le Gouverneur n'instruisit la RĂ©gence des projets du Visir fur Rohilcound, que vers la fin de Novembre 1773. La Brigade fe mit en marche au mois de Janvier suivant, et en moins de trois mois + les Röhillas furent dĂ©truits. Dans une bataille gĂ©nĂ©rale qui se donna dans lâintĂ©rieur de leur pays , 5 ooo Rosi illas furent tuĂ©s Ou blessĂ©s., et cette perte devint irrĂ©parable par la mort dâun de leurs meilleurs Capitaines qui resta fur la place. Quelque honorable que fut la la Compagnie , qui Ă©toit alors assez mal Ă son aise. Hastings pou voit, fan* le savoir, se tromper lui-mĂšme, sur la justice de cette guerre. Note du Traducteur Allemand. + La bataille se donna en Avril i??3, prĂšs du village de Jessounak. On en voit la position dans la cane de Keonell. s âącause pour laquelle Harkz-Ramout sacrifia sa vie, il mĂ©iitoit un meilleur sort. 11 nâavoit jamais Ă©tĂ© ennemi des anglois, et il avoir pris Choujuli-oud-D'osvlah fous sa protection, dans le tems de ses plus grands malheurs. * AprĂšs la bataille, Fyze-Oullah Kan se retira avec une grande partie de l'armĂ©e vaincue, Ă Lall-Dong ,+ et il campa au pied d une montagne ttĂšs-escarpĂ©e. Le Visir accompagnĂ© de la Brigade angloise enferma Iss Rohillas ; mais ceux-ci craignant le polte mal-sain quâils occupoient, et dĂ©couragĂ©s parle peu de talent de leur chef, demandĂšrent sĂ©rieusement la paix au Commandant anglois. Langlois eut beaucoup de peine Ă obtenir du Visir quâil laissĂąt libre Fyze-Oullah , et quâil lui cĂ©dĂąt un certain district dans le Rohilcound. Fyze- Oullah nâavoit avant la guerre que lejagouirde Ram- pour, qui rapportent cinq lacks de roupies. La nouvelle alliance avec le Visir ++ lui assura un revenu annuel * Aptes la bataille de Bouxar , Choujali-oud-Dowlah chercha avec fa famille un asile dans le Rohilcound. { + Les frontiĂšres septentrionales du Rohilcound. tt LâamitiĂ© Ă©tant rĂ©tablie entre moi et Fyze-Oullah , je lui donne Rampout et quelques autres districts qui rapportent en tout 14 lacks et 75,600 roupies. Fyze-Oullah ne doit, fous aucun prĂ©texte, entretenir plus de 5 ooo soldats. Je mâoblige Ă dĂ©fendre en tout tems lâhorfneur et les poste Rions de Fyze-Oullah ; mais aussi il ne doit appeler Ă son secouis aucune autre puissance que la mienne , et nâavoir de liaison quâavec les anglois. F/ze-OuUah doit me donner toujours 2 ou 3 ooo hommes de secours selon ses forces. Si je fais une campagne en personne , ou si je parcours mes pays, Fyze-Oullah doit mâaccompagner; mais comme les Soooâhommes quâil peut entretenir forment un trop-petit nombre, et que peut-ĂȘtre il ne pourra les mettre fur pied tous ensemble , je mettrai sous ses ordres depuis deux jusquâĂ quatre mille hommes , pour quâil puisse mâaccompagner convenablement. Ces troupes seront payĂ©es par moi Ă ces conditions je lui cĂšde les possessions susdites, et je le prends fous ma protection. Sâil est fidĂšle Ă cette alliance , je ne cesserai M* de i5 lacks, et la possession des terres les plus fertiles du Rohilcound. AprĂšs la conclusion du traitĂ© , qui ne sâeffectua que par lâentremise du Commandant anglois , celui-ci en prit une copie pour le faire ratifier parla Compagnie; et Fyze-Oullah paya au Visir, dâaprĂšs un accord fait auparavant , la somme de i5 lacks de roupies. Le systĂšme du Gouvernement de Bengale, qui commen- çoit Ă changer, et nâĂ©toit pas favorable aux projets du Visir, peut bien lâavoir engagĂ© Ă conclure promptement ce traitĂ©. En 17 83 Fyze-Oullah ne dĂ©pendit plus du Visir, au moyen d'une somme dâargent quâil paya au RĂ©sident anglois Ă Loucknow, et qui fut employĂ©e au service de lâadministration de Bengale. Si on eĂ»t permis Ă Choujah-oud-Dowlah de suivre les projets quâil avoir exĂ©cutĂ©s Ă lâĂ©gard des autres chefs de Rohillas, Fyze-Oullah eĂ»t langui jusquâĂ aujourdâhui dans la pauvretĂ© et dans lâesclavage. Heureusement pour ce chef, et le reste de sa nation qui a peuplĂ© et cultivĂ© Ă prĂ©sent une grande Ă©tendue de pays, il leur survint un puissant protecteur. Quoiqu'il ne conduisit quâun corps d'auxiliaires, il fut dĂ©fendre pourtant la bonne cause des Rohillas, en les prenant fous fa protection. Le Visir prĂ©senta une accusation pleine de calomnies contre cet officier; il dĂ©nia idoit ,âą sâil Ă©toit permis Ă un officier commandant jamais, arec lâaide de Dieu , de lui tĂ©moigner mon amitiĂ©. Fyze-Oullah doit tĂącher de faire passer le Gange aux Rohillas. JurĂ© fur le Saint Alcoran , Dieu et scs PropriĂ©tĂ©s Ă©tant invoquĂ©s comme tĂ©moins de lâacconipUssement de ces articles. Extrait des archives de Bengale. Ici le cachet du Colonel Champion. Roujeb 1188. Hegire Octobre 1774. IP dâentretenir de pareilles intelligences avec les Kohillas, loisjuil savoit que son intention Ă©toit de les dĂ©truire. Il cil certain que le Visir sâĂ©toit proposĂ© de les anĂ©antir ou de les chaiser, et ce fut Ă cela que tendirent tous ses efforts pendant la campagne des Rotiillaj. Il avoir une crainte fi profonde de la bravoure et du courage de ce peuple, ou peut-ĂȘtre un tel sentiment de l'injustice quâil leur faisoit, quâil ne vouloir pas permettre a ix vaincus de rester fur son territoire. AprĂšs avoir parlĂ© des progrĂšs de nos armes dans le Rohilcound ; car Ă peine ce que fit le Vistr mĂ©rite-t-il quâon en parle, je veux joindre encore quelques considĂ©rations fur les suites de notre liaison avec le Visir relativement Ă ce pays. Il est clair comme le jour que lâadministration de Bengale, ou ne connoisibit pas toute lâĂ©tendue de son traitĂ© avec le Visir, ou quâelle lâaida visiblement Ă dĂ©pouiller de son pays un de nos alliĂ©s. On laissa au Visir la possession du Rohilcound, dont on Ă©tendit les frontiĂšres, au nord, jusquâaux montagnes , et Ă lâouest, jusquâau Gange -, et cependant une grande partie du Rohilcound septentrional appar- tenoit Ă Zabitha-Kan , fils de Najeb-oud-Dowlah. Il Ă©toit alliĂ© des anglois, et il sâĂ©toient obligĂ©s , parleur traitĂ©, de dĂ©fendre et de protĂ©ger toutes ses possessions, de le considĂ©rer comme leur alliĂ© et leur protĂ©gĂ© / et dâavoir les mĂȘmes amis et les mĂȘmes ennemis que lui. Avant son irruption dans le Rohilcound, le Visir avoit attirĂ© Zabitha-Kan dans ses intĂ©rĂȘts. Quoique le Zabitha fĂ»t lui-mĂȘme un Rohilla, et assez proche parent de plusieurs autres chefs des Rohillas, il se rĂ©unit pourtant avec le Visir contre sa nation. Il paya cher cette trahison et cette liaison dĂ©shonorante. AprĂšs la con- f '44 quĂȘte du Rohilcound, Choujah lui reprocha dâavoir entretenu une correspondance perfide avec les ennemis, et fous ce prĂ©texte , il sâempara de tous ses pays Ă lâest du Gange , qui appartiennent encore Ă prĂ©sent Ă la province de Oude. La conduite du Visir, Ă lâĂ©gard de Mohouboullah-Kan , * prouve encore que tous les sentiments d'honneur ou de fidĂ©litĂ© disparoilsoĂźent devant son ambition. Ce chef pollĂ©doit la ville et les districts de BilĂŻouly. Il ne prit aucune part Ă la guerre, soit parce quâil eut quelque diffĂ©rent avec les autres chefs de Ilohillas, ou par dâautres raisons quâon nâa pas sues. Avant que lâarmĂ©e entrĂąt en Rohilcound, il demanda au Visir fa protection pour sa personne et son territoire , et ce Prince la lui promit dans les termes les plus forts et les moins Ă©quivoques. Sur cette assurance, Mohouboullah-Kan relia tranquille Ă Biffouly pendant la guerre des Rohil- las ; mais sitĂŽt que le Visir vint dans cette ville, il fit mettre Mohouboullah et fa famille dans une Ă©troite prison; il sâempara de ses trĂ©sors et de ses effets les plus prĂ©cieux. 11 fit mĂȘme traiter ses femmes avec une duretĂ© deshonorante. Le malheureux chef qui avoit Ă©tĂ© si cruellement trompĂ© , disoit dans une lettre au Commandant anglois, dans laquelle Ă©toit inclus lâoriginal de la lettre de protection du Visir â le Visir ,, nous a enlevĂ© notre pays, nos trĂ©sors et mĂȘme notre 55 honneur; non content de cela il veut nous conduire j comme prisonniers Ă Fyzeabad. Nous ne demandons si pas de pays, pas de richesses, pas de demeure. i Mais Ă Biffouly font les tombeaux de nos familles ; si nous demandons la permission de passer le reste de { * } Le fils de DhoondiâKan dont j'ai parlĂ© dam mes dĂ©tails furies Robillas. i45 s» notre vie dans leur voisinage, et Ă l'ombre de quel- ,, ques arbres, nous y mendierons. Nous comptions fur jj la parole du Visir, et nous sommes restĂ©s dans jj notre pays ; fans cela nous nous fussions Ă©loignĂ©s jj comme les autres , et nous eussions cherchĂ© Ă dĂ©- 44 fendre notre honneur. On npus lâa ĂŽtĂ©, cet honneur, j comme le reste de notre propriĂ©tĂ©; car chacun fait jj la maniĂšre avilissante dont il nous a traitĂ©s. â C fit courir le bruit que le Visir avoit traitĂ©, avec une duretĂ© indĂ©cente, les femmes des chefs des Rohillas qui Ă©toient tombĂ©es en ses mains, et que mĂȘme il avoir attentĂ© Ă lâhonneur de quelques femmes de la famille de Hasitz Ramouth. * Cette derniĂšre accusation nâa Ă©tĂ© confirmĂ©e par aucun tĂ©moignage certain. De telles violences font aussi trĂšs-rares parmi les MahomĂ©tans. Quelque voluptueux quâils puissent ĂȘtre , ils nâofent presque jamais lever le rideau qui couvre les mistĂšres du Serrail. Les violences et les brigandages du visir imprimĂšrent au nom anglois une tache ineffaçable. Les vaincus 'fuppofoient naturellement, que la main qui le faifoit vaincre eĂ»t pu aussi arrĂȘter ses injustices. Le prĂ©texte fous lequel le Visir faifoit la guerre aux Rohillas Ă©toit, quâils nâavoient pas payĂ© la somme promise pour le secours dâune brigade angloife. Jâai fait voir que la brigade nâarriva pas Ă tems dans le Rohilcouud ; car les Marattes avoient pendant deux annĂ©es consĂ©cutives exercĂ© les plus grands ravages et quittĂšrent justement le pays au moment oĂč les troupes angloifes arrivoient. Ainsi les raisons du Visir Ă©toient trĂšs-foibles, et il eĂ»t pu * Choujah-oud-Dowlah fut Ti sensible Ă l'injustice rie cette accusation, quâil fondit en larmes lorsquâil apprit que le Commandant anglois y avoit ajoutĂ© foi. *46 atteindre son but sans vouloir excuser son irruption dâune maniĂšre si pitoyable. Dans les pays oĂč le chemin de la justice et de lâhonneur est tracĂ© plus exactement que dans l'indostan , la conduite politique des Princes peut bien ne pas beaucoup diffĂ©rer de la maniĂšre dont le Visir exĂ©cuta son plan. Mais que peut- on dire pour excuser les anglois qui ont dĂ©truit une natĂ^i contre laquelle ils n'avoient pas le moindre grief, uniquement pour contenter un voleur qui Ă©toit leur alliĂ©, sans quâils en retirassent eux-mĂȘmes la moindre rĂ©compense. La guerre des Rohillas a Ă©tĂ© traitĂ©e si amplement, et par ceux qui lâexcusent et par ceux qui la condamnent, que je craindrois dâennuyer , si je mây arrĂȘtois plus long-tems. Dâailleurs cette recherche nâappartient pas Ă ce que jâĂ©cris prĂ©sentement. Cependant je ne peux mâempĂȘcher de montrer combien la politique des anglois a Ă©tĂ© mauvaise, de joindre le Rohilcound aux autres possessions du Visir. Tout le'monde reconnoĂźt Ă prĂ©sent lâinjustice de ce procĂ©dĂ© et les tristes suites qui en ont rĂ©sultĂ©. lâAdministration de Bengale appuyoit la rĂ©union du Rohilcound avec Oude, en disant que plus le Visir seroit puissant, plus fa liaison avec les anglois seroit avantageuse. Mais ou on connoissoit mal les dispositions de Choujah-oud-Dowlah, ou lâon nâauroit pas dĂ» risquer dâallĂ©guer une raison si soible. Jaloux de sa puissance, dĂ©vorĂ© dâune ambition insatiable, le Visir avoit dĂ©jĂ profondĂ©ment senti les coups que notre domination portoit Ă son autoritĂ©, Ă lâaugmentation et Ă la conservation de laquelle tendoieut toutes ses pensĂ©es et tous scs projets. Les Rohillas ba- lançoient la force du Visir et contcnoient son caractĂšre remuant. La vigilance dâun peuple Ă qui fa grandeur M7 pouvoit devenir dangereuse, le tenait dans une dĂ©pendance continuelle des anglais. CâĂ©toit feulement avec leur secours quâil pouvoit rĂ©sister aux attaques des Rohillas et des autres peuples du nord. Nos poste liions, dans les Indes, acquises par la supĂ©riotitĂ© de nos armes et les talents extraordinaires des officiers anglais, ne peuvent ĂȘtre conservĂ©es quâen suivant exactement les principes de la justice. On ne reconnut pas ces principes dans les nĂ©gociations avec le Visir. On ne consulta pas mĂȘme la politique la plus ordinaire. Il semble quâon ait voulu mettre en. pratique cet axiome que nos politiques, mĂȘme les plus visionnaires nâosent pas soutenir, que les Princes et les nations peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă©ntre-elles par lâamitĂ© et la reconnaissance. Choujah-oud-Dowlah Ă©tait occupĂ© Ă mettre en ordre les affaires des pays conquis, lorsqu'une incommoditĂ©, dont il avait dĂ©jĂ souffert depuis long-tems, se dĂ©clara avec tant de violence quâil fut obligĂ© de se retirer Ă Fyzeabad on il mourut enjanvier 177b, Ă lâĂąge de 46 ans. Sa mort fut la fuite dâun abscĂšs vĂ©nĂ©rien dont un chirurgien français l'avait mal guĂ©ri. Il lui avait donnĂ© une telle quantitĂ© de mercure, que le Visir, dĂ©jĂ Ă©puisĂ©, fut abattu tout-Ă -fait par lâactivitĂ© du remĂšde. La violence de la maladie du Visir fut adoucie par un chirurgien anglais qui servit dans la guerre des Rohillas; mais lorsquâil fut rappelĂ© dans les provinces anglaises, la cure nâĂ©toit pas finie. mauvaise intelligence entre le Visir et lâofficier commandant Ă©tait au point que, quoique fa santĂ© lâexigeĂąt, il aima mieux ĂȘtre victime de son entĂȘtement, et il ne put jamais prendre fur lui de demander le prolongement du sĂ©jour du chirurgien. Choujah-oud-Dowlah mourut dans un tems oĂč fan esprit de conquĂȘte Ă©tait satisfait, et oĂč fa puissance -48 Ă©toit vraisemblablement parvenue Ă son plus haut degrĂ©. Les nouveaux membres de lâadminillration de Bengale, arrives en 1774, ne favorisĂšrent pas trop ses projets et ne parurent pas l'aimer beaucoup. Les projets quâil nourtissoit eussent mĂ»ri peu Ă peu et eussent amenĂ© la crise de sa fortune; câest-Ă -dire, ou lâeussent rendu tout-Ă -fait indĂ©pendant, ou lâeussent humiliĂ© bien plus encore que ne l'est son successeur. Il cachoit si peu ses projets politiques, que des hommes un peu instruits pouvoient dĂ©couvrir ce quâil portoit dans son fein. Il disoit souvent Ă ses courtisans, quâaprĂšs la conquĂȘte du Rohilcound, il entreroit dans le pays des Marattes, et tireroit une vengeance signalĂ©e des ravages qu'ils avoient faits dans lâIndostan. Il montroit de plus un violent dĂ©sir dâattirer Ă lui la direction de la cour de Dehli et de ses intĂ©rĂȘts. 11 vouloit surtout disposer du foible reste dâarmĂ©e que la maison du grand Tamer- lan avoir encore. Mais il fut dĂ©rangĂ© dans ses projets parNoudjcf-Kan, revĂȘtu de la dignitĂ© de Commandant gĂ©nĂ©ral, et qui par ses exploits avoir acquis une grande Ă©tendue de pays absolument indĂ©pendante de lâautoritĂ© impĂ©riale. On avoir fait croire aux anglois, que Choujah-oud- Dowlah Ă©toit attachĂ© Ă notre nation par son propre intĂ©rĂȘt, et quç sentant bien sa foiblesse, il seroit obligĂ© de se mettre JgJa discrĂ©tion des anglois, sâil vouloit agrandir ses pays ou chasser ses ennemis. On peut avoir estimĂ© comme lâon a voulu la force rĂ©elle et les ressources de Choujah-oud-Dowlah , il paroĂźt pourtant certain, quâaprĂšs la conquĂȘte du Rohilcound surtout, et aprĂšs les agrandissements quâil avoir espĂ©rĂ©s, il 'comptoit assez et surfes forces et fut ses ressources pour exĂ©cuter des projets qui ne sâaccordoieut pas du tout l *49 avec la politique angioise. Son orgueil dĂ©mesurĂ© et son ambition avoient Ă©tĂ© profondĂ©ment blessĂ©s par plusieurs rĂ©solutions de lâadministration de Bengale. II regardoit surtout les restrictions que sa commission de Allahabad luiavoit imposĂ©es, comme une violation du traitĂ© conclu avec Lord Clive. Mais il savoit Ă©touffer avec beaucoup dâadresse son ressentiment secret, et il cherchoit cependant tous les moyens de se rendre indĂ©pendant des anglois. Choujah'-oud-Dov/lah avoir connu lâavantage de la discipline europĂ©enne et travailloit Ă lâintroduire dans son armĂ©e. Outre les françois quâil employoit Ă discipliner ses troupes, il avoir demandĂ© aussi un certain nombre d'officiers anglois. Mais quel- que-tems aprĂšs cette priĂšre , la RĂ©gence de Calcutta ayant Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, et se montrant contraire Ă ses desseins , il refusa le service de tous ceux qui Ă©toient placĂ©s dans lâarmĂ©e angioise ; jâai su par des personnes sures que je nâose pas nommer, que Choujah-oud- Dorvlah sâoccupoit beaucoup pendant ses derniĂšres annĂ©es de se rendre tout-Ă -fait indĂ©pendant, et pensoit mĂȘme Ă chasser les anglois des Indes. Les officiers françois quâil avoir Ă son service augmentoient sa mauvaise volontĂ© contre le gouvernement anglois, et lui reprĂ©sentoient quâune liaison avec la france, seroit le meilleur moyen pour sauver son pays de lâesclavage oĂč le tenoient les anglois et exĂ©cuter ses plans de conquĂȘte. Le Visir Ă©couta avec plaisir de tels conseils, et consentit Ă ce quâon entamĂąt les nĂ©gociations. Lâimpatience et la chaleur avec laquelle il suivoit ses projets, lâempĂȘchoient de voir les difficultĂ©s quâil eĂ»t trouvĂ©es dans ses entreprises. Les nĂ©gociateurs du Visir demandoient quâun corps de troupes françoiscs abordĂąt aux cĂŽtes de Cambaye et marchĂąt par la partie sĂąo supĂ©rieure de la presqu'ifle vers la frontiĂšre occidentale dâOude. Si le Vifir eĂ»t fait cette tentative, il eĂ»t bientĂŽt vu que ce projet Ă©toit impraticable, et que les calculs des aventuriers françois Ă©toient faux. Certainement le ministĂšre français eĂ»t rejette la proposition. Il en eĂ»t reconnu l'impossibilitĂ©, ou il y eĂ»t trouvĂ© au moins des difficultĂ©s qui rendoient presque impossible, dâenvoyer un corps de troupes EuropĂ©ennes Ă travers une Ă©tendue de pays si considĂ©rable , couverte de peuplades puissantes et guerriĂšres et jalouses des EuropĂ©ens. Tant d ; autres faits qui fe rapportent Ă celui que j'ai citĂ© viennent Ă son appui, que je fuis forcĂ© de le regarder comme vrai. Choujah-oud-Dowlah, fur lequel pefoit le poids de la puissance angloife, agissoit comme on pouvoir lâattendre dâun Prince dans sa position; il cherchoit Ă Ă©carter cette sujĂ©tion incommode et flĂ©trissante ; et sâil eĂ»t vĂ©cu jusquâau moment on les anglois furent attaquĂ©s par tant dâennemis et succombĂšrent presque sous le poids multiplĂ© de leurs dĂ©sastres intĂ©rieurs , nous eussions fans doute Ă©tĂ© punis " dâavoir mis les armes Ă la main de ce Prince. Je crois ne pas faire de tort au souvenir de Choujah-oud-Dowlah, en le mettant Ă cette Ă©poque au nombre des ennemis les plus acharnĂ©s contre les anglois; et fans doute il eĂ»t fait tout au monde pour laver les affronts quâil avoit reçus et pour contenter sa vengeance irritĂ©e depuis si long- tems. Je finirai lâesquisse de la vie publique de Choujah- oud-Dowlah par quelques remarques fur son caractĂšre. Il ne saut pas oublier que ses diffĂ©rents traits appartiennent Ă un Indien dont l ame rĂ©trĂ©cie par des prĂ©jugĂ©s religieux et une mauvaise Ă©ducation, sent rarement le besoin de connoissances plus parfaites. AprĂšs »Jl cela je puis assurer que le Prince dont jâai parlĂ© jusqu ici , avoir un esprit pĂ©nĂ©trant et actif. Lorsquâun objet important ne lui donnoit pas un autre direction, ses vues tendoient toujours Ă faire le bonheur de Ion pays, et il eut toujours en horreur les cruautĂ©s inutiles, ou qqj nâĂ©toient pas jointes Ă des avantages considĂ©rables. En 1765 les revenus de Choujah-oud-Dowlah ne montoient qu'Ă * 120,000 1. 11. et son armĂ©e fut tellement affoibtie par la dĂ©faite de Bouxar, quâil ne pouvoir plus dĂ©fendre son territoire. Dix ans aprĂšs, ou vers le tems de fa mort, ses pays rapportoient 36 o,ooo liv. et il avoit Ă fa solde cent mille soldats. En accordant, d'un cĂŽtĂ©, quâil montra un esprit trĂšs-vaste dans fa maniĂšre de conserver, dâagrandir et de bien administrer scs Ă©tats, il faut aussi convenir, dâun autre cĂŽtĂ©, quâil a dĂ» une grande partie de sa puissance et de son autoritĂ© Ă sa liaison Ă©troite avec lâadministration de Bengale, sur laquelle il paroĂźt avoir eu long-tems une influence marquĂ©e. Si Choujah-oud Dowlah eĂ»t renoncĂ© Ă sa liaison avec les anglois, la furetĂ© de son pays et lâexĂ©cution de ses projets eussent dĂ©pendu principalement dĂ© la force de son armĂ©e et de lâhabiletĂ© de ses officiers ; car pour lui il nâavoit pas lâesprit militaire. Il nâavoit pas ce courage qui se montre dans les dangers vt dans le tems quâil est nĂ©cessaire. Mais lorsque la force du corps et lâexercice avaient Ă dĂ©cider le diffĂ©rent, personne ne pouvoir lui rĂ©sister. Il montoit sans crainte les chevaux les plus fougueux et il attaquoit * Je crois quâil y a dans ce nombre et dans celui qui fuit une faute d impreffiou, vraisemblablement y a-t-il dans les deux nombres uu xero de moins, et on a mis dans le second au lieu dâun deux le nombre rois. Note du Trad. alla. * 5 * lâĂ©pĂ©e Ă la main, ou avec son fusil, ou avec son arc, quâil manioit parfaitement, les bĂȘtes les plus fĂ©roces. Il paroĂźt quâil avoit acquis cette forte de courage par son adresse Ă manier toute sorte dâarmes et par la force et la souplesse de son corps. Mais dans une bataille et dans les positions dangereuses, il ne montrent pa mĂȘme le courage ordinaire. Il avoit dans la guerre des Ro- hillas le nom de gĂ©nĂ©ral en dies, malgrĂ© cela il se conduisit toujours lĂąchement; et dans le combat mĂȘme ou Hafitz llamout fe montra courageusement en premiĂšre ligne, Choujah-oud-Dowlah le retira derriĂšre lâarmĂ©e. Il donna les marques de crainte les plus visibles jusquâĂ ce qu'on lui apportĂąt la tĂȘte sanglante du chef des Kohillas. Choujah-oud-Dowlah Ă©toit, comme tous les hommes de dillinction en Asie, extrĂ©ment doux, et avoit des maniĂšres trĂšs-flatteuses. Ces qualitĂ©s rĂ©unies Ă une belle ligure et Ă une tournure fort noble, lui donnĂšrent beaucoup d'avantage pour traiter avec les Ă©trangers et conserver son propre pays. 11 pouvoir appaiser les mutins les plus emportĂ©s, et quoiquâon sentit parfaitement le peu de valeur de ce quâil dilbit, on le quittoit presque toujours avec une impression agrĂ©able pour quelques moments. Il connoissoit parfaitement lâart de la tromperie et de la dissimulation , et il pouvoir prendre tout caractĂšre nĂ©cessaire Ă ses vues. NĂ©anmoins il Ă©toit sujet Ă des transports momentanĂ©s qui le surprenoient dans des teins on ils faisoient tort Ă ses projets. Dans sa famille , il remplissent les devoirs dâun pĂšre tendre et dâun bon maĂźtre. Lorsque la politique lâexigeoit, il jettoit lâargent Ă pleines mains. Autrement la libĂ©ralitĂ© nâĂ©toitpas une de ses vertus. Bien plus il Ă©toit Ăąpre au gain et extrĂȘmement Ă©conome pour conserver i53 conserver ses trĂ©sors. Scs amours lui firent faire des choses indignes de son g rang et qui ruinĂšrent fa santĂ©. Il continua tle sây abandonner jusqvt'Ă ce que son mal sut devenu incurable. Son Harem Ă©toit composĂ©, dit-on , de 800 femmes et concubines dont il eut 5 o en sans. Mifzali-Arnany, qui porta ensuite le nom de Asoff-oud-DovvIah, Ă©toit lâainĂ© de ses fils lĂ©gitimes , et lui succĂ©da sans troubles et fans Opposition dans le gouvernement de tous ses pays. Continuation des Lettres. NEUVIĂME' LETTRE. Billaspour 22 FĂ©vrier 1788. 3 "e vais bientĂŽt pendre congĂ© du monde Indien; permettez-moi auparavant, mon cher ami, de vous tĂ©moigner toute ma reconnoissance des preuves dâamitiĂ© sincĂšre et des marques de bontĂ© que jâaiieçues partout dans nos provinces. Les anglois, dans le Bengale, font renommĂ©s depui$long-tems pour leur hospitalitĂ©. Je puis confirmer cette rĂ©putation si mĂ©ritĂ©e par mon exemple. Ils jouissent en rĂ©compense du prix attachĂ© Ă un caractĂšre si heureux; ils goĂ»tent ces plaisirs qui font joints Ă de bonnes actions, et qui lâemportent de beaucoup fĂŒr les petits sacrifices quâexige une vĂ©ritable bienfaisance. AprĂšs avoir exprimĂ© ma reccn- naifiance autans bien quâil m Ă©toit possible, je continue la - description de mon voyage. Le 8 FĂ©vrier je quittai Rampour , et jâarrivai Ă Morad- 6i Ce petit village est situĂ© Ă un mille du Gange, qui ici coule vers le sud , a deux cens verges de large et dix ou quinze pieds de-profondeur. A la distance environ dâun demi-mille de la place oĂč lâon passe le fleuve, est une chaĂźne de rochers, qui du bord oriental s'Ă©tend jusquâĂ plus de la moitiĂ© du Gange, et contre lesquels l'eau se brise avec violence. Le Gange serpente dans vos heureuses contrĂ©es Ă travers des plaines fertiles, couvertes de villages dont les habitants vivent dans la paix et lâabondance. Ici ces bords, du cĂŽtĂ© de lâest, font couverts de bois Ă©pais habitĂ©s par des bĂȘtes fĂ©roces, et du cĂŽtĂ© de lâouest, sâĂ©tend un triste dĂ©sert couvert de bruyĂšres. Le 25 nous passĂąmes le fleuve Ă Nacker-Ghaut. qui est Ă environ douze mille au-dessus de H'ourdwar. Le knfilah restant quelques jours Ă Joumah , je le quittai. Les Cachemiriens quiĂ©toient dans la Caravane et moi, nous nous rĂ©unĂźmes avec une petite sociĂ©tĂ© de marchands qui portoient du coton kNhan. Le commis prĂ©posĂ© furie cĂŽtĂ© occidental du Gange, pour la perception du pĂ©age, mâimposa Ă deux roupies. Il disoit que je paroissois voyager avec beaucoup de cĂŽmmoditĂ©, et quâainsi je pouvois bien payer cette somme. Jâeus beau objecter que je nâavois rien avec moi qui dĂ»t payer quelque droit, et quâil Ă©toit injuste dâimposer un voyageur qui nâavoit pas de marchandises. Mes raisons ne furent pas Ă©coutĂ©es; et le commis appuyant fa demande par une troupe de soldats qui avoient des armes Ă feu, je fus obligĂ© de faire finir ce combat inĂ©gal. En calculant dâailleurs la quantitĂ© de taxes imposĂ©es chez les autres nations qui fe croyent plus humaines et plus Ă©clairĂ©es que les montagnards de Siring-Naghour, nous troĂ»verons assez simple quâune »6s personne qui voyage commodĂ©ment Ă cheval ,'contribuc aux besoins dâun Ă©tat qui garantit fa surĂ©tĂ© pat sa bonne administration. Le 26 jâariivai au village Caifawala, 7 coss. Le kastlah campa dans une plaine verte et agrĂ©able tout prĂšs du village. Cette plaine Ă©toit entourĂ©e d'un bois et coupĂ©e, par ses dĂ©tours variĂ©s, d'un lleuve et par des canaux. Lâeau mâengagea Ă me baigner quoiquâil fĂźt trĂšs-froid. Pourpouvoir le faire plus Ă mon aise, je me rendis dans le plus Ă©pais du bois. Jây trouvai une grande quantitĂ© de paons et dâautres oiseaux, parmi lesquels il y en avoit un qui restsembloit Ă la perdiix commune, mais qui Ă©toit plus petit et voloit plus vite. Le 28 Ă d'Airah, rĂ©sidence du plĂ©nipotentiaire du Rajah de Siring-Naghour. Cette ville petite, mais bien peuplĂ©e, peut ĂȘtre regardĂ©e comme la capitale de la division infĂ©rieure * du Siring-Naghour. Cette di- visi >n est composĂ©e dâune plaine qui, au sud, est enfermĂ©e par une suite de collines Ă©parses çà et lĂ , et au nord, par une chaĂźne de montagnes plus Ă©levĂ©es. Les SĂźcques peuvent entrer librement dans ces contrĂ©es et mĂȘme par les collines du sud qui sont sĂ©parĂ©es par de petits vallons. Quand ne les en empĂȘche pas, ils pĂ©nĂštrent mĂȘme dans les parties infĂ©rieures de Siring-Naghour. Le Rajah demeure dans une ville qui porte le mĂȘme nom que le pays, et qui est situĂ©e, Ă ce que lâon mâa dit, Ă cent milles au nord, et du cĂŽtĂ© de lâest de Lall-Dong. ** Lâinaction du Rajah actuel a * Le nom est Doone, qui veut dire p3ys bas. l ** j On trouve dans le Caicutta-MontHy register, p. 17 2 et suiv. une description interessante d'un voyage qur plusieurs anglois firent en 1789 de Anopeshecr Ă Siring-Naghour , et qu'ils poussĂšrent jusqu'aux montagne de neige au nord de ce pay*. La description de ce voyage est -6Z » mis les Sicqnes en Ă©tat de demander Ă ce pays un tribut rĂ©gulier. ** Combien plus de ressources et dĂ©couragĂ© avoit ce Rajah de Siring-Naghour, qui malgrĂ© Aureng- zeb, le plus puissant Prince de son tems, protĂ©gea le fils du Data, *** frĂšre dĂ© lâEmpereuret son ennemi mortel, sans sâembarasser des menaces du Monarque de l'Indostan. Mais ce fut ce mĂȘme Rajah qui se laissa vaincre par la sois exĂ©crable de 1 or. Câest le plus grand flĂ©au sorti de la boĂ«te de pandore. J1 arma souvent le fils contre son pĂšre , sema la discorde dans les mariages, et brisa tous les liens de lâhonneur et de lâamitiĂ©. Le kafilah resta jusquâau quinze pour payer les droits, et ce jour lĂ nous allĂąmes jusquâĂ Keinjapoor. dixeoss. Ce fut lĂ que je vis deux Sicques Ă cheval envoyĂ©s de leur pays pour percevoir le tribut qui doit ĂȘtre pris sur les revenus de certaines douanes. En voyant la maniĂšre dont ils Ă©toient traitĂ©s, ou plutĂŽt dont ils sây prenoient, je desirois de pouvoir passer quelques semaines dans n* le corps dâun Sicque. Ces cavaliers se trouvent fort-bien du mĂ©tier. A peine Ă©toient-ils descendus de cheval, quâils trouvoient leurs lits prĂ©parĂ©s , et onWdonnoit Ă leurs chevaux de lâorge verd que lâon arrachoit dans les - champs. Les voyageurs qui appartenoient au kafilah Ă©toient fort contents, quind ils pouvaient coucher par terre et avoir pour je lâargentce dont ils avoient besoin. Câest la diffĂ©rence qu'il y a entre ceux qui ont la force en main et ceux qui ne lâont pas. traduite dans la dix-neuviĂšme feuille du magasin d'Hanovre de i 795. Le voyageur anglais met la ville de Siring-Naghour au-dessous de 3 u* it z . Pendant le sĂ©cheresses, le Gange nâest large, prĂšs de cette ville, que de 1 5 o verges. Son lit est tellement couvert de rochers, quâil* nâest pas navigable* {** On dit 4 oo roupies par an. *** Voyez Bernier fur la fuite de Sipahi-Shek» Ă Siring-Naghaur, l6 4 * r Le 6 Mars nous passĂąmes Iejoumna et nous campĂąmes fur la rive occidentale de ce fleuve, 8 cofs. Il coule vers le sud-ouest, il est sort beau et presque aussi large que le Gange. * Le Joumna a beaucoup de poissons. Je lâai vu moi-mĂȘme ; mais je crois que les habitants ne se donnent pas la peine de les prendre. Dans le voisinage du Joumna ** otne voit aucune culture, quoiquâil y grande plaine qui sâĂ©tend du cĂŽtĂ© de lâouest et qui p^ourroit ĂȘtre arrosĂ©e sans peine par le fleuve. Le territoire de Siring-Naghour, qui cesse ici, est bornĂ© au nord et au nord - est par les pays des Rajahs Indiens indĂ©pendants, au sud parOude, Ă lâouest et au nord-ouest par le joumna, et au sud-ouest par lespoflestions des Sicques. Depuis Lall-Dong jusquâau Gange, le pays est une chaĂźne assez peu interrompue de collines et de montagnes couvertes de bois. Les ĂlĂ©phants que lâon trouve en assez grand nombre dans les bois, mais qui ne font ni aussi grands ni aussi utiles que ceux de Chittagong et des pays Malais, font seulement estimĂ©s Ă cause de lâivoire. Depuis le Gange jusqu'Ă lâioumna, 4e chemin passe par une vallĂ©e Ă©tendue qui a un bon sol, mais qui est assez mal peuplĂ©e, et couverte çà et lĂ de bois. Le peuple se nourrit de pain de froment et de pois dont ordinairement on fait une soupe. Je vous assure nâavoir jamais rien piangĂ© avec tant de plaisir que cette soupe. Il est vrai quâune bonne santĂ©, un mouvement journalier, un air vif, pourroient faire manger encore des choses pires que du pain de fro- * Je dois Remarquer que je passai ce fleuve dans le tems oĂč les eaux Ă©toient le plus basses. ** Ce nâest pas par nĂ©gligence que jâai Ă©crit dâabord Joumma et ensuite Joumna. Je le trouvai ainsi dan mon exemplaire. Rennell sâĂ©tonne avec raison' que Ie joumna soit aussi largr que le Gange dans les montagnes oĂč Förster passa ce fleuve. Note du Trad. Allemand. » i65 \ ment et de la soupe aux pois. Je ne risquerai pas de fixer ses revenus dâun pays que jâai parcouru comme un misĂ©rable voyageur. Je remarquerai seulement que le bruit gĂ©nĂ©ral porte les revenus de Siring-Naghour Ă environ 20 lacks de roupies. Le commis du cĂŽtĂ© occidental de 1 loumna me demanda deux roupies. Il me dit que puisque jâĂ©tois un simple voyageur qui ne sai- soit pas de commerce , je nâĂ©tois utile en rien au pays, et que pfcr consĂ©quent je devois payer pour ma personne. Comme il me donnoit ia mĂȘme preuve que celle de Siring-Naghour , je payai avec plaisir et fus encore content quâon ne fit pas de recherches plus exactes. Le 7 Ă Caridah , 8 cos», et le 8 Ă Coliroon, 8 coss. Petits villages de quelques maisons. Ce fut laque deux Cachemiriens, un SunaiTer, * mon domestique etmoi, nons quittĂąmes le kafilah et arrivĂąmes le g Ă Nhan. Câest la rĂ©sidence du Rajah dâun pays du mĂȘme nom, qui le jour de notre arrivĂ©e fit une entrĂ©e publique aprĂšs une longue absence. Une partie du pays de Nhan sâĂ©tend, vers le sud, jusquâĂ la pointe du Pouniab et touche par lĂ aux postestions des Sicques, qui firent ce que font les voisins les plus forts. Ils sâemparĂšrent du- pays. Le Rajah arma pgur le recouvrer. Mais aprĂšs plusieurs petits combats oĂč il se distingua assez, il fut obligĂ© de demanderla paix, et on ne lui rendit son pays quâĂ condition qu'il payeroit deux mille roupies par an Ă un certain chef des Sicques. Cette somme vous paraĂźtrait*! de chose, et elle lâest aussi dans vos contrĂ©es, oĂč l'argent comptant est commun et oĂč lâaisance Ă bientĂŽt produit le luxe. Mais parmi ces montagnards * C'est le nom dâune secte dâIndien* composĂ©e de mendiants. Jâai pourtant connu un Sunafier qui faisoitun grand commerce. * >Ă - dont les mĆurs font encore simples et peu cultivĂ©es, qui nâont picfque besoin que des choses nĂ©cdlaues Ă la vie, quâils yolscdent en abondance, celte somme eft trĂšs-conlidĂ©i able, et ne peut mĂȘme ĂȘtre ramassĂ©e que par des impĂŽts assez oppressifs. Les habitants et les marchands Ă©trangers dans la ville, furent obligĂ©s de payer une contribution considĂ©rable; et Ă prĂ©sent que le Rajah a dĂ©couvert ce que le peuple peut porter, il continuera vraisemblablement Ă jouir fa ligure Ă©trangĂšre, soit par un instinct qui les avertit, de ses moyens dâattaque et de dĂ©fense. Je fus fort bien reçu cette nuit fous le vestibule dâune rĂŽtisserie indienne. On nous servit un gĂąteau de farine de froment fort bon, avec une soupe aux pois. Pardon si je vous parie de ces dĂ©tails domestiques; mais la bonne nourriture entretenant ma santĂ© , me mettoit en Ă©tat de continuer mon voyage. Nous n^voulionsavoir souvent que le couvert pour la nuit, et nous ne le trouvions pas toujours. Quoique l'Indou exerce en gĂ©nĂ©ral 1 hospitalitĂ© , cependant il nâaime pas Ă loger des MahomĂ©- tans , quâil regarde comme impurs. Le 14 , six cofs; Ă Lawnja , petit village. Peu de maisons. Toute notre journĂ©e fe passa Ă gravir des montagnes fort roides. Mon petit cheval grimpoit comme une chĂšvre, et cependant la plupart du tems jâĂ©tois obligĂ© dâaller Ă pied, le chemin Ă©tant souvent Ă pic. Je veux avertir les voyageurs de votre connoissance qui voudroient suivre mes traces, et je vous dĂ©clare que lâaubergiste de Lawasah est un coquin et quâil mĂȘle de la farine, dâorge dans fa farine de froment. Il est le seul homme de son mĂ©tier dans lâenclroit , ainsi on ne peut parer Ă cet inconvĂ©nient quâen emportant ses pro- vili ms de Soudowra oĂč lâon est bien logĂ©. Quoiquâil ne soit pas vraisemblable que mes recommandations soient trĂšs-utiles Ă mon honnĂȘte homme dâaubergiste Ă Soudowra, câest toujours un plaisir pour ^noi de parler du bon traitement quâil mâa fait Ă©prouver. Le i5 , neuf cofs; Ă CoĂŒttie , qui nâa que deux oti ' N 5 /0 trois maisons. Ici le payu de Xiian est bornĂ© parle petit district de BoĂpour, qui appartient au Rajah de Bella f- pour. I-e 16 nous fĂźmes halte au bord du Nc'ulla 7 coss. aujourdâhui nous avons trouvĂ© une famille de La ehern ir. CâĂ©toit un orfĂšvre avec fa femme et ses ensans, et qui vouloir sâĂ©tablir dans une ville prĂšs des frontiĂšres du Thibet. Le 17, huit ccfs; Ă Kounda , petit village situĂ© Ă j milles au nord-ouest de Dourmpour. Câest la rĂ©sidence du chef dâun petit district qui dĂ©pend de Bellafpour. A Dourmpour , je payai deux roupies pour laisser paffer mon cheval. ' * . , _ 1 Le 18 a Gowrah me reposai pendant la chaleur du jour prĂšs dâun moulin Ă eau ; ce fut le premier que je vis dans les Indes. Le matin Ă 2 heures, jâobservai une Ă©clipse de lune qui dura prĂšs de deux heures. Le soir nous entrĂąmes dans une maison de paysan , Ă qui nous demandĂąmes la pĂ©rmiffion de faire entrer nos paquets chez lui et de chercher dans une de ses granges quelques places on nous pussions paffer la nuit. Le paysan me regarda fixement. Ma figure ne parut pas lui convenir, et il nous dit franchement quâil craignoit bien que nous ne nous contentassions pas dâune grange. Il avoir de la peine Ă croire que nous fusiions entrĂ©s chez lui feulement pour y paffer la nuit, et il ne nous permit dâentrer dans fa cour, que lorsque le marchand de Cachemire lui eut montrĂ© quelques petites marchandises. Les distVicts de Houndah et de Gowrah sâappellent Barrah Touckrah , * parce quâils font composĂ©s dĂš petits pays quâun Rajah de Bellafpour avoir assignĂ©s, il y a cinquante ans, Ă ses jeunes si!?. * Expression qui , en Indien, veut dire douze partie». G 1 Ces petits Ă©tats loqt mal gouvernĂ©s, et le voyageur qui va du Gange en Cachemire court ici nique d ĂȘtre pillĂ©. Le 19, dix ccss ; au village Tayanaghour; etleto, 12 cols; Ă Bcllajpour , , 1 a rĂ©sidence de la RanĂ©e ou Princesse du pays de Calour. Cette ville est situĂ©e au sud-ouest du Setloud ou Soutloudge, le plus oriental des cinq fleuves qui eut donnĂ© Ă ce pays, depuis S ihr end jusqu'Ă lâĂźndeus , le nom de Youniab. * Le Setloud, fleuve trĂšs-rapide, a prĂšs de cette ville environ cent verges de large, Bellaspour est une ville bien bĂątie et avec une rĂ©gularitĂ© rare dans ces pays. Calour touche, au nord, au district de Kangrah-, Ă lâest, Ă un pays considĂ©rable nommĂ© BouiTeer ; au sud , au A'han; et Ă 1 o lest, au Youniab. Les jevenus annuels de ce pays doivent monter Ă douze lacks de roupies. A mon arrivĂ©e Ă Bellaspour, la RanĂ©e Ă©toit en guerre avec le chef de Kangrah, et l'armĂ©e de la Princesse Ă©toit sur les frontiĂšres de l'ennemi. Les causes de cette guerre ne vous Ă©difieront et ne rĂ©jouiront pas beaucoup; et cependant cela occupe les habitants de ces montagnes comme si les collines et les bois de Bellaspour Ă©toient le théùtre dâune guerre gĂ©nĂ©rale. Le siĂšge de Troye et les combats prĂšs du Scamandre, ne paroĂčroient rien Ă ces hĂ©ros des bois auprĂšs de leur guerre; et ils nây voudroient trouver d'autre ressemblance que dâavoir Ă©tĂ© l'une et lâautre occasionnĂ©es par des femmes. Jâai commencĂ© involontairement Ă m'intĂ©resser Ă leur histoire , et comme je nâai rien de trĂšs-important Ă vous communiquer, je vais vous en ennuyer. Pour dĂ©tailler mieux la chose , je dois vous rappeler N K {* Mot Persan, qui veut dire cinq riviĂšres. 17 * les iems d'Akbsr, qui fut, dit-on, le premier Empereur qui soumit ccs pays de montagnes. Sur la frontiĂšre septentrionale de Calour. d'i une forteresse, Kote-KangrĂąh, qucAkbar, qui lâaliiĂ©geoit en peiibnne , fut une annĂ©e Ă rçtluirc. Du moins voilĂ ce que la tradition raconte. Pour iccompcnfcr un de ses officiers qui sâĂ©toit distinguĂ© lors du siĂšge, Akbar lui donna cette fortercsie avec une asicz grande Ă©tendue de pays qu'il y ajouta. La postĂ©ritĂ© de cet officier, qui fuit la secte desChoutes, possĂ©da ces pays jusquâau moment actuel, que le Rajah de Kangtah ravagea le pays et assiĂ©gea la forteresse. Le MahoraĂ©tar. incapable de rĂ©sister Ă cette attaque , implora le secours de la R >nĂ©e de Bellafpour , qui, comme une vraie hĂ©roĂŻne, accourut dĂ©fendre son voisin- et vengea bientĂŽt le tort quâon lui fui soit, en pillant et ravageant tout dans Je pays de Kangrab. Le prince de Kangrah soutient inutilement que la RanĂ©c, lorsquâelle a vu le pays de son ennemi fan» dĂ©fense , a pris le prĂ©texte de secourir son voisin pour augmenter sa propre puissance. Le si etlest 2 nous restĂąmes Ă Bellafpour. La guerre ne troubla'pas peu notre voyage. Il y avoir dans lâarmĂ©e de Kanrrah, par laquelle nous devions passer, une troupe dcSicques qui a voient rĂ©pandu un effroi gĂ©nĂ©ral dans ccs pays Ă©loignĂ©s. Les deux Cachemiriens, Ă prĂ©sent mes seuls compagnons, ne vouloient pas partir absolument que nons nâeuffions reçu du renfort. AprĂšs plusieurs reprĂ©sentations, ils consentirent Ă aller avec moi dans le camp de Bellafpour. Ilfe croient forcĂ©s de convenir eux-mĂȘmes, quâil Ă©toit vraisemblable que nous y trouverions plutĂŽt que dans la ville ^es voyageurs qui voudioient aller au nord. Mais 1 Indou, dans toutes ses actions, est paresseux et trĂšs-peu entreprenant; ' 7 ^ et notre supĂ©rioritĂ© vient en grande patrie de ce que nous les attaquons par ce cĂŽtĂ© foible. La promptitude de nos rĂ©solutions, et la cĂ©lĂ©ritĂ© de nos entreprises, doivent nous donner l'avantage toutes les fois que nous aurons affairĂ© avec eux. Lâinaction et la lenteur natu- xe'ie de leur esprit, est encore augmentĂ©e par leur foi Ă la prĂ©destination et Ă lâastrologie. Les Indons regardent avec lâattention la plus scrupuleuse, aux jours, aux. heures et aux minutes, et ils dirigent leurs actions, mĂȘme les affaires de iavie ordinaire d'aprĂšs les dĂ©cisions de lâaljtrologue. Lorsque celui ci apperçoit dans les personnes qui l'interrogent une aversion secrĂšte pour certaines diese* , ou lorsquâil craint que sa rĂ©putation ne souffre par une rĂ©ponse qui eĂ»t engagĂ© Ă tenter ce que l'on projetoit sĂ»rement, il sait trouver un obstacle. Quelle supĂ©rioritĂ© nâavons nous'pas fur de telles gens; et cependant nos derniĂšres entreprises, dans les Indes, ont diminuĂ© la rĂ©putation des avantages naturels et acquis que les soldats anglois avoient montrĂ©s dans la plupart des occasions.âJe prie de ne pas mĂ©sentendre cette digression , et de ne pas croire que je favorise les pillages et les incursions que nous avons faites par occasion dans les pays de nos voisins.?!] Notre conduite, Ă lâĂ©gard des Marattes,Ă©toit aussi injuste qu'impolitique, et jene sais si nous devons nos succĂšs Ă nojre bonheur ou Ă la folie de nos ennemis. * Le 2 3 au soir je passai le Setloud dans un bateau, Le fleuve est Ă©troit , profond et rapide, et fait beaucouD de dĂ©tours. Je me reposai dans un petit village situĂ© I {+ On trouve dans les mĂ©moires de Mailings, relatifs Ă lâĂ©tat de lâInde , la vĂ©ritable raison de la guerre des Marattes de laquelle Förster parle. N. du T. A. * La convention de "Wargaoum , qui nous couvrit dâopprobre* v >74 vis-Ă -vis de Bellaspour , quoique lâendroit oĂč lâon passe soit Ă deux milles de la ville. Un kasilah de Joum- boofhaul s'Ă©toit campĂ© au nord de la ville. 11 alloit Ă De ldi et Ă Louknow. Je sis connoissance avec des personnes du kasilah, et par leur influence jâobtins la permission du receveur du pĂ©age de passer sans obflacle. Cela me fit dâautant plus de plaisir, que le Gouvernement de Bcllnsjiour est connu pour ses concussions. Le receveur porta si s bontĂ©s plus loin encore que je ne lâavois espĂ©rĂ©. Non-seulement il me lit passer librement par le dilĂŻrict de IsclluspouT. mais il me donna une lettre de recommandation pour son sicre , receveur de la douane Ă Kangrah. Les personnes du kasilah Ă©toient curieuses desavoir mon hilloire, et peut-ĂȘtre desireriez- vous savoir celle que jâinventai dans ce tems. II y avoit dans le kasilah quelqu un qui parloit turc, il fallut composer mon histoire dâaprĂšs cet accident. Dieu fait combien jâen ai inventĂ©es pendant mon voyage. JâespĂšre que vous me. les perdonnerez en mâexcusant sur la nĂ©cessitĂ© oĂč j Ă©tois de les faire. Aujourd'hui je dis que jâĂ©tois nĂ© turc, mais que jâĂ©tois venu de trĂšs-bonne heure aux Indes oĂč une personne de distinction m avoit Ă©levĂ©. Mon long sĂ©jour aux Indes mâavoit fait oublier le turc. Jâavois Ă©tĂ© presque toujours soldat ; mais une maladie m'ayant fait quitter mon Ă©tat, je mâĂ©tois fait marchand ambulant. Cette histoire Ă©toit assez simple et vraisemblable; mĂ»i-niĂ©me jâentrob dans tant de dĂ©tails que je commençois aussi Ă la croire vraie. On mâavoit vu cependant Ă©crire deux ou trois fois. Un des voyageurs me dit, que câĂ©toit Ă l'EuropĂ©enne et dune maniĂšre fort peu en usage. La remarque mâembarassa. Cependant je rĂ©pondis, fans hĂ©siter, que j'avois toujours Ă©tĂ© accoutumĂ© Ă Ă©crire dĂ©pense jeur- * »75 naliĂšre , pour Ă la fin de'lâannĂ©e en savoir le montant et ne pas dĂ©penser plus que ma recette ne le pĂšrmettoit. Ordinairement je notois mes observations en Ă©criture persane. Mais*un jour que jâĂ©crivĂźfĂźs une lettre angloise, il y avoit un Cachemirien prĂšs de moi qui avoit servi' en Bengale sur un vaisseau angĂźois , il vit que jâĂ©crivois comme les EuropĂ©ens de droite Ă gauche cependant ma rĂ©ponse , que les turcs Ă©crivoient de cette maniĂšre, le satisfit..Les Asiatiques ont la coutume de sâaccroupir lorsquâils lĂąchent leur eau , moi je reslois debout fans penser que cela nâĂ©toit pas dans le rĂŽle que j avois pris. On me fit des reproches sur nia mal-propretĂ©, et je rĂ©pondis que câĂ©toit une mauvaise habitude de soldat, Ă qui la ponctualitĂ©-du service et leur vie errante per- mettoient quelquefois de sâĂ©carter du dĂ©corum , soit qu ils ne fissent pas attention, soit Ă cause de la bonne intelligence dans laquelle nous vivions, mes compagnons de voyage ne me reconnurent pas du tout fous le masque que jâavois pris, et que jâespĂšre garder jusquâĂ la fin de mon voyage. DIXIĂME LETTRE. Nourpour 17S3. .Le 28 du mois dernier, je vous ai dĂ©critmon voyage de Lall-Dong Ă Bellaspour. A prĂ©sent je puis vous dire que je fuis arrivĂ© en bonne santĂ© Ă Nourpour , la ville la plus considĂ©rable du district de ce nom, sans avoir Ă©tĂ© attaquĂ© par les tigres, les brigands ouĂŻes Sicques. Du bord occidentel du Setlour, nous allĂąmes le 24 mars au village Comour-HattĂ©c 8 cols. Une HattĂ©e, qui dans le langage du pays veut dire une taverne , est toujours k *76 ce quâil y a de plus agrĂ©able pour un voyageur. Ausii je cherchois toujours Ă mâarrĂȘter dans de telles tavernes. Je trouvois lĂ de la farine de froment, des pois et du ghĂ©e , '* câest ce quiCormoit ordinairement mes repas; etlorsque jâen priois honnĂȘtement celui qui les vendoit, il me permettoit ordinairement de mâarrĂȘter dans la cour de fa maison. Le n5 nous finies dix cofs pour parvenir Ă lâarmĂ©e de Bellafpour. On n'a pas besoin de la plume dâHomĂšre pour nommer les diffĂ©rents peuples qui formoient son armĂ©e , et peindre les noms, la force et le caractĂšre de leurs chefs et la place cuâils occupoient. 11 suffira de dire quâil y a voit environ 3oo cavaliers et Sooo fantassins armĂ©s de fusils, dâĂ©pĂ©es, de lances et de massues. Ils occupoient deux cĂŽtĂ©s de la montagne , ifs Ă©toient dans le plus grand dĂ©sordre et tous aussi sales les uns que les autres. Les troupes avoient campĂ© quatre mois fous de petites huttes faites de branches d'arbres; ainsi oa peut croire quâun "tel sĂ©jour nâĂ©toit ni sain, ni agrĂ©able. 11 nây avoir en gĂ©nĂ©ral que quatre tentes et encore fort communes. Lâune d'elles Ă©toit pour le GĂ©nĂ©ralissime, frĂšre, et si je ne me trompe pas, frĂšre aĂźnĂ© du dernier Rajah de Bellafpour ; car dans les Indes ni lâIndou, ni le MahomĂ©tan n'observe exactement le droit de primogĂ©niture. Ce GĂ©nĂ©ralissime , Ă cause de son grand Ăąge , ne pouvoir faire aucun service ; on lui avoir adjoint un frĂšre plus jeune qui commandoit Ă sa place. La RanĂ©e , avec son fils ĂągĂ© de dix ans, et un Sounnast'Ă©e favori de la Reine, sâetoit retirĂ©e dans une citadelle dâoĂč elle dirigeop les opĂ©rations de la guerre. Puisque jâai dĂ©jĂ parlĂ© de lâhistoire de Bellafpour, je s* Du ghĂ©e est; du beurre fondu dont on se sert toujours dans les cuisines Indiennes. 1 77 veux vous raconter celle de la ? rince lie , cela jetera peut-ĂȘtre du jour fur le caractĂšre et la conduite des femmes. Sans me perdre dans des Ă©loges qui seroient inutiles, je vous,dirai que la llannĂ©e de Bellaspour , aprĂšs la mort du dernire Rajah, se dĂ©clara elle mĂȘme tutrice de son fils et rĂ©gente du pays. * Le frĂšre de l'on Ă©poux voulut sây opposer, celui-lĂ mĂȘme qui ale 'commandement de lâarmĂ©e. Il y avoir encore dâautres obstacles Ă surmonter , les j^js grands venoient de son sexe qui lui dĂ©fendoit de paroĂźtre eu public. Enfin eiie vainquit toutes les difficultĂ©s et devint tout-Ă -fait la maĂźtresse.^La victoire de la Princesse entraĂźna aprĂšs elle la dĂ©tention de son rival; mais il y fut bien traitĂ© et bientĂŽt on le mit en libertĂ©. Cette feipme est pleine dâesprit ; mais aprĂšs avoir su conduire avec un bonheur Ă©gal ses guerres et son administration , elle s'est laissĂ©e sarprendre par lâamour. Je laisse aux connoisseurs expĂ©rimentĂ©s en amour, Ă dĂ©cider si cette paffion , comme le prĂ©tendent nos moralistes sĂ©vĂšres , est un supplĂ©ment et en mĂȘme-tems lâalliage de nos vertus, on li elle Ă©lĂšve nos autres vertus et nous eu donne mĂȘme de nouvelles, comme le prĂ©tend le spirituel Yorick. Quoiquâil en soit, jâai vu lâobjet de lâamour de cette Princesse , et il fait honneur Ă son goĂ»t.. Câest un bel Indou, tout je une encore,- et qui contre lâesprit de sa secte, qui est presque aussi sĂ©vĂšre que lâordre des chartreux, sâhabille fort bien et Ă la MahornĂ©tane. On * Jâai dĂ©jĂ remarquĂ© dans mes observations fur la religion de 1 Indous , que parmi eux , une veuve devient aprĂšs la mort de son mari le dernier, membre de la famille. Cette loi est Ă©ludĂ©e Ă prĂ©sent par les ĂŻiciielses , le pouvoir et lâintrigue. Au reste il nâest pas inutile de r marquer que les Indous le servent du mot vtuf> pour exprimer quelque choie de bas ou dâinsignifiant. » 7 » reconnaĂźt tout de suite Ă lâaisance de ses maniĂšres, Ă la coquetterie recherchĂ©e de fa parure , le favori des femmes. Aussi lâamour fait naĂźtre des changements mĂȘme parmi un pe*uple qui observe ordinairement tous les prĂ©ceptes de fa religion avec une exactitude qui choque le sens commun, et qui souvent tombe dans les plus grandes absurditĂ©s. *J En voilĂ assez fur la EanĂ©e de Bellaspour, je lui souhaite au reste toute sorte de prospĂ©ritĂ©s. ^ Ce fut alors que jâappris, que mon chemin Ă lâarmĂ©e de Kangrah seroit trĂšs-dangereux sans une escorte militaire. Pour tĂącher de m'en tirer dâune maniĂšre ou dâautre , jâallai trouver le GĂ©nĂ©ralissime. 11 Ă©tait assis sous un banian et Ă©tait entourĂ© de scs premiers officiers, qui pour la plupart i\f portaient rien autre quâun cuir de buffle du pays. Il faisait justement la revue de recrues arrivĂ©es nouvellement de leur pays, ou plutĂŽt de leurs bois. Ils ressemblaient Ă des satire", Ă des faunes ou Ă ces divinitĂ©s des bois comme les anciens les ont dĂ©peintes ; et je ne crois pas que tout lâart et la rigueur mĂȘme dâun caporal pruffien pĂ»t donner Ă ces hommes des bois une connoissancc quelconque du service militaire. En mâapprochant du chef, je lui prĂ©sentai une roupie que jâavois mise sur le bord de mon habit. Vous ne savez peut-ĂȘtre pas encore quâon ne doit pas tenir cette piĂšce dâargent dans fa main, il faut la tenir fur un mouchoir ou furie bord de lâhabit, et lorsque le supĂ©rieur veut Ă©couter ou favoriser son client, souvent, soit par gĂ©nĂ©rositĂ©, soit Ă cause de Dans le voisinage de BenarĂšs U y a un ordre religieux dâindous qui ne font absolument aucun usĂąge de leurs mains , mĂȘme dan* les ca» les plus nĂ©cessaires; ils le laissent servir par d'autres» et il fautles faire manger. 4 17 son Ă©tat, il ne prend pas le prĂ©sent, il le touche seulement du doigt. Cela suffit pour faire au suppliant l'honneur qu'il attcndoit, ou lui promettre le secours ou la protection quâil demandent. Le lârincc me reçut fort bien et mâaccorda ma priĂšre. Je demandois que notre petite sociĂ©tĂ© de voyage pĂ»t accompagner le premier Courier que son enverrait Ă lâarmĂ©e de Kan- grah. Il ajouta rnĂȘfnc qu'on Ă©teit sur le point dâexpĂ©dier certaines lettres auxquelles on travailloit alors. Un ou deux jours aprĂšs, jâappris que ce Prince des montagnes Ă©toit fait connue les autres Irjdous. Je lui saisois ma cour pour la seconde fois. Il avoit feulement- auprĂšs de lui son Cotewaoul ou son maĂźtre des cĂ©rĂ©monies. * Il me lit souvenir que je devrais lui offrir mon prĂ©sent. Ja lui donnai une/oupie que Cha-Alloum, Empereur actuel, avoit fait frapper. Ici ces monnoyes ont moins de valeur que celles Ă un autre coin, aussi mon prĂ©sent fut-il mal reçu et on lâexamina de tous les cĂŽtĂ©s. Ne croiriez-vous pas que jâavois affaire Ă un misĂ©rable marchand Indien et non Ă un Prince. Cette avarice et cette conduite indĂ©cente me rĂ©volta, mais dâun autre cĂŽtĂ© elle me fit plaisir, en mâexpliquant clairement le caractĂšre des Indous. Une autre preuve de leur peu de tenue dans leur conduite , et de leur manque de vĂ©ritable bravoure, câest une anecdote que je veux vous conter, quoiquâelle ne tienne pas Ă la. fuite de ces lettres, f I^orsque les MaliomĂ©tans furent chassĂ©s de Cattouk, le propriĂ©taire ou le gouverneur de ce pays sâensuit en Bengale. AprĂšs y avoir vendu les { * Le rslaĂźtre des cĂ©rĂ©monies a aussi lâinspection sur la police. t Je ne trouve pas cette anecdote jultement appliquĂ©e. On ne peut faire servir la maniĂšre d*agir et de penier des Indiens, Mahoinc tans, ou quâon appelle Mores, pour expliquer celle de lâIndou payen» Il y a de la ditfeience entre les deux. Note du. T. A. Ăź i8o trĂ©sors et les bijoux quâil avoit sauvĂ©s,.il la cĂŽte de Coromandel, oĂč il obtint une pension du Nabab de Carnatic. 'saut quâelle fut payse exactement, il vĂ©cĂ»t dans lâaisance. 11 avoit son palanquin, sa suite , ses valets. Le Nabob ayant trouvĂ© plaisant de retrancher quelque chose sur les pensions les plus considĂ©rables, son client perdit aussi fur la sienne. Alors il renoriça Ă son paĂźano'un et acheta un petit cheval. C'Ă©toit sans doute une humiliation bien dure, mais le calice dâamertume nâĂ©toit pas encore vuldĂ©. La penson sut encore rĂ©formĂ©e, et Ă la fin retirĂ©e tout Ă -fait. 11 Ă©toit trop fier pour gagner sa vie en travaillant honnĂȘtement. 11 aima mieux voler et faire des friponneries on eut peine Ă le sauver d'une mort honteuse. Ces exemples vous peindront mieux le caractĂšrq national que de longs raisonnements Lorsque lâhomme nâapprend pas de bonne heure Ă admirer des exemples d'honneur et de probitĂ©, et quâon ne lâaccoutume pas Ă dĂ©tester des actions vicieuses-, bien plus, lorsque dĂšs sa premiĂšre jeunesse on lui apprend Ă nâestimer les devoirs de la vie que dâaprĂšs de vains usages et des fables fans raison, ilnâeft pas Ă©tonnant quâĂ la fin les hommes soient gĂątĂ©s de cette façon. Les mouches me tourmentĂšrent tellement, dans le camp de BellalpourâquâĂ peine pouvois-je garantir con- trâelles ce que je mangeois. Les mouches indiennes ont, je crois, une dose de poison avec elles. Quand on en avale une en se trouve mal et on vomit toutde suite. Je croyois d abord que ce mal-aise provenoit du mouvement de lâinsecte dans lâcstomach!; mais en examinant mieux, je trouvai quâune mouche, qui avoit Ă©tĂ© fort peu detems dans lâestomach, nĂ© donnoit plus un seul signe de vie. La grande chaleur de lâestomach doit tuer Ă lâinstant cet insecte. , * - 8 - Notre sĂ©jour, dans le camp de Bellaspour, Ă©toitincommode et dĂ©goĂ»tant. La chaleur Ă©toit trĂšs-forte, et lâair gĂątĂ© par la mal-propretĂ© de tant d'hommes et de bĂȘles, jâĂ©tois tellement impatientĂ©, que je voulois ellayer tout pour me tirer de ma situation. Cette impatience occasionna une rĂ©solution qui auroit vraisemblablement anĂ©anti tout mon plan. Deux Couriers ou estafettes, qui dĂ©voient porter des propositions de paix dans le camp de Kangrah, promirent de nous accompagner. JâĂ©tois rĂ©solu de me confier Ă eux, quoique mes compagnons de voyage s'y opposassent et soutinssent que ces hommes nous trahiraient. Le Chobedar * y du GĂ©nĂ©ral, qui Ă©toit MahomĂ©tan , chercha aussi Ă me donner des idĂ©es desavantageuses des courriers ; mais je voulois partir. Du reste si ces hommes avoient de , mauvais projets contre nous, bientĂŽt il nây eut plus rien Ă craindre. La veille de nptre dĂ©part un grand convoi d'Ăąnes chargĂ©s de fer voulut prendre notre route. Le »9 toute la sociĂ©tĂ© rĂ©unie se mit en mouvement. Nous Ă©tions Ă peine fur les frontiĂšres de Bellaspour , Ă huit milles du camp, que nous eĂ»mes tous une belle peur. ,11 parut deux cavaliers de Kongrah. Ils passĂšrent devant moi, tombĂšrent fur lâarriĂšre garde de notre caravanne, et ils prirent aux commerçants en fer la valeur de cent roupies. Câest dans ce pays une assez forte somme. 'Ils saisirent aussi un pauvre Cache- mirien qui Ă©toit restĂ© en arriĂšre, et ils ctoient sur le point de le dĂ©pouiller, lorsquâil- se mit Ă crier qu'il Ă©toit mon valet, et que j'Ă©tois une personne de considĂ©ration. AussitĂŽt mes cavaliers coururent aprĂšs moi. En sâapprochant, lâun dâeux me dit que javois lâairciâun *I Un homme qui port* un bĂąton dâargent devant les personnes do distinction. »?* Balla Audiwcc â et que je n'avois rien Ă craindre dâeux , quâils ne sâijttaquoient quâĂ de malheureux voyageurs Ă©garĂ©s. Les trouvant si polis, je sis mettre en libertĂ© le Cachernirien ainsi que mon valet qui Ă©toit survenu et quâils avoient arrĂȘtĂ©. Ce fut un bonheur pour les prisonniers que je fulse lĂ . Les cavaliers croient Ăąpres Ă la curĂ©e , et ne paroissoient pas difficiles fur le choix des pe;sonnes. Pendant que je fus dans leur voisinage, ils mirent plusieurs passants Ă contribution et entre-autres Ă un Ăąnier une paire de souliers. Ici nous apprĂźmes que deux cent Sicques , qui avoient Ă©tĂ© Ă la solde de Kangrali, alloient bientĂŽt se montrer. Comme je connoilsois la façon de sây prendre des apĂŽtres de Nannok . fl surtout au service Ă©tranger . jâaurois bien donnĂ© la moitiĂ© de mon bien pour pouvoir conserver lâautre. 11 nây avoit pas d'autre parti Ă prendre , que dâaffecter L'assurance et la confiance, et Dieu fait comme jâĂ©tois assurĂ©. Je partis au grand trot et en peu de te ms je fus au milieu de ce corps redoutable qui me regarda beaucoup, niais ne me fit pas de mal. Les Sicques avoient cru que nous Ă©tions une troupe ennemie, ils sâĂ©toient tenus prĂȘts au combat. Ils assuraient fur le tou. dâune exclamation religieuse, que leur prophĂšte les y encourageoit. Je descendis pour leur tĂ©moigner plus de considĂ©ration, et je teuois mon cheval par la bride, lorsquâun Ă©tourdi de Sicque me toucha en passant. Le cheval fougueux qu'il montent, qui parut me mĂ©priser, moi ou mon cheval, ou peut-ĂȘtre tous les deux, se mit Ă ruer. Mon Sicque tomba par terre , et comme la scĂšne se passoit juste sur le sommet dâune montagne, le * Cest ainsi qu'on nomme, en Indofiao , ceux qui sont au-dessu» de la classe du peuple. t Le fondateur da religion et de la secte des Sicque*. I 283 malheureux cavalier dĂ©montĂ© roula jusquâen bas, et perdit en chemin son fusil, son Ă©pĂ©e et son turban. Je craignois que le dĂ©sastre du Sicque ne me fit tomber les autres fur les bras; mais comme jâavois tĂ©moignĂ© lâintĂ©rĂȘt que je prenois Ă lâaccident du cavalier, et que je me donnois toute forte de peine pour retrouver ce quâil avoit perdu, tous me remerciĂšrent. Ma bonne fortune avoit dĂ©tournĂ© de moi les dangers qui mâavoient menacĂ©, et jâarrivai sain et sauve au camp de Kangrah , ou comme on lâappelle dâaprĂšs un vieux nom du pays, de Kalochin-Rajah. Nous avions beaucoup souffert de la faim et de la fatigue, quoique notre voyage nâeĂčt Ă©tĂ© que de seize ou de dix-sept milles ; aussi le soir de notre arrivĂ©e cherchĂąmes nous un peu Ă nous remettre. II nây avoit dans le camp quâun petit corps de cavalerie. La plus grande partie des troupes Ă©toit au siĂšge de Kote - Kangrah , fous la conduite du Rajah. Le chemin ordinaire d'ici Ă Joumbo passe par Nadone, capitale du pays de Kangrah, et par le district dâHuricpour. Mais ces environs Ă©toient inondĂ©s de Sicques, il nous fallut quitter la route ordinaire et marcher plus vers lâouest. Il est Ă craindre que ces montagnards ne causent tant de troubles dans le pays, que le seul chemin des Indes Ă Cachemir n'en soit fermĂ© , ou que du moins il soit si peu sĂ»r quâaucun gain nâen, puisse balancer le danger. ^ Nous partĂźmes le 3o ; nous fĂźmes 6 cosses, et nous arrivĂąmes avec le kafilatz des nĂ©gociants en fer Ă SoorĂ©e, petit village dont Ă©toient la plupart des marchands de la caravane. Ou se reposa dans ce village, qui esi Ă une journĂ©e de distance du droit chemin. parce que les amers vouloient voir leurs femmes et leur» enfans. * La fuite a confirmĂ© cette crainte. »84 A lâouest, ste SoorĂ©e, qui est situĂ© dans une vallĂ©e, mis passĂąmes une chaĂźne de montagnes hautes et fort roidi.. Le 3 t , 4 cois; Ă Bompal , petit village fur une colline. Cette journĂ©e fut si courte par complaisance pour les marchands de fer qui vouloient aller au camp de Kangrah et tĂącher de recouvrer ce que les Sicqucs leur »voient pris ; mais ils revinrent fans avoir rien fait ils paroissoient disposes Ă partir dâun pays dans lequel , au lieu de rĂ©parer le dommage qu'ils avoient essuyĂ©, on leur avoit fait de nouvelles demandes. Toute la nuit j'eus fur le corps une pluie violente et continue. Jâai beaucoup souffert du mauvais tons dans mon voyage, et cependant, grĂąces Ă mon bon tempĂ©rament, ma santĂ© nâa pas Ă©tĂ© attaquĂ©e. La pluie, qui duroit toujours, nous retint Ă Bompal jusquâau 2 Avril. Ce jour lĂ nous finies 8 cofs et arrivĂąmes Ă un petit village nommĂ© Clioumbah, qui appartient au Rajah d'itjfoul. Non loin de Bompal nous fumes arrĂȘtĂ©s par le commis de la douane de Nadone; il avoit fuit trois milles pour nous demander un pĂ©age de quelques fols. Environ Ă moitiĂ© chemin, on voit, Ă droite, un temple indien au pied duquel coule le Byas-Gounge , le second des fleuves du Youniab en partant de lâest. Le fleuve est rapide et a environ cent verges de large ; il coule fur la gauche. Une grande partie du chemin de Bompal Ă Chem- lah passe par un vallon arrosĂ© du Byas, et au nord duquel on voit les pays plats et fertiles' Ă 'Huricpour. Le pays de. Kangrah ou Catocuin touche, au nord et au nord-ouest, Ă Houricpour ; Ă lâest, Ă Choum- bah ; au sud, Ă Calour; et Ă lâouest, au Pouniab. Les revenus ordinaires, qui montoient Ă 7 lacks de roupies , ont diminuĂ© par lâalliance du Rajah avec les i35 lĂȘs Sicques. Ceux-ci pillent partout oĂč ils vont. Ces brigands le conduisent comme cet homme que le cheval engagea Ă terminer son diffĂ©rent avec le cerf; vous savez Ă quel usage on employa lâimprudent cheval, Ăźorlque la victoire eut Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e Ă lâavantage des puissances Ce jour-lĂ notre petite sociĂ©tĂ© , qui avoit Ă©tĂ© groffie clans le camp de Bellaspour par des Cachemiriens, rĂ©solut, par crainte des Sicques qui rendoient le chemin ordinaire peu sĂ»r , de quitter le kafilah et dâaller Ă joumbo par des chemins de traverse. Un marchand indien compte la perte du tems presque pour rien et reste deux vu trois mois tranquille, plutĂŽt que de sâexposer au moindre danger. Le 3 , dix cols ; Ă Jada , dĂ©pendant du JĂźajah de Sibah. Nous trouvĂąmes dans un ruisseau qui traverse ce village dâexcellent poisson, qui , pour la forme et le goĂ»t, ressemble beaucoup Ă nos truites. Ce district touchant lâextrĂ©mitĂ© la plus Ă©levĂ©e du Pouniab , est abandonnĂ© Ă la discrĂ©tion des Sicques, qui le partagent de maniĂšre Ă ne pas l'c gĂȘner eux-mĂȘmes. Notre chemin paffoit devant le fort Sebah qui a une trĂšs- agrĂ©able position fur un ruisseau ou un petit fleuve. Nous vĂźmes lĂ deux Sicques Ă cheval effrayer le commandant et toute la garnison quoi quâen fermĂ©s dans leur fort. Les cavaliers Ă©toient envoyĂ©s pour percevoir le tribut que les Sicques ont imposĂ© aux Princes des montagnes depuis le Gange jusquâĂ Joumbo. Ils Ă©toient trĂšs - mĂ©contents de ce qu'on avoit diffĂ©rĂ© le payement, aussi parlĂšrent-ils aux Indous effrayĂ©s comme * Ce fort est situĂ© Ă environ 3 coss, au sud-ouest, de Dada et est la seule rĂ©sidence fortifiĂ©e que jâaie vue dans ce pays. Le voisinage du lâeuniab a engagĂ© vraisemblablement les montagnards Ă le sottisier. o -86 un magistrat en europc parlerait Ă des bohĂ©miens ou Ă des vagabonds. Dans le fait , mon ami, il faut un courage et un araour de l'humanitĂ© plus quâordinaire pour user de son pouvoir avec modĂ©ration. Notre nature nâest que trop portĂ©e Ă en abuser, et cependant si nous rentrions en nous-mĂȘme, nous trouverions bien des raisons de douceur et de mĂ©nagement ; et moi aussi jâai souvent des accĂšs d'impatience, et je les ai remarquĂ©s depuis si long-tenis en moi, que je regarde cette impatience comme innĂ©e. Dans un de ces accĂšs je quittai ma sociĂ©tĂ© et marchai en avant lâespace de plus dâun mille. Je rencontrai un homme achevai qui avoir lâair dâun voleur de grand chemin'. JâĂ©tois bien armĂ©, je paroiffois le plus fort -des deux , jene craignis pas la rencontre. DĂ©pendant ma qualitĂ© dâĂ©tranger, et mon Ă©quipage qui Ă©toit bon Ă prendre, engagea le cavalier Ă mâarrĂȘter et Ă me demander dâun ton impĂ©rieux quâelle Ă©toit ma patrie et mes occupations. Ma rĂ©ponse ne fut ni satisfaisante ni polie, et je le quittai brusquement, quoiquâil parĂ»t dĂ©lirer continuer lâentretien. A un quait de mille je trouvai un Sicque Ă cheval , qui sĂ»rement alloit en maraude. AprĂšs mâavoir regardĂ© attentivement, il vit que lâissue du combat seroit douteuse, mon Ă©pĂ©e Ă©toit longue et ma mine hardie; il me salua dâun air dâamitiĂ© et continua sa route. BientĂŽt aprĂšs il joignit mon premier inconnu ; ils tinrent conseil, et le rĂ©sultat fut de vouloir me piller. Mes compagnons de voyage, qui mâavertirent ensuite de ce que ces coquins tramoient, sâappiochĂšrent pendant quâils concertoient leur plan d'attaque. 11 sâen suivit une explication mutuelle. Nos pillards virent bien que les quatre hommes Ă pied quâils avaient devant eux mâap- paitenoient, et ils en tirĂšrent la conclusion que quand * 8 7 mĂšm; tous deux ensemble, ils seroicnt plus Forts que moi, un tel renfort tourneroit le combat Ă leur dĂ©savantagĂ©. Ils cĂ©dĂšrent Ă cette excellente raison et nous laissĂšrent passer tranquillement. Le 4 , dix cols, Ă un village dans le district de Doutar-Joulvara ; câest lĂ quâun chef des Sicques a construit un petit fort pour tenir en respect tous les environs. Le pays commence Ă sâaplatir insensiblement. Cela nie lit un grand plaisir. 11 semblent oue mon teil Ă©toit fatiguĂ©, et quâil avoit Ă©tĂ© pour ainsi-dire blessĂ© par toutes ces hautes montagnes qui sâĂ©levoient jusquâaux nues. Le district de Doutas ou Doutarah sâĂ©tend jusques par-delĂ les montagnes et les collines du Pouniab, Ă travers lesquelles nous avions passĂ© lors de notre derniĂšre direction vers le sud. Pendant cette journĂ©e, je nâeus avec moi que le marchand Cache- rairien, les trois autres, qui sâĂ©toient joints Ă nous dans le camp de Beilaspour, Ă©toient allĂ©s en avant, et mon valet Ă©toit restĂ©. Ver» le soir, lorsque nous fumes au pied dâune montagne , nous vĂźmes une troupe de cavaliers qui nous suivoit parle mĂȘme chemin, câĂ©toient des Sicques ; jugez de notre frayeur. A leur approche ' je mis dans un buisson, prĂšs de moi, mes lettres de change et mon argent comptant, fans que mon compagnon de voyage sâen apperçût. Mais les idĂ©es dĂ©savantageuses que nous avions conçues de ces cavaliers Ă©toient injustes, et je mâestime heureux de pouvoir reprĂ©senter deux fois la conduite des Sicques feus un jour avantageux. Cette troupe forte Ă -peu-prĂšs de socr hommes, et qui contenoit plusieurs MahomĂ©tans, marchoit vers le district de Hourriepour. Nous limes bonne contenance. Nous fumions nos pipes ; mais apparemment, que malgrĂ© notre bonne mine , ils O - >88 sâĂ pperçurent de mes craintes, car en passant quelques- uns, aprĂšs avoir fumĂ© un moment dans notre pipe, nous assurĂšrent quâils nous protĂ©geroient contre les mauvaises intentions de leurs camarades. AprĂšs leur dĂ©part je repris mon dĂ©pĂŽt, fans que mon camarade le vĂźt. Le marchand Cacheminen Ă©toit ravi de ce que nous en Ă©tions quittes pour la peur, et il jura par fa barbe, qUe sitĂŽt que nous serions arrivĂ©s Ă la couchĂ©e, il össiiroit Ă Mahomet ou au patron de son pays, Ă Mourdoom- Saib, pour deux fols de sucre brun , pour le remercier de notre merveilleuse conservation. Nous rencontrĂąmes encore plusieurs traĂźneurs. Ce font ordinairement les plus dangereux. Nous leur dĂźmes qu'on nous avoit chargĂ©s de les avertir quâils eussent Ă suivre leurs camarades le plutĂŽt possible. Cette commission nous donna de la considĂ©ration. Quand ils virent que leur troupe ne nous avoit pas pillĂ©s, ils suivirent ce louable exemple. Un marchand Ă Toultuara nous donna une retraite commode pour passer la nuit. Mon domessique nous rejoignit ici. Il avoit couru les mĂȘmes dangers que nous; mais il avoit encore gardĂ© avec foin le reste des poissons que nous avions achetĂ©s Ă Dada. Nous en fĂźmes un excellent souper. Toute personne qui trouve un bon gĂźte aprĂšs pareilles aventures , pourra m en croire. Mon compagnon exĂ©cuta fidĂšlement son voeu. Il blĂąmoit mon insouciance aprĂšs la grĂące visible de la providence qui mâavoit sauvĂ©. Je vantai inutilement le mĂ©rite des priĂšres du caur. Jâassurai que jâĂ©tois sincĂšrement reconnoissant de noue dĂ©livrance , et que jâefpĂ©rois que les actions de grĂąces que j'en rcndois s seroient aussi agrĂ©ables Ă Dieu que des offrandes de sucre que je ne pouyois donner. Cm idĂ©es opposĂ©es Ă C 1S9 la foi de mon camarade, laquelle ne consistoit que dans de bruyantes cĂ©rĂ©monies, mâattirĂšrent de nouveaux reproches. Le 5 7 cofs; Badponr, village trĂšs-peuplĂ© dans le district de Nourpour. A environ 2 cofi, Ă lâest, de Bad- pour, prĂšs de Rh?y-Ghaut ou Pouttouu , nous passĂąmes dans un bac le Byas Goungah, et nous arrivĂąmes fur la route dâIoumbo oĂč les Sicques n'avoient pas encore paru. Le 6 Ă Goungatau , dix ccss. Je pafsois Ă cheval un ruisseau prĂšs de ce village, quand mon cheval sâarrĂȘta tout-Ă -coup et me jeta dans lâeau tout de mon long; entre-autres choses une lettre de change far Joumbo fut toute mouillĂ©e, et ce nâĂ©toit pas lĂ le premier malheur quâelle avoir Ă©prouvĂ©. Le 7 Ă Nourpour, le chet lieu dâun district du mĂȘme nom. Cette ville est situĂ©e fur le haut dâune montagne fur laquelle on monte par des degrĂ©s de pierre. La ville a un air dâaisance et on y remarque de lâactivitĂ©. Au sud-est, le paysage est ouvert et agrĂ©able. Sa beautĂ© est encore relevĂ©e par un fleuve pittoresque dont lâeau est claire comme du cristal. Les montagnes qui avoientjusquâalors tant offensĂ© mes yeux, bornent encore lâhorison Ă lâouest et au nord. Dans cette position elles ont pourtant leur avantage, et comme j'en ai profitĂ©, il sercit injuste de nâen pas parler. La chaleur du soleil Ă©toit extrĂȘmement vive. Nous lâeuflions sentie bien mieux encore, si le vent du nord nâeĂ»t pas Ă©tĂ© agrĂ©ablement rafraĂźchi par la neige qui couvre dans ces environs le sommet des hautes montagnes.' Sans un pareil rafraĂźchissement, notre sĂ©jour dans le camp de Bellaspour, auquel je ne puis penser sans frĂ©mir, nous eĂ»t coĂ»tĂ© notre santĂ© et peut-ĂȘtre la vie. * 9 ° Il y avoit un kafilah de Joumbo qui sâĂ©toit campĂ© fur une plaine prĂšs de Nourpour. Ses marchandises appartenaient., en grande partie, Ă des SounaffĂ©es* et Ă©toient destinĂ©es pcurla foire de Dehli. Cette caravane mâapprit, quâune guerre, dĂ©sastreuse que le Rajah de Joumbo avoit avec les Sicques , 1 avait mis fort mal dans les affaires Quâil avoit fnis, me dit-on, une imposition fur tous les habitants de la ville fans exception, et les concussions avaient fait quitter la ville aux marchands les plus considĂ©rables. Les SounaffĂ©es avaient Ă leur service deux on trois Cachemiriens, dont ou fait tout ce quâon veut, et qui ont une activitĂ© rare et une patience infatigable lorsquâils peuvent gagner quelque chose, lis me dirent que je rifquois beaucoup dâaller Ă Joumbo dans un tems oĂč toute personne qui paroiffoit possĂ©der quelque chose fixait sur elle lâattention du gouvernement. Ces dĂ©tails mâinquiĂ©taient dâautant plus, que mes affaires exigeaient absolument ma prĂ©sence Ă Joumbo. Puisque je parle de la ville de Nourpour, je ne puis pas paffĂȘr fous silence qu'il demeure dans cette ville un marchand respectable, nĂ© en Pou- niab et nommĂ© Daoud - Kan. Il vĂ©cut long-tems Ă Joumbo; mais ayant Ă©prouvĂ© les exactions du gouvernement dans cette ville, il sâenfuit Ă Nourpour; et outre la furetĂ© de ses biens, il jouit des avantages dâun air salubre et d'un pays fertile. Si jamais un de mes compatriotes vient dans ce pays, dĂ©guisĂ© en maho- mĂ©tan, il peut ĂȘtre sur que la connoiffance de Daoud- Kan lui sera utile. 8 nous nous reposĂąmes. Le 9 nous finies 8 cols * Quoique cet ordre d'aprĂšs ses statuts doive renoncer au monde, il y a eu parmi-eux des marchands , des soldats , mĂȘme des homme* dâĂ©tat» -Il jusquâau village Boungourco. Un catharre qui avoir affectĂ© la poitrine de mon domestique, lâavoir mis presque hors dâĂ©tat de marcher. Je crains Ă prĂ©sent de lâavoir trop chargĂ© , et jâai Ă me reprocher de nâavoir pas mis mes foins Ă allĂ©ger la charge quâil portoit, foins que lâhumanitĂ© prescrit partout, mais surtout en Asie Ă un maĂźtre Ă lâĂ©gard de ses domestiques lorsquâils font bons. Vouloit dire que ce nâĂ©toit pas un bon domestique , scroit une injustice criante, et ne pourroit servir Ă excuser ma nĂ©gligence. Si je pouvois ĂȘtre en Ă©tat de le rĂ©compenser, je mettrois cela au nombre de mes meilleures actiohs.' Souvent jĂ©tois .mĂ©content de lui, et son libertinage a redoublĂ© plusieurs fois mon humeur; mais ce dĂ©faut ne justifie pas Ă mes yeux ma conduite Ă son Ă©gard, et ne diminue pas le repentir que jâĂ©prouve toutes les fois que je me rappelle les bons services quâil ma rendus pendant un voyage si dĂ©sagrĂ©able. Les districts de Nourpour font bornĂ©s, au nord, par le fleuve RawĂ©e ; 4 lâest, par le pays de Chambay ; * Ă lâouest, par le fleuve Byas et par quelques petits districts Indiens dans le Pouniab ; et au sud, par Hourriepour. On estime quatre lacks de roupies les revenus de Nourpour. I! paroĂźtque ce pays est plus tranquille intĂ©rieurement, quil est moins exposĂ© aux attaques des Sicques, et quâil est gouvernĂ© plus doucement que les autres Ă©tats voisins. Le to , dix coss ; Ă FlajsĂše .petit village dans le district de Bijsouly. A environ 8 milles au nord-ouest de BongourĂše et vis-Ă -vis le fort de Bissouly, nous passĂąmes la RawĂ©e qui ** a ici prĂšs de t so verges de large et f Câest un pays de montagnes dâune grande Ă©tendue. La RawĂše est le plu* petit de* fleuves de Pouniab et passe devant la ville de Lahor. . y pst trĂšs-rapide. Dans le bateau Ă©toient deux Sicques qui alloicnt dans le fort on leurs compatriotes avoient mis garnison, Ă l'occasion d'un secours quâils avoient prĂȘte au Rajah de Biffouly. Teiltest la fuite ordinaire des secours que prĂȘtent les Sicques ; et cependant les Princes des montagnes font toujours assez fous pour implorer leur secours , sitĂŽt quâils ont une guerre avec les voisins. Un Rajah des environs avoit attaquĂ© les districts de Bijsouly , pillĂ© les habitants, brĂ»lĂ© les villages avant quâon pĂ»t lui , çippospr de rĂ©sistance. On appela les Sicques pour chaffer lâennemi et dĂ©fendre le fort. AprĂšs lâavoir fait, jepr nouvelle position leur plut, et ils refusĂšrent de la rendre. On nous recommanda avec instance, et ce nâĂ©toit pas nĂ©cessaire , de quitter le pays le plutĂŽt postible pour Ă©viter les Sicques. Le batelier qui nous paffoit Ă - Biffouly, quoique de la mĂȘme religion que nous, demandent un prix exorbitant. Par lâentremise des deux Sicques, il rabattit beaucoup de ses premiĂšres,deman- des. Les cavaliers qui -sâapperçurent de lâinjustice, nâeurent besoin que de faire connoĂźtre leur volontĂ© pour ĂȘtre obĂ©is. Le voyage de ce soir fut triste, et mon imagination ne put jamais fe peindre une idĂ©e agrĂ©able. Dans le fond il est malheureux que nous ne puissions pas souffrir les maux ordinaires et dĂ©jĂ assez durspar- eux-mĂȘmes , fans les rendre encore plus durs en y ajoutant des maux imaginaires. Cette maniĂšre dâĂȘtre dans la nature humaine , paroĂźt contrarier le but pour lequel lâhomme est ici et faire honte Ă la raison dont il est douĂ©. Un hĂŽte complaisant du village de PlaffĂ©c me reçut mieux que je ne lâavois attendu. Sa petite hutte Ă©toit bĂątie eu pierre et avoit pu rĂ©sister Ă lâinçendie gĂ©nĂ©ral lf J 3 qui avoit dĂ©solĂ© le pays; câest pour cela quâavec fa famille, il avoit repris bientĂŽt postesiion de fa demeure. Me voyant fans force et accable dâune fiĂšvre quimâavoit pris en chemin, il me procuraun lit, il me donna Ă man- ger, et mâolfrit enfin tout ce quâil pouvoir me donner. Le ii, dix cofs ; au village Louddoo, rĂ©sidence dâun petit Souverain qui dĂ©pend de Joumbo. Ce jour lĂ mĂȘme il y avoit une fĂȘte qui fe donne tous les ans dans un village prĂšs de notre route. Nous allĂąmes nous mĂȘler parmi les nombreux spectateurs. Le plaisir qui regnoit dans cette assemblĂ©e faifoitun contraste frappant avec les scĂšnes dâhier, et nous peignoir avec des couleurs trĂšs-vives les agrĂ©ments de la paix. Parmi les amusements de cette fĂȘte, je remarquai une roue avec des siĂšges qui font attachĂ©s Ă son bord. Ces roues font trĂšs-communes dans les Indes. En tournant elles-mĂȘmes autour de leur axe, elles font tourner en lâair tous ceux qui dĂ©sirent dĂ©crire un pareil cercle. Je me fuis mis plusieurs fois furie siĂšge de ces roues, et je puis vous assurer que ce mouvement a son plaisir et quâil remet son homme exactement au mĂȘme endroit et dans le mĂȘme Ă©tat quâil lâa pris, ce quâon ne peut pas dire de tous les plaisirs. Mon domestique ne vint pas ce soir coucher dans le mĂȘme endroit que moi; cela mâoccasionna plusieurs petites incommoditĂ©s. JemâĂ©tois tout- Ă -fait accoutumĂ© Ă fes services. Une famille de Cache- mir, qui sâĂ©toit fixĂ©e Ă Bouddoo, adoucit en quelque maniĂšre ma position. Elle coanoiffoit mon compagnon de voyage, elle nous reçut tous deux fort bien et nous procura un assez bon souper. Le 12 , S coss, Ă Mancote. Ce village est situĂ© fur une colline bordĂ©e dâun cĂŽtĂ© dâun petit fleuve, et est la rĂ©sidence dâun chef de horde sujet du Rajah de Joumbo. ĂŻ94 Ici j'Ă©prouvai de nouveaux embarras qui mâinquiĂ©tĂšrent beaucoup, quoiquâils ne mĂ©ritassent pas le nom de malheurs. Mon compagnon Cachemirien Ă©toit aliĂ© par mĂ©garde plus avant que nous nâĂ©tions convenus, ainsi il nây avoir personne lĂ pour prĂ©parer mon souper et panser mon cheval. Les Indous dĂ©testent en gĂ©nĂ©ral de rendre Ă un Ă©tranger ces petits services domestiques. Cependant le marchand de Mancote , duquel jâachetai tout ce dont jâavois besoin , voulut bien m'aider. Il me logea, me donna un lit, tous les vases dont je pouvois avoir besoin pour prĂ©parer mon souper, ainsi que ce qui Ă©toit nĂ©cessaire pour mon cheval. Par ma sĂ©paration de ceux qui jusqu'alors avoient prĂ©venu mes besoins et avoient rendu mon voyage agrĂ©able , je me trouvai tout-Ă -coup dĂ©pourvu de toute affistanec. Je pansai dâabotd et je nourris mon cheval qui sĂ»rement lâavoit bien gagnĂ©; car câĂ©toit une bonne bĂȘte , bien sure et assez vive.* Sans ces vertus elle nâeĂ»t pu supporter les fatigues quâelle a endurĂ©e, et nâeĂ»t jamais grimpĂ© ces montagnes escarpĂ©es et couvertes de rochers qui sâop- posoient Ă notre passage. AprĂšs avoir pris foin de mon cheval, il fallut penser Ă moi. Mes besoins Ă©toient pressants ,ije nâavois pas mangĂ© de toute la journĂ©e. Jâappris quâun Seid, * mendiant dâune saintetĂ© extraordinaire , demeuroit dans la partie supĂ©rieure de la ville, jâallai le voir, je lui peignis ma position et lui demandai de mâaider. Je pensois quâun homme qui vivoit de la bienfaisance gĂ©nĂ©rale , et dont le bien-ĂȘtre dĂ©pendent de la pratique de cette vertu, mâassisteroit volontiers, surtout puisque je nâavois pas la moindre prĂ©tention fur fa bouise. Mais jâavoii comptĂ© fans mon hĂŽte. Jamais un prĂȘtre avec les ornements sacerdotaux * Câest ainsi quâon nomme dans les Inies un descendant de Mahomet. 5 * 9 3 dans ]a plĂ©nitude de fa puissance et jouissant de plusieurs riches prĂ©bendes, ne reçut un pauvre paroi dien avec un si grand mĂ©pris que le fier descendant de Mahomet reçut ma visite. Je le priais simplement de vouloir bien me faire prĂ©parer Ă souper pai ses serviteurs. Je lui dis que jâavois tout achetĂ©, mats que mon domestique nâĂ© toit pas ici et que je ne savois pas faire la cuisine. Cette priĂšre ne fit pas la moindre impression sur le Seid. qui plein de confiance dans la force de fa foi , rejetait apparemment le dogme des bonnes ccuVtes. ou regardait le mĂ©tier de mendiant comme un monopole de ses adorateurs. Il voulait par lĂ rebuter tous les gĂąte-mĂ©tiers. AprĂšs toutes mes reprĂ©sentations fur 1 embarras dans lequel je me trouvais, enfin il murmura de maqvaise humeur un consentement Ă ma demande et encore avec la condition expresse que je fournirais le bois, il aurait pu me demander tout au fit bien une poignĂ©e de diamants quâun morceau de bois. Il faisait sombre, et la faim et la fatigue me rendaient incapable dâun nouvel effort. Aussi je le quittai fort mĂ©content, et je lui reprochai tout haut de violer les droits de lâhospitalitĂ© qui sont sacrĂ©s au MahomĂ©tan mĂȘme le plus grossier. Je lui dis quâil devait savoir qu'il Ă©tait ordonnĂ© Ă tous les vrais croyans de les respecter, ces droits, et que la vengeance divine menaçait surtout ceux qui les violaient. Ce discours, prononcĂ© avec chaleur, excita lâatfention des suivants du Saint. Lâun deux me pria de me tranquilliser, en me disant quâil me tirerait d'embarras. Il me mena dans la maison dâune chanteuse qui, sitĂŽt quâelle fut infimitĂ© de mon histoire , troussa son habit et me prĂ©para Ă manger. Cela vous eĂ»t fait plaisir de voir comment cette fille pĂ©trisTo 1 1 mon pain , faisait cuire mes -vS petits pois, rĂ©pĂ©tant toujours que je lui avoir fait beaucoup d'honneur r et que le service quâelle me ren- doit actuellement, nâĂ©toit quâune trĂšs-lĂ©gĂšre rĂ©compense des services quâelle a voit reçus des personnes de mon Ă©tat. Lorsque je vous dirai qu'elle refusa ce que je lui offris, vous le prendrez pour une exagĂ©ration orientale, et cependant c'est la vĂ©ritĂ© mĂȘme. Si Mancote nĂ©toit pas plus Ă©loignĂ©e de Loucknow que Chick- Seray, * elle-mĂȘme vous la consirmeroit. Le i3 j'arrivai Ă Mansir, 8 cofs. Le pays s'ouvre toujours de plus en plus et est mieux cultivĂ© que je ne lâai vu Ă l'ouest de Biffouly. La journĂ©e fut fort agrĂ©able, et je ne me perdis pas quoique je fusse seul. Je passai devant un camp de mendiants. CâĂ©toit de bonnes gens fort gais. Ils me priĂšrent de descendre et de prendre quelques refraĂźchiffements. J'acceptai lâinvitation, et on me donna un repas fort simple, mais de bon cĆur, et on me rĂ©pĂštent fans celle que jâĂ©tois le bien venu. Mansir nâa que quelques maisons et est situĂ©e fur le bord dâun ruisseau trĂšs-poissonneux ; mais les poissons font sacrĂ©s ou appartienne; tau ? rince,il ne faut pas y toucher. Les environs de Mansir furent donnĂ©s anciennement par un Rajah de Joumbo Ă une secte religieuse de Bira- ghĂ©es pour son entretien. Cette secte faille vĆu de chastetĂ©. A cela prĂšs ces Saints-PĂšres jouissent dans un pays charmant de tous les plaisirs dont les hommes peuvent jouir dans les Indes. Car les BiraghĂ©es ont exclu les femmes ; et notre vie, malgrĂ© tous les autres plaisirs, nâest pas plus heureuse fans la sociĂ©tĂ© des femmes , que le jour nâest gai et beau fans la lumiĂšre du soleil. Dans ce village la femme dâun marchand dâhuile MahomĂ©tan fit ma cuisine , mais dâune attire maniĂšre !* Cet endroit eft Ă environ six milles de Loucicnow. i9> que ma bonne chanteuse. Elle demanda Ă©normĂ©ment pour un mauvais souper,.et encore so-n chat, delĂ mĂȘme nature que sa maĂźtreffe , attaqua la nuit mes provisions et vola ce que jâavois Ă©pargnĂ© pour mon dĂ©jeuner du lendemain. Pour que mon arrivĂ©e Ă Joumbo fit moins de sensation , ce qui nâĂ©toit pas avantageux avec la maniĂšre de voir du Rajah , je me donnai pour un officier Ă son service qui revenoit de lâarmĂ©e alors en campagne. Le chemin que je fis aujourdâhui, dans la direction du fui-ouest, * fut un des plus tristes que jâeusse jamais fait, et fut dâautant plus triste pour moi, que je le fis fans compagnon de voyage. En approchant dâune ville aussi considĂ©rable , jâespĂ©rois trouver un. pays peuplĂ© , maisje trouvai prĂ©cisĂ©ment le contraire. La plus grande partie du chemin paffoit par dessables enfermĂ©s pourla plupartpar debautes montagnes de rochers. La position dans laquelle je me trouvois obscursit mon'imagination , et je ne sentis jamais si profondĂ©ment combien il est vrai que l'homme est destinĂ© Ă vivre en sociĂ©tĂ©. Je ne pensois pas aux grands avantages dont nous sommes redevables Ă la sociĂ©tĂ© humaine, mais seulement aux plaisirs variĂ©s que nous procure le commerce mĂȘme momentanĂ© avec dâautres hommes. Quelle gaitĂ© , quelle joye ne regne pas dans ces boutiques oĂč lâon vend des sucreries, et que dans les Indes on appelle des cafĂ©s. Dans ces maisons on traite toutes fortes de sujets , exceptĂ© celui des femmes, avec la plus grande libertĂ© , et si ce nâest pas avec la mĂȘme Ă©loquence que les dans capitales de lâcurope , aumoins câest avec autant de bruit et de chaleur. Le * La direction de mon chemin vers le sud , ce jour lĂ , fut occasionnĂ©e , je crois , par celle dâune chaĂźne de montagne* i £»8 principal sujet est la guerre, tt lâon entend souvent des exploits de simples soldats qui seroicnt pĂąlir Se- cunder lui-mĂȘinc * et trembler RouĂum. ** Le plaisir de la communication par lequel ils deviennent les hĂ©ros de leurs propres aventures, est un puissant 'aiguillon pour les diffĂ©rentes classes dâaventuriers ; et peut-Ăštie moins dâhommes sâexposeroient au danger, sâils nâespĂ©roient pas le plaisir de les raconter eux- mĂȘmes. Enfin je remarquai avec le plus grand plaisir , Ă cĂŽtĂ© du chemin, une place vaste oĂč une famille Ă©toit campĂ©e et faisait paĂźtre sonbĂ©tail. Je mâasiis fans cĂ©rĂ©monie. On m'offrit un verre de lait de beurre que je bus avec plaisir , la chaleur du jour mâayant beaucoup altĂ©rĂ©. Le pĂšre me raconta que les exactions de son maĂźtre l'avoiem forcĂ© de quitter son ancienne demeure , et quâil cherchent Ă prĂ©sent un sĂ©jour plus tranquille. SĂ»rement il se passe dans vos environs plusieurs actions qui font l'opprobre de notre nation et la rendent odieuse , mais ce nâest rien en comparaison avec les brigandages et les injustices que son exerce dans les autres pays de lâAsie. Un des membres de la famille avoir mal au doigt ; comme on prend tous les hommes de ma couleur pour des sorciers , des mĂ©decins ou des artilleurs, on me demanda du secours, et je le fis pour rien au grand plaisir de mes Indous. J'arrivai vers le soir dans la partie infĂ©rieure de la ville de Jounabo. Au moment oĂč jâappeicevois une maison Ă©loignĂ©e oĂč jâaurois bien voulu ĂȘtre reçu . je trouvai une personne qui avoir voyagĂ© quelques jours avec moi il y Ă Ă -peu-prĂšs un mois, mais qui mâavoit *^Lc nom Asiatique d*Alexandre le Grand. i* „ Un hĂ©ros fameux çhantĂ© parles anciens poĂšte» Persans. i99 } quittĂ© pour des affaires pressantes. Cet homme Ă©loit au service dâun Cachemirien de joumbo , pour lequel jâavois une lettre et dont jâavois parlĂ© pendant mon voyage. SitĂŽt quâil mâeut reconnu , il courut Ă son martre avec lequel il revint bientĂŽt. Le Cachemirien ne me laissa tranquille que lorsque je lui eus promis de demeurer dans maison , il fallut bien lâaccepter; et quoiqu il fit une pluie trĂšs-sorte nous y allĂąmes fur le champ. Cela vous fatiguerait vous-mĂȘme , si je vou- lois vous peindre les attentions continuelles , respectueuses, je dirois presque importunes, dont mon hĂŽte me combla, moi quâil nâavoitjamais vu. Quelque bonne opinion que jâeusse de mon mĂ©rite , je pouvoir bien croire que les attentions de mon hĂŽte venoient de lâidĂ©e quâil a voit que jâĂ©tois fort riche et qu'il pourroit faire quelque bon marchĂ© avec moi. AprĂšs mâavoir dĂ©taillĂ© toutes mes vertus et tous mes talents dont son correspondant de Loutknow lui avoir parlĂ©, il me , dit que jâĂ©tois bien heureux que prĂ©cisĂ©ment Ă mon arrivĂ©e le liazard me lâeĂ»t fqit trouver , parce quâil Ă©toit le seul honnĂȘte homme de Joumbo. Câest ainsi , mon ami, que sont tournĂ©s les compliments orientaux ; quand on les expose Ă lâair froid de lâeurope septentrionale, iis disparoissent comme ces discours que lâon entend tous les jours Ă la boni se et Ă cheapside. Je jugeai Ă propos de ne le pas tirer de son erreur. Un marchand est ici fort considĂ©rĂ© et est beaucoup moins suspect. Lorsque je prĂ©sentai ma lettre de change au banquier de Joumbo, elle avoir Ă©tĂ© tellement mouillĂ©e que les plis s Ă©toient joints ensemble, comme sâils eussent Ă©tĂ© collĂ©s. Le banquier * eut la bontĂ© * Son nom eft loula-Naout , neveu du Cachemirien Moull Ă SenarĂšs. r°° dâamollir peu-Ă -peu le papier , il dĂ©plia avec soin lĂ lettre de change toute mouillĂ©e et en lut le contenu, quoi quâavec difficultĂ©. Sâil eĂ»t eu lâidĂ©e de diffĂ©rer le payement, il en avoit une belle occasion, mais il reconnut le papier pour bon et il me fit mĂȘme la remarque obligeante que pour un voyage si long et si dĂ©sagrĂ©able que le mien , jâaurois pu tirer une plus grosse somme. Joumbo^est fur la pente dâune montagne, et consiste en deux moitiĂ©s diffĂ©rentes , que lâon nomme la haute et la baffe-ville. Le pied de la colline est baignĂ© par le RawĂše qui se jete dans le Chinnaoun. 11 a environ 40 ou 5o verges de large, et la plus grande partie de lâannĂ©e il est si peu profond, quâon peut le paffer Ă guĂ©. Sur ses bords font beaucoup de moulins Ă bled mieux bĂątis que dans le reste des Indes. Ce font les Cache mi- riens qui les ont introduits ; en gĂ©nĂ©ral ils ont amĂ©liorĂ© et enrichi la ville. Je restai peu de tems Ă Joumbo, ainsi je ne pus pas mâinformer en dĂ©tail des causes et de 1 histoire de son commerce. Je ne pus pas non plus con- noĂźtre la raison de son luxe et de ses richesses ; car cette place, quoiquâelle ait perdu dans ccs derniers tems, est encore une des premiĂšres villes de commerce dans lâIndostan septentrional. Peut-ĂȘtre ces dĂ©tails ne valent pas la peine que lâon prendroit de les lire , ou ne donne roi eut pas lâinstruction que je desire vous communiquer par mes lettres ; quoiqu'il en soit, je vous envoyĂ© fans aucun changement ce que jâai appris. Avant lâirruption de Nadir-Cha dans les Indes, la route ordinaire du commerce de Delhi Ă Cachemir passoit par Sirhend, Lahor , et Htrepour. Cette route est dĂ©peinte parfaitement fous le nom de Bemberdans les voyages de Bernier. Depuis les irruptions des Perses, des Afganes et des Marattes , surtout depuis les conquĂȘtes 20l conquĂȘtes des Sicques , cette route est peu sure, et les marchands lâont abandonnĂ©e. Cela fit paffer le commerce de Cachemir parla route dcjoumbo. Ce pays est sĂ©parĂ© du Pouniab par une chaĂźne de hautes montagnes dans lesquelles la cavalerie ne peut pĂ©nĂ©trer- quâavec risque et trĂšs-difficilement; auffi prĂ©fĂ©ra-t-oa le chemin dejoumbo Ă celui par Lahor, quoiquâil fĂ»t plus long et plus difficile, et que par consĂ©quent les frais de transport fussent augmentĂ©s. Rounzeid-De've , ie pĂšre du Rajah actuel de joumbo, contribua beaucoup, par la sagesse et la justice de son gouvernement, Ă lâopulence et Ă lâimportance de Joumbo. Il vit le 5 grands avantages que le sĂ©jour des marchands MahomĂ©tans y apportĂšrent, et il chercha Ă les attirer par toutes sortes dâencouragements et surtout par sa conduite dĂ©sintĂ©ressĂ©e et pleine de considĂ©ration. On ne doit attendre des despotes dâAsie que des vertus nĂ©gatives ; et les sujets font trop heureux, lorsque leurs Princes ont de telles vertus. Non-feulement le Rajah de Joumbo rie vexa pas ses sujets, mais il leur accorda mĂȘme, et surtout aux marchands MahomĂ©tans, des glaces importantes. IlaccordaĂ ces derniers un quartier particulier auquel ils ont donnĂ© le nom de Mogoulpour. 11 leur permit mĂȘme de bĂątir une mosquĂ©e. Cette gĂ©nĂ©rositĂ© est dâautant plus remarquable et fait dâautant plus dâhonneur Ă fa mĂ©moire, que câest le seul exemple de tolĂ©rance dans cette partie de l'Indostan, et que les Cachemiriens, qui faisoient la plus grande partie de ses sujets MahomĂ©tans, font devenus depuis leurconversion les persĂ©cuteurs les plus violents des Indous .11 cherchoit tellement Ă gagner leur estime et leur confiance, que lorsqu'il passoit Ă cheval dans leur quartier pendant la P 202 priĂšre , il sâarrĂȘtoit jusquâĂ ce que le prĂȘtre eĂ»t prononcĂ© la formule de>piiĂšre accoutumĂ©e. Les Indont le plaignirent un jour Ă leur Rajah que les fontaines publiques de la ville Ă©toient souillĂ©es par les MahcmĂ©tans , et il le priĂšrent de vouloir bien les borner Ă l'usage de lâeau courante. Le Rajah rĂ©pondit Ă ces plaintes, que lâeau Ă©toit destinĂ©e pour lâusage de tous les hommes , et quâelle Ă©toit un Ă©lĂ©ment trop pur pour ĂȘtre jamais fouillĂ©e par le contact dâune classe ou dâune secte d'hommes. Un gouvernement aussi sage et aufli attentif, faisoitde cette ville une place de commerce lort riche, oĂč des hommes de tous les pays, de toutes les religions jouissoient d'une furetĂ© parfaite de leurs personnes et de leurs propriĂ©tĂ©s. Les marchandises qui font articles de commerce, de Joumbo Ă Cachemir , font ordinairement portĂ©es par des hommes la p'upart Cachemiriens. On les charge trĂšs-pesamment. Deux de ces porteurs ont la charge dâun fort mulet. Chaque porteur a quatre roupies. Les cliales qve lâon exporte de Cachemir font empaquetĂ©s dans de longs ballots qui ont un poids dĂ©terminĂ©. Dans la langue du pays on les appelle Biddery. Ces ballots font enveloppĂ©s dans des peaux de buffle ou de bĆuf, et nouĂ©s fortement avec des courroyes de cuir. Ces balles fe ressemblant presque toutes, on les ouvre rarement avant quâelles foyent arrivĂ©es Ă l'endroit oĂč elles font vendues. Un Cachemirien porte fa charge comme un soldat son havresac, et quand il veut se reposer, il 1 appuyĂ© sur un baten en forme de bĂ©quille qui lui sert auffi Ă marcher. Il y a deux raisons pour lesquelles on fe sert d'hommes pour le transport des marchandises. On prĂ©tend que la premiĂšre cause est la jalousie rĂ©ciproque des Rajahs dont les territoires font sttuĂ©s fur les 203 deux bords du Chinnaoun, *} et qui fout convenus cnire-eux de ne laisser bĂątir aucun pont et de nâĂ©tabiir aucun bac sur le fleuve. La seconde raison, que je crois la meilleure, est la roideur et la hauteur Ă©norme des montagnes qui rendent les chemins dangereux et mĂȘme impraticables pour des chevaux ou des mulets. Il semble que le commerce et lâaisance dejoumbo ait augmentĂ© toujours jusquâen 1770. Alors Ă la mort de ilounzeid-Devc, un de ses fils, le Rajah actuel, sâempara du gouvernement contre la volontĂ© de son pĂšre, fit exĂ©cuter celui de ses frĂšres dĂ©signĂ© pour successeur, et il en fit enfermer un autre. Mais celui-ci Ă©chappa et alla chercher du secours chez les Sicques. Les Sicques furent enchantĂ©s d'avoir un si bon prĂ©texte pour entrer dans le Joumbo. Ils u'avoient pu le faite fous Rounzeid-Deve , et ils promirent dâassister le fugitif. Auparavant les Sicques levoient un tribut dans le pays de Joumbo, mais ce tribut nâen avoir que le nom, du moins Ă©toit-il beaucoup moins considĂ©rable que celui que les pays voisins dĂ©voient payer. Les talents et la puissance du Rajah empĂȘchoient quâon ne fit des demandes trop fortes. Les parties les plus fertiles des districts de Joumbo font dans le pays plat et font une partie du Pouniab septentrional. Un corps de Sicques les ravagea fous le prĂ©texte du secours quâils prĂȘtĂšrent au Prince fugitif. A prĂ©sent ils tĂąchent de continuer avec vivacitĂ© la guerre contre le Rajah actuel, dont plusieurs sujets ont dĂ©jĂ passĂ© du cĂŽtĂ© de son stĂšre, et qui par lĂ peut Ă peine rĂ©sister. Pour que son malheur fĂ»t complet, il prit une troupe de Sicques Ă son service. Cette troupe est commandĂ©e par JMhah-Sing , un chef puissant dans ces contrĂ©es. Ce chef a affermi * Le quatriĂšme fleuve du Pouniab en venant de lâest. p 2 v y 50 4 son autoritĂ© Ă joumbo. 11 a construit une forteresse au cĂŽtĂ© septentrional du principal passage dans le Pouniab. Pour pouvoir payer la solde aux Sicques, le Rajah a mis des impĂŽts considĂ©rables fur ses sujets , et veut Ă prĂ©sent imposer aussi les marchands Ă©trangers qui font dans des trances perpĂ©tuelles,connoilsant les dispositions du Rajah. Je remarquai avec plaisir que lâhonnĂȘte homme sur lequel ma lettre du change Ă©toit tirĂ©e , paroissoit assez tranquille au millieu de 1 inquiĂ©tude gĂ©nĂ©rale. 11 avoir eu le bonheur, Ă ce quâil paroĂźt, dâobtenir la protection de Mhah-Sing et d'autres officiers qui le mettraient en furetĂ© contne les prĂ©tentions du Rajah. Le gouverneur de la ville , que le Rajah qui Ăštoit alors Ă la guerre avoir nommĂ© son lieutenant, Ă©toit, pour le systĂšme dâexaction, une copie si parfaite de sou maĂźtre, que lâon me conseilla de partir bien vite , si je ne vouiois pas tomber entre ses mains. JâĂ©tois trĂšs-fatiguĂ© de mon voyage, et je vouiois encore me dĂ©faire avantageusement de mon cheval et de plusieurs choses dont je pouvois me passer. Cependant la crainte du Rajah ou de son reprĂ©sentant, mâengagea Ă partirle ib de ce mois. Parmi les diffĂ©rentes circonstances que je vous ai rapportĂ©es , je ne dois pas oublier que le» danseuses ouĂŻes femmes publiques , qui font une race mĂȘlĂ©e des habitans du Pouniab et de Cachemire , font fort jolies cil Les femmes font couleur d'olive et bien faites. Elle* ont dans leur conduite unelibertĂ©, qui,fans le moindre air dâimmodestie ou de licence, tĂ©moigne la confiance que leurs maris mettent en elles. Jâai vu une femme portant une cruche dâeau rester debout, parier fans mainte avec les voyageurs et leur montrer le chemin ou leur donner dâautres renseignements. Leur habillement est compose dâun jupon qui ordinairement a diffĂ©rentes couleurs et une bordure , dâun corset Ă©troit qui couvre la moitiĂ© du corps, et ensuite d'une veste large qui va jusquâĂ la ceinture; leurs cheveux , dont elles font aussi stĂšres que les europĂ©ennes les plus coquettes, font liĂ©s avec de la soye noire ou du coton, et leur tombent le long du dos. Elles jettent aussi dessus , dâune maniĂšre assez Ă©lĂ©gante , un voile qui touche rarement le visage et ne le couvre pas tout-Ă -fait. Les femmes de distinction font enfermĂ©es dans des chambres particuliĂšres, Ă la maniĂšre des MahomĂ©tanes. Comme le pays est couvert de montagnes et presque impĂ©nĂ©trable, de sorte quâon a peu dâincursions Ă craindre de la part des ennemis. Il est Ă croire que dĂ©jĂ avant les conquĂȘtes des MahomĂ©tans, dans lâIndostan, câĂ©toit lâusage dâenfermer les femmes. Je crcyois auparavant que les Indous »voient peut-ĂȘtre enfermĂ© leurs femmes pour quâelles ne fussent pas exposĂ©es aux insultes des MahomĂ©tans, mais lorsque je vis que cet usage regnoit chez les montagnards les plus reculĂ©s et parmi les diffĂ©rentes louches des Marattes indĂ©pen- dans, * je commençai Ă croire plus vraisemblable priĂ©tĂ© contagieuses, en coulant dans des lits Ă©troits qui font privĂ©s du soleil et dâune libre circulation dâair, ioit par Toaibre de» arbres, soit par la hauteur des montagnes, * DâaprĂšs les tĂ©moignages les plus dignes de foi, les femmes parmi les Marattes ce font pas enfermĂ©es. Dans le Bengale, au contraire, un» - 5 - qu'ils avoient enferme leurs femmes long-tems avant les incursions des Tartares et des Afgane*. Si lâon vouloir juger dâaprĂšs certains usages qui Ă prĂ©sent sont vieillis, mais quâon trouve dans leur histoire . et constatĂ©s par dâanciens monuments , il saudioit en conclure que les Indous anciennement ne sĂ©questroient aucune elaste de femmes de la sociĂ©tĂ©, mais quâĂ mesure que leurs mĆurs perdirent en puretĂ© et en simplicitĂ©, les Princes et les Nobles introduisirent cette innovation pour inspirer Ă la multitude un respect plus profond pour leur famille. Lâhistoire des incarnations de VicHenou et dâautres LĂ©gendes, prouvent que les femmes Indiennes, dans les anciens tems, Ă©toient admises dans la sociĂ©tĂ© des hommes, et que souvent elle? y avĂŽient une grande influence. Dans lâhistoire du fameux Kana, qui parcĂźt avoir Ă©tĂ© un guerrier cĂ©lĂšbre, il sc trouve une circonstance qui prouve ce que jâavance et fait remonter en Ćcme-tems jusquâĂ une hrtqte antiquitĂ© une sorte de jugement de Dieu qui Ă©toit auparavant usitĂ© en curope. SrĂ©e-Moun-Narrain, la divinitĂ© suprĂȘme des Indiens avec ses compagnons insĂ©parables Mhah-Lelchimy et 1e serpent, trouva 1? ni, pour corriger certains maux qui causoient de grands dĂ©sordres fur la terre, de prendre, une figure humaine.. Narrant parut fous les traits de Kam-Hcros fort cĂ©lĂšbre. Letchimy fut fa femme Indienne seroit dĂ©shonorĂ©e si un Ă©tranger la vovoit fans voile. On peut conclure de la que les Xadous nâaccordent pas aĂčx femmes d»n» toutes les provinces les mĂȘmes liberté», et que cette diffĂ©rence a lieu Ă prĂ©sent comme auparavant. Cependmt la coutume de ne pas enfermer leurs femmes, coutume dominante anciennement, et encore Ă prĂ©sent dans plusieurs provinces ainsi que la dan Monogamie, font de* traits remarquables par lesquels les lndout fe distinguent des autres peuples de. l'Asie occidentale. Not. du trad. allem. 53 femme sous le nom de Seetah-DevĂ©e, et le serpent prit le corps de Letchimoun, frĂšre et compagnon de Kam. Ces trois personnesse mĂȘlĂšrent librement dans la sociĂ©tĂ© dâautres hommes , et il nâest pas dit que Seetah if retira, au contraire, elle parut dans toutes les occasions oĂč une personne de son sexe pouvoit dĂ©cemment paroĂźtre. Cependantune entreprise importante exigea la prĂ©sence de Kam seĂŒl ; il laissa Seetah en garde Ă Letchimoun. La Dame et son protecteur vĂ©curent assez long-tems en repos, lorsquâun fameux magicien, sans doute par l'inspiration du diable qui cherche Ă sĂ©duire toujours les mortels et surtout les femmes, vit Seetah et en devint Ă©perduement amoureux. Notre homme avoir apparemment appris par ses enchantements, que les femmes se prennent le plus aisĂ©ment par les yeux. Il fit donc voler devant Seetah un oiseau dont le plumage Ă©toit charmant. Cela rĂ©uflit, La belle conjura Letchimoun par tout ce qui lui Ă©toit cher, par lâamour quâil avoir pour elle , par lâamitiĂ© quâil avoit pour Kam, de lui faire avoir un oiseau fi sĂ©duisant. Cette priĂšre mit Letchimoun dans le plus grand embarras. Il reprĂ©senta Ă Seetah les dangers auxquels il lâexpoferoit sâil la laiffoit feule , et lui fit envisager la disgrĂące de Kam quâil sâattireroit, sâil se sĂ©paroit du prĂ©cieux dĂ©pĂŽt confiĂ© Ă ses foins. Enfin il Ă©puisa toutes les raisons que put lui dicter fou inquiĂ©tude pour la rĂ©putation et la furetĂ© de Seetah. Helas ! les couleurs Ă©blouissantes de lâoiiĂŻeau avoient frappĂ© tellement Seetah, que les conseils de Letchimoun devinrent inutiles. Ou il falloir quâelle obtint l'objet de ses dĂ©sirs , ou elle Ă©toit la plus malheureuse des femmes. Letchimoun ayant cependant refusĂ© plusieurs lois de consentir Ă sa priĂšre , Seetah furieuse de voir ses espĂ©rances trompĂ©es, accusa son gardien de *54 vouloir la sĂ©duite , et dit que câĂ©toit pour cela quâil resu soit de la quitter. Letchimoun vit bien alors que toutes les reprĂ©sentations Ă©toient inutiles, et il se disposa Ăč aller chercher lâoiseau. Il traça d'abord un cercle magique autour de Seetah et lui dit quâelle nâavoitrien Ă craindre tant quâelle resteroit dans 1 intĂ©rieur de ce cercle. A peine Letchimoun Ă©toit il parti, que le malin enchanteur sâapprocha fous les traits d'un vieillard et se jeta par terre comme Ă©puisĂ© de laslĂŻtudc, prĂšs de la place oĂč se tenoit Seetah. Il la pria d une voix presque Ă©teinte de lui donner un peu dâeau pour Ă©trancher sa soif. La bonne, mais malheureuse Seetah, se laissa attendrir par la priĂšre du vieillard, sans penser Ă si propre furetĂ© ; elle sortit des bornes quâon lui avoir tracĂ©es. SitĂŽt quâelle lâeut fait, elle tomba fous la puissance de son sĂ©ducteur. Ici la narration devient un long tissu de fables qui ne pourroient ni vous amuser ni vous instruire. Jâajouterai seulement que Kam, lorsquâil eut retrouvĂ© Seetah, partie pour sa propre tranquillitĂ©, partie pour Ă©touffer quelques bruits qui com- mençoient Ă courir fur le compte de fa femme , voulut quâelle se soumit au jugement de Dieu- Seetah fut enchantĂ©e de pouvoir parla faire cesser tous les soupçons de son Ă©poux et donner au monde une preuve publique de sa chastetĂ©. Par lâordre de son maĂźtre elle marcha sans crainte fur du fer brĂ»lant, et les pieds de Seetah Ă©tant, Ă ce que prĂ©tend la fable , aimĂ©s dâinnocence, le fer ardent nâĂ©toit pour elle quâun lit de Leurs. Je vous demanderois pardon dâavoir citĂ© celte fable, fi elle ne prouvent pas que les femmes de qualitĂ© parmi les ĂŻndous nâĂ©toient pas exclues de la sociĂ©tĂ© des hommes, et quâil y avoit long-tems que ce peuple con- noissoit lâĂ©preuve du feu. On peut tirer de cette histoire 255 le mĂȘme profit que des mille et une nuits des arabes; au milieu de talismans des bons et mauvais gĂ©nies , on reconnoĂźt les mĆurs et les qualitĂ©s de ce peuple. Puisque jâen ai dĂ©jĂ tant dit sur les femmes , je ferai encore un pas de plus, et je rapporterai une circonstance dâaprĂšs laquelle il est clair que les femmes de distinction , parmi les Indous, nâĂ©toientpas renfermĂ©es. Lorsquâune Princesse du sang Royal ou une femme noble Ă©toit nubile et quâon lui supposoit assez dâesprit pour pouvoir faire un choix, on la menoit dans une salle oĂč il y avoit plusieurs jeunes gens dâune naissance Ă©gale Ă la sienne. Alors on la prioit de choisir son mari, et elle le faisoit en jetant une guirlande de fleurs autour du cou de lâobjet de son affection. * Je vous soumets franchement ces rĂ©flexions, et je souhaite que vous pensiez Ă ce que je vous Ă©cris avec le mĂȘme franchise , pour que vous puissiez croire ce qui vous paroĂźt vrai, et rejeter fans difficultĂ© ce qui est faux ou suspect. {* On mâa dit que cette coutume lâest conseifĂ©e Ă Tangore jusquâĂ prĂ©sent. r i N. F. KAUFMANN Buchbindtr BASIL ; f l MM» VOYAGiĂ