Restaurerun vieux fusil de chasse peut ĂȘtre un temps, mais enrichissante, tĂąche. MĂȘme si le fusil a rouillĂ© et semble vouĂ©e Ă  un coin sombre du grenier, vous ne devriez pas renoncer Ă  l'espoir. Avec les fournitures appropriĂ©es, vous pouvez la nettoyer. L'outil le plus important, ce est un kit de nettoyage du pistolet. Ces kits sont gĂ©nĂ©ralement peu coĂ»teux et sont disponibles Ă 
Please verify you are a human Access to this page has been denied because we believe you are using automation tools to browse the website. This may happen as a result of the following Javascript is disabled or blocked by an extension ad blockers for example Your browser does not support cookies Please make sure that Javascript and cookies are enabled on your browser and that you are not blocking them from loading. Reference ID 6c9259f3-21c8-11ed-b98d-447875586471
Voicidonc un excellent livre qui m’a appris beaucoup de choses sur des sujets souvent abordĂ©s dans ce site : La place des armes dans la sociĂ©tĂ© Française, mais pas seulement, le tir, l’école de tir, la chasse, la lĂ©gitime dĂ©fense, les armes au combat, les aspects politiques et socio-culturels des armes. L’article est illustrĂ© uniquement Continue reading Please verify you are a human Access to this page has been denied because we believe you are using automation tools to browse the website. This may happen as a result of the following Javascript is disabled or blocked by an extension ad blockers for example Your browser does not support cookies Please make sure that Javascript and cookies are enabled on your browser and that you are not blocking them from loading. Reference ID 6c91fb10-21c8-11ed-b1f2-6152754e6f69

Larsenal secret des Toulousains. Le Fousseret, un retraité agressé et ligoté par des cambrioleurs, réussit à se libérer et tire au fusil

Le nouveau SystĂšme d’Information sur les Armes SIA va progressivement se dĂ©ployer en France. Ce fichier vise Ă  remplacer l’ancienne application AGRIPPA mise en place en 2007 et permettant de recenser les armes Ă  feu en France. Ce nouveau systĂšme d’informations va s’ouvrir aux particuliers dĂ©tenteurs d’armes Ă  feu qui pourront visualiser en ligne leur rĂątelier virtuel », c’est Ă  dire les armes de chasse et de tirs qu’ils possĂšdent. Ce sont les chasseurs qui seront les premiers Ă  pouvoir accĂ©der au SIA Ă  partir du 8 fĂ©vrier 2022. Il faudra pour chacun d’entre nous crĂ©er un compte personnel, et on y retrouvera automatiquement ses armes dĂ©jĂ  dĂ©clarĂ©es lors d’achat, notamment les fusils de chasse avant 2011. Ne vous Ă©tonnez donc pas de ne pas y retrouver le fusil du grand-pĂšre, en revanche vous serez invitĂ© Ă  le dĂ©clarer ! Voici ce que promet le SIA Le SIA pour rĂ©pondre Ă  l’enjeu de la sĂ©curisation Le SIA permettra la traçabilitĂ© en temps rĂ©el des armes et de leurs Ă©lĂ©ments des catĂ©gories A, B et C. Toute arme qui est fabriquĂ©e ou qui entre sur le territoire national est enregistrĂ©e dans le SIA et n’en sort que lorsqu’elle quitte le territoire, ou est dĂ©truite. Le SIA fiabilisera ainsi les donnĂ©es relatives aux dĂ©tenteurs d’armes. Il facilitera Ă©galement la rĂ©currence des contrĂŽles des dĂ©tenteurs. Chaque dĂ©tenteur d’armes fera en effet l’objet de vĂ©rifications pĂ©riodiques avec le casier judiciaire et certains fichiers du MinistĂšre de l’IntĂ©rieur, afin de s’assurer de sa capacitĂ© Ă  acquĂ©rir et dĂ©tenir des armes. Le SIA est par ailleurs un outil puissant de lutte contre la fraude documentaire. Les autorisations seront complĂštement dĂ©matĂ©rialisĂ©es, et le SIA sera interconnectĂ© avec les systĂšmes d’informations des fĂ©dĂ©rations chasse, tir, ball-trap, ski/biathlon. Le SIA pour rĂ©pondre Ă  l’obligation de simplification Le dĂ©ploiement du SIA va s’accompagner de mesures de simplifications administratives induites par cette digitalisation vĂ©rification automatisĂ©e de la validitĂ© de certains documents licence de tir, autorisation prĂ©alable ou permis de chasser
, autorisation globale d’armes valable 5 ans, suppression du rĂ©cĂ©pissĂ© de dĂ©claration ou encore gĂ©nĂ©ration automatique de la carte europĂ©enne d’armes. Le SIA pour rĂ©pondre Ă  l’objectif de dĂ©matĂ©rialisation Toutes les dĂ©marches administratives des dĂ©tenteurs pourront ĂȘtre rĂ©alisĂ©es via leur espace personnel. Les autorisations de commerce et les autorisations et dĂ©clarations d’acquisition d’armes seront complĂštement dĂ©matĂ©rialisĂ©es. VoilĂ un article paru dans O-F de ce matin ,11 Janvier 2022. Juste une petite erreur ,les armes dites de chasse a canon lisse et un coup par canon ,non pas a ĂȘtre dĂ©clarĂ©es ",si", elles sont dĂ©tenues avant DĂ©cembre 2011.(reste Ă  savoir comment le prouver) Achat chez un armurier ou en sa prĂ©sencePour acheter une arme de catĂ©gorie C, vous pouvez vous adresser Ă  un armurier, un courtier agréé, ou Ă  un particulier en prĂ©sence d'un est obligatoire d'avoir créé un compte SIA pour acheter une arme en tant que s'occupe de la dĂ©marche en ligne via le nouveau SIA achetĂ©e est transfĂ©rĂ©e automatiquement dans votre rĂątelier devrez confirmer l'achat de l'arme en ligne via votre compte SIA vous ne le faites pas, l'achat est validĂ© automatiquement au bout de 5 d'information sur les armes SIA - Espace dĂ©tenteursÀ noter la dĂ©marche se fait par formulaire cerfa n°12650 si vous rĂ©sidez Ă  Mayotte ou en Guyane. Renseignez-vous auprĂšs d'un armurier ou d'un courtier trouvĂ©e ou hĂ©ritageSi vous souhaitez conserver une arme de catĂ©gorie C pour chasser, trouvĂ©e ou dont vous avez hĂ©ritĂ©, vous devez vous adresser Ă  un armurier ou Ă  un courtier dossier comprend les documents suivants DĂ©claration sur le formulaire cerfa n°12650Copie d'une piĂšce d'identitĂ©Copie d'un permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă  l'Ă©tranger + titre de validation annuel ou temporaire ou titre de validation de l'annĂ©e prĂ©cĂ©denteL'armurier se charge de transmettre votre dossier Ă  la prĂ©fecture de votre de chasse acquise avant le 8 fĂ©vrier 2022Si vous dĂ©teniez une arme de chasse avant le 8 fĂ©vrier 2022, vous devez crĂ©er un compte SIA titleContent avant le 1er juillet ouvrir votre compte, vous devez avoir une adresse les Justificatifs suivants, scannĂ©s ou photographiĂ©s PiĂšce d'identitĂ© carte d'identitĂ©, passeport ou titre de sĂ©jour en FrancePermis de chasserJustificatif de domicilePrĂ©parez Ă©galement votre numĂ©ro SIA titleContent si votre armurier a eu l'occasion de vous en crĂ©er un depuis janvier d'information sur les armes SIA - Espace dĂ©tenteursUne fois le compte créé un numĂ©ro d'identifiant vous est vous connecter Ă  votre espace personnel, vous devrez saisir ce numĂ©ro et le mot de passe que vous avez numĂ©ro SIA vous est numĂ©ro vous suivra tout au long de votre vie de dĂ©tenteur d' doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă  votre armurier avant chaque intervention de sa part sur votre vous vous connectez Ă  votre espace personnel, vous accĂ©dez Ă  votre rĂątelier numĂ©rique dans lequel figurent toutes vos armes partir de l'ouverture de votre compte SIA, vous avez 6 mois pour complĂ©ter les informations de votre rĂątelier numĂ©rique nĂ©cessaire, vous pouvez contacter votre prĂ©fecture via un formulaire de contact disponible dans votre espace savoir en cas difficultĂ©s pour crĂ©er votre compte SIA, vous pouvez vous faire aider par votre armurier ou dans un point d'accueil numĂ©rique en s’adresser ?

Lemaniement d'un fusil de chasse, si simple Ă  pre— miĂšre vue, est en rĂ©alitĂ© un peu plus compliquĂ© lorsqu'on ne veut pas ĂȘtre. pour les auLres une source de dangers. Les quel- ques exemples que nous avons choisis montrerontmieux qu une longue explication quelles sont les façons prudentes et rationnelles de tenir son fusil. Puis, nous avons indiquĂ©, par des croquis

Restauration d’un vieux fusil par Nicolas BĂąillon. On connaĂźt tous un vieux fusil, qui mĂ©rite d’ĂȘtre remis Ă  neuf. Alors pour mieux comprendre les Ă©tapes importantes de la remise Ă  neuf, nous avons pris un exemple concret, celui de Nicolas Baillon qui est un jeune chasseur. Au vue du nombre d’annĂ©e passĂ© dans le sous-sol de mon oncle, s’ajoutant aux annĂ©e d’utilisation fabrication en 1978, bien que graissĂ© de fond en comble pour la protection de l’humiditĂ©. Il nĂ©cessite un bon nettoyage et une petite remise Ă  neuf. Pour cela, nettoyage du mĂ©canisme chez un armurier puis mise en couche du fusil Ă  mon epaule. DĂ©montage entier de tout les bois, les quadrillage aillant quasiment disparu du Ă  l’utilisation, je peux utiliser du papier Ă  poncer sur toute les partis. D’abord dĂ©collage de l’autocollant, puis ponçage au grain 40 pour Ă©liminer la bonne couche de vernis. Puis une fois arriver au bois, ponçage au 120-150 puis 180 grains. Petit nettoyage Ă  l’éponge lĂ©gĂšrement humide pour chasser la fine poussier de bois, puis application de cire spĂ©cial bois, 4 couches en laissant bien le bois absorber entre chaque couche. Maintenant place au mĂ©tal, nettoyage Ă  l’essence des canon pour Ă©liminer tout les residu de graisse, de poussiĂšre ou de toute saletĂ©, qui qui Ă©tait dans l’aĂ©ration de bande, gravure etc. Maintenant il ne reste plu qu’un petit rebronzage des canon pour que monsieur ai remis son costume cravate. Comment? En donnant l’oreille Ă  un garde ou un membre de SociĂ©tĂ© ; en mettant l’oreille dans une enveloppe et la mettre dans la boite aux lettres de la Maison des Associations (avec la mention « Pour la Chasse ») Merci Ă  tous pour votre participation. Le Bureau. JournĂ©e des "vieux fusils" du samedi 6 novembre 2021 Ă  l'Ă©tang des AULNES . kpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018bonsoir;voila on ma lĂ©guer et offert trois fusil, j'ai bien lu les textes sur les sites du gouvernement mais je souhaiterais savoir ce que je doit faire comme paperasse etc etc etc pour les possĂ©dĂ©s en toute lĂ©galitĂ© ...donc voici les trois armesun fusil mixte un canon lisse et un canon RayĂ© calibre 16un fusil deux canons lisse calibre 12un fusil carabine semis auto Remington Woodsmaster model 742 calibre 280 apparemment canon rayĂ©sPS j'ai dĂ©jĂ  en ma possession des lettres de sessions et les papiers d'origine donc d’époque des banc d’épreuve officiel et de garantiInvitĂ©InvitĂ©Je crains qu'il te faille prendre une licence de tir pour avoir le droit de faire enregistrer ce matĂ©riel de catĂ©gories C et D... Ou passer ton permis de chasse...InvitĂ©InvitĂ©Question ce matĂ©riel est-il enregistrĂ© ?InvitĂ©InvitĂ©Armes concernĂ©es Les armes classĂ©es dans la catĂ©gorie C sont les suivantes ‱ les armes Ă  feu d'Ă©paule Ă  rĂ©pĂ©tition semi-automatique dont le projectile a un diamĂštre infĂ©rieur Ă  20 mm, permettant le tir de 3 munitions au plus sans rĂ©approvisionnement,‱ les armes Ă  feu d'Ă©paule Ă  rĂ©pĂ©tition manuelle dont le projectile a un diamĂštre infĂ©rieur Ă  20 mm, permettant le tir de 11 munitions au plus sans rĂ©approvisionnement ainsi que les systĂšmes de rĂ©approvisionnement de ces armes,‱ les armes Ă  feu d'Ă©paule Ă  un coup par canon dont au moins l'un n'est pas lisse,‱ les Ă©lĂ©ments de ces armes,‱ certaines armes Ă  feu fabriquĂ©es pour tirer une balle ou plusieurs projectiles non mĂ©talliques,‱ les armes et lanceurs dont le projectile est propulsĂ© de maniĂšre non pyrotechnique avec une Ă©nergie Ă  la bouche supĂ©rieure Ă  20 joules,‱ certaines armes prĂ©sentant des caractĂ©ristiques Ă©quivalentes,‱ les munitions et Ă©lĂ©ments de munitions des armes de la catĂ©gorie C,‱ certaines munitions Ă  percussion centrale et leurs Ă©lĂ©ments conçues pour les armes de poing, mais qui ne sont pas classĂ©es en catĂ©gorie B et Ă©lĂ©ments de toutes ces armes sont soumises au rĂ©gime de la Munitions des armes de la catĂ©gorie C Pour les armes de la catĂ©gorie C, l'acquisition est soumise Ă  la prĂ©sentation ‱ du permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă  l'Ă©tranger accompagnĂ© du titre de validation de l'annĂ©e en cours ou de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente‱ ou de la licence de tir en cours de de certaines munitions de catĂ©gorie C est Ă©galement soumise Ă  la prĂ©sentation du titre de dĂ©tention de l' les mineurs de 16 Ă  18 ans, l'acquisition doit ĂȘtre faite par la personne dĂ©tenant l'autoritĂ© parentale Ă  condition qu'elle ne soit pas inscrite au fichier national des personnes interdites d'acquisition et de Personnes autorisĂ©es Ă  acquĂ©rir une de ces armes Pour acquĂ©rir une arme de la catĂ©gorie C, un de ses Ă©lĂ©ments ou des munitions de cette catĂ©gorie, il faut remplir toutes les conditions suivantes ‱ ĂȘtre majeur, ‱ ne pas ĂȘtre inscrit au fichier national des personnes interdites d'acquisition et de dĂ©tention d'armes,‱ disposer d'un bulletin n°2 du casier judiciaire ne comportant pas de condamnations pour meurtre, assassinat, tortures ou actes de barbarie, violences volontaires, viol ou agressions sexuelles, trafic de stupĂ©fiant...,‱ ne pas se signaler par un comportement laissant objectivement craindre une utilisation de l'arme dangereuse pour soi-mĂȘme ou pour autrui,‱ prĂ©senter un certificat mĂ©dical datant de moins d'un mois ou prĂ©senter un permis de chasser dĂ©livrĂ© en France ou Ă  l'Ă©tranger, accompagnĂ© du titre de validation pour l'annĂ©e en cours ou prĂ©senter une licence en cours d'une fĂ©dĂ©ration sportive agréée par le ministĂšre chargĂ© des sports pour la pratique du tir ou du noter les personnes ayant Ă©tĂ© traitĂ©es dans un service de psychiatrie et qui souhaitent acquĂ©rir une arme ou des munitions doivent produire un certificat dĂ©livrĂ© par un mĂ©decin psychiatre datant de moins d'un Conservation Ă  domicile Pour conserver Ă  son domicile une arme de la catĂ©gorie C, il faut ‱ soit la ranger dans un coffre-fort ou une armoire forte adaptĂ©s au type de matĂ©riels dĂ©tenus,‱ soit dĂ©monter une piĂšce essentielle la rendant immĂ©diatement inutilisable et conserver cette piĂšce Ă  part,‱ soit utiliser tout autre dispositif empĂȘchant l'enlĂšvement de l' munitions doivent ĂȘtre conservĂ©es sĂ©parĂ©ment dans des conditions interdisant l'accĂšs - blocEnteteD1La liste des armes relevant de la catĂ©gorie D enregistrable, est donnĂ©e par l’art 2 du dĂ©cret du 30 juillet 2013.. Texte officiel Les armes soumises Ă  enregistrement et les armes et matĂ©riels dont l’acquisition et la dĂ©tention sont libres, qui relĂšvent de la catĂ©gorie D, sont les suivants 1° Armes Ă  feu soumises Ă  enregistrement a Armes d’épaule Ă  canon lisse tirant un coup par canon ; b ElĂ©ments de ces armes ; c Munitions et Ă©lĂ©ments des munitions de ces armes ; Acquisitions ‱ Majeurs elle est subordonnĂ©e Ă  la prĂ©sentation du permis de chasser validĂ© de l’annĂ©e en cours ou de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Ou d’une licence de tir d’une fĂ©dĂ©ration sportive. L’un ou l’autre de ces titres valent certificat mĂ©dical. Art 43.‱ Mineurs achat interdit. Doit ĂȘtre fait par le dĂ©tenteur de l’autoritĂ© parentale [1] a partir de 16 ans avec un permis de chasser au nom du mineur. A partir de 12 ans avec une licence de tir. Enregistrement [2]‱ C’est l’armurier vendeur qui procĂšde Ă  la dĂ©claration auprĂšs de la prĂ©fecture de l’acheteur Art 45.. S’il s’agit d’une transaction entre particuliers, c’est le vendeur qui procĂšde aux formalitĂ©s selon l’art 50. Stockage ‱ 1° Soit dans des coffres-forts ou des armoires fortes adaptĂ©s au type et au nombre de matĂ©riels dĂ©tenus ;‱ 2° Soit par dĂ©montage d’une piĂšce essentielle de l’arme la rendant immĂ©diatement inutilisable, laquelle est conservĂ©e Ă  part ;‱ 3° Soit par tout autre dispositif empĂȘchant l’enlĂšvement de l’arme. Les munitions doivent ĂȘtre conservĂ©es sĂ©parĂ©ment dans des conditions interdisant l’accĂšs libre. Art. 113 Port et Transport [3]‱ Est interdit le port et le transport sans motif lĂ©gitime des armes, Ă©lĂ©ments d’arme et munitions. La licence de tir ou le permis de chasser validĂ© de l’annĂ©e en cours ou de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente est une preuve de lĂ©gitimitĂ© du transport. Art 121. Les armes Ă  sont transportĂ©es de maniĂšre Ă  ne pas ĂȘtre immĂ©diatement utilisables, soit en recourant Ă  un dispositif technique rĂ©pondant Ă  cet objectif soit par dĂ©montage d’une de leurs piĂšces de sĂ©curitĂ©. Les Ă©lĂ©ments d’armes ‱ Pour les acquĂ©rir, il faut prĂ©senter le rĂ©cĂ©pissĂ© d’enregistrement correspondant, mais ils ne nĂ©cessitent pas d’autre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018merci de ta rĂ©ponse j'ai bien Ă©videment le permis de chasser kpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018merci; eu un est enregistrĂ© normalement les autres non et oui j'ai mon permis de chasse donc? InvitĂ©InvitĂ© kps a Ă©critbonsoir;voila on ma lĂ©guer et offert trois fusil, j'ai bien lu les textes sur les sites du gouvernement mais je souhaiterais savoir ce que je doit faire comme paperasse etc etc etc pour les possĂ©dĂ©s en toute lĂ©galitĂ© ...donc voici les trois armesun fusil mixte un canon lisse et un canon RayĂ© calibre 16 catĂ©gorie Cun fusil deux canons lisse calibre 12 catĂ©gorie Dun fusil carabine semis auto Remington Woodsmaster model 742 calibre 280 apparemment canon rayĂ©s catĂ©gorie C, chargeur fixe limitĂ© Ă  2 +1 coupsPS j'ai dĂ©jĂ  en ma possession des lettres de sessions et les papiers d'origine donc d’époque des banc d’épreuve officiel et de garanti Bonjour,des explications ici dans la FAQ Ă  remplir pour les catĂ©gories Cdemande pour catĂ©gorie D1Édit lien officiel directDans le doute, si tu ne sais pas comment t'y prendre, tu vas voir un armurier avec les armes et papiers de la succession; il devrait pouvoir faire les documents Ă  ta de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018je vous remercie pour les rĂ©ponses c'est super cool snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017Bonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă  l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!LaurentkpsPerdreauNombre de messages 39Age 34Localisation 06Date d'inscription 24/03/2018 snocxuatrom a Ă©critBonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă  l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!Laurent bonsoir merci a toi oui j'ai lus sa et pour cette armes en particulier ça va ĂȘtre grosse galĂšre car sur le papier d'origine il est Ă©crit carabine automatique et en plus non le chargeur n'est pas inamovible j'ai deux chargeur avec InvitĂ©InvitĂ© kps a Ă©crit snocxuatrom a Ă©critBonjour,verifie sur la carabine semi auto que le chargeur soit bien inamovible,Ă  l'epoque de son achat,cela ne l'etait peut etre pas!Laurent bonsoir merci a toi oui j'ai lus sa et pour cette armes en particulier ça va ĂȘtre grosse galĂšre car sur le papier d'origine il est Ă©crit carabine automatique et en plus non le chargeur n'est pas inamovible j'ai deux chargeur avec Le papier, c'est pas chargeurs amovibles ... beaucoup plus ..Une seule solution l'apporter, au plus vite, Ă  un armurier pour la modifier en chargeur fixe inamovible et la dĂ©classer en catĂ©gorie tu la mets en dĂ©pĂŽt vente car, Ă  moins d’ĂȘtre licenciĂ© FFTIR et d'avoir une autorisation, tu ne peux rien faire avec cette cat B. sinon ĂȘtre dans l'illĂ©galitĂ© ..snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017RE,tu peux t'adresser lĂ  fait rayer mon canon lisse de mon FAP,qui de facto s'est retrouvĂ© en categorie C!LaurentPS cet armurier est dans la Creuse,tu dois pouvoir le trouver en direct!InvitĂ©InvitĂ©Ne passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017 petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă  ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL D’AGARD La Grange d’Agard » BP 1 – 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35LaurentInvitĂ©InvitĂ© snocxuatrom a Ă©crit petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă  ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL D’AGARD La Grange d’Agard » BP 1 – 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35Laurent Tes connaissances sont limitĂ©es !!! en cherchant bien tu en trouvera plus que tu ne croit !!snocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017Re,des armuriers qui font le travail,cela m'interesse!LaurentsnocxuatromBĂ©casseNombre de messages 233Age 67Localisation centreDate d'inscription 31/08/2017 petit-pĂšre a Ă©crit snocxuatrom a Ă©crit petit-pĂšre a Ă©critNe passe surtout pas par NB , va directement voir un armurier sinon tu va devoir payer NB en plus de l'armurier Re,pas beaucoup d'armurier,Ă  ma connaissance font une telle transformation,il faut qu'il ait l'autorisation pour la categorie B,ce qui est loin d'etre le cas de contacter en direct l'armurier precedemment indiquĂ©SARL CASTEL D’AGARD La Grange d’Agard » BP 1 – 23600 BOUSSACT/ 05 55 65 50 35Laurent Tes connaissances sont limitĂ©es !!! en cherchant bien tu en trouvera plus que tu ne croit !! Bonjour,comme indiquĂ© dans mon precedent messages,si mes connaissances sont limitĂ©es ,je suis interessĂ© par les coordonnĂ©es d'autres armuriers faisant les memes transformations,j'ai une autre arme Ă  transformer,autant faire jouer la Gilles Ă  FLERS, il font peut itou mais il sont ne fo pas oublier Ă  l'armurerie de la Bourse Ă  Paris ils savent de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Bonsoir Ă  tous,Je profite de ce sujet pour demander un un copain qui n'a ni licence de tir, ni permis de chasser. Son pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© et possĂ©dait des cat C fusils et carabine. Seule la carabine est dĂ©clarĂ©e. Ils sont chez sa mĂšre pour le moment. Comment est-ce qu'il pourrait rentrer en possession lĂ©galement de ces armes ?Ce qui m'embĂȘte c'est qu'en faisant les papiers de cession ou de vente, il manque une Ă©tape pour moi comment passer de son pĂšre dĂ©cĂ©dĂ© Ă  lui ?InvitĂ©InvitĂ©Bonsoir,une simple petite recherche sur gogole mots clĂ©s transmission, arme, de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Le problĂšme, c'est que la "simple petite recherche" sur le net, que j'ai fais, et j'ai dĂ©jĂ  lu le mĂȘme petit article, dit que la dĂ©claration doit ĂȘtre faite "sans dĂ©lais". LĂ  ça fait 6 je cherche a savoir si certains ont des exemples plus, l'hĂ©ritage se fait Ă  sa mĂšre, pas Ă  lui directement. InvitĂ©InvitĂ© lelga a Ă©critLe problĂšme, c'est que la "simple petite recherche" sur le net, que j'ai fais, et j'ai dĂ©jĂ  lu le mĂȘme petit article, dit que la dĂ©claration doit ĂȘtre faite "sans dĂ©lais". LĂ  ça fait 6 je cherche a savoir si certains ont des exemples plus, l'hĂ©ritage se fait Ă  sa mĂšre, pas Ă  lui directement. D'accord, je pouvais pas deviner ..LĂ , je ne sais pas comment il faut me demande s'il ne vaudrait pas mieux poser la question directement Ă  la prĂ©fecture ?InvitĂ©InvitĂ©Il n'est pas concevable de conseiller de rester dans l' de messages 237Age 45Localisation SartheDate d'inscription 08/12/2016Bien sur que non. Pour le moment il n'y est pas d'ailleurs puisque les armes sont chez sa bien peur que sa mĂšre ne puisse mĂȘme pas me les vendre pour les sĂ©curiser dans le circuit puisque la carabine est au nom du papa ?InvitĂ©InvitĂ© lelga a Ă©critBien sur que non. Pour le moment il n'y est pas d'ailleurs puisque les armes sont chez sa bien peur que sa mĂšre ne puisse mĂȘme pas me les vendre pour les sĂ©curiser dans le circuit puisque la carabine est au nom du papa ? Lui non, sa mĂšre oui ...Si elle n'a pas fait les dĂ©clarations en temps et en heure ...Il ne reste plus qu'Ă  prendre contact avec la prĂ©fecture, voire un armurier pour remettre tout ça dans le circuit et lĂ©galiser vers un propriĂ©taire habilitĂ© Ă  les le dit bien JRG, nous ne pouvons conseiller une autre solution. Sujets similairesVente fusil dĂ©clarer en prĂ©fĂ©cturecalendrier des bourses aux armes , militaria , et armes anciennesbeagle vient de se dĂ©clarerdeclarer une arme d'allemagne comment acheter une arme legalement comment la declarerPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum
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Synopsis: Campagne anglaise, un jeune homme chasse le papillon. Il en attrape un particuliĂšrement beau, rouge, blanc et noir. ArrivĂ© aux abords d'une grande demeure, mise en vente, il pĂ©nĂštre dans le domaine et descend dans la cave oĂč il doit enlever des toiles d'araignĂ©e. Comme il vient de gagner 510 000 livres sterling Ă  un jeu de
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Unfusil de chasse et 150 munitions. Pierre et Lucienne, un couple de retraités niortais, avaient ces armes en leur possession depuis la mort du frÚre de Pierre.
.Ă Ă  MM r ĂȘ 7f lu SI Ciiiulog UniversitĂ€t Bases Öffentliche- Bibliothek/. ^c^cfienk- $eJ $f[M . et ^ $cecA/etijh* *i ‱//& A 5' Âfcsr- m W!k' r ^§y f t -VKMĂą MMS-v V VOYAGE DE BENGALE EN ANGLETERRE Par les parties Septentrionales de Vlndoßar. , par Cackemir , l' Afganistan , la Perse et la Russie. DE GEORGE FOKSTER, Anciennement au service civil de la Compagnie des Indes Orientales. Traduit de l'Anglois. A B A S L E, De l'Imprimerie de J. J, Tot'itssisitf, 1798. f ‱?> & - PRÉFACE JLe hasard fit tomber dans mes mains un exemplaire anglois des voyages de George Förster. Je le lus avec assez d’intĂ©rĂȘt, et quoi qu’il fĂ»t Ă©loignĂ© du degrĂ© de bontĂ© qu’avec toute l’indulgence posiibie on peut attendre d’un voyage, j imaginai qu’il mĂ©ritoit pourtant d’ĂȘtre connu en France. Personne n’a parcouru encore avant lui les pays qu’il dĂ©peint ; fa maniĂšre de voyager est singuliĂšre ; l’original anglois est assez rare toutes ces raisons me dĂ©cidĂšrent Ă  le traduire en François. Pendant que j’y travaillois, j’appris que Mr. Meiners, Professeur ordinaire de Philosophie Ă  l’universitĂ© de Göttingue, trĂšs-connu par plusieurs ouvrages estimĂ©s, par un entr'autres fur l’état actuel et passĂ© des principaux pays de l’Asie , &c. avoit aussi traduit cet ouvrage de Förster en allemand, et l’avoit mĂȘme accompagnĂ© de notes. Je me procurai cette traduction. L’ouvrage de Förster est Ă©crit assez mal, et souvent d’une maniĂšre obscure ; j’étois bien aise de savoir la façon dont Mr. Meiners l’avoitinterprĂȘtĂ©. Jen’avois cherchĂ© d’abord, en me procurantcette traduction, qu’un moyen pour me faciliter mon travail; bientĂŽt je trouvai qu’elle pouvoit m’ĂȘtre doublement utile. Mr. Meiners l’a fait prĂ©cĂ©der d’un avant propos, A 2 'W' iv PrĂ©face. dans lequel, aprĂšs avoir rendu compte de la maniĂšre dont il s’est procurĂ© son exemplaire, il donne quelques notices historiques fur Förster lui- mĂȘme , d’aprĂšs ce qu’il en a lu dans plusieurs ouvrages ; et il finit par juger son d’une maniĂšre assez sĂ©\Ăšre, il est vrai, mais parfaitement juste. Je lus cette notice avec plaisir; elle est instructive et intĂ©ressante. Je crus donc faire bien de la traduire de l’allemand et de la mettre Ă  la tĂȘte de ma traduction, bien sĂ»r que mon ouvrage n’y pourroit que gagner. Je savois aussi que personne n’étoitplus en Ă©tat que Mr. Meiners de rectifier les erreurs de Förster. 11 a Ă©crit lui-mĂȘme fur les peuples d Asie et fur l’Indostan, et a eu besoin, pour lire tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit sur cette partie. Je rĂ©solus en consĂ©quence de joindre aussi Ă  mon ouvrage les notes qu il avoit cru devoir mettre au sien; je fuis persuadĂ© qu’elles peuvent ĂȘtre utiles. Je ne donnerai pas mon sentiment sur l’ouvrage de Förster; le traducteur allemand l’a j’ugĂ© mieux que je ne l'eusse pu faire. lia Ă©tĂ© obligĂ© de sacrifier beaucoup de plaisanteries , dont l’auteur Ă©toit peut- ĂȘtre fort content, et moi, j’ai cru devoir, Ă  ma langue et au goĂ»t de ma nation , le sacrifice de beaucoup d autres. Cependant, considĂ©rĂ© du cĂŽte historique, et pour la partie gĂ©ographique des pays que Förster a parcourus, je crois qu’on peut lire ce voyage avec quelque plaisir. PREFACE Dm Traducteur allemand des Voyages de Forßer. I-/E destein de l’Ouvrage dont je traduis la premiĂšre parue, a Ă©tĂ© presque aussi singulier que le voyage mĂȘme et la façon de voyager de son auteur. Autant que je puis savoir, ce sut pa’ l’ouvrage inestimable de Rennell, Mmoirs os a map os hindefian , que l'on entendit parler , pour la premiĂšre sois en europe, du voyage de Förster , le plus Ă©tonnant , ou au moins un des plus Ă©tonnants de notre siĂšcle. Rennell se procura un extrait du journal de Förster et 1 © mit dans sa gĂ©ographie des Indes. Si-tĂŽt que j’eus lu cet extrait, je m’informai, comme vraisemblablement l’auront sait tous ceux qui auront lu Rennell, je m’informai, dis je, par-tout, pour savoir si le voyage de Förster avoitdĂ©jĂ  paru. De tous cĂŽtĂ©s on me rĂ©pondit que non , et il fallut me contenter de lĂ©spĂ©rance que cet ouvrage , que j’attendois avec grande irapadence, feroit bientĂŽt imprimĂ©. On peut juger combien je fus surpris agrĂ©ablement , lorsque dans un livre que le hasard, plutĂŽt que l’espĂ©rance d’y trouver quelque chose d’intĂ©ressant , avoit fait tomber dans mes mains , je vis des extraits de la premiĂšre partie du voyage de Förster. On annonçoit que le premier volume avoit paru Ă  Calcutta Ă  la fin de i 790. vj PrĂ©face. Ce livre Ă©toit tht Calcutta Montly regißer , or India rcpfiutory os inßruction and entertainment. Vol. I. Calcutta 1790. C’étoit dans la feuille de DĂ©cembre et la suivante que les Ă©diteurs intervient quelques extraits des voyages. Ils les recommandoient ainsi “ dans le grand nombre d’objets intĂ©ressants que ,, l’on trouve dans la premiĂšre partie des voyages ,, de Mr. Geoige Förster qui vient de paroĂźtre Ă  ,, Calcutta, on est plutĂŽt embaraffe du choix , que ,, de trouver quelque chose qui laste plaisir Ă  chaque ,, lecteur. C’est pour cela que nous avons tirĂ© , Ă  s» tout hasard et sans choix , les endroits suivants de u cet ouvrage instructif et estimable. Ainsi j’étois donc sĂ»r, que la premiĂšre partie avoit Ă©tĂ© imprimĂ©e Ă  Calcutta en 1790 , et que cet ouvrage avoit plusieurs volumes. Mais combien de volumes, et quel titre il avoit; c’est ce que je ne savois pas. Pour m’en instruire , je m’adressai Ă  plusieurs savants anglois, et je les priai de vouloir bien m’envoyer, aussitĂŽt que possible, les travels os Mr. Forßer absolument in connus en allemagne. Un Ă©crivain anglois, du premier mĂ©rite , me rĂ©pondit que les traveh of Forßer formoient deux volumes in 4 0 . que jusqu’à-prĂ©sent ils n’étoient pas publiĂ©s, que mĂȘme l’administration du Bengale n’en avoit envoyĂ© que peu d’exemplaires on disoit seulement deux aux premiers Membres du dĂ©partement des Indes Orientales; mais que lui , il en attendoit un PrĂ©face. vij ou plusieurs exemplaires par les premiers vaisseaux de retour, et qu’il m’en feroitpaffer un sur le champ. La flotte des Indes orientales arriva heureusement dan? les ports d’angleterre. J’attendois chaque jour de poste l’ouvrage important que l'on m’avoit fait espĂ©rer. Pendantce temps il arriva ici d’un autre cĂŽtĂ© un exemplaire de la premiĂšre partie de ce voyage; mais malheureusement il n'a pas de carte. J’ai donc conseillĂ© Ă  l’imprimeur de prendre la carte excellente des countries between thi source os the ganges and the cafpian Jca , qui est dans les mĂ©moires de Rennellpage 200, et d’en faire graver la partie qui indique la route que Förster a prise de Lalldong Ă  Cachemir. Je crois qu’il est nĂ©cessaire de joindre ici le titre anglois de la premiĂšre partie de ce voyage, a A ,, journcy from Btngal to England, through the nor - ,, thern part oj India , Kajhemire, Afghanißan and ,, Ptrsia ; and into Rujßabythe Cafpiansea. ByGeorge », Forßer. In the civil service os the honourable Eaß ,, India Compagny. In two volumes. Vol. I. Calcutta », from the press os Cooper et Upjohn, MDCCXC.'* Au moment oĂč j’écris, je ne fais pas encore si le second volume est dĂ©jĂ  imprimĂ©. Mon ami d’angle- terre me parloit, il est vrai, des deux volumes comme d’un ouvrage complet et dĂ©jĂ  connu en Bengale; mais je crains presque qu’il n’ait pas hier» examinĂ© l’exemplaire du premier volume qui lui passa par les mains il y a plusieurs annĂ©es. Une PrĂ©face. viij note que je trouve dans la troisiĂšme Ă©dition des mĂ©moires de Reiineli, p. 149. annonce non-feulement la mort de notre voyageur; mais ajoute que l'on attend toujours le second volume. » aprĂšs parut le premier volume des vovages de >5 Förster , qui contient son voyage de Bengale n jusqu’aux frontiĂšres de Cachemir. On espĂ©roit »» que le second volume suivroit bientĂŽt. Mais »» d’aprĂšs les derniĂšres nouvelles des Indes , on a appris la mort de cet entreprenant voyageur ; il *» mourut Ă  la Cour duNizam oĂč il rĂ©sidoit pour le service de la Compagnie des Indes”. Quoiqu’il en soit, que le second volume soit imprimĂ© ou non , mes lecteurs peuvent compter fur mon exactitude et mon enpreffement Ă  traduire la secondç partie si-tĂŽt qu’elle paroĂźtra. Si un voyage imprimĂ© en Bengale, est cinq ans aprĂšs en Angleterre encore une raretĂ© et mĂȘme un secret, on peut croire que le Gouvernement, ou au moins des adversaires puissants , ont cherchĂ© Ă  le supprimer. Dans la recension du premier volume de cet ouvrage , imprimĂ©e dans le i 5 y numĂ©ro de la gazette littĂ©raire deGoltingue en 1790, j’ai dit, que probablement Hastings ..auparavant Gouverneur- GĂ©nĂ©ra! du Bengale, ou ses amis, n’avoient pas voulu le laisser paroitre au jour, parce que ion auteur avait parlĂ© d’une maniĂšre dĂ©savantageuse pour lui de l’état du Bengale et de la guerre des PrĂ©face. ix Marattes et des Rohillas. Quoique cette conjecture soit la seule qui puisse expliquer la raretĂ© de ce voyage, cependant elle n’est pas encore satisfaisante. Long-tems avant que les travels osFo’ vinssent Ă  paroĂźtre , des hommes qui avoient Ă©tĂ© plus long- tems que lui eu Bengale, qui avoient rempli des places plus importantes, et avoient plus de considĂ©ration que lui, avoient fait imprimer des choses bien plus dures contre Hastings. Puisqu’on ne pouvoir ou ne vouloir pas empĂȘcher ces accusations plus fortes et plus dangereuses , comment pouvoit-on avoir l’idĂ©e de vouloir supprimer les assertions beaucoup plus modĂ©rĂ©es et bien moins importantes de Förster ? Si-tĂŽt que les ennemis de Hastings s’en fussent appelons , ils auroientfait tout au monde pour rĂ©pandre cet ouvrage qui leur Ă©toit favorable ; et comment eĂ»t-il Ă©tĂ© possible de dĂ©rober aux accusateurs nombreuxet puissants de Hastings un ouvrage imprimĂ© Ă  Calcutta et que tout le monde y avoit lu ? Le second volume du voyage de Förster, si nous pouvons jamais l’avoir, doit ĂȘtre fans comparaison plus intĂ©ressant que la premiĂšre partie. On n’en peut pas douter, quand on connoĂźt les pays qui font dĂ©crits ou qui dĂ©voient l’ĂȘtre dans le second volume. Förster, aprĂšs avoir sĂ©journĂ© quelque. temps Ă  Cachemir. descendit le BehĂŒt par eau l’espace de 14 coss. Renneli p. 1^7. troisiĂšme Ă©dition aprĂšs cela il quitta son bateau et marcha vers l'ouest pour aller Ă  Mouzziserabad , capitale d’un petit X PrĂ©face. district da mĂȘme nom sur la frontiĂšre au sud-ouest de Cachemir, et dont le souverain porte le titre de Sultan. De Mouzziferabad, il vint Ă  Bazaar, situĂ© vers le nord-ouest, Ă  vingt milles anglois d’Atock, prĂšs de Bazaar. Förster passa l'inclus, et prĂšs de HyderbongĂ©e, il entra fur les terres de Timur Cha Abdallah. De Bazaar, il prit fa route par Pais- havour et Caboul vers Candaliar , et de lĂ  il alla par le Sigistan et le Korasan Ă  Mazenderan ; il s’y embarqua fur la mer Caspienne , et il retourna dans fa patrie par Astracan, Calan et les autres provinces de Russie. On fait que Cachemir, 1’ Afganistan et le Korasan, sont les pays les plus intĂ©ressants de Fasie et en mĂȘme - temps les plus inconnus ; et le second volume de Förster nous eĂ»t fait connoĂźtre tous ces pays dans lesquels, depuis long-temps, aucun europĂ©en, ou du moins aucun observateur attentif et instruit n’a voyagĂ©. Ce qui surprit le plus le gĂ©ographe Rcnnell, ce fut que Förster, entre Caboul et la ville de Tersifh dans le Korasan, ne trouva pas de hautes montagnes, p. i53. 18g. igi.Rennell en conclut, que la grande chaĂźne de montagnes, que les anciens nommoient Taurus , ou ne s’étend pas jusqu’à l’Kindoo-Kho , comme les anciens et nouveaux gĂ©ographes le croyoient, ou que du moins si elle le fait, c’est dans des parties plus septentrionales que celles par lesquelles Förster a passĂ©. Rennell Ă©toit aussi trĂ©s-Ă©tonnĂ© de ce que Förster, dans fa route de Candahar Ă  la mer Caspienne , n’avoitpas trouvĂ© I PrĂ©face. xj de fleuve que l’on ne pĂ»t passer Ă  guĂ© , quoique le voyage durĂąt depuis aoĂ»t jusquĂ  la fin de Janvier. Je ne puis m’empĂȘcher de rapporter ici le jugement que Rennell, dans une note assez Ă©tendue , porte fur Förster et fur ses voyages; a x p. 148. ,, 149. L’histoire de ce voyageur, dit Rennell, est ,, Ă©tonnante. En 83 et 84 il alla par terre du Bengale ,, Ă  la mer Caspienne , et de-lĂ  il prit le chepiin ,, ordinaire de Peterfbourg. 11 dut pour sa furetĂ© ,, Ă©viter le pays des Sicques ou de Lahor. 11 passa ,, donc le Gange et floumna dans les montagnes ,, et arriva Ă  Cachemir par Joumbo. Il vit ce pays , »j Ă  ce qu’il paroĂźt, seulement par curiositĂ©; car il ,, s’éloignoit de son chemin. De Cachemir il alla Ă  ,» Caboul, rĂ©sidence de Timur-Cha,Roi deCandahar ,, que l’on appelle ordinairement Abdallah. De-lĂ  il vouloit passer par la grande Bucharie ; mais ,, les chemins Ă©tant trop peu surs, il prit la ,, route ordinaire des Caravanes de Candahar. De ,, cette ville, que plusieurs savans prennent pour ,, l’Alexandrie Parapomisienne , son chemin ailoit ,, en droite ligne par Heratjusqu’aubord mĂ©ridional ,» de la mer Caspienne, par les provinces que Ion ,» nomme aujourd’hui Seistan , Korasan et Mazen- ,, deran, et connues aux anciens fous le nom de ,, Parapomisus, de Aria , de Parthia et de Tapuri. ,» Förster fit une partie considĂ©rable du chemin ,, qu’Alexandre choisit lors qu’il poursuivit Bessus. Il comme mahomĂ©tan et en sociĂ©tĂ© P R ÂŁ F A C s. », de mahomĂ©tans, tous ces pays dans les quels la 55 jalousie politique dĂšs naturels, contre toutes ,, lortes dĂ©trangers , marche de front avec leurs n prĂ©jugĂ©s religieux. Il faut qu’un homme quia ,1 Ă©xĂ©cutĂ© cette enterprife difficile fans faire naĂźtre n de soupçons, ait une prĂ©sence d’esprit bien rare, »1 une grande prudence et une facilitĂ© Ă©tonnante ii pour apprendre les langes et fe conformer aux ji mƓurs Ă©trangĂšres. La dĂ©couverte de ce qu’il h avoit Ă  cacher eĂ»t Ă©tĂ© pire que la mort; et >i cependant il Ă©toit toujours exposĂ© aux conjectures ii de ses compagnons de voyage qui ne favoient pas ii son secret. J’espĂšre qu’il fera connoĂźtre ses obfer- ii valions fur les mƓurs , le gouvernement et l'Ă©tat il actuel de cette partie de la perse que nous con- ii noifons le moins , ainii que fur Cachcmir, pays il encore plus important pour le philosophe et natu- ii ralifle. Pour aller du dernier poste anglois en ii Oude jusqu’à la mer Caspienne, ce qui faifoit ii 2700 milles anglois , il pasta Ă -peu-prĂšs un an ; ii et pendant ce temps, il fut obligĂ© de renonçer Ă  h toutes les commoditĂ©s et aux agrĂ©mens dont 55 jouit en europe mĂȘme la c laste la plus pauvre du 11 peuple. Dans des temps de pluie et de neige, il il lui falloit coucher au bivuoac et manger ce qu’il il trou voit dans les pays par lesquels il paffoit. 11 Son voyage dura trop long-temps ; il Ă©toit pref- >1 que impostible qu’il pĂ»t prendre avec lui ce qui fi rend un voyage agrĂ©able fans mettre en jeu fa il furetĂ©. ’’ PrĂ©face. xiij La premiĂšre partie du voyage de Förster peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e sous un double point de vue comme voyage et comme une collection de notices historiques fur des hommes cĂ©lĂšbres, fui des peuples et des religions. Sous les premier rapport, le mĂ©rite du premier volume consiste dans des observations intĂ©ressantes fur les mƓurs , le caractĂšre , et la vie domestique de l’Idous; mais fur-tout dans les remarques presque toutes neuves qu’il a faites fur le Rohilcound et fur les payF de montagnes entre Oude et Cachemir. DĂ©jĂ  avant Förster, ou au moins avant l'impression de ses voyages, des europĂ©ens avoient pĂ©nĂ©trĂ© dans Siringnahour et vu le Gange et le Ioumna Ă  des latitudes septentrionales plus Ă©loignĂ©es que notre voyageur. Mais aucun europĂ©en ne fit le voyage de Sirinagour Ă  Cachemir , et n’avoit vu les fleuves du Pouniab si prĂšs de leur source que Förster. Quelques nouveaux , quelques instructifs que soient plusieurs dĂ©tails dans le premier volume de l'ouvrage , on ne peut cependant pas se dissimuler, que quand on le lit, il y a bien des choses que l’on seroit tentĂ© de demander, auxquelles Förster ns rĂ©pond pas du tout, et auxquelles il paroĂźt qufil eĂ»t bien pu rĂ©pondre. Des lecteurs attentifs et sĂ©vĂšres eussent peut-ĂȘtre aussi dĂ©sirĂ© que Förster leur eĂ»t Ă©pargnĂ© le rĂ©cit de mille petits accidents qui arrivent Ă  tous ceux qui voyagent, et qui na caractĂ©risent ni le pays dans lequel il se trouvent, ni ses habitants. 11 y a aussi des plaisanteries dĂ©placĂ©es, xiv PrĂ©face. des lieux communs assez frĂ©quens ; il renouvelle continuellement ses assurances de l’attention et du foin qu’il met dans ses observations et ses recherches, et il demande toujours excuse pour l’insuffisance de ses notices. Mais ce font des dĂ©fauts qu’il faut lui pardonner; il n’étoit pas accutumĂ© Ă  Ă©crire. Parmi les collections elles recherches historiques, le morceau fur les Sicques est le meilleur, et ensuite l’histoire des et de Choujah-O-ud-Dowlah mĂ©ritent le second et le troisiĂšme rang. Ce qu’i! dit, au contraire, sur larĂ©ligion des Indous, est tellement plein de faits mal rapportĂ©s, de conjectures fausses ou Ă  moitiĂ© vraies, que je fus tentĂ© plusieurs fois de laisser lĂ  tout le morceau , exceptĂ© quelques passages. Je ne le fis pas , par la crainte qu’on ne me reprochĂąt d’avoir mutilĂ© l’ouvrage, en retranchant tout un chapitre de l’original. Je ne prĂ©tends pas attaquer la nouveautĂ© et l’importance des dĂ©tails surlesSicques et Förster a trouvĂ©s dans les papiers et dans les rĂ©cits de ses amis et de ses connoissances. Le mĂ©rite seul du compilateur y pourra perdre quelque chose; mais il faut convenir que Förster n’avoit pas le talent de choisir et de mettre en ordre des faits historiques, de les prĂ©senter clairement, et sur-tout d’en tirer des consĂ©quences et des rĂ©sultats justes. Il est tout aussi vrai que dans les morceaux historiques, il se trouve par-ci par-lĂ  des choses insignifiantes ; qu’il y rĂšgne une certaine obscuritĂ© ; que le style en est diffus et embrouillĂ© ; que plusieurs choses font rĂ©pĂ©tĂ©es P R É E A C t. XV souvent sans nĂ©cessitĂ© ; et enfin, que quelquefois, le* jugements qu’il porte, ne s’acordent pas avec les faits qu’il raconte , et souvent contredisent ce qu’il a dit plus haut. Tant que Förster fut en Bengale et dans les autres possessions angloises, il trouva par tout que le commerce , l’agriculture et l’industrie Ă©toient tombĂ©s. Mais aprĂšs ĂȘtre venu en Oude et dans les pays de montagnes au nord, alors il fait l’éloge de la paix et de l’abondance qui rĂ©gnent dans le Behar et le Bengale, et du bonheur de ceux qui y vivent. Dans plusieurs endroits, il parle avec le plus grand mĂ©pris du polithĂ©isme absurde des Indous , et des usages et des fables fur lesquels il est fondĂ© ; et ensuite il vent prouver que la rĂ©ligion des Indous n’est pas un culte de payens, et mĂȘme que la division en castes, et l’usage des femmes de le brĂ»ler aprĂšs la mort de leurs maris, font des institutions et sages et bienfaisantes. Enfin il cite lui - mĂȘme beaucoup d’exemples de la tyrannie des rajahs indiens et de leurs employĂ©s. Il dit mĂȘme une fois quelles que soient les violences que les anglois ont exercĂ©es et exercent encore contre les Indous, elles n’approchent pas des vexations et des exactions que les Princes Indiens se permettent. Et avec cela il fait une peinture idĂ©ale du bonheur et de la culture des anciens Indous telle que jamais n’en ont faite les apologistes les plus exagĂšres de ce peuple, et on n’en pourroit jamais faire une pareille , avec raison, d’aucun empire sur la terre. Une suite de ce dĂ©faut de jufltefiĂŻe et de vĂ©ritĂ© f dans ses juge- \_y XVJ PrĂ©face. ments, est que souvent ses expreffions sont vagues et indĂ©terminĂ©es ; j’ai cherchĂ© Ă  y remĂ©dier autant que j’ai pu, ainsi qu’à adoucir l’éclat de son style et Ă  en diminuer le prĂ©cieux Si Förster eĂ»t su Ă©crire, j’eusse cherchĂ© Ă  transportes exactement dans ma langue, non-feulement les beautĂ©s de son style, j’eusse mĂȘme respectĂ© ses dĂ©fauts. Mais comme le voyageur anglois n’a pas, je crois, de prĂ©tentions au style, j’ai cru qu’il falloit penser seulement Ă  ce que la traduction fĂ»t claire, et je puis croirĂ© que des allemands seront moins souvent arrĂȘtĂ©s dans la traduction, que des anglois dans l’original. J’ai conservĂ© la façon dont Förster a Ă©crit les noms Indiens, mĂȘme lorsqu’elle diffĂšre de ceux qui sont connus , ainsi je n’ai pas Ă©crit Seicks , mais Sicques , Joummoo, maisjoumbo , etc. Quant Ă  mes notes, mon projet n'Ă©toit pas de rectifier ce qui Ă©toit faux, de completter ce qui Ă©toit imparfait, et de commenter ce qui Ă©toit obscur; mais de corriger et d’expliquer quelques endroits qui paroissoient en mĂ©riter la peine. Lorsque mes explications auroient tenu trop de place , je jugeai plus Ă  propos de renvoyer les lecteurs Ă  ces ouvrages, par les quels ils pourroient s’instruire, que d’augmenter, par des dissertations, le prix et l’étendue de cette traduction. Si la traduction de Förster devoir avoir une seconde Ă©dition, etc. Göttingue , le 3 Nov. I1Z5. MELN'ERS. A SON EXCELLENCE Mr. le Comte de GorrvwallĂźs. Chevalier de l'ordre me la jaretiĂšre, SecrĂ©taire d'Etats Lieutenant-GĂ©nĂ©ral au service de Sa MajejlĂ© et Gouverneur et Commandant-GĂ©nĂ©ral de toutes les pcjfef- Jions et troupes de Sa hiajcfiĂ© et de la SociĂ©tĂ© des Indes Orientales , etc. Mylordl De tous temps les Ă©loges des dĂ©dicaux ont Ă©tĂ© suspects , et les hommes 'du monde les ont toujours rĂ©gardĂ©s comme des compliments exagĂšres , par lesquels on cherche ou Ă  s'insinuer dans les bonnes grĂąces de son protecteur, ou Ă  flatter sa vanitĂ© , ou bien, peut-ĂȘtre, Ă  exprimer sa reconnois- sance, mais presque toujours mal-Ă -propos et d’une maniĂšre dĂ©placĂ©e. Cependant j’ose croire que l’on jugera moins sĂ©vĂšrement le contenu et le ton de cette dĂ©dicace , et que l’on dira que je n’ai pas mĂȘme atteint la grandeur de mon sujet. Lorsque je rĂ©solus de faire imprimer le journal de mes voyages , je cherchai naturellement un nom qui put relever mon ouvrage mes talents littĂ©raires ne font pas fort connus. Je ne dirigeai pas mes yeux vers l’éclat des richesses, ou de la naissance et du rang, qui ne font pas toujours la mesure du mĂ©rite d’un homme. Je cherchai cette considĂ©ration que donnent Ă  un homme des avantages qui servent au L Xviij P R É ĂŻ A CĂŻ, bonheur de sa patrie en mĂȘme-temps quils en font l'honneur. Ce fut avec un sentiment de plaisir bien vif, que mes yeux et mon cƓur se sentirent attirĂ©s vers l’objet de mes recherches , objet comme on en trouvera peu dans tous les tems et dans tous les pays. Et quand on devroit trouver trop hardi l’usage que j’en voulus faire, je ne pus pas rĂ©silier au dĂ©sir d’orner mon ouvrage du nom de Cornwallis, et de joindre mes Ă©loges Ă  tous ceux que lui ont mĂ©ritĂ©s des actions qui doivent avoir une place distinguĂ©e dans les annales de notre nation. Des mauvais succĂšs , qui du temps de l’ancienne Rome, en train oient l’oubli, l’oblcuritĂ©et souvent la disgrĂące, offrirent un champ plus vaste aux talents de votre Excellence, et dĂ©ployĂšrent en vous une force supĂ©rieure Ă  tout; tel un chĂȘne, profondĂ©ment enracinĂ©, brave les fureurs de l’hiver. Dans les Indes orientales, votre Excellence fut exposĂ©e Ă  des ennemis plus redoutables. On lui confia un pouvoir comme jamais sujet anglois n’en a eu, comme mĂȘme on n’en a jamais confiĂ© un pareil au Roi d’angleterre ; un pouvoir qui s'Ă©tendent fur de vastes pays , fur des peuples riches et put flans et loin de ceux qui l’avoient donnĂ© et eussent pu le borner, et dans un royaume oĂč chaque ressort du gouvernement est mis en mouvement par l’aviditĂ© et le brigandage, et oĂč celui qui souffre et qui demande justice ne peut s’approcher des portes du plus puissant sans acheter la PrĂ©face. XIX justice et la protection par des sacrifices. Nous vimes avec Ă©tonnement que votre Excellence usa de ce pouvoir, qui lui Ă©toit rĂ©mis, avec modĂ©ration et droiture. Mais les Ă©loges le mieux mĂ©ritĂ©s font ceux qui dĂ©plaisent le plus. Je finirai donc ma dĂ©dicace parles souhaits les plus vifs , pour que votre Excellence puisse continuer de gouverner les possessions angloises dans les Indes jusquĂ  ce qu’elle ait achevĂ© heureusement l’ouvrage qu’elle a commencĂ©. Les sacrifices font grands. Mais la rĂ©compense, qui surpasse la faveur du Monarque aussi bien que les Ă©loges du peuple reconnoissant, est encore plus grande. J’ai l’honneur d’ùtre avec le plus profond respect. de Votre-Exeellence Le trĂšs-humble trĂšs-obĂ©issant serviteur . Calcutta le i aoĂ»t 1790. George Forßer. AVANT-PROPOS. X-/es vovages en gĂ©nĂ©ral font estimĂ©s et reçus avec indulgence, c’est ce qui me donne le çourage de soumettre cet ouvrageau public. La connoissance des mƓurs des peuples Ă©trangers affoibiit les prĂ©jugĂ©s nationaux, et Ă©claire l’esprit. Les anglais lui doivent encore de plus un avantage qui leur est propre et qui doit ĂȘtre satisfaisant pour eux. La comparaison leur fait connaĂźtre l'excellence de leur constitution et de leurs Ioix, ainsi que les avantages de leur caractĂšre national qui leur donne le premier rang parmi les europĂ©ens. Cependant s’il est permis de parler franchement de fa propre maniĂšre de penser, ce pour quoi , il est vrai, la plus part des hommes ne font pas faits, j’avouerai sincĂšrement que je n’ai jamais senti en moi, pendant mon voyage , aucune partialitĂ© pour tel peuple ou telle secte. Des hommes trĂšs-savants et pleins de gĂ©nie ont souvent, pour le malheur des sciences, ĂŽtĂ© Ă  leurs ouvrages une partie de leur mĂ©rite, en s’adonnant exprĂšs Ă  un systĂšme favori au quelpeu-Ă -peu et involontairement ils sacrifioient les principes et les rĂšgles de la vĂ©ritĂ© et de la raison. Les voyageurs , fur-tout, ont contre eux le prĂ©jugĂ© qu’ils font des peintures vagues ou embellies. Mon destin m’ayant conduit dans des pays qu’aucun europĂ©en n’a encore vus, j’ai d’autant plus de raison de dĂ©clarer au public, qu’il que je me sois trompĂ© dans mes jugements ; mais que je n’ai jamais eu la moindre idĂ©e d’altĂ©rer ou de dĂ©figurer la vĂ©ritĂ©. Mes dĂ©tails fur l’état prĂ©sent et paisĂ© du Bengale ontpeut-ĂȘtre besoin d’indulgence,parce que je n’ai traversĂ© cette province qu’en voyageant. Cependant quoique je ne pusse me procurer qu’une connoiffance assez bornĂ©e du pays , le peu de sĂ©jour que j’y ai fait m’a Ă©tĂ© utile. La lettre sur la mithologie des Indous, dont on a sait connoĂźtre'quelques extraits en i 7 S5 , a Ă©tĂ© revue et corrigĂ©e depuis mon retour aux Indes. Je crains pourtant qu’à cause de l’étendue et de l’obscuritĂ© de l’objet, il n’y ait encore quelques erreurs ou des choses qui paroi fient contradictoires. Des dĂ©tails fur les usages et les dogmes des Indous, Ă©crits dans le Carnadc, dĂ©voient ĂȘtre diffĂ©rents de ceux que l’on Ă©crivoit dans le Pouniab. Cependant la religion des Indous a dans toutes les parties de l’Indostan les mĂȘmes principes ; et l’édifice Ă©norme, bĂąti fur ces fondements, ne diffĂšre pas essen- dellement dans ses parties principales, lorsqu’on l’observe avec attention. Les diffĂ©rences visibles proviennent peut-ĂȘtre seulement des mƓurs diffĂ©rentes du mĂȘme peuple, d’aprĂšs son sĂ©jour dans le sud ou dans le nord. Les habitants du Carnadc infĂ©rieur font doux, tempĂ©rans et en gĂ©nĂ©ral timides. Ils remplissent les commandements de leur religion Avant-propos. xxij avec une exactitude scrupuleuse, et les Bramines de ces pays se bornent avec la plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© Ă  la nouiriture vĂ©gĂ©tale. Il en est de mĂȘme de plusieurs autres sectes. C'est toute autre chose avec les habitants du Pouniab. Ils font courageux, entreprenants et souvent cruels. Ce caractĂšre est mĂȘme celui des classes qui ne font pas militaires. Les Bramines font ordinairement soldats dans ce pays. Plusieurs d’entre-eux mangent de la viande, et aucun ne quitte fa demeure, mĂȘme quand il ne marche pas contre l’ennemi, sans prendre ses armes avec foi. Les marchands et les ouvriers font aussi tous armĂ©s ; lorsqu’ils veulent s’éloigner seulement de quelques lieues de leur patrie , et dans les provinces du nord, fur-tout dans le Boundilcound, les paysans prennent toujours un Ă©pieu avec eux, quand ils vont labourer leurs champs. Cette diffĂ©rence de dispositions naturelles a occasionnĂ© une telle diffĂ©rence d’usages et de mƓurs, qu’on pourroit croire d’abord, si on n’y rĂ©flĂ©chissoit que superficiellement, que les habitants de l’Inde mĂ©ridionale et septentrionale ne sont liĂ©s entre-eux par aucun lien national. C’est avec plaisir que je tĂ©moigne ici publiquement ma reconnoissancc des obligations que j'ai au Colonel Polier au service de la compagnie des Indes, pour les manuscrits prĂ©cieux qu’il m’a communiquĂ©s iur les Sicques et la vie de Choujah-Oud-Dowlah. Toutes les fois que j'eus besoin de conseils ou Avant-propos. xxiij d’explication sur d'autres points de l’histoire Indienne, il fut toujours disposĂ© Ă  me prĂȘter ses connoissances et ses papiers. J’ai l’obligation Ă  M. Brislow, en Bengale, d’un ouvrage instructif fur Choujah-Oud-Doivlah, et dans lequel j’ai trouvĂ© des dĂ©tails intĂ©ressants. La carte qui indique le chemin que j’ai suivi, a Ă©tĂ© faite par Mr. Willford IngĂ©nieur en Bengale et homme de connoissances trĂšs-Ă©tenduts. Les sciences gagneront peu Ă  cet ouvrage. La maniĂšre dontje voyageois rendent impossible l’usage des instruments avec lesquels on peut dĂ©terminas la distance des lieux et la direction du chemin. J’cstimois l’une d’aprĂšs le cours du soleil , et l’autre d’aprĂšs ce que l’on me disoit dans chaque endroit. Souvent l’erreur est considĂ©rable. Mon peu de connoissances en botanique me mettent aussi hors d’état de donner des descriptions exactes des arbres et des plantes que je trouvais en Cachemir et en Perse. Par bonheur les produits naturels de ces pays font ĂŒ bien dĂ©crits par Chardin, le Bruyn et Bernier, qu’on ne remarquera pas mon ignorance Je fuis Ă  prĂ©sent occupĂ© Ă  mettre en ordre mon second volume, qui contiendra mon voyage de Cachemir en Angleterre, par PAfganistan , la Perse et la Ruffic. S U J E T. Le chemin de Calcutta Ă  Cachcmir. Essais fur la religion des Indous. Hißoire abrĂ©gĂ©e des Rohillas , de Choujah-otld- Dowlah et des Sicques. V O Y A G E D E FÖRSTER. PREMIERE LETTRE. BenarĂšs 3 i AoĂ»t 17S2. J m’étois proposĂ© , dam le cours de mon voyage , de passer par BenarĂšs et d’y sĂ©journer quelque tems pour faire quelques recherches fur la religion des Indous ; je demandai donc et j’obtins la permission d’aller voir cette ville. Je me flatte que les observations que j’ai faites, pendant ce voyage, vous feront quelque plaisir; et si vous trouvez qu’étant Ă©tranger *] j’ai pu souvent me .tromper dans mes remarques et dans les consĂ©quences que j'en ai tirĂ©es, au moins vous verrez bien-tĂŽt, qu'en aucun endroit je n’ai Ă  dessein dĂ©figurĂ© la vĂ©ritĂ©. Je quittai Calcutta le 23 Mai et j’arrivai le joursuivant Ă  Soukzagour. C’est une plantation florissante qui appartient Ă  Mrs. Kroft et Lennox. Ces Messieurs vien*- nent d’établir une fabrique de mousseline blanche, dont la Compagnie Angloise achĂšte chaque annĂ©e pour deux lacks de roupies Ils y ont joint une frabique de foye Ă©crue , qui paroĂźt ĂȘtre en fort bon Ă©tat et recompenser les peines des Entrepreneurs. C’est aussi fur cette plantation que l’on prĂ©pare, en grands quantitĂ©, une boisson spiritueuse , qui sans ĂȘtre absolument la mĂȘme chose que le rum d'amĂ©rique, lui ressemble pourtant beaucoup, et qui depuis le commencement * L’Auteur avoit al or- un emploi civil Ă  la PrĂ©sidence d Madrar» de la guerre d’hollande a un dĂ©bit considĂ©rable. Comme on peut faire de cette boisson tout ce que l'on fait de l’arrack de Batavia, le Bengale gagnera beaucoup si son rutn ou son arrak devient article d exportation. Si le Gouvernement veut encourager ceux qui enrichissent leur patrie, en Ă©tabbssant une fabrique nouvelle et utile, il doit leur accorder sa proteĂ©lion et avoir pour eux toute l'indulgento possible. C est Ă©galement le devoir de tout Observate ur attentif de faire con- noĂźtre le succĂšs de ces entreprises; par lĂ  il enflamme l’émulation de ses concitoyens et fait payer aux bienfaiteurs de leur peuple le tribut d’éloges et d’honneurs dĂ» au gĂ©nie et Ă  l’industrie. Je dirai donc que ces fabriques ont attirĂ© fur elles l’attention particuliĂšre de l’Administration du Bengale, et que cette mĂȘme Administration a montrĂ©, dans plusieurs occasions, un empresment digne d’éloges Ă  favoriser des entreprises d'une utilitĂ© gĂ©nĂ©rale. Les anglois ne devroient pas plus long-tems se considĂ©rer comme Ă©trangers dans un pays oĂč dans le fond ils font les maĂźtres. Ce n’est pas Ă  faire une fortune considĂ©rable et rapide qu iis devroient donner leurs foins, lis devroient plutĂŽt tĂącher de faire et d’assurer le bonheur du pays en encourageant l’industrie et en procurant aux sujets un bien-ĂȘtre fans lequel ce bonheur ne peut exister. Une conduite vraiment sage et prudente augmenteront Ă©galement la fĂ©licitĂ© publique et particuliĂšre. Elle serstit une sorte de rĂ©paration pour quelques actions qui ont. fait tott au caractĂšre national. Puisque j’en fuis fur cet aiticle, la naturelle des choses et des idĂ©es me conduit Ă  quelques observations fur le commerce intĂ©rieur et extĂ©rieur du Bengale, ainsi que furie dĂ©faut de numĂ©raire , dĂ©faut sensible dans toute la province. 3 Avant que les anglois devinssent maĂźtres du Bengale, les diffĂ©rents peuples qui commerçoient avec ce pays Ă©taient forcĂ©s de payer argent comptant une grande partie des marchandises qu’ils achetoient, le nombre des articles que dans le Bengale on avait besoin d’acheter de l’étranger Ă©tant trop peu considĂ©rable. Ce commerce si avantageux , qui amassait tant d’or et d’argent dans 1Indostan et fur-tout dans le Bengale , dura un siĂšcle et demi. Mais quand la domination anglaise y fut fondĂ©e, ce commerce cessa; les revenus du pays servirent Ă  payer les frais de l’administration et les cargaisons des vaisseaux de retour de la Compagnie Anglaise. Ainsi, non-feulement cette premiĂšre source, d’oĂč coulait dans le pays l’or des Ă©trangers , fut tarie; mais de plus, les richesses que les EmployĂ©s de la Compagnie amassaient, diminuĂšrent encore beaucoup l’affluence de l’argent que les autres nations commerçantes de l’europe y avaient apportĂ©. Ces nations trouvaient non - seulement Ă  dĂ©biter aisĂ©ment les marchandises qu’elles offraient; mais elles recevaient mĂȘme des sommes d’argent considĂ©rables pour des lettres de change payables en europe. L’anĂ©antissement de la domination mahomĂ©tane, dans le Bengale , produisit au Ist un trĂšs-grand changement dans le commerce intĂ©rieur de cette province. Les Princes et les Chefs, nĂ©s dans le pays, entretenaient des cours et une fuite nombreuse. Ils faisaient vivre un grand nombre d’ouvriers et d’artistes qui fournissaient Ă  leurs maĂźtres des draps d’or et d’argent, des Ă©toffes de soĂże ou Ă  sieurs, de fines mousselines et d’autres articles de luxe auxquels le pompe asiatique procuroit un dĂ©bit continuel et avantageux. Ces Princes , ces Chefs mahomĂ©tans ou indiens font Ă  prĂ©sent 4 ou chassĂ©s ou au moins tombĂ©s dans la misĂšre et la pauvretĂ©. Ainsi les artistes et les ouvriers , qui auparavant Ă©toient noutris par leurs maĂźtres , n'ayant plus Ă  prĂ©sent de quoi subsister, ont quittĂ© ou le pays ou leurs anciennes occupations. DĂšs ce moment plusieurs branches de manufactures prĂ©cieuses commencĂšrent Ă  tomber visiblement, et quelques unes des plus rares furent tout Ă  fait ruinĂ©es. L Ă©puisement de llndoflan et de la Perse, les troubles qui y regnoient, firent qu’on rechercha beaucoup moins les production, du Bengale qu’on ne le f'aisoit auparavant, lotsque Ispahan et Debil Ă©toient la rĂ©sidence des Souverains riches et puissants. La Cour du dans tout son Ă©clat, surpassoit, par sa pompe et sa dĂ©pense, Tes Cours des autres Royaumes, les nombreux Gouverneurs, dans les provinces, imitoient leurs maĂźtres, les marchandises les plus prĂ©cieuses, dont on se servoit Ă  toutes ces Cours, Ă©toient faites dans le Bengale ; l’on doit donc nĂ©cessairement conclure que la cessation d'un tel commerce a dĂ» produire de grands effets. Tout en remarquant cependant un changement qu’on ne peut nier dans le commerce de Bengale, des faits ou des preuves particuliĂšres ne peuvent pas m’autoriser Ă  prononcer absolument que par lĂ  le pays ait perdu en tout. Peut-ĂȘtre le nombre plus considĂ©rable de cargaisons, envoyĂ©es chaque annĂ©e en euiope, rĂ©pare-t-il la perte efluyĂ©e d’un autre cĂŽtĂ©. _* / s* Il est sur que le -Bengale a souffert beaucoup de l’aviditĂ© de» EmployĂ©s de la Compagnie Angloii'e depuis u76 5 ' jusqu'en 1^772 ; mais il est tout aussi sur, que ce pays , pendant du Gouverneur-GĂ©nĂ©ral Hastings , s’csi relevĂ© et est parvenu Ă ^Ăźne aisance qu’il n'avoit connue dans aucun tems. Voyez observations sur la fertilitĂ© ou la jlĂ©rilltc , sur l'etat pajji et prĂ©sent des frineipau* pays de VAß% 1er. vol. p. 336 et de fuite. Kote du Traducteur Allemand. \ 5 AprĂšs avoir parlĂ© Je l’or et Je l’argent qui affluoit d’Europe en Bengale . je veux ajouter encore quelque lĂ©gĂšres observations fur la diminution du numĂ©raire dont on s’est plaint ĂŒ long-tems. Sous la domination des mahomĂ©tans, les richessts des particuliers éßoient ordinairement remises en circulation dans les endroits oĂč elles avoient Ă©tĂ© acquises ; et quand mĂȘme on eĂ»t amassĂ© ces trĂ©sors par des extorsions , leur rapide circulation , par tous les canaux nĂ©cessaires aux besoins du luxe, amĂ©lĂźoroit et embelhssoit toujours, au total, le pays, fans qu’on s’apperçût d’une diminution dans la masse de l'argent comptant. Peut ĂȘtre dira-t-orr que la dĂ©pense que les europĂ©ens font, en bĂątissant des Ă©difices , soit publics , soit particuliers , rĂ©pare parfaitement ce que l’artiste et l’ouvrier a perdu d’uu autre cĂŽtĂ©. Mais je puis assurer que cette dĂ©pense , des europĂ©ens n’approche pas, Ă  beaucoup prĂ©s, de celle des mahomĂ©tans- Ils bĂątissoient des mosquĂ©es , des temples pour leurs idoles; ils pĂźantoient des jardins immenses ; ils construisoient des bains , de grands rĂ©servoirs et des maisons magnifiques de particuliers. Ces sortes de dĂ©penses ne font ni dans l’esprit ni dans le goĂ»t des europĂ©ens. Ils n’ont aucune passion religieuse Ă  contenter. Un zĂšle patriotique ne leur fait pas naĂźtre l'envie de consacrer Ă  leur rĂ©putation, dans les Indes, des monuments dont l’utilitĂ© soit gĂ©nĂ©rale. Au contraire , s’y trouvant Ă©trangers, ils se pressent de retourner dans leur patrie le plutĂŽt possible , pour y jouir des fruits de leurs travaux. Les anglois, dans le Bengale , n’ont pas toujours occasion de faire passer en eutope , par des lettres de change, les biens qu’ils ont amassĂ©s. Ils font donc souvent obligĂ©s d’emporter lejr argent avec eux , c 6 > malgrĂ© la perte qui en peut rĂ©sulter , ou de mettre leurs biens dans les fonds Ă©trangers , ce qui enrichit les ennemis ou du moins les rivaux de leur nation, * comme on a senti vivement les effets dĂ©savantageux de la limitation qu’on a mise aux lettres de change, et qu’on les a reprĂ©sentĂ©s souvent aux Directeurs de la Compagnie des Indes en Angleterre ; on a lieu d’espĂ©rer,que les facilitĂ©s,pour pouvoir faire paffer de l’argent, des Indes en Angleterre, deviendront a ffez grandes , pour qu’on n’ait plus recours Ă  un de ces moyens dĂ©sastrueux , ou d’exporter l’or et l’argent , ou de se servir des agents des autres nations. Si l’argent que des particuliers contient Ă  la Compagnie des Indes, dans le Bengale , cil employĂ© en marchandises des Indes , et cela dans la vue de payer les lettres de change tirĂ©es en europe , il s’en fuit naturellement, qu’exceptĂ© les cas imprĂ©vus, les ventes en Europe , doivent mettre la Compagnie en Ă©tat de payer les lettres de change tirĂ©es fur elle. Pour le persuader de la grandeur des ressources que possĂšde le Bengale , il luflit de penser que les millions, que cette province a fournis aux cĂŽtes de Coromandel et de Malabar, avec lesquels elle a soutenu ses guerres intestines et Ă©trangĂšres et pu continuer son commerce * Personne ne s’est plaint davantage de ce mal que HafUngs. Manoirs relating to the State of India. London. 1786. p. 146. Pt les priĂšiey u les avis de ce Gouverneur, bon patriote , ont Ă©tĂ© vraisemblablement une des principales causes qui ont fait cesser tout*Ă -fait, ou presque tout-Ă -fait , en Bengale, l'exportation de l’argent comptant, aini que les avances de sommes considĂ©rables que l’on faisoit Ă  des Marchands ou Ă  de» SociĂ©tĂ©s de Commerce Ă©trangĂšres. Voyez, Bruce’s Hißorical View oj "Plans for the Government of Bnthh . Lond* 17 4 e . p. 578 et suiv, Note du Traducteur Allemand. 7 avec Bencool et la Chine , aveient Ă©tĂ© amassĂ©s dans l’espace d’environ 6o ou 70 ans. * Depuis la mort d’Aurengzeb ** jusqu’à l’époque de notre domination dans les Indes , et dans ce temps l’empire du Grand Mogoi Ă©toit encore trĂšs-puissant, l’excĂ©dent des revenus^du Bengale fut envoyĂ© exactement au trĂ©sor ImpĂ©rial, soit comptant, soit en lettres de change. {*** Cet envoi continuel d’argent produisit une telle raretĂ© de numĂ©raire que plusieurs Il m’est impossible de concevoir ce que Förster veut dire avec ces trĂ©sors amasses, dans le Bengale , dans les 70 derniĂšres annĂ©es. Jene vois pas davantage comment ces prĂ©tendus trĂ©sors s’arrangent avec le million de livres sterling envoyĂ© chaque annĂ©e Ă  Dehli et la raretc du numĂ©raire qui provenoit de cet eiivoi. Le Bengale, depuis le commencement du treiiiĂšine siĂšcle , Ă  l’exception de quelques petites parties , fut toujours une province des Souverains MahomĂ©tans de Dehli , Orme. Vol. n. sect, ire. p. 5 . 6. 7. Et la position et lu richesse du pays, ainsi que la lĂąchetĂ© et la l'oiblesse des Ăźiubitans, peuvent bien donner lieu de croire que le Beng de , dans les siĂšcles prĂ©cĂ©dents , a Ă©tĂ© soumis Ă©galement aux Princes les plus puissants de la parti* septentrionale ou mĂ©ridionale ds l’indostan. Tant que les Gouverneur* du Bengale surent nommĂ©s par des Monarques Ă©trangers , ce pars fut obligĂ© , non-feulement d’envoyer un tribut annuel trĂšs-considĂ©rable et en argent au trĂ©sor de ion Souverain ; mais il lui sali oit aulH contenter l’aviditĂ© de ses Gouverneurs et des EmployĂ©s de ces Gouverneurs. On les changeoit trĂšs-frĂ©quemment , et Ă  chaque changement de nouvelles demandes tout austĂź pressantes. Dans le Bengale, Ă  prĂ©sent , le superflu des revenus publies est changĂ© tout entier en marchandises , et est envoyĂ© en cargaison sur les vaisseaux de retour. Auili est-il beaucoup plus heureux qu’il ne i’étoit auparavant , lorsque les Souverains Ă©trangers et les Gouverneurs tiroient chaque annĂ©e des millions du pays. Ce que Forstet disoit auparavant , que toutes les marchandises de luxe dont l’Empereur , ses Gouverneurs et les Courtisans se servaient , Ă©taient fĂ»tes en Bengale , est trĂšs exagĂ©rĂ©. Note du Traducteur Allemand, f** Ce Prince mourut en 1707. une t cu j e ann Ă©e on envoya du Bengale Ă  Dehli uns crr* de roupies ou un million d-s liv. sterling. I S persccres, fort Ă  leur aise,a voient de lz peine Ă  se procurer 1 argent nĂ©cessaire pour les dĂ©penses journaliĂšres de leur mĂ©nage. Quoi qu’à prĂ©sent le commerce maritime du Bengale ne seit pas suffi Bctissant que dan» oĂš les EuropĂ©ens Ă©toient bernĂ©s su commerce des cĂŽtes tt n’éteient que ces marchands , cependant il y a tcujouis un commerce allez vif Ă  Calcutta. Celui' qui se saisoit auparavant avec tant d avantage entre le Bengale , PĂ©gu , Siam et les iilcs Malayes, est Ă  prĂ©sent disparu en grande partie, * et s’il ne survient pas un changement favorable , il a 1 air de cesser bientĂŽt. Ces branches de commerce amenoient de l’argent, de l’or, des pierreries dans le Bengale , et on exportoit, en Ă©change, de la soye Ă©crue ou manufacturĂ©e, de grosses Ă©toffes de coton , de l’opium et du salpĂȘtre. On a objectĂ© que ^commerce maritime de Bengale a souffert v Le commerce du Bengale avec les Royaumes de l’Inde et les isles Malayes n’étoit pas Ă  beaucoup prĂšs' autfĂź considĂ©rable avant U domination des anglois, et n’est pas tellement tombĂ© que Forsteric croit, La dĂ©cadence des Empires dePcguetde Siam , et des petit* Royaumes de l’iste Mallac La avoit dĂ©jĂ  fait le meme effet fur le commerce , etl’avoit ruinĂ© fans qu’on pot rien reprocher aux anglois. Depuis que leur puissance est affermie dans l’fndostan , et que le commerce danois a considĂ©rablement augmentĂ© , la Compagnie des Inde* choisit avec le plus grand foin , dans le rĂ©gu et les istes Malayes , toute» les marchandises qui peuvent ĂȘtre des objets de commerce avantageux pour la foire de Canton. La Compagnie dit Bruce L. C. F. Ăźi5 , a des Commis qui font accoutumĂ©s Ă  de l’opium, de la poudre d’or , de; l’argent , de l’ivobe , de l’étain et une quantitĂ© d’autres petites marchandises on les Ă©lĂšve pour cela. Ils savent parfaitement les langues des insulaires. Ils connoissent tous les dĂ©bouchĂ©s du commercĂ© , et ils ont une quantitĂ© de petits vaisseaux, fur lesquels Us portent les marchandises qu’ils ont achetĂ©es dans une. place de commerce quelconque oĂč les chinois viennent les chercher , quelques fois mĂȘme ils les portent droit Ă  Canton , etc. Jamais mar- Ă»hand particulier ne pourroit rendre de pareils services Ă  la Compagnie, Kote du Traducteur Allemand. par t s par la dĂ©fense de l'importation du sel Ă©tranger , ou ca qui est le mĂȘme , par un impĂŽt trĂšs-fort mis fur le sel par lĂ  le nombre des vaisseaux, et l’exportation du bled et du riz , ont Ă©tĂ© considĂ©rablement diminuĂ©s. Mais quand mĂȘme ces mesures auroient fait souffrir le commerce Ă©tranger , cela a fait monter la recette du sel du Gange plus haut qu’elle ne l’a jamais Ă©tĂ© dans les tems prĂ©cĂ©dents. Il est pĂ©nible et mĂȘme injuste de parler des malheurs 5'un pays fans proposer de moyens pour y remĂ©dier. Mais j'ai peu de connois- sances, et je puis feulement dire, que le bonheur de la domination anglaise dĂ©pend du bien-ĂȘtre du Bengale ; qu’on ne doit trouver aucun travail trop dur, et qu’on doit tenter tous les plans raisonnables pour pouvoir augmenter le commerce et les revenus de ce pays. Le 28 Mai j’arrivai Ă  Berhampore , ville de garnison vaste et commode. Il y a un Bataillon d’europĂ©ens et 3ooo Cypayes. Le i5 juin je fis un dĂ©tour pour aller Ă  Mooreshedabad et en parcourir les environs. Je voulois voir le théùtre de ces faits et de ces Ă©vĂ©nements importants qui, aprĂšs tant d’intrigues it de combats , ont enfin rendu les anglois maĂźtres d’un puissant Royaume. A un mille au-dessous de la ville, et fur le bord opposĂ© du fleuve, est le tombeau de Aly Verdy Kan , qui est connu dans les Indes fous le nom de Mahobout Joung. Bartes talents militaires et politiques , il s’éleva jusqu’à la dignitĂ© de Souba de Bengale. Il soutint pendant huit ans une guerre opiniĂątre avec les Marattes ; mais Ă  la fin, malgrĂ© la rĂ©sistance la plus forte, il fut contraint de cĂ©der Ă  ses ennemis le district de Coutlac. Tout prĂšs du tombeau de Mahobout est celui de son G. l 10 } y neveu Serajc-oud-Dowlah, connu dans l’histoire angloise parla prise du fort William. Ce fut lui qui enferma la garnison, qu’il y avait fait prisonniĂšre, dans une caverne Ă©troite oĂč la plupart de ces malheureux moururent. Le destin de ce jeune homme ressemble Ă  celui de beaucoup d’autres princes orientaux, fur-tout de ceux qui tombent dans le malheur. Seraje-oud-Dowiah fut trahi parMeer Jastier Ă  la bataille Ăże Plasse'y, et bientĂŽt aprĂšs tuĂ©par ordre de celui qui l’avoit trahi. L’action de Meer Jastier, d’aprĂšs lesloixdela parentĂ© et de l’honneur, ne paroĂźtroit pas fous un jour favorable. Mahobout Joung avoir donnĂ© Ă  Me er Jastier, dont il avoit voulu assurer la fidĂ©litĂ© Ă  son successeur, la place la plus honorable de l’état et fa sƓur en mariage. MĂȘme au lit de la mort, il recommanda encore le jeune Nabob, de la façon la plus touchante, Ă  ses foins etĂ fa protection. Mahobout auroit dĂ» savoir, par sa propre expĂ©rience, qu’il n’y a pas de liens assez forts * pour enchaĂźner l'ambition, sur tout lorsqu’elle naĂźt dans le cƓur d’un asiatique ; on fait qu’alors elle surmonte tous les obstacles. Les Mollahs qui font lĂ  pour prier pour les morts, racontent, que la veuve de Serajc- out-Doxolah vient fou- venta ce mausolĂ©e pour pleurer son malheureux Ă©poux. Mooreshedabad offre Ă  prĂ©sent toutes les marques de la pauvretĂ© et de la dĂ©cadence. C’est la fuite du dĂ©placement de l’administration. Elle n’étoit pas depuis long- tems la rĂ©sidence des Soubas de Bengale, ils tenoient auparavant leur cour Ă  Rajah-Mhal , qui est Ă  cent milles au-delĂ  en remontant le fleuve. Le Souba actuel, Mou- barick-oud-Dowlah , petit fils de Meer Jaffier et fils du Nabob Miroun , tuĂ©, dit-on, d’un coup de tonnerre, * Pendant qn’il augmentoit fan» celle son pouvoilil »voit seit servis heureusement Ă  sei projets la ruse et la pcisidi. l - touche sur le trĂ©sor de ĂŻĂą Companie une pension annuelle de 16 lacks de roupies. Il est d’autant plus tranquille dans sa position prĂ©sente, qu’il n’a jamais eu ni puissance ni ambition. Les anglois ontbeaucoup d’obligations Ă  la famille de Moubarick pour la conquĂȘte du Bengale, et une Ă©conomie mal entendue ne devroit jamais leur faire violer les engagements qu’ils ont contractĂ©s avec lui. MalgrĂ©les attentions qu’on parcĂźt avoir pour lui, il doit palier de tems-en-tems des moments biens durs, s’il fait penser et sentir. Il n’y a pas Ă  Mooreshedabad d’édifices remarquables, exceptĂ© les monuments de Meer Justier, de fa. femme et du Nabob Mheroun, * Rien n’est fait pour rĂ©primer notre vanitĂ© comme de considĂ©rer attentivement le lieu oĂč reposent ceux qui pendant leur vie ont passĂ© pour de grands hommes. Ils sembloient n’ùtre animĂ©s que par l’orgueuil, l’avarice et l’ambition. Ils croyoient que tout le royaume Ă©toit trop petitpour eux, et que le genre humain n’étoit fait que pour servir d’instrument Ă  leurs passions insensĂ©es. A prĂ©sent ces hommes, qui vouloieut escalader le ciel, sont renfermĂ©s dans un espace Ă©troit et obscur. Leur ambition, autrefois si inquiĂšte, repose dans un profond sommeil, et leurs noms, bien souvent, sont ensevelis avec leurs cendres. Le Ăź 3 juin j’allai en bateau Ă  Moorejhedabad et remontai le fleuve Ă  voiles environ la longueur de 3o milles d’anglcterre , avec un vent d’Est allez frais. Les bateliers, fur-tout ceux de l'Indus; attachent le soir leurs bateaux au rivage, et descendent pour prendre quelque nourriture. Cette espĂšce de bateliers n’est pas dans l’usage de se prĂ©parera manger sur l’eau mĂȘme. 1*1 On m’a dit aussi , que Mheroun Ă©tait enterre Ă  Rajemhal. Le» MahotnĂ©tani ne toat pat dan» l'usage d’élever dé» cĂ©notaphes. C s Ce Prince fit creuser un fossĂ© large et profond depui» le fleuve jusqu'Ă  la colline ; on en voit encoreMes traces. Il le fitpour dĂ©fendre mieux Asongirrr conue l’armĂ©e d'Aurengaeb qui l'avoir repoussĂ© jusque! lĂ . c 4 'S Bernier, Ăźe plus ingĂ©nfeux et le plus digne de soldes hiltoriens de l’Indostan. * ti AprĂšs la bataille d'Alhabad, oĂč le Sultan Choujah fut battu, ce Prince se relira dans l’intĂ©rieur du Bengale, pour opposer toutes ses forces aux armes d’Aurengzeb. Bernierdit, >> il ne restait plus d’épine au pied d’Aurengzeb que le Sultan Choujah, qui se soutenoit encore dans le Bengale ; Ă  la fin il fallut bien qu’il cĂ©dĂąt Ă  la force et Ă  la fortune de son frĂšre. " Emir Koumla ** avoit rassemblĂ© des troupes considĂ©rables; il Ă©tait en Ă©tat d’enfermer l’armĂ©e du Sultan Choujah entre les deux cĂŽtĂ©s du gange ; ce Prince fut forcĂ© dp chercher un asile dans la ville de Dacca, Ă  l’extrĂ©mitĂ© du Bengale prĂšs delĂ  mer; ici finit la tragĂ©die. Le Sultan Choujah n'avoit pas de vaisseaux, et ne savoit roi .ment de Dacca il pourroit Ă©cliappt-r Ă  la vengeance ta son Ăšre. Il envoya alors son fils aĂźnĂ© , le Sultan Banque, au roi de R can ou d’Arracan, Prince idolĂątre, pour demander la permission de se rĂ©fugier, pendant quelque-tems, dans ses Ă©tats. Il devoir aussi demander, fi lorsque les moussons favorables commenceroient, il pourroit avoir un vaisseau qui le transportĂąt Ă  la Mecque, d’oĂč il pensoit se rendre en Turquie ou en Perse. Le Sultan Banque revint Ă  Dacca avec quelques vaisseaux dont l'Ă©quipage Ă©toit composĂ© de portugais fugitifs, qui s’étoient mis au service du Roi d’Arracan. llsn’étoient employĂ©s que pour piller la partie infĂ©rieure du Bengale. Le jeune Prince apporta, Ă  son pĂšre, la nouvelle * Berniev raconte l’histoire du Sultan Choujah dan* le ierVolumt p. 148. On ne sait pas pourquoi trouva necessaire de copier un extrait fi confidĂšrable d'un Ă©crivain si connu. Il n'avoit fis 4 r y renvoyer. N. D. T. A. Chef de l'armĂ© contre le Sultau Choujah. -7 . qu’il avoit Ă©tĂ© sort bien re\u, et qu’on lui avoit promit toutes sortes de secours. Sur cela, le Sultan Choujah s’embarqua Ă Dacca avec toute fa famille; elle consilloit entrois fils, plusieurs biles et leur mĂšre. A leur arrivĂ©e Ă  Arracan . ces illustres fugitifs f irent reçus avec beaucoup deco sidĂ©ration, et onleurdonua, au nom du Roi, tous les objets de premiĂšre nĂ©cessitĂ© que fourmflbit le pays Cependant la saison favorable arrivait, et l’on ne parloit pas du vaisseau qui devoir transporter le Sultan Ă  la Mecque. Il l'avoit dĂ©jĂ  plusieurs fois demandĂ©, en assurant qu’il avoit assez d’argent pour en payer ou le louage ou le fret. Il n’en avoit que trop, et probablement ses trĂ©sors furent la cause de fa perte, ou dumoins ils y contribuĂšrent beaucoup. Le Prince cependant deman- doit fans cesse un vaisseau, tout Ă©tait inutile. Enfin le Roid’Arracan devintbeaucoup plus froid, et fe plaignit de ce que le Sultan ne lui avoit pas fait de visite. Chou- jali regardait peut-ĂȘtre, comme indigne de lui, d’aller voir le Roi, je n’en sais rien; peut-ĂȘtre aussicraignoit-il, que s’il allait Ă  la cour, on ne s’emparĂąt de fa personne pour fe rendre maĂźtre de ses trĂ©sors, et qu’on ne le livrĂąt Ă  l’Emir Roumla. Cet Emir, au nom d’Aurengzeb, avoit offert au Roi d’Arracan de* sommes d’argent considĂ©rable, l’il vouloir remettre entre ses mains toute la malheureuse famille du Sultan. Quelque fĂ»t son idĂ©e, il n’alla pas Ă  la cour du Roi d’Arracan, il y envoya son fils aĂźnĂ©. Celui-ci, en approchant du palais du Roi,jetta au peuple une quantitĂ© considĂ©rable de roupies d’or et d’argent; il offrit mĂȘme au Roi des Ă©toffes prĂ©cieuse* et diffĂ©rents ouvrages d’or et d’argent d’un travail admirable et garnis de pierres d’un grand prix. Il prĂ©senta le* excuses de son pĂšre, en prĂ©textant une Indisposition qui l’empĂȘchoit de sç rendre lui-mĂȘme auprĂšs -8 du-Roi, et il demanda, de la maniĂšre la plus pressante, de vouloir bien faire Ă©quiper le vaisseau qu’on lui avoit promis. La visite et les prĂ©sents du Prince n’eurent pas l’effet qu’on avoit espĂ©rĂ©. Le Roi, au contraire, 5 ou 6 jours a suĂ©s, demanda la fille du Sultan en mariage. Choujah refusa absolument, et ce refus irrita extrĂȘmement le R,i d'Arracan. Cependant la saison Ă©toit passĂ©e , le Sultan voyant qu’il n’obtenoit rien par la douceur , ne consulta plus que son dĂ©sespoir. Quoique le Roi d’Arracan soit idolĂątre , il y a cependant , dans son pays, beaucoup de MahomĂ©tans qui s’y font Ă©tablis volontairement, ou qui ont Ă©tĂ© faits prisonniers par ces pirates portugais dont j’ai parlĂ© plus haut. Le Sultan gagna secrĂštement ces mahomĂ©tans. Avec leur secours et celui de deux ou trois cents fidĂšles serviteurs, qui l’avoient suivi , il voulut attaquer le palais du Roi, tuer toute la famille royale , et fe faire proclamer Roi d'Arracan. Cette entreprise paroit plutĂŽt l’action d’un dĂ©sespĂ©rĂ©, que d’un Iiomme sage ; et cependant, j’ai entendu dire Ă  plusieurs mahomĂ©tans portugais et hollandois, qui Ă©toient fur les lieux , qu’elle eĂ»t rĂ©ussi, si le complot n’eĂ»t pas Ă©tĂ© dĂ©couvert un jour avant son exĂ©cution. Cette dĂ©couverte perdit le Sultan et fa famille. N’ayant plus d’espĂ©rance de rĂ©tablir sa fortune en Arracan, il rĂ©solut de fuir dans le PĂ©gu. Cela d’abord Ă©toit impossible , Ă  cause des bois et des montagnes effroyables qui sĂ©parent PĂ©gu et Arracan; il fut de plus poursuivi avec tant de vitesse, qu’on le rejoignit le jour mĂȘme qu’il Ă©toit parti. Le Sultan se dĂ©fendit avec le courage le plus opiniĂątre. On ne peut compter les barbares qui tombĂšrent fous ses coups. A la fin il fut forcĂ© , par le nombre, d’abandonner le champ de bataille. Banque, -9 qui n’étoit pas encore si loin que son pĂšre , combattit comme un lion; mais enfin , blessĂ© dangereusement, tout Ă©tourdi par les pierres qu’on lui jettoit de tous cĂŽtes; il tomba. On se saisit de lui et on l’emmena avec ses deux plus jeunes freres , fa sƓur et sa mĂšre. Quant au Sultan , accompagnĂ© d’une de ses femmes, d’un eunuque et de deux autres personnes, il gagna le haut d’une montagne. Un coup de pierre le jetta parterre; mais l’eunuque banda saplaye avec son turban et le remit sur pied le Sultan s’enfuit dans les bois. VoilĂ  tout ce qu’on a pu apprendre de son destin. Je l’ai entendu raconter ainsi de plusieurs cĂŽtĂ©s, mĂȘme Ă  des personnes qui avoient Ă©tĂ© tĂ©moins ooculaires. Ces rapports firent courir beaucoup de bruits fur le compte du Sultan, et inquiĂ©tĂšrent souvent la Cour de Dehli. Dernier, aprĂšs avoir citĂ© les diffĂ©rentes conjectures que l’on a faites et rĂ©pandues fur Chouja’n, raconte , qu’il a fait un voyage, de Bengale Ă  Masulipatnam, avec un de ses eunuques. Cet eunuque Ă©toit anciennement chef de l’artillerie ; et il lui dit que le Sultan Ă©toit mort. Il n'en voulut pas dire davantage. Dernier croit qu’il ne fut pas tuĂ© par les ennemis qui le pouisuivoient ; mais que bientĂŽt, ou il fut tuĂ© par les brigands , ou dĂ©vorĂ© par les bĂȘtes fĂ©roces dont les bois d’Arracan et de PĂ©gu font remplis. On jetta ensuite dans des cachots ceux des membres de la famille du Sultan qu’on avoit pris. On les traita fort mal. Vernier dit qu’on-Ăźes traita plus humainement dans la fuite. Le mariage de la fille aĂźnĂ©e du Sultan avec le Roi en fut cause. Mais les serviteurs du Sultan Banque ayant voulu recommencer une nouvelle conjuration avec les mahoniĂ©tans qui demeuroient Ă  / ĂŻo Arracan , le Roi fut tellement irritĂ©, qu’il fit pĂ©rir toute la malheureuse famille, exceptĂ© la Princesse qu’il avoir Ă©pousĂ©e. * CasToum Ali Kan se retira, lors des derniĂšres annĂ©es de son gouvernement, dans la forteresse de Monghecr. Les prĂ©tentions toujours croissantes des anglois dimi- nuoient son autoritĂ© et le commerce de les sujets. Dans un moment d humeur, il conçut le projet de secouer le joug de Ă©trangers et de faire cesser leur influence dans le Bengale-, outre les motifs qu’ilavoit pour son compte, il Ă©toit aigri sans cesse par scs Courtisans et ses Officiers, que la diminution de leurs revenus et de leur puissance devoit nĂ©cessairement rĂ©volter. Le plus emportĂ© parmi eux Ă©toit Kojah Gregore , ArmĂ©nien. Contre la coutume de son peuple, il avoit pris le parti des armes ; il s’étoit mis au service de Cajsoum Ali. Parvenu Ă  un grade important, il s’étoit acquis beaucoup de considĂ©ration. Il paroĂźt que Soum- rou et lui ont eu la plus grande part Ă  la guerre avec les anglois, guerre qui, comme l'on fait, perdit Caf- soum , et mit fin Ă  la domination des MahomĂ©tans dans le Bengale. Gregore , fur le soupçon d’une conjuration tramĂ©e par lui Ă  Calcutta avec ses compatriotes , fut condamnĂ© Ă  mort, encore avant que son maĂźtre fĂ»t chassĂ©. Ce fut avec Cassum Ali ** que finit la puissance „ J’ai aime Ă  raconter les malheurs du Sultan Choujah , parce que cela fait voir un morceau interessant de l’histoire Indienne fous un tout autre jour qu’un de nos Ă©crivains, le Colonel Dow, nous l’a prĂ©sentĂ©. Quoique Dow puisse passer pour un historien trĂšs-exact , cependant il ne pouvoit pas ĂȘtre aussi bien informe qu’un Ă©crivain contemporain dont la fidĂ©litĂ© est connue. ** Fendant que Cassoum AH erroit dans les provinces supĂ©rieures de l’Indostan , pour susciter des ennemis aux anglois, il demanda aussi des secours Ă  la Cour de Dchii. Il dans son intĂ©rieur t 21 des Soubas de Bengale. Meerjasser essaya de regagner la considĂ©ration de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Cette tentative malheureuse lui valut la mort, et fonda la domination complĂ©tas des anglois dans ce pays. L’on auroit tout Ă  me reprocher , si avant de quitter ce pays, je nejoignois mes Ă©loges Ă  tous ceux que Mr., ClĂ©veland a mĂ©ritĂ©s et obtenus. Ce gĂ©nĂ©reux anglois , que je n’ai jamais vu, mais dont la rĂ©putation est connue par ses ouvrages, augmenta considĂ©rablement la population , par une administration sage et juste , des districts de Rajahmhal et de Bauglepour. 11 facilita aussi la levĂ©e des impĂŽts, quoiqu’ils augmentassent fans cesse. L’augmentation de population est frappante dans les environs de Mongheer , et fur-tout on le remarque aux foires considĂ©rables de cette ville. Des marchands de toute forte s’y rassemblent. Ce mĂȘme homme se donna toute la peine possible pour tirer les habitans des montagnes voisines de leurs retraites inaccessibles , et les faire descendre dans la plaine. Ses peines ont etc recompensĂ©es. Douze cents de ces montagnards ont pris service chez nous, et forment un corps duquel on peut attendre , avec raison, des services importans. Ils font traitĂ©s fort doucement; ils jouistent d’avantages considĂ©rables. Cela doit ĂȘtre un attrait puissant, pour engager leurs frĂšres Ă  suivre un exemple si avantageux. Les brigandages des montagnards rendoient anciennement les chemins si peu surs, qu’à une certaine distance , il le caractĂšre intriguant et sanguinaire qu’il porta dans fa vie publique. Il chercha Ă  corrompre les Ministres de Deiili par des prĂ©sente considĂ©rables, et on prĂ©tend qu’il fit pĂ©rir, en diffĂ©rents temps, toutes les femmes qu’il avoit amenĂ©es de Bengale. A fa mort, qui le surprit en 1777 dans le village de Kouhvall , la Cour s’empara de fa succession, qui montoit Ă  100000 liv. steil, soibie reste de ce qu'il avoir volĂ© dans le Lehar t le Bengale, s* falloit mettre des postes pour protĂ©ger les voyageurs. Souvent mĂȘme on Ă©toit obligĂ© d’envoyer deux ou trois Bataillons pour tenir en bride les habitans des montagnes de B angle pour ; et ces habitans, Ă  prĂ©lent, dĂ©fendent ces pays qu’ils ravageaient auparavant. Enfin, Mr. ClĂ©veland fit construire, dans les deux districts qu’il administroit, Ă  la plupart des places oĂč les caravannes et les voyageurs seuls ont coutume de se reposer, de petits bĂątiments dans lesquels on trouve au moins un abri contre la rigueur du temps. Les naturels du pays paroissent mĂȘme s’ĂȘtre formĂ©s fur l’exemple de leur chef. Ils tĂ©moignent aux Ă©trangers les attentions les plus obligeantes. Tels furent les avantages que le Gouvernement et un grand nombre de sujets dut Ă  la bienveillance et au patriotisme d’un seul homme. Aussi sa recompense fut-elle Ă©gale Ă  son mĂ©rite. 11 jouit de l’honneur d’avoir relevĂ© , dans un pays Ă©loignĂ© , le caractĂšre de fa nation ; et il a dĂ» connaĂźtre des plaisirs que la plus grande fortune n’est pas en Ă©tat de donner. Le 3 Juillet je quittai Mongheer , et le 5 j'arrivai Ă  Patna\ furie gange. Cette ville est grande et peuplĂ©e, quoiqu’elle ait bien perdu depuis qu’elle n’est plus la rĂ©sidence du Nabob de Behar. On cultive, dans le voisinage de Patna, une grande quantitĂ© de pavots dont on fait un opium excellent. Les SalpĂȘtriĂšres font considĂ©rables ; aussi la ville est-elle fort riche. Elle est devenue le centre d’un commerce Ă©tendu. Les diffĂ©rentes fabriques d’ouvrage , en argent, en fer et en bois, font Ă©tonnantes, surtout quand on considĂšre les mauvais outils avec lesquels ils font travaillĂ©s, et les mĂ©thodes impies d’aprĂšs lesquelles on les fait. On trouve Ă  Patna et dans ses environs des ruines 23 considĂ©rables d’cdisices publics et particuliers, qui montrent un luxe et une grandeur que l’on ne retrouve plus Ă  prĂ©sent. Un ancien nom de cette ville , dont quelques habitans plus instruits se souviennent encore, et qui a quelque ressemblance avec la prĂ©tendue capitale des Indes dont parlent Strabon et Pline, a’fait croire que Patna Ă©toit bĂątie Ă  la place du fameux Palibothra , dontle MajorRennell a parlĂ© d’une maniĂšre si dĂ©taillĂ©e dans ses ouvrages gĂ©ographiques. La curiositĂ© et le besoin momentanĂ© de m’abandonner Ă  des rĂ©flexion* tristes, me conduisirent Ă  la place oĂč les anglais ont Ă©tĂ© tuĂ©s par ordre de Caflbum Ali. Les maisons qui y Ă©taient auparavant font abattues , et Ă  la place on a Ă©levĂ© un monument dĂ©cent ; mais fans inscription Ă  l’honneur de ces malheureux. Peut-ĂȘtre eĂ»t-il mieux valu ne pas l’élever ; mais si l’on voulait conserver le. souvenir d’un forfait, on aurait dĂ», ce me semble, parler aussi de ce qui l’a occasionnĂ©. Le i 3 Juillet je quittai Patna , et j’arrivai le mĂȘme jour Ă  Momoufferpour. C’est lĂ  que demeure le Receveur du district de Tirhut. Ce district est situĂ© au nord de Patna, Ă  la distance de 40 milles, et rapporte environ six lacks et demi de roupies. En 1760, dans le voisinage de Momoufferpour , il y eut une bataille entre Mherin , fils aĂźnĂ© de Meer Jaffier, qui avait avec lui des troupes anglaises , et Kadim Houffein Kan, Chef de Pournea. Ce dernier fut battu. Quelques jours aprĂšs Mherin mourut. On prĂ©tendit que c'Ă©tait d’un coup de tonnĂšre. Meer Jaffier crut que son fils avait Ă©tĂ© asfalsinĂ© , et il accusa publiquement Cajoum Ali de ce meurtre, La mort de ce jeune homme favorisait les desseins ambitieux de Caflbum Ali. Plusieurs circonstances suspectes se rĂ©uni- 24 rent contre lui , ainsi on peut pardonner Ă  un pĂšre, d’avoir pu croire que son siLs avoir Ă©tĂ© astassinĂ© par un rival dĂ©clarĂ© , qui, dans la fuite, fut irrĂ©conciliable, et montra un caractĂšre cruel et sanguinaire. Le 3 o Juillet j'allai par terre Ă  Choprah. C’est une longue ville dont les maisons font dispersĂ©es ça et lĂ , et qui, est environ Ă  vingt mille au-dessus de statua, au nord du gange. Choprah est le st jour du Receveur des districts de Saroun et de Champoran , qui rapportent 14 iacks et demi de roupies. Le» et les hollandois * ont eu lĂ  de* comptoirs, fur-tout pour la prĂ©paration du salpĂȘtre, que cette contrĂ©e fournit en abondance. On remarque , et cela en vaut la peine, que les hollandois achĂštent aux anglois la plu* grande partie du salpĂȘtre brut , et que cependant ils sont en Ă©tat, lorsqu’il est raftnĂ© , de le donner d'une meilleure qualitĂ© et Ă  meilleur marchĂ© que la Compagnie anglaise. Peut-ĂȘtre les hollandois doivent-il* cet avantage Ă  l'Ă©conomie sĂ©vĂšre qu'ils observent dan» leurs entreprises de commerce ; peut-ĂȘtre la cause en est-elle l'application soutenue qu’ils donnent Ă  tout es qu’ils font, et qui paroĂźt innĂ© chez eux. Le ie AoĂ»t je quittai Chbprah . et le 14 j’arrivai Ă  Bouxar. Ce fut dans le voisinage de cette ville, que Casoum Ali , dont les forces croient rĂ©unies Ă  toutes celles de Choujnh-oud-Dowlah , derniĂšre tentative contre lĂšs anglois. Leur nombre considĂ©rable, qui eou- vroit les plaines de Bouxar . ne leur servit de rien contre la troupe petite , il est vrai , mais rĂ©solue et disciplinĂ©e des anglois. AprĂšs un combat assez vif de quelques heures , les anglois enfoncĂšrent les troupes p Celte lettre fut Ă©crite pendant la guerre avec la sranee et It hollande , et le» anglois avoVent pji» les comptons de ces deux nations combinĂ©es *5 } combinĂ©es et prirent toute leur artillerie. Je n’ai parlĂ© des exploits de cette journĂ©e , dĂ©crits allez amplement par d'autres, que pour vous rappeliez les services im- portans des troupes angloises. Leur patrie leur doit, fans doute , la reconnoissance la plus marquĂ©e. C’eft Ă  eux qu’elle eft redevable de la gloire de son nom et des grands avantages qu’elle a acquis. La citadelle de Bouxar eil petite , mais elle est assez forte pour rĂ©sister aux attaques ordinaires des Iudous. Lise est situĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la province de Behar. Le Commandant actuel a encore augmentĂ© les fortifications. Pour plus grande furetĂ© , il a revĂȘtu la ville d’un rempart et l'a entourĂ©e de fossĂ©s. Il y a peu de choses remarquables Ă  Bouxar. Il en est une seulement que les Indous respectent, comme les habitans de Naples honorent le sang de St. Janvier, et les catholiques Notre Dame de Lorettc. Le monument dont je parle est lur une petite hauteur Ă  l'ouest de la citadelle ; il est consacrĂ© au Dieu Harn. C est celui qui commande Ă  la guerre et Ă  la victoire ; on peut le regarder comme le mars des Indous. Kam, pendant fa jeunesse, se tint sept jours fur la colline, pour apprendre d’un maĂźtre fameux Ă  tirer de l’arc. Dans la lune cette arme lui servit Ă  faire des choses si merveilleuses , que l’on ne croit pas le louer beaucoup en disant qu’il a tendu un arc trĂšs-pesant et lancĂ© des traits qui atteignent de loin. A deux milles de Bouxar , vers l'ouest, le ruisseau T»rin Noullah , qui se jette dans le gange , sĂ©pare la province de Bahar de celle de Bengale. Cependant on regarde ordinairement le fleuve Caramnnjfa , dont le cours est parallĂšle Ă  celui du ruisseau, comme la ligne de sĂ©paration des deux provinces; lorsque le» D 'S } Officier» Angloi», en activitĂ© , sont obligé», pour leur service , de passer ce fleuve , il» ont double paye la dĂ©pense est plu» considĂ©rable ; ils font trĂšs-Ă©loigné» des cĂŽtes de la mer, et les marchandises europĂ©enne» y font Ă  un prix excessif. De Bousar la vue sur la province de BenarĂšs fait un plaisir inexprimable. C’est une plaine Ă©tendue , bordĂ©e d’un fleuve fort large, qui serpente et fait mille dĂ©tours. Elle est couverte de vastes champs de bled; des villages, des bois, des arbres font semĂ©s çà et lĂ ; c’est un mĂ©lange d’objets agrĂ©ables qui font naĂźtre le» sensations les plus douces. Je quittai Bouxar le *3, et j’arrivai le *6 Ă  BenarĂšs. De Mongheer Ă  BenarĂšs , par eau , on compte environ s8o milles. Vous dĂ©couvrirez, fans doute, quelque» lĂ©gĂšre» erreurs dan» ce que je vous ai racontĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent de mes voyage* par eau dans les diffĂ©rente» province*. Vous remarquerez auffi vraisemblablement, que j’ai dĂ©peint avec trop de sĂ©cheresse un pays dont la fertilitĂ© donne l'idĂ©e de l’adondance , et dont la vue offre une fuite de paysages les plus varié» et les plu» beaux. J’ai l’honneur d ĂȘtre , etc. SECONDE LETTRE. Btaaris 3» Septembre ij8». Je vous ai communiquĂ© jusqu’à prĂ©sent le journal de mon voyage de Calcutta Ă  BenarĂšs , et le» remarques que j’ai faites pendant la route ; je vais vous soumettre maintenant le rĂ©sultat de mes observations dans cette ville. Peut-ĂȘtre me tromperai-je dans mes recherches *7 \ far un sujet assez obscur, fort compliquĂ© et qu’on n’a traitĂ© jusqu’à prĂ©sent que superficiellement; mais je compte fur votre indulgence. BenarĂšs, par ses richesses, fer Ă©difices magnifique* et le nombre de ses habitants, peut ĂȘtre comptĂ©e parmi les premiĂšres villes que possĂšdent encore les Indous. Le nombre de leurs divinitĂ©s Ă©tant trĂšs-considĂ©rable , il faudrait plus de connoissances de la religion mistĂ©- rieuse des Indous que je n’en ai rĂ©ellement, pour pouvoir dĂ©crire les temples , qui leur font ^consacrĂ©s dans cette ville, pour raconter l’histoire de leur fondation, et pourquoi ils font dĂ©corĂ©s de telle ou telle maniĂšre. Cette religion est enveloppĂ©e jusqu’à prĂ©sent dans une obscuritĂ© profonde , et les Poundits les plus savants, ceux qui font le plus versĂ©s dans la langue Sanscrit, * ne peuvent l’expliquer au peuple, ni en dĂ©velopper les mistĂšres d’une maniĂšre un peu supportable. Cependant quelques dĂ©tails, mĂȘme incomplets, fur une ville connue dans l’indostan comme le centre de la religion et des sciences des Indous , joints Ă  une courte recherche fur la religion de Brama, peuvent n’ĂȘtre pas dĂ©sagrĂ©ables. Je tĂącherai de les donner avec le foin que mĂ©ritent ces objets et d’aprĂšs les observations les plus vraies et les plus exactes. En approchant, parle gange, de la ville de BenarĂšs, l’oeil, Ă  la distance de huit milles, est attirĂ© par deux Minarets Ă©levĂ©s, que l’empereur Aurengzeb a fait construire fur les fondements d’un temple dĂ©diĂ© Ă  Mhah Deve. En faisant Ă©lever ces tours assez hautes, qui semblent regarder avec mĂ©pris cette ville que l’Indou rĂ©vĂšre, ce prince intolĂ©rant avoit fans doute l’idĂ©e d’insulter Ă  la * Ç’eft dani cette U* s a- aac fnt Ă©crits le» livres saints des Iidons. V ’eau, ajoutoicnt-Ăźls, encore mĂȘlĂ©es ensemble apres la sĂ©paration de l’air, formĂšrent une boule. Cette boule, par un choc que le feu lui donne, ayant tourne autour de son axe, opĂ©ra par ce moyen, la sĂ©paration de l’eau et de la terre. Cependant les rayons du soleil avoient occasionne une nouvelle fermentation sur! » surface de la terre encore molle et hutnide. Ces fermentations avoient produit toutes fortes d’excroissances, et ces excroissances, enfin nourries et fortifiĂ©es par les vapeurs grossiĂšres de la nuit, l’influence de la lune et la chaleur du jour , avoient pris la forme de toutes fortes d’animaux. Ceux dans lesquels le feu dominoit, s’élevĂšrent et devinrent oiseaux. Ceux qui avoient eu plus de terre dan* leur formation, comme les hommes, les quadrupĂšdes ek les vers, reliĂšrent fur la surface , tandis que les bĂȘtes aquatiques s’enfonçoient dan* la mer et dans les fleuves. Il faudroit nous dire pourquoi la nature en est restĂ©e lĂ  aprĂšs ses premiers effets , et pourquoi elle n’a plus produit de crĂ©atures vivantes, puisque leur crĂ©ation avoit Ă©tĂ© fi simple et fi facile. Les systĂšmes philosophiques, meme quand ils n’ont pas le sen* commun, savent trouver le moyen d’expliquer tout. Les philosophe* d’Égypte, pour prĂ©venir tout reproche, dirent que la nature avoit donnĂ© L toutes les espĂšces de bĂȘtes l'instinct de la propagation, pareequ’elle avoit pn vu, que lorsque le soleil et les vents auroieut seche la terre, ils ne seroient plus en Ă©tat de produire des animaux. Vo\ez l'histoire de* anciens peuples, de Labathier, traduite par Stockdale. * Les Ă©crivains Indous, qui ont parlĂ© de la religion de la rni- thoĂźogk* le ces peuples, ont dĂ©crit d’une maniĂšre trĂšs-dĂ© taillĂ©e l’origine du monde , de l’homme et des bĂȘtes; mais iis les ont mĂȘlĂ©es dans un tas de fables dĂ©goĂ»tantes et absurdes, qui ne valent pas la peine d’ĂȘtre ĂŻĂŒpporiĂ©es. , 33 Indiennes, font divisĂ©s en quatre grandes castes, celle des Bramines, des Chitteris, des B'nyses et des Souders. * Chacune de ces castes est subdivisĂ©e en plusieurs autres infĂ©rieures, qui veillent avec foin fur I observation de leurs usages et le respect dĂ» Ă  leurs droits. Il y a beaucoup d’indous qui font de lu mĂȘme caste principale, et qui cependant ne mangent pas ensemble et ne sa marient pas entre-eux. La caste des Chitteris a l’air d’ĂȘtre Ă©teinte , et sa place paroĂźt avo'r Ă©tĂ© prisa par une race d’hommes illĂ©gitime ou mĂ©langĂ©e. Tou* les Indous qui appartiennent aux castes dont j’ai parlĂ©, peuvent se diviser encore en deux grandes castes, dont l’une s'appela Vichenou Boukht et l’autre Chevah Boukht. Les adorateurs de la premiĂšre divinitĂ© font reconnoiflabĂźes Ă  un trait perpendiculaire qu’ils portent fur le front, les autres, au contraire, en ont un marquĂ© par une ligne horizontale. On adore Vichenou fous la forme d’un homme avec un cercle de tĂȘtes et quatre mains ; c’est l’emblĂšme de fa sagesse et de sa toute puissance. Ordinairement on met vis - a - vil l’image de ce Dieu la figure d’un oiseau imaginaire ou fabuleux , et c’est cet oiseau que ce Dieu, d’aprĂšs les saintes Ă©critures, doit monter. Chevah ou Eishever, ou comme les Indous l'appelent, MhahDheve, est reprĂ©sentĂ© ordinairement sous la figure des organes de la gĂ©nĂ©ration des deux sexes. Cette image est le symbole de la fertilitĂ© et de la vertu generative, que l lndou regarde comme la plus grande saveur du ciel, * Il y a en Indostan une race d’habitants, originaires du pays, qui ne font d’aucune caste et qu'on employĂ© aux plus viis travaux. Ce* malheureux ne doivent entrer dans aucun temple, et n’observent aucune des rĂšgles prescrites au reste des Indous dans certaines contrĂ©e*, A la cĂŽte de Coromandel, ou les nomme d’HeretanĂč i .rialii, et dan*, le Bengale , Harces ou HariĂ©i» tandis que le manque ou la privation de cette vertu, est pour lui le plus grand malheur et l’affront le plu» sensible. On voit trĂšs-souvent, vis-a-vis de la figure dç Mhah Dheve, la statue d’une vache ou d un taureau dans une posture de suppliant. Ces bĂȘtes doivent leur saintetĂ© au choix que Mhah Dheve en a fait comme des meilleurs moyens pour communiquer ses dons. Mais les Poundits, plus instruits, prĂ©tendent qu’on y & regardĂ© cette bĂȘte comme sacrĂ©e Ă  cause de sa grande UtilitĂ©. C'est l’animal le plus nĂ©cessaire dans les travaux de la campagne et celui qui fournit aux Indous leur» premiers besoins. *j Sans doute il est fort sage d’avoir fait regarder ces animaux comme devant ĂȘtre sacré». En Indostan les chevaux font fort rares et y manquent souvent. Si l'on y mangeoit les bƓufs comme par-tout ailleurs, plusieurs branches d’agriculture en souffri- roient beaucoup. Chevah est encore reprĂ©sentĂ© d’une autre maniĂšre il a quatre mains qui tiennent les diffĂ©rents symboles de fa puissance et cinq tĂȘtes. Quatre de ces tĂȘtes font tournĂ©es vers chacune de quatre parties du monde , et la cinquiĂšme a la visage tournĂ© vers le Ciel. Il semble qu’il regarde la divinitĂ©. Ce Dieu, qu’on reprĂ©sente sous diffĂ©rentes formes, l’est ausii avec trois yeux dont l’un est au milieu du front. On devroit croire que la reconnoiffance du peuple dĂ» s’exprimer par son culte et a rĂ©pondu aux actions que Brimha a faites fur terre. Mais les Indous n’ont pas un x seul temple qui lui soit consacrĂ©, et ils n’ont pas fondĂ© une feule fĂȘte en son honneur. 11 ne se roi t pas trĂšs- amusant de rapporter toutes les raisons qu’on trouve * Le lait et le beurre soit one grande partit de la nourriture de» Indou», 35 N. kIwJ Me h llA ba >n cde 2I!I ĂŻoit ÜCI ton Öftre de Bill ible me ont di ut un tdĂ© ii- dans les livres et les lĂ©gendes des Indous pour excuser cette nĂ©gligence. Ce sont des contes inventĂ©s pour amuser la crĂ©dulitĂ© des profanes, et souvent pour faire avoir un bon diner Ă  un prĂȘtre impudent. Cette nĂ©gligence, pour Brimha, est peut-ĂȘtre fondĂ©e sur VidĂ©e qu’ils ont, que les forces productrices Ă©tant mises en mouvement par des loix nĂ©cessaires, ces forces se montrent suffisamment dans leurs effets, fans qu’on ait besoin d’un culte extĂ©rieur pour ramener l’idĂ©e du peuple Ă  la cause premiĂšre, ou pour solliciter d’elle ses effets bienfaisants. Les Indous croyent aveuglĂ©ment Ă  une prĂ©destina- tion nĂ©cessaire de toutes choses et Ă  la mĂ©tempsycose, La premiĂšre de ces opinions peut mettre des entraves au gĂ©nie et empĂȘcher ses progrĂšs; mais elle fait auffi souffrir, avec tranquilitĂ©, tous les malheurs et mĂȘme la privation du nĂ©cessaire. Les Indous disent tout est dans la main de Dieu qui dirige les actions de ses CrĂ©atures. Le dogme de la mĂ©tempsycose les dĂ©tourne de toute nourriture animale * qui n’est pas nĂ©cessaire, et est souvent dangereuse dans les climats chauds. Cette observance leur a peut-ĂȘtre auffi inspirĂ© de l’horreur pour le sang, et a fait naĂźtre en eux des sentiments d’humanitĂ© et de philantropie. Les Indous calculent la marche du temps d'aprĂšs des Ă©poques qu’ils appellent Jogues. Ils ont quatre de ces Jogues qui rĂ©pondent aux quatre Ăąges d'or, d’argent, d’airain et de fer des grecs et des romains. Le temps prĂ©sent, disent-ils, est le Koullce ou la quatriĂšme {* Ce Dogme n’est pas observĂ© sĂ©vĂšrement. Leslndrfusde la seconde et de la quatriĂšme 4afte mangent de la viande; et les Bramines, en Bengale, tous fans exception mangent du poison. 36 Jogue *‱ A la fin de chacun de ces Ăąges, la divinitĂ© a dĂ©truit le monde. Une fuite non interrompue deJogues ira ainsi dans toute Ă©ternitĂ©. La tradition de ces peuples est tellement remplie de fables, et ces fables renferment tant d’exploits incroyables de leurs demi-dieux, qui ressemblent du reste au ThĂ©sĂ©e, Ă  l’Hercule et au Bacchus des grecs, qu’on n’en peut tirer aucune conjecture raisonnable pour rĂ©former leurs calculs. Un Poundit parle , dans fa lĂ©gende, de cent mille annĂ©es avec autant de confiance et peut-ĂȘtre mĂȘme avec une persuasion aussi intime , qu’un commentateur de nos histoires sacrĂ©es parle d'un demi-siĂšcle. On prĂ©tend que les principaux Dogmes de la religion des indous ont Ă©tĂ© recueuiliis par Brimha dans les quatre livres Bairds ou Vaids. Ce mot, dans la langue Sanscrit, veut dire mistĂ©re. Dans la partie de la prefqu’iste de l’Inde, qui touche Ă  la cĂŽte de Coromandel, on appelle ces livres sacrĂ©s le Vedam ou Vaidum. Les Talinghas et les Malabares font peu de diffĂ©rence entre les lettres B. et V. et finissent tous les mots du Sanscrit par un M. Le Chafter est un commentaire Ă©tendu sur les Bairds. Il » Ă©tĂ© Ă©crit par plusieurs Poundits, pour expliquer la religion Indienne. C’est dans le Chaster que se trouvent toutes ces cĂ©rĂ©monies si incommodes de la religion Indienne , qui tendent toutes Ă  affervirl’ame du peuple et Ă  lui inspirer un respect profond pour les Bramines. Le privilĂšge de lire et d’expliquer les Bairds, est rĂ©servĂ© aux Bramines seuls. Il est dĂ©fendu , fous une peine fort sĂ©vĂšre , Ă  toute autre caste. Ce privilĂšge donne aux prĂȘtres la libertĂ© d’interprĂȘter les dogmes principaux de la religion, comme l'intĂ©rĂȘt de leur caste l’exige. * L'annĂ©e de l'erc chrĂ©tienne »787 , rĂ©pond Ă  la 4S88 annĂ©e de U Jogue KouilĂ©e. 3 7 C’est dans les passages des Ăąmes , dans les corps des diffĂ©rents animaux, que coniistent les diffĂ©rents degrĂ©s de peines et de rĂ©compenses que la religion des Indous annonce. Les Ăąmes, d’aprĂšs leurs sentiments et leurs actions, passent dans des corps d'hommes ou de bĂȘtes, suivantleurs fautes ou leurs vertus. Les Indous rejettent des peines Ă©ternelles, et tremblent Ă  la feule pensĂ©e d’une punition qui renverse toutes les idĂ©es qu’iis se sont faites de 1 Etre SuprĂȘme. On punĂźt les vices, disent ils, en enfermant les Ăąmes dans les corps des animaux qui ressemblent le plus aux coupables, et elles y restent jusqu’à ce que ces vices soient dĂ©racinĂ©s ou au moins tellement affoiblis,qu’elles mĂ©ritent une demeure plus commode. Quant Ă  la rĂ©compense des vertus, le LĂ©gislateur annonce , que les Ăąmes font envoyĂ©es dans les corps des hommes qui jouissent de la fĂ©licitĂ© la plus parfaite dont la nature humaine soit susceptible. Elles animent, par exemple, ces magistrats heureux parla conscience d’avoir rempli leurs devoirs, ou bien ces amis des hommes qui trouvent leur bonheur Ă  faire celui des autres, ou Ă  soulager les infortunĂ©s. Lorsque les Ăąmes des bons et des justes font purifiĂ©es de toutes les taches du pĂ©chĂ© par une fuite de mĂ©tamorphoses, alors les Indous croyent qu’elles font admises Ă  partager la gloire infinie et la fĂ©licitĂ© de l’Etre SuprĂȘme *. Les Indous comparent cette disparition, pour ainsi dire, dans la divinitĂ© ; cette admission Ă  sa gloire, Ă  un rayon de lumiĂšre attirĂ© avec une vitesse incroyable, par la force du soleil, et qui se perd tout-Ă -coup dans sa flamme dĂ©vorante. * La rĂ©union de l'Ăąme humaine, avec la substance Ă©thĂ©iĂ©e de 1 divinitĂ©, est l’ancien Dogme de Pithagore et de Platon; mais il parcĂźt exclure la durĂ©e de la conscience de soi-mĂȘme , ou d’une in,marial!-C Vyea tißtirt it'GiĂŻhn , i».,. 2 ĂŒ. A,,-e. 38 . D’aprĂšs la religion des Indous, Joum Dourm Rajah a le mĂȘme emploi que Minos avoit dans les enfers dans la mythologie grecque. Toutes les Ăąmes qui ont quittĂ© leurs corps paroissent devant le tribunal de Joum Dourm. LĂ  leurs actions font proclamĂ©es, exactement pesĂ©es et jugĂ©es fur le champ. Quand un homme a Ă©tĂ© si corrompu et si vicieux , que son ame ne mĂ©rite pat mĂȘme d’ĂȘtre envoyĂ©e dans le corps de l’animal le plus mĂ©prisable, alors on lui inflige une punition conforme Ă  ses crimes, et ensuite l ame , corrigĂ©e par la peine, obtient fur la terre une place qui rĂ©pond Ă  ses qualitĂ©s. La tradition deslndbus dit, que Joum Dourm Rajah a pris neuf fois autant de formes diffĂ©rentes, * soit pour dĂ©truire un grand mal, soit pour punir les pĂ©chĂ©s des hommes. Les Indous honorent une forte de divinitĂ©s subalternes, qu’ils multiplient jusqu’au nombre de 33 crores ou millions. Leurs emplois doivent reprĂ©senter ceux de la divinitĂ© suprĂȘme. La quantitĂ© d’images que les Indous ont suspendues dans leurs Temples, les afaitflĂ©trir du nom d’idolĂątres. Mais en considĂ©rant cette forte de culte fans prĂ©jugĂ© , on voit bientĂŽt que l’idĂ©e de perfonnisier les diffĂ©rents attributs de la divinitĂ©, est assez conforme Ă  l'intelligence du grand nombre. Ceux qui ne font pas en Ă©tat de comprendre la grandeur de la divinitĂ©, et c’est la classe la plusnombreufe, peuveut aisĂ©ment s’en faire une idĂ©e, en voyant une sigure Ă  plusieurs tĂȘtes et Ă  plusieurs mains, ornĂ©e de toutes les marques du pouvoir suprĂȘme, et considĂ©rĂ©e par tout le monde avec un respect religieux. L’origine des images allĂ©goriques prĂ©cĂ©da de long-tems la dĂ©couverte de l’écriture. Les historiens Espagnols disent, qu’on annonça , Ă  l’Empereur Mon- { * Lu Indem attendent encore ne dixiĂšme incarnation de die. 3 3 !i;Ü dlE] \zi ]m ajai ÎÏOt tp OK! ict, JIC1 phi Peil da ci le 11 rater lut! rci. IgCt nun ;t! ĂŒ de lise iee, eau me, pet! b de neuf fonda. tezume, l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens avec toutes fortes de figures peintes fur une Ă©toffe de coton. Il Ă©toit fans contredit plus aisĂ© Ă  des hommes peu cultivĂ©s d’exprimer leurs pensĂ©es par des figures moulĂ©es avec de l’argille, ou taillĂ©es dans du bois, que d’inventer un alphabet, et cfun tel alphabet, d’en composer une suite rĂ©guliĂšre de mots, comme l’exige la formation des langues Ă©crites. Tous les dieux des Indous font immortels. C’est un» boisson nommĂ©e Amrout, qui ressemble au Nectar d’HomĂšre , qui leur donne l’immortalitĂ©. On trouve, dans la mythologie des Indous, une description charmante de neuf dĂ©esses , qu’on peut comparer , d’aprĂšs leurs occupations, aux muses des grecs. Elle offre aussi une description pittoresque de l’amour. Ses Ă©pithĂštes multipliĂ©s montrent l’empire fans bornes qu’il a fur les coeurs des hommes. Ses noms ordinaires font Kaoum ou Mouden. On le reprĂ©sente comme un beau jeun» homme, entourĂ© d’aiguillons d’abeille, armĂ© d’un arc de canne Ă  sucre , et de cinq traits qui reprĂ©- sententlescinq sens par lesquels l'amour entre dans nos coeurs. AprĂšs la conquĂȘte de Tanjore, on trouva dans cette ville un portrait de Kaoum. * Il est montĂ© fur un ÉlĂ©phant, composĂ© des figures de sept jeunes femmes, rĂ©unies avec tant d’art, qu’elles forment parfaitement la figure du monstrueux animal. Dans la Pagode de Beff- Eichever ** Ă  BenarĂšs, on voit une statue du soleil en pierre; elle est fort bien travaillĂ©e. Le Soleil est assis dan» * Cela doit aussi, reprĂ©senter Kichine , une de formel corporelles de la divinitĂ©. l **1 Une abbiĂšvation de Vichenou , vu Kicken , et Eichever. C’est dans ce temple , consacrĂ© ax deux divinitĂ©s, ^uelcurs fectateats font iiin priĂšre. L 4» un chariot traĂźnĂ© par un cheval a douze tĂȘtes. Cette figure fait visiblement allusion Ă  la division de l'Ă©cliptique. Un observateur attentif trouvera aisĂ©ment, en Égypte, plusieurs traces de la religion des Indous, et cela fans dĂ©tourner le sens des mots, sans appuyer un sysiĂšme formĂ© d’avance sur une chronologie trompeuse. 11 remarquera bientĂŽt, que le boeuf sacrĂ©, oula vache sacrĂ©e de Chevah, a un rang distinguĂ© dans la religion des anciens Coptes, et que le serpent, un des alliĂ©s mistĂ©- rieuxde SrĂ©e Moun Narrain, est regardĂ©, parcepeup'e, comme le symbole de la sage lie. Il verra sans pc. ;e, que les oignons, si respectĂ©s dans l’ancienne Egypte, ne le font pas moins en lndostan. Quoique dans ce dernier Royaume le rĂ©gime vĂ©gĂ©tal soit prescrit et observĂ© avec peu d’exceptions , cependant il est dĂ©fendu, notamment Ă  plusieurs sectes, de manger des oignons ; et lorsque dans l’Inde supĂ©rieure on doit prĂȘter un serment important, ordinairement le Bramine y jointun oignon, pour rendre la cĂ©rĂ©monie plus solemnelte. En comparant le culte des Indous avec la religion des anciens peuples, on trouve entre plusieurs de leurs divinitĂ©s une ressemblance qu’on ne peut m’éconnoĂźtre ; et si l’on pouvoir avoir une description exacte des occupations et des propriĂ©tĂ©s des divinitĂ©s subalternes des Indous , on trouvĂšrent probablement que le PanthĂ©on de l’occident a Ă©tĂ© peuplĂ© du conseil des dieux de Brimha, Les Égyptiens et les Grecs ont eu sĂ»rement communication avec rindostan. Leur commerce, par la mer rouge, les mettoit Ă  mĂȘme de l’avoir, et on en trouve des traces. * Dans une collection d’antiquitĂ©s * Forstet veut ou paroĂźt vouloir prouver, que la religion et les dieux Set Indous passĂšrent en Égypte et en GrĂšce, et il »'appuyĂ© fur ce que i’un S, dan» Ui t de* vraies travaillĂ©s par des attistes grecs ; mais prĂ©cieuses 4i prĂ©cieuses, qui appartiennentĂ  un homme de distinction aBenatĂšs et qui ont Ă©tĂ© ramassĂ©es par des commerçants de cette ville, on voit une pierre qui reprĂ©sente une Matrone. Elle paroĂźt sĂ»rement avoir Ă©tĂ© travaillĂ©e par un artiste grec. Sur une autre pierre on voit ClĂ©opĂątre piquĂ©e par un serpent. Dans la mĂȘme collection , il y aune tĂȘte de MĂ©duse sur une Ă©meraude ; on l'a trouvĂ©e prĂ©s de BenarĂšs , et lorsqu’on l’a envoyĂ©e en angleterre pour savoir ce que c'Ă©toit, tous les connoisseurs font dĂ©clarĂ©e ĂȘtre le travail d'un ouvrier Grec ou Romain. Il y a quelques annĂ©es qu’on trouva Ă  Guzurate un C^nĂ©e parfaitement travaillĂ©. C’est un Hercule terrassant le lion de NĂ©mĂ©e. Ces circonstances peuvent venir Ă  l’appui de laconjecture que les Égyptiens, pendant leur liaison avec les Indous, ont aussi laissĂ© entrer chez eux, avec les marchandises prĂ©cieuses de ce pays, quelques dogmes et quelques usages de cette nation. Pour indiquer le chemin que les antiquitĂ©s dont j’ai parlĂ© ont pris, on peut supposerqu’elles ont Ă©tĂ© rassemblĂ©es pour le cabinet des MahomĂ©tans , qui, pendant un certain tems, ont admirĂ© les ouvrages de l’ccole Grecque autant que les Romains. Chacun fait que pendant que le monde Romain Ă©toit enseveli sous ses ruines gothiques , les Califes de Bagdad favorisoient et cultivaient les sciences et les arts. quand mĂȘme ils reprĂšfenteroient des Rois ou des Reines de GrĂšce et d'Égypte, cela ne prouve rien. Si les anciens Égyptiens avoient reçu leur religion et leurs dieux de l'Indostan , il faudroit que cela eĂ»t Ă©tĂ© bien des siĂšcles avant Alexandre. Les Grecs depuis Alexandre prirent des dieux Égyptiens, Syriens, et Persans; mais point d'indiens. Si la religion Indienne avoit eu dans les premiers tems une influence fut la Çrecque , elle ne pourroit l'avoir eu que mĂ©diatement. N. dUTutU Allemand. L 4 Mes connoissances en astronomie * font trop peu Ă©tendues, et je me sens incapable de suivre le progrĂšs des Bramines dans cette science, avant 1 Ă©poque oĂč elle commença Ă  fleurir dans les autres pays orientaux. Les Indous connoissent fort bien le zodiaque et ses douze signes. Iis ont donnĂ© les noms des planĂštes aux sept jours de la semaine qui commence par le jour du soleil. L’annĂ©e solaire {** des Indous, divisĂ©e en six saisons, est composĂ©e de u mois et de 36i jours, auxquels on ajoute tous les quatre ans un jour intercalaire. Les lettres ou les affaires de commerce font datĂ©es, parmi les Indous, d’aprĂšs le lombout ou l’annĂ©e lunaire qui commence Ă  l’équinoxe du printemps. Chaque mois lunaire commence Ă  la pleine lune et est partagĂ© en 3o parties Ă©gales. Les parties dans lesquelles la lune croĂźt, s’appĂšlent boud, et celles dans lesquelles elle dĂ©croĂźt, s’appĂšlent bole. Au bout de trois annĂ©es lunaires , on ajoute un mois pour rendre Ă©gales les deux annĂ©es lunaire et solaire. Les Ioaguels font partagĂ©s en cicles de douze et de soixante ans, et chacun a sa propre dĂ©nomination. ***J L’observatoire de BenarĂšs est assez * Au sujet des sciences et des arts de» anciens Indous. Voyez mes remarques fur la fertilitĂ© , etc. Vol. ». p. 280. N. du T. A. Ăź ** L'annĂ©e solaire, ou comme l'appĂšlent les Indous, l'annĂ©e lounkrant, commence le 11 ou le 12 avril, et les mois de cette annĂ©e font tantĂŽt dĂ© 29 , tantĂŽt de 3 o , 3 i , 32 jours. L'Ăšre ordinaire, en Indostan, fut introduite parle Rajah, WickeroUm Maject, 5 ? ans avant la naissance de JĂ©sus-Christ. Quelques nations Indiennes, celles du Bengale, par exemple, ont d’autres Ă©poques ; mais en gĂ©nĂ©ral leur» ouvrages historique» font rĂ©glé» d’aprĂšs la pĂ©riode de Vickerouin Maject Ce prince fut en Indostan Ă  cause de son luxe et de la protection qu’il accorda aux savants, qu'il rĂ©compenfoit richement. *** Les Indous partagent ordinairement leur teins, autant que je puis le savoir, en cicles de six ans , quoi qu’ils connoissent auffi ceux de douze. Lntre autres choses que les anglois trouvĂšrent dan» une mal bĂąti et n’a que des instruments grossiers ‱ mais il prouve que les Indous savent dĂ©terminer les mouvements des corps cĂ©lestes. Si l'on pouvoir trouver quelques Ă©crits qui fussent moins mĂȘlĂ©s fables que les leurs, on verroit vraisemblablement, que dans les tenu les plus rĂ©cusĂ©s. ils ont Ă© Ă© un des peuples les plus puissants et les plus Ă©clairĂ©s rie la terre On raconte dans plusieurs de leurs ouvrages historiques, que le Royaume des Indous Ă©toit composĂ© autrefois de cinquante six PrincipautĂ©s diffĂ©rentes , toutep soumises Ă  un seul Roi, et dont la domination s’rtendoit, depuis les frontiĂšres mĂ©ridionales du Thibet, ou de la grande Tartarie, jusqu’à Pille de Ceylan; et des frontiĂšres d’Assam et d’Arracan jusqu’à 1 Indus. Ce grand espace de pays Ă©toit habitĂ© par un peuple partagĂ© en quatre classes diffĂ©rentes, dont chacune avoit ses occupa* tions particuliĂšres ; mais qui tendoient toutes en commun au bien gĂ©nĂ©ral. * L’Indostan avoit des villes riches et belles; elles Ă©toient ornĂ©es de temples et d’édifices, et dĂ©corĂ©es de jardins et de fontaines superbes. Xoutes sortes d’artistes, architectes, orfĂšvres , lapidaires , ceux* qui travailloientles Ă©toffes les plus fines en coton, tous Ă©toient encouragĂ©s et trouvoient de l’occupation. ** frt*resse du Boutan, ils prirent une image de Mhah Deve et une repré» Tentation imprimĂ©e des figures, qui forment le cicle de 12 ans du Thibet- Cette maniĂšre figurĂ©e d’exprimer le tems est depuis la plus haute antiquitĂ© en usage au japon, Ă  la Chine, Ă  Siam et dans la grande Tartarie ; elle a Heu encore jusqu’à prĂ©sent dans la Turquie. * On trouve l’examen de cette peinture idĂ©ale de l’indostan, dan» l’ouvrage que j’ai citĂ© plus haut, p. 267. N. du Trad. Allemand. {**} Cette peinture paroitra peut-ĂȘtre chimĂ©rique, ou exagĂ©rĂ©e Ă  tous ceux>qui n’ont pas vu les anciens monuments des Indous, ou qui n’ont pas lu l’histoire de- cet empire , lorsqu’il fut attaquĂ© par les Ce peuple soldat fut Ă©tonnĂ© de la grandeur des temples, ÂŁ s 44 Des loix bienfaisantes punĂźssoient les crimes et prote- geoient la propriĂ©tĂ© , et Ă  l'exception de la faveur trop grande, accordĂ©e Ă  la caste sacrĂ©e des prĂȘtres, on ne peut que louer la justice et la sagesse de leurs autres loix. Un voyageur pouvoir parcourir le Royaume avec une commoditĂ© inconnue dans tout autre pays. Les grandes routes Ă©toient ombragĂ©es d’arbres . et on avoit construit, pour les voyageurs, plusieurs Ă©difice» publics , qui presque tous avoient un Ă©tang prĂšs du bĂątiment. Si quelqu’un Ă©toit volĂ©, le district dans lequel le vol s’étoit fait, devoitrĂ©parerle dommage. ConsidĂ©rons un peu l’Indostan , la culture de ses habitants, les progrĂšs qu’ils ont faits, et ensuite reportons les yeux fur cet Ă©tat d’ignorance et de barbarie dans lequel les Ă©tats de l’europe Ă©toient plongĂ©s, ou dont ils commen- çoient Ă  peine Ă  sortir, et nous Ă©prouverons nĂ©cessairement un sentiment de respect et d'admiration pour ce peuple. Quoique les europĂ©ens laissenr Ă  prĂ©sent bien loin derriĂšre eux les nations Asiatiques, on peut avancer, fans craindre d’altĂ©rer la vĂ©ritĂ©, que les sectateurs de Brimha ont possĂ©dĂ©, dans les ancien» *‱ temps, beaucoup de connoissances utiles et philosophiques. On ne peut que plaindre un peuple, qui a perdu ainsi toute fa gloire et fa fortune; aprĂšs avoir vraisemblablement contribuĂ© Ă  sonneries nations auxquelles il est Ă  prĂ©sent soumis. Pour porter un jugement Ă©quitable fur les Indous, et dĂ©terminer jusqu’oĂč ils ont portĂ© les arts et le* sciences, il faudroit reprĂ©senter! Ă©tat de leur Royaume, avant qu’ils fussent soumis aux armes victorieuses de* MahomĂ©tans, et pour cela il nous faudroit les mĂ©moire* et des trĂ©sors qu'ils renfermaient. On peut voir dan* l’histeiie de Dow, les dĂ©tail* du butin enlevĂ© au temple de Scmnaut. { 4 > } nĂ©cessaires. Mais on fera toujours une peinture dĂ©favorable et partiale des Indous, lorsqu’on dĂ©crira leurs lois etleurs mƓurs d’aprĂšs leur Ă©tat prĂ©sent. L'Indostan fut ravagĂ© par une race de barbares, qui, dans le cours rapide de leurs conquĂȘtes, cherchoient Ă  dĂ©truire tous les monuments du goĂ»t et de l’ancienne religion. Les MahomĂ©tans Ă©gorgeoient les prĂȘtres et pillaient les temples avec une fureur dont leurs premiers chefs Ă©toient peut-ĂȘtre fiers. Uu peuple gĂ©missant fous une telle oppression, et frappĂ© par le spectacle continuel de cruautĂ©s toujours nouvelles, devoir bientĂŽt perdre le goĂ»t des arts et son industrie. Les arts d’ailleurs Ă©toient liĂ©s si Ă©troitement avec leur religion, que les persĂ©cutions de l’une dĂ©voient nĂ©cessairement retomber fur les autres. Juger les anciens Indous d’aprĂšs ceux d’au- jdSbrd hui, ce ferait vouloir estimer les anciens grecs d’aprĂšs les nouveaux. Celui qui aime la vĂ©ritĂ© prendra le chemin opposĂ©. Il se fera un plaisir de dissiper les ombres qui ont obscurci si long-tems l’histoire des Indous. Il ramĂšnera ce peuple au point de grandeur qu’il eut dans les te ms de fa fortune, et c’est dans cette grandeur qu'il le prĂ©sentera Ă  ses contemporains, qui par mĂ©pris ou par paresse en ont fort peu de connaissance. On verra alors que le gĂ©nie des Indous Ă©tait bien conduit, et que leurs dispositions naturelles Ă©toient parfaitement dĂ©veloppĂ©es par les loix qui leur preferi- voient leurs diffĂ©rentes occupations. On montrent Ă  chaque classe du peuple ses droits et ses devoirs avec une exactitude qui empĂȘchoit l’effet de l’erreur ou des vues dangereuses; et on met&oit chaque cafte hors d’état de violer les privilĂšges des autres. On donnent au Bramine une inspection illimitĂ©e sur la religion, et il Ă©toit le mĂ©diateur entre la divinitĂ© et les castes 46 infĂ©rieures- Il Ă©tait chargĂ© du foin de conserver toutes les sciences et d'Ă©lever la jeunesse. Ces occupations importantes devotem nĂ©cessairement donner au Bramine une grande considĂ©ration pa-mile peuple, pour lequel une connoissince exacte de la religion est extrĂȘmement difficile, Ă  cause de sa compljcation. et qu’il doit se faire un devoir saciĂ© de remplir tout ce qu’elle prescrit, pour peu qu’il compte sur l’éternitĂ©. O u croyoit que ces travaux importants dĂ©voient assez occuperiez Bramine s, et d’aprĂšs cela on les dsspensoit de tout autre travail. La caste des Chitteris ou des Rajah Ă©toit chargĂ©e fans restriction du gouvernement civil, et les biens de cette caste Ă©taient dĂ©clarĂ©s propriĂ©tĂ© hĂ©rĂ©ditaire, qui passait toujours Ă  la fiile aĂźnĂ©e. La branche cadette de cette caste Ă©toit destinĂ©e aux armes. Elle Ă©toit en garnifo^n. dans les places fortes. Le commerce et les mĂ©tiers , Ă©taient attribuĂ©s aux Bhyses ou Banians, et ils Ă©taient dĂ©fendus aux autres castes. Les laboureurs, les artiste*, les ouvriers et les simples soldats, formoicntla quatriĂšme caste, celle des Souders ; et chacune de ces occupations ou maniĂšres de vivre Ă©toit absolument exclusive Ce fut-ainsi que la constitution des Indous, qui dĂ©fendait de se mĂȘler avec les Ă©trangers et de faire de* prosĂ©lites, acquit tant de force et une telle uniformitĂ©, fuite naturelle de scs premiers Ă©lĂ©ments. ^ *} S’il falloir dĂ©couvrir une liaison plu* Ă©troite entre le* Egyptiens et les Indous, liaison dont j’ai dĂ©jĂ  montrĂ© quelques traces, on pourroit demander lequel de ces 1 * 1 ?lufieurs des barriĂšres qui sĂ©paroient auparavant les castes des Indous les unes des autres, font Ă  prĂ©sent renversĂ©es. LesBramines, dans le BĂ©cĂ n et le Paniab, portent les armes tt entrent dans les armĂ©es. Les Chitteris s’occupent du commerce, et les Souders se sont emparĂ©s des principautĂ©s. Mararow , exceiitui officier Maratte et chef de Ghooty, Ă©toit de la -quatriĂšme caste. 47 deux peuples a Ă©tĂ© policĂ© le premier. On pourrait croire, d’aprĂšs les exemples par lesquels j’ai cherchĂ© Ă  expliquer quelques points principaux de la religion des Indous et Ă  prouver l’antiquitĂ© de ce peuple, que je favorise l’opinion, que les Egyptiens ont tirĂ© de l’In- dostan une partie de leur religion et de leurs connois- sances. Je respecte infiniment les idĂ©es des autres, et je ne cherche pas Ă  faire un systĂšme; mais je ne diflt- muleraipas que c’est mon opinion. Un fait entre autres me donnera une preuve bien forte de l’anciennetĂ© de la civilisation des Indous et de leur aversion dĂ©clarĂ©e pour tout mĂ©lange avec l’étranger. Il est dĂ©fendu aux Indous de paffer le fleuve Attock. Ce nom, dans plusieurs dialectes, veut dire dĂ©fense. S’ils passent cette borne, ils deviennent impurs , et suivant la vigueur de la loi, ils perdent leur rang et descendent de la caste Ă  laquelle ils appartiennent. Il leur Ă©toit aussi dĂ©fendu de se risquer sur la mer, * ou du moins le rĂ©gime qui leur Ă©toit prescrit et qu’ils ne pourraient bien observer hors de leur patrie , leur rendort des voyages par mer un peu Ă©loignĂ©s, extrĂȘmement difficiles. Il n’est donc pas vraisemblable , qu’une partie quelconque d’unpeupĂźe, bornĂ© par tous les moyens possibles, Ă  lui et Ă  fa patrie, et qui rejettent loin de lui tout prosĂ©lite, avec orgueil et aversion, ait Ă©tĂ© couvrir dans * S’il y a jamais eu une telle dĂ©fense, on ne l’a jamais observĂ©e , ou du moins on ne l’a pas suivie long-tetns. On trouve non-feulement Ă  Ceylan et aux Maldives, mais encore dans plusieurs isles de la mer du sud et des Indes,mĂȘme Ă  Madagascar et sur la cĂŽte orientale de l'Afrique des traces trĂšs-distinctes der colonies de l’Indostan et meine d’hommes des premiĂšres castes. On fait aussi, que Ton a vu, il y a long-tems, et que l’on voit encore les Banians ou commerçans Indiens dans les principaux ports de l’Arabie, de la Perse et der Indes infĂ©rieure!. Note du trad. Allemand, 4 » des pays Ă©loignĂ©s, et ait rapportĂ© de ses courses un systĂšme de religion Ă©trangĂšre. On ne trouve nulle part la moindre trace d une tradition un peu croyable, qui porte qu'une colonie Égyptienne s’est Ă©tablie dans l’in- dostan. ProDablement il a Ă©tĂ© peuplĂ© avant 1 Égypte. L'espace considĂ©rable que couvre ce pays fur la surface de la terre , et les avantages qu'il doit Ă  son sol , Ă  son climat et Ă  ses fleuves nombreux, parmi lesquels plusieurs font de la premiĂšre grandeur, tout se rĂ©unit pour le faire croire. L’Égypte n’a pas reçu de la nature des avantages pareils Si l'on veut regarder le degrĂ© de perfection auquel un peuple a portĂ© ses manufactures comme une preuve de les progrĂšs dans fa culture, et cette haine profonde contre tout ce qui est Ă©tranger, mĂȘme contre des amĂ©liorations faites pardes Ă©trangers, comme un monument de son anciennetĂ©, on ne peut hĂ©siter long-rems Ă  se dĂ©cider. Les marchandises fabriquĂ©es aux Indes ont Ă©tĂ© long-tems l'objet de l’admiration gĂ©nĂ©rale , et on n en a pu atteindre encore la perfection. Je finirai ces recherches et cette comparaison en remarquant, que quand on distingue dans un peuple plusieurs connoiffances et quelques sciences utiles, des loix f iges , jointes Ă  une religion, dont les dogmes et le» diffĂ©rens uiages annoncent le dernier degrĂ© de culture, et qu’on trouve au contraire chez les autres peuples de l’Asie et les anciens Égyptiens beaucoup moins de bonnes loix et une religion moins formĂ©e , on doit naturellement supposer que ceux qui avoieut peu de fond putsoient chez ceux qui en avoieut davantage. Peut-ĂȘtre ces observations, fondĂ©es fur l’expĂ©rience et fur diffĂ©rentes recherches, satisfont-elles plus que ce» preuves si savantes tirĂ©es de la chronologie, crĂ©es foutent d’aprĂšs des hypothĂšses favorites, et qu’on cherche Ă  leur accommoder, i Les Indous regardent ie mariage, * lorsqu’il peutĂȘtre heureux, comme un devoirnĂ©ceffaire, et croyentque la propagation des espĂšces, par un mariagelĂ©gitime, assure au pĂšre et Ă  la mĂšre laprotectionspĂ©ciale et les bienfaits des Dieux. Ils tĂ©moignent, au contraire, de toutes les maniĂšres poflibles, leur mĂ©pris et leur horreur pour le cĂ©libat; et j’ai remarquĂ©, que quand un Indou Ă©toit forcĂ© d avouer, soit par hasard, soit par quelques questions auxquelles il devoir rĂ©pondre, qu’il n’étoit pas mariĂ©, il paroissoit erabarassĂ© et c’nerchoitbien vite Ă  s’éxeuser, soit sur les malheurs qu’il aVoit soufferts, soit fur d’autres bonnes raisons. G est Ă  cette façon de penser qu’on doit attribuer en gĂ©nĂ©ral la grande population de l’In- dostan, et expliquer la maniĂšre prompte dont ce pays s est relevĂ© aprĂšs les horreurs de la guerre et de la famine. Toute la vie domestique des Indous repose sur un fondement simple, mais ferme, qui produit les effets les plus heureux et resserre les liens de la sociĂ©tĂ©. D’aprĂšs les anciennes loix du pays, la femme, pour ses plaisirs etprĂšsqu pour toutes les commoditĂ©s delĂ  vie, dĂ©pendent de l'existence feule du mari. Son plus grand intĂ©rĂȘt Ă©toit donc de veiller Ă  la conservation de sa santĂ©. Son bonheur dĂ©pendoit, en grande partie, de ce qu’il atteignĂźt un Ăąge avancĂ©. AprĂšs la mort de son Mari, une veuve n Ă©toit plus rien elle ne devoir pas se remarier; elle perdoit toute considĂ©ration dans la famille, on lui ĂŽtoit tous ses ornements et les autres marques de sa ‱dignitĂ©. Il y a plusieurs cĂ©rĂ©monies que des veuves ne * Le mariage s’appĂšle souvent dans la langue Sanscrit Ctllian ; cest- Ă -dire plaiĂŒr. Ordinairement les Indous n’ont qu’une femme, et quand ils s’écartent de cet usage cela fait un mauvais effet. Il y a cependant* dans Tindoftan, un ordre de moines mendiant! nommĂ©s Jogbil qui vi» vent dans le cĂ©libat. 5o peuvent pai remplir. Dans certains cas on la regardoit comme impure, et en gĂ©nĂ©ral, aprĂšs la mort de son mari, elle tomboit dans l'esclavage, ou dans le dernier rang de tous les gens attachĂ©s Ă  la maison. Mais cet usage Ă  prĂ©sent n’est plus si gĂ©nĂ©ralement observĂ© qu'il l’ctoit auparavant. Les femmes des Indous ont perdu depuis long-rems cet orgueuii insensĂ©, ou plutĂŽt ce fanatisme qui les portoit Ă  fe brĂ»ler avec le cadavrfe de leurs maris. Elles peuvent actuellement remplir tous les prĂ©ceptes de leur religion, fans renoncer, pour cela, aux plaisirs de la vie. Plusieurs veuves, fur tout chez les Marattes, ont acquis souvent, par leurs qualitĂ©s, leurs richesses et leurs liaisons, une puissance et une influence extraordinaires. Dans les Ă©tats plus Ă©levĂ©s, oĂč l’ancien sentiment de honte ou d’honneur s'est plus long-tems conservĂ©, quelques veuves, de tems-en-tems, mettent fin Ă  leur malheureuse vie avec un coutage insensĂ© auquel elles donnent le nom d’amour conjugal. Elles ne peuvent soutenir un abaissement qui dĂ©tiuit leurs charmes et humilie l'orgueil de» leur sexe. Il y a un endroit dans le chaster des Indous. que j’ai ht avec l’aide d’un commentateur il ordonne expressĂ©ment aux veuves de fe brĂ»ler aprĂšs la mort de leurs maris ; et si une femme n’est pas assez courageuse pour exĂ©cuter cet ordre, on impose Ă  cette femme, sans courage le devoir de se rendre en pĂšlerinage Ă  quelque lieu sacrĂ©, comme Bcnaris, Allahabad, Ghiah, d’employer les biens en fondations pieuses, et d offrir ses cheveux en sacrifice Ă  son mari mort. D’aprĂšs ce livre sacrĂ©, il est dĂ©fendu Ă  une veuve de porter de l’or , de l'argent ou des pierreries. Eile doit renoncer aux essences prĂ©cieuses et ne plus manger tri viande , ni poisson, ni beurre; toute fa nourriture consiste alors en pain de froment ou d’orge, dont elle ne doit mĂȘme manger qu'une fois le jour. Son devoir est de consacrer le reste de sa vie au service des Dieux, de purifier son ame, de combattre la colĂšre , l’avarice et la mĂ©chancetĂ© ; et de renoncer toujours, de plus en plus, aux plaisirs et aux agrĂ©ments de la vie. Si elle remplit fidĂšlement ces commandements, le ciel lui est promis aprĂšs sa mort, fans avoir besoin de passer par d'autres purifications. A - la crainte de 1 humiliation et de la misĂšre qui attendent les veuves. lesBramines ajoutent, d’un autre cĂŽtĂ©, l'assurance qu’une mort volontaire leur procure une fĂ©licitĂ© extraordinaire, et que leur postĂ©ritĂ© a la mĂȘme grĂące Ă  attendre de la DivinitĂ©. De telles idĂ©es doivent, fans doute . affecter douloureusement le cƓur d’un EuropĂ©en sensible; mais il ne faut pourtant pas condamner trop vite l’ancien usage des Indous. et n’en accuser que leur cruautĂ© et leur injustice. Il paroit que leur vue a Ă©tĂ© de rendre la vie domestique plus agrĂ©able et plus sure. Les femmes des Indous ne doivent ni lire ni Ă©crite. Les Indous ont toujours l’idĂ©e, que les talents acquis ne font pas nĂ©cessaires aux femmes, qu’ils ne les rendent pas plus heureuses, et qu'on n’en a pas besoin pour conserver cette simplicitĂ© des mƓurs qui les rend aimables et utiles Ă  leurs familles. Ils prĂ©tendent que les connoistances distrayent les femmes de leurs occupations domestiques , ou qu’elles leur inspirent du dĂ©goĂ»t pour des devoirs dans lesquels elles doivent chercher leur seul plaisir. La force de 1 habitude est telle , qu’une femme Indienne s’attireroit les reproches les plus durs, si l’on apprenoit qu’elle sĂ»t lire et Ă©crire. Lçs Danseuses , au contraire , consacrĂ©es aux plaisirs publics, apprennent Ă  lire et Ă  Ă©crire comme tout autre art qui peut irriter le* sens. Ce* femme* n’ont pas besoin de se. cacher dans les maisons des particuliers; la vie Ă  laqu elle elles se sont consacrĂ©es ne les rend pas mĂ©pri- sibies. Elles forment une sociĂ©tĂ© qui est sous la protection des loix, et dont les membres font payĂ©s d aprĂšs la diffĂ©rence de leurs talents. On ne peut donner une fĂȘte dans l'Indostan, ou cĂ©lĂ©brer une solemnitĂ©, sans , avoir de ces danseuses. Ordinairement ces femme* paroissent un certain jour de la semaine Ă  la cour du Prince, ou du gouverneur d'une province, on d'un distiict, pour lui rendre leur* devoirs et les amuser.' Dans plusieurs provinces, elles ont des appointements assignĂ©s fur les domaines publics *. Une famille Indienne est gouvernĂ©e avec assez d’autoritĂ© par 1 homme le plus ĂągĂ© de la famille. Tout le reste a pour lui l’attention la plus respectueuse et lui obĂ©it promptement dans tous les dĂ©tails domestiques. Un fils ne s’asseoit jamais en prĂ©sence de son pĂšre fan» sa permission expresse ; et dans ses discours et fa conduite vis-Ă -vis de lui, il doit joindre le respect Ă  l’amour filial. Pendant mon long sĂ©jour en Indostan, et malgrĂ© toutes mes recherches fur les moeurs et la façon de penser de* Indous. Je n’ai jamais rien rencontrĂ© de semblable Ă  ce qu’on appelle en europe un esprit fort, ** Les Princes, les GĂ©nĂ©raux, les politique* le» * Je ne parle ici que des danseuses proprement- dites , et fur-tout de celles qui servent au culte des dieux » et dont le nombre est Conti dĂ©rable. Elles font entrenues par des Pagodes ou des particuliers ; et le besoin ne les force pas Ă  s’abandonner Ă  tout le monde fans distinction* mais celles qui n’ont pas de pension , font tout aulsi impudentes et tout aussi effrontĂ©es que les filles publiques en europe. ** Il y a differentes sectes f et mĂȘme des castes parmi les Indou» * qui rejettent l’autoritĂ© divine des Laids et le systĂšme de religion fondĂ© fur eux* Quelque pure qu’ait pu ĂȘtre au commencement U foi de ce* 53 plus renommĂ©s ; par exemple un Scindta, un Nanah Pournawees, * et un Bhohoulla, croyent aux dogmes de Brimha d'aulx bonne foi, et se soumettent aux moindres cĂ©rĂ©monies avec une conscience aussi religieuse , que le paysan le plus simple et le plus ignorant le pourroit faire. TROISIÈME LETTRE. BenarĂšs So Novembre 178». Le 3 de ce mois j’allai Ă  Bidgy-Ghour **. C’est un endroit connu dans l’histoire de Bengale par le butin considĂ©rable que lesanglois y firent. J'arrivai le troisiĂšme jour Ă  Louttcef-Ghour , situĂ© Ă  18 milles sud- ouest de BĂ©narĂšs. Le fort Ă©toit tout-Ă -fait abandonnĂ©, et mĂȘme l’entiĂ©e Ă©toit fermĂ©e en grande partie par des arbres et des buissons. Louttees GAourest situĂ©e au centre d’un cercle de montagnes, du haut desquelles un bois Ă©pais et trĂšs-elevĂ© dans plusieurs endroits, s’étend jusqu’au rempart du fort. L’air dans cet endroit n’a pas de circulation; ausii y est il bientĂŽt gĂątĂ©, et devenant dangereux , il communique sa malignitĂ© Ă  tous les corps animĂ©s c’est dans de tels ^ys, dans des positions comme celle-ci, que n’ait, ce qu’on appels dans les Indes, la fiĂšvre de colline , qui dĂ©truit chaque partie de l’économie animale, attaque toute la miile du sang, et ne peut ĂȘtre guĂ©rie que par du mercure, schismatiques, leur culte est Ă prĂ©sent chargĂ© d'usages et d’emblĂšmes. La plu* conĂ»dĂ©rable de ces sectes est celle des Poojes, qui ont donnĂ© le nom de Pauroufs Naut Ă  l'objet de leur adoration , nom qui veut dire , en sanscrit, le maĂźtre de la pierre philosophale. *] Chefs de marattes d’une grande distinction. {** Les Indous prĂ©tendent que Bidgy et Idgy montent la garde aur ports* du xaradie. Ghour veut dire une forteresse. H L’eau y croupit aussi, et l’on croit que l’air communique , Ă  l’élĂ©ment de l’eau, une partie des propriĂ©tĂ©s empestĂ©es qu’a ce climat dans les contrĂ©es fermĂ©es et couvertes de bois. Les feuilles et les branches qui tombent dans les ruisseaux et les Ă©tangs, peuvent augmenter encore le* effets de l’air fur l’eau. J’ai Ă©tĂ© trĂšs-souvent tĂ©moin des mauvais effets d’un air empestĂ©, et je puis hasarder sĂ»rement les conjectures que j’avance. J’ajouterai que par-tout oĂč l'air Ă©toit mauvais, j’ai trouvĂ© l’eau mal-faine. Un Faquir mahomĂ©tan avoit Ă©tabli fa demeure solitaire Ă  la porte du fort. Ce malheureux portoit sur lui toute* les marques de la mortalitĂ© du climat. Il Ă©toit pĂąle , dĂ©charnĂ© et consumĂ© Ă  moitiĂ© par l’ardeur de fa fiĂšvre. Je lui conseillai de quitter un si triste sĂ©jour, et de se rendre dans d’autres contrĂ©es oĂč il pourroit recouvrer fa santĂ©. A peine Ă©couta-t-il ce que je lui disois. Il prĂ©feroit, me dit-il, fa misĂ©rable existence dans cet endroit, et les aumĂŽnes incertaines dont il vivoit, au danger de mourir de faim dans un autre pays oĂč il feroit inconnu. Le 4 j’arrivai au pied de la montagne de Bidgy Ghour. J’avdfe fait Ă -peu-prĂšs Ăźo milles. J’y passai la nuit, et le jour suivant je montai Ă  la citadelle. Elle est composĂ©e d’une muraille bĂątie Ă  l’entour de la pointe la plus Ă©levĂ©e d’une montagne couverte de rochers, et qui depuis son pied jusqu’à sa cime peut avoir un peu plus de deux milles. Les fortifications que l’art y a faites ne font pas trĂšs- considĂ©rables. Les matĂ©riaux qui y ont servi ne sont rien moins que solides. Je le remarquai aux sillons que la pluie de l’annĂ©e derniĂšre y avoit laissĂ©s, et Ă  une brĂšche que le canon avoit faite pendant le siĂšge. Les 55 murs font bĂątis en pierre brute , jointe avec du limon. C’eft la hauteur et la roideur du rocher qdi fait feule la force de la citadelle ; et si on l’eut dĂ©fendue avec un peu de courage et d’intelligence . la conquĂȘte n’en eĂ»t pas Ă©tĂ© aussi aisĂ©e et eĂ»t coĂ»tĂ© beaucoup de sang. On dit mĂȘme que si les troupes fussent restĂ©es un mois de plus dans les environs, la fiĂšvre les eĂ»t toutes emportĂ©es. Trois citernes profondes , creusĂ©es dans le rocher, fournissoient fulsisamment de l’eau Ă  la garnison. Quelques bastions, dn cĂŽtĂ© de l’est, font portĂ©s par des masses de rochers qui ont huit ou dix pieds de faillie et dont les fondements font cependant assurĂ©s. Les vues de cette forteresse font trĂšs-variĂ©es. Lorsque l’Ɠil plonge tout-Ă -coup, du haut de la citadelle dans cet abĂźme horrible et profond, qui s’ouvre devant vous, on sent son ame s’aggrandir; mais cependant on frĂ©mit malgrĂ© foi, et on Ă©prouve cette forte d’horreur qui affecte Tarne lorsqu’on regarde dans un gouffre. Le lever et le coucher du soleil offre Ă  Bidgy-Ghour un superbe, et on ne peut se dĂ©fendre d’un sentiment de reconnoissance et d’admiration pour l'auteur de la nature. Le fleuve Soane , Ă©clairĂ© par le soleil couchant, serpente Ă  travers des paysages' variĂ© et Ă©tendus. On dĂ©couvre aufii fur une colline Ă©loignĂ©e un fort qui n’est visible que quand il est dotĂ© le soir par le soleil. Le fort Mow , situĂ©e au pied de la montagne , Ă©toit trĂšs-peuplĂ© avant la conquĂȘte de Bidgy-Ghour et avoit un commerce considĂ©rable; Ă  prĂ©sent il est abandonnĂ© et ce n’est plus qu’un tas de ruines. On s’apperçoit de la destruction de ce village dans tors les environs., C’étoit la feule foire oĂč les montagnards voisins trouvassent le dĂ©bit de leurs marchandises et pussent acheter 56 celles dont ils avoient besoin. Depuis fa destruction, tout commerce entre eux. a cessĂ©. Les habitants de BĂ©narĂšs ont peu de liaisons avec les habitants de ces montagnes. Ces montagnards forment une race d'hommes forts et courageux , et vraisemblablement ils feroientde bons soldats, si on pouvoit les attirera notre service comme ceux de BaugĂźepore. On dit qu’ils ne font pas sujets aux fiĂšvres qui rĂ©gnent dans ces pays de montagnes et qui ont Ă©tĂ© souvent dangereuses Ă  nos troupes. Iis n’ont pas aussi ces prĂ©jugĂ©s, oucette maniĂšre de vivre particuliĂšre qu’on trouve parmi les premiĂšres castes des Indous et qui troublent souvent le service militaire. Il y aurait encore un avantage si nous les prenions Ă  notre service ; c’est que par-lĂ  ils nous assureraient la fidĂ©litĂ© et la tranquillitĂ© de leurs frĂšres. Boulwant-Sing s’empara, par une fuite d’intrigues et d’infamies, de la forteresse de Bidgy-Ghour. Ilia fortifia encore plus, et y dĂ©posa ses trĂ©sors. Keit Sing, son fils, qui est rĂ©fugiĂ© Ă  prĂ©sent dans le camp de Scindia, augmenta aufliles fortifications et les trĂ©sors. Ce fut lui qui construisit iin pont de pierre assez fort fur une petite riviĂšre qui coule au pied de la montagne. QUATRIÈME LETTRE. 7 DĂ©cembre 1789 Je n’avois rien d’amusant ou d’instructif Ă  vous envoyer, c’est pour cela que je n’ai pas rĂ©pondu plutĂŽt Ă  votre longue lettre. Vous pouvez bien croire que jamais je n’oublierai les marques d’amitiĂ© que vous m’avez donnĂ©es, et que j’y ferai toujours sensible. — Ayant rĂ©solu de retourner en europe par le nord, j’ai pris le nom d’un GĂ©orgien pour voyager avec plus de furetĂ©. Jrcffe du jour. Loisquc le choix, ou plutĂŽt l’ordre impĂ©tial, la loi de Mahomet n’est pas flatte .se pour les femmes Ă©toit annoncĂ© Ă  l’heureuse odalisque, son cƓur palpitoit de plaisir, ses attraits avoient attirĂ© fur elle l'attenton du maĂźtre du monde ; Car souvent dans le cƓur d'une femme la vanitĂ© prend la place de l’amour. J’aimerois aflez Ă  ĂȘtre Bacha, mais souvent leurs meilleurs amis leur font sauter la tĂȘte ou les i mpoisonncnt ; Ă  ce prix je ne veux pas de leurs jolies femmes et de leurs trĂ©sors. Sur la place de la cour on voit encore aujourd’hui une colonne haute de 40 pieds , taillĂ©e d un seul bloc, qui ressemble Ă  du porphire. Elle paroĂźt couverte d’ lions avec d anciens caractĂšres Indiens. Les lettres ont Ă©tĂ© tellement effacĂ©es par le temps, qui ne mĂ©nage pas mĂȘme le marbre, qu elle» font devenues illisibles. On attribue ce monument Ă  Becmchvi e , qui, comme votre Bramiue , vous le racontera, fut dans son tems un puissant Prince et un de» premiers guerriers dans le Mhah Bhaut. *; Mais on ncpeut pas t op ajouter foi Ă  l’époque Ă  laquelle a vĂ©cu ce Eeimctym ; car le Bramiue vous dira qu'il vivoit d„ns un temps cĂč le rom du premier homme n’étoit pas encore connu. Les MnhoƓetans , qui dĂ©truisirent tout monument contia’re Ă  leurs d gmes avec la mĂȘme fureur qu’ils propagoient leur relrgton , ont des prĂ©tention^ fur la ccnflruction de cette colonne . et ont gravĂ© fur les inscriptions Indiennes les nom de plusieurs Empereurs depuis Babtr. ** * La grande guerre que Pounah-Gaun-Deve , ou Je» cinq stĂšre» rĂ©unis loutinrent contre Dour-Joriin. Voyez le Glieeta de Wilkin». ** Le premier Empereur d* la tacs de Tasreuan qui rĂ©gna lux l’Indoflan. La colonne qui paroĂźt ĂȘtre d’une haute antiquitĂ©, prouve clairement que Aliahabad Ă©toit une p’ace d'importance long-tera avant les conquĂȘte - des M dio- mĂ©tans. Nous aurions une idĂ©e bien Ăźnj ste et tuen petite de 1 intelligence des anciens Indous. si nous croyions qu’ils ont nĂ©gligĂ© une position si fa> otable pour remplir les usages de leur religion et si heurt - ss pour les agrĂ©ments do Ăźt eMc fait j uir. Les nouveaux Ă©crivains ont presque nommĂ© autant de tilles qui pourvoient prĂ©tendre Ă  l’honneur d’étre l'ancienne Polibothra, q> e les anciens en ont nommĂ©e s qui avoient vu naĂźtre HomĂšre, l a a vide , fameux gĂ©ographe fran- ço .3, paroĂźt donner la pr^ l'Ă©rence Ă  Aliahabad. Strabua parle d'une grande ro qui me oit de Polibothra jusqnes dans l'intĂ©rieur du pays. De tels ouvrages sautent aux yeux, et sor t Lits ordinairement pour subsister long-tems. Ou pourrott croire qu’il y a encore quelques Testes de cette grande route;, mais j'en ai cherchĂ© les traces et je n'ai pu en trouver une feule. Du cĂŽtĂ© occidental du Gange, on voit une digue en terre qui s'Ă©tend environ l'espace d’un mille le long du fleuve en s’approchant de la citade ! 'e cette digue a Ă©tĂ© construite probablement pour que le fleuve n endommageĂąt pas la ville pendant le" tems de pluie A l’occasion d'Aliahabad, je dois parler nĂ©cessairement du monument du Sultan ce mausolĂ©e est situĂ© Ă  1 ouest a environ un mille de la ville. I. sa trouve au milieu d'un grand jardin qui est entourĂ© d un mur Ă©levĂ© et ornĂ© d'une grande variĂ©tĂ© de fleurs et d arbres; mais il est mal entretenu et a l’air assez j etois habille comme un Mtihoinetan aii-sije demandai a Lire ma priĂšre fur le tombeau du Roi et je fus admis furie champ. Les Ă©difices publics des MahomĂ©tans ko J- sont ordinairement bĂątis dans le plus mauvais style gothique , ils plaisent rarement Ă  l'oeil d’un europĂ©en qui est accoutumĂ© de bonne heure aux proportions d’un art plus noble et plus simple. * Le tombeau de Cousro n’est pas plus dans les rĂšgles de l’architecture; cependant au total il frappe, et il a quelque chose de mĂ©lancolique qui remplit parfaitement la vue dans laquelle il a Ă©tĂ© construit. Le bĂątiment est Ă -peu-prĂšs quarrĂ© , Ă©levĂ© de quelques dĂ©grĂ©s au-dessus du fol, et ornĂ© d’une coupole dont l’extĂ©rieur est couvert de tuiles de diffĂ©rentes couleurs , qui font au soleil un effet agrĂ©able. Il n’y a pas de fonds rĂ©servĂ©s pour l’entretien de ce tombeau, ainsi probablement il ne survivra pas long-tems Ă  ces Ă©difices nombreux dont on trouve les ruines dans les environs de Allahabad. PrĂšs du monument de Cousro, il y en a un petit, consacrĂ©, Ă  ce que m’a dit un mendiant, Ă  la mĂ©moire d’une femme de la famille ImpĂ©riale. Quelques PrĂȘtres MahomĂ©tans , qui vivent dans le jardin, tiennent l'intĂ©rieur du mausolĂ©e trĂšs-propre. Les diffĂ©rentes chambres font bien conservĂ©es, fur-tout celle dans laquelle est posĂ© le cercueuil de bois du Sultan. Dans cette chambre j’apperçus un petit rideau prĂšs du mur, je le tirai, et je fus trĂšs-Ă©tonnĂ© lorsque je vis une main de marbre noir. Pensant Ă  l’endroit oĂč j’étois et au sens que cette reprĂ©sentation pouvoit avoir, je crus d’abord que cette main devoir signifier la toute puissance de la divinitĂ© ; mais j’appris ensuite que ce symbole reprĂ©sentoit ** * Ce jugement ne porte pas fur les monuments prĂšs d’Agiaqui font l'admiration de nos artiiles les plus cĂ©lĂšbres. ** Le Sultan Cousro Ă©tait fil» ainĂ© d* l’Empeuur JĂ©hangire et mourut en i6sĂŻ. Ci Mahomet, Ali, Fatinne *} Houssein etHaffein, et qu’on avoit couvert cette reprĂ©sentation pour obĂ©ir Ă  Mahomet, dont le culte exclut des temples des Mahomctans toute image sculptĂ©e ou gravĂ©e ainsi que toute sorte de tableaux. Les Districts de Allahabad payoient anciennement au trĂ©sor ImpĂ©rial 70 ou 80 Jacks de roupies; mais Ă  prĂ©sent le pays du Visir est tellement appauvri etdĂ©peuplĂ©, que les mĂȘmes districts rapportent seulement le quart. Chaistah Kan , qu’Aurengzeb nomma. Gouverneur de Lehar et du Bengale aprĂšs la mort de Amir Joumlach, ** a laissĂ© dans les environs d’Allahabad beaucoup de monuments de sa gĂ©nĂ©rositĂ©. PrĂšs de la ville, Ă  une petite distance du bord mĂ©ridional, il fit construire un pavillon fur un rocher isolĂ© au milieu dujoumma. Ce pavillon est Ă©levĂ©, rafraĂźchi par l’air vis du fleuve , et domine un paysage variĂ© jusqu’à la confusion. Une inscription Persane que je copiai, raconte que Mahomet Schirrif fit finir ce pavillon l'an de l'hegire to 55 . par ordre de Chaistah Kan. *** Mais il est tems de laisser les grands hommes et leurs monuments et d’en revenir Ă  mes aventures. Vous savez que l’Indostan est connu depuis long- tems pour les commoditĂ©s qu’il offre aux voyageurs 5 ils trouvent Ă -peu-prĂšs tous les 8 ou 10 milles des auberges publiques ou un bastĂŻn d’eau oĂč ils peuvent se dĂ©saltĂ©rer et faire leurs ablutions. La plus grande partie des habitants est accoutumĂ©e Ă  une vie fort simple. Le climat est doux ; ils ont peu de besoins. Un abri lĂ©ger contre la pluie ou le soleil, une piĂšce * Fatime , fille de Mahomet, Ă©pousa Ali t en eut deux fils» Jlouffein et Hassern. ** Le gĂ©nĂ©ral qu’Aurengzeb employa contre le Sultan Choujah. ne savent pas le Persan. ChetĂš-CĂ n qui dĂ©trĂŽna en a 842 Hormaim , Roi de Dehli, est le premier MahomĂ©tan qui ait fondĂ© des Caravanserahs. Ce fait» citĂ© dan* l’ de Dow , est encore connu des habitant. CherĂ©-Cha fit b;;tir la cit*delle deRhotas et le mausolĂ©e de S&sseruni. { *** A p T Ă©sent les Seraoucts font ordinairement-louĂ©s. **** 1 I e v lits des Indous font trĂšs-simples , ils ont des pieds fort "bas. cĂŽtes font de bois de bambou ou d’autre bois commun qui n’est pas travaillĂ© , et le fond est tissu avec des cordes ou de courxoyei. / cheval et celui qui en a soin, je p?ye par jour si peu de these que je n’ose pas l’écrire; vous ne le croiriez pas. Si je veux m’accorder quelque chose , deux ou trois sois de plus me font avoir un plat excellent a\ec une sauce qu'un A'dermann de Londtes dtsireroit pour fou ca lisp-fh. Adieu mon cher ami. C I N Q,U IÈME L E T T R E Ă  J. D F. Lcucknov. 1er. Janvier 17R3* Nia derniĂšre lettre datĂ©e de Allah ab ad contenoit quelques dĂ©tails sT cette ville, avec quelques remarques dĂ©cousues comme elles me vendent en Ă©crivant. Je n’ai pas eu la prĂ©tention d’y mettre de l’ordre ; je fais bien aise si je vous ai fait quelque pla sir. Cette lettre- ci est le journal de mon voyage de Allahabad Ă  Louck- neio ; elle ne contient rien de nouveau, mais elle pourra vous faire paffer une demi-heure. J’attendis la fin des cĂ©rĂ©monies funĂšbres que l’on céïébroit en l’honneur de Houjsein et de H'ijfein ou plutĂŽt eu l’honneur du derriei et alors je qui tai Allahabad le sn DĂ©cembre, je n’allai pas plus loin ce jour lĂ  que Beghoum Seraouce * t L y a trois cosses. I** ] e vous rappellerai en passant, que Houssein et Hasst in Ă©toient fils d Ali, neveu etgendte du prophĂšte Arabe. Houssein sut empoisonnĂ© et H ssein peut dans une,bataille * Beghoum est le fĂ©minin de Bheg, comme Kanoum l’est de Kan. Les deux titres font originairement tartare». Beaucoup de Dames de la famille ImpĂ©riale de TamerĂźan poitoient le dernier. I** En genĂ©r.*. un Coss Indien peut valoir deux milles angiois. f+ +‱ La melur que l’on appelle cois, en ladostan, n’est pas par-tout u la mĂȘme. D'aprĂšs les'estimations du Major Rennell, un coi» ordinaire »» 71e vaut pas deux milles angiois, mais feulement 1 mille 9/10. n Memoirs of a map os Hmdostan , p. 4 , ; .N. du f Tra. Allemand.'* ♩ I 6 t * pendant la guerre que Mahomet soutint contre les infidĂšles c’est ainsi qu’il nommou ceux qui n’étoient pas de s secte. Ainsi tous deux furent martyrs, et le tombeau tic Houfiein, Ă©levĂ© dans le voisinage de Bagdad, est tout aussi respectĂ© des ChĂ»tes, ** que le tombeau de Mahomet l’est des autres MahomĂ©tans. Le si je dĂ©jeunai et fumai ma pipe Ă  Touttipour, ou la ville de la victoire. Je demandai pourquoi un petit malheureux village avoir un si beau nom; on me rĂ©pondit qu’auciennement, dans cet endroit, on y avoit remportĂ© plusieurs victoires considĂ©rables. Mais qui avoit remportĂ© ces v’etoires, et contre qui ? c’est ce qu’on ne pouvait me dire. Je fis encore six cosses, et je m'arrĂȘtai Ă  Loumchound. frontiĂšre au nord-ouest du district de Allahabnd. Tout le pays Ă©toit dĂ©sert, ce qu’on attri- buoit aux brigandages d’un ancien fermier. Lorsque je mis pied Ă  terre devant le Caravanserah, je trouvai le* hĂŽtes et leurs femmes dans l’embarras d’une noce qu’ils cĂ©lĂ©broient, je ne fus si cela venoit de la raretĂ© d’une telle solemnitĂ© ; caries habitants de c es pays font ordinairement Lins gĂȘne, ou si de grands^obstacles avoient arrĂȘtĂ© lon'g-tems le mariage; mais enfin, il Ă©toit impossible de voir plus de gaitĂ©; les hommes Ă©toient rassemblĂ©s en grouppes, ils bu voient de l’arrack, onjouoit du tomtotn, c’est un petit tambour, les femmes sĂ©parĂ©es des hommes rnĂąchoient du bĂ©tel en causant. Quoique la fĂȘte occupĂąt beaucoup mes hĂŽtes, ils me donnĂšrent pointant un bon souper et un bon lit. * FoTster Ă©toit mal instruitde la destinĂ©e des deux frĂšre*. Tousdeux furent tuĂ©* par leurs ennemi*. Voy. Chardin voyage en Perse. Vol iii. p 17 3 et tuĂźv. Amsterdjn, 0 . La fĂȘte des deux Martyrs, comme on la cĂ©lĂšbre en ferse, y est exactement dĂ©peinte. Note du Tiad. Ail. ** On appelle ainli le? MahomĂ©tans de la secte d'Ali, Ftrßer icrit Sheiiki . Le Ăź* j’arrivai Ă  Kourrah-Manic-Pour huit coss et demi. Pendant la grande chaleur du jour je me reposai dans le Seraouce de Chadzadpour , Chaiftad-Kan, * dont j’ai parlĂ© dans ma derniĂšre lettre, l’a fait construire en mĂȘme-tems que la ville. Ce Prince Ă©toit trĂšs-renommĂ© pour son Ă©loquence et sa maniĂšre d’écrire , et on croit que ses talents ont contribuĂ© beaucoup Ă  la premiĂšre fortune d’Aurengzeb. Le Seraouce de Chadzadpour est bĂąti en briques et en mo ber. Il a des chambres commodes et vastes, mais on a nĂ©gligĂ© do l’entretenir, et i! y a un cĂŽtĂ© de tombĂ©. On a bien tort de laisser tomber des Ă©difices dont la destination est fi utile. Probablement lors de la construction des Seraouces, on a alsignĂ© ou de certaines terres ou d’autres fonds pour les entretenir en bon Ă©tat; mais dans les derniers tems l’Indoftan fut tellement ravagĂ© , et l’esprit de pillage ou peut-ĂȘtre la pauvretĂ© de ceux qui gouvernoient furent tels, qu’on s’empara de ces fonds ou qu’on les employa autrement. Cependant je blĂąme ainsi une certaine classe d’hommes , et peut-ĂȘtre ai-je tort. En y pensant plus mĂ»rement, une grande partie du reproche doit retomber fur le peuple. L’égoisme, la vanitĂ©, le dĂ©sir de se montrer, qu’on nomme comme on voudra cette paffion dont je dĂ©cris les effets, regne parmi les habitants de l’Indostan comme par-tout ailleurs. On la reconnoĂźt fous diffĂ©rentes formes ; mais fur-tout dans la construction des Ă©difices et des autres ouvrages publics. Je demandai un jour Ă  un Indou de considĂ©ration, qui avoit l’inspection fur un temple , comment dans un pays si connu par fa bienfaisance, on laiffoit tomber tant d’édifices consacrĂ©s au service des dieux ou Ă  l’hospitalitĂ©, tandis qu’on Ă©pargnerait beau- * Il Ă©toit oncle d’Aurengzeb du cĂŽtĂ© de s» mĂšre. i 6 ĂŒ coup d’argent, et qu’on cĂ»r cor s rvĂ© plusieurs monu- mentide l’antiquitĂ© si on les avoic lĂ©parĂ©s Ă  icms. lime rĂ©pondit Ira ne h cm eut, que quand mĂȘme il employe- roit tout son bien Ă  rĂ©parer les Ă©difices publics, ils conseiveroicnt toujours le nom de leurs premiers fondateurs , au lieu que le* conflruciion d’un nouveau fais oit passer le sien Ă  la p^ilĂ©mĂ©. D'aprĂšs cela il est clair qu’on attribue seulement au premier fondateur tout le mĂ©rite d’avoir construit un temple, un seraouce ou uri Ă©tang. et qu’il n’est pas du tout question de celui qui l’a entretenu ou embelli. Lotte digression m’a empĂȘchĂ© de vous marquer plutĂŽt que je me fuis perdu aujourd'hui. Au lieu d’aller Ă  ÏÏanirkpour oĂ  je voui ns me rendre, jarrivai Ă  Manickpour oĂč je passai une fort mauvaise nuit. L’air Ă©toit trĂšs-froid, et mes valets, qui avoient pris le bon chemin. avoient mon bagage et mĂȘme ina Une bonne vieille femme , l’hĂŽtesse du Seraouce. me prĂ©parai souper au rfque de n'Ă©tre pas payĂ©e. Cirje lui avois racontĂ© mon accident. Mais avec toute fa bonne volontĂ© elle ne put me rien donner contre un refroidissement qui me 6t trembler la fiĂšvre toute la nuit. PrĂšs du village de Kourrah-Maniripnur , on voit fur une colline les ruines d une forteresse considĂ©rable. Parmi ccs dĂ©bris je trouvai quelques restes tronquĂ©s de sculpture indienne, dumĂȘmt style que celui d’un monument remarquable trouvĂ© dans le voisinage de BenarĂšs. Les morceiux que je trouvai reprĂ©fentoient des couronnes de sl-urs qui. pour la belle simplicitĂ© du dessein et la propretĂ© de l'exĂ©cution , auroient pu le disputer aux ouvages des artistes e rropĂ©ens. Les Indous d'au- jourd’hay ont fort peu de connoiffances des loix des proportions, et pas du tout de celles de la perspective. c 67 I!s imitent exactement et travaillent avec foin; mais leur goĂ»t ne fait encore que naĂźtre. * Le -a3 j’a-tivai Ă  GootrĂ©e, deux milles au-deffous de i ' ; i Kourrah Manicuour fur le Gange, et je gagnai Moul- v “ taph neuf cosses. Aimas Ali-Kan est l’administra- teur ou le fermier d'une grande Ă©tendue de pays vers Ht; le du Gange. Cette partie me oarnt moins dĂ©serte que toutes celles du territoire du Vilir que j’avois vues ott jusqu'alors. Des ruines du fort Kotirrah, le Gange fe 'ai tourne d une maniĂšre trĂšs-pittoresque au pied des coĂŻta- line', et le village Manicpour cft situĂ© immĂ©diatement lia- fur le bor ; f ; tentrional. A Mouflaphabad je trouvai Ɠ mes valett. Je les envoyai Ă  ma vieille bouffe qui lut m - - .it accompagnĂ© jufques lĂ  pour ĂȘut payĂ©e des irais ucs. de s, ft Le 24 je vins Ă  Barc'ly, ville forte, Ă©loignĂ©e de H tsst cofj. Les environs de cette derniĂšre ville font couverts ou de jongle. C est le mot qui dans l'Itidostan exprime dis toute forte de bois. Par-tout oĂč ma vue put s'Ă©tendre, ccr j’apperçus peu de traces de culture , exceptĂ© dans le m district d Aimas qui, par comparaison, eft dans un meilleur Ă©tat. gĂ©nĂ©ral je ne vis qu'un pays de dĂ©solation, L oĂč l'on distinguoit seulement çà et lĂ  quelques traces ]!c. d un Ă©tat autrefois plus heureux. Je Le ĂŒ 5 Ă  Doolindy 8 cofs. Doolindy est le chef lieu m- d’un district affermĂ© Ă  un Indou favori du Visir, il y a et. p’antĂ© un grand jardin et construit de jolies maisons de si- ris * On peut vĂ©rifier la justesse fie "ette remarque, dans un village "" situĂ© vis-Ă -vi deBenarÚ», prĂšs des jardins Ramnagour. Cheytsingya fait Ă©lever une longue fuite d’édifices assez beaux, dan* lesquel* ou trouve quelques Statues de pierre qui ont une expression singuliĂšre et .. de* proportions plu* singuliĂšres cnccic. 68 } Le s6 a Safiindy 10 coss. Pendant cette toute rien Ă  remarquer que le spectacle triste d’un pays dĂ©solĂ©. Tont le contraire de ce que j’attendois dans le voisinage d une capitale. Le 27 Ă  Loucknow 8 coss. Je logeai dans le seraouce .d/ro/j et pour Ă©viter d’ĂȘtre dĂ©couvert je congĂ©diai tout mes valets et n’en gardai qu’un seul sur lequel je pou- vois compter. Loucknow est une ville grande et peuplĂ©e, mais laide et irrĂ©guliĂšre. Les rues font Ă©troites, inĂ©gales, et toutes sortes d’ordures empĂȘchent presque d'y passer. Le Goomty , qui passe au nord de la ville, est navigable en toutes saisons pour des bateaux d’une grandeur ordinaire. 11 se jette dans le Gange entre BenarĂšs et Gbazepour. U pont de bateaux entretient la communication entre la ville et un grand fauxbourg. Choujah- oud-Dowlah demeuroit Ă  Fyzeabad ou Ă  Oude. Son fils, qui changea plusieurs des arrangements de son pĂšre , en fit autant pour celui-ci, il transporta son sĂ©jour Ă  Locknow. Cependant quelques uns de mes voisins s’infor- moient qui je pouvois ĂȘtre; alors je passai le fleuve et je pris un logement tranquille et commode dans le seraouce de Houssein Gounguc. Avant mon dĂ©part pour l’europe, j’avois encore quelques affaires Ă  finira Louk- now. Je laissai mon valet dans le seraouce et j’allai Ă  la ville fous prĂ©texte d’y voir le camp anglois, reĂčdez vous ordinaire de tous les dĂ©soeuvrĂ©s. Jevoulois voir une de mes connoissances que je savois ĂȘtre dans la ville. Je m’approchai de la porte d’un officier, et je priai les valets de dire Ă  leur maĂźtre qu’un marchand Mogol, *ilyen a beaucoup Ă  Loucknow, deman- * Il 7 avait long-tem» qu’on nommoit dĂ©jĂ  dans le»Indes MogoU 69 doit Ă  lui parler. Quelque doucement que je fisse ma priĂšre , les valets me refusĂšrent fort malhonnĂȘtement, sous prĂ©texte que leur maĂźtre Ă©toit Ă  dĂ©jeuner. Cependant il Ă©toit intĂ©ressant pour moi d’ĂȘtre instruit de plusieurs choses. J’essayai d’ĂȘtre plus heureux Ă  une autre porte qui paroissoit moins difficile Ă  forcer; mais ma priĂšre fut encore inutile. Comme je n'avois rien fur moi pour l’appuyer, je fus obligĂ© de partir, quoiqu’il fit fort chaud et que ma demeure fĂ»t Ă©loignĂ©e de 4 milles. Cet accident me fut dĂ©sagrĂ©able dans le moment, mais pourtant il me rassura fur mon dĂ©guisement et ma maniĂšre de parier. Je puis assurer qu’il y a dans notre monde indien beaucoup de malheureux qui ne peuvent payer leur entrĂ©e dans la maison des Giands, et font pour cela repoussĂ©s par des valets grossiers et fripons. En retournant chez moi, je vis une autre maison europĂ©enne oĂč j’entrai en changeant ma maniĂšre de m’annoncer J e dis au portier que l’on m’avoit appelĂ©. On me conduisit fur le champ au maĂźtre de la maison qui me reçut fort bien et me donna en plusieurs occasions des preuves de son amitiĂ© pendant tout mon sĂ©jour Ă  Louknow, je demeurai dans le seraouce , et quoique j’y restasse 20 jours , et que pendant ce tems je fisse beaucoup de visites chez les anglois qui demeu- roient dans la ville , je n’inspirai de soupçons Ă  per- ou Mogouls, les Ă©trangers qui avoieot le teint blanc et clair et ctoient MahomĂ©tans. Bernier tom. r. pag. 7 , 8 . dit. Quoique ceux qui entrent dam les charge* et dignitĂ©s et mĂȘme dans la milice , ne foyent tous de ta race de Mogols , mais que ce Joietit m des Ă©trangers et gens ramajfĂ©s de tout pays , la plupart Ă©tant Perjans , quelques-uns Arabes et autres Turcs; car il Jußt Ă  prĂ©sent, pour ĂȘtre eßimi Mogol, d'ĂȘtre Ă©tranger, blanc de vijageet Maho- mĂštan , Ă  la dißinction des Indous qui font bruns et gentils , et des chrĂ©tiens de Veurope qui font appelĂ©s les Franguis. 11 est singulier qu’en eurone o* appelle les Mogols Tartareg et en Indoftan les Tartarea Mogols. Cela a occasionnĂ© dĂ©jĂ  dei erreur* dam l’histoive et la gĂ©o graphie. N* du T. A. 7 ° sonne. Au commencement mon hĂŽtesse dĂ©ficit fort savoir le motif de mes frĂ©quentes visites, mais je ne lui donnai pas de rĂ©po- se s-tiffaisante et Ă©lit crut que je suivoisune avantuie amoureusj Je confirmai la benne femme dans se* conjectures, cela lavonsoit mes vues, et elle fut enchantĂ©e de fi dĂ©couverte. SIXIÈME LETTRE Loucknow l6Janviet i?83. Je ne veux pas quitter le territoire d'Assow-ocd-Dow- lah , ou comme on l'appelle, Ă  cause de sa dignitĂ©, du Yisir du Royaume, sans faire quelques remarques far la province d Onde. Le pays est bornĂ©, au nord , par des terres appartenantes Ă  Napaul et Ă  Siring Naahour; Ă  I Est, par les possessions angloises ; au sud, par le Joumma; et Ă  l’ouest, par le Doab etle Gange. Le territoire de Oude en gĂ©nĂ©ral plat et fertile, est arrosĂ© parle Gange, le Joumma. le Goomty. le Gjunlonk et plusieurs autres petites riviĂšres. Ces fleuves baignent les villes les plus considĂ©rables, coupent une grande partie du pay?, et portent de petits bateaux dans tontes les saisons. Si nous avons Ă  soutenir la guerre dans ce pliys, nos troupes peuvent ĂȘtre abondamment pourvues de provisions de bouche et de guerre. Ces fleuves, qui facilitent 1 importation, font de forts boulevards contre les courses des Marattes, des Sickes et des Moguls. Les domaines du visir, qui rapportent Ă  prĂ©sent, dit-on, deux millions de livres sterling, rapportent beaucoup moins depuis la mort de Choujah-oad-Dowlah On semoqueroit de moi si je voulois essayer d’expliquer les raisons de cette diminution, c’étoit dĂ©jĂ  assez triste 7 ' pour moi cl’appercevoir les effets d’une administration dĂ©sastre'ffe. Les habitants disent que la population diminue considĂ©rablement, et que le commerce, qui auparavant Ă©toit important et Ă©tendu, s'est perdu en grande partie. Les peines et les t ins les plus actifs d’un gouvernement sage etj . ste. peuvent Luis obvier Ă  ces maux qui ont entraĂźnĂ© la ruine des principaux Ă©tats et accĂ©lĂšrent celle d Oucle. C'est le dĂ©sir gĂ©nĂ©ral. Il paroĂźt qu'une grande partie des subsides que Affof- oud-DowIah paye Ă  prĂ©sent au ttĂ©sor de la Compagnie Ă  Loucknow, est envoyĂ© en Bengale pour subvenir aux besoins les plus pressants de ce pays Des trĂ©sors immenses, amassĂ©es par les employĂ©s de la Compagnie dans la province de Oude, ont Ă©tĂ© emportĂ©s de cette maniĂšre , et notre liaison avec Affe s-oud-DosvIah augmente encore le mal. Les canaux du commerce font trop lents pour des affaires qui doivent ĂȘtre faites promptement et qui n’ont toujours pour objet que les besoins du jour ou du moment. Quand on veut de l’argent comptant, on ne cherche pas d'autie moyen, pas d’autre ressource. Puiser ainsi continuellement Ă  la mĂȘme source, doit dessĂ©cher nĂ©cessairement bientĂŽt un pays qui n’a pas dĂ©jĂ  beaucoup de ressources en lui-mĂȘme, et dont le commerce est gĂȘnĂ© de plus par la charge des monopoles et par la main du gouvernement et de ses agents. On demandoit Lus interruption des lettres de change fur le Bengale, et cela en Ă©levoit le prix au-dessus de leur valeur de dix sept i JĂŻ pour cent. Ce cours mettoit les banquiers en Ă© at d’exporter de l'argent compfent. * La reprise des Jagirs ou des pays aliĂ©nĂ©s n’a pas procurĂ© les avantager * Une exportation plus libre , de* marchandise* de Oude enBsr- fale , a fait tomber cet avantage Ă  quatie pour cent. 7 * qu’on attendoit. Lej personnes employĂ©es pour cela faisoient presque toutes une dĂ©pense Ă©norme. Elles »voient un rang et un pouvoir conlidĂ©rable et cntrete- noient une quantitĂ© de valets qui angmentoient encore la dĂ©pense. Je ne sais pas quelle en est la cause, et si c’est la suite d’une administration plus duie ou d’une gĂ©nĂ©rositĂ© moindre envers les naturels du pays. Le fait est, qu’il faute aux yeux que les diliiicts repris font mal cultivĂ©s et mal peuplĂ©s. Quant au militaire duVisir, on n’a rien Ă  en dire ses troupes lui servent Ă  faire rentrer les impĂŽts, Ă  contenir les petits vassaux , et Ă  garder fa personne. Le pays n’est dĂ©fendu que par les troupes anglosses que l’on complette ou qu’on augmente selon les circonstances. Ces troupes consistent maintenant en SoooCy- payes et 5oo EuropĂ©ens, avec le train d'artillciic nĂ©cessaire Ă  un pareil corps. Le trĂ©lor d’Assof-oud Dowlah est- Ă  prĂ©sent vuide, mais on dit qu’il a payĂ© le reste d’une grosse dette qui Ă©toit cru considĂ©rablement depuis la mort de son pĂšte. Il est bien Ă  desirer que les mesures que l’on prendra Ă  l’avenir puissent obvier aux maux de ce pays. MalgrĂ© fa grande Ă©tendue et fa fertilitĂ© naturelle, il porte le germe d’une ruine prochaine. La position du pays et fa foibleĂŒe proportionnelle au- roitpu le rendre trĂšs-utile aux angiois, et cependant notre liaison avec le Vesir ne nous adonne aucun avantage vrai et durable. * * Förster parle ici, comme en plusieurs endroits, an dĂ©savantage de Hastings d’une maniĂšre trop tranchante et fana connoitre ce dont il parie. Yoyti Haßings It Mc statt / India Land. 1786. 8. p. 4». et fuir. N. du T. Allem. SEPTIÈME ?3 SEPTIÈME LETTRE. ĂŻmoukabad 26 Janvier 1733 Je vais voui donner quelques dĂ©tails allez'courts fur mon voyage Ă  Ferroukabad oĂč je compte passer deux ou trois jours avec mes compatriotes. Probablement je n’en reverrai plus un avant mon retour en europe. Le 18 je quittai ma demeure Ă  Louknow , et aprĂšs avoir marchĂ© l’espace le 7 cosj par la chaleur et la , j'arrivai Ă  Nowill-Gounge. Le jour suivant j'atteignis Mtah-Goungue Ă©galement 7 eus». J'Ă©tois enchantĂ© ; mon petit cheval se portoit Ă  merveille. Il a , je crois. trop de force dans la mauvaise signification du mot, et Ă  la manieie dont il s’anime, dont il hennit quand il voit une jument, sĂ»rement il n’a pas toujours Ă©tĂ© trĂšs-sage; mais il est Ă©crit dans un beau livre qu’il n’y a pas de sagesse sous la ceinture, cela s’entend fous celles des hommes et des femmes; on peut pardonner un pareil soible Ă  un pauvre cheval qui n’a pas de pudeur innĂ©e, ni de* exemples de vertu pour le retenir- Meah Goungue fut bĂąti, Ă  ce qu’on m’a dit, par Aimas, et a l’air riche et peuplĂ©. Le fermier actuel est un homme actif et rangĂ©. Les habitants prĂ©tendent qu'il est trĂšs-sĂ©vĂšre pour faire rentrer les impĂŽts; mais aussi qu’il est trĂšs-scrupuleux Ă  remplir ses engagements. Je passai cette soirĂ©e avec un Patane. Il avoir quittĂ© Louknow et retournoit dans fa patrie. Il y avoir mangĂ© en arrak et en filles la plus grande partie de son bien. G’étoit surtout l’arrak qu’il aimoit avec passion. Je le vis avec Ă©tonnement vuider en trois heures et demie deux bouteilles d’une liqueur si sotte , que pareille dose eĂ»t G 1 1 n grisĂ© un Ă©lĂ©phant. Il cxcusoit ses goĂ»ts en disant que l’arrak. faisoit disparoĂźtre le, soucis qui le rougeoient lorsqu’il Ă©toit Ă  jeun. Ce MahomĂ©tan si gai avoir avec lui un vieux musicien fort mal habillĂ© , et qui avoit perdu une partie de ses dents. Notre musicien sans dents, dans les moment, oĂč son traĂźtre ne buvoitni ne eau soit, chantoit quelques odes de Hafez en s'accompagnant fur une dĂ©testable guitare. La voix eĂ»t fait enfuir la bĂȘte la plu, farouche et la plus intrĂ©pide. Ce fut Ă  Meah-Goungue , qu’un valet que j’avois pris Ă  Louknow et le seul encore que j’eusse avec moi, s’en alla avec ma carabine et un poignard Ă  moi fort bien travaillĂ©. Le 20 Ă  BanghouT-Mow , un grand village dans le district de ĂŻAimas dix cofs. Mon Patanc avoit mangĂ© son argent ; il vendit un vase d’étain qui lui valut trois roupies, il s'enivra encore ce soir lĂ , et pour que rien ne manquĂąt Ă  scs plaisirs, il fit venir une jolie fille qui, pour une demi-toupi , l'amusa tout autant qu’une fille de Louknow l’eut pu faire pour vingt. Il temoignoit le plus grand mĂ©pris pour l’Aimas. * Il trouble et empĂȘche, disoit-il » les plaisirs de l’amour, parce qu’il n’en peut pas jouir lui-mĂȘme. On apporta dans le seraouce plusieurs Cipaycs de I’Almas qui avoient Ă©tĂ© blessĂ©s Ă  l’attaque d un fort, dans les bois, qu’on venoit d’emporter aprĂšs un siĂšge de six semaines. Ces soldat» Ă©toient mutilĂ©s d’une maniĂšre horrible. Quelques uns avoient plusieurs balles dans le corps, d’autres Ă©toient Ă©corchĂ©s par les matiĂšre, enflammĂ©es qu’on avoit jettĂ©e, fur eux pendant Passant. J’avois fur moi quelques drogue,, je pansai ceux Ă  qui je crus pouvoir ĂȘtre utile, et j’eus le plaisir de rĂ©ussir. Le manque de chirurgien * Alm» st il unuq». 75 est le mal le plus affreux da les guerres des Princes Indiens , fur-tout Ă  prĂ©sent oĂč l' des armes Ă  feu est si gĂ©nĂ©ral. On peut dire, fans exagĂ©ration, que dans tes armĂ©es Indiennes, il en meurt plus des fuites de leurs blessures qu’on n’en tue dans les batailles. AprĂšs une longue journĂ©e de 14 cois, oĂč j’épuisai Ă -peu-prĂšs les forces de mon cheval, j'arrivai le si Ă  l’ancienne ville de Kinnoug , fittiĂ©e furie Callimouadi , petite riviĂšre qui fe jette dans Je Gange environ 20 milles au-dessous de Ferronkabad. Kinnoug Ă©toit avant la conquĂȘte des MahomĂ©tans une des villes les plus peuplĂ©es et les plus riches des Indes. Une preuve de la grandeur de cette ville , est qu’elle a en 3 o,ooo boutiques de bctel et 6000 danseuses et musiciens. Un amas monstrueux de ruines, qui occupe un trĂšs-grand espace, fait voir encore la grandeur de 1 ancien Kinnoug. Parmi ces ruines il y en a peu de reconnoissables, ou de conservĂ©es. On voit seulement quelques parties d’un temple de pierre , Ă©levĂ© anciennement 5 Honneur de Setha, Ă©pouse du Dieu Ram ; m-.*tte dans l’Indostan septentrional, appartient Ă  la quatriĂšme caste ou celle des 8 oudcrs parmi les Indous. 1*** Les officiers des Rohillas les plus considĂ©rĂ©s aprĂšs leurs chefs, Ă©toient Kaim-Kan, Chadie-Kan , rera»aul-Kaii , Sultan-Kan er Aloum- Kan-Dhoungiah. Ăź**-v*^ Villages dans le district de Sallanfce , partie du Rohilcound* et situĂ©e Ă  40 milles Ă  l’ouest de Barcily. Voyez les cartes de Rennels. ++ Mollah est le nom des perionnes qui font instruitei des loix et de la croyance de Mahomet et de l’Aicoran. 82 vint voir ses compatriotes dans l'Indostan. On dit que ce Mollah avoit des droits particuliers Ă  l’amitiĂ© de Daoud-Kan ; il Ă©toit ou-le pĂšre adoptif de ce chei, ou il l'avoir Ă©levĂ© dans fa jeunesse. Mais quelle qu’ait Ă©tĂ© la relation entre ce Mollah et Daoud-Kan , il est certain que ce Cha-Aloum fut fort bien reçu Ă  Beouly, et que lorsqu’il voulut'retourner en Afganistan, on lui donna une somme d’argent pour le dĂ©dommager des frais de son voyage. Le Mollah revint une seconde lois Ă  Couthair , * et Daoud-Kan le reçut avec la mĂȘme gĂ©nĂ©rositĂ©. Mais en retournant dans sa patrie , il fut assassinĂ©, et tout ce qu’il avoir fur lui fut pillĂ©. Il courut un bruit que cet aliassinat Ă©toit arrivĂ© par les ordres de Daoud-Kan , offensĂ© de quelques propos assez hauts du Mollah. Je n’ai parlĂ© de cet Aloum- Lan, que parce qu’il fut le pĂšre de cet Flafiiz Ramout , qui Un peu plus tard est devenu si cĂ©lĂšbre et si malheureux. Cependant Ă  la fin les Rohillas se brouillĂšrent avec Madar-Saha. Ils quittĂšrent son territoire, se liĂšrent avec Kand-Kan , chef de L et passĂšrent avec lui au service de Amiouth-Kan , Gouverneur de Mora- dabad. *** Ils ne restĂšrent pas long-teins non plus Ă  la solde de ce Gouverneur; mais s’approchant toujours davantage des montagnes du nord, ils firent des couises furie territoire du Rajah de Kcummajun. t Kand-Kan seul refusa avec ses troupes de prendre part Ă  ces * Le nom originaire d’une partie du Rohilcound, avant la conquĂȘte de» Rohillas on s'en sert encore dan» les registres publics du pays. ** Bareily, ville considĂ©rable et bien bĂątie dans le centre de Rohilcound. Cartes de Rennais. *** Ville anciennement considĂ©rable U partie septentrional du RohĂŒcound. Voyez les carts de Rennels. + } Pays de montagnes, assez Ă©tendu, soumis Ă  un Rajah Indice, t bornant au nord le Robiicouad* 85 expĂ©ditions ou plutĂŽt Ă  ces brigandages qui avoient toujours une mauvaise issue. Les Rohillas avoient dĂ©jĂ  pĂ©nĂ©trĂ© assez avant dans l’intĂ©rieur du pays, lorsqu’ils furent tout-Ă -coup investis de tous cĂŽtĂ©s par les montagnards. On leur coupa toute communication, et ils furent forcĂ©s de faire un traitĂ© honteux. Il fallut livrer Daoud-Kan et Ali-Mahomet au iĂźajah, qui fit exĂ©cuter le premier, et le second anroit eu pareil dessin, s’il n’eĂ»t pas trouvĂ© l'occasion de s’échapper. Les Rohillas ne conviennent pas d'avoir livrĂ© Daaud-Kan au Rajah de Coummajun. Ils prĂ©tendent qu’il fut surpris par un parti de brigands qui l’assommĂšrent. AprĂšs ce dĂ©sastre, les Rohillas se retirĂšrent Ă  BĂ©ouly et Ă  Bourreah oĂč ils avoient laissĂ© leurs familles avant leur expĂ©dition contre Coummajun. Ils s’emparĂšrent bientĂŽt aprĂšs du territoire de Madar Saha qui fut tuĂ© dans un des combats que cette expĂ©dition occasionna. AprĂšs la mort de Daoud Kan, Ali Mahomet , malgrĂ© fa jeunesse, fut choisi * pour chef par les Rohillas qui avoient aimĂ© son pĂšre adoptif. Il parut mĂ©riter cette dignitĂ©. Il etoit brave et entreprenant, et il ne nĂ©gligeoit aucune occasion d’agrandir ses possessions. Un eunuque, qui demeuroit Ă  Mounounah ** et aclministroit les biens des Omrahs qui avoient des terres dans le Couthair , engagea par vengeance Ali Mahomet Ă  attaquer le chef d'Owlah. AussitĂŽt le pays fut conquis et rĂ©uni au reste des possessions des vainqueurs. AiiMahomel alors chercha *} Mahomet-Kan , fils de Daoiifi-Kan , auquel, son pĂšre prĂ©fĂ©ra AU Mahomet, ou qui apres la mort nt je ine suis servi, porte qae Mahomet-Kan , Ă  la mort de son pĂšre , Ă©toit encore-un enfant e* qu’il resta quelques annĂ©es dans la maiion de Ali Mahomet. {** Une ville dans le Rohilcound» 8 4 et trouva bientĂŽt l’occasion de rompre avec l’eunuque ; il lui livra une bataille { + l'eunuque y resta . et le vainqueur, outre tin butin considĂ©rable , prit les biens que son ennemi administroit. MalgrĂ© cela Ali-Mahomet, par l’entremise du visir Koummcr ou !-lcyi i, se reconcilia avec la Cour de Dehli. Il fut mĂȘme chargĂ© de lever le revenus des terres assignĂ©es aux Omrahs, et ou assure qu’il les envoya exactement. * C eil de ce moment qu’on petit dater la puissance des Rohillas dans le Rchilcound. C'Ă©toit le nom par lequel ils dĂ©lignoient les districts de Coulhair et leurs autres possestions Ă  l’est du Gange. Lorsque Aimoud-Qullah- Kan ** fut Ă©loignĂ© du gouvernement de Moradahad , Hounound , chef Indou de distinction, reçut ordre d aller Ă  Moradahad, et d’anĂ©antir les Rohillas. Il paroĂźt que Omdul-oul-Moulk , ***Omrah trĂšs-puissant Ă  la cour de Mahomet-Cha, fut cause de cet ordre. Il vouloir venger la mort de l’eunuque qui avoir administrĂ© en son nom un jaguir Ă©tendu dans les districts de Mounounah et de Oiolah. Les Rohillas, fous les ordres d’Ali Mahomet, marchĂšrent contre Hounound et le battirent complettement. **** Hounound fut tuĂ© avec ses si s, Ă©t Ah-Mahomet s’empara des districts de Moradahad et de Bareily. Ce fut dans ces temps, que AĂčm- Chnn- Doung- Head , qui avoir servi le Semindar de + Cette bataille se donna en 1727 * Une rĂ©volte aussi marquĂ©e que celle que Ali-Mahomet se permit dans 1* voisinage de la cour » etson impunitĂ© , montre dĂ©jĂ  la decadence de l'empire Mogol, et prouve que cette puissance , qui avoit rendu le» armes Mogoles invincibles fous Akbar et Aurengzeb, etoit dĂ©jĂ  disparue. { ** } Dans quelques papier» fur les KohUlas, il y est dit que Azmouth- OuĂźlah fut dĂ©pouillĂ© par force de ion gouvernement par AU Mahomet. *** Cet Omrah Ă©tait connu fous le nom de Amir-Kan. {**** Ceci arriva l’an V740 r apte» l'irruption de Nadir-Shah dans les Indes. i { 85 fait ah al , * se rĂ©unit avec Mahomet, et l’engagea Ă  s’emparer du territoire de son dernier maĂźtre. Le chef des Rohillas qui ne nĂ©gligeoit aucune occasion de faire des conquĂȘtes et du butin, attaqua l'Indou et le chassa. On raconte , mais sans aucun dĂ©tail et fans fixer l’époque , qu’aprĂšs la mort de Ilounound ', Mcer-Mounnoo , fils du visir Koumm Oud-1 cyn , fut envoyĂ© avec une armĂ©e dan» le Rohiicound, pour forcer Ali-Mahomet de rendre compte des revenues du pays, et pour reprendre l’artillerie qui avoit appartenu aux troupe» d’Hounound. Ali Mahomet rencontra Meer-Mounnoo lorsqu’il palsoit >e Gange prĂšs de Iaranaghour. t Ou dit qu’ils y firent un traitĂ© , et que le Chef des Rohillas donna fa fille en mariage au frĂšre de Meer-Mounnoo. C’est ici qu’on entend parler, pour la premiĂšre fois , de Hafitz-Ramout-Chan. Tout ce qu’on fait de son arrivĂ©e dans les Indes, ff c’est que ce fut fous le gouvernement de Mahomet, qui donna au nouvel arrivĂ© une place considĂ©rable pour lui faire perdre toute idĂ©e de vengeance du meurtre de Aloum-Chan. D'Hoondi-Chan , neveu de Aloum-Chan , qui vint aussi vraisemblablement dans ce temps Ă  Rohiicound , fut aussi trĂšs-bien reçu par Ali-Mahomet. Ce dernier, plutĂŽt par ambition que par vengeance, attaqua le pays de Commajun , s’en empara brusquement, et força le Prince de s’enfuira Scrinagour. fft Il fit dans cette expĂ©dition , non seulement un butin considĂ©rable ; mais il en tira encore un tribut annuel. Les Rohillas mirent garnison dan* le» deux forteresses de Cachipour et Rouderpour , qui de- {* Ville dam la partie du nord - est de Rohiicound, au pied d’unt chaĂźne de montagnes couvertes de bois. Voyez la carte de RenneU. t Vilie dans la partie du nord-oueft du Rohiicound au bord du Gange, Voyez les cartes de Rennels. 1 tt Hafitz-Ranut-Chan vint, dit on , comme marchand au!t Indes» i+tt Un* principautĂ© indienne qui borde 1 Rohilcaund au nord. b pendoient de CĂčmnajun; et Ali-Mabomet voulut le» garder comme un monument de la vengeance qu’il avoir tirĂ©e de la mort de son pĂšre. Ali-Mabomet vivoit ordinairement Ă  Oiulah . Il introduisit un systĂšme de gouvernement assez ferme, qui protĂ©geoit la classe du peuple, quoiqu’il sĂ»t en gĂ©nĂ©ral assez violent et arbitraire. Sourdar Chan, qui avoit donnĂ© de* preuve* de courage dan* plusieurs combats, fut nommĂ© Commandant-GĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e ; et on lut assigna quelques terres pour son entretien. Fouttah-Chan * fut nommĂ© premier TrĂ©sorier et MarĂ©chal avec de* revenus considĂ©rables. Hasitz-Ramout eut Peleabat et Bareily, et Doondt-Chan eutMoradabad . Il paroĂźt qu'ai ors Ali-Mahomet craignoit et respectoit peu le pouvoir de l’Empereur. Il se rendit maĂźtre de plusieurs choses prĂ©cieuses que le gouverneur de Bengale envoyoit, par le Rohilcound, Ă  la Cour de 1 Empereur. 11 mĂ©prisoit tout autant, et brava mĂȘme la puissance de Soujdar-'joung , Souba de ‱Cudc. Il s'empara d'une grande quantitĂ© de bois de charpente que Soujdar-'joung avoit fait abattre dans les contrĂ©e» septentrionale» du Rohilcound. Sous dar -Joung Ă©toit depuis long-tems irritĂ© contre les conquĂ©rants de Kouttair , ci il eut assez de pouvoir fur Mahomet Shah + pour le dĂ©cider Ă  une campagne contre Ali-Mahomet. Le VijĂŻr Koummer-oud-Dcyn hnĂŻssoit mortellement le Souba de Oude. Suivant la coutume des courtisans de ce tems, il vouloir fortifier son parti par toute ♩ Futtah-Chan, nĂ© Indou, fut adoptĂ© par AU-Mahomet ; cela arrive aussi dans les familles Mahomctaoci, quoiqu'il y ait plusieurs autres fils lĂ©gitimes. {* Scuf'lar-Jjung, pour dĂ©cider l'Empereur Ă  marcher contre les Rohillas , promit de payer pour chaque jour de marche un lak de roupies, t un de Fizt-Oullafn dans le Laldong, et le retira avec lui Ă  Rampoie. y* S -' s > nueĂźleiriĂ©nt aux prĂ©tentions de Hafitz - Ramout, qui ambitionrioit visiblement un pouvoir illimitĂ© ; et ce* hommes prenant chaudement les intĂ©rĂȘts de la veuve de Saoud-Oullah, qui Ă©toit gĂ©nĂ©ralement aimĂ©e, balançoient le pouvoir usurpateur de Kafitz. Puisque je recueille de-s dĂ©tails fur les Rohillas, et que je rapporte ce que l’on dit gĂ©nĂ©ralement, je dois peindre ici, en peu de mots, le caractĂšre de Hafitz-Ramout. Il naquit et fut Ă©levĂ© dans un pays t oĂč chacun est accoutumĂ©, dĂšs fa* plus tendre jeunesse, Ă  regarder le service militaire comme la seule maniĂšre de vivre honorablement, et Ă  prendre son epĂ©e pour l'arbitre de tous les diffĂ©rents. Hafiiz-Ramout, de sa nature , Ă©toit brave. Cette Ă©ducation le rendit un soldat entreprenant. Son administration fut trĂšs-active, et il lui donna d'autant plus de force , qu'il en connoiffoit et les ressources et les ressorts. Il paroĂźt que dans sa vie publique il respectoit en gĂ©nĂ©ral ses engagements, et ne manquoit pas de bonne foi. Quoiqu'il eĂ»t foulĂ© aux pieds les droits d’un autre pour obtenir sa puissance ; cependant son esprit supĂ©rieur et sa bravoure lui assurĂšrent l’obĂ©issance, et peut-ĂȘtre mĂȘme l’amour de son peuple, qui voyoit en lui un maĂźtre qui savoir Ă©galement et punir et recompenser. Choujah-oud- Doulaw seul n’auroit jamais eu le cƓur de lui tenir tĂȘte en plaine. Hafitz-Ramout Ă©toit malheureux dans sa famille. Cela arrive ordinairement aux Princes d’un pays dans lequel l’hĂ©ritage appartient au plus fort. Enayat- Chan , son fils aĂźnĂ©, se souleva contre lui, fut battu et s’enfuit chez Choujah-oud- Dowlah, dans l’armĂ©e duquel il servit lors de la bataille de Bouxar. * Les + L’Afganisian. / * Xi retourna apte* dan» U Rohiicound, ctmeuiut »Tant la derniĂšre guerre des Rohillas. 9 5 fils des autres Chefs des Rohiilas avaient eu de pareilles querelles. Tous ce s diffĂ©rents faisaient naĂźtre le trouble et une fermentation gĂ©nĂ©rale , et Ă©toient cause, que lors de l’arrivĂ©e des armĂ©es rĂ©unies de Choujah-oud- Dowlah et des ariglcis, chaque Chef craignoit plus l’agrandissement de la puissance de ses rivaux que 1 irruption des ennemis. Je Unirai ces dĂ©tails en remarquant que les con- quĂ©rans Afganiens du Uohilcound Ă©toient un tas de brigands hardis et ne respectant aucune loi. AprĂšs avoir fondĂ© leur puissance dans lcshules. ils prirent, peu- Ă -peu, les vices et les moeurs effĂ©minĂ©es des peuples du sud, et se firent bientĂŽt connaĂźtre par leurs ruses, leurs intrigues et leurs artifices. Les Rohiilas, surtout dans les derniĂšres classes , ctoient. Ă  quelque exception prĂšs, la feule secte ou classe de Mahomctans, dans l’Indostan. qui travaillassent Ă  la terre; et l’abondance et l’excellence des produitrede leur pays rĂ©compensait richement leurs peines, t Les actions de Najeb Chan , surtout celles des derniĂšres Ă©poques de fa vie, Ă©tant liĂ©es avec l'hifloirc des Rohiilas, je leur ai dellinĂ© une place particuliĂšre. Cela les fera paraĂźtre dans leur jour convenable , et me donnera i occasion de rendre hommage Ă  la mĂ©moire d’un guerrier brave et gĂ©nĂ©reux, . et d’un homme d’état du mĂ©rite le plus distinguĂ©. Nnjcb- Chan , neveu de Bijcharout-Chan , dont j’ai parlĂ© plus haut, vint en Rohilcound pendant le gouvernement d’Ali - Mahomet. On lui confia une petite troupe que i on dit n’avoir Ă©tĂ© que de iĂŻ fantassins et { + Ce pays rapportoit par an aux Rohiilas un million de livres sterling, et l'administration vicieuse du Nair l’a fait tomber quelquefois Ă  trente mille livres sterling. Il rapporte au plus 40,000 liv. st. 97 de is cavaliers. Son courage et son activitĂ© le firent bientĂŽt connoĂźtre d’une maniĂšre avantageuse d’Ali- Mahomet. Il lui confia un polie ou un commandement important. Il lui fit avoir mĂȘme, pour femme . la fille de Dhoondy-Chan. Pendant que Ali-Mahomet Ă©toit Gouverneur Ă  Sirfiend, Najefc-Chan lui rendit un service important, en soumettant un Rajah Indien des environs. Lorsque les Rohillas retournĂšrent dans le Rohilcound, Dhoondy-Chan lui donna les dillricts de Duranaghour et de Chaundpour. Najed-Chan ne s’en contenta pas long-tcras il paiia le Gange et fit des incursions dans le payĂź des Goojers + jusqu es Ă  Ghoit/kgour et Sarounpour. ++ AprĂšs la mort de Mahomtt-Shah , * Soufdar-joung annonça clairement ses intentions hostile? contre la cour, gouvernĂ©e alors parle Visir Ghaze-oud-Deyn. 11 conduisit une armĂ©e contre DchĂŒ , et pria les Chefs des Rohillas, toujours prĂȘts Ă  prendre les armes, s’il y avoir quelque chose Ă  gagner ou des conquĂȘtes Ă  faire , de se rĂ©unir avec lui. Sous lar - Joung n'Ă©toit plus Ă©loignĂ© deDehii, lorsqu’un courtisan ** gagna Xajeb- Chan par des promesses considĂ©rables et t’engagea Ă  se sĂ©parer de Soufdar-^oung et de se joindre Ă  l’Empereur. Cette dĂ©fection engagea les autres troupes des Rohillas, Ă  la tĂȘte desquelles Ă©toit Hafitz-Rament, Ă  retourner dans leur patrie. Najeb Chan fut reçu par Ghaze-Oud- Deyn de la maniĂšre h. plus honorable, et nommĂ© GĂ©nĂ©ral en Chef de l’armĂ©e ImpĂ©riale, il attaqua alors + Une secte d’tndous dans les hautes qui appartiennent Ă  la quatriĂšme cafte ; ils cultivent 1. terre et portent les armes. ++ Voyez la carte de Rennels. * Mahomet-Shah mourut en 17 47 son fils \hmed'ShaU lui succĂ©da. ** Son nom Ă©toit Devising. 98 ^ y Sousdar-Joung et lui fit repasser le Gange. A la fin de cette campagne, dans laquelle le Kohilla avoir Ă©tĂ© blessĂ© , il reçut de l'Empereur le titre de Najefc-oud- Dowlah. Il marcha ensuite avec un corps de troupes considĂ©rable dans le Roh’lcound, et il Ă©tablit un bon gouvernement dans les dillricts qui lui appartenoient. Quoiqu’il ne voulĂ»t pas ĂȘtre dans la dĂ©pendance de Hasitz-Ramouth, on le regarda pourtant comme un membre de l’état des Rohillas. Le crĂ©dit de Najeb-oud- Dowlah Ă  la Cour , et son caractĂšre extrĂȘmement populaire, le faisoit craindre de Hafitz-Kamouth qui lui portoit envie. Il voyait dans l'agrandissement du pouvoir de son rival la diminution du sien. Une inimitiĂ© rĂ©ciproque amena bientĂŽt des hollilitĂ©s qui occasionncremune guerre civile parqri tous les Rohillas. Au commencement des troubles, Sauod-Oullah- Cban,.qui portoit encore le nom de Chef de l'Ă©tat avoir pris le parti de Najeb- oud-Dosvlah. Hafitz-Ramout et ses partisans le forcĂšrent bientĂŽt d’abandonner le parti qu’il avoit pris. Ils possĂ©doient les revenus du pays, et ils pouvoient ainsi le favoriser ou le gĂȘner Ă  leurgrĂ©. Najeb-oud-Dowlah , voyant qu'il ne pouvoir tenir tĂȘte Ă  la ligue redoutable sonnĂ©e contre lui, s’éloigna du Rohijcound et fa rendit Ă  la Cour. A son arrivĂ©e Ă Dehli, il fut chargĂ© de la commission, que peut-ĂȘtre il demanda, de moriginer et mettre Ă  la raison le gouverneur MabomĂ©tan de Sarounpour , * qui gardoit son territoire les armes Ă  la main , et ne vouloir rendre aucun compte des revenus qu’il Ă©toit obligĂ© de verser dans le trĂ©sor ImpĂ©rial. Le rebelle se retira Ă  * Cette ville est dans la partie septentrionale de Douab, et appartient Ă  prĂ©sent Ă  Gbouro-Kauder-Kan, ‱ p;Ăźt fil» de Najeb-oud- Dowlah. > ! 99 l'approche de Najeb ourl-Dorvlah, et les districts de Sarounpour et de Ghoufgour furent aisĂ©ment conquis. Najeb-oud-Dowlah passa alors le Gange, avec les soldats aguerris qu'il avoir avec lui, et Ăźeprit ses anciens districts auxquels il joignit ceux de Tillalabad. Il fit bĂątir, dans la partie septentrionale de ses nouvelles conquĂȘtes, la ville deNajebabad, f qui fut en peu de tems dĂ©corĂ©e de maisons belles et commodes, et devint le centre d’un commerce considĂ©rable. Il construisit aussi, Ă  un mille de cette ville , la forteresse de Najeb-Gkour. ++ Les habitants de la ville pouvoient en tems de guerre y sauver une partie de leurs biens et y trouver la furetĂ© pour leurs personnes. J’ai cherchĂ© vainement des dĂ©tails fur les premiers exploits de Najeb-oud-Dowlah ; ceux que l'on a font extrĂȘmement confus ; mais ce qu’il y a de certain . c’est qu’en 1757, Ghaze-oud Deyn l’éleva Ă  la dignitĂ© de Meer-Bouckfy * avec le titre d'Amir-oul-Oinrah. Quatre annĂ©es auparavant, en 1753, le protecteur de Najcb-oud- Dovvlah avoit dĂ©posĂ© Ahmet-Shah. son maĂźtre, et l'avoir privĂ© de ta vue.. Il mit Ă  sa place sur le trĂŽne Aloumguir Sani , pĂšre de l’Empereur actuel. Lorsque les Durannics ou Afganes pĂ©nĂ©trĂšrent pour la quatriĂšme fois dans l’Indostan, ** pour gagner quelque chose au dĂ©membrement de l'empire Mogoi, f Dans le nord du Rohilcound. V. Rennels. t+ } Cette forteresse sut autfi nommĂ©e v * Que l’on voye ThUtoire de l'Jndostan de Dow , dans le Cazanaher Omali, livre peisan, qui parle des derniers Empereurs de l’Indostan, on y trouve que Najeb - oud'- Dowlah fut Ă©levĂ© Ă  cette dignitĂ© par Ahmet-Shah Mais j'ai mieux aimĂ© suivre Dow, parce qu'il est plu* vraisemblable que Najeb-oud-Dowlah reçut cette dignitĂ© de la Cour de laquelle il Ă©toit. o3 Sooridge Moull , le chef des Jatts , commença la campagne par attaquer un laguir'dar , f MahomĂ©taa valsai de Najeb-oud-Dowlah. .Ce dernier remporta une victoire aisĂ©e et complĂšte sur son adversaire. Cette guerre fut funeste Ă  Socridge Moull , ff et cependant Najeb-oud-Dowlah n’en retira pas un grand avantage ; les Sicques inondĂšrent le district de Sarounpour. Il fut forcĂ© de marcher au-devant de ces nouveaux ennemis et de perdre les fruits de fa victoire. Dans l'automne de l’annĂ©e 1764., Najeb-oud-Dowlah fut attaquĂ© Ă  Dehli par une armĂ©e nombreuse de Ma- homĂ©tans , de Jatts et de Sicques, qu c Jcwayir Sing , fils de Sooridge Moull, avoit ramassĂ©s dans l’espĂ©rance d’anĂ©antir la puissance de Najeb oud-Dowlah et de venger la mort de son pĂšre. Ghaze-oud-Deyn , qui avoit levĂ© une troupe de Patanes de Ferrouckabad, se rĂ©unit encore avec les troupes alliĂ©es. AprĂšs un siĂšge de quatre mois, oĂč il avoit beaucoup souffert faute de provisions et d'argent, Najeb-oud-Dowlah persuada Ă  Mouttar-Row , chef des Maraues, de retirer ses troupes de l’armĂ©e de Jewayir-Sing. Celui-ci leva le siĂšge aprĂšs la dĂ©fection d’un alliĂ© si puissant, et il le fit d’autant plus vite , que le Roi des Afganes arrivent Ă  Sihrend et se pressoir de venir au secours de Najeb- oud-Dowlah. A peine cependant Najeb s’étoit - il remis de l’embarras dans lequel la derniĂšre alliance formĂ©e contre lui l’avoit mis, qu'il sentit la nĂ©cessitĂ© de rĂ©unir toutes ses forces pour dĂ©fendre ses possessions , Ă  l’ouest du Gange , contre les pillages des + Moofah-Kan , Jaguidar de Ferrouk-Nagour, district entre Dehli et Agra. ‱H SooriĂŻit-Meull fut tuĂ© en 1763 , un combat qui se donna dans les plaines de Ghezeabad prĂšs du fleuve Hindia et Ă  envirti* 18 millet de Dehli. \ l0 4 Sicques, qui paruiilciu ĂȘtre faits exprĂšs par la nature, pour faire la petite guerre. En 1770 Najeb-oud-Dowlah se rĂ©unit avec l’armĂ©e des Marattes qui vinrent en 'Indoflan , conduits par Touckejci Holkar et Mhadgte Scindia; et je trouve dans mes papiers , fur les Rohillas , que Najt b les avoit engagĂ©s lui-mĂȘme Ă  chasser les Sicques du Douai. Cepen- dantNajeb-oud-Dowlah s’affoibĂŒssoit chaque jour. Une maladie violente l’attaqua dans le camp des Marattes. Il laissa une partie de son armĂ©e fous les ordres de Tjibitah Chan , son fils aĂźnĂ©, et il alla avec le reste de ses troupes dans le Rohilcound. Riais fa maladie augmenta tellement, qu’il ne put aller qu’à Happer , petite ville dans le Douab , et il y mourut en octobre 1770. Son- corps fut portĂ© Ă  Najib et mis dans un tombeau, bĂąti par les ordres, prĂšs de cette ville. Najeb- oud-Dowlah possĂ©doit, soit en propre, soit comme un fief de remplie, une Ă©tendue de pays qui alloit de Panifrett, Ă  l’est , jusqu’à Najebad dans le Douab. Ses poste fiions Ă©toient bornĂ©es , au nord, par Sarampour, et au sud par les lauxbourgs de Dheli ; dans le Rohilcound elles s’étendoient depuis les montagnes de Sering Naghour jusqu’aux districts de Moradabad. f Les revenus de ce pays, dans son Ă©tat florissant, Ă©toient estimĂ©s Ă  cent lacks de roupies. On prĂ©tend que les pdlagfes des Sicqu-es les firent tomber au-dessous de soixante-dix, et mĂȘme ils n’eussent pas Ă©tĂ© portĂ©s si loin, si Najeb-oud-Dowlah n’eĂ»t pas su employer en maĂźtre , et la force et les nĂ©gociations dans les affaires qu’il eut Ă  traiter avec ces brigands. Ses sujets le regrettĂšrent. Ils chĂ©rissent et honorent encore sa mĂ©moire. t Ville considĂ©rable dans le Rohilcound, UtuĂše au bord dli JtVoyca ls cartes de Rannel. II I ° 5 11 soutint le caractĂšre d’un brave chef. Il favorisa l’agriculture, protĂ©gea le commerce ; et ou le considĂ©roit comme le seul officier de l’empire qu on pĂ»t opposer avec confiance aux attaques des Marattes et des Sicques. DĂ©tails fur la vit de Choujah-oud-Dowlak. Mes amis m'ayant su procurer une bonne provision de titres et de papiers-relatifs Ă  l’hiltoire de la famille de Choujah-oud-Dowlah ainsi qu Ă  fa vie , je fuis en Ă©tat de l’écrire. Ce Prince joua un rĂŽle important fur le théùtre de l’Indostan, et ses relations avec les anglois, dans les Indes, lui mĂ©ritent une place dans les annales de cette nation. J’ai choisi mes matĂ©riaux avec attention, et je les ai employĂ©s avec prĂ©caution ; ainsi , je crois fermement qu’on n’appercevra , dans mon rĂ©cit , aucune trace de prĂ©vention, ni la moindre envie d exagĂ©rer ou de supprimer les faits. Si je dĂ©sirĂ© peindie les actions de ce Prince, qui n’étoit pas un homme ordinaire , c’est pour qu’on puisse se former , d aprĂšs son caractĂšre et ses sentiments, une juste idĂ©e des dispositions et des qualitĂ©s morales d’un Indou. Clioujah-oud-Dowlah , fils de Soufdar-Joung et d’une fille d t Saadout - Kan , naquit Ă  Dehli en 1729. En Indostan ce n’est pas une longue fuite d’aĂŻeux , c’est Ja fortune et la victoire qui donne le plus de droits Ă  l'empire Cependant une naissance illustre donne encore , mĂȘme dans les Indes , un grand Ă©clat aux autres avantages d’un chef heureux ; et les descendants d'ancĂȘtres illustres -pensent ausii Ă  leur naissance avec un plaisir mĂȘlĂ© d’orgueil. Je dois Ă  la vĂ©ritĂ© de juJtisier I 1 106 les prĂ©tentions de la famille de Choujah-oud-Dowlah. Dans l’histoire de 1 Indostan de Dow , on le nomme le fils infĂąme d’un petit marchand Persan plus infĂąme encore. * Les ancĂȘtres de Choujah-oud-Dowlah demcuroient depuis long-tems Ă  Nishabour, ville du Chorasan. Ils y possĂ©dĂšrent de grands biens, et Ă©toient au nombre des personnes les plus considĂ©rĂ©es de la province. J’ai eu occasion, dans mon voyage en Perse, de parler Ă  quelques habitants de Nishabour, et ils me montrĂšrent des tĂ©moignages ou des preuves irrĂ©cusables de l’illustration de la famille de Choujah-oud- Dowlah. Pour prouver ce que j’avance, mĂȘme quand cela deviendroit un peu long, il faut remarquer, que Mirjah Nasseer, ** le grand pĂšre de Choujah-oud- Dowlah vint en lndostan au commencement du regne de Bahaoudar-Shah, *** qui lui donna une place considĂ©rable Ă  Patna , oĂč on voit encore son tombeau. Mirjah Nalseer eut deux fils. Le second , Mahomet Aumeen, apprenant la mort de son pĂšre, quitta la Perse et arriva environ en 1708 Ă  la cour de Fourrouksir. Ce Prince le nomma gouverneur d’Agra ; mais bientĂŽt il obtint des places plus importantes, et il devint Vice- Roi dOude avec le titre de Saradout - Kdn Bourhaan Oui-Moulk. La soumission de cette province , quiavoit Ă©tĂ© long-tems rĂ©voltĂ©e, lui valut sa rĂ©putation mili- * Dow cherche partout Ă  rendre odieux le caractĂšre et la famille du Visir. Choujah-oud-Dowlah entendant 1 er expreffions inlultante» avec lesquelles Dow parla de ta naissance , les attribua Ă  la vengeance que l’historien voulut tirer du refus qu’on lui avoit fait de la ferme du SalpĂȘtre dans le district de AUahabad. 1 ** Saadout-Kan avec le titre de Bourhaan-oul-Moulk. *** Cet Empereur commença Ă  rĂ©gner, eu 1707, et mouru* en 171*. { I0 7 taire , et ii fat honorĂ© de la dignitĂ© de Darogha-Kan * et du commandement de 7000 hommes- de cavalerie. Dans ce tems vint aux. Indes Mnhomet - Mouckeim , appelle ensuite Soufdar-Joung, neveu de Saadout-Kan. Il Ă©pousa la fille de son oncle, et n en eut, autant que je puis savoir, que Choujah - oud - Dowlah. Soufdar- Joung avoir du mĂ©rite et des talents. Il devint le plĂ©nipotentiaire de Saadout-Kan dans le gouvernement de Ou de. Au milieu du regne de Mahomet - Shah , '“*’ les Marattes , incitĂ©s Ă  ce que l'on croit par Nitam oul- Moulck . fl alors brouillĂ© avec la cour, pĂ©nĂ©trĂšrent dans l’empire et y firent des ravages horribles. Mais lorsqu'ils voulurent entrer en Oude , Saadout-Kan, qui commandoit ses troupes en personne , les attaqua et les battit. Il se rĂ©unit ensuite avec l'armĂ©e ImpĂ©riale , qu’on avoit rassemblĂ©s pour chasser l'ennemi ; mais fous le prĂ©texte d’une maladie , il quitta le camp de i’Empereur et retournaĂ  Oude. On dit que Saadout- Kan , liĂ© avec Nizam-oul-Moulck, avoit engagĂ© Nadir Shah a entrer dans les Indes, et lui avoit promis un secours puissant dans l’intĂ©rieur du Royaume et une conquĂȘte facile de l’Indosian. Cette conjecture elt racontĂ©e comme un fait positif dans 1 histoire de Dow. Ou la trouve aufli dans l’histoire de Nadir Shah, par Fraser-, histoire qui du reste est Ă©crite avec beaucoup de clartĂ© et de vĂ©ritĂ©. Cet auteur prĂ©tend que Saadout- Kan prit part aux intelligences perfides que quelques courtisans mĂ©contents de Dehli entretenoient avec le {* Darogka-Kan est une place Ă  la Cour qui rĂ©pond Ă  celle de Laure de !.. maiton du Roi en angteteire. 1 ** Le ?nnce monta fur le trĂŽne en 17 19 , et mourut en 3 747 t Le pĂšre Ă ĂŒdS'izam'Oul-Mtulch quj vit encore. I 9 -o8 Roi de Perse. Mais l’assertion de Fraser n’est soutenue d’aucune preqve ; et on ne trouve aucun dĂ©tail des avantages que Saadout-Kan a ut oit obtenus ou qu’il eĂ»t cru obtenir par l’invasion des Perses. Si j’osois tirer une consĂ©quence vraisemblable de la conduite de Saadout-Kan, comme elle est peinte dans Fraser, je soutiendrons que le Gouverneur de Oude n'a pris aucune part aux nĂ©gociations ou Ă  la faveur de Nadir- Shah. Car s’il avoir eu la saveur de ce Prince, Ă  laquelle il eĂ»t pu prĂ©tendre d’aprĂšs les services qu’il Ă©toit censĂ© lui avoir rendus, il n’cll pas vraisemblable qu’une partie du malheur qui Ă©crasa l'armĂ©e impĂ©riale prĂšs de Carnal , fĂ»t tombĂ©e aussi fur Saadout-Kan. On peut mĂȘme voir d’aprĂšs un endroit de l’histoire de Fraser, que Saadout-Kan ne pouvoir ni entretenir une correspondance familiĂšre avec le Roi de Perse, ni recevoir des preuves de fa faveur. Fraser dit invitation qui le dĂ©cida Ă  tenter cette entreprise ,, et ainsi de suite. dans un autre endroit il dit u Ă  >, l’approche de Nadir de la capitale , Saadout Kan ,, reçut ordre de se rĂ©unir avec l’armĂ©e ImpĂ©riale , et ,, jl avoit dĂ©jĂ  passĂ© le Gange lorsqu’on lui envoya un ,, nouvel ordre de retourner en Oude. 11 avoit Ă©tĂ© ,, dĂ©cidĂ©, dans le conseil incertain et troublĂ© de ,, Mahomet-Shah , que l’armĂ©e ImpĂ©riale entreroit en >> campagne sous les ordres du Visir, et que l’Empereur j> resteroit Ă  Dehli, dĂ©fendu parles troupes de Saadout- >> Kan, On fit savoir Ă  cet Omerah 1 ordre de 1 Emir pereur; mais une maladie ou une indisposition le >» retint Ă  Oude. Il arriva pourtant en FĂ©vrier au >> camp de Mahomet-Shah , qui, malgrĂ© sa premiĂšre -, rĂ©solution , s’étoit rendu Ă  l’armĂ©e. Le jour mĂȘme 5, de fa rĂ©union avec l’armĂ©e ImpĂ©riale , * le camp m fut attaquĂ© et pillĂ© par un corps de Persans , et -, beaucoup de soldats de Saadout-Kan y surent tuĂ©s. A 5» la premiĂšre nouvelle de cette attaque , Saadout Kan ,» quitta la tente de l'Empereur oĂč il Ă©toit allĂ© pour -> lui faire fa cour et vola au secours des siens. -, Kan Dowrhan, GĂ©nĂ©ral de l’Empereur , voulut ap- -, puyer Saadout-Kan ; et bientĂŽt la plupart des GĂ©- ,5 nĂ©raux ImpĂ©riaux qui commandoient des corps -, sĂ©parĂ©s en vinrent aussi aux mains. Nadir-Shah ap- 5 , prenant que le combat devenoit se ri eux et opiniĂątre , s, se mit lui-mĂȘme Ă  la tĂȘte de ses troupes auxquelles 55 alors on ne put plus rĂ©sister, et qui remportĂšrent s, une victoire complĂšte fur l’armĂ©e ennemie , qui 5, perdit beaucoup de monde , soit en officiers , soit s, en soldats. Kan-Dowrhan fut blessĂ© Ă  mort. Son fils 55 aĂźnĂ© fut tuĂ© avec beaucoup d’autres Omrahs , et 55 Saadout-Kan tomba dans les mains de l’ennemi. 55 Le bruit courut, que dans l'armĂ©e de Nadir, il s, y avoir eu Ăź 5 oo soldats et 7 officiers de distinction 55 de tuĂ©s, et 5 ooo blessĂ©s. AprĂšs la bataille, Nadir 55 Shah donna ordre de dresser une tente prĂšs de son 55 quartier-gĂ©nĂ©ral , pour Saadout-Kan et deux autres 55 Omerahs. Le bagage et les valets de ces officiers 55 furent envoyĂ©s au camp. Aucun d’eux ne devoir 55 se faire connoĂźtre Ă  son maĂźtre , et il ne fut pas 55 permis aux prisonniers de fe servir de leurs propres 5 > provisions. -, AprĂšs cela Mr. Fraser ne parle plus de Saadout-Kan. * L’armcc Ă©toit Ă  Carnal, campĂ©e Ă  environ 10» mille,, Ă  l’oueft, de Dehli. r>° Il dit seulement qu’on lui donna le commandement de la ville de Dehli le jour que Nadi. Shah fit son entrĂ©e; que le J Mars 17 3g , Nadii-Shah Cappella et l’accusa d'ĂȘtre le principal obstacle Ă  la levee drs contributions imposĂ©es ; et il ajoute , que Saadout Kan , qui depuit long-tems Ă©toit malade , mourut le jour suivant. Fraser finit ces dĂ©tails , fur Saadout Kan , en conjecturant ou en rapportant le bruit qui courut qu’il mourut de chagrin Ă  cause des reproches de Nadir-Shah. D’autres disent, que par jalousie il s’empoisonna. * D aprĂšs l’extrait de ce que dit Fraser, sur la conduite de Saadout-Kan , et que je viens de communiquer , on dĂ©cider la qtestioi. s’il est croyable que Saadout-Kan ait invite Nadir-Shah Ă  venir en Indostan. Cet Eciivain, qui nous a donnĂ© une partie intĂ©ressante de 1 histoire Indienne , remarque , dan» d’autres endroits, que le Roi de Perse donna , Ă  plusieurs Omrahs de la cour de Mahomet - Shah , des marques de bontĂ© et de gĂ©nĂ©rositĂ© ; mais il ne cite pas un seul exemple de gĂ©nĂ©rositĂ©, mĂȘme de douceur, envers Saadout Kan. Au contraire , il paroĂźt d'aprĂšs l’histoire de Fraser, que Saadout-Kan perdit beaucoup Ă  la bataille de Karnal , et fut traitĂ© ensuite avec beaucoup de duretĂ©. Soufdar Jeung , qui vivoit en Oude lors de la mort de son oncle , lui succĂ©da dans le gouvernement. Une tradition conservĂ©e dans cette famille , raconte que cela arriva par la grĂące de Nadir-Shah. Mais la conduite gĂ©nĂ©reuse du Roi de Perse envers Mahomet- Shah, me porte plutĂŽt Ă  croire, que Soufdar-Joung {* A Dehli on cioyoit qu’il Ă©toit mort des suites d’un abcĂšs Ă  la rr- fut nommĂ© par son propre Prince. AprĂšs le dĂ©part de Nadir-Shah de Dehli, Soufdar-Joung vint Ă  la cour, et obtint la dignitĂ© de Mecr-Atousch ou de Commandant-gĂ©nĂ©ral de l’artillerie ImpĂ©riale. En 1746 , Ahmet - Shah d’Afganie entra dans l'In- dostan, et avoit dĂ©jĂ  pĂ©nĂ©trĂ© jusqu’à Sihrend , lorsque l’armĂ©e Mogole l’arrĂȘta. Soufdar-Joung avoit une des premiĂšres places dans cette armĂ©e. BientĂŽt aprĂšs, Ahmet-Shah, * le Mogol, monta fur le trĂŽne, et Soufdar-Joung fut Ă©levĂ© au Visirat, et son fils Ghoujah- oud-Dowlah eut le commandement de l’artillerie ; mais Ghaze-oud-Deyn, petit fils du grandNizam-oud- Moulck,Najeb-oud-Dowlah,le Rohilla, et Tameid-Kan, un eunuque de la cour, se rĂ©unirent contre Soufdar-Joung etle forcĂšrent de quitter Dehli. Avant de s’éloigner, il fit tuer Tameid-Kan dans une grande fĂȘte qu’il lui donna dans fa propre maison. Soufdar-Joung ramassa bientĂŽt des forces considĂ©rables , attaqua le territoire de l’empire, et assiĂ©gea Dehli, ** qu’il tint Ă©troitement resserrĂ© pendant six mois. On l’accuse d’avoir, pendant cer liĂšge , exercĂ© plusieurs cruautĂ©s de gai tĂ© de cƓur. Par exemple , il fit tirer fur le palais de l’Empereur dont la ruine ne lui facilitent en rien la prise de la citadelle- Ea cour fut enfin obligĂ©e de se soumettre aux conditions du rebelle. Il demanda que les provinces de Oude et de Allah a- badlui fussent cĂ©dĂ©es pour lui et ses hĂ©ritiers. Soufdar- Joungmouruten 1754 fous le regne de Aloumgouir Seyn, et son fils Choujah-bud-Dowlah , f ĂągĂ© alors de r 5 Ce Prince commença Ă  regnei en 1747. ** Cela arriva en 17 53 . + } Le nom de famille de ce Prince Ă©toit Tillah-oud-Deyn-Hyder. Son pĂšre , qui dam le tems de fa naissance Ă©toit Ă  Oude , fit bĂątirdans r" ans. devint Ă  ÂŁa place Sonba de Onde. Mon but n’est p is de m’etendre longuement fur Soufdar-Joung. Il me fuflira de dire que son caractĂšre Ă©toit dur et souvent cruel, et que son esprit de pillage le tendit gĂ©nĂ©ralement odieux. Pour expliquer les commencements de la vie publique de Choujah oud Dowlah. il faut peindre la position de la cour de DĂ©bit dans ce temps. Ghaze-oud-Deyn, qui en 1753 avoir dĂ©posĂ© Ahmct-Shah et l'avoir privĂ© de la vue , tir va Aloumgouir Sayn lur le trĂŽne. Ali Ghohir Ids aĂźnĂ© de te nouvel Empereur, connoistant la perfidie etles projets dangereux de ce Ministre, s’ensuit de Dehli. t; Le fugitif, accompagnĂ© d une petite troupe de MarĂątres qu il avoir pris as. solde pour quelques mois, leva quelques contributions dans les districts situĂ©s an sud de la capitale ; mais ces contributions ne Liffiloient pas pour entretenir ses troupes. 11 demanda du secours au Kohilla Najeb-Kan, et ayant efluyĂ© un se rendit sur le territoire de Ghi ujah Le Piince fut traitĂ© pendapt quel ;ues tems Ă  Oude avec de grands honneurs et des Ă©gards dns a 1 lies jitaiiiĂ© ; mais on ne lui donna pas de troupes Enfin on le lit partir d’une maniĂšre polie, et 1 i alla Ă  Aliahabad, on dans ce temps Mahomet . nĂ© en Perse et cousin de Choujah-oud- Dqwlaii, eteit Gouverneur. Mahomet Couli adopta avec vivacitĂ© le» projets du Prince. Il vouioit faire la conquĂȘte .du Behar et du Bengale. Les troupes rĂ©unies pastĂšrent le Caramaffa et furent, aprĂšs plusieurs alternatives de revers et de succĂšs, battues prĂšs de le voisinage rie Loueknow le fort Tillahabad , en mĂ©moire de son bonheur d'.tvoir un fil*. t Cela arriva en 1758. Souan par les anglais. La maniĂšre honorable dont on reçut Ali-Ghohir pendant son sĂ©jour dans le camp anglois, excita la jolousie de Cassoum-Ali-Kan. Il fit sentir, d’une maniĂšre fort dure, combien cette liaison avec un Prince qui venoit d ĂȘtre son ennemi, lui dĂ©- plaisoit. Le Prince accusa Cassoum, Ă  son tour, de vouloir faire soulever ses troupes ; ce qui arriva aussi d’une maniĂšre fort dangereuse, et ce qui eĂ»t attirĂ© au Prince plusieurs affionts, si les anglois ne l’eussent pris fous leur protection. Ces Ă©vĂ©nements forcĂšrent Ali-Ghohir de se retirer encore auprĂšs de Choujah- oud-Dowlah, qui reçut le Roi * fugitif avec les honneurs les plus distinguĂ©s , et s Ă©tablit le dĂ©fenseur de la cause des Rois. Pour mettre dans son jour un point de l'histoire de Choujah - oud - Dowlah , je dois remonter jusqu’au* tems plus anciens, et en chercher l’origine. Soufdar- Joung avoir nommĂ© son neveu, Mahomet-Couli-Kan, Gouverneur Ă  Allahabad. Il paroĂźt que ce Couli , dĂšs le commencement de l’administration de Choujah- oud-Dowlah, fut se soustraire tout-Ă -fait Ă  la dĂ©pendance dans laquelle il Ă©toit de la cour de Oude. Choujah oud Öowiah connoissoit trop les talents militaires et la popularitĂ© de ce Gouverneur, pour commencer contre lui des hostilitĂ©s publiques. Pendant son entreprise contre le Behard et le Bengale , Maho- met-Couli avoir remis l’administration de ses pays Ă  N ou dj es Kan , qui s’est fait , dans la fuite , assez con- noĂźtre dans les Indes. Choujah - oud - Dowlah saisit l’occasion favorable de l’absence de Couli, et avança t Dans ce teins Ali-Gkohir avait succĂ©dĂ© Ă  son pĂšr, du moins U en avait pris le titre. Le pĂšr mourut en ij6o. ”4 avec une petite armĂ©e sur les frontiĂšres d’Allahabad. Il entretint une liaison d’amitiĂ© avec Noudjes-Kan et le trompa par les assurances les plus solcmnelles de la part qu’il prenoit au bonheur de Mahomet-Couly. 11 lui dit que l’irruption des Afgancs l’avoit forcĂ© de venir dans ce pays pour chercher un aille , pour fa famille , dans la forteresse de Allahabad , n’ayant pas dans son pays une feule place d’une Ă©gale force. Noudjes- Kan ne voulut pas lui accorder fa priĂšre , mais il le renvoya Ă  Mahomet-Couly. Celui-ci donna ordre de recevoir , dans la citadelle , la famille de Choujah- oud-Dowlad avec un nombre fixĂ© de domestiques et de gardes. On dit que Choujah-oud-Dowlah avoit parmi les femmes de son Harem , plusieurs hommes dĂ©guisĂ©s, qui attaquĂšrent la garnison et prirent la citadelle sans rĂ©pandre de sang. Cette conquĂȘte , faite en 1761, troubla tout le bonheur de Mahomet Couly, et le rendit tout-Ă -fait dĂ©pendant de Choujah-oud-Dowlah, qui, quelques mois aprĂšs, le fitjetter en prison comme un criminel d’état. Mahomet- Couly Ă©toit trĂšl-aimĂ© des troupes de Oude Ă  cause de fa gĂ©nĂ©rositĂ© et de fa bravoure. Leurs plaintes Ă©clatĂšrent et dans des comparaisons peu favorables Ă  leur Prince, ils plaignoient le fort du prisonnier. Noujej-Kan . aprĂšs la prise d’Al- lahabad, Ă©toit passĂ© au service de Choujah-oud-Dowlah. Il mit beaucoup de zĂšle Ă  dĂ©livrer Mahomet-Couly , zĂšle qui l’exposa mĂȘme Ă  quelques dangers. Car Mahomet Ă©toit devenu Ă  la cour de Oude un tel objet d’effroi , que Choujah-oud-Dowlah ne put fe tranquilliser qu’en faisant assassiner son prisonnier. Choujah-oud-Dowlah obtint de 1 Empereur la dignitĂ© de Vilir, et ayant en sa puissance une armĂ©e nombreuse et la personne de l’Empereur, on pouvoir le 115 regarder, avec raison, comme le Prince le plus puissant en Indoflan- t. En 1793 la guerre Ă©clata entre Cafloum-Ali-Kan et les anglois. Elle finit, aprĂšs toutes sortes d’évĂšnements , par l’expulsion de Cafloum - Ali du Bengale. Cafloum se retira vers la fin de cette annĂ©e, avec le reste de se» troupes et un trĂ©sor considĂ©rable , auprĂšs de Choujah-oud Dowlah. L’administration anglaise , dans le Bengale, se plaignoit depuis long-tems que Choujah- oud-Dowlah assistĂąt les ennemis ; elle avoit Ă©tĂ© toujours trompĂ©e par ses rĂ©ponses insidieuses. Enfin elle dĂ©couvrit qu'il avoit ramassĂ© son armĂ©e Ă  BenarĂšs , et qu’il se prĂ©paroit de faire une irruption dans le Beiiar avec Cafloum - Ali. Une lettre qu’il envoya Ă  + Mahomet-Couli fut assassinĂ© dans le fort de Tillalabad. Cet exemple nous montre un mal qui fe trouve communĂ©ment dans les Ă©tats Asiatiques. Un Hrincç despotique ne peut pas toujours faire assez respecter son systÚ»oe de tyrannie, pour que les sentiment» et les propos de les sujets s’accordent toujours avec ses ordres. Les poignards abrĂšgent et facilitent tout. Sans eux, Tam»erlan, Nadir-Chah, et de nos jours Hyder-Ali, n’eussent pas trouvĂ© leurs conquĂȘtes si faciles. Lorsque Choujah-oud-Dowlah forma le projet de se dĂ©faire de Mahomet Couli, la domination n’étoit pas encore fondĂ©e. Les officiers de son armĂ©e, composĂ©e de Persans, de Mogols et d’Asganes , Ă©toient des gens hardis et inquiets , Ă  qui il Ă©toit du considĂ©rablement sur leur solde. Ils voyoient, dans Mahomet-Couli un brave guerrier, d’une naissance illustre , et gĂ©nĂ©ralement aimĂ© par sa douceur etsa gĂ©nĂ©rositĂ©, ils avoient Ă©tĂ© tĂ©moins de la perfidie de Choujah-oud-Dowlah , vis-Ă - vis de lui, et craignoient pour lui l’avenir. Autant ce Prince redoutoit les grands talents autant il craignoit d’exprimer et d’exĂ©cuter ouvertement ses projets’. S’il eĂ»t citĂ© publiquement son prilonnier Ă  son tribunal, ou s’il eĂ»t ordonnĂ© publiquement fa mort, Ăąl eĂ»t pu craindre une rĂ©volution. L’épuisement de ses finances , les somme* Ă©normes dues aux troupes , et un dĂ©faut naturel de gĂ©nie militaire, avoient diminuĂ© beaucoup la discipline de l’armĂ©e. Telle fut la nĂ©cessitĂ© cruelle qui força un despote, Ă  moitiĂ© armĂ©, d’avoir recours, pour sa propre furetĂ© et le repos de son pays, Ă  un lĂąche assassinats. l’àdministration du Bengale , annonça son projet d’une maniĂšre peu Ă©quivoque. ĂŻl disoit, dans des termes hauts et mĂ©prisants , que les anglois avoient abusĂ© clĂ©s bontĂ©s des Souverains de lIndoflan ; qu’ils avoient semĂ© le trouble dans le Royaume ; qu’au lieu de se borner , comme il convenoit Ă  des marchands, Ă  leur simple commerce , ils s’étoient mĂȘlĂ©s des affaires de l’empire , et avoient placĂ© et dĂ©placĂ© Ă  volontĂ© des officiers de l’Empereur. 11 les sommoit de rendre compte de leur conduite , et de retirer toutes leurs troupes des provinces ImpĂ©riales. S’ils n’obĂ©iffoient pas Ă  ces ordres, il les de la disgrĂące de l’Empereur, disgrĂące qu’il appeloit une image de la vengeance cĂ©leste. Quoique Choujah - oud - Dowlah. eĂ»t promis Ă  Cassoum-Ali de le remettre dans ses Ă©tats, il n'est pas croyable qu’un homme qui venoit de faire affastĂźner son parent eĂ»t voulu risquer , pour un Ă©tranger , sa furetĂ© et mĂȘme sa vie , sans des avantages clairs et considĂ©rables. S’il eĂ»t Ă©tĂ© le plus fort dans fa guerre avec tes anglois , on peut croire , d’aprĂšs sa maniĂšre d'agir, qu'il eĂ»t rĂ©uni les pays conquis Ă  ses domaines fans le moindre scrupule. En 1764 011 apprit Ă  Calcutta, que l’armĂ©e du Visir et de Castoum - Ali, avec quelques troupes ImpĂ©riales , »voit percĂ© jusque dans les environs de Patna oĂč les troupes angloises s’étoient retirĂ©es avec prĂ©cipitation Ă  leur approche. Les ennemis attaquĂšrent les retranchements anglois ; mais ils furent repoussĂ©s , et ils reculĂšrent jusqu'au fleuve Soane. Alors le Visir fit des .. propositions de paix aux commandants anglois. Les anglois avoient plein pouvoir pour traiter avec le Visir; mais leurs instructions portoient d’insister, dans les articles prĂ©liminaires,fur la reddition de Sombro et l’extradition des dĂ©serteurs europĂ©ens. Deux cents Ă -peu-prĂšs avoient passĂ© Ă  l’ennemi. Le Vilir ne vouloir, en proposant la paix, qu’obtenir un armistice pour pouvoir complĂ©ter son armĂ©e. On a prĂ©tendu qu'il chercha Ă  gagner Jaffier-Ali-Kan, que les anglois avoient fait, pour la seconde fois, gouverneur de Lehar et de Lengale , aprĂšs avoir chassĂ© Le Vilir, dans la fuite, ne nia pas ces intelligences secrĂštes, que Mondocomar paroĂźt avoir + entretenues pour Meer Jastier. C’étoit lui qui assuroit le Vilir que son maĂźtre Ă©toit disposĂ© Ă  conclure une paix sĂ©parĂ©e. Choujah-oud-Dowlah tira de grands avantages de la crainte de Cassoum-Ali, que la dĂ©faite prĂšs de Patna avoir fort effrayĂ©. Il attira d’abord Ă  lui ses meilleures troupes europĂ©ennes et indiennes , et il lui enleva mĂȘme une grande partie de son trĂ©sor et de ses provisions de guerre. Lorsqu’on eut vu clairement l’intention du Vilir, on prit le parti de faire attaquer son camp par les troupes angloifes. Les anglois , aprĂšs un combat opiniĂątre de cinq heures, remportĂšrent une victoire complĂšte. +t Cette dĂ©faite, prĂšs de Bouxar , gĂȘna considĂ©rablement le Visir dans sa carriĂšre politique et militaire. Tous ses alliĂ©s l’abandonnĂšrent. Shah-Allum chercha dans une situation qui ne rĂ©pondoit pas Ă  fa dignitĂ© ImpĂ©riale , un asile dans le camp anglois, et accusa hautement Choujah-oud-Dowlah d’avoir fait servir l’autoritĂ© royale d’instrument Ă  son ambition et + C’étoit ce mĂȘme homme qui fut condamnĂ© Ă  mort, pour des faux qu’il avait faits , par arrĂȘt du tribunal luprĂšme de Calcutta. ++ L’armĂ©e angloise Ă©toit composĂ©e de 85 / europĂ©ens , et de 621 5 Indiens. Il y eut des premiers 101 et des seconds 773 , tant tirĂ©s que blessĂ©*. L’armĂ©e de ChoĂ»jaU Ă©toit portĂ©e a 40,000 , dont 2000 restĂšrent iur la place, il avoit i 3 i canons, le* anglois les purent pendant et aprĂšs U bataille. L "8 Ă  son aversion pour les anglois. C’étoit la seconde fois que le malheureux Shah-Alloum cherchoit un asile dans une armĂ©e angloise. ConsidĂ©rons ici un moment ces rĂ©volutions, qui, dans un espace de tems aller court, ont frappĂ© l'empire Mogol, on verra avec un Ă©tonnement mĂȘlĂ© d’cffroi, ce qui doit humilier le plus superbe, qu’elles ont Ă©branlĂ© jusques dans ses premiers fondements 1 illustre maison des descendants de Tamcrlan. Sous le regne d Aurengzeb , f on peut dire avec vĂ©ritĂ©, que l’Indostan, pour ses richesses , son luxe et sa force militaire, Ă©toit le premier empire de l’Asie. Dans ce tems les anglois n’étoient connus que comme des marchands fur les cĂŽtes. Ils y demeuroient et y commerçoient avec toute forte d’entraves. Si l’on considĂšre ce qui se passe de nos jours ; le foible Souverain de Dchli, un descendant assez proche du grand Aurengzeb, est forcĂ© par le renversement de sa fortune, dans ce pays mĂȘme, qui Ă©toit il y a si peu de tems la propriĂ©tĂ© de scs ancĂȘtres, d’implorer la protection et les secours d’un sujet anglois. ff Cependant le Vifir avoit appris, Ă  ses dĂ©pens, Ă  connoĂźtre la supĂ©rioritĂ© de l’armĂ©e angloise, et desiroit alors sĂ©rieusement la paix; mais il refusoit toujours d’accepter les prĂ©liminaires, comme l’administration de Bengale les avoit proposĂ©s. Il ne vouloir pas livrer Cassoum-Ali et Sombro. Mais en mĂȘme-tenu il promit de se dĂ©faire de l’un de maniĂšre ou d’autre, et d’éloigner le second de son territoire. On rejetta le t Ce Prince mourut en 1707 , aprĂšs avoir rĂ©gnĂ© Ă -peu-prĂšs 5 o ans. tf On a vu la meme choie dans la personne de Chandar-Shab , fila aĂźnĂ© de Shah-Alloum. Il a par l'entremise de l'administration de Bengale trois lacks de roupies par an fut les revenus d’Qudc. “9 changement des articles, et le Colonel Mounro marcha avec son armĂ©e sur BenarĂša. La dĂ©sertion d’une partie des soldats europĂ©ens , et la retraite des troupes angloises fur Patna, lorsqu’il Ă©toit entre dans la Bchar, avoit donnĂ© au Visir l'espĂ©rance du succĂšs. La dĂ©faite prĂšs de Bouxar dĂ©truisit cette espĂ©rance; mais dĂšs ce moment le Visir commença Ă  organiser son armĂ©e d’aprĂšs un nouveau plan qu'aucun Prince Indien n’avoit conçu et exĂ©cutĂ© avant lui. L’auteur d’un manuscrit prĂ©cieux, + qui m’a Ă©tĂ© fort utile pour ma collection historique , assure que la vĂ©ritable puissance du Visir date de la bataille de Bouxar. Ce Prince avoit ramassĂ© une armĂ©e trop considĂ©rable, pour qu’il pĂ»t s'entretenir sur ses revenus. C’étoit l’usage ordinaire en Indostan , et il l’avoit suivi. D’ailleurs, lorsqu’on a mĂȘme les fonds nĂ©cessaires, les payements militaires se font dans les Indes par des gens dont l’aviditĂ© est dangereuse. Cela a par soi-mĂȘme des suites funestes, qui le deviennent encore davantage lorsqu’on laisse arriĂ©rer les comptes. Les troupes du Visir consistoient, en grande partie , en cavalerie et dans un corps pesant d’artillerie ; ces deux corps Ă©toient composĂ©s de gens de toutes sortes de nations et de races, et surtout de Mogols. Ces hommes naturellement violents et fans frein, ne soufftoient qu’en murmurant qu’on arriĂ©rĂąt leur paye. Les cris furieux avec lesquels ils demandoient le restant qui leur Ă©toit dĂ», excitoient des sĂ©ditions dangereuses, ou forçoient de prendre des moyens dĂ©sastreux pour le pays et les sujets. On donnoit des assignations fur les administrateurs ou les fermiers des districts, chez lesquels les soldats vivotent Ă  discrĂ©tion, jusqu'Ă  ce que le tout leur sut payĂ©. Les violences que de tels {t Le Colonel Polier, \ 120 moyens occasionnoient, laifloient Ă  peine de quoi subvenir aux autres besoins de l'Ă©tat. La dĂ©faite prĂšs de Bouxar tira le Visir de cet embarras. La cavalerie Mogole fut la premiĂšre qui quitta le champ de bataille presque sans rĂ©silier. File sent'it sa lĂąchetĂ©, et elle n’osa jamais retourner fous les drapeaux du Visir. L armĂ©e angloisr partit de BenarĂšs pour assiĂ©ger Goumar Ghqur. Apres deux assauts inutiles, on se vit obligĂ© de retourner Ă  EenarĂšs. Boulwount Sing, Rajah de cette province, avoit joint une partie de scs troupes Ă  celles du Visir dans la campagne contre les anglois , et elles avoient Ă©tĂ© campĂ©es au nord du Gange vis Ă  vis , 1 a plaine de Bouxar. AprĂšs la bataille, le Rajah se retira de l’armĂ©e du Visir; ,il conclut un traitĂ© avec le Colonel Mounto, et il passa dans le camp anglois. Mais les anglois ayant Ă©tĂ© repoussĂ©s de Gcumar-Ghour, et le Visir revenant, le Rajah quitta tout-Ă -coup BenarĂšs et ses nouveaux alliĂ©s Le Colonel Mounto quitta dans ce tems, au commencement de 1760, le commandement de l’armĂ©e, et le Major Fletcher lui succĂ©da. Celui-ci partit sur le champ de BenarĂšs pour aller chercher le Visir. Il partagea l’armĂ©e en deux divisions, l’une, fous lĂ©s ordres du MajorStibbert, prit le soit Ghounar Ghour, et pĂ©nĂ©tra jusque dans l’intĂ©rieur des pays du Visir. Le Major Fletcher conduisit l’autre lui-mĂȘme dans les diflricts de Allahabad qu’il soumit Ă©galement. Le Visir trop soible contre les anglois. appela un corps de Marattes Ă  son secours. Ils entrĂšrent fur son territoire du cĂŽtĂ© de Corah; f mais en 1765 le GĂ©nĂ©ral Carnac les battit. BientĂŽt aprĂšs ce mĂȘme gĂ©nĂ©ral les attaqua une seconde t Ce district , qui appartient au territoire de Allahabad, est bornĂ© par le Joumna. sois ISI sois et les repoussa-, mais ils emportĂšrent une grande partie du bagage des anglois. Pourtant ils furent obligĂ©s de reculer jusqu’au Joumma, qu ils repassĂšrent prĂšs de CoulpĂ©e. Ils se rassemblĂšrent encore, mais aptes un combat fort court, ils furent tout-Ă -fait dispersĂ©s.' Le Visir a voit engagĂ© les Marattes Ă  venir en Oude . fans prendre de mesures pour le payement de leur solde , craignant que s’ils n’étoient pas payĂ©s , ils ne s’en prissent Ă  fa personne, ou qu’ils n’excitassent du trouble dans son armĂ©e ; il ne fe joignit jamais Ă  eux. Alors la position du Visir devine fort triste. Il avoit perdu la plus grande partie de son pays. Son armee Ă©toit affoiblie par la dĂ©sertion. Il Ă©toit sans trĂ©sor et sans alliĂ©. Abattu, plein de pressentiments tristes, il s’étoit rendu, + aprĂšs la bataille de Bouxar, dans le Rohilcound; il vouloir chercher un asile pour fa famille et implorer le secours des Rohillas. Hasitz Piamouth le reçut avec les honneurs dus Ă  son rang. Il lui procura toutes les commoditĂ©s qu’il pouvoir attendre t mais il lui conseilla sĂ©rieusement de faire la paix avec les anglois. C’étoit le seul moyen de le sauver. Dans cet Ă©tat de dĂ©tresse et d impuissance , le Visir le dĂ©cida enfin Ă  fe rendre Ă  discrĂ©tion aux anglois. Il envoya un officier françois , nommĂ© Gentil, dans le camp anglois * pour connoĂźtre sĂ»rement les dilposi- t La justice dut Ă  un homme qui s’est distinguĂ© par la noblesse de sts sentiments et la bravoure dans les Indes , exige que je parle ici de Ahmet- Kan Boungish, Nabob de Ferroukabad. AprĂšs la bataille de Bouxar, le Colonel Mounro le pria de l’aider Ă  abattre tout-Ă -fa ; t Chou ih-oud-Dowlah , qui avoit toujours Ă©tĂ© l’ennemi dĂ©clarĂ© de fa maiion ; il rĂ©pondit, que Ion honneur ne lui permettoit pas de prendre les armes contre un ennemi dĂ©jĂ  vaincu. Ćž J NouojĂźf-Kan fut aulh employĂ© dans ce tems pour nĂ©gocier'avec les anglois , mais cet officier pentoit plus alors Ă  exĂ©cuter les projets, qu’a obtenir des conditions favorables pour Ion maĂźtre. K *** lions tic les ennemis Ă  Ion Ă©gard. Cet officiel; remit au Commandant une lettre dontlc style Ă©ioii bien diffĂ©rent de la premiĂšre. Le Vifir y marquoit, que les diffĂ©rents entre lui et les angiois dĂ©voient ĂȘtre regardes comme des coups de la providence; qu'il avoir assez Ă©prouvĂ© sa fortune , et qu’il Ă©toit rĂ©solu Ă  le soumettre Ă  la justice des officiers de l’illustre nation angloise. Il stnilsoit sa lettre, qu’il avoir Ă©crite lui-mĂȘme, en disant je n’ambitionne plus ni pouvoir ni richesses. Votre amitiĂ© est tout ce que je desire. Je ferai, j’espĂšre , bientĂŽt auprĂšs de vous, et vous ferez de moi ce que vous voudrez. Lord Clive Ă©toit alors venu en Bengale. Il avoir du gouvernement ic plein pouvoir de traiter avec le Visir conjointement avec le gĂ©nĂ©ral Karnac. Lord Clive trouva le Visir en 1765 Ă  Allahabad , oĂč la paix fut conclue aux conditions suivantes La paix entre les deux parties contractantes , secours rĂ©ciproques si les pays de l’un ou de l'autre Ă©toiect attaquĂ©s ; le Visir ne devoir souffrir sur ses terres ni Caffoum-Ali, ni Sombro, ni les dĂ©serteurs angiois-, Corail et Allahabad cĂ©dĂ©s Ă  1 Empereur; Ă  Boulwount-Sing la dignitĂ© de Tjmmdar de BenarĂšs comme un fief du Souba de Oude ; Khonar-Ghour, forteresse de cette province, devoir appartenir aux angiois ; on ne pouvoir lever aucun impĂŽt fur les biens de la compagnie dans le domaine du Visir ; les sujets du Visir, liĂ©s avec les angiois dans cette guerre, restoient impunis, et ce traitĂ© devoit obliger mĂȘme les descendants du Visir. Ce fut Ă  ce prix , que les angiois vainqueurs, rendirent au Visir ses provinces, aprĂšs l'avoir rĂ©duit, par leurs armes, Ă  la derniĂšre extrĂ©mitĂ©. Les conditions accordĂ©es annoncent u n caractĂšrenobie et hĂ©roĂŻque et la grande ame qui les dicta. La mĂ©moire du hĂ©ros de* .-Z Indes ne mcritoit pas la flĂ©trissure que Dow lui imprima, en dismt Choujah - oud - Dowlah avoir encore de grandes richesses, et la vertu des vainqueurs ne put rĂ©sister aux tentations. Il est prouvĂ© que Lord Clive constamment toutes les offres de prĂ©sens qui lui furent faites par le Vtsir. Outre le traitĂ© publiĂ© , f il y eut encore une convention secrĂšte, d’aprĂšs laquelle le Visir devoir payer Ă  la Compagnie angloise cinquante + La restitution des pavs du Visir ne faisoit pas seulement honneur au caractĂšre de la nation angloise, mais elle Ă©toit commandĂ©e mĂȘme parla politique. Elle montrait aussi une pĂ©uĂ©lr$ion qui lil’oitjuiques dans l’avenir. La triste expĂ©rience des tems qui ont suiri l’a prouvĂ©. Lord Clive ecrivoit Ă  la Compagnie? nous avons remis Choujah-oud- Dowlah en possession de ses pays, plutĂŽt pour ne pas Ă©tendre davantage les pays de la Compagnie, que pour attacher Ă  nos intĂ©rĂȘts pour jamais le ViUr par la reconnaissance. Cela a bien paru ĂȘtre le motif apparent , et pluheuis l’ont cru le motif vrai de notre conduite ; mais si l’ambition eĂ»t pu nous aveugler au point de conserver les terres du Visir , l’expĂ©rience nous eĂ»t bientĂŽt appris qu’un tel plan Ă©toit impraticable. Il eĂ»t fallu augmenter l’armĂ©e, et nommer plus de gouverneurs. Des abus fans nombre se fussent introduits. On eĂ»t exercĂ© des concussions qu’on n’eĂ»t pu ni empĂȘcher ni arrĂȘter , Ă  cause de l’éloignement du siĂšge de l’administration ; et nĂ©cessairement nous eussions eu une nouvelle guerre. Nos anciennes possessions , nos privilĂšges eussent couru des risques par les mesures violentes pat lesquelles nous eussions dĂ» dĂ©fendre les nouvelles ; et les naturels du pays eussent Ă  la fin triomphĂ© de nous. U nous eĂ»t Ă©tĂ© impossible de soutenir plus long-teins le poids de notre ambition. On doit savoir que dan* les Indes , l’usage est d’offrir des e rĂ©ie»4 aux personnes de distinction et qui ont quelque crĂ©dit, ou Ă  ceux qui ont quelque influence fur elles , peur la protection qu’elles accordent aux biens ou aux personnes. Si de tels prĂ©sents font refusĂ©s, on croit qu’ils font mĂ©prisĂ©s, Ă  cause de leur inediociitĂ© , ou que la personne Ă  laquelle on les offre a dĂ©jĂ  reçu une rĂ©compense plus brillante. Choujab-oud-Dowiab , fut effrayĂ© au commencement du refus de Lord Cuve , il craignit qu’il ne lui fut pas favorable; et ensuite ce Prince fut trĂšs Ă©tonnĂ© du dĂ©sintĂ©ressement de LordCiive, lonqu’aprĂšs la conclusion du traitĂ© , l’ voulut bien recevoir un anneau d'asser peu de valeur comme une marque d’amitiĂ©. K % '-4 laks de roupies, pour dĂ©dommagement des frais de la guene. Dans ce teras les anglois ne le mĂȘloient pas publiquement de l’adminifiration des affaires de Bengale, adminisiraiion, qui, Ă  la mort de Mcer-Jaffier, avoit p a liĂ© Ă  son fils Nouzzoum-oud-Dowlah. Cette alliance fut conclue, d’un cĂŽtĂ©, par Choujah- oud-Dowlah, et de lautre, par le Souba de Bengale et Lord Clive. Mais pour Ă©viter toute discussion, la Compagnie angloise obtint de l'Empereur le pouvoir d'Ă©lever et d’administrer les revenus du pays comme elle le voudroit. On promit Ă  l’Empereur, pour l’octroy de ce p^ilĂšge, + *6 lacks de roupies , qui dĂ©voient lui ĂȘtre payĂ©es fur les revenus du Bengale * de plus on sĂ©para les districts d Allahabad et Corail des postĂ© liions du Viltr, et on les donna Ă  l’Empereur, pour qu’il put vivre d’une maniĂšre convenable Ă  fa dignitĂ©. Cependant malgrĂ© la gĂ©nĂ©rositĂ© des anglois vis-Ă -vis du Vtsir, il n’en avoit pas moins fait de grandes pertes. Sur les revenus de Oude, qui montoient avec ceux de Allahabad Ă  160 lacks de roupies, il perdoit 36 lack* parla cession de Corah et d’Allahabad. Les pillages de fa propre armĂ©e , et les marches de nos troupes,'qui avoient pĂ©nĂ©trĂ© jusqu’à Loucknow , avoient occasionnĂ© une diminution plus considĂ©rable encore dans ses revenus. Pour le dĂ©dommager de ce qu’il avoit abandonnĂ©, l’Empereur cĂ©da au Vtsir la postĂ©stion hĂ©rĂ©ditaire de la province de Oude. Le Visir le donna alors toute la peine imaginable f On appelle cct office ou privilĂšge , dans Ăźcs Indes, Dewany. * Sur cette iomnir les anglois firent accorder deux lacks de roupies h Noudjel-Kan , parce qu’on croyoit qu’il aYoit rendu de* services importants Ă  U fin de ia guerre de Oude. 1*5 pour mettre ses finances en ordre. Il confia ce dĂ©partement Ă  des hommes sages et expĂ©rimentĂ©s. qui bientĂŽt le mirent en Ă©tat de payer une dette considĂ©rable et de mettre de cĂŽtĂ© un trĂ©sor pour les besoins que l'on ne pouvoir prĂ©voir. On dit que le Vifir, lorsqu’il fut retournĂ© Ă  Oude et Ă  Allahabad aprĂšs la conclusion de la paix, rassembla ses principaux serviteurs, leur fit connoĂźtre les obligations qu’il avoit contractĂ©es vis-Ă -vis les anglois, et les pria de vouloir bien l’aider Ă  remplir sa proruĂšlse. Par cette sorte de rĂ©quisition, que les Princes Indiens employent souvent en cas de besoin, le Vifir obtint bien quelque chose , mais pas tout ce dont il avoit besoin. Sa femme ou sa Begoum, voyant son embarras~ et l’inquiĂ©tude dans laquelle il Ă©toit, se dĂ©fit de ses bijoux et de tous ses effets prĂ©cieux , et pria son mari d’en employer le prix au rĂ©tablissement de ses affaires. Choujah-oud-Dowlah fut extrĂȘmement touchĂ© de cette preuve d’amour, qui le tiroit de tous ses embarras; il fit le vƓu solemnel de ne s’éloigner jamais de fa chambre Ă  coucher aprĂšs une certaine heure de nuit, tant qu’il seroitavec elle dans le mĂȘme lieu, et il lui promit de la regarder toujours Ă  1 avenir comme sa meilleure amie et de lui demander ses conseils. On ne fait pas qu’il ait jamais violĂ© le vƓu fait Ă  fa Begoum, Ă  laquelle dĂšs ce moment il confia ses trĂ©sors et ses secrets. La dĂ©faite de-Bouxar l’avoit dĂ©barrassĂ© de l’entretien d’une troupe considĂ©rable de cavalerie. Alors il commença Ă  introduire un systĂšme d’ordre et de paye rĂ©guliĂšre. Ii avoit remarquĂ© que l'excellence des troupes europĂ©ennes consistoit dans leur discipline, leurs armes et le bon usage de leur artillerie. Il s'occupa alors fans relĂąche de former un corps d infanterie "6 Ă  la maniĂšre europĂ©enne et avec l’artillerie qui lui Ă©toit nĂ©cefluire. Cette entreprise Ă©toit difficile , et Ăč difficile que peu de Princes Asiatiques l’eulsent risquĂ©e. Mais l'esprit. 1 activitĂ© et la constance de Choujah-oud- Dowlah surmontĂšrent toutes les difficultĂ©s que des prĂ©jugĂ©s et de vieilles coutumes lui opposoient. On sous la direction de quelques français qu'il avoit pris a son service, Ă  Fizzabad, un ars nal dans lequel on fondoit, avec assez d'adresse, des cannons et des s lr s , et on saison de 1 s poudre. Cet arsenal fournit Ă  dix bataillons d’infanterie et Ă  un train assez considĂ©rable d’artillenr. tout ce qui lui Ă©toit nĂ©cessaire. Ce corps coû’oir des s immes considĂ©rables, et cependant il avoit pris de si bonnes mesures pour 1 administration du pays, qu il pouvoir tout payer et former un trĂ©sor de ses Ă©pargnes. La cavalerie , sorte de ioooo hommes lors de la bataille de Bouxar, n’étoitplus dans ce tems que de 5 ooo hommes. La garnison angloise Ă  Allahubad, fut pour lui un grand avantage. Elle tenoit tout le pays en respect, et il n’avoit pas besoin de protĂ©ger ses frontiĂšres Ă  grands frais. En 1768 Choujah-oud-Dowlah se vit en possession d’une armĂ©e bien disciplinĂ©e, d’un trĂ©sor considĂ©rable et d'un pays fertile et florissant. Cependant la vivacitĂ© avec laquelle rl cherchent Ă  se dĂ©barasser de la dĂ©pendance dans laquelle il Ă©toit et Ă  agrandir fa puissance, attira l’attention du Colonel Smith, qui Ă©toit en garnison Ă  Allahabad. Cet officier reprĂ©senta la conduite du Vrsir de Oude comme dangereuse pour notre nation, et crut qu'elle exigerait qu’on prit sur le champ des mesures contre elle. La RĂ©gence de Calcutta, inquiĂ©tĂ©e par le rapport du Colonel , envoya fur le champ cet officier avec Mr. Cantier et RĂŒssel au Visir, pour lui I, 7 demander raison de ses prĂ©paratifs militaires, qui an- nonçoient, dssoit on , un dĂ©faut de confiance dans l’amitiĂ© et les secours des anglois. Les anglois en novembre 176S eurent une confĂ©rence Ă  BenajĂšs avec le Visir, et enfin aprĂšs une rĂ©sistance vive, le Visir consentit Ă  borner ses troupes au nombre suivant, et Ă  les partager de cette maniĂšre. Cavalerie ..10,000 hommes Dix bataillons de Cypayes avec les Le RĂ©giment Noujeb d’Archers 5 ,000 Un Corps d'artillerie pas au- dessus de. 5 oo Troupes irrĂ©guliĂšres. qui ne pou- voient ĂȘtre habillĂ©es, armĂ©es ou disciplinĂ©es Ă  la maniĂšre des Cypayes anglois ou du rĂ©giment de Noujeb . . . 9$oo en tout 1 35 000 Le Visir ne l’oublia jamais, ilregardoit cette rĂ©forme comme aussi injuste qu'humiliante pour lui. Mais ne pouvant s’opposera des alliĂ©s jaloux et aussi puissants que les anglois, il rĂ©solut de suivre son plan avec plus de prĂ©caution, et fans se dĂ©tourner du but vers lequel tendoient toutes ses actions; et l’on fait qu’aprĂšs le traitĂ© de BenarĂšs il ne licencia pas' un seul soldat. Toutes ses dĂ©marches furent calculĂ©es. Il fut gagner, mĂȘme parmi les anglois, des partisans zĂ©lĂ©s et adroits. Mais voyant que son ambition et scs projets d’agrandissement trouveroient des obstacles dans la jalousie de» anglois, qu’il dĂ©testoit alors, et sachant aussi que -8 les français Ă©taient nos ennemis, il essaya tout pour se laire soutenir par eux. En 177 s une armĂ©e de Marattes pĂ©nĂ©tra dans l'In- çlosian proprement dit, ravagea le Douab et s'empara des diilricts Etojah, ainsi que du territoire de Ahmet Kan LiĂŒungifl ., exceptĂ© la ville et les enviions de Fcr- ronkrbad. Une irruption si terrible effraya aussi les Rohillas Leurs chefs, Ă  l’approche des Marattes, priĂšrent le Vilir de leur procurer une brigade anglaise pour laquelle ils paye,oient un subside de qo laks de roupies. Le vilir, qui craignait pour son propre pays, fur le» frontiĂšres duquel I ennemi Ă©tdit dĂ©jĂ  campĂ© , accepta, fans balancer, cette proposition, qui payait les dĂ©penses d un corps de troupes qui cependant lui rendait un service essentiel. En 1772 il s'adressa plusieurs fois Ă  la IL gence anglaise, et demanda des secours pour ch fendre son pays menacĂ© par les Marattes. A fa priĂšre on fit marcher une brigade anglaise fur BenarĂšs. trois Bataillons de Cypa^es,de cette brigade, se rĂ©unirent avec les troupes duvisir, et avancĂšrent fur les frontiĂšres du Rohilcound dont les Marattes ravageaient dĂ©jĂ  l’intĂ©rieur. L'approche des armĂ©es combinĂ©es, et les pluies, obligĂšrent les Marattes de repasser le Gange. Ils revinrent en j 773 . et firent de grands dĂ©gĂąts ; mais ils l'c retirĂšrent lors que le Visir approcha avec son armĂ©e fortifiĂ©e par une brigade anglaise complĂšte. La nuit qui prĂ©cĂ©da l’arrivĂ©e de l armee rĂ©unie dan» le voisinage du camp des Marattes, situĂ© Ă  l’ouest du Gange . un corps considĂ©rable de cavalerie Maratte passa le fleuve , dissipa les troupes des RohiĂŒas, et prit Ahmet Kan, un de leurs principaux chefs. Vers le soir la brigade an glaise arriva sur le champ de bataille, et elle vit que la cavalerie Maratte repassait promptement le fleuve, qui Ă©toit alors assez bas. * On se canonna de fort loin et l’ennemi y perdit quelques hommes et quelques chevaux. BientĂŽt les Marattes dĂ©campĂšrent, et depuis ce moment on ne les a plus revus les armes Ă  la main fur le bord oriental du Gange. AprĂšs la retraite des Marattes, le vifir demanda les 40 lacks de roupies que Hafitz-Ramout-Kan avoit promis de payer. Hafitz Ă©toit le chef des Rohillas et dirigeoit leurs nĂ©gociations publiques. 11 rĂ©pondit que les Rohillas n’avoient pas obtenu le secours qu’ils avoient demandĂ©, que si on le leur avoit envoyĂ© l’annĂ©e d auparavant, peut-ĂȘtre eĂ»t-il empĂȘchĂ© les pertes qu’ils avoient faites ; que de plus la derniĂšre campagne n’avoit Ă©tĂ© faite que par les troupes des Rohillas ; cependant, qu’il Ă©toit prĂȘt, pour sa personne, Ă  payer sa part qu’il devoir pour les subsides , mĂȘme quand les autres chefs des Rohillas se refuseroient Ă  payer la leur. L’ambition du Visir, et le peu de respect qu’il avoit pour l’honneur çt la juftice , laissent conjecturer, avec raison, qu’il fut enchantĂ© secrĂštement de ce que les Rohi'las refusoient d’exĂ©cuter le traitĂ©. Les Rohillas opposaient un obstacle perpĂ©tuel Ă  ses projets de conquĂȘte et d’agrandissement. Ils Ă©toient tous guerriers, et loin de craindre les talents militaires du Visir, ils alloient jusqu’à les mĂ©priser. Aussi la conquĂȘte du ' Rohilcound Ă©toit la premiĂšre idĂ©e qui entroit dans les projets d’agrandissement du visir. A son retour de la campagne des Marattes, le Visir demanda une entrevue au gouverneur du Bengale au sujet de quelques mesures politiques; Mr. Hastings et quelques autres membres de la RĂ©gence surent nom- ! * 1 A Raragaut, un fort sur le Gange dans le Rohilcound. Voyez la carte de Rennell. 6 mes pour traiter Ă  BenarĂšs avec le Vifir. L’objet principal de cette entrevue et nĂ©gociation Ă©toit, disoit-on, une fixation plus positive des possessions occidentales des anglois , et une dĂ©cision finale fur le' territoire assignĂ© Ă  1 Empereur. Skah-Alloum , depuis le traitĂ© de 1765, avoit rĂ©sidĂ© Ă  Allahabad , et il y avoit un sĂ©jour aussi tranquille que brillant. NĂ©anmoins il desiroit toujours, de plus en plus, de retourner dans fa capitale, et rĂ©ellement en x77 1 il y marcha, et il sacrifia par lĂ  tout-Ă -coup les grands avantages que la bontĂ© des anglois lui avoit procurĂ©s. L’Empereur fut incitĂ© Ă  faire cette dĂ©marche malheureuse par ses serviteurs, que la forte influence d une puissance Ă©trangĂšre privoit des avantages ordr narres de ieur place, et pour qui la gĂ©nĂ©rositĂ© naturelle de leur maĂźtre Ă©toit perdue. L’Empereur avoit chetchĂ© des troupes qui fussent en Ă©tat de le faire rentrer a Delhi dans fa rĂ©sidence. Il fe procura seulement deux bataillons qu’il avoit entretenus Ă  Allahabad et encore fans leurs officiers europĂ©ens, et avec cela hommes de troupes irrĂ©guliĂšres, conduites par Najeb-Kan. Ce fut avec ces forces que l’Empereur vint Ă  Delhi Ă  la fin de 1771. * L’agrandissement du Vifir ne dĂ©pendrait pas de la cour de Dehli. Cependant il entretenoit son influence par les foins actifs de Ellich Kan, un ds ses plus chers favoris. Cet Ellich failoit Ă  propos, Ă  l’Empereur, de grands prĂ©sens, et par ce moyen il fe fat soit donner par lui ces districts qu’il avoit dĂ©jĂ  possĂ©dĂ©s ou qu’il penfoit Ă  conquĂ©rir. On ne peut pas supposer que de tels titres, assez ordinaires, et 1 * ! On dit que le dĂ©part de l’Empereur fut accĂ©lĂ©rĂ© par la nouvelle que avoit pris Dehli et avoit exercĂ© des violences, non- feulement dans la ville , mais menie ne politique justisioit paifaitement , pour reprendre les pays abandonnĂ©s par l’Empereur; et le Visir, qui avoir cĂ©dĂ© avec beaucoup de peine ces pays, demandant de la maniĂšre le plus pressante qu’on lui rendit les possessions qu’on lui avoit enlevĂ©es, le Gouvernement de Bengale lui accorda cette demande avec quelques restiictions. * { + Le mitĂ© de 1773 ne contient rien d’important, et je n’en nnuyerois pas le lecteur , fi je ne croyois pas qu’il peut donner lieu Ă  quelques considĂ©rations assez sĂ©rieuses , quand on le compare avec le Ă©vĂ©nements de l’annĂ©e suivante. Il elt dit dans ce traitĂ© par le trntĂ© conclu le 16 aoĂ»t 17 65 , entre le Visir et les angloi*, les districts de Cor *.h et d’Allahabad oftt Ă©tĂ© cĂ©dĂ©s Ă  l’Empereur pour Ion entretien ; mai* l’Empereur les ayant abandonnĂ©s , et ayant mĂȘme cĂšde les diftrifts de Corah et de C^ourrah aux Marattes au dĂ©savantage du Visir et de la Compagnie angloise , et contre la teneur du traite susmentionnĂ© , perd par lĂ  ces distru ts , et ils retournent aux anglois de qui il les a reçus avec une nation qui ne nous avoit fait aucun tort. Enfin, aprĂšs une dĂ©libĂ©ration de plusieurs jours , la lßégence rĂ©solut de lailser au Gouverneur seul la conduite des affaires relatives Ă  Oude. Le Gouverneur lui-mĂȘme parut ĂȘtre mĂ©content d’une guerre dans un pays si Ă©loignĂ©, et proposa alors de faire au Visirdes conditions si dures, qu’il fĂ»t obligĂ© de fe dĂ©listt^Èe ses projets. D'aprĂšs ce conseil, on promit au Visir une brigade pour conquĂ©rir le liohilcound , s’il vouloir payer Ă  la Compagnie, aprĂšs la campagne , 4 lacks de roupies, et pendant le sĂ©jour des troupes fur son territoire deux lacks et 1 roupies. D’aprĂšs la conduite du Gouverneur, on peut croire qu’il Ă©toit sĂ»r que le Visir ne refuferoit pas les conditions proposĂ©es. On instruisit le Visir des mesures que l’on avoit prises, et furie champ on envoya ordre au comptoir de statua, de laisser dorĂ©navant agir, d’aprĂšs les ordres etles instructions duVisir, la brigade en garnison dans cette ville , et mĂȘme sansattendre d’autres ordres de Calcutta. Le Visir soutenu par des secours aussi puissants, commença ses opĂ©rations avec la plus grande promptitude. Le Gouverneur n'instruisit la RĂ©gence des projets du Visir fur Rohilcound, que vers la fin de Novembre 1773. La Brigade fe mit en marche au mois de Janvier suivant, et en moins de trois mois + les Röhillas furent dĂ©truits. Dans une bataille gĂ©nĂ©rale qui se donna dans l’intĂ©rieur de leur pays , 5 ooo Rosi illas furent tuĂ©s Ou blessĂ©s., et cette perte devint irrĂ©parable par la mort d’un de leurs meilleurs Capitaines qui resta fur la place. Quelque honorable que fut la la Compagnie , qui Ă©toit alors assez mal Ă  son aise. Hastings pou voit, fan* le savoir, se tromper lui-mĂšme, sur la justice de cette guerre. Note du Traducteur Allemand. + La bataille se donna en Avril i??3, prĂšs du village de Jessounak. On en voit la position dans la cane de Keonell. s ‱cause pour laquelle Harkz-Ramout sacrifia sa vie, il mĂ©iitoit un meilleur sort. 11 n’avoit jamais Ă©tĂ© ennemi des anglois, et il avoir pris Choujuli-oud-D'osvlah fous sa protection, dans le tems de ses plus grands malheurs. * AprĂšs la bataille, Fyze-Oullah Kan se retira avec une grande partie de l'armĂ©e vaincue, Ă  Lall-Dong ,+ et il campa au pied d une montagne ttĂšs-escarpĂ©e. Le Visir accompagnĂ© de la Brigade angloise enferma Iss Rohillas ; mais ceux-ci craignant le polte mal-sain qu’ils occupoient, et dĂ©couragĂ©s parle peu de talent de leur chef, demandĂšrent sĂ©rieusement la paix au Commandant anglois. Langlois eut beaucoup de peine Ă  obtenir du Visir qu’il laissĂąt libre Fyze-Oullah , et qu’il lui cĂ©dĂąt un certain district dans le Rohilcound. Fyze- Oullah n’avoit avant la guerre que lejagouirde Ram- pour, qui rapportent cinq lacks de roupies. La nouvelle alliance avec le Visir ++ lui assura un revenu annuel * Aptes la bataille de Bouxar , Choujali-oud-Dowlah chercha avec fa famille un asile dans le Rohilcound. { + Les frontiĂšres septentrionales du Rohilcound. tt L’amitiĂ© Ă©tant rĂ©tablie entre moi et Fyze-Oullah , je lui donne Rampout et quelques autres districts qui rapportent en tout 14 lacks et 75,600 roupies. Fyze-Oullah ne doit, fous aucun prĂ©texte, entretenir plus de 5 ooo soldats. Je m’oblige Ă  dĂ©fendre en tout tems l’horfneur et les poste Rions de Fyze-Oullah ; mais aussi il ne doit appeler Ă  son secouis aucune autre puissance que la mienne , et n’avoir de liaison qu’avec les anglois. F/ze-OuUah doit me donner toujours 2 ou 3 ooo hommes de secours selon ses forces. Si je fais une campagne en personne , ou si je parcours mes pays, Fyze-Oullah doit m’accompagner; mais comme les Sooo’hommes qu’il peut entretenir forment un trop-petit nombre, et que peut-ĂȘtre il ne pourra les mettre fur pied tous ensemble , je mettrai sous ses ordres depuis deux jusqu’à quatre mille hommes , pour qu’il puisse m’accompagner convenablement. Ces troupes seront payĂ©es par moi Ă  ces conditions je lui cĂšde les possessions susdites, et je le prends fous ma protection. S’il est fidĂšle Ă  cette alliance , je ne cesserai M* de i5 lacks, et la possession des terres les plus fertiles du Rohilcound. AprĂšs la conclusion du traitĂ© , qui ne s’effectua que par l’entremise du Commandant anglois , celui-ci en prit une copie pour le faire ratifier parla Compagnie; et Fyze-Oullah paya au Visir, d’aprĂšs un accord fait auparavant , la somme de i5 lacks de roupies. Le systĂšme du Gouvernement de Bengale, qui commen- çoit Ă  changer, et n’étoit pas favorable aux projets du Visir, peut bien l’avoir engagĂ© Ă  conclure promptement ce traitĂ©. En 17 83 Fyze-Oullah ne dĂ©pendit plus du Visir, au moyen d'une somme d’argent qu’il paya au RĂ©sident anglois Ă  Loucknow, et qui fut employĂ©e au service de l’administration de Bengale. Si on eĂ»t permis Ă  Choujah-oud-Dowlah de suivre les projets qu’il avoir exĂ©cutĂ©s Ă  l’égard des autres chefs de Rohillas, Fyze-Oullah eĂ»t langui jusqu’à aujourd’hui dans la pauvretĂ© et dans l’esclavage. Heureusement pour ce chef, et le reste de sa nation qui a peuplĂ© et cultivĂ© Ă  prĂ©sent une grande Ă©tendue de pays, il leur survint un puissant protecteur. Quoiqu'il ne conduisit qu’un corps d'auxiliaires, il fut dĂ©fendre pourtant la bonne cause des Rohillas, en les prenant fous fa protection. Le Visir prĂ©senta une accusation pleine de calomnies contre cet officier; il dĂ©nia idoit ,‱ s’il Ă©toit permis Ă  un officier commandant jamais, arec l’aide de Dieu , de lui tĂ©moigner mon amitiĂ©. Fyze-Oullah doit tĂącher de faire passer le Gange aux Rohillas. JurĂ© fur le Saint Alcoran , Dieu et scs PropriĂ©tĂ©s Ă©tant invoquĂ©s comme tĂ©moins de l’acconipUssement de ces articles. Extrait des archives de Bengale. Ici le cachet du Colonel Champion. Roujeb 1188. Hegire Octobre 1774. IP d’entretenir de pareilles intelligences avec les Kohillas, loisjuil savoit que son intention Ă©toit de les dĂ©truire. Il cil certain que le Visir s’étoit proposĂ© de les anĂ©antir ou de les chaiser, et ce fut Ă  cela que tendirent tous ses efforts pendant la campagne des Rotiillaj. Il avoir une crainte fi profonde de la bravoure et du courage de ce peuple, ou peut-ĂȘtre un tel sentiment de l'injustice qu’il leur faisoit, qu’il ne vouloir pas permettre a ix vaincus de rester fur son territoire. AprĂšs avoir parlĂ© des progrĂšs de nos armes dans le Rohilcound ; car Ă  peine ce que fit le Vistr mĂ©rite-t-il qu’on en parle, je veux joindre encore quelques considĂ©rations fur les suites de notre liaison avec le Visir relativement Ă  ce pays. Il est clair comme le jour que l’administration de Bengale, ou ne connoisibit pas toute l’étendue de son traitĂ© avec le Visir, ou qu’elle l’aida visiblement Ă  dĂ©pouiller de son pays un de nos alliĂ©s. On laissa au Visir la possession du Rohilcound, dont on Ă©tendit les frontiĂšres, au nord, jusqu’aux montagnes , et Ă  l’ouest, jusqu’au Gange -, et cependant une grande partie du Rohilcound septentrional appar- tenoit Ă  Zabitha-Kan , fils de Najeb-oud-Dowlah. Il Ă©toit alliĂ© des anglois, et il s’étoient obligĂ©s , parleur traitĂ©, de dĂ©fendre et de protĂ©ger toutes ses possessions, de le considĂ©rer comme leur alliĂ© et leur protĂ©gĂ© / et d’avoir les mĂȘmes amis et les mĂȘmes ennemis que lui. Avant son irruption dans le Rohilcound, le Visir avoit attirĂ© Zabitha-Kan dans ses intĂ©rĂȘts. Quoique le Zabitha fĂ»t lui-mĂȘme un Rohilla, et assez proche parent de plusieurs autres chefs des Rohillas, il se rĂ©unit pourtant avec le Visir contre sa nation. Il paya cher cette trahison et cette liaison dĂ©shonorante. AprĂšs la con- f '44 quĂȘte du Rohilcound, Choujah lui reprocha d’avoir entretenu une correspondance perfide avec les ennemis, et fous ce prĂ©texte , il s’empara de tous ses pays Ă  l’est du Gange , qui appartiennent encore Ă  prĂ©sent Ă  la province de Oude. La conduite du Visir, Ă  l’égard de Mohouboullah-Kan , * prouve encore que tous les sentiments d'honneur ou de fidĂ©litĂ© disparoilsoĂźent devant son ambition. Ce chef pollĂ©doit la ville et les districts de BilĂŻouly. Il ne prit aucune part Ă  la guerre, soit parce qu’il eut quelque diffĂ©rent avec les autres chefs de Ilohillas, ou par d’autres raisons qu’on n’a pas sues. Avant que l’armĂ©e entrĂąt en Rohilcound, il demanda au Visir fa protection pour sa personne et son territoire , et ce Prince la lui promit dans les termes les plus forts et les moins Ă©quivoques. Sur cette assurance, Mohouboullah-Kan relia tranquille Ă  Biffouly pendant la guerre des Rohil- las ; mais sitĂŽt que le Visir vint dans cette ville, il fit mettre Mohouboullah et fa famille dans une Ă©troite prison; il s’empara de ses trĂ©sors et de ses effets les plus prĂ©cieux. 11 fit mĂȘme traiter ses femmes avec une duretĂ© deshonorante. Le malheureux chef qui avoit Ă©tĂ© si cruellement trompĂ© , disoit dans une lettre au Commandant anglois, dans laquelle Ă©toit inclus l’original de la lettre de protection du Visir “ le Visir ,, nous a enlevĂ© notre pays, nos trĂ©sors et mĂȘme notre 55 honneur; non content de cela il veut nous conduire j comme prisonniers Ă  Fyzeabad. Nous ne demandons si pas de pays, pas de richesses, pas de demeure. i Mais Ă  Biffouly font les tombeaux de nos familles ; si nous demandons la permission de passer le reste de { * } Le fils de Dhoondi’Kan dont j'ai parlĂ© dam mes dĂ©tails furies Robillas. i45 s» notre vie dans leur voisinage, et Ă  l'ombre de quel- ,, ques arbres, nous y mendierons. Nous comptions fur jj la parole du Visir, et nous sommes restĂ©s dans jj notre pays ; fans cela nous nous fussions Ă©loignĂ©s jj comme les autres , et nous eussions cherchĂ© Ă  dĂ©- 44 fendre notre honneur. On npus l’a ĂŽtĂ©, cet honneur, j comme le reste de notre propriĂ©tĂ©; car chacun fait jj la maniĂšre avilissante dont il nous a traitĂ©s. ” C fit courir le bruit que le Visir avoit traitĂ©, avec une duretĂ© indĂ©cente, les femmes des chefs des Rohillas qui Ă©toient tombĂ©es en ses mains, et que mĂȘme il avoir attentĂ© Ă  l’honneur de quelques femmes de la famille de Hasitz Ramouth. * Cette derniĂšre accusation n’a Ă©tĂ© confirmĂ©e par aucun tĂ©moignage certain. De telles violences font aussi trĂšs-rares parmi les MahomĂ©tans. Quelque voluptueux qu’ils puissent ĂȘtre , ils n’ofent presque jamais lever le rideau qui couvre les mistĂšres du Serrail. Les violences et les brigandages du visir imprimĂšrent au nom anglois une tache ineffaçable. Les vaincus 'fuppofoient naturellement, que la main qui le faifoit vaincre eĂ»t pu aussi arrĂȘter ses injustices. Le prĂ©texte fous lequel le Visir faifoit la guerre aux Rohillas Ă©toit, qu’ils n’avoient pas payĂ© la somme promise pour le secours d’une brigade angloife. J’ai fait voir que la brigade n’arriva pas Ă  tems dans le Rohilcouud ; car les Marattes avoient pendant deux annĂ©es consĂ©cutives exercĂ© les plus grands ravages et quittĂšrent justement le pays au moment oĂč les troupes angloifes arrivoient. Ainsi les raisons du Visir Ă©toient trĂšs-foibles, et il eĂ»t pu * Choujah-oud-Dowlah fut Ti sensible Ă  l'injustice rie cette accusation, qu’il fondit en larmes lorsqu’il apprit que le Commandant anglois y avoit ajoutĂ© foi. *46 atteindre son but sans vouloir excuser son irruption d’une maniĂšre si pitoyable. Dans les pays oĂč le chemin de la justice et de l’honneur est tracĂ© plus exactement que dans l'indostan , la conduite politique des Princes peut bien ne pas beaucoup diffĂ©rer de la maniĂšre dont le Visir exĂ©cuta son plan. Mais que peut- on dire pour excuser les anglois qui ont dĂ©truit une natÆ^i contre laquelle ils n'avoient pas le moindre grief, uniquement pour contenter un voleur qui Ă©toit leur alliĂ©, sans qu’ils en retirassent eux-mĂȘmes la moindre rĂ©compense. La guerre des Rohillas a Ă©tĂ© traitĂ©e si amplement, et par ceux qui l’excusent et par ceux qui la condamnent, que je craindrois d’ennuyer , si je m’y arrĂȘtois plus long-tems. D’ailleurs cette recherche n’appartient pas Ă  ce que j’écris prĂ©sentement. Cependant je ne peux m’empĂȘcher de montrer combien la politique des anglois a Ă©tĂ© mauvaise, de joindre le Rohilcound aux autres possessions du Visir. Tout le'monde reconnoĂźt Ă  prĂ©sent l’injustice de ce procĂ©dĂ© et les tristes suites qui en ont rĂ©sultĂ©. l’Administration de Bengale appuyoit la rĂ©union du Rohilcound avec Oude, en disant que plus le Visir seroit puissant, plus fa liaison avec les anglois seroit avantageuse. Mais ou on connoissoit mal les dispositions de Choujah-oud-Dowlah, ou l’on n’auroit pas dĂ» risquer d’allĂ©guer une raison si soible. Jaloux de sa puissance, dĂ©vorĂ© d’une ambition insatiable, le Visir avoit dĂ©jĂ  profondĂ©ment senti les coups que notre domination portoit Ă  son autoritĂ©, Ă  l’augmentation et Ă  la conservation de laquelle tendoieut toutes ses pensĂ©es et tous scs projets. Les Rohillas ba- lançoient la force du Visir et contcnoient son caractĂšre remuant. La vigilance d’un peuple Ă  qui fa grandeur M7 pouvoit devenir dangereuse, le tenait dans une dĂ©pendance continuelle des anglais. C’étoit feulement avec leur secours qu’il pouvoit rĂ©sister aux attaques des Rohillas et des autres peuples du nord. Nos poste liions, dans les Indes, acquises par la supĂ©riotitĂ© de nos armes et les talents extraordinaires des officiers anglais, ne peuvent ĂȘtre conservĂ©es qu’en suivant exactement les principes de la justice. On ne reconnut pas ces principes dans les nĂ©gociations avec le Visir. On ne consulta pas mĂȘme la politique la plus ordinaire. Il semble qu’on ait voulu mettre en. pratique cet axiome que nos politiques, mĂȘme les plus visionnaires n’osent pas soutenir, que les Princes et les nations peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă©ntre-elles par l’amitĂ© et la reconnaissance. Choujah-oud-Dowlah Ă©tait occupĂ© Ă  mettre en ordre les affaires des pays conquis, lorsqu'une incommoditĂ©, dont il avait dĂ©jĂ  souffert depuis long-tems, se dĂ©clara avec tant de violence qu’il fut obligĂ© de se retirer Ă  Fyzeabad on il mourut enjanvier 177b, Ă  l’ñge de 46 ans. Sa mort fut la fuite d’un abscĂšs vĂ©nĂ©rien dont un chirurgien français l'avait mal guĂ©ri. Il lui avait donnĂ© une telle quantitĂ© de mercure, que le Visir, dĂ©jĂ  Ă©puisĂ©, fut abattu tout-Ă -fait par l’activitĂ© du remĂšde. La violence de la maladie du Visir fut adoucie par un chirurgien anglais qui servit dans la guerre des Rohillas; mais lorsqu’il fut rappelĂ© dans les provinces anglaises, la cure n’étoit pas finie. mauvaise intelligence entre le Visir et l’officier commandant Ă©tait au point que, quoique fa santĂ© l’exigeĂąt, il aima mieux ĂȘtre victime de son entĂȘtement, et il ne put jamais prendre fur lui de demander le prolongement du sĂ©jour du chirurgien. Choujah-oud-Dowlah mourut dans un tems oĂč fan esprit de conquĂȘte Ă©tait satisfait, et oĂč fa puissance -48 Ă©toit vraisemblablement parvenue Ă  son plus haut degrĂ©. Les nouveaux membres de l’adminillration de Bengale, arrives en 1774, ne favorisĂšrent pas trop ses projets et ne parurent pas l'aimer beaucoup. Les projets qu’il nourtissoit eussent mĂ»ri peu Ă  peu et eussent amenĂ© la crise de sa fortune; c’est-Ă -dire, ou l’eussent rendu tout-Ă -fait indĂ©pendant, ou l’eussent humiliĂ© bien plus encore que ne l'est son successeur. Il cachoit si peu ses projets politiques, que des hommes un peu instruits pouvoient dĂ©couvrir ce qu’il portoit dans son fein. Il disoit souvent Ă  ses courtisans, qu’aprĂšs la conquĂȘte du Rohilcound, il entreroit dans le pays des Marattes, et tireroit une vengeance signalĂ©e des ravages qu'ils avoient faits dans l’Indostan. Il montroit de plus un violent dĂ©sir d’attirer Ă  lui la direction de la cour de Dehli et de ses intĂ©rĂȘts. 11 vouloit surtout disposer du foible reste d’armĂ©e que la maison du grand Tamer- lan avoir encore. Mais il fut dĂ©rangĂ© dans ses projets parNoudjcf-Kan, revĂȘtu de la dignitĂ© de Commandant gĂ©nĂ©ral, et qui par ses exploits avoir acquis une grande Ă©tendue de pays absolument indĂ©pendante de l’autoritĂ© impĂ©riale. On avoir fait croire aux anglois, que Choujah-oud- Dowlah Ă©toit attachĂ© Ă  notre nation par son propre intĂ©rĂȘt, et quç sentant bien sa foiblesse, il seroit obligĂ© de se mettre JgJa discrĂ©tion des anglois, s’il vouloit agrandir ses pays ou chasser ses ennemis. On peut avoir estimĂ© comme l’on a voulu la force rĂ©elle et les ressources de Choujah-oud-Dowlah , il paroĂźt pourtant certain, qu’aprĂšs la conquĂȘte du Rohilcound surtout, et aprĂšs les agrandissements qu’il avoir espĂ©rĂ©s, il 'comptoit assez et surfes forces et fut ses ressources pour exĂ©cuter des projets qui ne s’accordoieut pas du tout l *49 avec la politique angioise. Son orgueil dĂ©mesurĂ© et son ambition avoient Ă©tĂ© profondĂ©ment blessĂ©s par plusieurs rĂ©solutions de l’administration de Bengale. II regardoit surtout les restrictions que sa commission de Allahabad luiavoit imposĂ©es, comme une violation du traitĂ© conclu avec Lord Clive. Mais il savoit Ă©touffer avec beaucoup d’adresse son ressentiment secret, et il cherchoit cependant tous les moyens de se rendre indĂ©pendant des anglois. Choujah'-oud-Dov/lah avoir connu l’avantage de la discipline europĂ©enne et travailloit Ă  l’introduire dans son armĂ©e. Outre les françois qu’il employoit Ă  discipliner ses troupes, il avoir demandĂ© aussi un certain nombre d'officiers anglois. Mais quel- que-tems aprĂšs cette priĂšre , la RĂ©gence de Calcutta ayant Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e, et se montrant contraire Ă  ses desseins , il refusa le service de tous ceux qui Ă©toient placĂ©s dans l’armĂ©e angioise ; j’ai su par des personnes sures que je n’ose pas nommer, que Choujah-oud- Dorvlah s’occupoit beaucoup pendant ses derniĂšres annĂ©es de se rendre tout-Ă -fait indĂ©pendant, et pensoit mĂȘme Ă  chasser les anglois des Indes. Les officiers françois qu’il avoir Ă  son service augmentoient sa mauvaise volontĂ© contre le gouvernement anglois, et lui reprĂ©sentoient qu’une liaison avec la france, seroit le meilleur moyen pour sauver son pays de l’esclavage oĂč le tenoient les anglois et exĂ©cuter ses plans de conquĂȘte. Le Visir Ă©couta avec plaisir de tels conseils, et consentit Ă  ce qu’on entamĂąt les nĂ©gociations. L’impatience et la chaleur avec laquelle il suivoit ses projets, l’empĂȘchoient de voir les difficultĂ©s qu’il eĂ»t trouvĂ©es dans ses entreprises. Les nĂ©gociateurs du Visir demandoient qu’un corps de troupes françoiscs abordĂąt aux cĂŽtes de Cambaye et marchĂąt par la partie sĂąo supĂ©rieure de la presqu'ifle vers la frontiĂšre occidentale d’Oude. Si le Vifir eĂ»t fait cette tentative, il eĂ»t bientĂŽt vu que ce projet Ă©toit impraticable, et que les calculs des aventuriers françois Ă©toient faux. Certainement le ministĂšre français eĂ»t rejette la proposition. Il en eĂ»t reconnu l'impossibilitĂ©, ou il y eĂ»t trouvĂ© au moins des difficultĂ©s qui rendoient presque impossible, d’envoyer un corps de troupes EuropĂ©ennes Ă  travers une Ă©tendue de pays si considĂ©rable , couverte de peuplades puissantes et guerriĂšres et jalouses des EuropĂ©ens. Tant d ; autres faits qui fe rapportent Ă  celui que j'ai citĂ© viennent Ă  son appui, que je fuis forcĂ© de le regarder comme vrai. Choujah-oud-Dowlah, fur lequel pefoit le poids de la puissance angloife, agissoit comme on pouvoir l’attendre d’un Prince dans sa position; il cherchoit Ă  Ă©carter cette sujĂ©tion incommode et flĂ©trissante ; et s’il eĂ»t vĂ©cu jusqu’au moment on les anglois furent attaquĂ©s par tant d’ennemis et succombĂšrent presque sous le poids multiplĂ© de leurs dĂ©sastres intĂ©rieurs , nous eussions fans doute Ă©tĂ© punis " d’avoir mis les armes Ă  la main de ce Prince. Je crois ne pas faire de tort au souvenir de Choujah-oud-Dowlah, en le mettant Ă  cette Ă©poque au nombre des ennemis les plus acharnĂ©s contre les anglois; et fans doute il eĂ»t fait tout au monde pour laver les affronts qu’il avoit reçus et pour contenter sa vengeance irritĂ©e depuis si long- tems. Je finirai l’esquisse de la vie publique de Choujah- oud-Dowlah par quelques remarques fur son caractĂšre. Il ne saut pas oublier que ses diffĂ©rents traits appartiennent Ă  un Indien dont l ame rĂ©trĂ©cie par des prĂ©jugĂ©s religieux et une mauvaise Ă©ducation, sent rarement le besoin de connoissances plus parfaites. AprĂšs »Jl cela je puis assurer que le Prince dont j’ai parlĂ© jusqu ici , avoir un esprit pĂ©nĂ©trant et actif. Lorsqu’un objet important ne lui donnoit pas un autre direction, ses vues tendoient toujours Ă  faire le bonheur de Ion pays, et il eut toujours en horreur les cruautĂ©s inutiles, ou qqj n’étoient pas jointes Ă  des avantages considĂ©rables. En 1765 les revenus de Choujah-oud-Dowlah ne montoient qu'Ă  * 120,000 1. 11. et son armĂ©e fut tellement affoibtie par la dĂ©faite de Bouxar, qu’il ne pouvoir plus dĂ©fendre son territoire. Dix ans aprĂšs, ou vers le tems de fa mort, ses pays rapportoient 36 o,ooo liv. et il avoit Ă  fa solde cent mille soldats. En accordant, d'un cĂŽtĂ©, qu’il montra un esprit trĂšs-vaste dans fa maniĂšre de conserver, d’agrandir et de bien administrer scs Ă©tats, il faut aussi convenir, d’un autre cĂŽtĂ©, qu’il a dĂ» une grande partie de sa puissance et de son autoritĂ© Ă  sa liaison Ă©troite avec l’administration de Bengale, sur laquelle il paroĂźt avoir eu long-tems une influence marquĂ©e. Si Choujah-oud Dowlah eĂ»t renoncĂ© Ă  sa liaison avec les anglois, la furetĂ© de son pays et l’exĂ©cution de ses projets eussent dĂ©pendu principalement dĂ© la force de son armĂ©e et de l’habiletĂ© de ses officiers ; car pour lui il n’avoit pas l’esprit militaire. Il n’avoit pas ce courage qui se montre dans les dangers vt dans le tems qu’il est nĂ©cessaire. Mais lorsque la force du corps et l’exercice avaient Ă  dĂ©cider le diffĂ©rent, personne ne pouvoir lui rĂ©sister. Il montoit sans crainte les chevaux les plus fougueux et il attaquoit * Je crois qu’il y a dans ce nombre et dans celui qui fuit une faute d impreffiou, vraisemblablement y a-t-il dans les deux nombres uu xero de moins, et on a mis dans le second au lieu d’un deux le nombre rois. Note du Trad. alla. * 5 * l’épĂ©e Ă  la main, ou avec son fusil, ou avec son arc, qu’il manioit parfaitement, les bĂȘtes les plus fĂ©roces. Il paroĂźt qu’il avoit acquis cette forte de courage par son adresse Ă  manier toute sorte d’armes et par la force et la souplesse de son corps. Mais dans une bataille et dans les positions dangereuses, il ne montrent pa mĂȘme le courage ordinaire. Il avoit dans la guerre des Ro- hillas le nom de gĂ©nĂ©ral en dies, malgrĂ© cela il se conduisit toujours lĂąchement; et dans le combat mĂȘme ou Hafitz llamout fe montra courageusement en premiĂšre ligne, Choujah-oud-Dowlah le retira derriĂšre l’armĂ©e. Il donna les marques de crainte les plus visibles jusqu’à ce qu'on lui apportĂąt la tĂȘte sanglante du chef des Kohillas. Choujah-oud-Dowlah Ă©toit, comme tous les hommes de dillinction en Asie, extrĂ©ment doux, et avoit des maniĂšres trĂšs-flatteuses. Ces qualitĂ©s rĂ©unies Ă  une belle ligure et Ă  une tournure fort noble, lui donnĂšrent beaucoup d'avantage pour traiter avec les Ă©trangers et conserver son propre pays. 11 pouvoir appaiser les mutins les plus emportĂ©s, et quoiqu’on sentit parfaitement le peu de valeur de ce qu’il dilbit, on le quittoit presque toujours avec une impression agrĂ©able pour quelques moments. Il connoissoit parfaitement l’art de la tromperie et de la dissimulation , et il pouvoir prendre tout caractĂšre nĂ©cessaire Ă  ses vues. NĂ©anmoins il Ă©toit sujet Ă  des transports momentanĂ©s qui le surprenoient dans des teins on ils faisoient tort Ă  ses projets. Dans sa famille , il remplissent les devoirs d’un pĂšre tendre et d’un bon maĂźtre. Lorsque la politique l’exigeoit, il jettoit l’argent Ă  pleines mains. Autrement la libĂ©ralitĂ© n’étoitpas une de ses vertus. Bien plus il Ă©toit Ăąpre au gain et extrĂȘmement Ă©conome pour conserver i53 conserver ses trĂ©sors. Scs amours lui firent faire des choses indignes de son g rang et qui ruinĂšrent fa santĂ©. Il continua tle s’y abandonner jusqvt'Ă  ce que son mal sut devenu incurable. Son Harem Ă©toit composĂ©, dit-on , de 800 femmes et concubines dont il eut 5 o en sans. Mifzali-Arnany, qui porta ensuite le nom de Asoff-oud-DovvIah, Ă©toit l’ainĂ© de ses fils lĂ©gitimes , et lui succĂ©da sans troubles et fans Opposition dans le gouvernement de tous ses pays. Continuation des Lettres. NEUVIÈME' LETTRE. Billaspour 22 FĂ©vrier 1788. 3 "e vais bientĂŽt pendre congĂ© du monde Indien; permettez-moi auparavant, mon cher ami, de vous tĂ©moigner toute ma reconnoissance des preuves d’amitiĂ© sincĂšre et des marques de bontĂ© que j’aiieçues partout dans nos provinces. Les anglois, dans le Bengale, font renommĂ©s depui$long-tems pour leur hospitalitĂ©. Je puis confirmer cette rĂ©putation si mĂ©ritĂ©e par mon exemple. Ils jouissent en rĂ©compense du prix attachĂ© Ă  un caractĂšre si heureux; ils goĂ»tent ces plaisirs qui font joints Ă  de bonnes actions, et qui l’emportent de beaucoup fĂŒr les petits sacrifices qu’exige une vĂ©ritable bienfaisance. AprĂšs avoir exprimĂ© ma reccn- naifiance autans bien qu’il m Ă©toit possible, je continue la - description de mon voyage. Le 8 FĂ©vrier je quittai Rampour , et j’arrivai Ă  Morad- 6i Ce petit village est situĂ© Ă  un mille du Gange, qui ici coule vers le sud , a deux cens verges de large et dix ou quinze pieds de-profondeur. A la distance environ d’un demi-mille de la place oĂč l’on passe le fleuve, est une chaĂźne de rochers, qui du bord oriental s'Ă©tend jusqu’à plus de la moitiĂ© du Gange, et contre lesquels l'eau se brise avec violence. Le Gange serpente dans vos heureuses contrĂ©es Ă  travers des plaines fertiles, couvertes de villages dont les habitants vivent dans la paix et l’abondance. Ici ces bords, du cĂŽtĂ© de l’est, font couverts de bois Ă©pais habitĂ©s par des bĂȘtes fĂ©roces, et du cĂŽtĂ© de l’ouest, s’étend un triste dĂ©sert couvert de bruyĂšres. Le 25 nous passĂąmes le fleuve Ă  Nacker-Ghaut. qui est Ă  environ douze mille au-dessus de H'ourdwar. Le knfilah restant quelques jours Ă  Joumah , je le quittai. Les Cachemiriens quiĂ©toient dans la Caravane et moi, nous nous rĂ©unĂźmes avec une petite sociĂ©tĂ© de marchands qui portoient du coton kNhan. Le commis prĂ©posĂ© furie cĂŽtĂ© occidental du Gange, pour la perception du pĂ©age, m’imposa Ă  deux roupies. Il disoit que je paroissois voyager avec beaucoup de cĂŽmmoditĂ©, et qu’ainsi je pouvois bien payer cette somme. J’eus beau objecter que je n’avois rien avec moi qui dĂ»t payer quelque droit, et qu’il Ă©toit injuste d’imposer un voyageur qui n’avoit pas de marchandises. Mes raisons ne furent pas Ă©coutĂ©es; et le commis appuyant fa demande par une troupe de soldats qui avoient des armes Ă  feu, je fus obligĂ© de faire finir ce combat inĂ©gal. En calculant d’ailleurs la quantitĂ© de taxes imposĂ©es chez les autres nations qui fe croyent plus humaines et plus Ă©clairĂ©es que les montagnards de Siring-Naghour, nous troĂ»verons assez simple qu’une »6s personne qui voyage commodĂ©ment Ă  cheval ,'contribuc aux besoins d’un Ă©tat qui garantit fa surĂ©tĂ© pat sa bonne administration. Le 26 j’ariivai au village Caifawala, 7 coss. Le kastlah campa dans une plaine verte et agrĂ©able tout prĂšs du village. Cette plaine Ă©toit entourĂ©e d'un bois et coupĂ©e, par ses dĂ©tours variĂ©s, d'un lleuve et par des canaux. L’eau m’engagea Ă  me baigner quoiqu’il fĂźt trĂšs-froid. Pourpouvoir le faire plus Ă  mon aise, je me rendis dans le plus Ă©pais du bois. J’y trouvai une grande quantitĂ© de paons et d’autres oiseaux, parmi lesquels il y en avoit un qui restsembloit Ă  la perdiix commune, mais qui Ă©toit plus petit et voloit plus vite. Le 28 Ă  d'Airah, rĂ©sidence du plĂ©nipotentiaire du Rajah de Siring-Naghour. Cette ville petite, mais bien peuplĂ©e, peut ĂȘtre regardĂ©e comme la capitale de la division infĂ©rieure * du Siring-Naghour. Cette di- visi >n est composĂ©e d’une plaine qui, au sud, est enfermĂ©e par une suite de collines Ă©parses çà et lĂ  , et au nord, par une chaĂźne de montagnes plus Ă©levĂ©es. Les SĂźcques peuvent entrer librement dans ces contrĂ©es et mĂȘme par les collines du sud qui sont sĂ©parĂ©es par de petits vallons. Quand ne les en empĂȘche pas, ils pĂ©nĂštrent mĂȘme dans les parties infĂ©rieures de Siring-Naghour. Le Rajah demeure dans une ville qui porte le mĂȘme nom que le pays, et qui est situĂ©e, Ă  ce que l’on m’a dit, Ă  cent milles au nord, et du cĂŽtĂ© de l’est de Lall-Dong. ** L’inaction du Rajah actuel a * Le nom est Doone, qui veut dire p3ys bas. l ** j On trouve dans le Caicutta-MontHy register, p. 17 2 et suiv. une description interessante d'un voyage qur plusieurs anglois firent en 1789 de Anopeshecr Ă  Siring-Naghour , et qu'ils poussĂšrent jusqu'aux montagne de neige au nord de ce pay*. La description de ce voyage est -6Z » mis les Sicqnes en Ă©tat de demander Ă  ce pays un tribut rĂ©gulier. ** Combien plus de ressources et dĂ©couragĂ© avoit ce Rajah de Siring-Naghour, qui malgrĂ© Aureng- zeb, le plus puissant Prince de son tems, protĂ©gea le fils du Data, *** frĂšre dĂ© l’Empereuret son ennemi mortel, sans s’embarasser des menaces du Monarque de l'Indostan. Mais ce fut ce mĂȘme Rajah qui se laissa vaincre par la sois exĂ©crable de 1 or. C’est le plus grand flĂ©au sorti de la boĂ«te de pandore. J1 arma souvent le fils contre son pĂšre , sema la discorde dans les mariages, et brisa tous les liens de l’honneur et de l’amitiĂ©. Le kafilah resta jusqu’au quinze pour payer les droits, et ce jour lĂ  nous allĂąmes jusqu’à Keinjapoor. dixeoss. Ce fut lĂ  que je vis deux Sicques Ă  cheval envoyĂ©s de leur pays pour percevoir le tribut qui doit ĂȘtre pris sur les revenus de certaines douanes. En voyant la maniĂšre dont ils Ă©toient traitĂ©s, ou plutĂŽt dont ils s’y prenoient, je desirois de pouvoir passer quelques semaines dans n* le corps d’un Sicque. Ces cavaliers se trouvent fort-bien du mĂ©tier. A peine Ă©toient-ils descendus de cheval, qu’ils trouvoient leurs lits prĂ©parĂ©s , et onWdonnoit Ă  leurs chevaux de l’orge verd que l’on arrachoit dans les - champs. Les voyageurs qui appartenoient au kafilah Ă©toient fort contents, quind ils pouvaient coucher par terre et avoir pour je l’argentce dont ils avoient besoin. C’est la diffĂ©rence qu'il y a entre ceux qui ont la force en main et ceux qui ne l’ont pas. traduite dans la dix-neuviĂšme feuille du magasin d'Hanovre de i 795. Le voyageur anglais met la ville de Siring-Naghour au-dessous de 3 u* it z . Pendant le sĂ©cheresses, le Gange n’est large, prĂšs de cette ville, que de 1 5 o verges. Son lit est tellement couvert de rochers, qu’il* n’est pas navigable* {** On dit 4 oo roupies par an. *** Voyez Bernier fur la fuite de Sipahi-Shek» Ă  Siring-Naghaur, l6 4 * r Le 6 Mars nous passĂąmes Iejoumna et nous campĂąmes fur la rive occidentale de ce fleuve, 8 cofs. Il coule vers le sud-ouest, il est sort beau et presque aussi large que le Gange. * Le Joumna a beaucoup de poissons. Je l’ai vu moi-mĂȘme ; mais je crois que les habitants ne se donnent pas la peine de les prendre. Dans le voisinage du Joumna ** otne voit aucune culture, quoiqu’il y grande plaine qui s’étend du cĂŽtĂ© de l’ouest et qui p^ourroit ĂȘtre arrosĂ©e sans peine par le fleuve. Le territoire de Siring-Naghour, qui cesse ici, est bornĂ© au nord et au nord - est par les pays des Rajahs Indiens indĂ©pendants, au sud parOude, Ă  l’ouest et au nord-ouest par le joumna, et au sud-ouest par lespoflestions des Sicques. Depuis Lall-Dong jusqu’au Gange, le pays est une chaĂźne assez peu interrompue de collines et de montagnes couvertes de bois. Les ÉlĂ©phants que l’on trouve en assez grand nombre dans les bois, mais qui ne font ni aussi grands ni aussi utiles que ceux de Chittagong et des pays Malais, font seulement estimĂ©s Ă  cause de l’ivoire. Depuis le Gange jusqu'Ă  l’ioumna, 4e chemin passe par une vallĂ©e Ă©tendue qui a un bon sol, mais qui est assez mal peuplĂ©e, et couverte çà et lĂ  de bois. Le peuple se nourrit de pain de froment et de pois dont ordinairement on fait une soupe. Je vous assure n’avoir jamais rien piangĂ© avec tant de plaisir que cette soupe. Il est vrai qu’une bonne santĂ©, un mouvement journalier, un air vif, pourroient faire manger encore des choses pires que du pain de fro- * Je dois Remarquer que je passai ce fleuve dans le tems oĂč les eaux Ă©toient le plus basses. ** Ce n’est pas par nĂ©gligence que j’ai Ă©crit d’abord Joumma et ensuite Joumna. Je le trouvai ainsi dan mon exemplaire. Rennell s’étonne avec raison' que Ie joumna soit aussi largr que le Gange dans les montagnes oĂč Förster passa ce fleuve. Note du Trad. Allemand. » i65 \ ment et de la soupe aux pois. Je ne risquerai pas de fixer ses revenus d’un pays que j’ai parcouru comme un misĂ©rable voyageur. Je remarquerai seulement que le bruit gĂ©nĂ©ral porte les revenus de Siring-Naghour Ă  environ 20 lacks de roupies. Le commis du cĂŽtĂ© occidental de 1 loumna me demanda deux roupies. Il me dit que puisque j’étois un simple voyageur qui ne sai- soit pas de commerce , je n’étois utile en rien au pays, et que pfcr consĂ©quent je devois payer pour ma personne. Comme il me donnoit ia mĂȘme preuve que celle de Siring-Naghour , je payai avec plaisir et fus encore content qu’on ne fit pas de recherches plus exactes. Le 7 Ă  Caridah , 8 cos», et le 8 Ă  Coliroon, 8 coss. Petits villages de quelques maisons. Ce fut laque deux Cachemiriens, un SunaiTer, * mon domestique etmoi, nons quittĂąmes le kafilah et arrivĂąmes le g Ă  Nhan. C’est la rĂ©sidence du Rajah d’un pays du mĂȘme nom, qui le jour de notre arrivĂ©e fit une entrĂ©e publique aprĂšs une longue absence. Une partie du pays de Nhan s’étend, vers le sud, jusqu’à la pointe du Pouniab et touche par lĂ  aux postestions des Sicques, qui firent ce que font les voisins les plus forts. Ils s’emparĂšrent du- pays. Le Rajah arma pgur le recouvrer. Mais aprĂšs plusieurs petits combats oĂč il se distingua assez, il fut obligĂ© de demanderla paix, et on ne lui rendit son pays qu’à condition qu'il payeroit deux mille roupies par an Ă  un certain chef des Sicques. Cette somme vous paraĂźtrait*! de chose, et elle l’est aussi dans vos contrĂ©es, oĂč l'argent comptant est commun et oĂč l’aisance Ă  bientĂŽt produit le luxe. Mais parmi ces montagnards * C'est le nom d’une secte d’Indien* composĂ©e de mendiants. J’ai pourtant connu un Sunafier qui faisoitun grand commerce. * >ß - dont les mƓurs font encore simples et peu cultivĂ©es, qui n’ont picfque besoin que des choses nĂ©cdlaues Ă  la vie, qu’ils yolscdent en abondance, celte somme eft trĂšs-conlidĂ©i able, et ne peut mĂȘme ĂȘtre ramassĂ©e que par des impĂŽts assez oppressifs. Les habitants et les marchands Ă©trangers dans la ville, furent obligĂ©s de payer une contribution considĂ©rable; et Ă  prĂ©sent que le Rajah a dĂ©couvert ce que le peuple peut porter, il continuera vraisemblablement Ă  jouir fa ligure Ă©trangĂšre, soit par un instinct qui les avertit, de ses moyens d’attaque et de dĂ©fense. Je fus fort bien reçu cette nuit fous le vestibule d’une rĂŽtisserie indienne. On nous servit un gĂąteau de farine de froment fort bon, avec une soupe aux pois. Pardon si je vous parie de ces dĂ©tails domestiques; mais la bonne nourriture entretenant ma santĂ© , me mettoit en Ă©tat de continuer mon voyage. Nous n^voulionsavoir souvent que le couvert pour la nuit, et nous ne le trouvions pas toujours. Quoique l'Indou exerce en gĂ©nĂ©ral 1 hospitalitĂ© , cependant il n’aime pas Ă  loger des MahomĂ©- tans , qu’il regarde comme impurs. Le 14 , six cofs; Ă  Lawnja , petit village. Peu de maisons. Toute notre journĂ©e fe passa Ă  gravir des montagnes fort roides. Mon petit cheval grimpoit comme une chĂšvre, et cependant la plupart du tems j’étois obligĂ© d’aller Ă  pied, le chemin Ă©tant souvent Ă  pic. Je veux avertir les voyageurs de votre connoissance qui voudroient suivre mes traces, et je vous dĂ©clare que l’aubergiste de Lawasah est un coquin et qu’il mĂȘle de la farine, d’orge dans fa farine de froment. Il est le seul homme de son mĂ©tier dans l’enclroit , ainsi on ne peut parer Ă  cet inconvĂ©nient qu’en emportant ses pro- vili ms de Soudowra oĂč l’on est bien logĂ©. Quoiqu’il ne soit pas vraisemblable que mes recommandations soient trĂšs-utiles Ă  mon honnĂȘte homme d’aubergiste Ă  Soudowra, c’est toujours un plaisir pour ^noi de parler du bon traitement qu’il m’a fait Ă©prouver. Le i5 , neuf cofs; Ă  CoĂŒttie , qui n’a que deux oti ' N 5 /0 trois maisons. Ici le payu de Xiian est bornĂ© parle petit district de Boßpour, qui appartient au Rajah de Bella f- pour. I-e 16 nous fĂźmes halte au bord du Nc'ulla 7 coss. aujourd’hui nous avons trouvĂ© une famille de La ehern ir. C’étoit un orfĂšvre avec fa femme et ses ensans, et qui vouloir s’établir dans une ville prĂšs des frontiĂšres du Thibet. Le 17, huit ccfs; Ă  Kounda , petit village situĂ© Ă  j milles au nord-ouest de Dourmpour. C’est la rĂ©sidence du chef d’un petit district qui dĂ©pend de Bellafpour. A Dourmpour , je payai deux roupies pour laisser paffer mon cheval. ' * . , _ 1 Le 18 a Gowrah me reposai pendant la chaleur du jour prĂšs d’un moulin Ă  eau ; ce fut le premier que je vis dans les Indes. Le matin Ă  2 heures, j’observai une Ă©clipse de lune qui dura prĂšs de deux heures. Le soir nous entrĂąmes dans une maison de paysan , Ă  qui nous demandĂąmes la pĂ©rmiffion de faire entrer nos paquets chez lui et de chercher dans une de ses granges quelques places on nous pussions paffer la nuit. Le paysan me regarda fixement. Ma figure ne parut pas lui convenir, et il nous dit franchement qu’il craignoit bien que nous ne nous contentassions pas d’une grange. Il avoir de la peine Ă  croire que nous fusiions entrĂ©s chez lui feulement pour y paffer la nuit, et il ne nous permit d’entrer dans fa cour, que lorsque le marchand de Cachemire lui eut montrĂ© quelques petites marchandises. Les distVicts de Houndah et de Gowrah s’appellent Barrah Touckrah , * parce qu’ils font composĂ©s dĂš petits pays qu’un Rajah de Bellafpour avoir assignĂ©s, il y a cinquante ans, Ă  ses jeunes si!?. * Expression qui , en Indien, veut dire douze partie». G 1 Ces petits Ă©tats loqt mal gouvernĂ©s, et le voyageur qui va du Gange en Cachemire court ici nique d ĂȘtre pillĂ©. Le 19, dix ccss ; au village Tayanaghour; etleto, 12 cols; Ă  Bcllajpour , , 1 a rĂ©sidence de la RanĂ©e ou Princesse du pays de Calour. Cette ville est situĂ©e au sud-ouest du Setloud ou Soutloudge, le plus oriental des cinq fleuves qui eut donnĂ© Ă  ce pays, depuis S ihr end jusqu'Ă  l’ündeus , le nom de Youniab. * Le Setloud, fleuve trĂšs-rapide, a prĂšs de cette ville environ cent verges de large, Bellaspour est une ville bien bĂątie et avec une rĂ©gularitĂ© rare dans ces pays. Calour touche, au nord, au district de Kangrah-, Ă  l’est, Ă  un pays considĂ©rable nommĂ© BouiTeer ; au sud , au A'han; et Ă  1 o lest, au Youniab. Les jevenus annuels de ce pays doivent monter Ă  douze lacks de roupies. A mon arrivĂ©e Ă  Bellaspour, la RanĂ©e Ă©toit en guerre avec le chef de Kangrah, et l'armĂ©e de la Princesse Ă©toit sur les frontiĂšres de l'ennemi. Les causes de cette guerre ne vous Ă©difieront et ne rĂ©jouiront pas beaucoup; et cependant cela occupe les habitants de ces montagnes comme si les collines et les bois de Bellaspour Ă©toient le théùtre d’une guerre gĂ©nĂ©rale. Le siĂšge de Troye et les combats prĂšs du Scamandre, ne paroĂčroient rien Ă  ces hĂ©ros des bois auprĂšs de leur guerre; et ils n’y voudroient trouver d'autre ressemblance que d’avoir Ă©tĂ© l'une et l’autre occasionnĂ©es par des femmes. J’ai commencĂ© involontairement Ă  m'intĂ©resser Ă  leur histoire , et comme je n’ai rien de trĂšs-important Ă  vous communiquer, je vais vous en ennuyer. Pour dĂ©tailler mieux la chose , je dois vous rappeler N K {* Mot Persan, qui veut dire cinq riviĂšres. 17 * les iems d'Akbsr, qui fut, dit-on, le premier Empereur qui soumit ccs pays de montagnes. Sur la frontiĂšre septentrionale de Calour. d'i une forteresse, Kote-KangrĂąh, qucAkbar, qui l’aliiĂ©geoit en peiibnne , fut une annĂ©e Ă  rçtluirc. Du moins voilĂ  ce que la tradition raconte. Pour iccompcnfcr un de ses officiers qui s’étoit distinguĂ© lors du siĂšge, Akbar lui donna cette fortercsie avec une asicz grande Ă©tendue de pays qu'il y ajouta. La postĂ©ritĂ© de cet officier, qui fuit la secte desChoutes, possĂ©da ces pays jusqu’au moment actuel, que le Rajah de Kangtah ravagea le pays et assiĂ©gea la forteresse. Le MahoraĂ©tar. incapable de rĂ©sister Ă  cette attaque , implora le secours de la R >nĂ©e de Bellafpour , qui, comme une vraie hĂ©roĂŻne, accourut dĂ©fendre son voisin- et vengea bientĂŽt le tort qu’on lui fui soit, en pillant et ravageant tout dans Je pays de Kangrab. Le prince de Kangrah soutient inutilement que la RanĂ©c, lorsqu’elle a vu le pays de son ennemi fan» dĂ©fense , a pris le prĂ©texte de secourir son voisin pour augmenter sa propre puissance. Le si etlest 2 nous restĂąmes Ă  Bellafpour. La guerre ne troubla'pas peu notre voyage. Il y avoir dans l’armĂ©e de Kanrrah, par laquelle nous devions passer, une troupe dcSicques qui a voient rĂ©pandu un effroi gĂ©nĂ©ral dans ccs pays Ă©loignĂ©s. Les deux Cachemiriens, Ă  prĂ©sent mes seuls compagnons, ne vouloient pas partir absolument que nons n’euffions reçu du renfort. AprĂšs plusieurs reprĂ©sentations, ils consentirent Ă  aller avec moi dans le camp de Bellafpour. Ilfe croient forcĂ©s de convenir eux-mĂȘmes, qu’il Ă©toit vraisemblable que nous y trouverions plutĂŽt que dans la ville ^es voyageurs qui voudioient aller au nord. Mais 1 Indou, dans toutes ses actions, est paresseux et trĂšs-peu entreprenant; ' 7 ^ et notre supĂ©rioritĂ© vient en grande patrie de ce que nous les attaquons par ce cĂŽtĂ© foible. La promptitude de nos rĂ©solutions, et la cĂ©lĂ©ritĂ© de nos entreprises, doivent nous donner l'avantage toutes les fois que nous aurons affairĂ© avec eux. L’inaction et la lenteur natu- xe'ie de leur esprit, est encore augmentĂ©e par leur foi Ă  la prĂ©destination et Ă  l’astrologie. Les Indons regardent avec l’attention la plus scrupuleuse, aux jours, aux. heures et aux minutes, et ils dirigent leurs actions, mĂȘme les affaires de iavie ordinaire d'aprĂšs les dĂ©cisions de l’aljtrologue. Lorsque celui ci apperçoit dans les personnes qui l'interrogent une aversion secrĂšte pour certaines diese* , ou lorsqu’il craint que sa rĂ©putation ne souffre par une rĂ©ponse qui eĂ»t engagĂ© Ă  tenter ce que l'on projetoit sĂ»rement, il sait trouver un obstacle. Quelle supĂ©rioritĂ© n’avons nous'pas fur de telles gens; et cependant nos derniĂšres entreprises, dans les Indes, ont diminuĂ© la rĂ©putation des avantages naturels et acquis que les soldats anglois avoient montrĂ©s dans la plupart des occasions.—Je prie de ne pas mĂ©sentendre cette digression , et de ne pas croire que je favorise les pillages et les incursions que nous avons faites par occasion dans les pays de nos voisins.?!] Notre conduite, Ă  l’égard des Marattes,Ă©toit aussi injuste qu'impolitique, et jene sais si nous devons nos succĂšs Ă  nojre bonheur ou Ă  la folie de nos ennemis. * Le 2 3 au soir je passai le Setloud dans un bateau, Le fleuve est Ă©troit , profond et rapide, et fait beaucouD de dĂ©tours. Je me reposai dans un petit village situĂ© I {+ On trouve dans les mĂ©moires de Mailings, relatifs Ă  l’état de l’Inde , la vĂ©ritable raison de la guerre des Marattes de laquelle Förster parle. N. du T. A. * La convention de "Wargaoum , qui nous couvrit d’opprobre* v >74 vis-Ă -vis de Bellaspour , quoique l’endroit oĂč l’on passe soit Ă  deux milles de la ville. Un kasilah de Joum- boofhaul s'Ă©toit campĂ© au nord de la ville. 11 alloit Ă  De ldi et Ă  Louknow. Je sis connoissance avec des personnes du kasilah, et par leur influence j’obtins la permission du receveur du pĂ©age de passer sans obflacle. Cela me fit d’autant plus de plaisir, que le Gouvernement de Bcllnsjiour est connu pour ses concussions. Le receveur porta si s bontĂ©s plus loin encore que je ne l’avois espĂ©rĂ©. Non-seulement il me lit passer librement par le dilĂŻrict de IsclluspouT. mais il me donna une lettre de recommandation pour son sicre , receveur de la douane Ă  Kangrah. Les personnes du kasilah Ă©toient curieuses desavoir mon hilloire, et peut-ĂȘtre desireriez- vous savoir celle que j’inventai dans ce tems. II y avoit dans le kasilah quelqu un qui parloit turc, il fallut composer mon histoire d’aprĂšs cet accident. Dieu fait combien j’en ai inventĂ©es pendant mon voyage. J’espĂšre que vous me. les perdonnerez en m’excusant sur la nĂ©cessitĂ© oĂč j Ă©tois de les faire. Aujourd'hui je dis que j’étois nĂ© turc, mais que j’étois venu de trĂšs-bonne heure aux Indes oĂč une personne de distinction m avoit Ă©levĂ©. Mon long sĂ©jour aux Indes m’avoit fait oublier le turc. J’avois Ă©tĂ© presque toujours soldat ; mais une maladie m'ayant fait quitter mon Ă©tat, je m’étois fait marchand ambulant. Cette histoire Ă©toit assez simple et vraisemblable; mĂ»i-niĂ©me j’entrob dans tant de dĂ©tails que je commençois aussi Ă  la croire vraie. On m’avoit vu cependant Ă©crire deux ou trois fois. Un des voyageurs me dit, que c’étoit Ă  l'EuropĂ©enne et dune maniĂšre fort peu en usage. La remarque m’embarassa. Cependant je rĂ©pondis, fans hĂ©siter, que j'avois toujours Ă©tĂ© accoutumĂ© Ă  Ă©crire dĂ©pense jeur- * »75 naliĂšre , pour Ă  la fin de'l’annĂ©e en savoir le montant et ne pas dĂ©penser plus que ma recette ne le pĂšrmettoit. Ordinairement je notois mes observations en Ă©criture persane. Mais*un jour que j’écrivĂźfĂźs une lettre angloise, il y avoit un Cachemirien prĂšs de moi qui avoit servi' en Bengale sur un vaisseau angĂźois , il vit que j’écrivois comme les EuropĂ©ens de droite Ă  gauche cependant ma rĂ©ponse , que les turcs Ă©crivoient de cette maniĂšre, le satisfit..Les Asiatiques ont la coutume de s’accroupir lorsqu’ils lĂąchent leur eau , moi je reslois debout fans penser que cela n’étoit pas dans le rĂŽle que j avois pris. On me fit des reproches sur nia mal-propretĂ©, et je rĂ©pondis que c’étoit une mauvaise habitude de soldat, Ă  qui la ponctualitĂ©-du service et leur vie errante per- mettoient quelquefois de s’écarter du dĂ©corum , soit qu ils ne fissent pas attention, soit Ă  cause de la bonne intelligence dans laquelle nous vivions, mes compagnons de voyage ne me reconnurent pas du tout fous le masque que j’avois pris, et que j’espĂšre garder jusqu’à la fin de mon voyage. DIXIÈME LETTRE. Nourpour 17S3. .Le 28 du mois dernier, je vous ai dĂ©critmon voyage de Lall-Dong Ă Bellaspour. A prĂ©sent je puis vous dire que je fuis arrivĂ© en bonne santĂ© Ă  Nourpour , la ville la plus considĂ©rable du district de ce nom, sans avoir Ă©tĂ© attaquĂ© par les tigres, les brigands ouĂŻes Sicques. Du bord occidentel du Setlour, nous allĂąmes le 24 mars au village Comour-HattĂ©c 8 cols. Une HattĂ©e, qui dans le langage du pays veut dire une taverne , est toujours k *76 ce qu’il y a de plus agrĂ©able pour un voyageur. Ausii je cherchois toujours Ă  m’arrĂȘter dans de telles tavernes. Je trouvois lĂ  de la farine de froment, des pois et du ghĂ©e , '* c’est ce quiCormoit ordinairement mes repas; etlorsque j’en priois honnĂȘtement celui qui les vendoit, il me permettoit ordinairement de m’arrĂȘter dans la cour de fa maison. Le n5 nous finies dix cofs pour parvenir Ă  l’armĂ©e de Bellafpour. On n'a pas besoin de la plume d’HomĂšre pour nommer les diffĂ©rents peuples qui formoient son armĂ©e , et peindre les noms, la force et le caractĂšre de leurs chefs et la place cu’ils occupoient. 11 suffira de dire qu’il y a voit environ 3oo cavaliers et Sooo fantassins armĂ©s de fusils, d’épĂ©es, de lances et de massues. Ils occupoient deux cĂŽtĂ©s de la montagne , ifs Ă©toient dans le plus grand dĂ©sordre et tous aussi sales les uns que les autres. Les troupes avoient campĂ© quatre mois fous de petites huttes faites de branches d'arbres; ainsi oa peut croire qu’un "tel sĂ©jour n’étoit ni sain, ni agrĂ©able. 11 n’y avoir en gĂ©nĂ©ral que quatre tentes et encore fort communes. L’une d'elles Ă©toit pour le GĂ©nĂ©ralissime, frĂšre, et si je ne me trompe pas, frĂšre aĂźnĂ© du dernier Rajah de Bellafpour ; car dans les Indes ni l’Indou, ni le MahomĂ©tan n'observe exactement le droit de primogĂ©niture. Ce GĂ©nĂ©ralissime , Ă  cause de son grand Ăąge , ne pouvoir faire aucun service ; on lui avoir adjoint un frĂšre plus jeune qui commandoit Ă  sa place. La RanĂ©e , avec son fils ĂągĂ© de dix ans, et un Sounnast'Ă©e favori de la Reine, s’etoit retirĂ©e dans une citadelle d’oĂč elle dirigeop les opĂ©rations de la guerre. Puisque j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© de l’histoire de Bellafpour, je s* Du ghĂ©e est; du beurre fondu dont on se sert toujours dans les cuisines Indiennes. 1 77 veux vous raconter celle de la ? rince lie , cela jetera peut-ĂȘtre du jour fur le caractĂšre et la conduite des femmes. Sans me perdre dans des Ă©loges qui seroient inutiles, je vous,dirai que la llannĂ©e de Bellaspour , aprĂšs la mort du dernire Rajah, se dĂ©clara elle mĂȘme tutrice de son fils et rĂ©gente du pays. * Le frĂšre de l'on Ă©poux voulut s’y opposer, celui-lĂ  mĂȘme qui ale 'commandement de l’armĂ©e. Il y avoir encore d’autres obstacles Ă  surmonter , les j^js grands venoient de son sexe qui lui dĂ©fendoit de paroĂźtre eu public. Enfin eiie vainquit toutes les difficultĂ©s et devint tout-Ă -fait la maĂźtresse.^La victoire de la Princesse entraĂźna aprĂšs elle la dĂ©tention de son rival; mais il y fut bien traitĂ© et bientĂŽt on le mit en libertĂ©. Cette feipme est pleine d’esprit ; mais aprĂšs avoir su conduire avec un bonheur Ă©gal ses guerres et son administration , elle s'est laissĂ©e sarprendre par l’amour. Je laisse aux connoisseurs expĂ©rimentĂ©s en amour, Ă  dĂ©cider si cette paffion , comme le prĂ©tendent nos moralistes sĂ©vĂšres , est un supplĂ©ment et en mĂȘme-tems l’alliage de nos vertus, on li elle Ă©lĂšve nos autres vertus et nous eu donne mĂȘme de nouvelles, comme le prĂ©tend le spirituel Yorick. Quoiqu’il en soit, j’ai vu l’objet de l’amour de cette Princesse , et il fait honneur Ă  son goĂ»t.. C’est un bel Indou, tout je une encore,- et qui contre l’esprit de sa secte, qui est presque aussi sĂ©vĂšre que l’ordre des chartreux, s’habille fort bien et Ă  la MahornĂ©tane. On * J’ai dĂ©jĂ  remarquĂ© dans mes observations fur la religion de 1 Indous , que parmi eux , une veuve devient aprĂšs la mort de son mari le dernier, membre de la famille. Cette loi est Ă©ludĂ©e Ă  prĂ©sent par les ĂŻiciielses , le pouvoir et l’intrigue. Au reste il n’est pas inutile de r marquer que les Indous le servent du mot vtuf> pour exprimer quelque choie de bas ou d’insignifiant. » 7 » reconnaĂźt tout de suite Ă  l’aisance de ses maniĂšres, Ă  la coquetterie recherchĂ©e de fa parure , le favori des femmes. Aussi l’amour fait naĂźtre des changements mĂȘme parmi un pe*uple qui observe ordinairement tous les prĂ©ceptes de fa religion avec une exactitude qui choque le sens commun, et qui souvent tombe dans les plus grandes absurditĂ©s. *J En voilĂ  assez fur la EanĂ©e de Bellaspour, je lui souhaite au reste toute sorte de prospĂ©ritĂ©s. ^ Ce fut alors que j’appris, que mon chemin Ă  l’armĂ©e de Kangrah seroit trĂšs-dangereux sans une escorte militaire. Pour tĂącher de m'en tirer d’une maniĂšre ou d’autre , j’allai trouver le GĂ©nĂ©ralissime. 11 Ă©tait assis sous un banian et Ă©tait entourĂ© de scs premiers officiers, qui pour la plupart i\f portaient rien autre qu’un cuir de buffle du pays. Il faisait justement la revue de recrues arrivĂ©es nouvellement de leur pays, ou plutĂŽt de leurs bois. Ils ressemblaient Ă  des satire", Ă  des faunes ou Ă  ces divinitĂ©s des bois comme les anciens les ont dĂ©peintes ; et je ne crois pas que tout l’art et la rigueur mĂȘme d’un caporal pruffien pĂ»t donner Ă  ces hommes des bois une connoissancc quelconque du service militaire. En m’approchant du chef, je lui prĂ©sentai une roupie que j’avois mise sur le bord de mon habit. Vous ne savez peut-ĂȘtre pas encore qu’on ne doit pas tenir cette piĂšce d’argent dans fa main, il faut la tenir fur un mouchoir ou furie bord de l’habit, et lorsque le supĂ©rieur veut Ă©couter ou favoriser son client, souvent, soit par gĂ©nĂ©rositĂ©, soit Ă  cause de Dans le voisinage de BenarĂšs U y a un ordre religieux d’indous qui ne font absolument aucun usĂąge de leurs mains , mĂȘme dan* les ca» les plus nĂ©cessaires; ils le laissent servir par d'autres» et il fautles faire manger. 4 17 son Ă©tat, il ne prend pas le prĂ©sent, il le touche seulement du doigt. Cela suffit pour faire au suppliant l'honneur qu'il attcndoit, ou lui promettre le secours ou la protection qu’il demandent. Le l’rincc me reçut fort bien et m’accorda ma priĂšre. Je demandois que notre petite sociĂ©tĂ© de voyage pĂ»t accompagner le premier Courier que son enverrait Ă  l’armĂ©e de Kan- grah. Il ajouta rnĂȘfnc qu'on Ă©teit sur le point d’expĂ©dier certaines lettres auxquelles on travailloit alors. Un ou deux jours aprĂšs, j’appris que ce Prince des montagnes Ă©toit fait connue les autres Irjdous. Je lui saisois ma cour pour la seconde fois. Il avoit feulement- auprĂšs de lui son Cotewaoul ou son maĂźtre des cĂ©rĂ©monies. * Il me lit souvenir que je devrais lui offrir mon prĂ©sent. Ja lui donnai une/oupie que Cha-Alloum, Empereur actuel, avoit fait frapper. Ici ces monnoyes ont moins de valeur que celles Ă  un autre coin, aussi mon prĂ©sent fut-il mal reçu et on l’examina de tous les cĂŽtĂ©s. Ne croiriez-vous pas que j’avois affaire Ă  un misĂ©rable marchand Indien et non Ă  un Prince. Cette avarice et cette conduite indĂ©cente me rĂ©volta, mais d’un autre cĂŽtĂ© elle me fit plaisir, en m’expliquant clairement le caractĂšre des Indous. Une autre preuve de leur peu de tenue dans leur conduite , et de leur manque de vĂ©ritable bravoure, c’est une anecdote que je veux vous conter, quoiqu’elle ne tienne pas Ă  la. fuite de ces lettres, f I^orsque les MaliomĂ©tans furent chassĂ©s de Cattouk, le propriĂ©taire ou le gouverneur de ce pays s’ensuit en Bengale. AprĂšs y avoir vendu les { * Le rslaĂźtre des cĂ©rĂ©monies a aussi l’inspection sur la police. t Je ne trouve pas cette anecdote jultement appliquĂ©e. On ne peut faire servir la maniĂšre d*agir et de penier des Indiens, Mahoinc tans, ou qu’on appelle Mores, pour expliquer celle de l’Indou payen» Il y a de la ditfeience entre les deux. Note du. T. A. Ăź i8o trĂ©sors et les bijoux qu’il avoit sauvĂ©s,.il la cĂŽte de Coromandel, oĂč il obtint une pension du Nabab de Carnatic. 'saut qu’elle fut payse exactement, il vĂ©cĂ»t dans l’aisance. 11 avoit son palanquin, sa suite , ses valets. Le Nabob ayant trouvĂ© plaisant de retrancher quelque chose sur les pensions les plus considĂ©rables, son client perdit aussi fur la sienne. Alors il renoriça Ă  son paĂźano'un et acheta un petit cheval. C'Ă©toit sans doute une humiliation bien dure, mais le calice d’amertume n’étoit pas encore vuldĂ©. La penson sut encore rĂ©formĂ©e, et Ă  la fin retirĂ©e tout Ă -fait. 11 Ă©toit trop fier pour gagner sa vie en travaillant honnĂȘtement. 11 aima mieux voler et faire des friponneries on eut peine Ă  le sauver d'une mort honteuse. Ces exemples vous peindront mieux le caractĂšrq national que de longs raisonnements Lorsque l’homme n’apprend pas de bonne heure Ă  admirer des exemples d'honneur et de probitĂ©, et qu’on ne l’accoutume pas Ă  dĂ©tester des actions vicieuses-, bien plus, lorsque dĂšs sa premiĂšre jeunesse on lui apprend Ă  n’estimer les devoirs de la vie que d’aprĂšs de vains usages et des fables fans raison, iln’eft pas Ă©tonnant qu’à la fin les hommes soient gĂątĂ©s de cette façon. Les mouches me tourmentĂšrent tellement, dans le camp de Bellalpour’qu’à peine pouvois-je garantir con- tr’elles ce que je mangeois. Les mouches indiennes ont, je crois, une dose de poison avec elles. Quand on en avale une en se trouve mal et on vomit toutde suite. Je croyois d abord que ce mal-aise provenoit du mouvement de l’insecte dans l’cstomach!; mais en examinant mieux, je trouvai qu’une mouche, qui avoit Ă©tĂ© fort peu detems dans l’estomach, nĂ© donnoit plus un seul signe de vie. La grande chaleur de l’estomach doit tuer Ă  l’instant cet insecte. , * - 8 - Notre sĂ©jour, dans le camp de Bellaspour, Ă©toitincommode et dĂ©goĂ»tant. La chaleur Ă©toit trĂšs-forte, et l’air gĂątĂ© par la mal-propretĂ© de tant d'hommes et de bĂȘles, j’étois tellement impatientĂ©, que je voulois ellayer tout pour me tirer de ma situation. Cette impatience occasionna une rĂ©solution qui auroit vraisemblablement anĂ©anti tout mon plan. Deux Couriers ou estafettes, qui dĂ©voient porter des propositions de paix dans le camp de Kangrah, promirent de nous accompagner. J’étois rĂ©solu de me confier Ă  eux, quoique mes compagnons de voyage s'y opposassent et soutinssent que ces hommes nous trahiraient. Le Chobedar * y du GĂ©nĂ©ral, qui Ă©toit MahomĂ©tan , chercha aussi Ă  me donner des idĂ©es desavantageuses des courriers ; mais je voulois partir. Du reste si ces hommes avoient de , mauvais projets contre nous, bientĂŽt il n’y eut plus rien Ă  craindre. La veille de nptre dĂ©part un grand convoi d'Ăąnes chargĂ©s de fer voulut prendre notre route. Le »9 toute la sociĂ©tĂ© rĂ©unie se mit en mouvement. Nous Ă©tions Ă  peine fur les frontiĂšres de Bellaspour , Ă  huit milles du camp, que nous eĂ»mes tous une belle peur. ,11 parut deux cavaliers de Kongrah. Ils passĂšrent devant moi, tombĂšrent fur l’arriĂšre garde de notre caravanne, et ils prirent aux commerçants en fer la valeur de cent roupies. C’est dans ce pays une assez forte somme. 'Ils saisirent aussi un pauvre Cache- mirien qui Ă©toit restĂ© en arriĂšre, et ils ctoient sur le point de le dĂ©pouiller, lorsqu’il- se mit Ă  crier qu'il Ă©toit mon valet, et que j'Ă©tois une personne de considĂ©ration. AussitĂŽt mes cavaliers coururent aprĂšs moi. En s’approchant, l’un d’eux me dit que javois l’airci’un *I Un homme qui port* un bĂąton d’argent devant les personnes do distinction. »?* Balla Audiwcc “ et que je n'avois rien Ă  craindre d’eux , qu’ils ne s’ijttaquoient qu’à de malheureux voyageurs Ă©garĂ©s. Les trouvant si polis, je sis mettre en libertĂ© le Cachernirien ainsi que mon valet qui Ă©toit survenu et qu’ils avoient arrĂȘtĂ©. Ce fut un bonheur pour les prisonniers que je fulse lĂ . Les cavaliers croient Ăąpres Ă  la curĂ©e , et ne paroissoient pas difficiles fur le choix des pe;sonnes. Pendant que je fus dans leur voisinage, ils mirent plusieurs passants Ă  contribution et entre-autres Ă  un Ăąnier une paire de souliers. Ici nous apprĂźmes que deux cent Sicques , qui avoient Ă©tĂ© Ă  la solde de Kangrali, alloient bientĂŽt se montrer. Comme je connoilsois la façon de s’y prendre des apĂŽtres de Nannok . fl surtout au service Ă©tranger . j’aurois bien donnĂ© la moitiĂ© de mon bien pour pouvoir conserver l’autre. 11 n’y avoit pas d'autre parti Ă  prendre , que d’affecter L'assurance et la confiance, et Dieu fait comme j’étois assurĂ©. Je partis au grand trot et en peu de te ms je fus au milieu de ce corps redoutable qui me regarda beaucoup, niais ne me fit pas de mal. Les Sicques avoient cru que nous Ă©tions une troupe ennemie, ils s’étoient tenus prĂȘts au combat. Ils assuraient fur le tou. d’une exclamation religieuse, que leur prophĂšte les y encourageoit. Je descendis pour leur tĂ©moigner plus de considĂ©ration, et je teuois mon cheval par la bride, lorsqu’un Ă©tourdi de Sicque me toucha en passant. Le cheval fougueux qu'il montent, qui parut me mĂ©priser, moi ou mon cheval, ou peut-ĂȘtre tous les deux, se mit Ă  ruer. Mon Sicque tomba par terre , et comme la scĂšne se passoit juste sur le sommet d’une montagne, le * Cest ainsi qu'on nomme, en Indofiao , ceux qui sont au-dessu» de la classe du peuple. t Le fondateur da religion et de la secte des Sicque*. I 283 malheureux cavalier dĂ©montĂ© roula jusqu’en bas, et perdit en chemin son fusil, son Ă©pĂ©e et son turban. Je craignois que le dĂ©sastre du Sicque ne me fit tomber les autres fur les bras; mais comme j’avois tĂ©moignĂ© l’intĂ©rĂȘt que je prenois Ă  l’accident du cavalier, et que je me donnois toute forte de peine pour retrouver ce qu’il avoit perdu, tous me remerciĂšrent. Ma bonne fortune avoit dĂ©tournĂ© de moi les dangers qui m’avoient menacĂ©, et j’arrivai sain et sauve au camp de Kangrah , ou comme on l’appelle d’aprĂšs un vieux nom du pays, de Kalochin-Rajah. Nous avions beaucoup souffert de la faim et de la fatigue, quoique notre voyage n’eĂčt Ă©tĂ© que de seize ou de dix-sept milles ; aussi le soir de notre arrivĂ©e cherchĂąmes nous un peu Ă  nous remettre. II n’y avoit dans le camp qu’un petit corps de cavalerie. La plus grande partie des troupes Ă©toit au siĂšge de Kote - Kangrah , fous la conduite du Rajah. Le chemin ordinaire d'ici Ă  Joumbo passe par Nadone, capitale du pays de Kangrah, et par le district d’Huricpour. Mais ces environs Ă©toient inondĂ©s de Sicques, il nous fallut quitter la route ordinaire et marcher plus vers l’ouest. Il est Ă  craindre que ces montagnards ne causent tant de troubles dans le pays, que le seul chemin des Indes Ă  Cachemir n'en soit fermĂ© , ou que du moins il soit si peu sĂ»r qu’aucun gain n’en, puisse balancer le danger. ^ Nous partĂźmes le 3o ; nous fĂźmes 6 cosses, et nous arrivĂąmes avec le kafilatz des nĂ©gociants en fer Ă  SoorĂ©e, petit village dont Ă©toient la plupart des marchands de la caravane. Ou se reposa dans ce village, qui esi Ă  une journĂ©e de distance du droit chemin. parce que les amers vouloient voir leurs femmes et leur» enfans. * La fuite a confirmĂ© cette crainte. »84 A l’ouest, ste SoorĂ©e, qui est situĂ© dans une vallĂ©e, mis passĂąmes une chaĂźne de montagnes hautes et fort roidi.. Le 3 t , 4 cois; Ă  Bompal , petit village fur une colline. Cette journĂ©e fut si courte par complaisance pour les marchands de fer qui vouloient aller au camp de Kangrah et tĂącher de recouvrer ce que les Sicqucs leur »voient pris ; mais ils revinrent fans avoir rien fait ils paroissoient disposes Ă  partir d’un pays dans lequel , au lieu de rĂ©parer le dommage qu'ils avoient essuyĂ©, on leur avoit fait de nouvelles demandes. Toute la nuit j'eus fur le corps une pluie violente et continue. J’ai beaucoup souffert du mauvais tons dans mon voyage, et cependant, grĂąces Ă  mon bon tempĂ©rament, ma santĂ© n’a pas Ă©tĂ© attaquĂ©e. La pluie, qui duroit toujours, nous retint Ă  Bompal jusqu’au 2 Avril. Ce jour lĂ  nous finies 8 cofs et arrivĂąmes Ă  un petit village nommĂ© Clioumbah, qui appartient au Rajah d'itjfoul. Non loin de Bompal nous fumes arrĂȘtĂ©s par le commis de la douane de Nadone; il avoit fuit trois milles pour nous demander un pĂ©age de quelques fols. Environ Ă  moitiĂ© chemin, on voit, Ă  droite, un temple indien au pied duquel coule le Byas-Gounge , le second des fleuves du Youniab en partant de l’est. Le fleuve est rapide et a environ cent verges de large ; il coule fur la gauche. Une grande partie du chemin de Bompal Ă  Chem- lah passe par un vallon arrosĂ© du Byas, et au nord duquel on voit les pays plats et fertiles' Ă 'Huricpour. Le pays de. Kangrah ou Catocuin touche, au nord et au nord-ouest, Ă  Houricpour ; Ă  l’est, Ă  Choum- bah ; au sud, Ă  Calour; et Ă  l’ouest, au Pouniab. Les revenus ordinaires, qui montoient Ă  7 lacks de roupies , ont diminuĂ© par l’alliance du Rajah avec les i35 lĂȘs Sicques. Ceux-ci pillent partout oĂč ils vont. Ces brigands le conduisent comme cet homme que le cheval engagea Ă  terminer son diffĂ©rent avec le cerf; vous savez Ă  quel usage on employa l’imprudent cheval, Ăźorlque la victoire eut Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e Ă  l’avantage des puissances Ce jour-lĂ  notre petite sociĂ©tĂ© , qui avoit Ă©tĂ© groffie clans le camp de Bellaspour par des Cachemiriens, rĂ©solut, par crainte des Sicques qui rendoient le chemin ordinaire peu sĂ»r , de quitter le kafilah et d’aller Ă  joumbo par des chemins de traverse. Un marchand indien compte la perte du tems presque pour rien et reste deux vu trois mois tranquille, plutĂŽt que de s’exposer au moindre danger. Le 3 , dix cols ; Ă  Jada , dĂ©pendant du JĂźajah de Sibah. Nous trouvĂąmes dans un ruisseau qui traverse ce village d’excellent poisson, qui , pour la forme et le goĂ»t, ressemble beaucoup Ă  nos truites. Ce district touchant l’extrĂ©mitĂ© la plus Ă©levĂ©e du Pouniab , est abandonnĂ© Ă  la discrĂ©tion des Sicques, qui le partagent de maniĂšre Ă  ne pas l'c gĂȘner eux-mĂȘmes. Notre chemin paffoit devant le fort Sebah qui a une trĂšs- agrĂ©able position fur un ruisseau ou un petit fleuve. Nous vĂźmes lĂ  deux Sicques Ă  cheval effrayer le commandant et toute la garnison quoi qu’en fermĂ©s dans leur fort. Les cavaliers Ă©toient envoyĂ©s pour percevoir le tribut que les Sicques ont imposĂ© aux Princes des montagnes depuis le Gange jusqu’à Joumbo. Ils Ă©toient trĂšs - mĂ©contents de ce qu'on avoit diffĂ©rĂ© le payement, aussi parlĂšrent-ils aux Indous effrayĂ©s comme * Ce fort est situĂ© Ă  environ 3 coss, au sud-ouest, de Dada et est la seule rĂ©sidence fortifiĂ©e que j’aie vue dans ce pays. Le voisinage du l’euniab a engagĂ© vraisemblablement les montagnards Ă  le sottisier. o -86 un magistrat en europc parlerait Ă  des bohĂ©miens ou Ă  des vagabonds. Dans le fait , mon ami, il faut un courage et un araour de l'humanitĂ© plus qu’ordinaire pour user de son pouvoir avec modĂ©ration. Notre nature n’est que trop portĂ©e Ă  en abuser, et cependant si nous rentrions en nous-mĂȘme, nous trouverions bien des raisons de douceur et de mĂ©nagement ; et moi aussi j’ai souvent des accĂšs d'impatience, et je les ai remarquĂ©s depuis si long-tenis en moi, que je regarde cette impatience comme innĂ©e. Dans un de ces accĂšs je quittai ma sociĂ©tĂ© et marchai en avant l’espace de plus d’un mille. Je rencontrai un homme achevai qui avoir l’air d’un voleur de grand chemin'. J’étois bien armĂ©, je paroiffois le plus fort -des deux , jene craignis pas la rencontre. DĂ©pendant ma qualitĂ© d’étranger, et mon Ă©quipage qui Ă©toit bon Ă  prendre, engagea le cavalier Ă  m’arrĂȘter et Ă  me demander d’un ton impĂ©rieux qu’elle Ă©toit ma patrie et mes occupations. Ma rĂ©ponse ne fut ni satisfaisante ni polie, et je le quittai brusquement, quoiqu’il parĂ»t dĂ©lirer continuer l’entretien. A un quait de mille je trouvai un Sicque Ă  cheval , qui sĂ»rement alloit en maraude. AprĂšs m’avoir regardĂ© attentivement, il vit que l’issue du combat seroit douteuse, mon Ă©pĂ©e Ă©toit longue et ma mine hardie; il me salua d’un air d’amitiĂ© et continua sa route. BientĂŽt aprĂšs il joignit mon premier inconnu ; ils tinrent conseil, et le rĂ©sultat fut de vouloir me piller. Mes compagnons de voyage, qui m’avertirent ensuite de ce que ces coquins tramoient, s’appiochĂšrent pendant qu’ils concertoient leur plan d'attaque. 11 s’en suivit une explication mutuelle. Nos pillards virent bien que les quatre hommes Ă  pied qu’ils avaient devant eux m’ap- paitenoient, et ils en tirĂšrent la conclusion que quand * 8 7 mĂšm; tous deux ensemble, ils seroicnt plus Forts que moi, un tel renfort tourneroit le combat Ă  leur dĂ©savantagĂ©. Ils cĂ©dĂšrent Ă  cette excellente raison et nous laissĂšrent passer tranquillement. Le 4 , dix cols, Ă  un village dans le district de Doutar-Joulvara ; c’est lĂ  qu’un chef des Sicques a construit un petit fort pour tenir en respect tous les environs. Le pays commence Ă  s’aplatir insensiblement. Cela nie lit un grand plaisir. 11 semblent oue mon teil Ă©toit fatiguĂ©, et qu’il avoit Ă©tĂ© pour ainsi-dire blessĂ© par toutes ces hautes montagnes qui s’élevoient jusqu’aux nues. Le district de Doutas ou Doutarah s’étend jusques par-delĂ  les montagnes et les collines du Pouniab, Ă  travers lesquelles nous avions passĂ© lors de notre derniĂšre direction vers le sud. Pendant cette journĂ©e, je n’eus avec moi que le marchand Cache- rairien, les trois autres, qui s’étoient joints Ă  nous dans le camp de Beilaspour, Ă©toient allĂ©s en avant, et mon valet Ă©toit restĂ©. Ver» le soir, lorsque nous fumes au pied d’une montagne , nous vĂźmes une troupe de cavaliers qui nous suivoit parle mĂȘme chemin, c’étoient des Sicques ; jugez de notre frayeur. A leur approche ' je mis dans un buisson, prĂšs de moi, mes lettres de change et mon argent comptant, fans que mon compagnon de voyage s’en apperçût. Mais les idĂ©es dĂ©savantageuses que nous avions conçues de ces cavaliers Ă©toient injustes, et je m’estime heureux de pouvoir reprĂ©senter deux fois la conduite des Sicques feus un jour avantageux. Cette troupe forte Ă -peu-prĂšs de socr hommes, et qui contenoit plusieurs MahomĂ©tans, marchoit vers le district de Hourriepour. Nous limes bonne contenance. Nous fumions nos pipes ; mais apparemment, que malgrĂ© notre bonne mine , ils O - >88 s’àpperçurent de mes craintes, car en passant quelques- uns, aprĂšs avoir fumĂ© un moment dans notre pipe, nous assurĂšrent qu’ils nous protĂ©geroient contre les mauvaises intentions de leurs camarades. AprĂšs leur dĂ©part je repris mon dĂ©pĂŽt, fans que mon camarade le vĂźt. Le marchand Cacheminen Ă©toit ravi de ce que nous en Ă©tions quittes pour la peur, et il jura par fa barbe, qUe sitĂŽt que nous serions arrivĂ©s Ă  la couchĂ©e, il össiiroit Ă  Mahomet ou au patron de son pays, Ă  Mourdoom- Saib, pour deux fols de sucre brun , pour le remercier de notre merveilleuse conservation. Nous rencontrĂąmes encore plusieurs traĂźneurs. Ce font ordinairement les plus dangereux. Nous leur dĂźmes qu'on nous avoit chargĂ©s de les avertir qu’ils eussent Ă  suivre leurs camarades le plutĂŽt possible. Cette commission nous donna de la considĂ©ration. Quand ils virent que leur troupe ne nous avoit pas pillĂ©s, ils suivirent ce louable exemple. Un marchand Ă  Toultuara nous donna une retraite commode pour passer la nuit. Mon domessique nous rejoignit ici. Il avoit couru les mĂȘmes dangers que nous; mais il avoit encore gardĂ© avec foin le reste des poissons que nous avions achetĂ©s Ă  Dada. Nous en fĂźmes un excellent souper. Toute personne qui trouve un bon gĂźte aprĂšs pareilles aventures , pourra m en croire. Mon compagnon exĂ©cuta fidĂšlement son voeu. Il blĂąmoit mon insouciance aprĂšs la grĂące visible de la providence qui m’avoit sauvĂ©. Je vantai inutilement le mĂ©rite des priĂšres du caur. J’assurai que j’étois sincĂšrement reconnoissant de noue dĂ©livrance , et que j’efpĂ©rois que les actions de grĂąces que j'en rcndois s seroient aussi agrĂ©ables Ă  Dieu que des offrandes de sucre que je ne pouyois donner. Cm idĂ©es opposĂ©es Ă  C 1S9 la foi de mon camarade, laquelle ne consistoit que dans de bruyantes cĂ©rĂ©monies, m’attirĂšrent de nouveaux reproches. Le 5 7 cofs; Badponr, village trĂšs-peuplĂ© dans le district de Nourpour. A environ 2 cofi, Ă  l’est, de Bad- pour, prĂšs de Rh?y-Ghaut ou Pouttouu , nous passĂąmes dans un bac le Byas Goungah, et nous arrivĂąmes fur la route d’Ioumbo oĂč les Sicques n'avoient pas encore paru. Le 6 Ă  Goungatau , dix ccss. Je pafsois Ă  cheval un ruisseau prĂšs de ce village, quand mon cheval s’arrĂȘta tout-Ă -coup et me jeta dans l’eau tout de mon long; entre-autres choses une lettre de change far Joumbo fut toute mouillĂ©e, et ce n’étoit pas lĂ  le premier malheur qu’elle avoir Ă©prouvĂ©. Le 7 Ă  Nourpour, le chet lieu d’un district du mĂȘme nom. Cette ville est situĂ©e fur le haut d’une montagne fur laquelle on monte par des degrĂ©s de pierre. La ville a un air d’aisance et on y remarque de l’activitĂ©. Au sud-est, le paysage est ouvert et agrĂ©able. Sa beautĂ© est encore relevĂ©e par un fleuve pittoresque dont l’eau est claire comme du cristal. Les montagnes qui avoientjusqu’alors tant offensĂ© mes yeux, bornent encore l’horison Ă  l’ouest et au nord. Dans cette position elles ont pourtant leur avantage, et comme j'en ai profitĂ©, il sercit injuste de n’en pas parler. La chaleur du soleil Ă©toit extrĂȘmement vive. Nous l’euflions sentie bien mieux encore, si le vent du nord n’eĂ»t pas Ă©tĂ© agrĂ©ablement rafraĂźchi par la neige qui couvre dans ces environs le sommet des hautes montagnes.' Sans un pareil rafraĂźchissement, notre sĂ©jour dans le camp de Bellaspour, auquel je ne puis penser sans frĂ©mir, nous eĂ»t coĂ»tĂ© notre santĂ© et peut-ĂȘtre la vie. * 9 ° Il y avoit un kafilah de Joumbo qui s’étoit campĂ© fur une plaine prĂšs de Nourpour. Ses marchandises appartenaient., en grande partie, Ă  des SounaffĂ©es* et Ă©toient destinĂ©es pcurla foire de Dehli. Cette caravane m’apprit, qu’une guerre, dĂ©sastreuse que le Rajah de Joumbo avoit avec les Sicques , 1 avait mis fort mal dans les affaires Qu’il avoit fnis, me dit-on, une imposition fur tous les habitants de la ville fans exception, et les concussions avaient fait quitter la ville aux marchands les plus considĂ©rables. Les SounaffĂ©es avaient Ă  leur service deux on trois Cachemiriens, dont ou fait tout ce qu’on veut, et qui ont une activitĂ© rare et une patience infatigable lorsqu’ils peuvent gagner quelque chose, lis me dirent que je rifquois beaucoup d’aller Ă  Joumbo dans un tems oĂč toute personne qui paroiffoit possĂ©der quelque chose fixait sur elle l’attention du gouvernement. Ces dĂ©tails m’inquiĂ©taient d’autant plus, que mes affaires exigeaient absolument ma prĂ©sence Ă  Joumbo. Puisque je parle de la ville de Nourpour, je ne puis pas paffĂȘr fous silence qu'il demeure dans cette ville un marchand respectable, nĂ© en Pou- niab et nommĂ© Daoud - Kan. Il vĂ©cut long-tems Ă  Joumbo; mais ayant Ă©prouvĂ© les exactions du gouvernement dans cette ville, il s’enfuit Ă  Nourpour; et outre la furetĂ© de ses biens, il jouit des avantages d’un air salubre et d'un pays fertile. Si jamais un de mes compatriotes vient dans ce pays, dĂ©guisĂ© en maho- mĂ©tan, il peut ĂȘtre sur que la connoiffance de Daoud- Kan lui sera utile. 8 nous nous reposĂąmes. Le 9 nous finies 8 cols * Quoique cet ordre d'aprĂšs ses statuts doive renoncer au monde, il y a eu parmi-eux des marchands , des soldats , mĂȘme des homme* d’état» -Il jusqu’au village Boungourco. Un catharre qui avoir affectĂ© la poitrine de mon domestique, l’avoir mis presque hors d’état de marcher. Je crains Ă  prĂ©sent de l’avoir trop chargĂ© , et j’ai Ă  me reprocher de n’avoir pas mis mes foins Ă  allĂ©ger la charge qu’il portoit, foins que l’humanitĂ© prescrit partout, mais surtout en Asie Ă  un maĂźtre Ă  l’égard de ses domestiques lorsqu’ils font bons. Vouloit dire que ce n’étoit pas un bon domestique , scroit une injustice criante, et ne pourroit servir Ă  excuser ma nĂ©gligence. Si je pouvois ĂȘtre en Ă©tat de le rĂ©compenser, je mettrois cela au nombre de mes meilleures actiohs.' Souvent jĂ©tois .mĂ©content de lui, et son libertinage a redoublĂ© plusieurs fois mon humeur; mais ce dĂ©faut ne justifie pas Ă  mes yeux ma conduite Ă  son Ă©gard, et ne diminue pas le repentir que j’éprouve toutes les fois que je me rappelle les bons services qu’il ma rendus pendant un voyage si dĂ©sagrĂ©able. Les districts de Nourpour font bornĂ©s, au nord, par le fleuve RawĂ©e ; 4 l’est, par le pays de Chambay ; * Ă  l’ouest, par le fleuve Byas et par quelques petits districts Indiens dans le Pouniab ; et au sud, par Hourriepour. On estime quatre lacks de roupies les revenus de Nourpour. I! paroĂźtque ce pays est plus tranquille intĂ©rieurement, quil est moins exposĂ© aux attaques des Sicques, et qu’il est gouvernĂ© plus doucement que les autres Ă©tats voisins. Le to , dix coss ; Ă  FlajsĂše .petit village dans le district de Bijsouly. A environ 8 milles au nord-ouest de BongourĂše et vis-Ă -vis le fort de Bissouly, nous passĂąmes la RawĂ©e qui ** a ici prĂšs de t so verges de large et f C’est un pays de montagnes d’une grande Ă©tendue. La RawĂše est le plu* petit de* fleuves de Pouniab et passe devant la ville de Lahor. . y pst trĂšs-rapide. Dans le bateau Ă©toient deux Sicques qui alloicnt dans le fort on leurs compatriotes avoient mis garnison, Ă  l'occasion d'un secours qu’ils avoient prĂȘte au Rajah de Biffouly. Teiltest la fuite ordinaire des secours que prĂȘtent les Sicques ; et cependant les Princes des montagnes font toujours assez fous pour implorer leur secours , sitĂŽt qu’ils ont une guerre avec les voisins. Un Rajah des environs avoit attaquĂ© les districts de Bijsouly , pillĂ© les habitants, brĂ»lĂ© les villages avant qu’on pĂ»t lui , çippospr de rĂ©sistance. On appela les Sicques pour chaffer l’ennemi et dĂ©fendre le fort. AprĂšs l’avoir fait, jepr nouvelle position leur plut, et ils refusĂšrent de la rendre. On nous recommanda avec instance, et ce n’étoit pas nĂ©cessaire , de quitter le pays le plutĂŽt postible pour Ă©viter les Sicques. Le batelier qui nous paffoit Ă  - Biffouly, quoique de la mĂȘme religion que nous, demandent un prix exorbitant. Par l’entremise des deux Sicques, il rabattit beaucoup de ses premiĂšres,deman- des. Les cavaliers qui -s’apperçurent de l’injustice, n’eurent besoin que de faire connoĂźtre leur volontĂ© pour ĂȘtre obĂ©is. Le voyage de ce soir fut triste, et mon imagination ne put jamais fe peindre une idĂ©e agrĂ©able. Dans le fond il est malheureux que nous ne puissions pas souffrir les maux ordinaires et dĂ©jĂ  assez durspar- eux-mĂȘmes , fans les rendre encore plus durs en y ajoutant des maux imaginaires. Cette maniĂšre d’ĂȘtre dans la nature humaine , paroĂźt contrarier le but pour lequel l’homme est ici et faire honte Ă  la raison dont il est douĂ©. Un hĂŽte complaisant du village de PlaffĂ©c me reçut mieux que je ne l’avois attendu. Sa petite hutte Ă©toit bĂątie eu pierre et avoit pu rĂ©sister Ă  l’inçendie gĂ©nĂ©ral lf J 3 qui avoit dĂ©solĂ© le pays; c’est pour cela qu’avec fa famille, il avoit repris bientĂŽt postesiion de fa demeure. Me voyant fans force et accable d’une fiĂšvre quim’avoit pris en chemin, il me procuraun lit, il me donna Ă man- ger, et m’olfrit enfin tout ce qu’il pouvoir me donner. Le ii, dix cofs ; au village Louddoo, rĂ©sidence d’un petit Souverain qui dĂ©pend de Joumbo. Ce jour lĂ  mĂȘme il y avoit une fĂȘte qui fe donne tous les ans dans un village prĂšs de notre route. Nous allĂąmes nous mĂȘler parmi les nombreux spectateurs. Le plaisir qui regnoit dans cette assemblĂ©e faifoitun contraste frappant avec les scĂšnes d’hier, et nous peignoir avec des couleurs trĂšs-vives les agrĂ©ments de la paix. Parmi les amusements de cette fĂȘte, je remarquai une roue avec des siĂšges qui font attachĂ©s Ă  son bord. Ces roues font trĂšs-communes dans les Indes. En tournant elles-mĂȘmes autour de leur axe, elles font tourner en l’air tous ceux qui dĂ©sirent dĂ©crire un pareil cercle. Je me fuis mis plusieurs fois furie siĂšge de ces roues, et je puis vous assurer que ce mouvement a son plaisir et qu’il remet son homme exactement au mĂȘme endroit et dans le mĂȘme Ă©tat qu’il l’a pris, ce qu’on ne peut pas dire de tous les plaisirs. Mon domestique ne vint pas ce soir coucher dans le mĂȘme endroit que moi; cela m’occasionna plusieurs petites incommoditĂ©s. Jem’étois tout- Ă -fait accoutumĂ© Ă fes services. Une famille de Cache- mir, qui s’étoit fixĂ©e Ă  Bouddoo, adoucit en quelque maniĂšre ma position. Elle coanoiffoit mon compagnon de voyage, elle nous reçut tous deux fort bien et nous procura un assez bon souper. Le 12 , S coss, Ă  Mancote. Ce village est situĂ© fur une colline bordĂ©e d’un cĂŽtĂ© d’un petit fleuve, et est la rĂ©sidence d’un chef de horde sujet du Rajah de Joumbo. ĂŻ94 Ici j'Ă©prouvai de nouveaux embarras qui m’inquiĂ©tĂšrent beaucoup, quoiqu’ils ne mĂ©ritassent pas le nom de malheurs. Mon compagnon Cachemirien Ă©toit aliĂ© par mĂ©garde plus avant que nous n’étions convenus, ainsi il n’y avoir personne lĂ  pour prĂ©parer mon souper et panser mon cheval. Les Indous dĂ©testent en gĂ©nĂ©ral de rendre Ă  un Ă©tranger ces petits services domestiques. Cependant le marchand de Mancote , duquel j’achetai tout ce dont j’avois besoin , voulut bien m'aider. Il me logea, me donna un lit, tous les vases dont je pouvois avoir besoin pour prĂ©parer mon souper, ainsi que ce qui Ă©toit nĂ©cessaire pour mon cheval. Par ma sĂ©paration de ceux qui jusqu'alors avoient prĂ©venu mes besoins et avoient rendu mon voyage agrĂ©able , je me trouvai tout-Ă -coup dĂ©pourvu de toute affistanec. Je pansai d’abotd et je nourris mon cheval qui sĂ»rement l’avoit bien gagnĂ©; car c’étoit une bonne bĂȘte , bien sure et assez vive.* Sans ces vertus elle n’eĂ»t pu supporter les fatigues qu’elle a endurĂ©e, et n’eĂ»t jamais grimpĂ© ces montagnes escarpĂ©es et couvertes de rochers qui s’op- posoient Ă  notre passage. AprĂšs avoir pris foin de mon cheval, il fallut penser Ă  moi. Mes besoins Ă©toient pressants ,ije n’avois pas mangĂ© de toute la journĂ©e. J’appris qu’un Seid, * mendiant d’une saintetĂ© extraordinaire , demeuroit dans la partie supĂ©rieure de la ville, j’allai le voir, je lui peignis ma position et lui demandai de m’aider. Je pensois qu’un homme qui vivoit de la bienfaisance gĂ©nĂ©rale , et dont le bien-ĂȘtre dĂ©pendent de la pratique de cette vertu, m’assisteroit volontiers, surtout puisque je n’avois pas la moindre prĂ©tention fur fa bouise. Mais j’avoii comptĂ© fans mon hĂŽte. Jamais un prĂȘtre avec les ornements sacerdotaux * C’est ainsi qu’on nomme dans les Inies un descendant de Mahomet. 5 * 9 3 dans ]a plĂ©nitude de fa puissance et jouissant de plusieurs riches prĂ©bendes, ne reçut un pauvre paroi dien avec un si grand mĂ©pris que le fier descendant de Mahomet reçut ma visite. Je le priais simplement de vouloir bien me faire prĂ©parer Ă  souper pai ses serviteurs. Je lui dis que j’avois tout achetĂ©, mats que mon domestique n’é toit pas ici et que je ne savois pas faire la cuisine. Cette priĂšre ne fit pas la moindre impression sur le Seid. qui plein de confiance dans la force de fa foi , rejetait apparemment le dogme des bonnes ccuVtes. ou regardait le mĂ©tier de mendiant comme un monopole de ses adorateurs. Il voulait par lĂ  rebuter tous les gĂąte-mĂ©tiers. AprĂšs toutes mes reprĂ©sentations fur 1 embarras dans lequel je me trouvais, enfin il murmura de maqvaise humeur un consentement Ă  ma demande et encore avec la condition expresse que je fournirais le bois, il aurait pu me demander tout au fit bien une poignĂ©e de diamants qu’un morceau de bois. Il faisait sombre, et la faim et la fatigue me rendaient incapable d’un nouvel effort. Aussi je le quittai fort mĂ©content, et je lui reprochai tout haut de violer les droits de l’hospitalitĂ© qui sont sacrĂ©s au MahomĂ©tan mĂȘme le plus grossier. Je lui dis qu’il devait savoir qu'il Ă©tait ordonnĂ© Ă  tous les vrais croyans de les respecter, ces droits, et que la vengeance divine menaçait surtout ceux qui les violaient. Ce discours, prononcĂ© avec chaleur, excita l’atfention des suivants du Saint. L’un deux me pria de me tranquilliser, en me disant qu’il me tirerait d'embarras. Il me mena dans la maison d’une chanteuse qui, sitĂŽt qu’elle fut infimitĂ© de mon histoire , troussa son habit et me prĂ©para Ă  manger. Cela vous eĂ»t fait plaisir de voir comment cette fille pĂ©trisTo 1 1 mon pain , faisait cuire mes -vS petits pois, rĂ©pĂ©tant toujours que je lui avoir fait beaucoup d'honneur r et que le service qu’elle me ren- doit actuellement, n’étoit qu’une trĂšs-lĂ©gĂšre rĂ©compense des services qu’elle a voit reçus des personnes de mon Ă©tat. Lorsque je vous dirai qu'elle refusa ce que je lui offris, vous le prendrez pour une exagĂ©ration orientale, et cependant c'est la vĂ©ritĂ© mĂȘme. Si Mancote nĂ©toit pas plus Ă©loignĂ©e de Loucknow que Chick- Seray, * elle-mĂȘme vous la consirmeroit. Le i3 j'arrivai Ă  Mansir, 8 cofs. Le pays s'ouvre toujours de plus en plus et est mieux cultivĂ© que je ne l’ai vu Ă  l'ouest de Biffouly. La journĂ©e fut fort agrĂ©able, et je ne me perdis pas quoique je fusse seul. Je passai devant un camp de mendiants. C’étoit de bonnes gens fort gais. Ils me priĂšrent de descendre et de prendre quelques refraĂźchiffements. J'acceptai l’invitation, et on me donna un repas fort simple, mais de bon cƓur, et on me rĂ©pĂštent fans celle que j’étois le bien venu. Mansir n’a que quelques maisons et est situĂ©e fur le bord d’un ruisseau trĂšs-poissonneux ; mais les poissons font sacrĂ©s ou appartienne; tau ? rince,il ne faut pas y toucher. Les environs de Mansir furent donnĂ©s anciennement par un Rajah de Joumbo Ă  une secte religieuse de Bira- ghĂ©es pour son entretien. Cette secte faille vƓu de chastetĂ©. A cela prĂšs ces Saints-PĂšres jouissent dans un pays charmant de tous les plaisirs dont les hommes peuvent jouir dans les Indes. Car les BiraghĂ©es ont exclu les femmes ; et notre vie, malgrĂ© tous les autres plaisirs, n’est pas plus heureuse fans la sociĂ©tĂ© des femmes , que le jour n’est gai et beau fans la lumiĂšre du soleil. Dans ce village la femme d’un marchand d’huile MahomĂ©tan fit ma cuisine , mais d’une attire maniĂšre !* Cet endroit eft Ă  environ six milles de Loucicnow. i9> que ma bonne chanteuse. Elle demanda Ă©normĂ©ment pour un mauvais souper,.et encore so-n chat, delĂ  mĂȘme nature que sa maĂźtreffe , attaqua la nuit mes provisions et vola ce que j’avois Ă©pargnĂ© pour mon dĂ©jeuner du lendemain. Pour que mon arrivĂ©e Ă  Joumbo fit moins de sensation , ce qui n’étoit pas avantageux avec la maniĂšre de voir du Rajah , je me donnai pour un officier Ă  son service qui revenoit de l’armĂ©e alors en campagne. Le chemin que je fis aujourd’hui, dans la direction du fui-ouest, * fut un des plus tristes que j’eusse jamais fait, et fut d’autant plus triste pour moi, que je le fis fans compagnon de voyage. En approchant d’une ville aussi considĂ©rable , j’espĂ©rois trouver un. pays peuplĂ© , maisje trouvai prĂ©cisĂ©ment le contraire. La plus grande partie du chemin paffoit par dessables enfermĂ©s pourla plupartpar debautes montagnes de rochers. La position dans laquelle je me trouvois obscursit mon'imagination , et je ne sentis jamais si profondĂ©ment combien il est vrai que l'homme est destinĂ© Ă  vivre en sociĂ©tĂ©. Je ne pensois pas aux grands avantages dont nous sommes redevables Ă  la sociĂ©tĂ© humaine, mais seulement aux plaisirs variĂ©s que nous procure le commerce mĂȘme momentanĂ© avec d’autres hommes. Quelle gaitĂ© , quelle joye ne regne pas dans ces boutiques oĂč l’on vend des sucreries, et que dans les Indes on appelle des cafĂ©s. Dans ces maisons on traite toutes fortes de sujets , exceptĂ© celui des femmes, avec la plus grande libertĂ© , et si ce n’est pas avec la mĂȘme Ă©loquence que les dans capitales de l’curope , aumoins c’est avec autant de bruit et de chaleur. Le * La direction de mon chemin vers le sud , ce jour lĂ , fut occasionnĂ©e , je crois , par celle d’une chaĂźne de montagne* i £»8 principal sujet est la guerre, tt l’on entend souvent des exploits de simples soldats qui seroicnt pĂąlir Se- cunder lui-mĂȘinc * et trembler Roußum. ** Le plaisir de la communication par lequel ils deviennent les hĂ©ros de leurs propres aventures, est un puissant 'aiguillon pour les diffĂ©rentes classes d’aventuriers ; et peut-Ăštie moins d’hommes s’exposeroient au danger, s’ils n’espĂ©roient pas le plaisir de les raconter eux- mĂȘmes. Enfin je remarquai avec le plus grand plaisir , Ă  cĂŽtĂ© du chemin, une place vaste oĂč une famille Ă©toit campĂ©e et faisait paĂźtre sonbĂ©tail. Je m’asiis fans cĂ©rĂ©monie. On m'offrit un verre de lait de beurre que je bus avec plaisir , la chaleur du jour m’ayant beaucoup altĂ©rĂ©. Le pĂšre me raconta que les exactions de son maĂźtre l'avoiem forcĂ© de quitter son ancienne demeure , et qu’il cherchent Ă  prĂ©sent un sĂ©jour plus tranquille. SĂ»rement il se passe dans vos environs plusieurs actions qui font l'opprobre de notre nation et la rendent odieuse , mais ce n’est rien en comparaison avec les brigandages et les injustices que son exerce dans les autres pays de l’Asie. Un des membres de la famille avoir mal au doigt ; comme on prend tous les hommes de ma couleur pour des sorciers , des mĂ©decins ou des artilleurs, on me demanda du secours, et je le fis pour rien au grand plaisir de mes Indous. J'arrivai vers le soir dans la partie infĂ©rieure de la ville de Jounabo. Au moment oĂč j’appeicevois une maison Ă©loignĂ©e oĂč j’aurois bien voulu ĂȘtre reçu . je trouvai une personne qui avoir voyagĂ© quelques jours avec moi il y Ă  Ă -peu-prĂšs un mois, mais qui m’avoit *^Lc nom Asiatique d*Alexandre le Grand. i* „ Un hĂ©ros fameux çhantĂ© parles anciens poĂšte» Persans. i99 } quittĂ© pour des affaires pressantes. Cet homme Ă©loit au service d’un Cachemirien de joumbo , pour lequel j’avois une lettre et dont j’avois parlĂ© pendant mon voyage. SitĂŽt qu’il m’eut reconnu , il courut Ă  son martre avec lequel il revint bientĂŽt. Le Cachemirien ne me laissa tranquille que lorsque je lui eus promis de demeurer dans maison , il fallut bien l’accepter; et quoiqu il fit une pluie trĂšs-sorte nous y allĂąmes fur le champ. Cela vous fatiguerait vous-mĂȘme , si je vou- lois vous peindre les attentions continuelles , respectueuses, je dirois presque importunes, dont mon hĂŽte me combla, moi qu’il n’avoitjamais vu. Quelque bonne opinion que j’eusse de mon mĂ©rite , je pouvoir bien croire que les attentions de mon hĂŽte venoient de l’idĂ©e qu’il a voit que j’étois fort riche et qu'il pourroit faire quelque bon marchĂ© avec moi. AprĂšs m’avoir dĂ©taillĂ© toutes mes vertus et tous mes talents dont son correspondant de Loutknow lui avoir parlĂ©, il me , dit que j’étois bien heureux que prĂ©cisĂ©ment Ă  mon arrivĂ©e le liazard me l’eĂ»t fqit trouver , parce qu’il Ă©toit le seul honnĂȘte homme de Joumbo. C’est ainsi , mon ami, que sont tournĂ©s les compliments orientaux ; quand on les expose Ă  l’air froid de l’europe septentrionale, iis disparoissent comme ces discours que l’on entend tous les jours Ă  la boni se et Ă  cheapside. Je jugeai Ă  propos de ne le pas tirer de son erreur. Un marchand est ici fort considĂ©rĂ© et est beaucoup moins suspect. Lorsque je prĂ©sentai ma lettre de change au banquier de Joumbo, elle avoir Ă©tĂ© tellement mouillĂ©e que les plis s Ă©toient joints ensemble, comme s’ils eussent Ă©tĂ© collĂ©s. Le banquier * eut la bontĂ© * Son nom eft loula-Naout , neveu du Cachemirien Moull Ă  SenarĂšs. r°° d’amollir peu-Ă -peu le papier , il dĂ©plia avec soin lĂ  lettre de change toute mouillĂ©e et en lut le contenu, quoi qu’avec difficultĂ©. S’il eĂ»t eu l’idĂ©e de diffĂ©rer le payement, il en avoit une belle occasion, mais il reconnut le papier pour bon et il me fit mĂȘme la remarque obligeante que pour un voyage si long et si dĂ©sagrĂ©able que le mien , j’aurois pu tirer une plus grosse somme. Joumbo^est fur la pente d’une montagne, et consiste en deux moitiĂ©s diffĂ©rentes , que l’on nomme la haute et la baffe-ville. Le pied de la colline est baignĂ© par le RawĂše qui se jete dans le Chinnaoun. 11 a environ 40 ou 5o verges de large, et la plus grande partie de l’annĂ©e il est si peu profond, qu’on peut le paffer Ă  guĂ©. Sur ses bords font beaucoup de moulins Ă  bled mieux bĂątis que dans le reste des Indes. Ce font les Cache mi- riens qui les ont introduits ; en gĂ©nĂ©ral ils ont amĂ©liorĂ© et enrichi la ville. Je restai peu de tems Ă  Joumbo, ainsi je ne pus pas m’informer en dĂ©tail des causes et de 1 histoire de son commerce. Je ne pus pas non plus con- noĂźtre la raison de son luxe et de ses richesses ; car cette place, quoiqu’elle ait perdu dans ccs derniers tems, est encore une des premiĂšres villes de commerce dans l’Indostan septentrional. Peut-ĂȘtre ces dĂ©tails ne valent pas la peine que l’on prendroit de les lire , ou ne donne roi eut pas l’instruction que je desire vous communiquer par mes lettres ; quoiqu'il en soit, je vous envoyĂ© fans aucun changement ce que j’ai appris. Avant l’irruption de Nadir-Cha dans les Indes, la route ordinaire du commerce de Delhi Ă  Cachemir passoit par Sirhend, Lahor , et Htrepour. Cette route est dĂ©peinte parfaitement fous le nom de Bemberdans les voyages de Bernier. Depuis les irruptions des Perses, des Afganes et des Marattes , surtout depuis les conquĂȘtes 20l conquĂȘtes des Sicques , cette route est peu sure, et les marchands l’ont abandonnĂ©e. Cela fit paffer le commerce de Cachemir parla route dcjoumbo. Ce pays est sĂ©parĂ© du Pouniab par une chaĂźne de hautes montagnes dans lesquelles la cavalerie ne peut pĂ©nĂ©trer- qu’avec risque et trĂšs-difficilement; auffi prĂ©fĂ©ra-t-oa le chemin dejoumbo Ă  celui par Lahor, quoiqu’il fĂ»t plus long et plus difficile, et que par consĂ©quent les frais de transport fussent augmentĂ©s. Rounzeid-De've , ie pĂšre du Rajah actuel de joumbo, contribua beaucoup, par la sagesse et la justice de son gouvernement, Ă  l’opulence et Ă  l’importance de Joumbo. Il vit le 5 grands avantages que le sĂ©jour des marchands MahomĂ©tans y apportĂšrent, et il chercha Ă  les attirer par toutes sortes d’encouragements et surtout par sa conduite dĂ©sintĂ©ressĂ©e et pleine de considĂ©ration. On ne doit attendre des despotes d’Asie que des vertus nĂ©gatives ; et les sujets font trop heureux, lorsque leurs Princes ont de telles vertus. Non-feulement le Rajah de Joumbo rie vexa pas ses sujets, mais il leur accorda mĂȘme, et surtout aux marchands MahomĂ©tans, des glaces importantes. IlaccordaĂ  ces derniers un quartier particulier auquel ils ont donnĂ© le nom de Mogoulpour. 11 leur permit mĂȘme de bĂątir une mosquĂ©e. Cette gĂ©nĂ©rositĂ© est d’autant plus remarquable et fait d’autant plus d’honneur Ă  fa mĂ©moire, que c’est le seul exemple de tolĂ©rance dans cette partie de l'Indostan, et que les Cachemiriens, qui faisoient la plus grande partie de ses sujets MahomĂ©tans, font devenus depuis leurconversion les persĂ©cuteurs les plus violents des Indous .11 cherchoit tellement Ă  gagner leur estime et leur confiance, que lorsqu'il passoit Ă  cheval dans leur quartier pendant la P 202 priĂšre , il s’arrĂȘtoit jusqu’à ce que le prĂȘtre eĂ»t prononcĂ© la formule de>piiĂšre accoutumĂ©e. Les Indont le plaignirent un jour Ă  leur Rajah que les fontaines publiques de la ville Ă©toient souillĂ©es par les MahcmĂ©tans , et il le priĂšrent de vouloir bien les borner Ă  l'usage de l’eau courante. Le Rajah rĂ©pondit Ă  ces plaintes, que l’eau Ă©toit destinĂ©e pour l’usage de tous les hommes , et qu’elle Ă©toit un Ă©lĂ©ment trop pur pour ĂȘtre jamais fouillĂ©e par le contact d’une classe ou d’une secte d'hommes. Un gouvernement aussi sage et aufli attentif, faisoitde cette ville une place de commerce lort riche, oĂč des hommes de tous les pays, de toutes les religions jouissoient d'une furetĂ© parfaite de leurs personnes et de leurs propriĂ©tĂ©s. Les marchandises qui font articles de commerce, de Joumbo Ă  Cachemir , font ordinairement portĂ©es par des hommes la p'upart Cachemiriens. On les charge trĂšs-pesamment. Deux de ces porteurs ont la charge d’un fort mulet. Chaque porteur a quatre roupies. Les cliales qve l’on exporte de Cachemir font empaquetĂ©s dans de longs ballots qui ont un poids dĂ©terminĂ©. Dans la langue du pays on les appelle Biddery. Ces ballots font enveloppĂ©s dans des peaux de buffle ou de bƓuf, et nouĂ©s fortement avec des courroyes de cuir. Ces balles fe ressemblant presque toutes, on les ouvre rarement avant qu’elles foyent arrivĂ©es Ă  l'endroit oĂč elles font vendues. Un Cachemirien porte fa charge comme un soldat son havresac, et quand il veut se reposer, il 1 appuyĂ© sur un baten en forme de bĂ©quille qui lui sert auffi Ă  marcher. Il y a deux raisons pour lesquelles on fe sert d'hommes pour le transport des marchandises. On prĂ©tend que la premiĂšre cause est la jalousie rĂ©ciproque des Rajahs dont les territoires font sttuĂ©s fur les 203 deux bords du Chinnaoun, *} et qui fout convenus cnire-eux de ne laisser bĂątir aucun pont et de n’étabiir aucun bac sur le fleuve. La seconde raison, que je crois la meilleure, est la roideur et la hauteur Ă©norme des montagnes qui rendent les chemins dangereux et mĂȘme impraticables pour des chevaux ou des mulets. Il semble que le commerce et l’aisance dejoumbo ait augmentĂ© toujours jusqu’en 1770. Alors Ă  la mort de ilounzeid-Devc, un de ses fils, le Rajah actuel, s’empara du gouvernement contre la volontĂ© de son pĂšre, fit exĂ©cuter celui de ses frĂšres dĂ©signĂ© pour successeur, et il en fit enfermer un autre. Mais celui-ci Ă©chappa et alla chercher du secours chez les Sicques. Les Sicques furent enchantĂ©s d'avoir un si bon prĂ©texte pour entrer dans le Joumbo. Ils u'avoient pu le faite fous Rounzeid-Deve , et ils promirent d’assister le fugitif. Auparavant les Sicques levoient un tribut dans le pays de Joumbo, mais ce tribut n’en avoir que le nom, du moins Ă©toit-il beaucoup moins considĂ©rable que celui que les pays voisins dĂ©voient payer. Les talents et la puissance du Rajah empĂȘchoient qu’on ne fit des demandes trop fortes. Les parties les plus fertiles des districts de Joumbo font dans le pays plat et font une partie du Pouniab septentrional. Un corps de Sicques les ravagea fous le prĂ©texte du secours qu’ils prĂȘtĂšrent au Prince fugitif. A prĂ©sent ils tĂąchent de continuer avec vivacitĂ© la guerre contre le Rajah actuel, dont plusieurs sujets ont dĂ©jĂ  passĂ© du cĂŽtĂ© de son stĂšre, et qui par lĂ  peut Ă  peine rĂ©sister. Pour que son malheur fĂ»t complet, il prit une troupe de Sicques Ă  son service. Cette troupe est commandĂ©e par JMhah-Sing , un chef puissant dans ces contrĂ©es. Ce chef a affermi * Le quatriĂšme fleuve du Pouniab en venant de l’est. p 2 v y 50 4 son autoritĂ© Ă  joumbo. 11 a construit une forteresse au cĂŽtĂ© septentrional du principal passage dans le Pouniab. Pour pouvoir payer la solde aux Sicques, le Rajah a mis des impĂŽts considĂ©rables fur ses sujets , et veut Ă  prĂ©sent imposer aussi les marchands Ă©trangers qui font dans des trances perpĂ©tuelles,connoilsant les dispositions du Rajah. Je remarquai avec plaisir que l’honnĂȘte homme sur lequel ma lettre du change Ă©toit tirĂ©e , paroissoit assez tranquille au millieu de 1 inquiĂ©tude gĂ©nĂ©rale. 11 avoir eu le bonheur, Ă  ce qu’il paroĂźt, d’obtenir la protection de Mhah-Sing et d'autres officiers qui le mettraient en furetĂ© contne les prĂ©tentions du Rajah. Le gouverneur de la ville , que le Rajah qui Ăštoit alors Ă  la guerre avoir nommĂ© son lieutenant, Ă©toit, pour le systĂšme d’exaction, une copie si parfaite de sou maĂźtre, que l’on me conseilla de partir bien vite , si je ne vouiois pas tomber entre ses mains. J’étois trĂšs-fatiguĂ© de mon voyage, et je vouiois encore me dĂ©faire avantageusement de mon cheval et de plusieurs choses dont je pouvois me passer. Cependant la crainte du Rajah ou de son reprĂ©sentant, m’engagea Ă partirle ib de ce mois. Parmi les diffĂ©rentes circonstances que je vous ai rapportĂ©es , je ne dois pas oublier que le» danseuses ouĂŻes femmes publiques , qui font une race mĂȘlĂ©e des habitans du Pouniab et de Cachemire , font fort jolies cil Les femmes font couleur d'olive et bien faites. Elle* ont dans leur conduite unelibertĂ©, qui,fans le moindre air d’immodestie ou de licence, tĂ©moigne la confiance que leurs maris mettent en elles. J’ai vu une femme portant une cruche d’eau rester debout, parier fans mainte avec les voyageurs et leur montrer le chemin ou leur donner d’autres renseignements. Leur habillement est compose d’un jupon qui ordinairement a diffĂ©rentes couleurs et une bordure , d’un corset Ă©troit qui couvre la moitiĂ© du corps, et ensuite d'une veste large qui va jusqu’à la ceinture; leurs cheveux , dont elles font aussi stĂšres que les europĂ©ennes les plus coquettes, font liĂ©s avec de la soye noire ou du coton, et leur tombent le long du dos. Elles jettent aussi dessus , d’une maniĂšre assez Ă©lĂ©gante , un voile qui touche rarement le visage et ne le couvre pas tout-Ă -fait. Les femmes de distinction font enfermĂ©es dans des chambres particuliĂšres, Ă  la maniĂšre des MahomĂ©tanes. Comme le pays est couvert de montagnes et presque impĂ©nĂ©trable, de sorte qu’on a peu d’incursions Ă  craindre de la part des ennemis. Il est Ă  croire que dĂ©jĂ  avant les conquĂȘtes des MahomĂ©tans, dans l’Indostan, c’étoit l’usage d’enfermer les femmes. Je crcyois auparavant que les Indous »voient peut-ĂȘtre enfermĂ© leurs femmes pour qu’elles ne fussent pas exposĂ©es aux insultes des MahomĂ©tans, mais lorsque je vis que cet usage regnoit chez les montagnards les plus reculĂ©s et parmi les diffĂ©rentes louches des Marattes indĂ©pen- dans, * je commençai Ă  croire plus vraisemblable priĂ©tĂ© contagieuses, en coulant dans des lits Ă©troits qui font privĂ©s du soleil et d’une libre circulation d’air, ioit par Toaibre de» arbres, soit par la hauteur des montagnes, * D’aprĂšs les tĂ©moignages les plus dignes de foi, les femmes parmi les Marattes ce font pas enfermĂ©es. Dans le Bengale, au contraire, un» - 5 - qu'ils avoient enferme leurs femmes long-tems avant les incursions des Tartares et des Afgane*. Si l’on vouloir juger d’aprĂšs certains usages qui Ă  prĂ©sent sont vieillis, mais qu’on trouve dans leur histoire . et constatĂ©s par d’anciens monuments , il saudioit en conclure que les Indous anciennement ne sĂ©questroient aucune elaste de femmes de la sociĂ©tĂ©, mais qu’à mesure que leurs mƓurs perdirent en puretĂ© et en simplicitĂ©, les Princes et les Nobles introduisirent cette innovation pour inspirer Ă  la multitude un respect plus profond pour leur famille. L’histoire des incarnations de VicHenou et d’autres LĂ©gendes, prouvent que les femmes Indiennes, dans les anciens tems, Ă©toient admises dans la sociĂ©tĂ© des hommes, et que souvent elle? y avĂŽient une grande influence. Dans l’histoire du fameux Kana, qui parcĂźt avoir Ă©tĂ© un guerrier cĂ©lĂšbre, il sc trouve une circonstance qui prouve ce que j’avance et fait remonter en Ɠcme-tems jusqu’à une hrtqte antiquitĂ© une sorte de jugement de Dieu qui Ă©toit auparavant usitĂ© en curope. SrĂ©e-Moun-Narrain, la divinitĂ© suprĂȘme des Indiens avec ses compagnons insĂ©parables Mhah-Lelchimy et 1e serpent, trouva 1? ni, pour corriger certains maux qui causoient de grands dĂ©sordres fur la terre, de prendre, une figure humaine.. Narrant parut fous les traits de Kam-Hcros fort cĂ©lĂšbre. Letchimy fut fa femme Indienne seroit dĂ©shonorĂ©e si un Ă©tranger la vovoit fans voile. On peut conclure de la que les Xadous n’accordent pas aĂčx femmes d»n» toutes les provinces les mĂȘmes liberté», et que cette diffĂ©rence a lieu Ă  prĂ©sent comme auparavant. Cependmt la coutume de ne pas enfermer leurs femmes, coutume dominante anciennement, et encore Ă  prĂ©sent dans plusieurs provinces ainsi que la dan Monogamie, font de* traits remarquables par lesquels les lndout fe distinguent des autres peuples de. l'Asie occidentale. Not. du trad. allem. 53 femme sous le nom de Seetah-DevĂ©e, et le serpent prit le corps de Letchimoun, frĂšre et compagnon de Kam. Ces trois personnesse mĂȘlĂšrent librement dans la sociĂ©tĂ© d’autres hommes , et il n’est pas dit que Seetah if retira, au contraire, elle parut dans toutes les occasions oĂč une personne de son sexe pouvoit dĂ©cemment paroĂźtre. Cependantune entreprise importante exigea la prĂ©sence de Kam seĂŒl ; il laissa Seetah en garde Ă  Letchimoun. La Dame et son protecteur vĂ©curent assez long-tems en repos, lorsqu’un fameux magicien, sans doute par l'inspiration du diable qui cherche Ă  sĂ©duire toujours les mortels et surtout les femmes, vit Seetah et en devint Ă©perduement amoureux. Notre homme avoir apparemment appris par ses enchantements, que les femmes se prennent le plus aisĂ©ment par les yeux. Il fit donc voler devant Seetah un oiseau dont le plumage Ă©toit charmant. Cela rĂ©uflit, La belle conjura Letchimoun par tout ce qui lui Ă©toit cher, par l’amour qu’il avoir pour elle , par l’amitiĂ© qu’il avoit pour Kam, de lui faire avoir un oiseau fi sĂ©duisant. Cette priĂšre mit Letchimoun dans le plus grand embarras. Il reprĂ©senta Ă  Seetah les dangers auxquels il l’expoferoit s’il la laiffoit feule , et lui fit envisager la disgrĂące de Kam qu’il s’attireroit, s’il se sĂ©paroit du prĂ©cieux dĂ©pĂŽt confiĂ© Ă  ses foins. Enfin il Ă©puisa toutes les raisons que put lui dicter fou inquiĂ©tude pour la rĂ©putation et la furetĂ© de Seetah. Helas ! les couleurs Ă©blouissantes de l’oiiĂŻeau avoient frappĂ© tellement Seetah, que les conseils de Letchimoun devinrent inutiles. Ou il falloir qu’elle obtint l'objet de ses dĂ©sirs , ou elle Ă©toit la plus malheureuse des femmes. Letchimoun ayant cependant refusĂ© plusieurs lois de consentir Ă  sa priĂšre , Seetah furieuse de voir ses espĂ©rances trompĂ©es, accusa son gardien de *54 vouloir la sĂ©duite , et dit que c’étoit pour cela qu’il resu soit de la quitter. Letchimoun vit bien alors que toutes les reprĂ©sentations Ă©toient inutiles, et il se disposa Ăč aller chercher l’oiseau. Il traça d'abord un cercle magique autour de Seetah et lui dit qu’elle n’avoitrien Ă  craindre tant qu’elle resteroit dans 1 intĂ©rieur de ce cercle. A peine Letchimoun Ă©toit il parti, que le malin enchanteur s’approcha fous les traits d'un vieillard et se jeta par terre comme Ă©puisĂ© de laslĂŻtudc, prĂšs de la place oĂč se tenoit Seetah. Il la pria d une voix presque Ă©teinte de lui donner un peu d’eau pour Ă©trancher sa soif. La bonne, mais malheureuse Seetah, se laissa attendrir par la priĂšre du vieillard, sans penser Ă  si propre furetĂ© ; elle sortit des bornes qu’on lui avoir tracĂ©es. SitĂŽt qu’elle l’eut fait, elle tomba fous la puissance de son sĂ©ducteur. Ici la narration devient un long tissu de fables qui ne pourroient ni vous amuser ni vous instruire. J’ajouterai seulement que Kam, lorsqu’il eut retrouvĂ© Seetah, partie pour sa propre tranquillitĂ©, partie pour Ă©touffer quelques bruits qui com- mençoient Ă  courir fur le compte de fa femme , voulut qu’elle se soumit au jugement de Dieu- Seetah fut enchantĂ©e de pouvoir parla faire cesser tous les soupçons de son Ă©poux et donner au monde une preuve publique de sa chastetĂ©. Par l’ordre de son maĂźtre elle marcha sans crainte fur du fer brĂ»lant, et les pieds de Seetah Ă©tant, Ă  ce que prĂ©tend la fable , aimĂ©s d’innocence, le fer ardent n’étoit pour elle qu’un lit de Leurs. Je vous demanderois pardon d’avoir citĂ© celte fable, fi elle ne prouvent pas que les femmes de qualitĂ© parmi les ĂŻndous n’étoient pas exclues de la sociĂ©tĂ© des hommes, et qu’il y avoit long-tems que ce peuple con- noissoit l’épreuve du feu. On peut tirer de cette histoire 255 le mĂȘme profit que des mille et une nuits des arabes; au milieu de talismans des bons et mauvais gĂ©nies , on reconnoĂźt les mƓurs et les qualitĂ©s de ce peuple. Puisque j’en ai dĂ©jĂ  tant dit sur les femmes , je ferai encore un pas de plus, et je rapporterai une circonstance d’aprĂšs laquelle il est clair que les femmes de distinction , parmi les Indous, n’étoientpas renfermĂ©es. Lorsqu’une Princesse du sang Royal ou une femme noble Ă©toit nubile et qu’on lui supposoit assez d’esprit pour pouvoir faire un choix, on la menoit dans une salle oĂč il y avoit plusieurs jeunes gens d’une naissance Ă©gale Ă  la sienne. Alors on la prioit de choisir son mari, et elle le faisoit en jetant une guirlande de fleurs autour du cou de l’objet de son affection. * Je vous soumets franchement ces rĂ©flexions, et je souhaite que vous pensiez Ă  ce que je vous Ă©cris avec le mĂȘme franchise , pour que vous puissiez croire ce qui vous paroĂźt vrai, et rejeter fans difficultĂ© ce qui est faux ou suspect. {* On m’a dit que cette coutume l’est conseifĂ©e Ă  Tangore jusqu’à prĂ©sent. r i N. F. KAUFMANN Buchbindtr BASIL ; f l MM» VOYAGiÇ
Levinaigre blanc et le bicarbonate de soude. Le bicarbonate de soude peut Ă©galement ĂȘtre associĂ© au vinaigre blanc pour Ă©liminer la rouille du mĂ©tal. Pour cela, mĂ©langez dans un bol une cuillĂšre Ă  soupe de bicarbonate de soude et un peu de vinaigre blanc. Le mĂ©lange se met Ă  mousser aussitĂŽt. Appliquez-le sans tarder sur la surface
Agriculture, Ă©levage, chasse & pĂȘche Qu’est-ce que le calibre d’un fusil ? Par Amandine Fourcaux - 22 septembre 202083 0 Facebook MTGBT.
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